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Messages - Elena Ivory

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Le palais d'ivoire / Re : Le Serment [Son Altesse Royale Elena Ivory]
« le: lundi 03 décembre 2018, 01:13:06 »
C’était l’heure des explications et des confessions. Un lieu incongru, une conversation insolite avec une boule de cristal… D’aucuns auraient pu accuser la Reine d’être paranoïaque, a fortiori chez elle, au Palais d’Ivoire, mais Elena se rappelait juste de ce célèbre dicton, particulièrement propice à l’ambiance nexusienne… Méfie-toi de tes amis comme de tes ennemis. Sire Galdur revint brièvement sur les circonstances du décès des parents d’Elena, confirmant que l’enquête avait été bâclée, mais que ses propres investigations n’avaient rien pu donner. Ce faisant, il était en retard de quelques épisodes par rapport aux propres recherches de la Reine, mais elle aurait l’occasion, par la suite, de lui en parler.
 
Pour l’heure, Alexander Galdur rappela sa propre destinée,  son parcours tragique entre les mains d’un des vassaux du duc de Kovar, le baron Baltar, des Gorges Sanglantes. C’est là qu’Alexander avait été sauvé d’un destin funeste entre les mains de Baltar par une intervention de pirates. Depuis lors, la loyauté d’Alexander était régulièrement mise en cause, ce qu’Elena, comme le reste, n’ignorait nullement.
 
Elena resta silencieuse après ses explications, et se contenta finalement d’une seule phrase :
 
« Nous devrions nous voir en personne. »
 
Alexander n’eut pas à attendre trop longtemps avant de voir une femme se rapprocher… Une silhouette qui devait peut-être lui être familière, car il s’agissait de la fidèle servante de la Reine, la sensuelle et non moins dangereuse Zéphyr. La jeune femme s’inclina poliment devant lui.
 
« Si vous voulez bien avoir l’obligeance de me suivre, Messire… »
 
Zéphyr fila ensuite vers le Palais, et passa par une alcôve pour rejoindre les méandres de ce dernier. Elle avait une démarche fluette et assurée, et passa par plusieurs séries de couloirs et d’escaliers, s’aventurant dans les profondeurs de ce vaste palais historique, dont on disposait qu’il abritait quantité de passages secrets. Elle rejoignit d’ailleurs une pièce isolée, plongée dans la pénombre et froide, avec quelques tableaux décoratifs, des têtes d’animaux empaillés, et une cheminée éteinte.
 
S’approchant d’un angle, Zéphyr appuya sur une bougie et la tourna doucement. Dans un antique grincement, une partie du mur s’ouvrit, laissant apparaître un escalier poussiéreux en colimaçon, ainsi qu’un sourire malicieux sur les lèvres de la jeune femme.
 
« Ne soyez pas étonné, Sire Galdur, le Palais d’Ivoire recèle bon nombre de mystères. »
 
Elle grimpa ensuite les marches. Leurs pas résonnaient contre le granit ancestral de cet escalier étroit, qui les amena jusqu’à une autre porte, que la femme ouvrit en poussant sur un levier. Il y eut un bruit de coulissement, puis elle laissa Sire Galdur s’aventurer dans un couloir sombre, un rai de lumière se découpant sur le sol depuis une porte ouverte.
 
Un salon se trouvait à l’intérieur, et une femme lui tournait le dos, réchauffant ses mains près des flammes.
 
« Sire Galdur ! »
 
La Reine était là, toujours accompagnée de sa fidèle Adamante.
 
« Navrée pour cette petite promenade, mais, comme vous le comprendrez vite, le Palais d’Ivoire est un panier de crabes, et je ne peux pas prendre le risque, pour vous, que des individus vous voient rejoindre mes appartements. »
 
Tout cela devenait probablement de plus en plus mystérieux pour Galdur, qui devait peiner à comprendre ce qui se passait.
 
« L’histoire de votre famille est tragique, Sire Galdur, et je la connaissais. Je n’ai jamais cru aux rumeurs vous concernant, et je tenais à vous voir, pour évaluer si vous étiez digne de confiance.
 -  Et nous croyons désormais en vous » confirma Adamante.

Une confiance qui était fragile, car Elena savait qu’Alexander avait grandi dans le jarl de Sigmimr, un redoutable pirate qui avait, à son époque, inquiété fortement les autorités nexusiennes.

« Je crois suffisamment en vous pour vous révéler que j’en sais plus que vous sur les circonstances ayant entouré les meurtres de mes parents... Et je parle de meurtres à mes desseins. Et, voyez-vous, je suis convaincue que les individus ayant tué mes parents sont également les mêmes qui ont ordonné le meurtre de votre frère aîné dans les circonstances tragiques que vous venez de me narrer. »

La Reine n’avait clairement pas chômé dans son palais, et avait su faire avancer de manière significative sa propre enquête...

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: mardi 27 novembre 2018, 01:13:01 »
Le ton se faisait toujours plus coquin, plus badin, avec Adamante. Elena rougissait doucement, mais Luria n’était pas comme Adamante, et indiqua à la magicienne que, si Elena avait quelque chose à lui demander, elle pouvait le faire elle-même. La jeune Reine en rougit benoîtement, baissant timidement les yeux. Difficile, en ce moment, de voir en elle la puissante Reine de Nexus ! Avec son béret et les vêtements rembourrant sa poitrine, elle n’avait rien de très royal. Adamante sourit à nouveau, plus amusée qu’autre chose par les provocations de Luria, et répondit sur le même ton :

« Je me demande bien comment tu comptes me faire taire, Luria... »

Espiègle, Adamante aimait jouer les autres. C’était sans doute son côté de magicienne. Les académies magiques étaient très particulières, bénéficiant d’une grande autonomie à l’égard des autorités régulières. Adamante en était l’illustration typique, et, alors qu’un léger moment de flottement s’instaurait dans le trio, une horloge résonna alors. On approchait de Minuit, et Adamante sourit alors, une lueur de nouveau malicieuse dans le blanc des yeux.

« Majesté... Pourriez-vous retourner avec Luria à l’entrepôt que nous avons visité tantôt ?
 -  Mais... Pour quelle raison ?
 -  Disons que j’ai une surprise pour ma Reine ! Je n’ai pas choisi cette journée au hasard. Alors, dépêchez-vous, et retrouvons-nous là-bas.
 -  Mais qu’est-ce que tu... Hey, Adamante, ne... »

Celle-ci leur souffla un baiser en leur faisant un clin d’œil, tout en transplanant. Furieuse, Elena serra rageusement les poings, et secoua la tête de droite à gauche.

« Je déteste quand elle fait ça... » maugréa-t-elle.

Elena se retourna vers Luria, et se racla doucement la gorge, un peu gênée après leur précédente conversation.

« Enfin... Euh... On devrait y retourner, je pense. »

Luria et Elena rebroussèrent donc chemin. Elles croisèrent alors de nombreuses personnes qui, comme elles, descendaient également, rejoignant le port. Interloquée, Elena réalisa alors que cette soirée était effectivement particulière, car c’était la Fête de l’Amirauté ! Une fête assez particulière, visant à célébrer la Marine de Nexus, et commémorant une bataille navale particulièrement intense survenue il y a plusieurs siècles. À cette époque, Nexus était devenue une puissance maritime de premier plan en affrontant une autre nation dans une guerre maritime redoutable. Depuis lors, la Fête de l’Amirauté célébrait cela, et le point d’orgue était un feu d’artifice qui avait lieu à Minuit depuis plusieurs navires.

Elena ne put que se sermonner elle-même. Comment avait-elle pu oublier cette fête ?! Cette soirée l’avait visiblement bien trop perturbé pour qu’elle fasse attention à ça.

« Je suis sûre qu’Adamante prépare un truc... » soliloqua Elena.

Elles rejoignirent les entrepôts, s’éloignant de la foule venue assister au feu d’artifice. Elena et Luria rentrèrent de nouveau dans l’entrepôt, où quelques chandelles s’illuminaient sur la mezzanine en hauteur.

« Ah, vous avez mis le temps ! Approchez ! »

Elena resta silencieuse, et grimpa l’échelle en bois. Elle émit un soupir en voyant alors qu’Adamante avait aménagé les lieux, installant un tapis rembourré sur le sol, avec des chandelles à droite et à gauche.

« Mais qu’est-ce que ça veut dire, Adamante ?
 -  Luria ne t’a pas tout dit sur cet endroit, Elena... C’est ici que tes parents se sont unis pour la première fois, et c’était précisément lors de la Fête de l’Amirauté !
 -  Hein ?
 -  C’est Jamiël qui me l’a dit. À cette époque, tes parents s’étaient déjà croisés, et Liam devait assister au feu d’artifices. Il a fait le mur pour retrouver ta Maman ici, grâce à Jamiël. Et c’est là qu’ils se sont unis pour la première fois, tandis que les feux d’artifice illuminaient toute la mezzanine.
 -  Mais... Pourquoi tu me racontes tout ça ? »

Adamante soupira, comme si les questions un peu naïves d’Elena l’agaçait.

« Je me suis dit que c’était le meilleur moyen pour célébrer vos retrouvailles, entre toi et Luria. »

Elena rougit encore, et se pinça les lèvres.

« Elena t’admire trop pour oser dire qu’elle te trouve très jolie, Luria. Elle voit en toi une soldate forte et courageuse, insensible à ce genre de choses...
 -  Adamante ! protesta Elena en rougissant.
 -  Et toi, Luria, tu continues à voir Elena comme la petite fille qu’elle était encore il y a quelques années. Et moi, je suis entre les deux, et je vous connais bien... Suffisamment pour savoir que vous ressentez des choses, l’une et l’autre. »

Elena rougit encore. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le franc-parler d’Adamante était souvent des plus déstabilisants !

« Allons, Majesté, osez dire que je me trompe... »

Elena se pinça les lèvres, réfugiant le bas de son visage derrière ses poings.

« Mais, enfin, c’est gênant...
 -  Oh, tu crois ? Pourtant, tu sais que Luria nous entend batifoler quand elle monte la garde...
 -  ADAMANTE ! »

La jeune Reine pouvait se montrer très timide, mais elle ne niait pas ce qu’Adamante disait. La main de la magicienne caressa sa nuque, et elle lui sourit ensuite, posant son autre main sur son menton. Elle releva ainsi doucement le visage de la jeune Reine, et lui sourit tendrement.

« Elena, nous sommes ta famille... Tu as été privée de Luria pendant des années. Et c’est mon rôle de te conseiller et de t’assister, dans n’importe quel domaine. »

Elena hocha doucement la tête. Oui, elle était d’accord avec Adamante, bien sûr, mais... Tout ça était si soudain ! Et elle avait surtout peur que Luria ne la juge mal... Adamante n’avait, somme toute, pas tort en décrivant ainsi leurs relations !

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le Champion et la Reine [Pv: La Reine Ivory]
« le: lundi 26 novembre 2018, 00:41:37 »
Elena ne s’était pas attendue à tomber en plein siège lors de son séjour à Alserac. S’agissait-il d’une coïncidence ? C’était tout de même assez difficile à croire. Mais quelle preuve avait-elle que les Ashnardiens étaient bien derrière ça ? D’aucuns auraient pu accuser la Reine d’aveuglement, mais elle faisait, au contraire, preuve de lucidité. Le naufrage du yacht royal lors de sa naissance avait toujours été attribué à l’Empire, mais Elena avait des raisons de remettre en cause cette version prisée par la population. Pour elle, il y avait des éléments qui leur échappaient, et, à défaut de preuve, elle n’aimait pas accuser qui que ce soit. Restant donc isolée dans la chambre avec Maxime, elle sortit de ses songes quand Jhorne, ce colosse redoutable, apparut. Il avait des traces de sang sur le corps, signe des batailles intenses qu’il avait mené, et exposa avoir été attaqué par un elfe. Elena fronça doucement les sourcils en voyant la flèche, une preuve plus que suffisante.

« Aen Seidhe, rectifia-t-elle quand Jhorne tenta de répéter ce qu’il avait entendu. Le Sang Ancien... »

C’était un terme assez ancien, utilisé pour désigner les elfes nobles, ceux qui avaient quitté leur terre natale, et qui avaient su conserver leur pureté, avant de se mélanger aux humains. Dans la civilisation humaine, on utilisait plutôt le terme de « Hauts-Elfes » pour désigner les elfes ayant vécu en autarcie, dans leurs royaumes, et celui de « Bas-Elfes » pour désigner les elfes vivant avec les humains. Le terme « Aen Seidhe » était surtout une expression choisie par la Scoia’tael, une organisation non-humaine terroriste se composant majoritairement d’elfes et de nains.

*Un élément de plus à tenir compte, mais on dit que la Scoia’tael est secrètement financée et entraînée par l’Empire d’Ashnard.*

Était-ce bien la preuve que les Ashnardiens étaient présents ? Elena n’allait pas se voiler la face, mais il lui fallait comprendre ce qui se passait ici. Le Commandant Maxime, assez surpris, les laissa alors, indiquant qu’il avait besoin de se renseigner là-dessus. Jhorne, restant seul avec Elena, et ne sachant visiblement pas trop quoi dire, bredouilla alors être à son service, qui la fit sourire.

« La principale chose que je vous demande, Jhorne, est de ne pas répéter l’erreur de votre commandant en me cajolant comme il le fait. Je n’ai absolument rien, et je pense que cette pièce devrait être utilisée pour les soldats vraiment blessés... Comme vous, par exemple. »

Il ne fallait jamais oublier qu’Elena avait passé dix ans de son existence dans un monastère religieux, ce qui lui avait permis d’apprendre l’humilité et le dévouement pour les autres. Elle n’aimait pas l’idée de recevoir des privilèges du fait de son rang, même si le fait qu’elle était la Reine amenait à une situation particulière. En tout cas, elle observa encore Jhorne, avant de lui poser une question :

« Vous... Vous disposez de capacités surhumaines, non ? Vous avez terrassé ce dragon à vous tout seul, sans parler des Berserkers ensuite... Quel est votre secret ? »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le Champion et la Reine [Pv: La Reine Ivory]
« le: mardi 13 novembre 2018, 01:13:27 »
L’elfe avait vu ce qu’il avait à voir. Le Colosse de Nexus était fidèle à sa réputation, et avait achevé les berserkers du mage noir. Une bête furieuse, sans doute le fruit de mutagènes humains, ou de quelques sinistres expériences. Mais le but de l’elfe n’était pas de le tuer. Cet homme leur serait utile dans le conflit qui se préparait à Alserac. Iorveth fit donc prudemment demi-tour, laissant ce sauvage dh’oine s’acharner vainement contre les arbres. Lui-même rejoignit les profondeurs de la forêt d’Alserac, jusqu’à retrouver le campement de la Scoia’tael qu’il commandait.

En le voyant approcher, les elfes surveillant l’entrée depuis les arbres le saluèrent. Les Terranides travaillant au camp en firent de même. Pour un elfe, Iorveth avait une carrure très impressionnante. Il fallait bien admettre qu’avec son bandeau rouge dissimulant une partie de son visage, l’elfe était très reconnaissable. Les autorités nexusiennes disaient d’Iorveth qu’il était un terroriste, un activiste elfique extrêmement dangereuse, et dont la tête était mise à prix. C’était un membre influent au sein de la Scoia’tael, une organisation non-humaine militant pour la reconnaissance des droits des races non-humaines, et considérée par les autorités des royaumes humains comme une organisation terroriste et pro-impériale, recevant le soutien de l’Empire pour déstabiliser Nexus et ses alliés dans le cadre du conflit opposant les deux royaumes.

Iorveth avait jadis collaboré avec les Ashnardiens, justement. Il s’était battu contre les Nexusiens en menant des opérations derrière la ligne de front, mais son unité avait été capturée, et enfermée à Drakenborg, un redoutable fort. Là, il avait perdu ses hommes, dont Echel Traighlethan, qui avait été pendu sous ses yeux, et lui-même avait subi des tortures horribles. Ses bourreaux avaient brûlé une partie de son visage, arraché l’une de ses oreilles, et l’avaient énuclée, lui arrachant l’un de ses yeux. Iorveth avait réussi à survivre, et, grièvement blessé, avait repris la lutte. C’était un guerrier impitoyable, redoutable dans sa manière d’être, mais dont les motivations restaient obscures. Si les Nexusiens avaient pu capturer son unité à Drakenborg, c’est parce que les Ashnardiens avaient trahi les elfes. Iorveth attendait des renforts qui n’étaient jamais venus, et avait depuis lors compris que le salut du peuple elfique ne viendrait pas de la part des Impériaux.

« Comment cela s’est passé ? s’enquit Malik, l’un de ses lieutenants.
 -  Alserac est toujours aussi bien défendue, et le Colosse de Nexus est fidèle à sa réputation. »

Malik était, comme Iorveth, un Bas-Elfe, c’est-à-dire un elfe né dans les royaumes humains. Ceci expliquait l’origine de son nom. Il avait grandi dans les faubourgs de Wyzima, la capitale de la Témérie, un royaume humain allié à Nexus. Il avait connu l’humiliation des humains, les régimes discriminatoires, des soldats cruels qui avaient saccagé sa boutique, l’avaient battu, et l’avaient accusé d’obstruction. Il avait été en prison à cause de ce racisme ambiant, et avait rejoint la Scoia’tael.

Iorveth remonta leur camp, observant les tentes, les aires d’entraînement, jusqu’à traverser le sentier menant à la partie supérieure du camp. Ny’Lan, une dryade venant tout droit de la forêt de Brokilone, montait la garde, et laissa Iorveth passer. L’elfe rejoignit ainsi une grande tente, et, alors qu’il s’approchait, entendit des gazouillements joyeux.

« Iorveth ! Tu es rentré ! »

Un léger sourire traversa le visage dur de l’elfe, qui salua la jeune Princesse héritière, Nizira. Elle se promenait dehors, et, très rapidement, Iorveth s’inclina en voyant deux femmes sortir de la tête.

« N’importune pas Iorveth, Nizira, il revient de la bataille. »

La femme qui parlait était la Reine de Dol Blathanna, un royaume elfique reconnu par Ashnard, mais actuellement en crise, Enid an Glaenna. Elle était accompagnée de sa redoutable et puissante seconde, la magicienne Francesca Findabair.

« Comment cela s’est passé ?
 -  Le dragon a été tué, répondit la magnifique Francesca. Je serais surprise que ce vermisseau de Zork ait pu survivre, mais on ne peut négliger aucune piste. »

Iorveth hocha doucement la tête.

« Le Colosse de Nexus est à la hauteur de sa réputation, il a tué le dragon, et a repoussé les Berserkers restants. »

Enid hocha la tête à son tour.

« C’était prévu. Vilgefortz va en tenir compte. Tout se déroule comme nous l’avions prévu, et il faut faire en sorte que cela dure. Nous retournerons à Dol Blathanna, Nizi’, je t’en fais la promesse.
 -  On retournera à la Vallée des Fleurs ?
 -  Évidemment, c’est notre maison ! »

Une perspective qui semblait enjouer Nizira, ce qu’Iorveth pouvait tout à fait comprendre.

Mais la route serait encore longue d’ici là…



À Alserac, Elena, elle, écoutait le Commandant Maxime lui présenter ses excuses, et lui indiquer qu’il était impensable qu’elle sorte de l’enceinte du château en ce moment. Elena ne put qu’acquiescer, tant cette attaque avait été soudaine et imprévisible.

« Je ne crois pas que cette attaque ait eu lieu également pour moi, Commandant. Je crains qu’Alserac ne fasse l’objet d’un siège. Il faudra s’assurer de prévenir les forteresses proches.
 -  Ce qui m’intrigue là-dedans, c’est qu’il n’y a aucune armée impériale à proximité, et que nos éclaireurs n’ont rien repéré. »

Elena acquiesça silencieusement. Elle le savait, elle aussi.

« Si ce n’est pas les Ashnardiens… Alors, il faut trouver qui a envoyé ce dragon et ces berserkers.
 -  Tout à fait, Majesté… Mais ceci implique aussi que vous restiez ici, en sécurité. Indépendamment de tout le reste, il est évident que notre présence ici a précipité les plans de nos ennemis, quels qu’ils soient. »

Là-dessus, Elena ne pouvait qu’être d’accord…

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le Champion et la Reine [Pv: La Reine Ivory]
« le: lundi 05 novembre 2018, 00:39:05 »
Cette attaque imprévisible se compliquait encore avec l’arrivée de ce dragon. Fort heureusement, Adamante était vigilante, et les flammes du dragon les englobèrent pendant quelques instants, noircissant l’herbe alentour, avant que le dragon ne s’envole. Prudente, Adamante continuait à faire crépiter ses sorts, pendant que le dragon s’envolait dans les airs. Depuis les tours d’Alserac, des balistes s’armaient, et tiraient sur le dragon. Hélas, celui-ci était assez éloigné, et, la seule fois où une baliste le toucha, ce fut à un emplacement de son corps où ses écailles étaient particulièrement épaisses, de sorte que la carapace du dragon tint le coup.

« Il revient !
 -  Majesté, je… »

Adamante se préparait déjà à intervenir… Mais Jhorne se posta soudain devant elles, entre elles et le dragon, qui descendait à pic, fondant sur le groupe.

« Mais qu’est-ce que vous faites ?!
 -  Écartez-vous, sombre idiot ! »

Mais, loin de vouloir obtempérer, Jhorne leur intima au contraire de partir. Entre-temps, les Berserkers se rapprochaient dangereusement. La priorité restait de protéger la Reine, et, au même moment, Elena vit quelque chose émaner de la solide épée de Jhorne. Une sorte d’onde lumineuse, aussi éblouissante qu’un soleil, en jaillit, et frappa le dragon, l’aveuglant au passage. Déstabilisé, le dragon perdit son équilibre, et Jhorne s’élança ensuite à sa suite, laissant ainsi le champ libre pour ramener la Reine en sécurité… Ce que Luria s’empressa de faire, tandis qu’Adamante déployait ses sortilèges pour repousser les Berserkers, avant que les soldats d’Alserac ne le fassent eux-mêmes.

Elena, de son côté, se laissa transporter. Elle grimpa sur le cheval de Luria, un peu déphasée de cette situation, car elle avait encore en tête le curieux sort de Jhorne… Et l’impression tout aussi étrange qu’elle avait eu en ce moment, une sorte de vision, une sensation surprenante… Qu’elle n’avait, pour l’heure, ressenti qu’en présence d’Adamante.

« Sécurisez la Reine !
 -  La Reine est ici !
 -  Repoussez ces saloperies ! »

Une troupe de cavaliers avaient fait irruption depuis le pont-levis du fort, rejoignant Luria, Adamante, et les soldats les entourant. Mais Elena voyait tout cela de loin, repensant encore à cette image, à cette vision… Et, sans pouvoir se l’expliquer, elle revit le Judicateur Althuis, celui-là même qui lui avait expliqué que la mort de ses parents n’avait rien d’accidentelle, et qu’elle était l’héritière d’une prophétie millénaire visant à combattre un monstre dont l’origine remontait à l’aube des temps : le Roi Cramoisi. Et, pour l’aider à le vaincre, elle devait retrouver treize guerriers ancestraux, les Immortels. Sa quête progressait toutefois lentement, mais ce qu’elle avait ressenti en voyant Jhorne user de son pouvoir…

Elena sortit de ses réflexions en rejoignant la section médicale du château, où elle fut entre les mains de l’apothicaire Orlumb. Ce dernier, malgré l’âge, n’en restait pas moins un guérisseur expérimenté, mais il n’y avait pas grand-chose à soigner sur le corps d’Elena.

« Je vais bien, vous dis-je ! finit-elle par s’impatienter. Allez plutôt soigner les soldats qui affrontent les monstres ! »

La jeune Reine pouvait avoir du caractère, et elle refusait qu’on lui attribue le meilleur soigneur de la garnison alors qu’elle n’avait pas été blessée. Restant seule dans la chambre, elle réfléchit de nouveau à Jhorne.

*Se pourrait-il qu’il soit un Immortel ?*

Le Judicateur ne lui avait fourni aucune indication pour repérer les Immortels, si ce n’est de se fier à son instinct, car elle seule avait le pouvoir de sentir leur présence. Elena finit par sortir du temple médical, rejoignant l’une des cours du château. Les soldats revenaient nerveusement, emmenant avec eux les blessés. Les Berserkers avaient été neutralisés… Et, d’ores et déjà, on accusait les Ashnardiens d’avoir envoyés ces monstres, dans l’espoir de tuer la Reine. Se pouvait-il qu’il y ait un traître ayant informé les Ashnardiens que la Reine était là ? En réalité, beaucoup de gens étaient au courant des déplacements de la Reine, car celle-ci ne pouvait pas organiser de sa propre initiative une telle tournée.

*Les Ashnardiens… Je ne sais pas…*

Elena entendit alors un rugissement au loin, venant de la forêt.

*Jhorne !*

Elle ne l’avait pas vu revenir, et entendait les soldats en parler.

« Il est resté dans la forêt…
 -  Quoi ? Mais il y a des monstres partout !
 -  Le dragon a failli tuer Sa Majesté, Jhorne ne peut pas laisser passer cela. »



Le souffle du dragon fusa entre deux arbres, vaporisant les troncs. La bête se battait dans la forêt, un environnement qui n’était pas adapté à sa situation. Elle peinait à s’envoler et à se déployer, heurtant à chaque fois les troncs d’arbres. Son sang ruisselait le long de ses plaies, et cette ultime attaque fut sa dernière tentative, avant que Jhorne ne l’attaque avec son arme, bondissant sur elle pour planter l’épée dans son crâne. La puissante lame transperça la carapace du dragon, qui poussa un dernier grondement, avant de s’effondrer lourdement au sol.

Le puissant Jhorne avait réussi à abattre seul un dragon, une lutte éprouvante… Et, alors qu’il devait sans doute vouloir se reposer, panser ses plaies… Un étrange son de flûte se fit entendre. Une mélopée proche, émanant des arbres, ressemblant à un son elfique, mais qui avait aussi des consonances magiques. Et, alors que Jhorne aurait pu récupérer un élixir pour se soigner, une flèche jaillit brusquement, et transperça l’élixir.

Une flèche étrange, à pointe havekar… Un terme elfique tombant dans le droit commun, et qui désignait les humains commerçant avec les elfes, et notamment avec les organisations non-humaines comme la Scoia’tael, une faction militant pour la reconnaissance des droits elfiques, nains, terranides, et des autres espèces persécutées dans la société humaine. Les flèches à pointes havekar étaient aisément reconnaissables, car, après avoir atteint leur cible, la pointe en acier s’ouvrait en plusieurs endroits, déchiquetant et aggravant la plaie, tout en libérant parfois un redoutable poison.

« Tu es impressionnant, géant humain ! »

Une voix nasillarde, moqueuse, jaillit des profondeurs de la forêt. Impossible de l’identifier, tandis que les sons de flûte reprirent ensuite.

« Jadis, cette terre nous appartenait, dh’oine. Et, tandis que ton nom et ta forteresse disparaîtront dans l’oubli et dans la poussière, les Aen Seidhe se relèveront ! »

Quelques accords de flûte… Puis les Berserkers hurlèrent alors. La flûte avait attiré les monstres ici, et ils s’approchèrent de Jhorne, déferlant sur lui !

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Le palais d'ivoire / Re : Dans la fleur de l'âge [Elena Ivory]
« le: lundi 05 novembre 2018, 00:37:04 »
« Oh, ce serait plutôt à moi de s’excuser, vous savez. J’aurais aimé vous recevoir plus rapidement, mais... Il s’avère que je ne maîtrise pas mon emploi du temps aussi bien que je le voudrais. »

C’était parfois à se demander s’il ne fallait pas qu’elle se dédouble pour assumer pleinement ses fonctions ! La jeune Reine se devait d’assister à quantité de colloques, de cérémonies, et avait régulièrement droit à de multiples entrevues. Le pouvoir royal était très centralisateur à Nexus. C’était le fruit de siècles et de siècles de lutte entre les Ivory et les autres grandes familles nobles du royaume, et qui avaient permis de raffermir l’autorité du pouvoir royal sur le reste des corps composant l’État nexusien. Le clergé, la noblesse, mais aussi les elfes, les nains, l’armée... Elena devait régulièrement dialoguer avec quantité de représentants de ces différents corps sociaux et groupes ethniques, chacun ayant des intérêts divergents, et comptant sur elle pour respecter leurs intérêts, et ce alors même que, tant qu’elle n’était pas majeure, elle ne disposait encore que d’un pouvoir virtuel.

Il fallait aussi rajouter à cela les multiples enseignements qu’elle recevait de la part de ses précepteurs, afin de faire d’elle une Reine juste et compétente. Régulièrement, elle avait droit à des leçons d’Histoire, de politiques, des exercices visant à tester ses connaissances, ou des cas pratiques en géopolitique ayant pour but d’analyser sa capacité à arbitrer les faits. Elle travaillait beaucoup, et avait notamment eu grand mal à mémoriser les différents blasons et devises composant les maisons de Nexus. Que ce soit un grand-duc ou une petite famille de faible extraction dans les profondeurs de la campagne, la Couronne se devait de connaître toutes les maisons possibles, et les grandes lignes sur elles. Autant dire qu’Elena avait passé de nombreuses heures à travailler sur les livres abritant ces blasons, afin d’être en mesure de les mémoriser à la perfection... Ou le plus proche possible. Dans ces conditions, il lui avait été difficile de dégager du temps libre pour un entretien avec les Blancpré.

Elena dégageait une impressionnante facilité de vivre. Ses sourires étaient très naturels, et elle se retourna même vers Madeleine, qui, très timide, avait osé s’exprimer, pour signaler qu’il était « à couper le souffle ».

« Oui, il est grand... Même maintenant, il m’arrive encore de m’y perdre. »

Tout un chacun savait qu’Elena avait passé ses dix premières années loin de la capitale, dans un monastère. Une vie spartiate, très modeste, qui lui avait appris l’humilité, la modestie. La luxure n’était pas quelque chose qui l’intéressait. Elle n’avait donc pas de bijoux excessifs sur le corps, de colliers rutilants, et même sa robe était, somme toute, très abordable. Elle sourit encore doucement à Madeleine, puis reporta ensuite son attention sur ses parents.

« Bon... Cela fait plusieurs mois que vous souhaitez vous entretenir avec moi, et, comme vous venez de le remarquer, vous avez fait un long voyage. Ma curiosité naturelle m’amène donc légitimement à me demander ce que vous souhaitez. De quoi le domaine ou la famille des Blancpré ont-ils besoin que je peux leur fournir ? »

L’indéfectible loyauté des Blancpré était bien connue, et, si Elena était en mesure de les aider, elle comptait bien le faire... Tout en se demandant si leur demande n’était pas liée à leur fille, qui, d’après les informations en la possession de la Reine, souffrait d’une étrange et anormale affliction.

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Ville-Etat de Nexus / Re : La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: lundi 22 octobre 2018, 13:32:26 »
Les parents d’Elena lui manquaient cruellement, bien plus que tout le reste. Bien plus que la colère du peuple devant leur précarité. Bien plus que ses conseillers corrompus privilégiant des intérêts purement catégoriels au détriment de l’intérêt supérieur de la Nation. Bien plus que tout le reste, en réalité. La jeune Reine ne pouvait rien faire contre ça, contre ce sentiment de manque, contre ce vide en elle. Luria vint alors la serrer tendrement, en lui expliquant que tout ça était normal. Ses propos témoignaient d’une certaine maladresse, puisqu’elle suggéra que, même si Elena verrait « demain » sa mère dans la rue, elle la reconnaîtrait... Ce qui était tout simplement impossible, vu qu’elle était morte ! Elena comprenait néanmoins le fond de sa pensée, et ferma les yeux, reniflant bruyamment en tentant de se calmer, de se retenir.

Luria lui assura qu’elle veillerait sur elle, et qu’elle était, avec Adamante, un peu comme sa « grande sœur ». Cette expression fit doucement sourire Elena, qui releva la tête, et sourit doucement à la femme. La Nexusienne avait évidemment raison, et la jeune Reine se hissa sur la pointe des pieds, puis... Déposa un bref baiser sur les lèvres de Luria. Un geste aussi imprévu que doux et délicat, car ses lèvres ne s’attardèrent pas pendant longtemps sur les siennes.

« Tu as raison, Luria... Oui, toi et Adamante... Même si je regrette de t’avoir perdu de vue pendant des années. »

Elle se blottit alors contre elle, un sourire sur le coin des lèvres, frottant doucement son visage contre la poitrine de Luria.

« Tu sais, je t’admire beaucoup, Luria, je... Quand je vois la femme forte et disciplinée que tu es, tu... Enfin... C’est un exemple que j’essaie de suivre. »

Adamante, qui restait silencieuse, sourit doucement, et se rapprocha du duo. Ses mains caressèrent les épaules d’Elena, la faisant frissonner.

« Tu sais, Elena, Luria a failli être la seule Nexusienne autorisée à venir au monastère de Saint-Antoine pour veiller sur toi. C’est elle qui serai venue si je n’avais pas été là,, d’ailleurs.
 -  Oh... »

Elena savait que Luria avait été formée et éduquée pour être sa garde du corps. Elle sentit alors ses joues s’empourprer, et enlaça à nouveau Luria, sentant un indéfectible élan d’affection s’emparer d’elle, l’amenant à se presser tendrement et fortement contre elle.

« Mais je ne suis pas juste la grande sœur d’Elena, Luria... »

Des deux, Adamante était clairement la pure Mélisaine, car elle était celle avec l’esprit le plus osé, celle qui osait le plus de parallèle douteux.

« Que... Qu’est-ce que tu veux dire par là, Adamante ?
 -  Oh, rien de particulier... Si ce n’est qu’il revient à moi et à Luria de veiller à ce que tu ne manques de rien au niveau affectif, ma chérie. »

Elena rougit encore, pas sûre de comprendre les allusions d’Adamante... Ou essayant plutôt de se dire qu’elle ne les comprenait pas, alors qu’elle avait, dans le fond, parfaitement saisi ce que celle-ci voulait dire ! Mais se pouvait-il que Luria veuille autre chose de son côté ? Autre chose qu’être sa simple capitaine ?

Un peu confuse, Elena releva la tête vers Luria, et exprima sa surprise par un simple mot, qu’elle prononça à voix basse :

« Lu-Luria... »

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Le palais d'ivoire / Re : La Soirée de l'Amiral Vanberg [Georges Flemens]
« le: lundi 22 octobre 2018, 01:00:40 »
Elena était assez au courant des activités économiques de son pays. Elle ne serait pas digne d’être la Reine autrement. Elle savait donc que les situations allaient s’arranger pour les assureurs. Du fait des attaques du Commodore, les compagnies d’assurance avaient dû verser beaucoup d’indemnités, et allaient en conséquence devoir augmenter le montant de leurs primes. C’était une vaste activité lucrative, mais aussi indispensable, car la mer nexusienne était toujours agitée. Après le Commodore, il y aurait d’autres bandits, d’autres criminels, d’autres problèmes... Et la Couronne se devait de travailler activement avec ses partenaires privilégiés. En la matière, les assureurs avaient un poids immense, un pouvoir qu’il aurait été absurde et dangereux de minimiser.

Georges Flemens expliqua donc que les affaires allaient plutôt bien, et suggéra ensuite que, si les marchands et les capitaines de navire étaient de meilleurs diplomates, les choses auraient fonctionné différemment. Devant cette remarque, qui se termina avant que l’homme ne puisse la terminer, Elena haussa un sourcil interrogateur, cherchant manifestement à comprendre ce que le jeune homme avait cherché à formuler.

« Euh... De quoi voulez-vous vous excuser, Monsieur Flemens ? Je vous avoue ne pas très bien comprendre... »

Son « manque de retenue » ? Elena ne comprenait pas trop. En fait, elle n’avait pas compris ce qu’il avait voulu dire sur les navigateurs nexusiens. En quoi leur manque de diplomatie avait-il quoi que ce soit à voir avec les assauts du Commodore ? Et puis, Elena savait très bien que les marins pouvaient se montrer très bourrus quand ils le voulaient. Elena finit par hausser les épaules en buvant un peu de sa coupe, balayant rapidement le moment de gêne qui venait de s’installer.

« Bref... Je suis ravie de vous voir, en tout cas. Il est de l’intérêt de la Nation que la Couronne entretienne des liens étroits avec des individus comme vous. Les guildes et les compagnies d’assurance forment des piliers du système économique et social. »

Tout était loin d’être idyllique dans le monde des assureurs. Ceux-ci n’hésitaient pas à prévoir des clauses abusives dans leurs contrats, ou avaient un comportement d’une intransigeance extrême. Leurs conventions étaient rédigées pour être extrêmement opaques, avec des renvois à des annexes, à des chartes complémentaires, à des descriptions très précises, les assureurs prévoyant généralement d’importantes causes d’exclusions de garantie.

Elena avait conscience de tout cela, et du fait que rien n’était simple... Mais elle ne pouvait pas se permettre de s’énerver en plein public, et restait donc agréable, charmante, et souriante.

« J’espère que nous pourrons travailler efficacement ensemble, Monsieur Flemens, j’ai eu ouï-dire qu’il existait encore beaucoup de compagnies maritimes qui n’avaient pas encore été indemnisées... »

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Le palais d'ivoire / Re : Le Serment [Son Altesse Royale Elena Ivory]
« le: lundi 15 octobre 2018, 00:55:54 »
De multiples phares et digues entouraient la capitale. Nexus disposait d’un port très vaste, colossal, qui s’étalait sur des kilomètres de pontons. Un tel port nécessitait une organisation très élaborée, avec de multiples bouées faisant office de couloirs de navigation, des phares et des digues permettant de guider les navires, mais aussi de sécuriser le port, en coupant les marais. Le port de Nexus était un ballet continuel de navires. Des bateaux touristiques, des navires de pêches, des commerçants... Il y avait de tout. Depuis les jardins et les remparts du Palais d’Ivoire, c’était une succession de lumières dansant sur la surface de l’eau. Le soleil était doucement en train de se coucher quand Alexander Galdur rejoignit les jardins. Il alla au fond, avisant le kiosque, puis la petite plateforme d’observation en bois, un peu abaissée par rapport au niveau du sol. Sire Galdur avisa l’orbe, qui traînait sur le sol.

Quand il s’en approcha, celle-ci s’illumina alors, et le buste d’Adamante apparut alors. C’était un procédé simple pour communiquer à distance. Ici, au fond du jardin, il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes, et le ronflement de la mer, le roulement des vagues, formaient des couches sonores permettant de couvrir les sons. De fait, Alexander lui-même allait parfois devoir tendre l’oreille pour entendre la voix de la magicienne, par-delà les embruns.

« Bonsoir, Sire Galdur. Je suis pour commencer heureuse que vous ayez accepté l’invitation de Zephyr. »

La Mélisaine était réputée pour être proche de la Reine... Et même trop proche selon les médisants. D’aucuns affirmaient qu’Elena n’était qu’une poupée, manipulée par la vile magicienne mélisaine pour servir les intérêts des Îles Mélisi. Tandis qu’Alexander demandait à Adamante si elle servirait de porte-paroles, celle-ci tourna la tête vers une image hors-champ, puis s’écarta. Le visage d’Elena apparut alors. Elle avait troqué sa robe cérémoniale pour une tenue plus légère, plus fine.

« Je n’ai pas besoin d’une porte-paroles, Sire Galdur, et ce n’est pas le rôle d’Adamante. »

Alexander ne s’attendait sans doute pas à revoir Elena en personne. Mais, contrairement à tantôt, celle-ci n’avait plus besoin de jouer un rôle, d’incarner la Reine dure et autoritaire qu’elle se devait d’être. Elle s’adressait à Alexander sur un ton plus familier. De temps en temps, l’image tressautait, comme si la réception était mauvaise. Il s’agissait en réalité d’une conséquence des brouilleurs magiques, mais aussi des forts courants aquatiques alentour, qui perturbaient le signal magique.

« J’ai sollicité cette entrevue, Sire Galdur, car je pense que nous avons des intérêts communs. J’ai soigneusement étudié ce qui est arrivé à votre duché, notamment à la mort de votre père, le duc Oren Galdur... Ainsi qu’à celle de votre mère. Les conclusions des médecins légistes ayant examiné la dépouille de Minna sont par ailleurs très parcellaires. L’enquête royale a été bâclée. »

Elena proférait là de graves accusations, mais n’avait que très peu de doutes sur la véracité de ce qu’elle disait.

« Je soupçonne leur mort de n’avoir rien eu d’accidentelle... »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Le Champion et la Reine [Pv: La Reine Ivory]
« le: lundi 15 octobre 2018, 00:51:40 »
Cette région était très belle, très agréable, et apaisante. Souriant doucement, Elena se laissait bercer, appréciant le calme des lieux. C’était très reposant, et paisible, si paisible... On était ici bien loin des turpitudes de Nexus, de la ville agitée et furibonde, avec une activité frénétique. La Reine ne pouvait qu’apprécier tout cela, car ce calme lui rappelait ses années de jeunesse au monastère de Saint-Antoine. Fermant les yeux, elle sentait l’air du vent caresser son visage, le doux bruissement des feuilles, en oubliant même la présence du lourd convoi militaire autour d’elle.

La réalité se rappela à elle de la plus violente des façons. Des ennemis monstrueux jaillirent brusquement, créatures à la peau marron, chauves, le corps saillant et musculeux. Elena déglutit en les voyant. Les Berserkers attaquèrent ensuite les soldats. La jeune Reine vit alors deux cavaliers se mettre à droite et à gauche d’elle, lui intimant de rester en retrait.

« Pour votre protection, Majesté !
 -  Laissez-nous faire ! »

Elena acquiesça doucement. Pendant ce temps, les Berserkers continuaient à se battre, et l’un d’eux se rua vers Elena. Ses cavaliers agirent en retour, et la Reine s’écarta prudemment. Elle s’apprêtait à partir, tandis que le chaos dégénérait, et que son cheval s’agitait... Mais on décida finalement à sa place. Un massif guerrier, Jhorne, s’élança précipitamment vers elle, et la prit dans ses bras. Elena, surprise, s’attendait à ce qu’il la rejoigne en cheval, et l’homme se mit alors à courir à bride abattue dans la forêt, cherchant à fuir les Berserkers qui le pistaient. Poussant des grondements furieux, ceux-ci s’élancèrent à sa poursuite, faisant trembler le sol avec leurs lourdes boittes.

Surprise, la Reine se mit à taper des poings sur l’épaule de Jhorne.

« Mais... Arrêtez, bon sang, mon cheval !! »

L’homme n’en eut cure, et continua à courir précipitamment, les monstres les traquant avec acharnement et férocité. Finalement, au milieu de la forêt, le duo rejoignit d’autres soldats. La région paisible d’Alserac semblait être sans dessus dessous, mais Elena eut la chance de se retrouver sur un canasson. Fort heureusement, elle savait monter à cheval, et éperonna son destrier, filant vers le château, entouré de quelques gardes, dont Luria.

« Mais d’où est-ce qu’ils viennent ?!
 -  Je ne sais pas, Majesté ! répliqua Luria. Divers Portails s’ouvrent ici et là pour les relâcher, il y en a beaucoup trop pour que ce soit une simple attaque isolée. »

Elena ne pouvait que craindre le pire.  Le groupe remontait le long de sentiers bordés de sapins et de conifères, jusqu’à entendre les sonneries d’alarme d’Alserac. La Reine serra l’encolure de son cheval, baissant la tête pour éviter une branche d’arbre, et poursuivit sur sa lancée. Elle rejoignit un chemin entre deux buttées, menant droit vers l’entrée d’Alserac... Quand un terrible rugissement se fit entendre.

« MAJESTÉ !! »

Un chevalier se précipita devant elle, lui coupant la route... Et un dragon blanc apparut alors, ses serres venant attraper le corps du chevalier, épargnant ainsi à Elena un destin tragique. Son cheval se mit à hennir de peur, et se cambra sur place. Elena en fut déstabilisée, et tomba au sol, voyant le dragon blanc s’envoler dans les airs. Il relâcha la carcasse du chevalier, qui hurla en se fracassant au sol.

Le dragon décrivit ensuite une courbe dans le ciel, et se retourna vers le groupe, en hurlant encore.

*Un dragon ? Ici ?!*

La gueule du dragon s’illumina, et un jet de flammes jaillit vers Elena et le groupe. Adamante leva alors la main, et un bouclier magique se forma alors, un dôme contre lequel les flammes se mirent à rebondir.

Depuis les tours du château, les défenseurs visaient le dragon avec leurs balistes, mais celui-ci était rapide. Et, malheureusement, d’autres Berserkers hurlaient en jaillissant à travers la forêt, continuant à cibler la jeune Reine...

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Le palais d'ivoire / Re : La Soirée de l'Amiral Vanberg [Georges Flemens]
« le: lundi 08 octobre 2018, 01:10:52 »
La belle Reine se devait de toujours garder contenance, et d’avoir une excellente mémoire. Elle ne comptait plus le nombre d’heures où, en compagnie de Jamiël, de Ronald Langley, ou même du Grand-Duc Arnaud de Meizière, elle avait dû apprendre les différentes armoiries nexusiennes, les grandes familles, les guildes bourgeoises, leur fonctionnement, leurs slogans, leurs personnalités notables... Une tâche qui avait été dévolue avant à Nöly Ivory, sa défunte mère, et qui incombait maintenant à Elena, dont la légitimité était contestée. En soi, personne ne lui contestait sa lignée, mais, après la décimation des Ivory, beaucoup de vieilles aspirations avaient refleuri. L’enlisement du conflit nexuso-ashnardien avait été une toile de fond parfaite pour donner envie d’un changement de dynastie royale. En soi, l’Histoire de Nexus avait déjà connu des putschs, des coups d’État, des tentatives de guerre civile, mais les Ivory avaient toujours réussi à maintenir leur pouvoir, notamment parce qu’ils bénéficiaient du soutien indéfectible de la population. Mais ce soutien était écorné. La guerre avait entraîné de fortes conséquences socioéconomiques. Les migrants et les réfugiés avaient considérablement augmenté la population de Nexus, et la ville faisait maintenant face à un état de surpopulation dans les bas-fonds, qui conduisait à une hausse de la paupérisation, mais aussi de la criminalité et de l’insécurité.

C’était donc une situation complexe, difficile, et qui nécessitait de savoir sur qui se fier. Elena, parfaite dans sa belle robe immaculée, s’entretenait donc avec une famille elfique. Les elfes avaient toujours été très importants à Nexus. Jadis, ils avaient fondé cette ville, et la hausse du racisme envers les elfes était un autre sujet de crispation. Elena promettait d’être la plus sévère possible, tout en veillant à préserver les intérêts des elfes. Ils n’hésitaient pas à se battre avec eux contre les Ashnardiens, et les francs-tireurs elfes étaient particulièrement redoutables.

« La Couronne apprécie toujours le soutien des familles elfiques, Sire Lorion, et j’ai conscience de la situation de précarité des elfes vivant dans les quartiers désaffectés... »

Conséquemment à la paupérisation de la ville, plusieurs quartiers populaires avaient fait l’objet d’une véritable ghettoïsation, incluant des quartiers abritant historiquement des elfes. Les elfes vivant dans les royaumes humains, surnommés péjorativement « Bas-Elfes » par les autres, étaient ainsi dédaignés. Les Bas-Elfes buvaient, fumaient, s’adonnant aux vices humains, provoquant la honte des elfes. Toutefois, il existait des clans elfiques qui continuaient à veiller sur eux, dont la maison de Lorion Nödwell. Les Nödwell venaient de la Sylve, du Bosquet, et étaient préoccupés par la situation alarmante dans les quartiers populaires. Sans faire de clientélisme, Elena devait néanmoins montrer qu’elle avait bien conscience des problèmes, même si les solutions n’étaient pas évidentes.

Tout en discutant, elle se rapprocha ainsi de Georges Flemens... Jusqu’à se retrouver face à lui.

« Monsieur Flemens. Je suis enchantée de vous voir ! »

Elena tendit sa main gantée vers lui, pour un baisemains protocolaire. Pendant ce temps, elle avait récupéré un verre de vin, qu’elle tenait dans son autre main, et en but une gorgée.

« Comment se porte votre compagnie ? Je suppose que vous devez être assez éloigné de la banqueroute, non ? »

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Le palais d'ivoire / Re : Le Serment [Son Altesse Royale Elena Ivory]
« le: lundi 08 octobre 2018, 01:10:40 »
Zephyr était tout, sauf une simple servante. Sire Ronald Langley, qui avait réorganisé tout le personnel du Palais d’Ivoire, et qui avait minutieusement scruté chaque dossier, était sans aucun doute l’un des rares à savoir que cette femme était une espionne, une espionne travaillant personnellement pour Elena Ivory. Une espionne qui avait permis à Elena d’obtenir des informations très étonnantes sur les Kovariites, et particulièrement sur son prétendant, Kovik Kovar, le jeune duc du duché de Kovar... Zephyr était très proche d’Adamante Mélisi, et avait suivi bon nombre de formations plus ou moins occultes. Se faire passer pour une servante était quelque chose de banal pour elle, et elle était donc le moyen le plus discret de rejoindre Sire Alexander Galdur.

La jeune femme à la peau sombre se rapprocha donc de lui, en se débrouillant pour être surprise... Chaque geste de la femme était calculé, et elle fut donc interrompue par Finn. Elle regarda le musicien, et sourit doucement, une lueur malicieuse dans le regard, tandis que leurs regards se croisaient.

« Tout comme je vois bien que vous n’êtes pas qu’un simple troubadour, Finn. Quant à la personne qui m’envoie... »

Zephyr glissa sa main entre ses seins. Elle sentit le « musicien » se raidir sur place, et lui sourit encore, avant de sortir de son décolleté une légère bague. Une bague en ivoire, ornée du sceau des Ivory, sertie d’une pierre précieuse très rare. Une bague royale, un ornement que les Ivory n’offraient qu’aux personnes de confiance.

« J’apporte à Sire Galdur un message de la plus haute importance, si important qu’il ne pouvait pas être prononcé en public, de la part de Sa Majesté elle-même. »

Le toupet de Zephyr avait quelque chose d’assez étonnant. Elle lui sourit encore, révélant une série de dents blanches et cristallines. Elle posa ensuite ses mains sur ses hanches, avant de reprendre :

« Ne partez pas trop vite de Nexus, toi et ta petite cour. Ni même de ce château. Tu devrais conseiller à ton seigneur de se rendre aux jardins à l’arrière, au kiosque. Il y a une vue imprenable sur la côte d’ici là. »

Les jardins royaux du Palais d’Ivoire étaient en réalité plutôt petits par rapport aux parcs officiels. Il s’agissait d’une belle bande de terre à l’arrière du Palais, entourés par de hauts remparts, sauf à l’extrémité, où il y avait un belvédère, un élégant kiosque en bois. Il n’y avait alors plus de remparts, mais une vue plongeante, au bord de la falaise, sur la mer. C’était un spectacle impressionnant, surtout à l’aube, quand le soleil se levait, et que ses rayons orangées jaillissaient de l’horizon, se reflétant sur les tours du Palais d’Ivoire.

Ce belvédère avait aussi l’avantage d’être très discret. Il y avait en effet, devant le belvédère, une petite plateforme en bois au-dessus du vide. Ronald Langley avait souvent envisagé de supprimer ce belvédère, craignant des infiltrations, une ouverture par des espions qui tenteraient d’escalader la falaise. Fort heureusement, la chose était impossible. Nexus avait embauché des Rôdeurs pour tenter de le faire. Outre les courants particulièrement forts en contrebas, ainsi que les récifs, la pente de la falaise était redoutable, rocailleuse et escarpée. Et, pour éviter tout risque, Ronald avait tout de même installée une série de piques en bois sous cette plateforme, juchée vers le bas, et dissimulée du reste par le belvédère.

Sire Alexander pouvait bien sûr refuser de venir, mais, au-delà des provocations de Zephyr, la bague que celle-ci lança vers Finn était la preuve la plus indéniable que la Reine n’en avait pas encore totalement fini avec elle. Ce ne serait néanmoins pas Elena qui attendrait Alexander là-bas, mais une orbe magique, une orbe qui se trouvait nonchalamment sur le sol. Une orbe qui, quand Alexander se rapprocherait, diffuserait l’image d’Adamante, ou, plutôt, sa tête et son buste.

Comme quoi, quand Elena estimait que le Palais d’Ivoire était un panier de crabes, elle ne mentait pas... Ce qu’Alexander Galdur allait avoir très prochainement l’occasion de réaliser.

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Le palais d'ivoire / Re : Dans la fleur de l'âge [Elena Ivory]
« le: lundi 08 octobre 2018, 01:05:38 »
« Le marquisat des Blancpré…
 -  Les Blancpré n’ont jamais été hostiles à la Couronne, Majesté, mais leur fille souffre d’un mal redoutable acquis à la naissance. Une tare génétique, semble-t-il, qui a considérablement éprouvé l’humeur des Blancpré. »

Comme toujours, le Grand-Duc Arnaud de Maizière, membre du Conseil royal, et l’un des plus grands soutiens d’Elena, avait eu l’occasion de se renseigner. Cette information était toutefois confidentielle, ce qui expliquait pourquoi Arnaud et Elena discutaient seuls, avec Adamante, dans un petit salon, et non en pleine réunion du Conseil. Les Blancpré avaient payé cher pour assurer la discrétion des traitements, prétextant d’autres personnes malades auprès des apothicaires, et rusant de coups et de manœuvres pour éviter que l’état de santé défectueux de Madeleine ne se sache. Leur plus grand projet était en effet de la marier, mais, si les éventuels prétendants apprenaient un jour son état de santé, sa valeur en diminuerait fortement. Un tel raisonnement était assurément sordide, mais, dans le monde de la noblesse, les sentiments passaient après le sens du devoir. En l’état, il était clair qu’une famille réfléchirait à deux fois pour épouser une jeune femme malade, et susceptible de transmettre la maladie à ses héritiers.

Arnaud consignait donc cette information à un cercle très restreint. Adamante, la magicienne personnelle d’Elena, sa plus proche conseillère, et son amie d’enfance, avait également pu consulter les recherches des guérisseurs intervenus successivement sur le corps de Madeleine. Leurs rapports étaient soumis au plus grand secret, et n’av   aient pas été communiqués au Conseil royal, ou même aux instances administratives universitaires.

« Vous pensez qu’ils sont là pour ça ?
 -  C’est une hypothèse très sérieuse, mais peut-être pas la seule. Comme vous le savez, le marquisat se situe à un territoire limitrophe, mais fort heureusement excentré du front. Pour autant, les grandes forêts qui entourent le marquisat sont propices à des invasions de monstres à et des actes séditieux.
 -  La Scoia’tael ?
 -  Ou des groups similaires. Les rapports parlent du FLT, le Front de Libération des Terranides, un mouvement syndical violent qui a émergé dans le port de la capitale, et tend à se diffuser.
 -  J’en ai entendu parler. »

La Scoia’tael était une organisation pro-elfique terroriste, militant pour la reconnaissance des droits des elfes et des autres espèces non-humaines. Une organisation raciste cellulaire disposant de plusieurs camps, et assez actif sur Nexus. Le FLT, inversement, abritait essentiellement des Terranides, et était, d’après les informations de la Couronne, soutenu et financé par le fameux « Royaume terranide », diffusant de la propagande sur cet État, et organisant des révoltes.

« De plus, le marquisat a également dû déployer des contingents sur le front, comme tous nos bannerets. Il est donc possible que les Blancpré cherchent à obtenir du financement, ou des renforts militaires.
 -  Je vois…
 -  Ou ils viennent pour leur fille. Madeleine est fille unique, elle tient dans son ventre le futur de cette famille. Les Blancpré sont des bourgeois traditionnels. Je ne serais pas surprise qu’ils soient convaincus que leur fille est possédée par le démon, ou ce genre de choses. »

Elena écoutait silencieusement. Elle avait un déjeuner prévu avec les Blancpré, et avait accepté de les recevoir. Mais elle ignorait précisément les motifs de ce déjeuner. Or, elle se doutait bien que les Blancpré n’avaient pas fait le voyage depuis leur marquisat sans raison.

« Et est-ce que tu peux aider leur fille ? »

Adamante haussa les épaules.

« Je dois admettre manquer d’informations précises sur sa maladie. Je ne peux pas te répondre, mais, si besoin est, je peux mettre mes talents à son service, et m’entourer d’une équipe pluridisciplinaire afin de m’épauler. »

La Reine acquiesça doucement, s’humectant ensuite les lèvres.

« Bon… Tu m’accompagnes, Adamante ?
 -  Si tu veux. »

Pour ne pas inquiéter les Blancpré, la sagesse imposait de ne pas inviter le Grand-Duc également. Elena sortit donc du petit salon. Elle portait une élégante robe rouge avec une fine cape blanche et légèrement transparente aux motifs pastel. Un autre travail de haute volée de la part des couturiers nexusiens, la Reine portant également de fins gants rouges finement brodés avec des motifs blancs, se mariant à la perfection à sa robe. Adamante, elle, portait une traditionnelle robe violette, avec un décolleté plongeant, mettant en valeur sa magnifique poitrine et son ventre. Une tenue très mélisaine.

Le duo rejoignit ainsi la salle à manger par une autre entrée. Deux gardes surveillaient l’entrée, et une sonnerie résonna à l’intérieur de la salle, annonçant la venue de la Reine. Un serviteur ouvrit la porte, et, quand Elena entra, elle sourit en voyant les Blancpré debout, respectueusement levés à son approche.

« Messire de Blancpré, Madame de Blancpré… Madeleine de Blancpré. Je vous en prie, installez-vous. Je vous prie de bien vouloir me pardonner mon retard. »

Un élan de modestie qui était très protocolaire, mais assez abscons. Elle était la Reine.

« Je vous présente Adamante Mélisi, ma première conseillère.
 -  Je suis enchantée de vous voir. »

Un serviteur écarta le fauteuil d’Elena pour qu’elle s’installe, tout en préparant ses couverts. Comme tout repas royal protocolaire, il se découpait en une série de plusieurs plats.

« Je suis très heureuse de partager mon repas avec vous. Avez-vous fait bon voyage ? »

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Le palais d'ivoire / Re : Le Serment [Son Altesse Royale Elena Ivory]
« le: lundi 01 octobre 2018, 01:07:48 »
Pas de sentiments sur le trône. Un État ne pouvait pas se permettre d’être émotif, de montrer sa faiblesse, et surtout un État comme Nexus. Et la Reine était la personnification de la Couronne, l’autorité suprême chargée de diriger l’État. Nexus, l’une des plus puissantes nations de Terra, la première puissance économique de la planète. Elena avait une responsabilité énorme sur ses maigres épaules, une responsabilité dont le poids semblait chaque jour se faire plus lourd. Il ne fallait pas se fier aux marbrures et aux dorures du Palais d’Ivoire. Nexus connaissait depuis quelques années une crise à tous les niveaux, une crise qui ne cessait de s’aggraver. Une crise politique, car Elena était muselée par le Conseil royal dans l’attente de sa majorité, et devait, impuissante, voir le Conseil royal être le théâtre de multiples affrontements catégoriels sans prise en compte de l’intérêt de la Nation. Une crise économique et sociale, surtout, car la pauvreté croissait dans les rues de Nexus. Les pouvoirs publics observaient la ghettoïsation croissante de faubourgs, de quartiers populaires, avec les maux habituels : surpopulation, hausse de la criminalité, de la corruption… Et une crise militaire, enfin, qui était à la base de tout. Le conflit entre Nexus et Ashanrd se poursuivait sans qu’aucune possibilité d’obtenir la paix ne se dessine.

Elena devait naviguer entre tout ça en étant seule, très seule. Ses soutiens, ses véritables soutiens, étaient très rares. Au premier rang, il y avait Adamante Mélisi, son amie d’enfance, la fidèle magicienne qui ne cessait de l’accompagner, mais qui était, tout comme elle, régulièrement attaquée. On l’accusait d’influencer la Reine, de la manipuler afin qu’elle privilégie les intérêts des Îles Mélisi à Nexus. La Reine devait endurer tout ça, et faire fi des provocations récurrentes.

Pouvait-elle trouver en Alexander Galdur un rare allié ou un homme dont elle devrait se méfier ? À ce stade, elle n’en savait rien. Le duché de Galdur était une province très particulière, car, même si elle était officiellement rattachée à Nexus, culturellement, les Galduriens avaient conservé leur propre culture, et disposaient d’une législation spéciale leur garantissant une certaine forme d’autonomie. Une garantie qui s’était finalement retournée contre eux puisque le duché de Galdur s’était retrouvé plongé dans les affres d’une guerre civile, Nexus se cantonnant à un rôle d’arbitre, hésitant à intervenir.

« La Couronne appréciera de recueillir l’ensemble des éléments liés aux évènements étant arrivés au sein de votre duché, Sire Galdur. À l’avenir, j’espère qu’une meilleure participation entre le royaume et votre duché évitera de nouvelles situations regrettables de ce genre. »

La guerre privée était un privilège acquis dans un système féodal, mais contre laquelle la Couronne se battait régulièrement, afin de favoriser le développement de la justice royale. À terme, le rêve d’Elena était, sur ce point, d’arriver à confisquer aux seigneurs et aux nobles le droit de recruter des soldats, de les former, de les entraîner, et d’avoir une seule armée régulière, étatique, qui interviendrait dans les différentes seigneuries nexusiennes. Mais, pour l’heure, tout cela relevait du vœu pieux.

Alexander enchaîna ensuite… En évoquant le fait qu’il souhaitait garder une spécificité galdurienne : l’abolition de l’esclavage. Comme on pouvait s’y attendre, cette requête déclencha une série de marmonnements et de chuchotements au sein des spectateurs.  Alexander venait de mettre le doigt dans un sujet sensible, un élément de controverse : l’esclavage. Il était connu que les parents d’Elena avaient cherché à abolir cette pratique, sans réel succès, malheureusement. Depuis lors, Elena vivait dans l’ombre de ces derniers.

Elle se tut pendant quelques secondes, se pinçant les lèvres. Alexander ne l’aidait pas beaucoup en l’amenant à devoir répondre sur un sujet pareil… Mais c’était aussi une manière, pour elle, de montrer sa propre existence, ses propres opinions, par rapport à un étouffant Conseil de régence.

« Il est de la volonté de la Couronne de respecter la volonté de ses vassaux, tant que celle-ci ne se heurte pas à notre législation, Sire Alexander. »

C’était une phrase suffisamment vaseuse et elliptique pour éviter de froisser des personnalités. Ici, dans un tel lieu, Elena ne pouvait s’exprimer clairement. Elle se rassit ensuite, et se tourna vers Adamante, lui parlant à voix basse.

« Il faudra que je rencontre Sire Alexander plus tard, Adamante… En privé. »

Elle regarda son amie en faisant cette dernière précision, la main devant son visage pour dissimuler autant que possible ses lèvres. Adamante la regarda en retour pendant quelques secondes… Puis acquiesça.

« Je ferai le nécessaire, Majesté. »

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Le palais d'ivoire / Re : La Soirée de l'Amiral Vanberg [Georges Flemens]
« le: lundi 01 octobre 2018, 01:00:28 »
Elena se déplaçait au milieu des convives, se faisant facilement repérer dans sa robe blanche. Celle-ci avait visiblement été légèrement enchantée, car des effluves magiques s’en échappaient, permettant manifestement de faire tenir la robe sur le corps d’Elena. La Reine discutait avec différents nobles, mais également avec des marchands. Les compagnies maritimes étaient ravies de la victoire de Vanberg et de la chute du Commodore. Elena savait que Nexus était une puissance économique, et qu’il existait quantité de tensions entre les différents groupes sociaux. Il y avait ainsi une forte opposition entre les compagnies d’assurance et les guildes marchandes. Il existait un contrat particulier en matière assurantiel, le prêt à la grosse aventure. C’était une opération spéculative consistant à miser sur les chances de succès d’un navire pour accomplir sa traversée.

Ce prêt maritime se déclinait en une multitude de sous-contrats, et formaient une très importante partie des richesses nexusiennes. La Couronne avait pendant un temps envisagé d’imposer la souscription, pour les navigateurs, d’un prêt maritime, ce qui avait donné lieu à d’importants mouvements syndicaux, et à de fortes grèves. L’idée avait été abandonnée, mais elle continuait à débattre. Les prêts maritimes visaient essentiellement à garantir le risque de naufrage en offrant aux marchands des garanties. Avec la menace du Commodore et des pirates, le risque avait sensiblement évolué, et les guildes d’assurance avaient joué avec d’obscures clauses de leurs volumineux contrats pour augmenter le montant des primes mensuelles. Bien que cette augmentation ait fait l’objet de procédures, actuellement toujours pendantes, la menace de perdre leurs biens, et, partant de là, toute leur activité, avaient conduit les marchands à payer. Avec l’arrestation du Commodore et le démantèlement de sa flotte pirate, l’Amiral Vanberg avait permis d’éteindre ce contentieux où la Couronne jouait le rôle impuissant d’arbitre entre les compagnies d’assurances et les puissantes guildes marchandes.

Elena continua à marcher, en compagnie d’Adamante. Les Mélisains avaient largement soutenu Vanberg, car les Îles Mélisi avaient besoin du commerce pour vivre. Or, avec une hausse du montant des primes, les tarifs des marchands grimpaient aussi, entraînant une inflation, et n’arrangeant pas la situation économique des Mélisains. Organiser une fête était donc le moins qu’Elena puisse faire, même si, en réalité, elle était assez attristée de la tournure des évènements. La Couronne n’avait pas été en mesure de bien arbitrer les choses, ce qui énervait beaucoup Elena.

*Mes parents auraient réussi à signer un accord, un protocole pour éviter que les tensions ne croissent...*

Une augmentation des primes entraînait une augmentation des coûts. C’était un vaste système de chaînes en réactions. La finalité, c’est que les fournisseurs de sel, de farine, de sucre, augmentaient les prix, et que les épiciers, les vendeurs, les marchands de nourritures, augmentaient aussi les prix. Ainsi, la simple présence du Commodore, durable et persistante, aggravait la situation socioéconomique de la cité-État. Tout ça, Elena en avait pleinement conscience, car elle avait suivi des cours d’économie très complets.

Tandis qu’elle marchait, Adamante fronça les sourcils en reconnaissant une silhouette patibulaire.

« Ça alors... Valor Innokenti. Qu’est-ce qu’il fabrique ici ? »

Elena se retourna à son tour. Elle tenait à la main un verre de champagne, et aperçut la silhouette aisément reconnaissable d’Innokenti.

« Mais qu’est-ce qu’il fait là ? »

Des murmures se faisaient entendre. Valor Innokenti avait jadis été un garde, un chevalier proche de Liam Ivory, son père... Et, quand ses parents avaient été tués, Innokenti avait fait partie des suspects potentiels. Ronald Langley, qui était en charge de la réorganisation du personnel, avait écarté Innokenti de la liste. L’enquête n’avait pas permis de prouver sa culpabilité, mais Ronald avait toujours eu des soupçons. Innokenti, qui aurait dû faire partie de la croisière, s’en était retiré quelques jours avant la traversée. Ça, et d’autres éléments suspects... Toujours est-il qu’Elena regarda ce dernier pendant quelques secondes, avant de voir l’homme qui l’accompagnait.

Elle le reconnut, bien sûr. George Flemens. Le représentant d’une maison connue dans le monde des assurances.

« Pourquoi cette provocation ?
 -  Je ne saurais dire, Majesté... »

Tout cela était vraiment... Imprévu ! Elena se racla ensuite la gorge, un peu surprise, et se déplaça lentement, tout en se rapprochant néanmoins progressivement de Georges Flemens...

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