Les contrées du Chaos / Re : Des vacances, c'est vraiment trop demander ? [Serenos]
« le: vendredi 13 août 2021, 18:23:57 »Peut-être fut-ce la poursuite de la promenade qui fit ralentir les événement. Avant de pouvoir dire quoi que ce soit, Lied fut invitée à observer de minuscules petits êtres dont la simple vision immédiate la fit fondre, la fascinant et provoquant mille questions dans son esprit. Pourquoi personne ne les voyait ? Y avait-il encore une notion de magie quant à la vision de ce petit peuple ? Comment pouvaient-ils être si adorables ?! La seule traduction de cet état chez la demoiselle fut le rose qui colora ses joues et le sourire qui fendit ses lèvres. Seulement, Serenos dénatura quelque peu cet instant, Lied lui renvoyant un regard faussement outré.
« C'est Mueller, Mu-e-ller ! De la même façon que vous dites moelleux, magie, muffin : Mueller. »
La suite fut des plus paisibles. La femme aux cheveux roses portait le regard sur la moindre indication de son guide royal, quitte à manquer trébucher quelques fois sur un obstacle à force d'avoir le nez en l'air. Elle en oubliait la portée politique de sa venue, se sentait enfin.... en vacances ! Il fallait aussi avouer que le souverain l'aidait à aller dans ce sens, à se moquer gentiment de ses réactions et provoquer un nombre de moues et grimaces impressionnant. Ce n'était pas son ami, c'était son hôte, de marque qui plus est, mais quelle importance ce détail avait-il à cet instant ? Le moindre, par rapport au fait qu'elle pouvait croiser un adorable petit garçon en robe au moindre coin de rue ! Un des nombreux détails qui l'émerveillaient, auquel s'ajouteraient nombre d'autres paroles qu'elle buvait. Il fallut pourtant prendre le chemin du retour, tout du moins pour le roi, puisqu'il s'agissait plutôt d'une suite logique pour celle qui l'accompagnait. Lied ne fut pas très bavarde sur la route, il y avait tant d'informations à retenir qu'elle ne trouvait pas l'instant de se perdre en exclamations, à peine de passer ses doigts fins sur les inscriptions du pont, alors que Serenos lui en donnait la signification. Jamais on ne lui avait parlé de ce genre de mémoriaux, n'en avait jamais vu, surtout pas à Tekhos, et ne pouvait ainsi que se perdre à l'observer sous sa paume.
Lied fut des plus heureuses de pouvoir profiter d'un peu de fraîcheur lorsqu'elle découvrir le palais. Les ailes, les quartiers, elle connaissait ses mots et leur sens, mais se trouvait bien incapable de pouvoir dire ce à quoi se rapportait quoi quand elle regardait une porte en passant. Ce ne fut que lorsque Serenos lui réadressa la parole qu'elle se figea un instant, assez mal à l'aise.
« Cela aurait pu attendre, même si j'apprécie votre attention... De même que la duchesse ne me devait rien, même faveur étant. Je ne sais pas trop comment vous remercier... »
Lied comptait, dès son arrivée, faire des emplettes. Outre le fait qu'elle avait l'impression de cuire dans sa jolie combinaison blanche, elle appréciait se fondre un minimum dans la masse, pour ne pas dire qu'elle appréciait fortement de pouvoir, une fois chez elle, contempler au sein de son dressing la multitude d'habits divers et variés qu'elle rapportait de ses pérégrinations. Certains auraient pu en voyant cette vaste pièce allouée à son apparence comme une preuve de sa débauche, ou l'étalage d'un luxe dont elle jouissait depuis sa venue au monde, or, la jolie jeune femme avait simplement un passé auquel elle s'attachait. Cela faisait si longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvé ainsi, das une pièce, en présence d'une couturière ! Le seul point qui la fit tiquer fut la remarque du roi. Pourquoi préciser qu'il s'agissait de celle de son épouse décédée ? S'il espérait que cela soit un gage de qualité à ses yeux, elle se disait surtout que c'était le meilleur moyen de faire fuir une dame, pour ne pas dire voir s'il y avait moyen de la remplacer, ce qui rejoignait la première idée ! La sénatrice n'en releva rien, se contentant d'adresser un sourire aimable à la couturière et un bref signe de tête, puis le souverain des lieux qui s'apprêtait à les quitter.
« Merci encore de votre temps ! Je tâcherai de faire attention, même si je vous avoue avoir un sens de l'orientation déplorable. »
Et la porte se referma, laissant les deux dames seules. Sur l'instant, la sénatrice ne sut trop quoi dire ou faire, prise au dépourvu par la situation. Il y avait tant de vêtements autour, tant de couleurs et de détails ! Et surtout : aucune ressemblance avec ses habits tekhans, pas la plus minime. Sans vraiment s'en rendre compte, elle avait déjà la main sur l'un des tissus, qu'elle relâcha aussitôt après s'en être rendue compte.
« Mes excuses, j'aurais dû vous demander avant de toucher. Vous faites un travail splendide ! »
Parfois, les normes lui manquaient un peu pour laisser ressortir un brin de candeur. L'après-midi passa plutôt rapidement en plus d'être fort productif. La fraîche ambassadrice avait eu le don d'un corps aux mesures proches de la perfection, un petit bonheur à vêtir, si ce ne fut la gêne qui para son visage lorsqu'il était mention de se dévêtir, son besoin de cacher certaines choses faisant immédiatement surface. Au fond, Lied n'avait pas honte des quelques marques qui paraient ses coudes et sa gorge, mais elle évitait autant que possible de les exposer. D'une part, car son médecin le lui avait dit, d'une autre, car elle ne voulait plus jamais voir telle pitié dans le regard des autres. Ces regards... Oh elle savait bien qu'elle en verrait d'autres, mais elle avait fait ses armes.
C'est donc vêtue comme une princesse que la demoiselle put sortir gaiement des quartiers qu'on lui avait alloués, tout du moins, elle se trouvait des airs de princesse, avec ses voiles et ses couleurs claires. De même, elle profitait enfin d'un peu de fraîcheur et ne voulait donc profiter que de son temps d'exploration plutôt que déballer ses affaires ou se chercher les premières traces de fatigue. Lied n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle devait absolument voir dans la bâtisse, mais elle savait en revanche une chose : on lui avait interdit l'accès à la Tour, et puisqu'elle ne savait nullement où celle-ci se situait, il fallait qu'elle la trouve afin de ne pas y pénétrer. Et elle se mit en route, non sans avoir au préalable remercié de nouveau la charmante vieille dame, pour son temps, son travail, mais aussi les agréables souvenirs qu'elle lui avait rappelés. Ces instants où, tout juste adolescente, on lui apprenait à s'aimer, à apprécier vouloir montrer sa beauté sans pour autant en abuser, et pouvoir s'exposer à ce monde hostile envers son être. Elle en avait côtoyé, des couturières talentueuses, qui se battaient pour pouvoir couvrir ses épaules ou lui passer une chaussure au pied, mais jamais elle n'avait pris autant de plaisir que ces rares fois où elle pouvait voler un peu de temps à un talent extérieur à Tekhos, plus encore lorsque celui-ci témoignait d'une inventivité sans limite pour accéder à ses requêtes, couvrir quelques parcelles de peau. Au détour d'un couloir, Lied gloussa, se perdant dans une réflexion envers d'un membre de sa famille qui ne jurait que par les tenues ultra sophistiquées tekhanes. Que perdait-elle ! Mais ça lui faisait plus d'habits pour elle, de jolis comme ceux qu'elle traînait dans ce dédale de couloirs.
Elle crut passer un moment devant une porte entrouverte, qui dévoilait une sorte de bibliothèque, mais préféra ne pas y entrer, ni même jeter un coup d’œil, comme par intuition, continuant son bout de chemin sans se soucier ni du temps qui passait, ni de la direction qu'elle prenait. Il fallait simplement profiter ! Profiter, avant qu'au lendemain, son devoir d'ambassadrice ne la rattrape, ce qui la déprimait déjà considérablement. Les déambulations de cette boule de joie aux cheveux roses ne passèrent sans doute pas inaperçues, d'autant plus lorsque cette dernière demandait après le chemin dont elle était en quête, suivant les indications glanées ça et là, jusqu'à, enfin, entendre qu'elle n'en était plus très loin. Aussi fit-elle alors demi-tour, et constata enfin qu'elle était, comme attendu, complètement perdue, mais... n'en tint pas le moins du monde rigueur, reprenant juste son exploration candide. Peut-être retrouverait-elle, par hasard, Serenos ? Ou le prince Aldericht ? Ou un nouveau visage ? Elle n'en avait aucune idée, profitant simplement du temps qu'elle avait, jetant de temps à autre un œil dans un couloir plus décoré que les autres, ou par une fenêtre pour observer le paysage.
La jeune femme finit de cette façon par se retrouver dans ce qui semblait être un jardin, restant juste à l'entrée à regarder les plantes aux couleurs chatoyantes depuis l'ombre de la porte. Elle pouvait sentir les parfums sucrés et floraux, voir un faible vent agiter quelques feuilles, et même si, au fond, elle avait l'envie irrésistible de voir tout ceci de plus près, elle ne le faisait pas. S'il n'y avait pas d'interdiction, c'était qu'elle le pouvait, elle en avait conscience, mais préférait jouer de prudence. Les fleurs n'avaient de toute façon pas réputation à se déraciner pour fuir les sénatrices tekhanes, elle pourrait donc y retourner quand bon lui semblerait ! Qu'aurait-elle dit, en plus, à Colene si par malheur elle tâchait de terre ses nouveaux habits ? La honte assurée ! Alors qu'elle avait été si avenante à son égard... Même si, perdue à regarder une jolie fleur d'un bleu roi, Lied se questionnait encore sur les intentions du seigneur des lieux. Nul n'offrait un tel présent sans rien attendre en retour, même pour une ambassadrice, même pour une remplaçante contre sa volonté, même pour une jeune fille malade. Peut-être aurait-elle dû se méfier davantage ? Son esprit ne lui souffla pas un instant l'idée, plus focalisé sur le fait qu'elle devrait trouver un temps dans la soirée de prévenir de sa bonne arrivée et du bon accueil qu'on lui avait fait.