Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Enothis/Emaneth

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Elle essayait tant bien que mal de s’excuser, de trouver les mots pour éteindre l’ire de celui qui lui faisait face, et pourtant cela ne semblait pas fonctionner. Ce n’était même pas qu’il continuait à l’avoiner de propos plus culpabilisants les uns que les autres, ou même qu’il continuait de l’attaquer physiquement. Non c’était pire que cela : Le monde rebouclait, encore et encore. En fait, elle avait bien compris qu’elle se trouvait dans ses propres rêves, qu’elle était plus ou moins emprisonnée dans son propre manque d’acceptation de ses agissements de la journée, mais elle imaginait qu’agir de la manière la plus honnête la tirerait de cet univers distordu et agressif. Non. Alors que Kaïto, ce jeune blond pourtant si doux naturellement, s’enhardissait à nouveau sous le coup d’une colère justifiable et justifiée, ils se retrouvaient tout les deux à l’emplacement même dans lequel il s’était trouvés auparavant, et revivaient les mêmes instants. Alors elle se demandait, dans cette lucidité étrange que les rêves peuvent vous offrir, ou vous suggérer, de quelle façon elle pouvait influencer cela pour qu’enfin ils avancent, pour qu’enfin elle fasse progresser son songe, et n’ai pas à nouveau à subir ces affronts, son chemisier qui vole pour libérer la volupté de son coeur, qu’elle ne ressente pas à nouveau les mains du jeune homme s’approchant de ses hanches libres et faibles. Mais rien n’y faisait, elle n’avait aucun contrôle sur la situation. Pire même, elle se retrouvait spectatrice de ses propres choix, ne pouvant qu’à peine répéter ce qu’elle avait déjà dit, comme si elle ne s’était pas suffisamment sentie sotte de craquer une première fois. Elle vivait un véritable purgatoire.

« Je suis peiné, je te le répète. Ici au Japon, le respect de l'individu prime sur tout le reste. Tu as gâché ton effet avec Kyoko par pur égoïsme. Si tu veux t'intégrer à ce pays, il va falloir y mettre du tien et avaler des couleuvres si nécessaire. Il ne me viendrait pas à l'idée en Egypte, d'aller peloter une femme pour prouver à une autre ce que je vaux ou pas. Tu as fait une grosse erreur de jugement dans un pays où les traditions sont importantes. J'en suis navré mais il va falloir que tu sois punie. Il existait une manière de punir les femmes au Japon. Agenouillées, elles devaient laisser une foule d'hommes leur jouir dessus tant qu'eux le voulaient. »

Qu’était-ce ? Une nouveauté ? Alors qu’elle s’apprêtait à revivre pour la cinquième fois l’emportement soudain du jeune homme et son attaque courroucée, se terminant par une nouvelle boucle, ce coup-ci il prononça autre chose, quelque chose qui lui empourpra les joues à un degré à peine imaginable ! C’était son esprit qui créait ÇA !? Quelle…. Quelle genre de jeune femme était-elle pour que de tels songes ne lui viennent à l’esprit ? Peut-être qu’Emaneth était en train de manipuler son rêve ? C’est qu’elle en était capable la garce en plus, s’infiltrer dans les songes d’autrui pour y souffler des idées saugrenues, parfois même persistantes ! Pour autant … Elle ne l’avait jamais fait envers elle, surtout qu’Enothis connaissant l’existence de la Djinn serait capable de la remarquer, ou du moins, de percevoir son influence. Et dans le cas présent elle ne pensait pas cela plausible. C’était … Enfin il y avait quelque chose de trop idiot, de trop… exagéré pour que ce soit de son crû. N’empêche, se faire jouir dessus par toute une assemblée quelle… Quelle drôle de manière de faire.

« Sois consciente de ma gentillesse car je vais t'éviter ce supplice.
M… Merci »

Eut-elle prévue la réaction de la pièce ? Non. Etait-elle à l’origine de cette huée qui témoignait d’une franche déception à l’occasion de cette décision de ce Kaïto presque correspondant à la réalité désormais ? Si c’était le cas, que les djinns du désert la transforme en crapaud, car elle ne saurait contenir la honte que d’être celle qui, dans les faits, serait déçue de ne pas finir en objet d’amusement pour une foule de jeune homme en rûte. Elle savait qu’elle avait honte, extrêmement honte, mais de savoir désormais si c’était à cause du rêve et de ses messages confondants, ou de sa prime culpabilité, elle ne saurait le dire. En tout cas l’étudiant devant elle fit taire ces ombres qui semblaient se délecter de ce spectacle sans l’observer, et elle eut presque un soupçon d’espoir quand à la suite des événements… Mais visiblement, c’était sans compter sur son esprit tordu, qui ne manqua pas de lui faire vivre une nouvelle surprise sous la forme des prochains mots de son camarade de classe :

« Pour avoir utiliser tes seins pour me séduire, c'est avec eux que je vais commencer alors mets y du tien et montre moi ce qu'une fille aussi belle que toi sait faire avec sa plastique.
 -  Comment ? Mais je… Je n’ai… Jamais… Enfin…. »

Mort à son esprit, mort à sa libido, mort à tout ce qui avait put créer cette situation qui la plaçait face à ce non-choix absolu qu’elle se retrouvait à suivre contre son gré ! Comment agirait-elle normalement ? Elle fuirait sûrement, loin et prestement. Mais à la place la voilà qui, pétrifiée, se retrouve à voir le garçon se déshabiller pour faire apparaître … Un gourdin. Un énorme et dense gourdin qui manque de faire un léger rebond dans les airs quand il est enfin libéré de son écrin de tissu. Elle couine d’appréhension à sa simple vue, mais bien loin de se retrouver à rompre le contact avec Kaïto, elle ne tire qu’à peine sur cette main qui lui tient le poignet avant que celui-ci ne fasse un geste opposé, et la traîne avec lui pour finalement l’amener à genoux, tandis qu’il s’est lui-même assis. Tête-à-tête avec le mandrin du jeune homme, trop proche pour ne pas le voir, pour détourner le regard de cet outil du diable. Son esprit tordu ne lui laissait pas le choix, alors quoi faire ? Suivre le flot ? Elle ne vit rien d’autre et laissa le jeune homme l’appuyer plus près de lui, la forçant bien délicatement dans le fond à englober son membre de ses deux larges orbes de chair. Elle tremblait un peu, n‘osait pas le regarder dans les yeux tant elle était gênée. Mais elle vint presser ses deux seins autour du matériel monstrueux du jeune homme, appuyant dessus un maximum, écrasant de sa chair chaude et moelleuse l’objet masculin, et se laissa… plus ou moins guidée par le damoiseau pour agir. Elle n’y connaissait rien, et elle avait honte, si honte, terriblement honte, mais… le rêve l’échauffait. Elle se sentait enfiévrée, elle avait le souffle coupée. Ses draps devaient être dans un beau état tiens, vu comment elle se sentait dans ses songes.

Elle ne savait même pas si elle faisait bien les choses. Elle avait bien les propos de Kaïto, mais bon, on remercie bien un petit chien quand il tend la tête pour être caressé. Et … Est-ce qu’elle venait vraiment de se comparer à un chien ? Mon dieu mais ça n’allait vraiment pas bien dans son esprit ! Hésitante, comme si elle voulait véritablement mettre un terme au rêve, et par là-même à l’ensemble de cette situation, elle cherchait à trouver le meilleur moyen d’accomplir sa tâche. Elle s’était presque habituée à voir ce morceau rouge et ardent monter et descendre d’entre sa poitrine, et venir lui tapoter le menton avec envie, alors …. alors autant qu’elle y aille plus vite non ? Au moins comme ça se serait finit, et adieu sa dignité déjà en lambeau ? Quitte à rejeter le tout de sa pudeur, elle fit donc ainsi, accéléra soudainement, et vit le résultat en quelques instants : Avec un grognement terrible, le jeune homme se mit à lui jouir dessus, semblant inarrêtable. Et elle, cruche et surprise, fit le pire en cette situation : Elle se recula d’un sursaut incontrôlable. Elle reçut le tout sur elle. Son visage souillé, ses seins tâchés, sa tenue ne protégeant plus rien ce fut même son ventre qui reçut les traits chauds et gluants, épais filets blanchâtre sur sa peau sombre. Et elle en tremblait. Pas de honte, d’excitation. Le souffle coupé, elle haletait en voyait ce jeune homme la couvrir de son jus, sans comprendre pourquoi son esprit s’attisait d’être ainsi souillée. Un frisson lui parcourait l’échine, et elle avait …. chaud, bien trop chaud.

L’instant d’après il lui somma de continuer et haletante, confuse, le regard fiévreux, elle se mit à obéir. Sa main sur le membre, le pressant entre ses doigts, de haut en bas. Aussi terrible était cette pensée, désormais … elle avait presque envie d’y goûter, comme si le fait qu’il s’agisse d’une punition lui était sortit de la tête. Rêve de merde, mais rêve quand même… C’était presque comme si son esprit assimilait ces informations et les enregistrait, avant de finalement les inscrire en sa chair. La situation était critique, et à ce rythme, elle allait juste perdre pied… alors quand il la fit cesser, elle le vécut à la fois comme un soulagement…. Et une déception.

« Tu t'en sors bien, bravo, mais ce n'est pas fini. J'admire tes efforts et il va falloir persévérer. »

Est-ce qu’elle en fut heureuse ? Malheureusement pour elle, oui ! Bon dieu qu’était-elle en train de devenir ?

Transportée sur la table ? Ce ne fut que l’affaire de quelques instants, et si la position n’avait absolument rien d’agréable, sûrement même déplorable si elle avait vraiment eut été dans le monde réel, ici dans le rêve cela n’eut rien de gênant. Elle se laissa simplement faire, utiliser, le nez entre les cuisses d’un jeune homme avec lequel elle n’avait jamais parlé, et pire encore, dont elle avait fait le malheur dans la journée ! Alors c’était comme ça ? Quand elle pétait les plombs, se sentait coupable, elle finissait par rêver que l’autre se vengeait en faisant d’elle son petit jouet sexuel ? Eh bien elle pourrait presque s’y faire, très honnêtement, même si elle se doute qu’il s’agit là de son esprit embrumé de plaisir qui lui parle. En revanche, à l’instant même où il s’allonge sur elle, elle manque de paniquer, ne comprenant pas la situation, avant de percevoir cette décharge qui la traverse de part en part. Quelle…. DELICE ! Vibrante d’émotion, elle se tend, gigote, essaye de ne pas balancer son bassin vers l’avant dans un geste qui exprimerait le tout de son bonheur, mais c’est à peine si elle parvient de s’en retenir. Elle gémit, d’une voix douce, d’une voix parfaitement honnête. Et heureusement qu’il ne peut pas voir son visage parce qu’il y verrait tout les aveux de son abandon absolu ! Une plastique de salope qu’elle avait dit, et une plastique de salope qu’il avait prononcé … La question n’était presque plus d’actualité quand il vint la stimuler de ses doigts, glisser dans son antre chaude et humide pour venir y tirer les aveux de son bonheur : une salope aurait peut-être plus de pudeur qu’elle n’en avait actuellement.

Électrisée, elle tente autant qu’elle peut de se mordre la lèvre pour se taire, mais quand elle se concentre sur sa bouche, se sont ses hanches qui se redressent et gigotent pour mieux s’offrir aux attentions de l’inconnu. Et quand elle n’a plus le contrôle de sa bouche pour favoriser la manipulation de son bassin, elle se met à couiner et risque à tout moment de l’appeler par son prénom, ce qu’elle se refuse. Alors elle oscille entre un aveu et l’autre, dans une lutte ridicule qui ne va que croissant.  Et ce jusqu’à ce qu’elle jouisse sous le doigté expert de son senior, qui semble avoir choisit de l’amener au bord du plus honteux des états avant de s’éloigner, et de la contempler. Elle ne peut encore se cacher, ce serait parfaitement idiot. Elle est tremblante, les jambes écartées pour offrir pleine accès à son fruit défendu, et entre ses lèvres elle est venue placer ses doigts, les mordillant en haletant lourdement. Elle tente de retrouver son souffle… C’est à peine si elle le souhaite encore d’ailleurs :

« Tu es belle Enothis. Tu as aimé? Maintenant, j'adorerai que tu t'occupes encore de moi ... s'il te plait. Offre moi ce délice et je te pardonnerai tout, je pourrai même te redevoir quelque chose si tu le voulais. »

Pour la première fois, elle le regarda dans les yeux. Tant pis, elle assumait désormais pleinement, qu’elle soit une pute ou une traînée, tant pis, les songes ne sont qu’à elle, personne ne saurait l’y trouver pour la juger. Alors quand il s’approche avec son membre en direction de son visage, elle se permet de … sourire, avant de tendre les mains par dessus son visage, les posant maladroitement sur les hanches de l’homme à peine couverte du bas de sa chemise d’étudiant… Avant de souffler dans quelques mots délicats, désireux, avide même, quelque chose qui lui trottait dans l’esprit depuis un moment :

« Oh oui… enfin. »

Va savoir si le Kaïto de son rêve l’a entendu, mais quand elle a enfin le gland entre ses lèvres, c’est pour l’englober sans la moindre gêne, ou la plus petit once de questionnement. Faire bien ou non, réfléchir à si elle agissait bien ou non…. Quelle idiotie elle avait eut ! C’était son rêve, tant pis si elle s’amusait non ? Alors de ses mains elle l’invita à avancer un peu plus, et elle vint faire passer cette chaire chaude et épaisse le long de sa langue, contre son palais, aspirant doucement tout en cherchant à taquiner les bords plus doux de son gland. Avide, elle cherchait plus ou moins à lui imprimer un mouvement, quelque invitation passive pour qu’il se fasse plaisir au creux de sa bouche, et de ses deux grands yeux d’ors elle venait l’observer, le questionner, lui suggérer son plaisir, et lui soumette le sien. Sans la moindre forme de procès toutefois, elle chercha à s’activer plus clairement, quitte à faire elle voulait y goûter, à ce jus terrible et enivrant, et tant pis si il s’agissait d’un rêve et qu’elle lui attribuait dans son manque complet de connaissance le goût d’un smoothie à la framboise ! Plus rien n’avait d’importance… Sauf ce qui s’ensuivit :

Elle aspira alors que, dans un sursaut de désir, Kaïto avait avancé ses hanches et avec ceux-ci son outil de « négociation ». En un instant elle se sentit suffoquer, incapable d’aller chercher de l’air tandis que le damoiseau se rompit le cou dans un frisson qui ne devait pas avoir grand-chose de commun vu ses précédentes réactions. Peinée, surprise, et surtout en train de perdre le contrôle de son moment de sérénité lascive, Enothis frappa avec un peu de peur les hanches du jeune homme pour lui signaler que ça n’allait pas bien mais … il n’en fit qu’à sa tête ! Alors elle le sentit attraper sa tête, et entre un instant de pleine panique et de pleine jouissance… de perte absolue de contrôle et d’excitation dû à sa position de petit objet sans force… Elle le sentit utiliser sa gorge pour son unique plaisir, vif et brutal. Elle se mit à pleurer, et à tremper comme jamais. Et jusqu’à ce qu’il se lâche en elle, elle fut tant tendue que son corps lâcha en même temps qu’il libéra sa bouche, la pauvre demoiselle reprenant de l’air comme elle put non sans recevoir quelques jets de foutre chaud au visage. Elle se laissa rouler de côté et tomber au sol, crachotant et toussant comme elle pouvait tout en récupérant un air qui lui avait tant manqué, et qui lui brûlait presque les poumons. Bon dieu, pour un rêve, elle pourrait au moins s’économiser ce genre de surprise. Mais elle se redressa, entendant malgré tout les étranges applaudissements et les propos de Kaïto. En fait, d’avoir réussi tout ça … la remettait en confiance. Alors elle s’en remettait… lécha ses doigts et essuya les larmichettes qui pendaient aux commissures de ses paupières.

Puis chercha tant bien que mal à se redresser, se plaçant comme elle put au sol. Assise, les jambes de côtés, elle n’allait pas se relever. Elle savait qu’elle ne parviendrait pas à le faire. En revanche elle pouvait parler, entre deux souffles courts, ce qu’elle fit…

« Je… Je ne sais pas pourquoi… je fais un tel rêve. Et c’est presque dommage que ce soit avec un Kaïto aussi entreprenant et pas ce mignon senpaï que je croise de temps à autre au lycée. Après… C’est pas comme si je pouvais le faire au lycée … C’est bien la première fois que je me permets ce genre de liberté de toutes manières... »

Elle ne sut pressentir si le jeune homme avait une réaction à ces mots. Après tout, elle se parlait à elle même en cet instant, plus qu’elle ne cherchait une discussion avec ce Kaïto vengeur sortit tout droit des tréfonds de sa conscience. En revanche, elle trouva la force de s’appuyer à ce bureau sur lequel elle avait été si longtemps allongée dans une bien terrible position, et s’en aida pour se relever. C’est le moment où elle choisit de regarder le garçon en face d’elle et de l’observer un court moment, puis d’observer le morceau de chair encore beau et droit. Son rêve n’était pas encore finit hein ? Alors pourquoi ne pas aller plus loin ?

Elle se déshabilla, glissa le long de son corps les restes de vêtements qui lui faisaient l’effet d’un fardeau. Puis elle fit glisser sa jupe le long de ses hanches et se déchaussa. Elle était là, nue et rougissante, le corps déjà souillée, quelques restes de spermes coulant encore lentement entre ses seins, les soulignant d’une traînée pécheresse. Alors elle s’avança lentement le long des chaises et des ombres, s’éloignant lascivement de son juste « vengeur » pour aller s’installer devant la salle de classe, sur le large bureau du professeur. Assise alors, elle écarta grand les jambes, offrant la vue de son abricot  parfaitement rasé et encore suintant de sa lubricité.

« Autant finir ce songe en beauté non ? Kaïto-senpaï ? »

Sa voix se fit invitante, langoureuse, tandis qu’elle ouvrit son antre intime de ses doigts, tout en cherchant du regard celui qu’elle assimilait à une création de son esprit vaincue par la culpabilité :

« A l’aide, Kaïto-senpaï, il faut me remplir avant que le vilain prof et les vilains élèves ne me baisent comme la salope étrangère que je suis ! »

*
*   *

Autre part, dans le même espace, une autre personnalité se balade. Emaneth, dans sa pleine splendeur de Djinn, est à la recherche de sa chère moitié, sûrement perdue quelqu’autre part dans ce monde construit de toute pièce. Elle n’avait pas eut le temps de prévenir Enothis du danger environnant que la jeune femme s’était endormie, l’emportant avec elle dans ce traquenard, et désormais elle était en train de parcourir les couloirs inquiétants d’une école sordide dont la géométrie n’avait pas le moindre sens. Elle monte un escalier ? Bienvenue au rez-de-chaussée. Elle le redescend ? La voilà sur le toit de ce lycée sans queue ni tête. Et cette impression constante d’être observée, une horreur, tout simplement le pire frisson qu’elle avait eut à ressentir depuis longtemps ! Et elle était une Djinn bordel, pas une simple petite humaine, alors allez savoir quels étaient les risques encourus par sa pauvre petite protégée dans ce monde de dingue. Bon dieu, elle trouve celui qui a osé créé pareille dimension et c’était clair, elle en ferait du hachis. Non mieux, de la purée, par le bas, histoire de bien laisser la tête pour la fin, avec quelques gargouillis sanglants. Tant pis si elle est obligée d’en faire une goule pour qu’il contemple la fin de sa vie en temps réel, elle s’épuiserait mais en revanche elle tiendrait la plus belle des revanches pour les risques qu’elle est obligée de prendre afin de sauver Enothis. Allez, elle ouvre une porte et arrive dans un réfectoire, bondé qui plus est, par des ombres aux regards indéfinis. Elle perçoit une lubricité sans borne dans ces lieux, qui sait ce qu’il pourrait arrivé si elle se laisse submerger… Donc non pas le réfectoire, allons voir ailleurs. Une porte après l’autre, elle finira bien par trouver la bonne.

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Prélude / Re : Deux pour le prix d'un (ou pas)
« le: lundi 14 décembre 2020, 10:10:14 »
Bienvenue parmi nous !

Et tiens, un autre personnage avec son ange gardien. Bon, la mienne est plus une entité mystique et le sien un dédoublement de personnalité mais bon, ça marche quand même !

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Quand elle rentra enfin chez elle, la pauvre Enothis s'écroula sur son canapé. En toute parfaite honnêteté, elle était lessivée, et les différents conflits de la journée avaient eut raison de ses dernières forces, la laissant désormais complètement vide. C'était donc bien sûr tête la première qu'elle s'était laissée chuter dans les coussins épais et moelleux de son vieux mobilier acheté trois fois rien, et qu'elle se laissait enivrer par son odeur si rassurante. Vive son vieux canapé couleur moutarde, berceau de son repos, roi des sommiers quand le cœur n'est plus à l'effort ! Pourtant, malgré ce bonheur immédiat, elle savait pertinemment qu'elle avait encore bien d'autres choses à faire, et qu'elle ne pouvait encore se laisser aller au sommeil ou à la tranquillité. Elle ne fit donc une pause que de quelques minutes avant de se redresser en ronchonnant, puis de récupérer son sac qu'elle avait envoyé voler dans la pièce, et d'en sortir les précieux cahiers emplis de devoirs et autres nécessités scolaires à accomplir. Elle ne pouvait pas se permettre d'être oisive, son niveau, sans être exécrable, rentrait très mal dans les standards de résultats attendus au Japon, et tandis que certains se dramatisaient d'avoir moins des deux-tiers des points à chaque contrôle, elle peinait pour en acquérir seulement le tiers. A ce rythme, elle ne saurait passer à la classe supérieur, non sans parler qu'un chaos pareil pouvait très rapidement avoir une action parfaitement inacceptable sur ses futurs choix d'universités et d'études supérieures.

Elle s'était donc attablée, carnets et crayons devant elle, tandis qu'elle se mit à passer quelques messages en un ancien égyptien impeccable à sa chère colocataire charnelle, qui ne manqua pas de répondre avec amusement :

« Emaneth, tu veux bien être gentille et me préparer quelque chose à manger ? Je sais que tu peux le faire, personne n'est là pour contempler tes pouvoirs, ça ne devrait pas trop te fatiguer.
 -  Tu demandes sérieusement à une Djinn de te faire chauffer un bol de nouille instantanée ? Je suis quasiment une divinité ma petite, tu ne devrais pas te permettre ce genre de propos ! Imagines que je me mette en colère et fasse déferler sur ta petite cité une pluie de cendres et de sang.
 -  Comme si je risquais quoi que ce soit. Tu le dis toi-même, plus nous sommes loin de chez toi, plus l'effort que te coûte tes pouvoirs dépend du nombre de personnes que tu influences par ceux-ci. En résumé, à part une petite farce de temps à autres, tu ne peux pas faire grand chose.
 -  Je joue quand même les espionnes pour toi ma douce. D'ailleurs, quel drame aujourd'hui, j'ai crû que tu n'allais pas t'en sortir, mais visiblement notre petite idole en a encore sous le capot, je me trompes.
 -  Oh zut hein !? En plus je me suis foirée. J'aurais pas dût chercher à me défendre en utilisant quelqu'un d'autre, c'était nul.
 -  Peut-être, mais c'était tout à fait normal. Et... humain ?
 -  Ouais, bah... Bah non. C'était gênant, et je me sens … Autant en colère que coupable pour le coup.
 -  C'est ce que je dis, humain. »

Sur ces mots, la djinn se mit à utiliser ses quelques dons pour effectivement lui préparer à manger, non sans garder un coin de son esprit focalisé sur l'état mental de sa jeune hôte. Enothis ne cherchait qu'une chose désormais, la normalité, ne pas sortir du lot, se fondre dans la masse, et d'avoir à se défendre aussi vivement était fondamentalement antinomique à tout ces points. Elle luttait fébrilement pour ne pas être écrasée, non sans chercher à ne pas dépasser la ligne de la mise en avant, qui était tout aussi complexe. Et finalement, elle se retrouvait là, à travailler comme une folle pour reprendre ses cours, les résumer, les simplifier, les apprendre et les corriger, muni d'un petit ordinateur et du minimum syndical en terme d'outils de travail. Non pas qu'elle n'avait pas de sous, mais elle limitait les achats de manière à ce que l'on ne puisse aisément trouver sa position, dans le cas malheureux où les membres de sa secte auraient trouvé un moyen miraculeux pour avoir de nouveaux un minimum accès à son compte bancaire. Cela faisait beaucoup pour une jeune femme, et Emaneth, même si elle n'avait pas du tout d'affection particulière pour la race humaine, ne pouvait qu'être embêtée pour celle avec qui elle partageait corps et esprit. Elle avait apprit, avec le temps, à l'aimer, cette jeune femme, et avec ceci s'était développé cette envie de prendre soin d'elle, de lui assurer un peu de confort et de soutien. Pour l'instant, elle ne pouvait pas lui prêter main-forte de manière conséquente, étant encore bien fatiguée de l'époque de leur fuite, qui avait été un calvaire en terme d'utilisation de ses dons. Mais peut-être, bientôt, elle pourra de nouveau créer cette aura de superbe dont elle pouvait draper Enothis grâce à ses dons mystiques. Et dès lors, elle sera protégée...

Du point de vue de l'humaine, un petit bol de nouilles instantanées vola depuis la minuscule cuisine jusqu'au salon, puis se posa sur sa table avec lenteur. Elle eut la politesse de remercier sa gardienne avant de se mettre à manger tout en travaillant, pour finalement y passer le reste de la soirée, découvrant lentement les goûts étranges et particuliers d'un repas qui refroidit et boit de plus en plus de bouillon. À la fin, c'est à peine une purée froide et sans goût qu'elle engloutit tout en fermant ses cahiers, avant de tout ranger à sa place pour préparer son départ du lendemain. Passant à côté de la télévision, elle observe l'affichage du décodeur afin de découvrir que minuit est déjà là, avec tout le message implicite qui va avec : Elle n'allait pas beaucoup dormir cette nuit. Tant pis, elle se glissa dans sa chambre, s'écroula dans le lit deux places qu'elle avait reçue la semaine précédente, et se couvrit de l'énorme couverture qu'elle avait acheté pour combler le manque évident de chaleur dans ce pays si loin de son désert natal. Puis d'une voix endormie, elle s'exprima tout bas :

« Bonne nuit Emaneth.
 -  Bonne nuit Eno...this. »

Durant une demi-seconde avant que la jeune fille ne s'endorme, la djinn avait perçu quelque chose. Un frisson dans l'air, une onde de maléfice. Mais la demoiselle endormie, il était trop tard pour agir.

*
*   *

Elle frappa la table durement. Ça ne lui fit pas mal du tout, ce qui contrastait déjà avec la réalité. Où était-elle ? La salle de classe ? En effet, mais il y avait quelque chose de différent. Les murs qui étaient d'une couleur plus sombre, peut-être ? Ou alors était-ce le nombre de place, bien plus conséquent que dans le petit cours qu'elle avait suivie cet après-midi ? Pourquoi la salle de classe était aussi longue d'ailleurs ? Tant de questions sans réponses, d'observations vaines, rien n'allait en ces lieux et rien ne semblait concorder. Tout au plus pouvait-elle pressentir que quelque-chose clochait, tandis que son esprit embrumé essayait de recoller bien maladroitement la logique d'action qui l'avait emmené ici. Une vaine tentative, autant dans sa volonté que dans sa réalisation, étant donné qu'elle sentit son poignet être agrippé bien durement par la main large d'un jeune homme, ce jeune homme qu'elle avait tant mis dans l'embarras cet après-midi : Kaïto, dont le regard furieux laissait entendre que, ce coup-ci, son petit mouvement d'humeur ne pouvait et n'allait pas rester impuni :

« Qu'est-ce que tu fais Enothis ? »

Elle n'eut pas le temps de répondre que l'étudiant se redressa, bien plus grand qu'elle, et ne manqua pas de refermer ses doigts cruellement sur son poignet. Encore une fois, pas de douleur, juste la sensation d'être incapable de réagir, de se libérer. Il y avait somme toute quelque-chose d'incompréhensible dans les événements. Mais pas le temps d'en faire l'analyse, car avant même de pouvoir réellement répondre, la voilà qu'elle se fait traîner au fond de la classe par le jeune adulte, et ce malgré toute forme de résistance, avant de se retrouver cruellement écrasée au mur, sans autre espoir désormais d'échapper à l'emprise du garçon.

« JeϠѭ ѭюѯe, je ▀▀▒ d▒▒  ▒e d'aᶋ⁇te⸟⸟ ces id▒▒  ▒▒, oюѯ  ѭԄӻssez !
 -  Reprenez votre cours et ne vous occupez pas de nous. »

Qu'est-ce que c'était que ça ? Elle avait bien vu qu'il y avait quelque chose derrière le jeune homme, et même qu'il y avait eut des … mots ? En tout cas quelque chose d'exprimé, même si cela avait eut à ses oreilles la même forme que le vrombissement d'une abeille en plein mois de Juin. Mais elle ne pouvait le comprendre, ne pouvait y réagir, la seule chose claire pour elle, dans ce songe, c'était le jeune homme blond, encore ivre de colère, qui la toisait avec ce regard plein de reproches. Elle chercha à s'exprimer, à lui dire quelque chose, peut-être un doux propos pour le calmer, ou des excuses, parce qu'elle savait qu'elle avait mal agis, mais à la place... elle ne put sortir qu'un cri ! Un cri de surprise, car le jeune adulte, dans sa colère, avait attrapé le haut de son chemisier et tiré dessus avec une force sans équivoque, faisant sauter les boutons trop faiblement cousus, tandis que les autres étaient tout simplement arrachés avec un bout de tissu en sus. Et aussi étrange cela puisse paraître, parce qu'elle ne serait jamais sortie sans un soutien-gorge, mais ses seins sautèrent en avant, comme libérés de leur cage, divine forme ronde et charnue au teint chocolat, droit devant les yeux de Kaïto, qui ne fit que s'en aguerrir :

« Là ! Tu me mets ça sous le nez et tu veux que je reste de marbre ? Je t'aide à la mesure de mes moyens et tu m'envoies bouler ? Regarde moi quand je parle ! Tu crois que toi aussi tu peux faire ce que tu veux avec les personnes qui te côtoient ? Respecte moi aussi! Je te rappelle que tu m'as sauté dessus, que tu t'es frottée contre moi, tu veux quoi ? Que je passe pour un débile ? Félicitations t'y es arrivée ! Tu parles d'une plastique de salope ? N'agis pas comme telle ou alors ... non ... Agis comme telle ! »

Pressée contre le mur, comprenant que trop bien les propos du jeune homme qui résonnaient dans sa tête comme mille reproches, se répétant et s'amplifiant, les larmes lui montaient lentement aux yeux. Elle comprenait. Du moins elle le pensait. Elle cauchemardait n'est-ce-pas ? L'étrangeté de ce monde, le comportement de Kaïto, et puis cette situation … Elle ne pouvait le revivre ainsi qu'au travers de ses songes, de sa propre culpabilité. Et pourtant... Et pourtant tout cela l'affectait tant, les mots crus et durs du jeune homme, sa poigne, son corps écrasé entre lui et le mur, et ces regards indiscrets qu'elle pensaient percevoir dans l'auditoire flou mais existant de la pièce. Lentement, mais sûrement, les larmes lui venaient aux yeux, son expression glissait de l'incompréhension, de la stupeur, à la tristesse. Et c'est d'une voix cassée qu'elle lui répondit :

« P-pardon. Pardon Kaïto... Je suis désolée, je me suis mal comportée. Je ne voulais pas te faire de mal, juste me... me défendre face à cette connasse qui bavait sur mon dos. Mais je... je sais que j'ai mal fait... que j'aurais dut agir autrement. A... Arrête s'il-te-plaît... »

Mais à mesure qu'elle s'exprimait, elle les sentait. Ces mains, celle du garçon, en train de glisser sous sa jupe, de se satisfaire de ce contact qu'il entretenait avec elle. Si elle cauchemardait, était-ce normal qu'elle se sente ainsi acculée ? N'était-elle pas sensée fuir ce danger, plutôt que de se retrouver ainsi enchaînée sans même pouvoir lutter ? Pourquoi n'avait-elle pas de dessous en plus, c'était horrible, jamais elle ne se comporterait comme ça, comme une … dépravée ! Alors elle essaya de le repousser : Elle y alla de ses bras frêles et poussa comme elle put, cherchant à rompre ce contact venimeux qui s'installait de manière si facile et obscène pour elle ! Mais elle avait beau faire, c'est à peine si elle parvenait à décoller son torse du sien, à le faire plus ou moins rebondir sur sa poitrine avant que ses forces ne l'abandonnent, et qu'il s'écrase à nouveau sur ses deux monts de chair.

« Pitié... Pitié Kaïto ne fait pas ça je … Je ne suis rien de tout ça. Ni une salope, ni un monstre. Je veux bien tout faire pour que tu me pardonnes mais … ne me … ne me traites pas ainsi je t'en prie. »

Et voilà, les larmes se mettaient à rouler sur ses joues. Des larmes coupables mais honnête.

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mardi 08 décembre 2020, 12:59:35 »
Enothis était … complètement perdue. Menottée comme une criminelle, incapable de riposter face aux insinuations du policier, elle avait bien du mal à trouver ce qu’elle avait mal fait, ou mal dit, pour se retrouver dans une telle situation. Elle cherchait plusieurs fois du regard son alliée de la soirée, Lissandre, mais celle-ci semblait avoir quittée ce monde, semblant observer les événements sans même faire attention à ce qu’il se disait, ce qui finalement était un véritable problème étant donné qu’elle était la seule des deux à réellement bien parler la langue. Aussi, la pauvre Enothis s’était enfoncée dans ses erreurs, avait servie sur un plateau d’argent sa culpabilité, et se retrouvait bloquée, avant de finalement comprendre que si elle se trouvait mal à l’aise et sur la défensive… C’était pour une bonne raison !

Le plus jeune des deux policiers venaient de se permettre ce propos inacceptable auprès de Lissandre, et comme une révélation, les deux jeunes femmes eurent la même réaction à l’unisson, mélange de rejet et de dégoût, comme si elles venaient de tomber de Charybde en Scylla et n’avaient jamais eut la présence d’esprit de le remarquer. Putain, comment elles avaient fait, franchement, pour que dans leur fuite face à un groupe de petits pourceaux sans classes, elles soient tombées sur deux plus gros porcs qui n’attendaient que leur venue pour se payer une bonne tranche ? Elle ne savait pas, pour l’instant, mais en tout cas elle avait quelque chose de plus vif, de plus impétueux, de plus impérieux en elle, et ce sentiment était en train de prendre le dessus sur tout le reste. Elle ne voulait pas que Lissandre se sacrifie pour elle ! Sérieusement, elle préférait encore en subir deux ou trois fois plus si cela pouvait éviter à son amie de se retrouver mêlée à ces ennuis. Ce sentiment, même si il allait dans un sens un peu défaitiste, lui donnait ce soupçon de rage qui allait suffire à la secouer, à la tirer de sa précédente torpeur pour ne pas se laisser aller à quelque forme de passivité. Elle se retrouvait dans cette situation malgré elle ? Eh bien tant pis, elle allait montrer les crocs !

Quand elle vit Lissandre chercher à se défendre, elle ne put qu’avouer être fière d’au moins s’être retrouvée dans cette situation avec une personne aussi exceptionnelle qu’elle, mais elle comprit bien vite qu’elles n’avaient aucune chance face à cet homme entraîné. Alors elle fit rapidement le choix de s’exprimer, peut-être pour tenter de diriger l’intention sur elle et non plus sur la demoiselle en rose, qui en plus venait de prendre un sévère coup à la tête !

« Arrêtez ! Bande de porcs ! Elle a rien fait, j’suis seule coupable, alors ne la touchez pas ! Putain de petites bites, couilles molles sans honneur ! C’est ça la police i... »

Les coups à la portes la bloquèrent dans ses protestations, et quand la porte s’ouvrit d’elle-même pour accueillir tête de pelouse, ce ne fut pas pour plaire à la jeune égyptienne. Alors elles avaient été prise au piège hein ? Bloquée dans un tram, leur seule fuite avait été pour s’offrir quasiment d’elles-même à ces petits pourceaux plein d’orgueil ? Ça lui collait la honte de sa vie, et en même temps elle n’en avait que plus envie de se foutre encore un peu plus de leur gueule. Une manière de signifier qu’elle ne serait pas vaincue par ces enfoirés ? Sûrement ! Est-ce que ça allait l’aider de quelques manières ? Sûrement pas, mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait baisser la tête et se laisser faire. Ça, ce serait une défaite !

« Je suis énervé ! Cette salle pute m’a donné un coup dans les couilles ! Je vais en faire mon affaire !
Tu parles de laquelle mon petit Kenjirô ?
Celle a la peau marron. Je me la garde cette pouffiasse.
C’est ça, demande bien à tonton de t’aider, pauvre con. Tu chouines, mais dans le fond j’ai pas dût te faire bien mal, vu le peu de couille que tu as ! »

C’est à peine si elle eut une réponse, en même temps elle devait avoir l’air d’un chien déjà muselé à leur yeux, une petite chose qui aboie pour ne pas montrer qu’elle avait peur. C’était vrai dans le fond, mais il s’agissait surtout de fierté, une fierté qu’elle avait plus ou moins regagnée au moment où Lissandre avait voulut mettre un grand taquet dans le visage du policier. Elle ne pouvait pas lui faire honte, de un, et de deux elle ne voulait pas se montrer défaitiste devant elle, c’était juste impossible après ce qu’elle avait fait ! En revanche, de les voir se préparer, prendre la caméra pour commencer à les filmer, non sans parler du petit couinement que poussa son amie quand elle se retrouva menottée les mains dans le dos , eh bien… Cela lui sapa un peu le moral, assez pour qu’elle regarde autour d’elle en toute hâte, comme pour prévoir d’où allait venir le danger ! C’est à ce moment là qu’elle l’entendit :

Un bruit de déchirement. Long, presque forcé, elle ne put que tourner la tête en tout hâte vers son amie pour voir que de son extraordinaire combinaison rose, il ne restait plus grand-chose à l’arrière, laissant apparaître le fessier rebondi de la française, et sûrement une partie de son entre-jambe. Pire encore, le fameux Iro et l’un des voyous s’amusèrent à la tirer du sol pour la mettre sur la table, sur le dos, et semblaient désormais s’amuser à chercher d’éviter les coups de pied qu’elle tentait de leur mettre tout en agrandissant l’ouverture qu’ils avaient déjà faite, sûrement pour avoir un accès à sa poitrine. Rageuse, Enothis se redressa de sa chaise pour tenter d’en pousser un d’un coup d’épaule bien placé, n’ayant rien à perdre à leur faire encore un peu plus mal. Malheureusement, il restait un voyou avec les mains libres, non sans parler du fameux Kenjirô. Aussi n’eut-elle même pas finit son geste qu’elle se sentit arrêtée, bloquée par une paire de main, tandis qu’une autre attrapa l’avant de sa tenue écolière… Et vint tirer dessus avec force, arrachant les boutons et libérant sa poitrine à la vue de tous, même si le soutien-gorge lui permettait de garder un peu d’honneur.

« Qu’est-ce que t’as pouffiasse ? Tu veux te battre ? On le sait que les gaïjins sont des sauvages, mais tu bas tout les records p’tite pute. Maintenant, j’vais t’avouer un p’tit truc... »

Tête de gazon sortit un petit couteau et vint le placer juste sous le nez d’Enothis, qui n’eut d’autre choix que de tendre son cou en arrière, de peur de voir la pointe de la lame se glisser dans sa chair.

« Mes petits gars là, ils peuvent se montrer gentils, mais pas moi. Alors si tu veux pas qu’on fasse sa fête à ta collègue à côté, pendant que je m’occupe de toi, voilà ce que tu vas faire : Gentiment te déshabiller avec ta main libre, et me tendre ton joli petit cul de salope étrangère !
Espèce de… de ... »

Les mots restaient coincés dans sa gorge. Elle voyait bien que la situation de Lissandre était en train d’empirer, en même temps à deux contre elle alors qu’elle avait les mains liées, elle ne pouvait guère se défendre. Putain de salopards, c’était quoi ce chantage immonde! Elle se mordit la lèvre tout en contemplant ce connard à pelouse avec haine, puis… se retint comme elle put de l’insulter plus que de mesure, avant de répondre :

« Ok ! Ok ! J’ai compris… Demande à tes connards de cesser leurs conneries et ... »

Elle se prit, en cet instant, sûrement la gifle la plus violente qu’elle n’aurait jamais crû prendre de sa vie. Assez pour lui retourner la tête et lui faire se demander, pendant un temps, ce qu’elle faisait là, avant de sentir les doigt de cette raclure lui attraper le menton et le lui relever :

« Bouge-toi le cul si tu veux avoir droit à quoi que ce soit sale pute ! »

Le message était passé, et même si elle le fit maladroitement, elle chercha à ôter ce qu’elle pouvait, faisant d’abord tomber sa jupe, puis cherchant à enlever son soutien-gorge, même si la position ne s’y prêtait que difficilement. Elle le fit vite, mais elle glissa un regard vers Lissandre, se demandant si elle faillissait à sa fierté en acceptant ce genre d’échange. Mais elle remarqua qu’effectivement, le policier tout comme le voyou avaient cessé de s’attaquer à elle, ce qui … Ce qui finalement l’enjoignit encore un peu plus à ce sacrifice, amenant la petit égyptienne à finir de d’éclipser son soutien-gorge, libérant son opulente poitrine, ce qui lui valut quelques sifflements graveleux, et un long plan de caméra de la part de ces abrutis ! Ils y allaient de commentaires plus horrible les uns que les autres, mais ils respectaient la parole de leur chef, n’était-ce pas tout ce qui compte ? Alors elle finit par ôter son dessous, une culotte finalement bien légère, qui vint choir à ses pieds. Elle avait froid, avec pour seule tenue une chemise ouverte et des baskets…

« Putain qu’elles sont bonnes quand même ! Et je suis sur qu’il doit rien y avoir de meilleur que leur petite chatte !
T’en fais pas Iro… Kiffe la tienne mon pote, je me farcis cette pute !
QUOI !? Mais c’est...AH ! »

Elle n’eut pas le temps de protester qu’elle sentit tête de gazon la chopper par le coup et lui coller le visage contre la table avec force. Enfin, elle avait eut le temps de placer son bras pour amortir le choc, mais du coup elle se retrouvait dans une position terrible, encore plus qu’il l’attrapa par une hanche pour la forcer à ouvrir les jambes dans une tentative désespérée de ne pas s’écrouler pitoyablement. Et pendant ce temps là, cette enfoirée de flic tombait à nouveau sur Lissandre ! Merde merde merde !

95
Pourquoi avait-elle choisie Kaïto ? Dans le fond il n’y avait pas de raisons profondes à ce choix, ni même quelques griefs, encore moins d’assurance dans cette décision. Elle savait simplement que le jeune homme était normalement bien loin d’être problématique, elle pensait même qu’il se trouvait assez sensible, assez intelligent pour ne pas se perdre dans les on-dits qui filaient à toute vitesse dans les couloirs. Mais plus que ça encore, elle avait auprès de ce jeune homme cette impression qu’elle ne risquait rien à jouer de ses charmes, à forcer un caractère qu’elle ne possédait pas naturellement, car il aurait sûrement l’intelligence de ne pas en prendre ombrage, ni même d’y percevoir une forme de vilenie. Peut-être se trompait-elle ? Peut-être jouait-elle son va-tout sur une personne qui pouvait même lui tenir rigueur de sa plastique, de sa nature ou de ses origines ? Après tout, le jeune étudiant était fort discret, et il était amplement possible qu’il cache derrière sa timidité quelques formes de racisme, ou de rejet envers l’égyptienne ? Très honnêtement, elle le prendrait sûrement pleine face si cela s’avérait vrai, mais bon, elle ne s’était jamais doutée que le Japon était une contrée à ce point terrible en ce qu’il s’agissait du rejet des étrangers ! Elle aurait dût s’informer dès le départ avant de se lancer sur un coup de tête et d’ainsi se projeter dans une vie normale dans un autre pays, sans en connaître les mœurs ! Mais il était trop tard, et désormais, elle ne devait se reposer que sur son intellect pour préserver son image.

En tout cas, si une chose était certaine dans l’instant présent, c’était que ses minauderies avaient sut faire mouche, sûrement un peu trop même quand elle voyait la mine fuyante et cramoisie de son « sauveur » inopportun. Désolé, « senpaï », mais elle y avait mit le paquet pour l’occasion, à la fois dans l’attitude pleine d’innocence et d’inconscience, dans la petite voix tremblante et un peu plus aiguë qu’à l’accoutumée, mais surtout dans cette proximité un peu cavalière que les japonais ne savaient absolument pas comment gérer. C’était cela de vivre dans la pudeur et la retenue la plus extrême, les jeunes adultes de la société nippone n’avaient pas le quart des habitudes qu’ont les adolescents européens ou maghrébins. Si bien que le résultat de son jeu se fit sentir instantanément : Tandis que Kyoko, pleine de sa stupidité naturelle, étaient en train de déblatérer assez de connerie pour réussir à remplir une Corne d’abondance, ce qui est en soi une sorte de record de l’idiotie humaine, le pauvre étudiant aux cheveux blonds lui tentait de répondre par quelques balbutiements maladroits qui ne parvenaient qu’à peine à remplir leur office, à savoir une défense misérable pour la pauvre Enothis. Ce n’état pas grave, elle ne cherchait pas du tout à ce qu’il prenne part à son propos dans le fond, juste à prouver qu’elle était capable de faire tourner une tête en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « Obéis-moi », et dans le cas présent, cela se confirmait. En revanche, elle ne s’était guère doutée du sursaut d’orgueil de ce jeune homme quand, perdu dans ses yeux d’or, il se mit à avoir une parole claire et … étrangement chaleureuse pour la jeune femme :

« Ta gueule Kyoko, t'es trop conne. Tu fais honte à cette école. Ici on s'ouvre au monde, on se renferme pas sur sa connerie. T'as pas la chance d'avoir la beauté d'Enothis, je te confirme qu'entre elle et toi, je fais le choix de sa plastique à elle. Et puis de son esprit aussi. Le tien est creux. »

Oooooh savoureux. Applaudissements d’un côté, rires honnêtes de l’autre, seule la japonaise aux lèvres injurieuses ne trouvait pas de satisfaction à ce qu’il venait d’être prononcé. En même temps, elle venait de se prendre un outrage comme on en fait plus depuis le lancer de gant médiéval de la provocation en duel ! Enothis dégustait avec délectation le flot d’injures ininterrompu de Kyoko, qui en perdait tout calme était en train de perdre le contrôle, et de ne plus viser qu’elle, mais l’ensemble de la classe, non sans parler des quelques malheureux qui auraient put prendre par à une espèce de machination à son encontre. Et même si elle se ridiculisait de manière tout à fait absolue, et qu’Enothis n’avait dans la situation plus rien à faire pour prouver à tous que cette mégère était sûrement la plus mauvaise des lycéennes de la promotion, il était aussi temps qu’elle reprenne un peu les rênes des événements. Elle était pour une juste punition, as pour un lynchage comme celui qu’elle avait connue. C’est ainsi que son expression de petite lycéenne apeurée et en proie à la méchanceté d’autrui vira soudainement en des traits durs et colériques. Elle se redressa immédiatement, privant le jeune Kaïto de sa divine observation, de son petit goût de paradis, puis elle se tourna de manière claire en direction de l’enragée avant de reprendre avec un ton qui n’avait plus rien « d’innocent » ou « d’inconscient » :

« Ta gueule Kyoko. Comme je viens de le prouver, je suis entièrement capable de faire ce que tu prétends me voir faire depuis mon arrivée. Hors, tous ici m’en soit témoin, c’est bien la première fois que je parle à Kaïto, et encore plus, la première fois que j’agis de la sorte. Ouais, je pourrais faire usage de bien des comportements pour tromper vos petits fantasmes d’adolescents bourrés d’hormones, mais dans le fond je n’en ai rien à faire. Je suis ici pour étudier, pour apprendre, loin de mon pays. Alors ta crise de jalousie, tu la calmes, tes mots plein de poison, tu te les gardes, et surtout… Tu évites de me diffamer, ou je pourrais effectivement faire de ta vie un enfer, c’est clair ? »

Le passage aux menaces fut d’un résultat immédiat. D’abord empourprée, la japonaise vira bleue, comme soudainement prise par une peur tenace, et pour cause : Tout ce que venait de dire Enothis sonnait comme une implacable vérité. Aucuns de ses camarades ne savaient pour son passé. Personne ici ne pouvait se douter qu’elle avait été la figure d’autorité, de puissance, d’une secte qui officiait dans les arts occultes et le fanatismes. Des caractères forts, elle en avait connue bien avant que cette idiote ne se permette de médire sur son compte, et des affronts, elle avait dût en laver bien plus que tous ici réunit dans cette pièce. Alors quand elle parlait de lui faire vivre un enfer, tout dans le ton, dans la manière de l’exprimer, dans le choix des mots et dans la gestuelle laissait entendre qu’au moindre écart, il était tout à fait possible qu’elle mette ses propos en action. Résultat, Kyoko était tétanisée, tandis qu’un silence glaçant avait envahie les lieux. Voilà, en cet instant précis, elle avait gagnée la chose précieuse que l’on tentait de lui ôter depuis son arrivée à Seïkusu : le respect.

Mais les choses allèrent rapidement en un autre sens. Quelques secondes plus tard, le professeur arriva enfin en cours, et observant cette situation où deux femmes se font face, l’une devant l’ensemble des pupitres et l’autre auprès d’un étudiant, il ne manqua pas de hausser un sourcil curieux, avant de se racler la gorge et d’intervenir :

« La pause est finie mesdemoiselles, à vos places. Ce n’est pas parce que vous travaillez avec des étudiants qu’il faut que vous vous mettiez en valeur devant eux. Oh et … par pitié, fermez la bouche monsieur Nakajima, un peu de tenue ! »

Hein quoi ? En se retournant vivement, l’égyptienne eut l’occasion de remarquer de ce dont parlait le professeur : l’étudiant, sûrement flatté par son comportement de plus tôt, était en train de la dévorer du regard, notamment sur ses attributs féminins. Peut-être ne comprenait-il pas la maladresse avec laquelle il agissait, encore plus après qu’Enothis ait fait l’effort d’être bien claire sur le fait qu’elle était loin d’être la poupée provocatrice et sans âme dont parlait Kyoko, mais… Elle était encore échauffée de son coup de colère, aussi de remarquer ces oeillades déplacées ne manqua pas de faire naître en son coeur une petite flamme qui allait sûrement lui coûter beaucoup. Car celle-ci la fit agir en deux étapes exceptionnellement vive : Un regard sombre, emprunt de dégoût et de colère qu’elle vint lui adresser droit dans les yeux, premier message sur sa très claire désapprobation. Mais en sus… ne pouvait aller directement le frapper, elle cogna du point sur la table du jeune homme, comme une feinte menace afin qu’il se réveille avant qu’elle ne retourne à sa place sans ne plus lui adresser un mot. Fais chier, elle comptait le remercier à la base, pourquoi avait-il agit comme un crétin à la fin ? Était-ce de sa faute à elle ? Peut-être, mais elle n’en avait pas grand-chose à faire désormais. Surtout que coupant court à tout autre forme de dissensions dans sa classe, le professeur peu amusé de tout cela se mit à faire cours avec autorité, cherchant à gagner calme et écoute auprès de… Finalement de bons étudiants, qui ne se firent guère attendre pour se mettre au travail. Ainsi, la dernière heure passa à toute vitesse.

*
*   *

Fin du cours. Pas un mot de sa part, pas une réaction, pas un regard en arrière, Enothis récupère son sac et, encore enfiévrée de sa colère, drapée de son orgueil, elle quitte les lieux sans chercher à procurer de fausses politesses à qui que ce soit. Kyoko ? Elle ne quitta pas son siège tant que l’égyptienne n’était pas sortie de la classe ! Kaïto ? Elle n’en savait rien, mais elle ne comptait pas lui donner la moindre forme d’un intérêt après ce qu’il avait fait. Elle fila, tout simplement. D’abord les couloirs, puis le hall d’entrée, telle une flèche elle quitta le bâtiment en grommelant que la prochaine fois, elle agirait peut-être avec un brin plus de tact, ou un brin plus de perfidie, après tout elle pouvait toujours compter sur Emaneth si elle avait besoin de terroriser une petite conne et de lui faire fermer son putain de clapet. Elle ne parvint pas à se retenir de jurer entre ses dents quand, une fois dans les transports en communs, elle se rappela de l’ultime situation qui avait clos sa mise en garde. Non mais quel idiot ce blondinet ! En plus, elle était certaine qu’il n’avait pas penser à mal, juste …. Juste avec son pantalon, ce qui était en soit prévisible chez un jeune homme qui devait se trouver plein d’espoir à l’idée qu’une minette s’intéresse à lui. Elle lui en voulait, et s’en voulait aussi un peu par la même occasion. Mais ce n’était pas vraiment ce qui comptait désormais, elle avait agit et c’était trop tard. Elle réfléchirait par elle-même au moyen d’assouplir ses aigreurs, afin de trouver un terrain plus propice aux études pour ses futures semaines au lycée Mishima. D’ici-là, elle allait juste… chercher à oublier, rentrer chez elle, boire un jus de fruit et se mettre au travail. Après tout, demain est un autre jour.

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C’était la dernière pause de la journée avant que chacun ne rentre chez lui. Et comme à chaque pause, elle restait dans son coin, regardait depuis sa table accolée au mur du couloir les autres élèves, écoutant d’une oreille distraite ce qu’il se disait. Enothis se sentait bien seule. Elle n’avait pas encore bien intégrée cette nouvelle classe, et même si elle n’avait pas vraiment de choses dont elle avait à se plaindre, la distance avec ses camarades de classe était peut-être l’une des détails les plus difficile à vivre pour l’instant. Ce n’est pas comme si elle s’attendait à un accueil chaleureux dès son arrivée, surtout qu’elle était un poil plus âgée que ceux présent en classe, mais elle n’avait pas doutée au départ que sa différence, ses origines, sa peau sombre ou son manque de diction serait un tel mur entre elle et les personnes avec lesquelles elle allait partager ses prochaines années. Elle avait bien tentée de créer quelques liens, de parts et d’autres, et avait surtout trouvée un terrain d’entente avec quelques garçons de la classe, mais étrangement, à mesure qu’elle échangeait dans son japonais bancale, elle avait vu ses interlocuteurs devenir distant, puis finalement ne plus lui répondre. Bien sûr ce comportement étrange l’avait amenée à se poser des questions, à chercher à comprendre pourquoi les liens qu’elle créait avec les gens finissaient par s’étioler et se rompre avant même de ne se solidifier. Cela lui avait prit une bonne semaine, assez pour que son oreille tendue et son alliée de toujours finissent par lui donner quelques détails intéressant, mettant en lumière un peu le tout de la situation :

On parlait dans son dos.

Visiblement, depuis son arrivée en cours, les ragots avaient décidés de partir en vrille, et de se tourner vers une longue diffamation de sa personne ! Elle ne pouvait pas avoir une idée de tout ce qui avait été dit, mais elle avait eut quelques retours qui se trouvaient être suffisant pour qu’elle prenne très au sérieux cette histoire. La première avait été qu’elle était une prostituée d’un pays peu civilisé (parce que bien sûr, tout les jolies femmes étrangères sont soit des diplomates soit des putes) et qu’elle était venue ici pour s’amuser avec les hommes nippons parce qu’elle ne connaissait finalement que ça, de jouer avec les hommes. La deuxième rumeur, adorable et mensongère, était qu’elle était la fille d’un politique japonais qui avait envie de voir sa fille faire ses études dans son pays, même si elle n’était finalement rien d’autre qu’une relation extra-conjugale. La dernière était un mélange des deux, exacerbant les pires parties de l’histoire afin de s’assurer de captiver l’auditeur, tout en s’octroyant le droit de bien écraser un peu plus l’honneur d’Enothis en jouant sur l’ensemble de sa médiocrité, de son déshonneur, de son manque de vertu et elle en passait des bonnes et des meilleures. Soyons plus claire, elle avait comprit qu’on la diffamait depuis son arrivée, et l’ensemble de ce traitement lui avait suffisamment longtemps courut sur le haricot. Alors elle avait cherchée la responsable, et l’avait même trouvée.

Elle entrait tout juste dans la salle de cours, l’immonde petite garce qui avait choisie de faire de sa toute nouvelle et attendue vie scolaire un enfer. Ayamuri Kyoko était de ces petites japonaises bouffie d’orgueil qui ne pouvait pas comprendre que le monde ne tournait pas autour de leur petite personne, et Enothis l’avait découvert il y a quelques heures seulement. Elle avait enjoint Emaneth d’user d’un brin de ses pouvoirs pour suivre ses camarades de classe féminine, afin de trouver qui avait ainsi cracher sur son nom, ce que parvint à faire la Djinn avec grand succès. Quand elles purent échanger à la pause déjeuner, l’égyptienne put apprendre de son alliée de toujours que la japonaise se félicitait d’avoir réussi à écraser la « petite fourmi de gaïjin » avec ses histoires. Il semblait aussi qu’elle l’ai fait pour la pure et risible raison que son petit copain c’était un peu trop intéressé à la nouvelle étrangère quand elle avait débarquée en classe, et que ça lui était resté en travers de la gorge. Eh bien elle n’était plus la seule, Enothis en avait par dessus la tête de tout ce foutoir, aussi allait-elle se permettre de régler la question de manière efficace, et si possible cruellement douloureuse pour la pauvre Kyoko.

Il restait dix minutes avant le dernier cours de la journée, une option « Culture et Savoir du Monde » qu’ils partageaient avec une des classes de faculté de Seïkusu. Une histoire de nombre de place minimum pour ouvrir le cours, alors on y avait foutu des lycéens. En tout cas, avant que celui-ci ne débute, l’égyptienne se leva simplement de sa chaise et s’approcha de sa camarade de classe d’un pas décidé, avant de l’aborder avec une phrase qu’elle préparait depuis deux heures, histoire que son manque d’aisance en japonais ne la dessert pas lors de sa vengeance :

« Tiens Kyoko, justement je voulais te parler. Il paraît que tu as pas mal causé à mon sujet, alors j’aimerais bien entendre toutes les raisons qui te permettent d’ainsi me cracher dessus auprès de tout le monde ? »

Voilà, directe, les pieds dans le plat ! Elle n’avait pas la moindre forme de tact, pas même ne cherchait-elle à cacher quoi que ce soit : Elle avait décidée de faire face à cette trublionne avec prestance et force, devant l’ensemble de la classe, de manière à ce qu’il soit sut que sa camarade était une menteuse éhontée, et elle une personne qu’il ne fallait pas faire chier. Pourtant, alors qu’elle avait agit de la manière la plus soudaine pour tenter de couper l’herbe sous le pied de la japonaise, elle se retrouva malheureusement à déchanter assez rapidement. Effectivement, Kyoko ne vint pas frémir, rougir, ou se confondre en excuse bidon, comme l’espérait bien Enothis. Non, à la place la jeune femme la regarda un instant avec un peu de surprise, puis se tourna vers elle avec assez d’assurance pour faire frémir un homme politique. Mais c’est qu’elle s’y croyait cette garce ! L’égyptienne bouillonnait de ne pas l’avoir déstabilisée, et maintenant qu’elle lui faisait face avec autant d’audace, il était difficile de cacher son envie de lui hurler dessus en perdant tout contrôle… Mais non. Non, cela la desservirait. A la place, la demoiselle à la peau chocolat garda son calme, et attendit d’entendre la réponse de l’odieux serpent qui lui faisait face :

« Ouais, bien sûr. D’avoir une petite traînée dans ton genre ici m’colle la gerbe. Alors si au lieu de trimballer ta plastique de salope ici tu pouvais rentrer chez toi ça nous arrangerait tous !
Oh, est-ce que madame est jalouse ? Quoi, ma beauté te gêne, t’aurais aimé être autre chose qu’un crapaud ? Un bon gros crapaud qui bave sur tout ce qu’il trouve ? »

Très bien, honnêtement… Elle était en roue libre. Elle n’avait pas prévue que la jeune japonaise serait capable de lui répondre sur ce ton encore plus alors qu’elles étaient devant non plus seulement des lycéens, mais des étudiants. Elle avait espéré que le ridicule la rendrait muette et honteuse, mais bien au-delà de cela, elle avait même assumée de manière d’autant plus franche son manque complet de respect envers elle et le justifiait par des propos totalement inacceptable. Alors Enothis avait décidé d’aller encore plus loin dans la connerie, de taper là où ça faisait mal. Tant pis si elle s’y perdait, elle allait lui coller une honte de tout les diables. Alors elle improvisait. Elle venait de mettre un coup à son orgueil, de l’insulter, maintenant elle allait lui montrer à quel point elle était stupide. Alors elle se tourna d’elle, et se dirigea vers l’allée de la salle qui était au plus proche des fenêtres. Une cible, elle devait trouver une cible avec qui elle ne risquait rien… Désolé pour lui, mais elle ne pouvait pas laisser cette abrutie s’en sortir par quelques tours d’audace plein de vanité :

« Peut-être que l’on pourrait demander à nos senpaïs ce qu’ils en pensent ? Je suis sûr qu’ils seraient ravis que j’utilise ma « plastique de salope » pour les convaincre de ma bonne foi, hein ? »

Elle s’arrêta devant un jeune homme. Un petit blond, au fond de la pièce, souvent rêveur, pas plus intégré à la classe qu’elle ne l’était d’ailleurs. Elle se laissa partir en avant légèrement, vint placer ses mains sur ses cuisses pour se placer bien devant lui, laissant l’espace de son chemisier faire le reste en terme de charme. Puis, avec une légère moue triste, et une petite voix plaintive, elle se mit à lui parler, à lui poser quelques simples petites questions … Un poil rhétorique d’ailleurs :

« Kaïto senpaï, Kyoko est mauvaise avec moi. Tu as vu que je ne cherchais pas à ce que les vilains garçons me déshabillent du regard, hein ? N’est-ce pas qu’elle est ignoble de médire sur mon compte, et de propager des rumeurs immondes ? »

Déjà, d’autres que Kaïto réagissaient, commençaient à s’énerver du fait que l’on ait diffamé la « jolie étudiante étrangère ». Mais elle allait aller plus loin que ça encore :

« Kaïto-senpaï, tu penses que je devrais rentrer chez moi ? Vraiment ? »

Elle se rapprochait, se collait un peu à lui, avait l’audace d’échauffer son imagination et son esprit. Montrer qu’elle pouvait le faire… en prévision de la suite : prouver qu’elle ne le faisait pas !

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: dimanche 06 décembre 2020, 16:26:48 »
Enothis n’était pas un exemple de sang-froid, son comportement actuel le prouvait. Après tout, elle aurait put avoir bien d’autres manières de s’en sortir, mais elle avait préféré agresser directement la source de sa panique par un coup de pied que personne ne saurait accepter. Encore moins le jeune homme en face d’elle et de sa nouvelle amie, dont l’affront venait d’atteindre quelques sommets insondables. Alors que la chance avait voulue que les wagons s’arrêtent au prochain arrêt à l’instant même où elles entamaient leur fuite, Enothis ne se fit guère attendre et s’élança par les portes entrouvertes tout en gardant bien fermement le poignet de son alliée du soir dans sa paume. Pas question de l’abandonner avec ces sauvages, ils seraient foutus de lui tomber dessus sans même savoir qu’elles ne venaient qu’à peine de se rencontrer, et qu’elle était donc parfaitement innocente. Pire d’ailleurs, l’égyptienne était certaine qu’il s’en serait pris à elle, et vu la teneur de leur propos et jurons actuels, il était clair qu’elle n’aurait pas connue la plus grande des amabilité de leur part.

C’est donc une nouvelle séquence de fuite désorganisée qui s’entama pour l’étrangère, dont elle se serait bien passée d’ailleurs, et une découverte du jeu de jambe passablement moyen d’Enothis pour Lissandre. Au moins, elles quittèrent le quai prestement, mais c’est une fois le hall atteint qu’elle purent remarquer que les lieux étaient passablement ouverts et vides à cette heure de la soirée. Aucune chance de s’échapper sans se faire remarquer, et avec les trois loustics aux talons, elles n’allaient pas faire long-feu. Et dire qu’elles auraient put avoir une belle soirée, mais non, il fallait que quatre lourdauds se ramènent et se décident à leur faire quelques avances bien mal dissimulées dans l’espoir de leur chopper le cul. Et merde, elle en devenait grossière de frustration, c’était honteux ! Elles dévalèrent les escaliers qui menaient à la sortie, espérant tant bien que mal trouver un lieu où elle pourrait se terrer le temps que leurs poursuivants se trompent de sens et abandonnent, mais à la place, ce fut Lissandre qui s’arrêta net, manquant de faire tomber l’égyptienne suite au soudain refus d’obtempérer de sa camarade. Manquant jurer, la petite demoiselle à la peau foncée se retourna vers la française, s’apprêtant à lui demander pourquoi elle s’arrêtait,  avant de finalement remarquer exactement ce qu’avait perçue son alliée :

« Là-bas ! Des policiers ! »

Ni une, ni deux, nos fugitives s’élançaient droit vers le duo qu’elles avaient aperçues, ces deux membres des forces de l’ordre qui semblaient tout simplement être en train de faire une ronde mollassonne à la recherche de quelques voyous. Lissandre, très clairement plus à l’aise que sa camarade en japonais, ne manqua pas de les héler avec ce petit air désespéré qui sembla tout particulièrement fonctionner sur le plus jeune, ce dernier s’élançant vers elle pour les rejoindre, semblant demander hâtivement ce qu’il se passait. Il eut sa réponse quand le trio apparut en haut des escaliers, et jura une bonne demi-douzaine de grossièretés avant de repartir dans le sens inverse ! Pour le coup, le jeunôt des deux policiers sembla vouloir les suivre, avant que son collègue ne l’en dissuade, et se tourne vers les deux fuyardes qui reprenaient leur souffle :

« Eh bien mes petites dames, vous avez dût vous taper une sacrée frousse, je me trompe ? Venez, on va vous filez un café et prendre votre déposition. Vous n’êtes pas les premières à avoir des soucis dans le coin, alors faut bien qu’on garde trace de tout ça ! Suivez moi je vous prie ! »

Toujours un peu mal à l’aise, Enothis se lova un peu plus près de sa bienfaitrice de la soirée avec la boule au ventre. Encore une fois c’est elle qui venait de la tirer du mauvais pas, parce que bien honnêtement, l’égyptienne aurait continuée de courir en ligne droite sans même remarquer les deux membres des forces de l’ordre. Au moins elle était en train de se promettre de ne plus désormais juger de la situation par elle-même, et de laisser la main à son amie, parce que visiblement, dès lors qu’elle cherchait à régler les événements d’elle-même, cela virait au drame. Plus ou moins agrippée au bras de la française tandis que les deux femmes entraient dans une salle de repos visiblement peu utilisée au vu de la vétusté des lieux, elles furent invitée à s’asseoir avant d’entendre le cliquetis si particulier des clés dans la serrure. Il… Il fermait la porte ?

« Dites, pourquoi vous avez fermé à clé ?
Oh ça ? Pour pas que vos petits camarades ne s’essayent à nous tomber dessus une fois qu’on a le dos tourné, ça a failli nous arriver le mois dernier. Détendez-vous. »

Comment dire que cette justification était peu rassurante, et que l’invitation à la détente avait plus don de les mettre en alerte qu’autre chose ! Enothis glissa un regard inquiet à son amie de la soirée tandis que les deux policiers semblaient se laisser un regard équivoque, presque assez évocateur pour laisser un frisson naître le long de l’échine de l’égyptienne. Quand le plus jeune sortit une caméra, l’utilité de celle-ci ne manqua pas de rajouter une dose supplémentaire à leurs craintes, mais rapidement le plus vieux enquilla sur l’action de son camarade par quelques propos pleins de confiance :

« Nous nous permettons d’enregistrer les dépositions, afin de recueillir un maximum d’informations, vous n’avez rien contre j’imagine ? Voilà, pose la ici Iro, je vais entamer les questions. »

Apparemment, la partie « on vous offre un café » avait été complètement abandonnée par les deux hommes. Le plus jeune, dénommée Iro, vint placer sa caméra sur un bord de table avant de s’y appuyer nonchalamment, et son chef s’écrasa contre le dossier de sa chaise avant de croiser les bras en observant les deux jeunes filles. Soudainement, cette situation devenait bien malaisante. Enothis y voyait bien plus un stéréotype d’interrogatoire plutôt qu’une prise de déposition, et c’est avec un sentiment d’alerte constant qu’elle se tourna à nouveau vers Lissandre, qui ne semblait pas en meilleur état qu’elle face à l’enchaînement d’étrangetés qui était survenu :

« Donc mesdemoiselles, comment vous appelez vous ? J’aimerais aussi que vous m’expliquiez pour quelles raisons ces messieurs vous courraient après. »

Enothis prit la parole dans un japonais imparfait mais sérieux :

« Je m’appelle Enothis Anekthotem. Je suis étudiante au lycée Mishima. Ces hommes nous ont parlés… non c’est pas ça… draguer ? Je crois draguer, puis quand ils sont devenus agressifs nous avons choisie de fuir. C’est à peu près ça ?
Je vois. Il étaient très en colère pour des personnes dont vous avez juste « fui ». Vous ne les auriez pas aguicher tout de même ?
Que ? Non ! Bien sûr que non !
En même temps quand je vois la tenue de mademoiselle je me pose des questions. Puis on sait bien que les étrangères sont … Eh bien moins vertueuses. »

Enothis n’avait pas comprit la fin de la phrase, mais vu la réaction de Lissandre à celle-ci, il était évident qu’il s’agissait d’une sévère insulte qui devait les viser toutes les deux. Visiblement le plus vieux des deux continua avec sa part d’accusation, non sans jamais cesser de passer de l’une à l’autre avec plus ou moins d’insistance. La jeune femme à la peau bronzée n’aimait pas du tout ce regard qu’il lui adressait, avec ses paupières tombantes et son air satisfait. Dans quoi était-elle encore tombée ? Enfin, elle paniquait peut-être ? Après tout elle avait manquée par deux fois de se retrouver dans une mauvaise situation, peut-être qu’elle était juste un peu trop sur ses gardes, non ? Il s’agissait de membres de la police, elle devrait leur faire confiance plutôt que de commencer à douter de leur comportement ! Oui, sûrement était-elle en tort dans cette histoire, alors autant qu’elle soit la plus claire possible et qu’elle ne cherche pas à se méfier de ceux qui semblaient être là justement pour éviter à tous quelques problèmes et autres incongruités ?

« Donc si je résume, la petite dame ci-présente avait des soucis avec les voyous que nous avons vu… Enfin, des soucis, tout au plus vous ont-ils parler, et après que vous ayez choisi de partir ils vous ont poursuivis ?
Eh bien je … l’un s’était rapproché de moi et je … Je lui ai mis un coup de pied. J’ai eu peur et je ne me suis pas retenue. »

Elle avait voulut dire qu’elle ne s’était pas contrôlée, mais le mot retenue était sortit à la place. Un aveu qui ne manqua pas de faire sourire le policier sous sa moustache grisonnante, avant qu’il ne se permette finalement de se planter un peu plus en avant et de s’exprimer durement, avec un ton plein d’un jugement terrible :

« Oh, donc … Vous avez attaqué et blessé quelqu’un sans autre raisons que le fait qu’il « était proche ». Dites moi, j’ai affaire à des victimes ou à deux petites délinquantes en fait ?
Quoi ? Mais non je vous jure je n’ai pas…
Hey, tais-toi. Iro menottes-moi celle-là à la table ! »

L’égyptienne n’eut pas le temps de réagir qu’elle sentit le second policier lui attraper le bras et lui placer une menotte au poignet, puis l’autre menotte au pied de la table. Perdue, elle se mit à regarder autour d’elle avec un brin de surprise, mais surtout une vive incompréhension, qui ne manqua pas d’empirer quand le plus vieux se redressa de sa chaise, avec un grand sourire, l’homme ayant enfin sa victoire à portée de main :

« Donc l’une aguiche les passagers en étant vêtue comme une traînée, et l’autre les frappes ensuite. On dirait bien une méthode pour vider les poches des quelques idiots qui se feraient avoir par vos petits corps de salopes d’étrangères, je me trompe ?
Vous vous trompez, on …
Oh ça va hein ? Ferme-la ! Dis Iro, tu penses qu’on devrait faire quoi avec ces deux petites putes, histoire qu’elles ne remettent pas la pagaille dans le coin ?
J’dirais qu’elle mérite une petite punition ? Quoique, peut-être plutôt quelques … travaux d’intérêt généraux ? »

Le plus jeune observa les deux demoiselles, puis s’approcha de Lissandre avec un écœurant sourire. Visiblement, les masques venaient de tomber.

« Écoutes ma mignonne, tu vois ta petite pote ? Si tu n’es pas prête à gentiment montrer que tu peux être docile, je crois qu’on va devoir lui donner une petite leçon. Alors… Sois mignonne et fous toi à genoux ! »

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: samedi 05 décembre 2020, 16:04:59 »
Même si ce n’était pas en arabe, le fait de pouvoir parler anglais avec une personne permettait à Enothis de se détendre un peu. C’était un peu difficile à avouer, mais elle n’avait effectivement pas le meilleur japonais du monde, elle passait le plus clair de ses phrases à utiliser des mots généraux pour essayer de combler son manque de précision, et c’était sans parler de son accent à couper au couteau ! Donc oui, le fait d’utiliser une langue qu’elle maîtrisait, peut-être pas sa langue maternelle, mais au moins qui lui permettait d’échanger sans avoir à subir quelques mines amusées ou regards réprobateurs avait ce don de la faire se sentir en sécurité, et à plus forte raison, proche de celle avec qui elle discutait. Elle s’appelait donc Lissandre ? Pour être tout à fait honnête, ce prénom ne lui rappelait rien de commun, même si l’accent avec lequel elle le prononçait ressemblait pas mal à celui fort savoureux de la France. Et fort savoureux était, dans son esprit, un moyen de parler du ton plein d’assurance et de miel avec lequel les français avaient le don de se monter la tête et l’âme, avec un orgueil toujours aussi peu acceptable pour tout ceux qui avaient connu un jour leur joug. Cela n’allait pas entacher sa vision de la providentielle sauveuse en tenue rose, mais elle ne pouvait pas non plus cacher sa désapprobation quant aux politiques historiques de ce pays… Sûrement quelques restes de son éducation purement égyptienne, et des quelques bribes d’histoires colonialistes qu’on lui avait servie durant tant d’années, afin d’en faire une bonne jeune femme prête à tout pour pointer du doigt les grands et forts pays qui ont perdus la Foi.

Mais bon, elle laissa ses vieilles habitudes disparaître rapidement, comme autant de petits fantômes qui lui tourneraient autour en permanence : C’est un peu là, parfois ça fait un peu de bruit, mais dans le fond on finit par pouvoir l’ignorer sans trop d’efforts, et de ne se fier finalement qu’à ce que l’on observe, ou découvre, loin de tout les préjugés. En ce sens, Lissandre avait ce beau sourire des gens heureux et positif, si bien qu’elle lui offrait, par une certaine forme de mimétisme, cette bonne humeur et cette douce chaleur de se trouver en belle et agréable compagnie. En considérant son habituelle moue boudeuse ou son air chagriné, Enothis pouvait se douter que ses expressions faciales devaient être bien moins invitante que la rayonnante demoiselle en face d’elle. Et honnêtement, l’égyptienne ne pouvait que se demander quelle bonne étoile avait sut mettre sur sa route une rencontre aussi précieuse, en un instant aussi crucial que celui qu’elle vivait.

C’est ainsi perdue dans ses pensées qu’elle discutait cordialement avec Lissandre, ou l’observait fouiller dans son téléphone quelques adresses et autres boutiques avec la volonté de préparer un moment mémorable pour sa nouvelle amie. Fatiguée de sa journée, elle se laissait désormais un peu portée par le comportement vif de la française, sans se soucier plus longuement de l’existence de celui qui l’avait poursuivie un peu plus tôt. Au pire, elle resterait un peu plus longtemps chez Lissandre et lui proposerait de payer un loyer. Enfin si tout se passe bien entre elles ? Est-ce qu’il était seulement possible de ne pas s’entendre avec cette … forme de vie pleine d’excentricité et de bonne humeur ? Autant de questions dont elle aura les réponses au fur et à mesure n’est-ce-pas ? En tout cas, elle s’apprêtait à lui reparler de manière plus gaie, moins craintive, quand quelques choses à la forme indéfinie firent irruption au milieu de leur rencontre :

« C’est mignon tout plein, ça. Vous avez vu les gars ? »

Quatre lurons. Quatre charmantes incarnations de stupidité masculine qui venaient de s’installer cordialement dans l’allée centrale de la rame, entre les deux sièges qu’elles occupaient et les portes automatiques. L’un deux, dont la coupe de cheveux méritait d’obtenir la métaphore de « pelouse », fit quelques pas en avant, et ne manqua pas de s’approcher dangereusement d’Enothis, dans une position qui mettait son entre-jambe en avant, et bien trop prêt du visage de l’égyptienne. Elle cherchait à ne pas réagir, à ne pas se laisser aller à la réaction la plus naturelle mais aussi la plus attendue de la part de ces quatre voyous, à savoir du rejet et quelques mots tranchants. Pour autant, savoir que si elle relevait la tête elle finirait nez-à-nez avec la bosse misérable du pantalon de ce malappris n’était pas vraiment confortable, ni même agréable. Et si elle n’entendait que mal les propos de ses camarades un peu en retrait, elle comprenait très bien qu’ils n’étaient clairement pas là pour glisser un compliment avant de s’en aller bien sagement. Elle adressa un regard dérouté à Lissandre, dans l’espoir que celle-ci ait une réponse adéquate… A la place, elle vit la réconfortante damoiselle se tirer de son écran avec un air radieux, avant de lui présenter un lot de confiseries nippones « surprise ». Air désespéré pour Enothis, mine radieuse pour Lissandre, et petit air satisfait du gros lourd à côté d’elles :

« Ah bah enfin ! Je croyais que le bonbon était sourde. Et que la copine était muette. D’ailleurs, elle parle la copine de bonbon rose ? »

Ne pas être désagréable, ne pas être désagréable, ne pas être désagréable :

« Pas très bien, je ne suis pas très douée, désolé. »

Et pitié, lâche nous la grappe ! Elle cherchait rapidement de l’oeil si il se trouvait dans la rame quelques personnes capable de les soutenir face à ces idiots un brin trop excité, mais bien au contraire, le wagon semblait s’être drastiquement vidé depuis leur départ. Et les quelques autres têtes qui restaient étaient actuellement honteusement tournées dans la direction opposée, soulignant quelques lâchetés au cas où la situation devenait tendue. C’était bien leur veine. Est-ce qu’elle était maudite en fait ? Que finalement ce qu’elle avait prit pour une bonne étoile était au contraire un quelconque sortilège dans lequel elle était en train d’embarquer sa nouvelle amie ? Sincèrement elle n’avait vraiment pas envie de lui créer des problèmes. Au contraire, elle préférait l’en tirer, et peut-être que cette pensée allait lui créer quelques soucis d’ici peu. Parce que le jeune homme à la tenue bien légère et au parler bien grossier commençait à revenir à la charge, non sans avoir gagné encore quelques centimètres en direction d’Enothis :

« C’pas grave ma mignonne ! C’est pas comme si ça allait poser problème. On s’disait qu’on étaient bien seuls les gars et moi. Vous vous joindrez bien à nous ? »

L’égyptienne tourna un instant son visage, et se mordit la lèvre, avant de parler dans une langue bien étrange pour chercher une autre aide que celle de Lissandre, qui devait être aussi désemparée qu’elle. C’est donc dans un égyptien antique et plus que surprenant pour ceux qui l’entendraient qu’elle appela une nouvelle fois la djinn sommeillant en elle, cherchant à lui demander si elle pouvait faire quoi que ce soit. Et pendant ce temps là, plus ou moins invités par les propos de leur chef de bande, les trois autres lourdauds avaient déjà rejoint le duo prudent d’étrangères, tandis que leur chef, semblant prendre assez mal qu’Enothis l’ignore, commença à se montrer plus direct :

« Qu’est-ce qu’il y a ? On est pas digne d’intérêt pour la copine de bonbon rose c’est ça ? Dis donc, pour une salope de gaïjin t’es bien hautaine, tu sais ? »

L’égyptienne aurait voulue pouvoir se concentrer pour entendre et bien comprendre la voix mentale d’Emaneth, mais à la place elle sentit la main du jeune homme venir lui attraper bien sèchement la mâchoire afin de lui tourner le visage en sa direction. Cela coupa court sa concentration… mais aussi son calme. Elle n’eut pas vraiment le temps de faire attention au comportement de Lissandre, tout au plus fit-elle voler un de ses pieds pour frapper le plus violemment possible son agresseur à peine adulte, et ne manqua pas son coup : Droit dans les valseuses, son talon vint écraser ce qui se trouvait en dessous de la toile lâche du pantalon, et colora le visage de ce blaireau d’un fantastique ton cramoisi. Elles n’allaient avoir qu’un instant pour agir et… S’éloigner encore une fois à grand pas de ce danger, si bien que cette fois-ci ce fut à la demoiselle à la peau bronzée d’attraper la main de sa camarade et de l’attirer avec elle, ponctuant son action d’un anglais impeccable :

« Désolé, j’ai merdé, filons ! »

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Le métro et la gare / Re : La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: lundi 30 novembre 2020, 11:55:15 »
Enothis avait les jambes coupées, à la fois par la peur et l'effort soudain qu'elle avait dût fournir pour pouvoir échapper à son poursuivant. Honnêtement, elle n'était pas des plus athlétiques, elle avait passé bien trop de temps dans sa vie à se reposer sur les capacités d'Emaneth pour pouvoir avoir développée une quelconque forme de musculature décente. Ce faisant, maintenant que la Djinn ne pouvait plus la soutenir de ses pouvoirs surnaturels, elle se retrouvait bien pauvre physiquement, ce qui avait manqué lui jouer un sacré tour, étant donné que le fanatique n'était pas passé loin de la rattraper, voir-même de l'attraper. Enfin, il était de l'autre côté de la porte close désormais, et elle entendait le grincement chuintant et mécanique des wagons qui se mettent en marche, ce qui lui permit de définitivement perdre toute contenance, s'affalant à moitié contre le plastique froid de la coque intérieure pour mieux récupérer. Elle n'avait qu'à peine prit le temps de remercier sa sauveuse de fortune entre deux inspirations hâtives, ne l'ayant même pas regardée dans les yeux pour le faire, mais le soulagement et la fatigue l'avaient agonie avant que les bonnes manières ne prennent le dessus. Désormais, au sol, sûrement ridicule pour bon nombre de ceux qui étaient dans la rame à l'observer, elle se reprenait lentement, et c'est quant elle voulue reprendre la parole afin d'avoir enfin un propos un peu plus intelligible qu'un remerciement automatique, qu'elle entendit son alliée de providence engager la conversation :

« Ne t’inquiète plus, les ennuis sont derrière toi.
 -  C'est gentil, merci. J'aurais été dans une situation difficile sans ton ai... »

La stupéfaction coupa court son propos. Elle avait prit le temps d'enfin relever la tête pour observer son alliée imprévue, et le choc de sa tenue ne manqua pas de la laisser pantoise. C'était quoi ce bonbon criard en face d'elle ? Non mais franchement, du rose, plein de rose, trop de rose. Et puis pas seulement du rose, mais surtout du rose moulant et brillant, le genre de rose qui t'en met plein la figure en soulignant les courbes envoûtantes d'une jeune femme que la décence n'a sut ni convaincre ni proscrire. Que de rose, alourdit par un jaune doré d'une veste jeté sur des épaules minces, formes larges contrastant avec le serré d'une tenue qu'Enothis osa imaginer sur sa propre personne avant de rejeter l'idée d'un mouvement de tête qui avait pour vocation de la ramener à la réalité. Cette accoutrement était tel qu'il avait même réussit à occulter le plus important, à savoir que l'étrangère n'avait même pas put prendre le temps d'observer les traits de sa sauveuse avant que le choc ne vienne court-circuiter l'ensemble de sa réflexion. En fait, ce fut à peine si elle comprit les prochains mots que la jeune femme à l'emballage chimique lui adressa alors, et l'égyptienne eut sûrement l'air bien sotte pendant les deux secondes qui suivirent, bouche-bée, à remettre en forme les propos de cette demoiselle en sa pensée confuse. Mais quand elle parvint à un résultat convenable, elle ne manqua pas de s'exprimer rapidement, dans un japonais approximatif mais probant :

« Qui était cet homme ? Tu as besoin d’un endroit où te réfugier pour la nuit ?
 -  Eh bien je... C'était un... un méchant ? Je crois que « méchant » marche ? Un type d'un groupe que je veux fuir. Mais je... Je crois que je vais essayer de pas rentrer chez moi. Si il m'a vu c'est... Dangereux ? »

Son japonais était hasardeux. Faut dire qu'elle n'avait pas vraiment l'habitude de parler dans cette langue, plus habituée normalement à l'arabe ou l'anglais, alors considérant en plus sa confusion de l'instant, elle cherchait d'autant plus ses mots. Mais bon, elle avait trouvée quelqu'un qui semblait lui vouloir du bien, alors elle se décida à offrir un meilleur tableau de sa personne ! Se redressant donc enfin après avoir passé quelques temps vautrée au sol, elle tendit une main encore un peu tremblante à cette jeune femme, comme pour lui offrir une poignée de main pleine de bons sentiments, avant de chercher à se présenter. Après tout, n'y avait-il pas meilleur moyen pour engager un échange plus cordial que par une rapide présentation, et bien sûr... De demander à celle qui l'avait si gentiment sauvée de lui donner son prénom ?

« Je m'appelle Enothis. Je suis au Japon depuis quelques semaines, à peine. Désolé pour mon manque d'habitude avec ce langage, je vais essayer d'être plus claire. Et toi comment t'appelles-tu ? »

Au dehors, il faisait déjà nuit, et seuls les éclairages urbains ainsi que la lumière du tram permettait d'y voir quoi que ce soit, mais elles étaient en train de s'éloigner du centre de Seïkusu, en direction des quartiers résidentiels. La population globale du wagon ne semblait pas plus inquiétante que cela, quelques jeunes, quelques vieux, beaucoup d'hommes d'ailleurs mais Enothis s'étaient habituées à cet étrange manque de mixité à l'intérieur des transports en commun de la cité, sans trop comprendre pour quelles raisons cela était ainsi dans les métropoles nippones. Elle glissa un coup d'oeil à l'extérieur, au travers les vitres, mais difficile d'y voir grand chose, à-part que le système de transports en commun filait à toute allure, en compétition perpétuelle avec le temps qui passe, cherchant à ne jamais perdre la moindre seconde afin de respecter leur sacro-sainte ponctualité. Ce n'est qu'en se retournant vers la jeune femme qu'elle remarqua enfin qu'elle portait, avec grandes différences, des traits tout aussi étrangers que les siens. Une européenne peut-être ? Disont que pour les quelques fois où elle avait vu des traits américains, ils étaient généralement plus grossier que ceux de la population du Vieux Continent, d'où ce questionnement, mais de là à ce qu'elle puisse se tromper, il n'y avait qu'un pas. Cela devait être un drôle de spectacle d'ailleurs pour les résidents de cette contrée, deux étrangères qui échangeaient après que l'une se soit jetée dans le wagon sans la moindre once de retenue ! Mais elle préféra ne pas trop y penser, avant d'enchaîner avec un anglais simple pour tenter de confirmer ses suppositions :

« Peut-être suis-je un peu audacieuse, mais tu n'es pas d'ici je me trompe ? Je suis égyptienne, et cherche à me faire une vie tranquille ici, loin de mon passé. Et il a manqué me rattraper ce soir, d'où ma fuite. »

Enothis se sentait enfin un peu mieux, et même si elle ne sentait plus la présence d'Emaneth, elle ne pouvait pas non plus cacher le fait qu'elle avait tout de même une impression globale de sécurité. Bon par contre il restait une question, qui d'ailleurs lui avait été posée un peu auparavant par sa jeune sauveuse : Est-ce qu'elle avait besoin d'un abri pour la nuit ? En toute honnêteté, la question n'était pas facile. Emaneth était vigilante, et quand elles se trouvaient chez elle, les précautions de la Djinn étaient normalement suffisante pour qu'elles s'évitent des problèmes, comme la fois un peu ridicule où celle-ci s'était soudainement préparée à une attaque lorsque un livreur de pizza était entré dans le bâtiment pour faire son travail. Pour autant, si un membre du culte se trouvait à Seïkusu, et pire encore l'avait reconnue, il était tout à fait possible qu'il prévienne le siège de la secte de sa découverte, et qu'ils se décident à fouiller la ville au peigne fin à sa recherche. Et ça, cela rendait son retour chez elle particulièrement complexe. Car ils finiraient par en trouver l'adresse.

Se tournant vers les portes automatiques alors que les wagons se permettaient leur premier arrêt, et laisser quelques usagers sortir ou rentrer, l'égyptienne pesa le pour et le contre. Dans le fond, si encore elle avait bien compris les propos de la jeune femme à ses côtés, elle lui proposait éventuellement un refuge. De son point de vue, la question se tournait autrement : Est-ce qu'elle privilégiait sa sécurité, quitte à risquer de porter préjudice à une personne qui avait eut la bonté de la tenir hors de portée des ennuis, non sans parler de lui faire une telle offre de charité ? Peut-être que le comportement le plus louable était de lui faire part de l'ensemble de ces questionnements d'ailleurs. Elle lui fit signe de la suivre un peu plus loin des portes, de manières à ne plus être aussi visibles, et fit quelques pas en direction du fond du wagon, où elle avait put observer quelques sièges vides. Ce n'est qu'une fois toutes deux assises qu'elle se permit de prendre une grande inspiration, puis de s'exprimer à voix basse, avec un petit soupçon de honte d'ailleurs qui ne manqua pas de poindre dans son élocution :

« Si je peux me permettre, je crois bien que j'aurais besoin d'un refuge pour la nuit, au moins. Ce type qui m'a suivit... Eh bien il pourrait continuer de me chercher, maintenant qu'il pense m'avoir trouvé. Et il n'est pas seul. Mais... Je ne voudrais pas te créer de problèmes. Tu as été déjà bien gentille de m'aider, et si il venait que ma présence te mette en danger, je ne saurais survivre à la culpabilité qui me submergerait. »

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Le métro et la gare / La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mercredi 25 novembre 2020, 18:06:54 »
« Bon, une signature ici et cela devrait être bon pour l’instant. L’ensemble des documents seront communiqués au Rectorat pour valider définitivement votre scolarité. Avez vous quelque chose à ajouter ?
Non, non, pas de problème je vous fais ça. »

Un petit coup de crayon, et voilà, elle mettait enfin un terme aux deux heures de rendez-vous extra-scolaire qu’elle avait dût se coltiner afin de clore son dossier scolaire. Enothis n’avait vraiment pas imaginée que cela allait durer aussi longtemps, suffisamment pour que la nuit soit tombée à l’extérieur du bâtiment. Monsieur Takenoshi, son référent de scolarité, ne semblait pas lui avoir imaginé autre chose : Après tout elle n’avait aucun diplôme élémentaire, ni même de preuve tangible d’un enseignement dans un autre pays, si bien qu’elle avait eut tout le mal du monde à lui offrir les éléments suffisants pour lui assurer qu’elle avait le niveau suffisant pour poursuivre son apprentissage en lycée. Elle savait d’ailleurs que cela allait bientôt être laborieux, à la fois à cause de la barrière du langage, mais surtout parce qu’elle allait devoir y mettre deux fois plus de coeur à l’ouvrage pour compenser ses lacunes. Mais ça ne lui faisait pas peur. Après tout, maintenant qu’elle avait enfin le droit à une éducation digne de ce nom, elle n’allait pas s’en priver. Elle était même impatiente, encore plus après les deux premières semaines d’enseignements. En tout cas elle rendait enfin le précieux document qui allait lui permettre d’acquérir toutes les connaissances dont elle avait rêvée, et c’est après un petit hochement de tête que son référent vint le ranger avec les autres, dans un classeur dont l’épaisseur laissait entendre de l’ensemble des démarches administratives qu’elle avait enchaînée depuis son arrivée à Seïkusu. L’homme se levant de sa chaise, elle en fit de même, comprenant qu’elle allait pouvoir enfin rentrer chez elle, non sans un dernier propos de son interlocuteur :

« Oh permettez moi mais je sais que vous ne connaissez que peu la ville, alors permettez moi de vous informer à ce propos. Les élèves n’ont bien sûr pas de limitation à recevoir de la part de notre établissement quant à leurs activités extérieures, mais si vous ne voulez pas d’ennui à Seïkusu, évitez certains quartiers, comme celui de la Toussaint, ou la zone industrielle. Ce ne sont pas des lieux sains pour une jeune femme. Sur ce, au plaisir de vous revoir la semaine prochaine dans nos cours.
Merci M.Takenoshi. Passez donc une bonne soirée, au revoir. »

Ne demandant pas son reste, elle quitta le bureau, et descendit les escaliers avant de quitter le bâtiment dans les lumières de la nuit. Seïkusu était une belle ville, dont l’activité le soir était toute aussi importante qu’en journée, parfois même plus en considérant tout ce qu’il était possible de faire une fois les bureaucrates endormis. Si on devait parler de dépaysement, Enothis en découvrait l’essence à chaque fois qu’elle traînait un peu tard dans les rues de la cité nippone. Les couples innocents qui se baladent en se susurrant des mots doux, les groupes de jeunes adultes buvant des cannettes d’alcool sur les marches d’un escalier, et les joueurs de pachinkos qui perdent deux dixième d’audition dès que l’un deux touche le jackpot… Un véritable monde à part pour celle qui a toujours vécue dans les sables ondulants et silencieux d’un désert sans vie. Ça ne lui était pas désagréable, au contraire même, elle y trouvait une forme de paix, comme si elle se trouvait enfin en un lieu débarrassé des obscurantismes et des mensonges qu’elle a si longtemps dû perpétuer dans son culte. Elle s’y plaisait, et sa nouvelle liberté n’était pas seule à lui offrir ce divin contentement.

Après s’être accordé une courte marche de découvertes, visitant deux ou trois rues de plus que le jour précédent, elle abandonna ses errances pour enfin se diriger vers ses pénates. A droite toute, direction les transports en commun et le divin service de métro de Seïkusu, dont la ponctualité est digne de la réputation nippone. Le bâtiment est visible de loin, et elle en connaît désormais la structure comme sa poche ! Une grande volée d’escaliers pour atteindre le hall d’entrée, puis tout au fond à droite pour se diriger vers le quai n°5, celui qui va s’enfoncer dans les quartiers résidentiels pour atteindre les quelques hautes tours du quartier de l’Amant, où elle avait acquis un petit appartement fort intéressant en terme de place et de prix. Peu de lycéens ou d’étudiants prenaient la ligne à cette heure tardive, si bien qu’Enothis se retrouvait au milieux des mines grises d’employés lessivés, et de cet étrange macrocosme de jeunesse de la nuit nippone, haute en couleur et en activité. Rien qui ne puisse l’inquiéter, ni même la mettre en alerte tandis qu’elle passe les guichets, puis qu’elle valide son ticket auprès de l’énorme portique d’entrée, avant de s’enfoncer plus en avant en direction des quais. Ce n’est qu’une fois dans le couloir parfaitement entretenu qui mène à ces derniers qu’une pique lui vrille le crâne, quelque chose qu’elle connaît très bien, et qui l’amène à tendre l’oreille pour entendre les propos alertes de sa colocataire spirituelle :

« C’est pas le moment Emaneth…
Chut. Ouvre les yeux au lieu de grommeler. Derrière ce groupe de minettes colorées que tu viens de passer il y a quelqu’un qui semble te suivre du regard.
Qu’est-ce que ça peut me f…
Regarde par toi-même. Et discrètement de préférence ! »

Un coup d’oeil par-dessus l’épaule suffit effectivement à lui coller un long frisson le long de l’échine. L’observateur en lui-même ne paye pas de mine, un jeune homme aux cheveux courts, le tout associé d’une petite queue de rat qui était déjà ringarde avant sa naissance. En revanche son accoutrement, à savoir ces pantalons amples et épais en toile, ainsi que le haut à manches longues brodé de fil d’or ne lui laisse qu’un très mauvais souvenir. Elle ne lui voit pas le moindre signe distinctif, mais le simple fait que sa tenue lui rappelle ceux de son culte ne la laisse pas indifférente… Et quand il se lève de son banc pour entamer de poursuivre le même chemin qu’elle, elle se met à presser le pas. Mince, triple merde et quadruple fais chier, depuis quand il y aurait un membre de son ancienne communauté dans cette ville ? Elle l’avait choisie spécifiquement parce qu’elle ne connaissait personne parmi ses anciens fidèles qui pourrait y avoir vécu ou y vivre ! Un autre coup d’oeil : Saloperie, il est toujours derrière elle, et semble lui aussi avoir pressé le pas. Oh non. Oh non non non elle n’avait pas fait autant d’efforts pour finalement se faire repérer après deux semaines de liberté ! Pas le choix, malgré toute forme de respect et de cordialité, elle s’élance, pousse une personne, puis deux, et essaye d’atteindre le plus rapidement le quai tout en espérant que la foule lui permettra de se dissimuler. Est-ce que ça marche ? Visiblement non, tout ce qu’elle entends au mieux derrière elle est un lot de jurons, envers elle d’abord, puis envers celui qui la poursuit et qui semble avoir décidé de ne pas la laisser prendre de la distance !

« Pitié dis moi que tu peux faire quelque chose Emaneth !
Devant tout ce monde ? Non, laisse tomber ! A moins que tu veuilles définitivement tout foutre en l’air ?
Même pas une illusion ou je ne sais quoi ?
Court et tais-toi. Si je dois agir pour nous sauver toutes les deux je le ferai. »

Si Enothis parlait dans sa langue natale pour ne pas être comprise des gens alentours, la voix d’Emaneth qu’elle entendait au creux de son crâne manquait elle de clarté. Loin des sables du désert, la Djinn qu’elle abritait en son corps était extrêmement diminuée, elle le savait, et même un simple jeune homme était suffisamment dangereux pour que les deux cherchent à rapidement s’enfuir sans demander leur reste. Arrivant sur le quai, enfin, Enothis manque jurer en voyant que les voitures du métro sont déjà à quai, et que nombre de personnes y sont déjà rentrées. Merde, allait-elle avoir le temps ? Juste derrière elle, une voix masculine et colérique commence à l’appeler, par dessus le brouhaha, et d’ailleurs avec un florilège d’insultes qui laissent entendre qu’il n’est pas forcément heureux de la voir s’enfuir. Paniquée désormais, elle en oublie toutes formes de manières, pousse la personne qui se trouve devant elle, bondit pour foncer vers les portes automatiques les plus proches, manque s’affaler sur le sol et se rattrape comme elle peut pour s’élancer de plus belle. On lui hurle dessus, elle n’en a cure, elle a trop peur pour y accorder de l’intérêt ! Elle entend la sonnerie délicate annonçant le départ des wagons, désespère, commence à voir les portes se fermer doucement…

… Puis une main attraper le coin de la porte pour la bloquer, avant qu’une autre ne lui soit tendue. Elle n’hésite pas plus longtemps, attrape cette bénédiction tendue avec bonté, s’élance et se laisse tirer dans la voiture juste avant que les portes ne claquent, dans son dos, la séparant de son poursuivant. Essoufflée, elle tombe au sol, cherchant à reprendre son souffle tandis que quelques perles de sueurs roulent depuis son front jusqu’au bords de ses joues, laissant de légères traces humides sur sa peau mate.

« Je… M-merci je… je vous en dois une... »

101
Le coin du chalant / Re : Walk like an egyptian
« le: dimanche 22 novembre 2020, 18:05:06 »
Petit Up, si quelques personnes sont intéressées ?
Je ne mord pas c'est une promesse ^^

102
Bienvenue parmi nous et profites bien des lieux ^^
C'est d'ailleurs une bien jolie fiche que voilà !

103
Le coin du chalant / Walk like an egyptian
« le: mardi 18 août 2020, 14:46:47 »
Bonjour bonsoir à tous.
Malgré quelques temps depuis ma validation, il devenait nécessaire que je fasses un chalant, aussi le voici, avec les quelques possibilités qui me viennent en tête naturellement !


Une histoire de prêtrise : Enothis, de par son passé de porte-parole officiel d'une divinité inexistante a des avis particulièrement arrêtés sur la spiritualité. Toutefois, la foi nippone est quelque chose de fort particulier, et elle serait plus que curieuse d'en apprendre quelques aspects.

Le transfert : Qui dit jeune femme dit lycée... Et comment dire qu'Enothis n'ayant jamais mit les pieds dans un bâtiment public de l'enseignement, elle est méchamment perdue. De son accueil à sa découverte des lieux en passant par la camaraderie, tant de choses peuvent survenir dans ces longs couloirs blancs.

Esprit es-tu là ? : Emaneth ne prends pas souvent le contrôle d'Enothis, en tout cas bien moins depuis leur fuite, par pure volonté de rester discrète. Toutefois, l'esprit a parfois quelques besoins de se sustenter, ou de trouver un peu d'occupations... Et Seïkusu peut permettre alors mille découvertes.

Ceux qui nous poursuivent : Ils sont nombreux, ils sont en colère, et ils sont à la botte d'un homme qui se refuse à laisser échapper sa poule aux oeufs d'or. Ils sont donc prêt à tout pour récupérer Enothis, et seront sûrement bien assez mauvais pour pouvoir s'en prendre à tout ceux qui se trouveront autour d'elle. Alors, quel genre d'horreurs pourraient se produire ?

Des problèmes, un million de problèmes : Même si Enothis compte bien se comporter, son manque d'éducation et de connaissance du monde peut lui créer bien des soucis : Vendeurs courroucés après quelques insultes, professeurs insultés par une furie peu avenante, force de polices traînés dans la boue... Nombreux sont ceux qui peuvent vouloir apprendre le respect à cette jeune femme arrogante.

L'enfer administratif : Un scénario un peu à-part. Suite à ses manipulations d'identité, Enothis est passablement peu en règle, et cela va se voir. Combien vont garder le secret, et contre quel paiement ? Le but de ce scénario est de faire vivre un véritable enfer administratif, entre chantages et autres terribles invitations, à Enothis, et vous serez les maîtres de cette longue chute. Qui veut s'en occuper ?


Voilà des points de départs, adaptables à de nombreuses trames. Si vous êtes curieux, envoyez moi un mp, ou contactez moi sur Discord o/

104
Prélude / Re : Ces dames des sables, loin de tout.
« le: samedi 18 juillet 2020, 00:22:01 »
*Entame de payer, en commençant par 48 gros pouyous*
Merci encore mon coeur.

Et dans le fond y'a paaaas vraiiiiimeeent 15 pages. Précisément il y a à peu près 59700 caractères, sur une limite de 60000 caractère par poste. Moi je trouve ce résultat honorable ! C'est presque de l'art à ce degré.

PS : Tu m'as fais peur Ahri, sincèrement ! Mais merci ^^

105
Prélude / Ces dames des sables, loin de tout. [Vanéalidées !]
« le: vendredi 17 juillet 2020, 20:44:08 »
Première Identité : Enothis Anekthotem / Sainte porteuse / Enfant du Djinn
Âge : 17 ans
Sexe : Féminin
Race : Humaine
Sexualité : En toute récente découverte et vierge.

Physique :

Enothis est une jeune femme Egyptienne de dix-sept printemps. De manière assez étrange pour elle et sa famille, elle ne tient guère du métissage de ses parents, si bien qu’elle n’a conservé que les traits caractéristiques de ses origines africaines : tout d’abord des cheveux noirs, qu’elle a eut le bonheur d’avoir lisses, ce qui lui évite de devoir les entretenir longuement par quelques huiles et autres produits. Ensuite, une peau au teint sombre, comme un grain de café, dont la perfection unanime est une sorte de bénédiction qui a souvent eut le don de lui apporter la jalousie de quelques enfants de son âge, notamment durant sa période adolescente. Si d’ailleurs elle n’était que finesse dans son enfance, les choses ont bien changé ces dernières années, cette peau fine et de belle couleur s’est gonflée, parée des atours d’une jeune femme : une poitrine opulente est venue pendre à son torse, ses hanches se sont élargies aussi. Elle crût un temps qu’il s’agissait d’une erreur d’alimentation, dans toute sa candeur, si bien qu’elle s’évertua à sculpter ce corps étrangement changeant par de nombreuses activités physiques, dont le seul succès fut de lui offrir une forme athlétique, un corps de rêve sur des jambes solides. Pour l’anecdote, elle alla d’ailleurs assez loin dans ce régime de vie pour se rendre malade, si bien que les membres actifs de sa communauté durent s’obliger à lui expliquer que toutes ces modifications de son corps étaient naturelles. La jeune femme s’en sentit si sotte qu’elle jura de ne plus s’empêcher de manger… non sans prolonger ses activités physiques.

Ainsi donc, c’est une belle jeune femme, franchement gâtée par la nature. En ces dix-sept ans, elle arbore une coupe de cheveux mi-longue, coupés proche du cou, et conserve une tendance commune à couvrir sa plastique. Non pas qu’elle en ait une honte particulière, mais la jeune femme apprécie bien plus l’élégance de quelques tenues que celle de sa propre chair. Aussi, même avant sa fugue, elle a toujours mis un point d’honneur à acquérir des vêtements qui peuvent lui plaire, mais qui surtout lui permettent de se mettre un maximum en valeur, que ce soit en montrant ou en dissimulant son corps. Bien sûr, il est à souligner que sa période de croissance fut un grand moment de panique pour la jeune fille, qui eut à changer plus d’une fois de garde-robe, mais elle offrit ce qu’elle ne pouvait plus porter à d’autres enfants, si bien qu’elle ne fut pas non plus frappée par l’inutilité de ses précédentes demandes en terme d’achats. Si pendant longtemps elle dut en revanche se vêtir de tenues de cérémonie, généralement bien peu à son goût, elle n’en a désormais plus l’obligation, hormis lors des courtes apparitions d’Emaneth. Autrement, elle privilégie un style urbain des plus seyants, et doit avouer avoir une véritable passion pour les baskets, dont les innombrables paires acquises après maintes années ont été tout particulièrement difficiles à trier lors de sa fugue, entre celles qu’elle se devait de conserver, et celle qu’elle dut abandonner.

Autrement, Enothis ne détonne pas plus. Sa gestuelle est mesurée, contrairement à tout le panache et le cérémonieux qu’elle dut entretenir lorsqu’elle était encore l’outil de la secte dont elle s’est enfuie. Sachant jouer la comédie, elle en a pourtant pris horreur, préférant une franchise claire, si bien qu’elle ira sans hésitation attraper le col de quelqu’un dont elle n’apprécie pas le comportement. Elle est agile, preste, et si sa force n’est clairement pas son plus grand avantage, elle a toutefois la connaissance minimale nécessaire pour se défendre face à l’agression. Sans parler de la présence d’Emaneth à ses côtés, même si la Djinn n’apprécie pas franchement être dérangée par quelques incommodités du genre. Finalement un seul détail n’a pas encore été survolé est celui du faciès de la demoiselle. Souriante, innocente, elle a la joie de vivre sur le visage. Rien en ce monde ne saurait ternir son air mutin de tous les jours. Et dans les cas rares où son visage change, pour exprimer colère, indignation et peine, il y a toujours quelque chose qui rappelle fièrement que cette jeune femme, sortant de l’adolescence, ne compte jamais se laisser avoir par le chaos et les imprévus de ce monde de brute : ses deux grands yeux d’or, radieux, un soleil dans chaque œil qui ne se laissera sûrement jamais dompter.

Caractère :

Enothis a longuement vécu un isolement qui a en partie freiné son développement mental et ses questionnements moraux. Cela ne se traduit pas forcément par un retard, mais une sorte d’innocence qui lui colle désormais à la peau, et influe grandement sur sa nature, ses choix, et sa vision du monde.

De prime abord, le monde et ses aspects sont souvent vus au travers d’un prisme tout particulièrement enfantin. Il y a les méchants et les gentils, et elle bien sûr se doit d’être une gentille, car le mal qui peut exister de partout doit trouver en face de lui des gens preux et sans reproches. Ainsi, la jeune femme à une vision très moralisée de la société. Les actes de charité sont plus souvent un devoir qu’une bonne action, et l’aide du prochain est une nécessité si l’on ne veut pas tomber dans un intérêt qui mène à la passivité. En somme, sans être une justicière, elle juge qu’il faut qu’elle soit de ceux qui font pencher la balance du monde vers le Bien, avec un beau B majuscule.

De même manière, cette innocence la voile de beaucoup de problèmes de société, ou de civilisation. Les grandes questions de l’écologie, de la corruption des états, de la pauvreté mondiale ou encore de la guerre sont souvent simplifiées à leur paroxysme dans sa tête de jeune femme bien incapable de considérer que tout le monde n’aspire pas à être Bon (encore une fois, avec un beau B majuscule). Cela fait que même du haut de ses dix-sept ans, elle reste très superficielle sur de nombreuses questions, voire candide, ayant bien souvent le malheur de parler un peu trop légèrement, ce qui amène parfois quelques sourires amusés sur le visage de ceux qui la côtoient désormais.

En dehors de cela, la demoiselle vit entre ses lubies et ses passions. Libérée d’un cadre oppressif et réducteur, la demoiselle peut enfin exprimer le tout de sa curiosité et de son énergie débordante. Découvrir les boutiques de vêtements, la télévision, pouvoir se perdre dans les rues d’une ville, remplir avec joie son ventre de nouvelles denrées, ou aller traîner dans le magasin de chaussures le plus proche, autant de choses qui font son bonheur et dont elle ne se prive pas. Elle cherche encore des gens qui l’accompagneraient, des amis notamment, mais elle ne se formalise pas pour autant, confiante à l’idée qu’elle saura tisser des liens avec le temps, comme avec Emaneth.

En parlant d’Emaneth, celle-ci a aussi une influence croissante sur elle. Non pas que la Djinn cherche à l’utiliser ou à modifier sa vision du monde, mais surtout parce que ses conseils sont à l’origine de la prise de conscience d’Enothis. Elle a vu grâce à la Djinn que son petit monde privé était corrompu, et ainsi a découvert son sens de la justice. Elle a compris aussi grâce à cette compagnie ésotérique qu’elle avait un certain pouvoir, et qu’elle pouvait en faire usage pour se libérer de ses geôliers tout en condamnant au mieux leurs comportements. Et surtout, Emaneth lui a ouvert les yeux sur ce qu’elle était, à savoir une jeune femme sans éducation qui ne pouvait même pas prétendre être autre chose que le joyeux pantin d’un cercle de privilégiés malsains, ce qui lui a donné la force de se mettre en danger.

Et ainsi le portrait est complet. Enothis est donc une jeune femme qui cherche à s’instruire et à vivre, sans retenue, qui ne s’en laissera guère dédire, malgré tous ceux qui voudraient encore la conserver sous leur emprise.


Seconde Identité : Emaneth / Celle qui parle sous le sable / Sainte Maîtresse
Âge : Quelques centaines d’années
Sexe : Féminin
Race : Djinn - Créature
Sexualité : Désintéressée car immatérielle. Seul l’éveil d’Enothis à ce genre de concept l’amène à y réfléchir, mais elle n’est autrement aucunement attachée à la sexualité.

Physique :

Emaneth n’ayant pas proprement de physique, elle emprunte toutefois le corps d’Enothis lors de ses quelques manifestations, si bien que la description physique faite plus haut permet déjà de se donner une idée de son apparence.

Toutefois, quelques points changent. Et avant toute chose, c’est la tenue de la femme qui vient être drastiquement différente lors de ses apparitions ! Emaneth hait toute tenue qui ne provient pas de sa culture et son pays. Et bien sûr, n’ayant pas vraiment de boutiques de vêtements spécialisées dans la reproduction d’habits de l’ancienne Égypte à des centaines de kilomètres à la ronde, elle a tendance à user de ses dons merveilleux pour modifier les horreurs que porte Enothis. Ainsi, elle apparaît bien souvent en portant des tenues légères, diaphanes, richement décorées de parures et de bijoux. Elle affectionne les hautes couronnes de l’Egypte antique, même s'il s’agissait d’un accessoire purement masculin à l’époque, mais plus que tout elle ne se présente jamais sans un de ses lourds collier d’or et de jades taillées, laissant la couleur de ces joyaux souligner la beauté de ses iris.

Car oui, la dame a pour autre différence d’avoir un changement de couleur au niveau des yeux. Si Enothis les a d’or, elle a le droit à deux émeraudes quasiment félines par Emaneth. Et d’ailleurs, en parlant de félin, parlons un peu des spécificités de la Djinn en rapport à cet animal. Emaneth est l’esprit d’un chat errant ayant acquis par son ancienneté quelques capacités qui en font une Djinn mineure, mais déjà autrement plus puissante que de simples humains. De sa nature elle tire à la fois une capacité à se déplacer proprement inhumaine, mais aussi assez de force pour trancher et mordre autrui avec une certaine sauvagerie dont elle ne se garde pas de faire la démonstration si besoin. Le reste du temps sa gestuelle est outrageusement réduite, et ses mouvements parfois saccadés, comme si elle luttait avec l’enveloppe charnelle qu’elle occupe. Elle compense cela par une voix envoûtante, un esprit aiguisé, et rapidité d’action qui pourrait faire pâlir d’envie les meilleurs praticiens d’arts martiaux.

Heureusement, elle n’a pas eu souvent d’occasion de le démontrer.


Caractère :

Contrairement à Enothis, Emaneth n’a pas dix-sept années. Au contraire, son expérience du monde et de ses enjeux vont bien au-delà d’une vie humaine d’observation. Elle considère l’humanité comme fourbe, décadente et hautaine, et le fait qu’elle ait été un chat avant d’être un esprit a vite eu le don d’exacerber cette vision des choses. De ce fait, il n’est pas exagéré de dire que la Djinn déteste les êtres humains. Elle les hait comme jamais, et ne leur fait donc pas de cadeau, voire s’amuse de leurs déboires, ne manquant pas de ponctuer l’observation de chaque misère par un rictus amusé et un ricanement malsain.

Pour autant, ce n’était pas comme si la femme n’avait pas appris de sa cohabitation forcée avec la petite et grandissante Enothis. Les deux partageant pensées et corps, chacune a su influencer la personnalité de l'autre. Et si la Djinn s’est prise d’une étrange affection pour la petite pleine de bonne volonté et d’amour pour son prochain, Enothis a aussi aidé la femme à développer une nuance dans sa vision du monde. Emaneth a lentement perdu de son sadisme pour juste développer une forme de nihilisme pour ce monde, en ce sens qu’elle n’a pas à se sentir touchée par le comportement des humains. Elle ne s’occupe que de son « vaisseau », parfois grâce à un bon mot, d’autre fois grâce à une courte possession pour la tirer d’ennuis. C’est d’ailleurs ainsi qu’elles se sont échappées de la surveillance de la secte.

En revanche, et malgré son relatif adoucissement, Emaneth n’en est pas pour autant une simple créature, aussi son orgueil peut prendre le dessus, et l’amener à utiliser les quelques terrifiants pouvoirs qu’elle possède. Attirer le mauvais œil sur un être ou un groupe de personnes, obscurcir les cieux et faire pleuvoir la maladie, comme maudire ou appeler à elle des nuées d’insectes, elle reste une calamité qu’il ne vaut mieux pas mettre en colère. Le tout de ses crises d’orgueils ont toutefois une limite : la Djinn est très diminuée dans le corps d’Enothis, et ne peut donc se permettre d’user à outrance de ses pouvoirs, non sans parler que la jeune femme qui lui sert de vaisseau a tendance à la rappeler à l’ordre, allant jusqu’à argumenter des heures pour tenter de l’arrêter.

Aussi, et en dehors de tout autre détail, Emaneth est donc cet être étrange, qui en veut au monde mais se laisse lentement dresser par une toute petite et insignifiante humaine. Aussi, lorsqu’elle ne profite pas de temps à autre du corps d’Enothis pour aller dormir au soleil en haut d’un immeuble … Elle reste une entité bien sage, qui mord bien moins souvent qu’elle ne feule.


Histoire :

Commençons par une époque où Enothis n’était pas encore de ce monde. Quelque part dans les années soixante, en Egypte, se trouvait un docteur Allemand un peu missionnaire qui traversait les villages locaux afin de rependre soins et bonne parole. Hermann Turich était son nom, et quelques soient les lieux qu’il traversait, il y trouvait un accueil chaleureux, car son nom se propageait à travers les sables du désert plus rapidement que les Sept Plaies en avaient détruit le paysage aux grandes heures de Moïse. Il était l’homme qui remettait les ancêtres sur pied, celui qui calmait les fièvres des enfants, et l’homme en blouse qui s’assurait que la femme reste auprès du mari quand elle enfantait. Et tandis que ses bonnes actions se multipliaient, son orgueil lui aussi gonflait à proportion, l’étranger errant en terres ancestrales sentant lentement une aube nouvelle se lever pour sa personne. Il était un élu, sans nul doute, et sa présence en un berceau de l’humanité n’avait pas moins de signification que celle du légionnaire qui tint Longinus sans même connaître la portée de son acte futur. Il allait accomplir une action qui plongera le monde dans un changement ultime et sans précédent, car il était le soigneur, celui dont les mains gardaient la vie, celui qui pouvait repousser la mort. Leur sauveur à tous en ce pays balayé par l’abandon du Seigneur.

C’est un crépuscule de septembre qui vit la naissance de son projet. Dans les sables du désert, là où le soleil frappa, il ressentit cette lourde main sur son épaule qui le poussa à sortir son carnet de notes, et d’y écrire alors les mots du Divin, celui qui allait lui accorder la tâche d’être le nouveau Berger de cette populace en proie au doute et au remord. Il tira fébrilement son stylo, observant le ciel qui se paraît d’étoiles, sentit la grâce envelopper son être, et apposa la plume, commençant à noircir le papier d’une large tâche d’encre. Puis il écrivit ces mots :

« En ces terres qui virent, au travers du temps, les populations de tout un monde la parcourir, voici les paroles de notre Père à tous.
Nuls sont ceux qui ne sauront pressentir la grâce du Seigneur
Nuls sont ceux qui remettront Sa parole aux malins
Nuls sur Terre, nuls dans les Cieux, nuls dans les Abysses ne se cacheront de Sa lumière
Car Il est, sera, et perdurera, bien plus que tout être ne saura s’imaginer.
»

Hermann sentit son devoir le rattraper, comme s’il n’avait jamais su quel était le but de sa vie, la portée de ses actes, le travail que Dieu lui avait confié. Plus que des soins, il offrit désormais contre ses services de confier aux populations d’Egypte la parole de Dieu, celle qui leur permettrait désormais de se comporter comme les fiers enfants du Seigneur, capable d’écouter et de ressentir que dans Sa toute puissance, le Très-Haut était en chacun d’eux, cette lueur qui leur permettait de juger leurs actes, et d’en comprendre le bon du mauvais, l’œuvre sainte et le péché malin. Il fit guerre verbale à tous les paganismes, aux paroles hérétiques, convia les curieux à se porter à sa présence, et à ces mêmes curieux de propager ses enseignements dans leurs familles et auprès de leurs amis. Ses sermons attirèrent des fidèles, mais aussi des peurs, voire des violences. Hermann fut lentement poussé à agir discrètement, laissant ses fidèles mimer sa voix, conter ses miracles. Il quitta les villages, s’enferma dans un ancestral tombeau qu’il trouva par hasard. Il y marqua ses lois dans la pierre, à la manière de Moïse, et se constitua Prophète. Mais de l’errance, il s’en affranchit. Désormais, les valeureux viendraient à lui, et Dieu mettrait sur son chemin ceux qui auront devoir de poursuivre ses sesseins.

C’est ainsi que fut fondé le Choeur du Créateur. Hermann y accorda la fin de sa vie avec une simplicité qui frôla de peu la hauteur de son orgueil. Lui, le Très Saint, l’Élu, avait seul devoir de propager les paroles du Seigneur, et chacune de celles-ci était rigoureusement consignée dans le journal de ce « nouveau Saint Sauveur ». Ainsi, chacun de ses sermons avait ce ton impérieux, absolu, et c’est par cette force que l’homme parvint à convaincre ceux venus quérir son verbe, ou douter de ses dons. Par la curiosité, et par le doute, Hermann attira à lui de nombreux membres, une quantité colossale de voyageurs, de marchands, d’âmes perdues, tous prêts à le remettre en doute, puis tous le suppliant de les bénir de son Don. Parmi toutes ces âmes errantes, ces agneaux en manque de protecteur, il trouva malgré lui son Judas. Il fit cette rencontre à l’aube de sa soixante-quatorzième année. Une aube rayonnante, où l’impasse montagneuse vit marcher trois hommes dans le sable encore frais. Et quand, aux portes du tombeau, il les salua avec l’humilité du Berger retrouvant ses bêtes, le premier se prosterna devant lui, le nez contre les marches millénaires. Le second mima son aîné, mais le troisième resta debout droit, et observa Hermann comme un égal. Il fut le seul à qui Hermann s’adressa :

« Toi, voyageur éreinté, pourquoi ne suis-tu pas l’exemple de tes pairs ?
 -  Sauveur, mon père est un porc qui vendit sa femme pour une poignée de lentilles. Mon frère est un sot, qui jeta les graines du Seigneur dans un puits par vengeance. Ils viennent te voir car on leur a promis le Pardon. Mais je sais de notre prêtre que l’avidité et l’orgueil sont les organes du Malin. Que les Djinns qui parcourent le Désert sont les âmes perdues que Dieu n’a pas voulu voir à ses côtés, mais dont les affres furent assez pour que le Diable leur offre ses faveurs ! Ces hommes sont là pour leur Salut, moi je viens te rejoindre.
 -  Terrible est ton mot jeune voyageur. Et forte est ta foi. De quel nom ta génitrice t’a-t-elle affublé ?
 -  Mon père me donna celui d’Ishar.
 -  Ishar, enfant de Dieu, acceptes-tu les mots de l’homme que tu sembles si durement juger ?
 -  Ce nom est mien, que celui-ci m’ait ou non été confié par un pécheur.
Alors, Ishar, comprends que notre Père à tous ne nous a pas confié nos noms, mais nous a offert la parole, et que celle-ci porte la foi, même dans un cœur terni. Père, frère d’Ishar, vos actions sont-elles celles décrites par son verbe ? Avez vous commis la faute dont il vous targue ? Levez la tête, répondez au Ciel. Bien au dessus de nous, le Très-Haut entendra vos aveux, vos vérités, et vos mensonges. »

Cloués sur place, ils obéirent, répondirent par la foi, révélèrent leurs duperies et leurs péchés. Ishar regarda simplement le vieil homme… Et Hermann observa ce jeune prodige. Si lui était sur le déclin, celui qu’il venait de rencontrer semblait en revanche prêt à défier le monde et sa déperdition. En moins de temps qu’il n’en fallut, et tout autant par le biais d’Hermann que par un habile stratagème d’Ishar, ce dernier devint le disciple du saint homme. Il en absorba le savoir, en copia l’essence, en analysa la nature. En quelques semaines, Ishar ne fut rien de moins que le plus proche acolyte d’Hermann, son confident, et son élève le plus dévoué. Il ne fallut pas plus de temps même pour que l’intelligent jeune homme n’offre à son père adoptif sa dévotion la plus absolue, avec en son cœur autant de poison que libérerait la morsure du crotale. Car si l’Enfant n’avait pas péché, c’est parce qu’il avait su garder en lui le Malin suffisamment longtemps pour pouvoir alors détruire la plus grande œuvre d’un homme de Dieu. Il instilla dans l’esprit de plus en plus affaibli du vieillard orgueilleux les sifflements du Serpent, fit mine de couler dans son verre une ambroisie interdite aux mortels : celle de l’éternité.

« Immortel sois-tu, Saint Père, car si ta grâce n’est pas celle de notre Seigneur, elle égale celle de Son Fils. Je ne suis que l’enfant d’un autre, un abandonné souhaitant s’absoudre de sa triste engeance. Ma foi, ma loi, mon verbe sont tiens Hermann. Et de perdurer ton œuvre divine m’est un devoir dont je pressens le poids avec crainte.
 -  Mon Fils, il n’est que du Seigneur de choisir mon successeur.
 -  Alors permettez que je vous conte ce que je vis ce matin ! Sortant afin de soigner un voyageur blessé, je vis un serpent s’approcher de ce lieu de paix. Celui-ci, perfide, mimait le sable comme nul autre de son espèce que je ne vis jamais, et pris de crainte, je crus devoir fuir l’approche de cet agent maléfique. Mais je sentis un poids sur mes épaules, et entendis dans mon cœur le devoir de protéger ces lieux. Alors je pris la plus lourde pierre à mes pieds, et frappa l’horreur en un bond. J’ai foi que Dieu guida mon bras en votre absence, et m’amena à vous sauver ainsi que vôtre tâche. J’ai foi que notre Saint-Père fit de cet instant une épreuve, chercha à voir si j’étais digne de vous et de votre ouvrage. »

Hermann ne put dire mot. Il tourna ses pas vers le cœur du Tombeau, et pria le reste de la journée. Ishar, lui, ne fit pas plus cas de cette histoire, fabriquée de toutes pièces ; il attendit son heure. Et quelques jours plus tard, quand le Berger sortit de son mutisme, il déclara aux fidèles présents que leur Saint-Patron avait choisi son suivant, et que lorsque la nuit viendra pour lui, qu’il marcherait en direction des portes célestes afin d’y recevoir son Jugement, alors Ishar prendra sa suite, car le Très-Haut l’eut déjà mis à l’épreuve, et qu’il répondit avec la bravoure des héros d’antan. La surprise secoua les adeptes du Chœur, mais la parole de leur Prophète fut absolue. La volonté de Dieu était inexpugnable, et le verbe d’Hermann était le verbe du Seigneur. Aussi, et dès ce jour, Ishar fut perçu par les autres membres comme le Fils, celui qui viendrait les sauver quand leur Père les quitterait.

Hermann s’éteignit à soixante-dix-huit ans. Ses idées moururent avec lui.

*
*   *

Sous les ordres d’Ishar, le Choeur du Créateur changèrent lentement, mais insidieusement, de cap. Si Hermann avait su créer une voie de pensée alternative, même si mue par un ego surdimensionné, le nouveau dirigeant de cette Eglise n’avait pas le moins du monde les mêmes projets. Non, il y avait vu une possibilité de quérir pouvoir, gloire et richesses, de quitter les basses extractions pour finalement s’élever à une condition de vie autrement plus agréable.

Le changement fut donc de mise sous sa direction. Il abandonna les mœurs d’ermite de son prédécesseur, invoqua que Dieu souhaitait que Sa grâce soit observée et reconnue parmi Son peuple, que les élus du Seigneur se devaient désormais d’amener à la lumière les fidèles égarés, que ceux-ci devaient découvrir la véritable foi. Une méthode agressive d’acquisition de fidèles qui s’accompagna de modifications en terme de droits entre les membres. Ceux qui avaient suivi Hermann en ses premières heures furent reconnus comme premiers des fidèles, et eurent accès à nombre d’avantages, comme le droit de côtoyer Ishar dans ses prières et sermons. Puis vinrent lentement ceux qui rejoignirent le Choeur alors qu’Ishar avait pris les commandes. Et eux, ceux qui n’avaient su trouver l’amour de Dieu en ces premiers instants furent soumis à une politique de valeur. Plus ils abandonnaient leurs précédentes possessions, les léguaient à la grandeur du Chœur du Créateur, et plus leur était promis absolution et reconnaissance de leurs saintes intentions. Lentement s’installa un système pyramidale des plus lucratif pour Ishar… Mais ce n’était pas encore suffisant.

Il sépara hommes et femmes, prétexta que la lumière était seule capable de permettre à chacun de trouver l’amour de Dieu, et que les relations charnelles se devaient d’être faites par dévotion, et non plus par relation avec un être commun. Les naissances furent triées, les enfants des différents croyants vivant entre eux sous la garde de personnes de confiance. Enfin, lentement, Ishar mis en place ce qu’il voulait reproduire depuis tant d’années :

Car Ishar n’avait jamais crû en Dieu, ni même en quelque puissance supérieure, mais il savait en revanche que loin dans le désert, les hommes appelaient à eux les esprits des ancêtres et les Djinns, et que leurs plus grands guerriers étaient les hérauts de forces obscures tapies dans le désert. Il voulait faire main basse sur ces forces, avait dans ses errances de démarcheur, de mystificateur, de propagateur de la foi, rencontré quelques sorciers avec qui il avait entretenu des relations particulièrement intéressantes. C’est grâce à eux qu’il comprit les sombres appels de ces démons du sable et leurs pouvoirs. Il ne lui fallait que quelques hôtes, et il jugea que les enfants de ses désormais fanatiques de serviteurs étaient les plus indiqués pour ce genre de tâches. C’est ainsi qu’il déclara, lors d’un sermon particulier, adressé à l’ensemble de la communauté, et destiné à être propagé parmi l’ensemble des fidèles :

« Enfants du Seigneur, agneaux égarés, les paroles du Très-Saint me laissent aujourd’hui épuisé, écrasé par Son influence et Sa miséricorde. Il a vu dans votre foi, dans vos actes, la preuve la plus absolue de votre dévotion à Son égard, et ainsi promet à tous la sauvegarde de leurs familles, de leurs frères, de leur sœurs et de leurs enfants. Il m’a confié cette tâche en ces mots : ‘Fils d’Hermann, premier des éveillés, ton acte est à son aube. Que tes fidèles obtiennent le fruit de leur premier labeur, car seul Ozymandias en ces terres fut coupable d’un orgueil sans reconnaissance. Toutes et tous, trouvez votre foi en ma présence, trouvez votre bénédiction en l’amour de ceux qui ont rejoint l’éveil. Je choisirai parmi vos plus jeunes enfants un élu, et doté de mon essence, il sera le vecteur de mes miracles. Qu’au crépuscule de la prochaine lune, vos enfants soient menés en ces lieux où la terre se déchire pour rejoindre les étoiles du firmament. Là-haut mon don sera accordé.’ »

Ferveurs et dévotions menèrent les innocents à boire ses paroles sans le moindre doute. Ainsi les enfants déjà séparés de leurs familles quittèrent l’abri salvateur du Chœur pour accomplir une longue marche à travers le désert, en direction d’un lieu malsain qu’Ishar connaissait des mots de quelques mages tribaux. En haut des monts d’Hamata, tout au Sud de l’Egypte, se trouvait un cercle que les anciens utilisaient pour appeler à eux les seigneurs immatériels du désert, les gratifiant d’offrandes et de beaux mots pour s’attirer leurs bonnes faveurs lors de l’annonce de temps difficiles. Lui, simple et honnête homme bien sûr, ne cherchait pas à s’attirer leurs bonnes grâces... il comptait se les accaparer. Quand ils se trouvèrent en ce lieu ancestral, Ishar fit garder l’entrée des pistes par ses plus fidèles et dévoués serviteurs, puis mena de lui-même la procession de jeunes garçons et filles jusqu’au sommet, tandis que la lune grimpait haut dans le ciel. Ils atteignirent l’alcôve maudite tard dans la nuit, mais cela ne vexa guère l’homme avide de pouvoir. Il fit s’installer les jeunes gens à flanc de colline, les laissant se reposer, les pauvres s’écroulant de fatigue. Puis, un par un, il vint les réveiller, les emporta avec lui dans le lieu malsain, entamant rituels sur rituels. Peu seront ceux qui survivront, mais il était prêt à tout pour parvenir à ses fins.

*
*   *

Elle s’appelle Enothis. Enroulée dans une couverture, transie de froid, elle a été emmenée avec les autres enfants par le Saint Sauveur pour accomplir la volonté de Dieu. Elle ne sais pas vraiment qui est ce Dieu pour être honnête, mais il semble tellement important qu’elle a fait tous les efforts du monde pour ne pas s’écrouler sur le chemin. Là, elle essaye de dormir, sur le roche dure, mais elle a trouvé une grosse pierre pour luis servir d’oreiller, alors elle est plutôt contente, elle parvient ainsi à se reposer ! Pourtant, dans cette relative quiétude, elle entends malgré tout les pas lourds du Sauveur qui passe de temps à autres près d’elle, allant quérir la main d’un de ses amis, et l’amener dans cette ouverture froide et légèrement éclairée qui se trouve tout en haut de cette montagne. Elle n’a pas envie d’y aller. Dès qu’elle l’avait aperçue, quelques chose lui avait serré le cœur, comme si une peur sourde et instinctive s’était soudain révélée à son esprit. Elle tentait de dormir pour oublier. Fermer les yeux, et les rouvrir au matin, avec l’étouffante chaleur du désert, et l’obligation d’aller rapidement trouver un brin d’ombre. Malheureusement cela ne se produisit pas ainsi…

Elle sentit une main lourde lui secouer l’épaule. La petite ouvrit lentement ses yeux d’or pour observer la mine sombre et fermée du Saint Sauveur auprès d’elle, et sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il avait le regard froid et déterminé, elle était la prochaine à voir si elle allait être l’Élue de Dieu… Et cette idée était particulièrement dérangeante dans l’esprit d’une jeune fille de six années. Pourtant elle était obéissante, alors quand il lui somma de se lever et de le suivre, elle le fit, se redressant avec un peu de mal à cause de la fatigue encore présente, puis suivit l’homme d’un pas rapide, pour ne pas se faire distancer par la démarche déterminée de celui-ci. Quand elle dépassa ses petits compagnons, elle remarqua que de nombreuses couvertures étaient déjà vides et cela ne l’aida pas à se rassurer, mais atteignant rapidement l’entrée de l’alcôve maudite, elle n’eut plus trop l’occasion de se poser des questions à ce sujet. L’homme lui fit signe d’entrer, elle s’exécuta en tremblant, trouvant la lumière blanchâtre des lieux particulièrement glauque. Et une fois à l’intérieur, elle découvrit une pièce qui lui glaça le sang, par pur instinct.

Il s’agissait d’une demi-sphère d’un diamètre de cinq mètres, et dont le plafond, de hauteur relativement peu élevée, était percé d’un trou en son sommet, laissant passer la lumière lunaire. Là où la lumière passait, elle illuminait de nombreux et chaotiquement inscrits hiéroglyphes, dont le sens échappait bien sûr complètement à la pauvre Enothis. En revanche, si déjà ces symboles illuminés lui paraissait bien inquiétants et peu naturels, rien ne pouvait être plus terrifiant pour elle que ce qui se trouvait au cœur de la pièce : une large dalle de pierre couverte de sillons et actuellement de cendres et de morceaux de tissus. Elle reconnaissait un gilet de laine bleu, ou du moins un morceau, appartenant à un précieux ami du nom de Jafar. Elle ne voulut pas faire un pas de plus. Les larmes aux yeux, elle fit mine de reculer, mais la main d’Ishar appuya sur son dos et la poussa vers l’avant. Elle voulut se débattre, répondre, mais l’homme de peu de foi lui glissa des mots qui la turent en un instant.

« Si tu ne réponds pas à l’appel de notre Seigneur, ce sont ton papa et ta maman qui en paieront le prix. »

Elle était sage et ne voulait pas le moins du monde que son comportement puisse amener à blesser ses parents. Elle les aimait, comme elle aimait tous ceux qu’elle pouvait rencontrer. Alors ce ne fut pas de bon cœur, mais elle se laissa pousser vers le centre de la pièce, répondit le plus positivement possible quand on lui somma de s’allonger sur l’étrange dalle de pierre, taisant sa peur et ses larmes quand elle sentit la cendre encore chaude au travers de son humble tunique. Ses yeux d’or exprimaient la terreur, mais le Saint Sauveur aux airs de diable ne sembla pas en faire cas. Il ne fit que s’installer au niveau de sa tête, plaça ses mains épaisses et rugueuses au niveau de ses joues, puis se mit à parler dans une langue qui lui était étrangère. Une langue rauque, aux consonances brutales et dysphoniques, une horreur à ouïr, encore plus pour un cœur empli de crainte. Elle tremblait de tout son être, rêvait de fuir, de quitter ce lieu qui lui faisait peur, si peur, tellement peur. Seule l’image de ses amis lui permit de sa calmer, de ne pas s’échapper à toutes jambes face aux mots et à la résonance lugubre de la pièce. Car si elle ne le faisait pas, qui sait quelle pauvre âme se retrouverait à sa place, et cette simple idée alliée à sa bienveillance infantile l’obligèrent à accepter son sort.

Lentement elle eut de plus en plus chaud. Un flux bouillant l’emplissait. Une énergie qui, d’abord appréciable même si étrange, devint rapidement brûlante et sauvage, la faisant se tordre avec peine tandis qu’elle voulut hurler. Mais quand elle voulut le faire, pas un mot, pas un son ne franchit ses lèvres. Elle ne pouvait même plus se mouvoir quand cette torture poussa son esprit à se retrancher sur le plus essentiel, fuir et survivre. La douleur l’envahit, l’impression d’être au milieu de flammes avides et mordantes lui sembla la meilleure des images pour représenter cette sensation mortifère ! Alors de toute son âme, elle voulut hurler, au point où cela devint une obsession. Crier à la mort, jurer sa peine, pleurer sa vie. Et tant et tant que… soudainement tout se calma, elle ne ressentit plus rien, alors qu’enfin on lui répondit :

« Cesse, cesse, je n’en peux plus ! »

Le temps était comme figé. Elle n’entendit plus les paroles de sombres savoirs proférées par le Saint Sauveur. Ni même ne ressentit encore les flammes qui lui calcinaient le cœur et la chair sans même exister. En revanche, assise sur son ventre, elle vit un chat. Un chat d’ébène, les pattes serties d’anneaux d’or, de bandes tissées de pierres précieuses, et dont la fière encolure avait le droit de porter orgueilleusement un lourd collier aux agates et tourmalines vertes. La bêtes aux yeux d’émeraude la regardait alors d’un air courroucé, s’approchant de son visage immobile pour que sa truffe soit à quelques millimètres de son nez. Et les deux orbes verts si proches de son propre regard qu’Enothis put y lire animosité et incompréhension.

« Qui es-tu pour me vriller les tympans ainsi !? Oser me déranger en un tel instant ! Et pour me retrouver face à une enfant stupide qui n’a même pas le bon sens de fuir ! Vous, humains, êtes égoïstes et fourbes, tu n’aurais jamais dû rester, tu aurais dû fuir comme une damnée, comme quiconque l’aurait fait ! Mais réponds, que diable !
 -  Je… Je m’appelle Enothis. Je… fais partie des enfants qui ont été amenés ici pour recevoir la grâce de notre Seigneur et très haut Père. C’est notre Saint Sauveur qui nous a amenés ici… Qui… qui es-tu, toi ?
 -  Au moins tu sembles avoir un brin de politesse. Et cet homme est un menteur. Il n’y a point de « Seigneur » dans le désert. Il n’y a que les fourberies des Hommes et les jeux des Djinns. Et je suis joueuse. Enothis, si tu souffres tant, pourquoi ne pas abandonner ? Laisse donc ce feu te consumer.
 -  Je… Je peux pas. Si je finis en cendres, un autre suivra, et subira la même chose. Je veux pas, c’est trop douloureux. Je veux tenir, je veux pas que quelqu’un d’autre ait mal.
 -  Tais-toi ! Et ravale-moi ces larmes. Tu n’es rien qu’une enfant, ne crois pas que ton devoir est de souffrir pour que d’autres soient épargnés. Tu es juste une gamine qui essaye de se donner des raisons d’avoir obéi comme une idiote !
 -  Il veut faire du mal à mon papa et ma maman si je n’obéis pas.
 -  Eh bien, peu devrait t’en faire. Où sont-ils, ton papa et ta maman, pour te sauver de cette souffrance ? Qu’ont-ils fait quand cet homme te mena jusqu’ici ? Ils n’ont rien fait pour toi, ne fait rien pour eux, crétine ! »

La pauvre jeune fille se tut. Enothis ne comprenait pas cette situation, et parler avec un chat alors que le monde restait en suspend n’était acceptable pour son esprit uniquement parce que cela lui permettait de ne plus souffrir plus abondamment des flammes invisibles. Cet… être installé sur elle était clairement adulte, et on lui avait dit d’écouter les adultes, mais ce qu’elle disait était si étrange, si contradictoire avec tout ce qu’on lui avait dit jusqu’ici qu’elle … ne savait plus vraiment où pouvait se trouver le bon du mauvais, le vrai du mensonge. Était-ce ce que les adultes appellent une épreuve de la Foi ? Devait-elle souffrir et rejeter ce Malin, telle une simple hallucination ? Elle ne sut le dire, car maintenant, quand elle observait les deux émeraudes devant son visage, elle n’y lisait plus d’animosité, surtout une forme … de doute ? De surprise ? D’indignation ? Elle n’aurait su le dire, mais cela lui permit de comprendre quelque chose de plus important. Un point crucial que son esprit confus avait omis de reconnaître.

« Mais… toi, tu es là pour quoi ?
 -  . . . Tu es peut-être moins crétine que tu ne sembles l’être. Je suis là parce que j’ai été appelée, comme d’autres de mes semblables, dans la nuit. Les paroles de ton « Sauveur » sont du poison, elles glissent dans notre essence et nous forcent en ces lieux. Il tente de nous lier à vos corps, alors nous réduisons votre chair en cendres pour ne pas finir emprisonnés.
 -  Je… Pourquoi ne suis-je pas déjà cendre alors ?
 -  Je ne veux pas jouer le jeu de cet homme. Il répétera ses actions jusqu’à ce que l’un de nous cède, et vous tuera les uns après les autres. Les humains, petits ou grands, ne m’attirent aucune sympathie. En revanche, cet homme mérite une plus importante punition. Alors… Je viens te proposer un marché.
 -  Que… quelle genre de marché ?
 -  Je suis fatiguée des sables du désert, des étendues vaines et de la faune mourante. J’accepterai de te sauver la vie, de vivre en toi, en échange de quelques promesses de ta part. Attention, si tu y déroges, je peux me comporter de manière autrement moins cordiale.
 -  N-non je … Je vous écoute.
 -  Je veux que tu ne parles jamais de notre marché. Je veux que tu me fasses confiance, envers et contre tout, et que tu m’obéisses. Un jour nous fuirons des griffes de ce merdeux, mais il faut que tu grandisses d’ici là. Nous jouerons la comédie, et quand je te dirai que nous devons partir, alors nous partirons, loin, très loin, et priverons cet homme de sa gloire tout en lui crachant au visage. Ce ne sera pas simple mais...
 -  Mais… ?
 -  Mais tu sembles assez courageuse pour que je te prête ma confiance. Après tout, n’est-ce pas toi qui n’as pas fui en premier lieu ? Tu sais faire face au danger, alors je saurai veiller à ce que celui-ci ne puisse te toucher. Marché conclu ? »

La petite Enothis fut mise là face à un choix qu’elle n’aurait su prendre autrement, du haut de ses six années. Mais en cet instant, ce félin, même s’il se trouvait être complètement improbable et dangereux, lui inspirait bien plus de confiance que l’homme qui l’avait apportée à cette misère. Elle ne put cacher le tremblement de sa voix quand elle lui répondit, car elle se trouvait malgré tout impressionnée, mais elle eut le don de se montrer la plus claire possible, afin de paraître aussi sereine que se peut :

« J’accepte. Marché conclu madame… madame euh…
 -  Emaneth, Madame Emaneth. »

L’instant d’après, le cours du temps reprit sa lente marche, mais tout avait changé. Point de flammes ou de brûlures ressenties, Enothis se détendit juste, d’un coup, avec un étrange sentiment de plénitude. Suite aux tourments de son corps, elle n’eut que l’action la plus naturelle du monde et s’endormit. Ishar ne sut franchement que faire, pour lui les événements n’avaient pas duré plus d’un millième de seconde entre la peine de l’enfant et son soudain relâchement, et il crut un temps avoir échoué son rituel. Ce ne fut qu’à l’instant où il voulut reprendre depuis le début que le corps d’Enothis remua, bondissant en avant et mettant immédiatement une bonne distance entre elle et le prétendu Saint Sauveur. Toutefois, quand elle ouvrit les yeux, l’homme comprit instantanément que quelque chose avait changé : la demoiselle avait troqué ses pupilles dorées pour deux belles émeraudes, scintillantes dans la nuit.

« Ose, humain, toucher à nouveau celle qui me sert de vaisseau, et je ne peux promettre que les plaies d’Égypte ne viennent pas se repaître de ta vie !
 -  Djinn, seigneur du désert, loin de moi cette intention. Je vous salue, et vous présente une alliance. Je veux étendre mon pouvoir sur ce monde, et vous propose de m’accompagner dans cette quête. Vous pourrez dominer le genre humain, afficher votre supériorité. Hommes et femmes seront à votre merci, profitez simplement du savoir que j’aurai à vous offrir.
  -  J’imagine que mon refus signifiera que tu me l’imposeras, via cette dalle ancestrale sur laquelle blanchissent déjà tes phalanges ?
 -  Effectivement.
 -  … Je m’accorde à t’aider dans ta tâche, à la condition que cette dalle soit brisée le jour où tu obtiendras ce que tu désires. Maintenant, permets-moi, je vais quitter ces lieux et dormir. Cette enveloppe charnelle est épuisée. Nous aurons d’autres occasions de palabrer. »

Ishar n’empêcha guère la Djinn de quitter les lieux. Elle trouva la quiétude de la nuit bien plus agréable que la présence de cet humain et retourna à la couche de l’enfant pour pouvoir lui offrir le sommeil dont elle avait besoin. Désormais elles étaient liées, elle allait devoir en prendre soin.

*
*   *

Les événements s’emballèrent suite à cela. Enothis et sa famille furent rapidement propulsés à un stade privilégié de ce monde corrompu qu’était celui d’Ishar. Le grand luxe leur fut ainsi promis, et rien ne sut aller à l’encontre de cette promesse, les largesses du Chœur du Créateur étant en tout point gargantuesques depuis quelques années. Ils ne purent toutefois être réunis, car ayant désormais le titre d’élue divine, Enothis fut placée sous une garde permanente, et Ishar n’aurait eu l'idiotie de perdre la précieuse jeune femme quelque soit la situation. Il fit preuve d’une intelligence certaine aussi quant à ce qu’il lui offrit comme apprentissage, s’assurant de faire de la jeune femme grandissante la plus parfaite des marionnettes, celle qui saurait lui manger dans la main sans remettre en cause ce qu’il lui présenterait. Et sans la présence d’Emaneth, il fut certain que ce genre de comportement aurait parfaitement porté ses fruits, mais la Djinn s’assura de toujours mettre en garde son vaisseau quand le Saint Sauveur avait le don de lui mentir. La jeune fille, elle, se comporta simplement, avec l’innocence qui la caractérisait, profitait des bienfaits de ce monde sans trop y réfléchir, et ce malgré les deux adultes autour d’elle qui se vouaient une guerre de possessivité presque affligeante. Du moins si quiconque en avait eut la connaissance !

Elle put grandir dans un confort qui ne fut troublé que lors des nombreuses cérémonies dont elle fit l’objet. Séances de divinations, promesses du Seigneur et de Ses anges, absolution de la veuve et de l’orphelin, ou bénédiction de santé, de fortune, de grâce, pour tous ceux qui avaient la connaissance de son existence, ou le privilège d’avoir assez de pouvoir pour intéresser Ishar. Ainsi se développa en parallèle cette légende d’une élue divine en Égypte, capable d’éloigner l'infortune et faire connaître à qui le souhaite la bonne grâce du Seigneur, et l’importance croissante du tout puissant Ishar dans le pays, puis à l’international, auprès de ce cercle relativement fermé des chefs d’État superstitieux mais influents. Il y eut un temps besoin de s’assurer et de comprendre un peu l’étendue des capacités d’Emaneth, mais dès lors qu’il fut évident que la Djinn n’avait aucune capacité à faire le bien, il fut relativement simple de trouver les moyens de produire un mal profitable pour ces commanditaires n’attendant qu’à ce que les pions bougent tout seuls sur leurs échiquiers politiques et économiques. Ainsi Enothis devint de plus en plus précieuse, irremplaçable même aux yeux de beaucoup, si bien que sa chère colocataire charnelle commença à fomenter sa vengeance avec minutie, prévenant avec amusement son vaisseau que l’heure allait bientôt venir. L’heure où elles prendraient leur envol, loin de ces comportements barbares et de ces mensonges écœurants !

Ce fut à l’aube de ses dix-sept ans. Enothis fut amenée à faire un discours devant les fidèles, leur présenter quelle était la foi nouvelle de leur église, la toute puissance de leur religion, la grandeur de leur cause. Quelque chose de finalement assez commun, elle savait depuis le temps qu’elle se devait de nourrir les croyants de paroles dithyrambiques, de propos galvanisants, afin de s’assurer de leur pleine ferveur. On pouvait même dire que désormais, c’était un domaine dans lequel elle excellait, car si elle n’avait pas foncièrement la connaissance la plus vaste du monde, elle ne manquait pas pour autant de savoir littéraire, ce qui lui faisait un très joli verbe, que la perfection de son être et son rôle ne faisait que renforcer. En tout cas, elle eut à leur parler, et à cette occasion, Emaneth lui glissa à l’esprit qu’elle allait devoir, à un moment, glisser quelques informations particulières. Exactement, elle allait devoir leur faire accepter, par quelques tours de forces, qu’elle allait devoir voyager, quitter le berceau de cette religion pour aller répandre sa parole par delà les océans. Enothis avait d’ailleurs passé sa nuit à réfléchir à l’endroit où elle allait vivre les prochaines années, tant et si bien qu’elle fit une nuit blanche au bout de laquelle elle trouva enfin le pays de ses rêves. Elle voulait découvrir la technologie, les cités surpeuplées, et se trouver le plus loin possible de l’Égypte… C’est ainsi qu’elle choisit le Japon.

Alors, devant une foule de fidèles prêt à s’abreuver du moindre son qui dépassait ses lèvres, elle s’exprima.

« Enfants, filles et fils du plus lumineux des êtres, baignez-vous aujourd’hui encore dans les rayons de Sa grâce et de Son savoir. Découvrez en vos cœurs Sa force, Son amour et Sa loi. Car Lui seul est plein dans Ses sentiments. Nous sommes ici réunis, au creux de Sa paume, afin de L'embrasser et de Lui jurer une nouvelle fois notre servitude et notre dévotion absolue. Que soit loué le Très-Haut. »

Joignant l’acte à la parole, elle s’agenouilla, puis posa son front au sol, appelant par là même les fidèles à l’imiter. Nul n’en fit autrement, certains avec quelques exclamations de grâces divines redoublées, de ressentis de la main du Seigneur auprès d’eux, et autres charmants instants de fanatismes. Elle reprit une fois s’être relevée.

« Aux pleines ombres de la nuit, j’ai senti le souffle du Seigneur m’apporter mon Saint devoir, et le vôtre. Vous, fier peuple de Dieu, avez prouvé à ses yeux la plus grande des valeurs, et Son amour pour vous n’a d’égal que celui qu’Il porte aux anges qui protègent le Paradis. Vous, humains en quête de votre foi, avez su prouver par vos actes la dévotion et la loyauté indéfectible que Dieu seul sait trouver dans Ses serviteurs les plus dévoués. Ainsi, la voix du Seigneur vint me trouver en ces termes : ‘Que chacun d’entre eux parcoure milles miles, qu’ils s’avancent dans le monde avec le front haut et le pas ferme. Car notre parole doit s’étendre d’Est en Ouest, des profondeurs de la terre nourricière au vide du firmament.’ »

Les larmes jubilatoires coulèrent sur ses joues encrassées par le vent du désert, mais imperturbable, Enothis annonça sa dernière et unique strophe utile… Du moins pour elle.

« À votre instar, Dieu me présenta Sa loi : ‘À toi que j’ai prise pour vassale, tu trouveras ta route sur une île d’Orient. Loin des tiens, là où tous te trouveront étrangère, tu trouveras savoir et suivants, comme une nouvelle lumière. Cette quête t’éprouvera, et les tiens seront éprouvés, comme furent éprouvés les peuples saints lors des premiers exodes. Quitte ces terres en confiant aux agneaux leur tâche, et ne te retourne point, car chacun en ce monde aura à prouver sa foi.’ »

Les retombées furent immédiates, pas tant dans la foule de badauds en pleine extase que dans le regard noir et désapprobateur d’Ishar, voyant d’un très mauvais œil cette soudaine liberté prise par la jeune fille ! Il ne put toutefois rien dire sur l’instant, attendit la poursuite des sermons de la jeune femme avec une impatience qui l’amena à passer rageusement ses nerfs sur un des murs le plus proche. Mais quand elle entra dans les arrières pièces, destinées aux privilégiés, et donc elle par la même occasion, l’homme ne se fit pas attendre pour l’agripper et la tirer à lui, l’amenant à décoller ses talons du sol tant Ishar se laissait emporter dans sa colère et son accès de nerfs. Elle s’était attendue à ce genre de comportement, mais le but du jeu était de lui faire croire qu’elle était à l’origine de l’idée, et non Emaneth, de manière à ce qu’il ne pressente pas le coup venir. Alors elle ne put effectivement s’empêcher d’exprimer une légère surprise, mais une fois cela passé, elle le regarda droit dans les yeux, comme si elle était prête à défendre, avec tout l’égoïsme d’une jeune femme fière de ses décisions somme toute assez nouvelles, la décision qu’elle venait de prendre.

« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE MERDE, ENOTHIS ?
 -  J’en peux plus de vivre ici. Mes précepteurs ne veulent plus m’enseigner quoi que ce soit et j’en ai marre de rester enfermée. Ça ne sera pas plus simple pour toi de trouver de nouveaux pigeons autre part ? Je nous ouvre des portes, là !
 -  C’est MOI qui dirige aussi, tu n’es qu’un écran de fumée !
 -  Peut-être, mais un écran de fumée en or. Emaneth est liée à moi, JE suis celle qui te permets d’engranger du pouvoir et de l’argent à plus savoir quoi en foutre ! Alors ouais, j’exige contre ma servitude d’avoir enfin accès à un minimum d’éducation ! Et de libertés ! Je veux découvrir autre chose que les fissures du mur de ma chambre.
 -  Espèce de... »

Il manqua la frapper, mais retint son bras. Cette crétine commençait à n’en faire qu’à sa tête, et il n’avait pas encore obtenu tout ce qu’il désirait des pouvoirs d’Emaneth. Il se devait de conserver la jeune fille auprès de lui pour l’instant, et son retour au ciel attendrait qu’il soit satisfait. Alors il la relâcha, un rictus de dégoût au visage, puis reprit la discussion par la première victoire d’Enothis : il posa ses conditions sans la contraindre à sa loi.

« J’accepte. Tu choisiras ton école, va où tu veux. Mais tu seras sous haute surveillance où que tu soit. De même manière, tu auras accès à un compte bancaire mais seul un de mes hommes en connaîtra les codes, c’est clair ?
 -  Parfaitement. »

C’était une victoire absolue, et un premier pas très clair vers sa liberté. Les prochaines semaines virent ainsi une grande majorité des lieux se vider, seuls les quelques derniers intermédiaires nécessaires à la vie d’Ishar et d’Enothis furent obligés de rester en place jusqu’à leur départ. Puis vint le jour du départ. Entourée de six hommes de confiance d’Ishar, elle prit l’avion en direction de Tokyo, empruntant par là même l’aéroport du Caire, et s’émerveillant déjà de l’ensemble de cette technologie. Emaneth, quant à elle, opéra à une prise d’informations intensives au travers des yeux dorés d’Enothis : elle observa les gardes, leurs mimiques, leurs comportements, chercha parmi ceux-ci qui était en possession des codes bancaires. Elle comprit vite le mensonge d’Ishar quand elle remarqua qu’il devait être plus d’un, les retraits des tickets ayant été faits par l’un, tandis que l’observation des données bancaires sur un moniteur fut accomplie par deux autres. Ils avaient séparé les informations, et étrangement Emaneth se sentit passablement amusée par cet effort méritoire mais inutile. La plus grande erreur du Gourou avait été de penser qu’il ne s’agissait là que d’un caprice de la jeune femme !

L’avion fut une expérience qui fit rire aux éclats Enothis, et fort heureusement pour elle, la première classe de ce voyage était passablement vide, ce qui lui offrit plein droit d’exprimer cette effusion de joie. Le décollage lui souleva le cœur, l’atterrissage aussi, mais il y eut en cet instant un tel bonheur qui émanait d’elle que ces désagréments ne surent ternir son plaisir d’un tel voyage. L’arrivée dans un nouveau pays fut toutefois un moment particulièrement étrange pour la jeune femme, qui découvrit que dans sa grande mansuétude et son habituelle retenue, Dieu en détruisant Babel avait su rendre la tâche monstrueusement ardue pour l’être humain de se comprendre avec son semblable. Devant bien avouer qu’elle ne comprenait pas un traître mot des autochtones, elle dut se rabattre sur un interprète le temps qu’elle prenne en main un minimum l’apprentissage du japonais, surtout que ses futures recherches allaient devoir demander qu’elle sache au moins comprendre ses professeurs. C’est ainsi qu’elle apprit en hâte formules de politesse et langage basique avant de se mettre à la recherche d’un lycée ! À déjà dix-sept ans, elle allait accuser un retard, mais elle se préparait à être tout particulièrement studieuse. Elle fit mine de chercher tranquillement sur un ordinateur, bien gentiment surveillée par sa garde aussi collante qu’ils étaient fidèles à la cause d’Ishar… Puis de nuit, Emaneth prenait soin de prolonger ces recherches à l’insu des gorilles, choisissant le lieu idéal pour se dissimuler sans pour autant paraître trop évident. Elle choisit ainsi l’établissement d’une ville nippone un peu plus lointaine, du nom de Seïkusu, et entama d’acquérir, de compléter, et de fournir les documents qui permettraient à Enothis de s’enregistrer comme étudiante de première année en ces lieux. Nul besoin de préciser que les deux femmes n’ayant guère conscience de ce monde et de ses difficultés, réunir les pièces justificatives prit plusieurs mois, assez pour que l’été arrive… et qu’elles se préparent alors à accomplir leur dernière duperie.

Il était tard, très tard quand Emaneth prit la place d’Enothis. Elles avaient besoin de plusieurs petites choses pour pouvoir s’en sortir une fois leur fuite entamée, et la première allait être de s’assurer que la petite égyptienne puisse vivre sans avoir à craindre pour son logement et sa nourriture. Alors la Djinn alla trouver les gardes endormis, et se glissa dans leurs songes. Elle y chercha les informations dont elle avait besoin, à savoir tout particulièrement les différents codes et identifiants du compte bancaire alloué à Enothis, puis s’assura d’avoir acquis les bons numéros en allant se connecter sur le site de la banque concernée. Le premier essai fut une erreur, l’accès lui ayant été refusé, et dans sa colère elle décida de ne plus passer par quatre chemins : plongeant à nouveau dans leurs songes, elle y fit naître cauchemars et terreurs, assez pour rendre un homme fou sans jamais le réveiller. Et elle leur fit cracher le morceau bien malgré eux. À plus de trois heures du matin, elle eut enfin droit à sa victoire, observa la somme colossale qui avait été allouée à Enothis, puis eut le plus grand des plaisirs à modifier identifiants et mots de passe, pour s’assurer d’avoir toujours la main-mise sur le compte sans que qui que ce soit ne se permette de le clôturer après leur départ. Elle envoya immédiatement après un mail, via une boîte internet qu’elle avait précédemment créée, reprenant le fil d’une discussion qu’elle avait eut avec la propriétaire de logements pour étudiants et jeunes adultes, de petites chambrettes propres et entretenues.

Elles avaient déjà convenu d’une date d’arrivée, le lendemain exactement, et elle lui exprima dans son dernier et ultime message que malheureusement elle ne pourrait être disponible à cause de son travail, si bien que seule sa fille serait présente le lendemain, mais qu’elle aurait l’argent pour les cinq premiers mois de loyer en signe d’excuse. Elle ne s’attendait pas à une réponse, mais au moins elle pouvait ainsi s’assurer qu’il n’y aurait pas trop de problème dans la journée du lendemain.

Alors, elle acheta un billet pour le prochain train à destination de Seïkusu. Elle effaça ensuite les traces de ces transactions et des recherches qu’elle avait faites sur le navigateur. Puis elle rassembla les affaires … répugnantes d’Enothis, et les emporta sans un bruit. Elle se glissa par la fenêtre, s’avança sur les gouttières sans les faire grincer, légère comme une plume, sauta sur les escaliers de secours avant de les dévaler pour finalement disparaître dans la nuit.

Quand Enothis ouvrit de nouveau les yeux, elle était dans le train, et vit sa plus précieuse amie dans le reflet de la vitre. Tournant la tête vers les yeux émeraudes, elle ne put s’empêcher de sourire de manière infantile, puis de lui demander avec candeur :

« Alors c’est bon ? Nous avons réussi ?
 -  Oui Enothis, nous sommes enfin libres. Plus qu’à voir ce qu’on va faire de cette vie. »

~Fin~



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