Le Seikusu Palace et cinéma / À l'ombre des galeries commerciales {Pv ~ Nanika}
« le: lundi 19 avril 2021, 23:36:30 »Elle s’était levée avec la même lenteur que d’habitude, mais la petite croix rouge sur son calendrier l’avait rapidement rappelée à l’ordre, si bien qu’elle s’était empressée de se préparer. Une belle tenue, quelque chose peut-être d’un peu moins masculin que d’habitude, fut sa première idée pour se vêtir, puis elle observa rapidement sa garde-robe, avant de finalement se dire qu’elle ne pouvait clairement pas se laisser aller à pareille facétie. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une grande majorité de ses jupes et robes restaient bien trop élaborée ! Normal dans le fond, c’était là le reste de ses tenues rituelles, l’ensemble de ce qu’elle portait quand elle n’était encore qu’une simple figure de Foi, une jolie poupée que l’on présentait comme une élue sans jamais que ne soit réellement mis en avant son existence ou sa personnalité. Alors bon, entre les voiles, les tenues brodées de fil d’or, ou les longs oripeaux religieux, il n’y avait rien qu’elle ne puisse porter lors d’une éventuelle sortie avec de simples camarades qui faisaient leur vie tout naturellement et tout simplement dans la cité nippone, loin des considérations religieuses et politiques qu’Enothis avait connue dès l’enfance. Donc elle dut rapidement se rabattre sur des tenues qui étaient …. Eh bien moins féminine, plus provocante même si on se laissait la possibilité d’écouter les paroles vieillottes et conservatrices de l’adulte japonais moyen. Un short blanc, un débardeur et un veston par-dessus, et puis l’on pouvait ajouter à cela des baskets, comble du confort pour la jeune femme, mais qui avait souvent peu d’attrait pour les autres « respectables » membres de la société nippone. Tant pis, elle était un peu déçue de ne pas être plus « passe-partout » mais elle allait faire avec. Après tout, c’était peut-être aussi ce genre de tenue qui lui allait le mieux, alors autant l’accepter.
Un bon déjeuner dans l’estomac, une tasse de thé, et la voilà déjà à quitter son petit appartement. Elle n’avait pas vraiment beaucoup de temps devant elle, et quitte à être présente un peu en avance, elle préférait attendre plutôt que de voir l’ensemble de ses camarades réunies avant même qu’elle ne soit arrivée. Tout en appliquant l’habituelle trajet pour atteindre le centre-ville, elle observa les arrêts défiler depuis sa rame du tramway avant de voir passer celui où elle descendait normalement pour rejoindre son lycée. Mais aujourd’hui, point besoin de répondre à son envie de sortir, elle avait encore cinq autres arrêts avant de finalement quitter le milieu bondé, et de s’élancer dans les rues de la cité nippone. Dans ces moments là, seule mais dans le brouhaha permanent, elle avait tendance à discuter tout bas avec sa compagne de vie, Emaneth, pourtant aujourd’hui, l’ensemble de son trajet se fit dans le silence complet. Sa « moitié » était en repos. Rien de bien grave, mais les récents événements qu’elle avait connue, depuis son arrivée au Japon, avait largement atteint les réserves d’énergie de la Djinn, tant et si bien qu’en dépit de leur habituelle prudence, elles avaient jugées toutes les deux bons que l’esprit du désert prenne son temps afin de se ressourcer, de récupérer. Qui sait, peut-être qu’elles auront d’ici peu l’une de ces configurations stellaires permettant, par quelques incompréhensibles raisons, à la Djinn de reprendre l’ensemble de sa forme et de son activité. Mais pour l’instant, en lieu et place des réponses qu’Enothis recevait normalement, tout ce qu’elle pouvait entendre dans son esprit était le long et bas ronronnement de sa compagne rêvassant paisiblement.
Aussi, quand elle arriva bien en avance, ce fut pour s’installer sur un banc, et attendre paisiblement, dans le calme, observant les passants et les élèves vacanciers faire leur petite vie. Ce fut presque comme si elle était soudainement devenue une personne parfaitement commune, des plus normale et banale. Sincèrement, ce n’était pas un mauvais sentiment. Ni une sensation désagréable. Elle aurait rêvée de cette normalité suffisamment de fois pour que la situation actuelle ait presque un semblant de paradis dans l’aspect. Dès lors qu’elle vit ses camarades de classe s’approcher, elle se présenta à nouveau, comme si elle n’avait que pour la première fois l’occasion de les rencontrer, une réaction qui en fit sourire deux sur les trois, puis elles passèrent la matinée à se balader, tantôt pour se poster devant les magasins et observer les beaux habits qui s’y trouvaient, tantôt pour s’arrêter devant un restaurant ou un café, observant la carte et décidant si l’une des consommations pourrait les intéresser après leur marche. Finalement, ne s’y connaissant que très peu, Enothis se contenta de suivre, donnant de temps à autres ses avis, bien humble pour l’occasion. Visiblement son goût pour les tenues n’était pas franchement le même que celui de ses amies, mais cela amena des discussions relativement intéressantes, certaine cherchant à connaître la vision de l’égyptienne, l’une notamment appuyant la question de savoir ce qu’appréciait porter les gens de son pays. Autant dire qu’Enothis se sentit bien mal à l’aise quand elle leur expliqua que vivant dans un lieu plutôt éloigné des grandes villes, elle ne pouvait guère les informer sur la mode des pays arabiques et maghrébins.
Finalement, elles trouvèrent place à un café proposant boissons diverses, gazeuses, sucrées ou alcoolisées, tant et si bien qu’elles se détendirent autour des préférences de chacune en terme de collations, avant de chercher un lieu où déjeuner. C’est là que la discussions prit soudainement uen tournure … surprenante :
« Dis, Enothis… Je ne sais pas trop comment l’amener mais… Tu n’aimerais pas les femmes par hasard ?
- Pffffrrrr que que … Quoi ? »
Sans explications, Oshizu venait d’amener cet étrange sujet sur le tapis alors que l’égyptienne était en train de prendre une grande gorgée du café au lait qu’elle avait commandée. Autant dire qu’elle manqua s’étouffer et eut l’instinct de déglutir avant de s’étouffer sous la surprise. Le pire fut qu’au-delà de cette question somme toute intéressante, même si un peu déplacé, la jeune femme remarqua que les discussions entre ses deux autres camarades de classe avaient alors immédiatement cessée, comme si le goût de la rumeur et l’arôme de l’information juteuse venait de faire vibrer leur sens. Rougissante, la jeune femme à la peau bronzée ne put s’empêcher de détourner le regard, comme si on venait de la prendre sur le fait d’une action délinquante, puis se rendit compte qu’en se comportant de la sorte, elle ne pouvait que paraître plus suspecte pour ses camarades, et donc par là sceller la discussion sans retour réel de sa part, mais un aveu sous-jacent qui pouvait en dire bien plus que ce qu’elle ne ressentait vraiment à ce propos. Alors elle posa sa tasse, balbutiant un peu, tout en ronchonnant, avant de finalement mettre de l’ordre dans ses mots, reprendre le contrôle de sa langue et de son sang-froid, puis de présenter sa version des choses :
« Je… Oui et non en fait. Dans le fond j’ai pas vraiment d’attachement au fait qu’une personne soit un homme ou une femme. Disons que je peux être attirée par les deux ? Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Bah… Le fait que certains élèves t’ont déjà fait des avances et que tu as refusée… Il y a aussi cette histoire avec Nakajima-senpaï, ça a fait du bruit dans le fond. Il paraît que tu as eut une échauffourée avec un homme en ville, et puis … Eh bien disons que quant tu ne portes pas ton uniforme tu as des choix plus … masculin ?
- Eh beh … Première fois que j’entends ça pour les élèves qui seraient venu me voir pour me « faire des avances ». Le reste je crois voir. »
Gênée, elle se reposa sur sa main de manière à cacher un minimum son visage. Plus qu’à espérer que cette discussion soit effectivement sans autre arrière-pensée… Ou qu’une oreille traînante n’y trouves pas de mauvaises motivations pour se lancer.