Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Yehaël

Pages: 1 2 [3] 4 5 ... 9
31
L'Art / Re : un petit bout de ma galerie :3 ( Attention c'est... spécial x3)
« le: dimanche 26 juillet 2015, 14:23:10 »
è_é

*Sent qu'elle va avoir une petite conversation entre quat'zeux avec Abigahëlle*

Mais joli coup de patte malgré coup, comme d'habitude :D

32
Le Comité Angélique censure cette dernière image, et est profondément choqué par l'image offensante qui est faite des Anges è_é

Mais elle a un joli cul...

33
Prélude / Re : Par les prêtres de Judas et le sabbat noir, je T'INVOQUE !
« le: lundi 02 février 2015, 23:37:58 »
Range ta vieille guitare électrique et ta musique has been de malades mentaux, aucun son ne peut rivaliser avec le récital des Anges !

Re-bienvenue malgré tout, mais je t'ai à l’œil !

(Et de rien pour le complément, c'est justement fait pour ça ^^)

34
L'Art / Re : un petit bout de ma galerie :3 ( Attention c'est... spécial x3)
« le: samedi 24 janvier 2015, 20:54:31 »
Archange Abigahëlle, vous êtes la honte des Cieux è_é

(Mais c'est un joli boule !)

35
Prélude / Re : Yanos Odron
« le: mardi 23 décembre 2014, 01:59:30 »
Non, mais on exorcisera l'humain avant, hein...

36
Prélude / Re : Yanos Odron
« le: mardi 23 décembre 2014, 01:50:19 »
Encore une racaille démoniaque...

Tiens-toi à carreaux, ou tu subiras une autre décapitation, garantie sur facture !

(Bienvenue malgré tout ;D)

37
Le Royaume des Anges / Re : L'avertissement [Abigahëlle]
« le: dimanche 10 août 2014, 02:10:02 »
C’était, tu devais bien le reconnaître, une image assez touchante. En dormant, Kasielle s’était blottie contre Abigahëlle, ce qui, manifestement, en troublait l’Archange. Même Bath Kol s’amusait de cette situation, et, avouons-le, tu souriais également. L’innocence des Chérubins... Elle valait tous tes sacrifices. Même maintenant, alors que la vie n’était plus qu’un fil ténu entre tes doigts, tu continuais à le croire. Fermement. Ta main se tendit vers la tête de Kasielle, que tu caressas tendrement. Un soupir s’échappa de ses lèvres, mais elle ne bougea pas.

« Je pense en avoir assez vu, avais-tu alors dit. N’oublie jamais qui nous sommes, Archange Abigahëlle. Une collectivité, une force soudée et unie, pas une capitalisation d’égos comme le sont les démons. Là résidera toujours la différence entre eux et nous. »

Les Princes Infernaux voulaient tous un culte à leur image, comme si l’Orgueil, ce péché capital, était lié à tous les Princes. Toi, tu avais toujours pensé que l’orgueil, des Sept Péchés Capitaux, était le premier de tous, celui à lequel tous, de près ou de loin, succombaient. Le plus difficile à admettre, celui qui avait fait chuter Lucifer, et tant d’autres Anges... Celui qui avait failli te faire chuter. Il vous susurrait des mensonges rassurants, vous disiez que vous étiez le plus fort, le seul à même de résoudre une situation de crise. Il susurrait les mots du Diable, car les paroles du Diable étaient toujours un mélange de vérités et de mensonges. Là résidait sa force, et l’orgueil était sa plus belle lame. Il n’y avait pas qu’Abigahëlle qui se devait de ne pas l’oublier, tu le devais aussi... Toi, ainsi que tous ceux exerçant des postes à responsabilités au sein des Cieux.

De ton côté, tu estimais avoir transmis le message. Ce que tu avais vu était rassurant, réconfortant, et tu te surprenais à voir que tu pouvais encore avoir confiance envers cette femme. Tu étais partie avec ton bouclier, convaincue de devoir te heurter frontalement à une consœur, une situation que tu aurais trouvé horrible, et, à ton agréable surprise, l’issue de cette entrevue s’achevait avec un Chérubin en train de dormir paisiblement dans les bras de l’Archange.

Une issue positive... Un souvenir joyeux qui te revenait à l’esprit, te redonnant la force de continuant à ramper. Tu n’étais pas toute seule... Les Anges ne l’étaient jamais. On disait aux mortels que Dieu était toujours avec eux, mais, toi, tu savais que c’était moins ésotérique cela... Les Anges étaient toujours avec toi, et, tant que leurs cœurs continuaient à battre dans le ciel, ils formaient un cocon protecteur, qui avait toujours su renaître de ses cendres.

Tu t’étais élevée, ne voulant pas déranger Kasielle, pétrie de cette intime conviction qu’Abigahëlle méritait encore sa place parmi le Chœur des Archanges.

Et, à cet instant, tu espérais ne pas t’être trompée.

38
Les Lacruziens entendirent cette nouvelle armée venir. Les bruits de pas des milliers d’adversaires, leurs obucliers frappant en chœur sur le sol, provoquèrent des vibrations qui remontèrent le long d’une Lacruze éventrée, ouverte comme les cuisses d’une femme après un viol... Et, si l’allusion pouvait prêter à sourire, pour toi, elle était la plus fidèle à la réalité. Les Lacruziens avaient été attaqués par des démons, et des charognards venaient pour en profiter. La nature démoniaque ne changerait jamais. Tu sentais que ces nouveaux arrivants n’étaient pas l’armée de réserve de ce Malk. Après le coup infligé par Iranaël, il était en train de panser ses plaies. C’était un autre adversaire, et tu sentais l’aura de malveillance qui les entourait. Ce n’était pas les renforts ashnardiens, mais bien des ennemis supplémentaires. Ton regard se porta vers Narïm. Alliez-vous rester ici, ou partir ? Votre code était très clair sur le principe de non-ingérence dans les affaires des Cercles intermédiaires. Même si vous sauviez des vies, le Conseil pourrait, par la suite, vous le reprocher, en arguant que vous n’aviez pas à intervenir, et que votre impétuosité avait mis en danger le pacte de stabilité entre vous et les démons. Iranaël était la chef de l’opération, mais tu étais la plus expérimentée... Et ton cœur te disait d’agir. Tu ne pouvais pas laisser ces jeunes enfants être asservies, et ces mères avaient déjà suffisamment souffert comme ça.

« Que fait-on ? s’enquit Nazra en se rapprochant de toi et de Narïm.
 -  Il faut aller secourir les esclaves que nous avions libéré. Ces démons risquent de les capturer. Emmène Arinna avec toi.
 -  Je vous suivrais, intervint Narïm. Yehaël, le mieux est que tu restes ici. Cette nouvelle donne risque de redonner du courage dans le cœur meurtri des néarass. »

Tu acquiesças de la tête. Les trois Anges s’envolèrent, et survolèrent l’épaisse armée qui s’agglutinait aux pieds de Lacruze, attendant probablement un geste, un signe. Ils descendirent plus loin, usant de leurs sens pour retrouver les esclaves, et les portant pour les ramener à la cathédrale, leur ultime refuge. Certains étaient rabougris, proches de l’anorexie, et offrirent aux Lacruziennes esseulées une sorte de second souffle, un moyen de s’occuper l’esprit.

Iranaël, de son côté, savait ce qu’elle avait à faire. Elle ferma les yeux, et communiqua avec un autre plan... Il était évident que les Cieux voyaient ce qui se passait, et qu’ils répondraient... Soit en leur disant de partir, soit en envoyant des renforts. Il s’écoula ainsi plusieurs minutes, pendant lesquelles il était possible d’imaginer tout et n’importe quoi. Le Conseil pourrait tout à fait vous demander de vous replier, tu le savais. Tu pouvais les imaginer réfléchir, soupesant le pour et le contre, étudiant toutes les possibilités. Cette armée n’avait pas encore manifesté ses intentions, mais tu sentais qu’ils n’étaient pas ici pour jouer au bridge.

La réponse ne tarda pas à se faire par un puissant rayon lumineux dans le ciel, qui libéra une silhouette.

Une seule.

Une silhouette se mit à descendre, et tu reconnaissais cette aura. Elle descendait rapidement, filant, non pas vers la cathédrale, mais vers l’armée amassée devant Lacruze. Elle était considérée comme la Voix de Dieu. Pour els mortels, c’était de sa bouche que s’exprimait le jugement de Dieu, ou ses volontés. Vous, vous l’appeliez Bath-Kol, et elle était l’une de tes lointaines amies. Il était rare qu’elle sorte des Cieux. Elle portait une sorte de longue cape bleuâtre recouvrant partiellement son corps, et elle se posa sur le sol, soulevant des nuages de poussière.

Si elle était là, c‘est que les Cieux avaient répondu. Les nuages les masquaient, mais ils étaient bien là.

« Je suis Bath-Kol, lâcha la femme aux hommes amassés à quelques mètres devant elle. Cet endroit est un lieu béni. Si vous envisagez de l’attaquer... Vous en subirez les conséquences. »

Si l’envie leur prenait de l’attaquer, ils se heurteraient à un bouclier magique, qui laisserait le temps à Bath-Kol de se replier.

39
Azriël était têtu, et il sembla même totalement t’ignorer, préférant lancer de puissants sors magiques de zone, dévastant les environs. Les démons et les monstres vous assiégeaient de toute part, venant de partout, et tu ne pouvais pas rester en place très longtemps, les repoussant avec ta hallebarde, avec ta magie, soutenue par les Chérubins qui venaient vous rejoindre. La bataille faisait rage tout autour, d’autres Anges de la Milice continuant à frapper, lançant leurs sorts magiques, cherchant à percer les sombres nuages qui trônaient dans le ciel, se concentrant sur les îles flottantes du Zephyr. Comme toi, ils avaient bien compris que ces îles flottantes constituaient de redoutables avant-postes, permettant aux démons de lancer des troupes supplémentaires. C’était presque une carte tactique qui se dressait. Vous veniez du ciel, depuis des cônes lumineux qui reliaient les Cieux à d’antiques sanctuaires angéliques, à l’autre bout de la jungle, et les démons avaient leurs propres bases. De plus en plus de plumes dansaient dans le ciel, formant comme un funeste présage. Bien des Anges blessés s’étaient prudemment repliés, et d’autres, malheureusement, n’en avaient pas eu cette chance. Tu n’avais pas le temps de les pleurer.

Zahus, un Ange puissant, avec lequel tu avais déjà mené plusieurs croisades, vint te voir, soignant Azriël, avant de te parler. Azriël, toujours aussi prétentieux, s’était envolé dans les airs, continuant à affronter les monstres qui affluaient de toute part. Zahus se doutait qu’il se passait de quelque chose, t’indiquant qu’il y avait trop d’ennemis... Tu avais vu leur mage, mais tu sentais qu’il y en avait d’autres. Tout ça dépassait le cadre de simples démons, ce n’était pas une Légion infernale, non... C’était une menace encore plus profonde, et, avant que tu ne puisses vraiment répondre, Bast vint vous rejoindre.

Elle aussi, tu la connaissais. Elle vous avait aidé il y a des millénaires, à une époque où, toi aussi, tu n’étais qu’un Chérubin. Son aide vous était précieuse, sa magie était puissante, manipulant la Terre pour repousser tous les monstres au sol de votre ennemi commun. Elle vous expliqua ce que tu avais pressenti : tout ça était l’œuvre d’un Grand Ancien.

« Il y a une profonde cité sous-marine là-bas..., précisas-tu. Je pense que c’est R’lyeh, ou une cité similaire... En tout cas, un tombeau depuis lequel des fidèles cherchent à réveiller un Grand Ancien. Je suppose qu’ils doivent disposer de puissants artefacts leur permettant de contrôler la faune locale. Quant à ces démons, il doit s’agir d’un Prince ayant conclu une alliance avec ces invocateurs. »

Autrement dit, cette menace était nettement plus dangereuse qu’un Prince Infernal voulant étendre son influence. Les incursions des Grands Anciens, leurs tentatives de s’infiltrer dans votre monde, étaient de plus en plus récurrentes. Tu savais que, récemment, Iranaël et Azriël avaient mené une offensive pour empêcher Yog-Sothoth de revenir dans cette réalité. Le même scénario se répétait ici, et qu’Azriël soit en train de se battre avec une telle intensité témoignait de sa rage. En un sens, il te ressemblait beaucoup, si ce n’est que tu étais un peu plus calme que lui, un peu plus posée.

Des gug vous attaquèrent. D’autres créatures créées par les Grands Anciens, probablement les serviteurs de celui qui se trouvait endormi là-dessous. Tu avais pensé à Cthulhu, mais il était possible que ce soit un autre Grand Ancien qui sommeille là-dessous. Depuis leur tête ouverte, ils n’hésitaient pas à balancer des jets d’acide tout en attaquant. Tu tendis la main, créant un bouclier magique qui repoussa leurs attaques magiques, avant de fondre sur eux. Ton hallebarde en transperça un au centre, et tu le retiras, faisant tournoyer ton arme, pour la planter dans la gueule d’un autre monstre, faisant jaillir son sang acide comme du pus qu’on extrayait d’une plaie. La créature poussa un inaudible grognement de souffrance, mais tu constatas alors, à ta surprise, que les gug, en mourant, explosaient. Celui que tu avais transpercé explosa ainsi près de toi, et on entendit ton hurlement de douleur en sentant ton corps être soufflée par l’explosion acide.

Une bonne partie de ton corps était méchamment brûlée, et tu heurtas un sol dévasté par les attaques magiques. La jungle était méconnaissable ici, ne ressemblant plus qu’à une plaine cendrée, quelques rares rachitiques troncs d’arbres venant rappeler la jungle. Toi, tu gisais sur le sol, te redressant lentement. Zahus t’aida à te soigner, te recommandant d’être vigilant. Tu allais lui répondre... Quand tu sentis une présence magique massive en train de s’avancer.

« Qu’est-ce que c’est que ça ?! »

C’était comme un puits magique, énorme et colossal. Ton regard se porta au loin, vers la mer, alors que quelque chose de massif se rapprochait. Le Grand Ancien ? Non... Mais quelque chose de grand. Des vagues énormes s’avancèrent vers la plage, libérant une présence massive, colossale. Tu en fus estomaquée, en voyant un immense golem se redresser, dominant toute la zone.

Tyran.

L’immense colosse, semblable à un golem géant, se redressait de toute sa hauteur à la plage. Tyran était un monstre légendaire, un monstre d’acier et de magie, qui leva la main. Les lignes rouges sur son corps brillèrent intensivement, et des éclairs terribles jaillirent du ciel, fracturant ce dernier. Il tendit ensuite sa main, écartant les doigts, et les cracha vers vous.

« ATTENTION !! »

Tu déployas un nouveau bouclier magique. Des éclairs fluorescents fusèrent dans tous les sens, abattant de multiples Anges, les fauchant comme des épis de blé, et ton bouclier trembla sur place. Tu reçus le contrecoup de cette déferlante magique terrifiante, faisant exploser ton bouclier. Tyran était un golem créé par les Grands Anciens pour les aider, une sorte d’immense usine magique.

« Ils ont libéré leur champion de guerre... Ces sanctuaires magiques sur les îles flottantes doivent l’alimenter. Il faut les détruire ! »

Autrement, c’est bien lui qui risquait de tous vous pulvériser.

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Le Royaume des Anges / Re : L'avertissement [Abigahëlle]
« le: mercredi 18 juin 2014, 01:38:53 »
Elle se mit à vous parler, expliquant le fond de sa pensée, tandis que Kasielle, visiblement sonnée, dormait silencieusement, le visage apaisé entre les mains rassurantes de Bath Kol. Abigahëlle t’expliqua que les démons n’étaient pas foncièrement mauvais, mais qu’elle ne savait pas comment l’exprimer... Ou, plutôt, qu’elle ne pensait pas que le Conseil apprécierait qu’une Ange dise aux chérubins que les démons n’étaient pas fondamentalement mauvais. Silencieusement, tu l’écoutais sans rien dire, et, après sa tirade, un léger silence plana. Elle s’adressait sans doute à la mauvaise personne, tu ne crois pas ? Tu avais défié les démons pendant des siècles, et tué des dizaines de milliers de démons. Cependant, les préceptes angéliques étaient formels : la Lumière brillait pour tous, même pour les âmes qui s’en étaient le plus détournées. La rédemption était ouverte à tous. Tu ne dis rien pendant quelques secondes, avant que tes mains ne retournent se poser sur ses épaules.

Sur ton visage sévère et beau, un sourire arriva alors. Ampharia... Tu connaissais cette femme, tu l’avais déjà croisé à plusieurs reprises. Une femme qui vivait dans son phare, et qui était effectivement douce.

« La haine n’est pas une valeur que le Conseil prône, Abigahëlle. Même à l’égard des démons, ou des Grands Anciens. La Lumière brille d’un bout à l’autre du firmament. »

C’était une phrase-type, celle que les instructeurs sortaient fréquemment aux Chérubins pour leur enseigner les fondamentaux de la philosophie angélique. Les anges ne devaient pas haïr, ils devaient se méfier des Sept Péchés Capitaux.

« Tous les anges qui ont haï les démons ont fini par devenir comme eux, par sombrer, et par décroître. Je suis une femme lucide, Abigahëlle. Je sais que bien des démons sont des êtres retors, pervers, cruels, manipulateurs, et ne méritent que la mort, mais il faut se garder de généraliser. »

Entendre ça de ta bouche pouvait être drôle, car tu étais justement une femme qui aimait bien généraliser... L’Ange de la Pureté, impitoyable, et incapable de pardonner à quelqu’un quand tu voyais ses impuretés. Tu avais cessé de tenir ses épaules, croisant tes bras. Bath Kol choisit ce moment pour intervenir.

« Jadis, le Conseil a été appelé à se prononcer pour savoir s’il fallait éradiquer l’espèce humaine ou non... Nous avions remarqué que nos enseignements avaient été pervertis par ceux chargés de les professer, que la religion n’était devenue qu’un instrument politique agissant faussement au nom de la foi. Le Conseil s’est prononcé, et tous ont validé l’extermination de l’humanité... Sauf l’Archange de la Justice. »

Il n’y avait en effet nulle justice dans le fait de commettre un génocide. Cette anecdote était rarement narrée, car elle témoignait effectivement du mouvement qu’Abigahëlle déplorait : la radicalisation de la pensée angélique.

« Plus nous sommes proches de la lumière, et plus cette dernière nous aveugle... Les Anges comme toi sont nécessaires, Abigahëlle. Ils nous rappellent que, malgré toutes nos qualités, malgré toute notre pureté, nous ne pouvons tendre à la perfection, et qu’une tyrannie du Bien n’est pas plus enviable qu’une tyrannie du Mal. Rappeler aux chérubins que l’Univers n’est pas aussi binaire qu’on aimerait à se le dire n’est pas simplement un droit, c’est aussi un devoir. J’ai occis bien des démons, j’ai massacré bien des humains, mais je n’ai jamais perdu mes ailes, car j’ai toujours su préserver l’innocent du pécheur ne voulant pas se repentir. Cette logique n’est cependant pas partagée par l’intégralité de nos consœurs et confrères, et c’est pour ça qu’il est important que tu t’exprimes, Abigahëlle. Enseigner aux chérubins les subtilités de l’Univers, ce n’est pas les corrompre, ni les pervertir, c’est leur enseigner ce dont nous avons tous besoin : l’humilité. »

À force de voler si haut dans le ciel, vous finiriez par vous en brûler les ailes, s’il n’y avait pas quelques personnes cyniques pour vous le rappeler. C’est en ce sens que ces personnes étaient nécessaires dans les Cieux. À leur manière, elles étaient les gardiens de votre moralité... Et vous étiez respectivement les gardiens de la leur. C’était un équilibre dangereux et instable.

Mais nécessaire.

41
Que manigançaient-ils ? Cette question te travaillait. Depuis ta position, tu voyais Iranaël en train de discuter avec leur seigneur. Tu n’y croyais pas, tu ne croyais pas à leur sincérité. Les démons étaient fourbes et retors, des manipulateurs et des pervers qui cherchaient toujours à tirer leur épingle du jeu. Lacruze devait se remettre de ces cendres. La ville avait été massacrée par la charge des démons, témoignant des faiblesses de la défense ashnardienne. L’Empire était doué pour attaquer les forteresses ennemies, mais, quand il s’agissait de les défendre, sa configuration stratégique était très bancale. Il venait de le prouver. Tu regardais Narïm. Le redoutable ange était attentif, silencieux, tandis que Nazra et Arinna réconfortaient les femmes éplorées, caressant les enfants.

« Qu’est-ce qu’elle fait ?! s’exclama un Lacruzien.
 -  Pourquoi vous ne les achevez pas ? Ils se regroupent pour attaquer ! »

Iranaël était plus modérée que toi. Elle avait sans doute moins d’expérience avec l’esprit retors des démons, aussi. Elle se tenait dehors, sur le parvis, défiant les démons, écoutant leur proposition. Leur chef semblait vraiment envisager de se rendre, mais il voulait des garanties, affirmant que, s’il pactisait avec les anges, les autres démons voudraient le supprimer. C’était probable, mais, de manière générale, les démons n’avaient pas vraiment besoin d’un prétexte pour s’entretuer.

« Ton maître ne m’impressionne pas, rétorqua-t-elle simplement. S’il revient, je l’achèverai, s’il n’est pas disposé à suivre les préceptes de la Lumière. L’ombre n’est qu’un reflet émanant de la Lumière. »

Face à eux, Iranaël ne craignait rien. L’Ange du Jugement restait fidèle à elle-même. Elle savait aussi bien se battre que réfléchir. Est-ce que ce démon était sincère ? Les démons l’accompagnant s’étaient calmés, mais Iranaël connaissait suffisamment les démons pour ne pas croire à quelque chose d’aussi grossier. Cherchait-il simplement à gagner du temps ? Que ce soit vrai ou pas, elle se devait de lui répondre. Contrairement à eux, elle était une Ange, représentante de la Lumière, gardienne des Saints Commandements. Elle ne pouvait pas simplement laisser parler sa colère et sa rage, elle se devait aussi de savoir se contrôler. Aussi difficile que cela soit, c’était ce qu’on attendait d’elle.

Restant près d’eux, elle ne tarda pas à reprendre.

« La protection des anges ne s’accorde qu’à ceux désireux de retrouver la Lumière. Et la Lumière est le chemin que toute créature vivante est susceptible d’embrasser. Reniez vos allégeances envers les ombres, reniez votre jalousie et votre haine, et nous vous protègerons. »

Tout ça ressemblait à un discours de propagande. De loin, tu l’écoutais, guère convaincue. Tu ne croyais pas en leur bonne foi. Ils préparaient un mauvais coup, mais quoi ?

« Je sens quelque chose, intervint alors Narïm. Une force qui gronde au loin... »

Au sein de la Milice, Narïm officiait souvent comme patrouilleur. Ses sens étaient plus développés que les autres, et il sentait une présence massive et importante qui avançait le long des montagnes...

...Et qui se rapprochait.

42
Vous n’étiez pas dupes. Que faisait Iranaël ? Pourquoi lui répondait-il ? Il ne cherchait qu’à gagner du temps, probablement pour une tentative désespérée, probablement pour que les Lacruziens paniquent. Preuve que ces pourparlers étaient ridicules et factices, les néarass avaient balancé des têtes décapitées. Certaines femmes poussèrent des hurlements, et la Duchesse leur ordonna de se calmer. Tu les regardais, en fronçant lentement les sourcils. Qu’est-ce que tu ressentais pour eux ? De la compassion ? Elles avaient perdu leurs proches. Lacruze mettrait des mois à se reconstruire, et bien des familles avaient été brisées, bien des femmes étaient veuves, et bien des enfants lestés d’un parent. Dehors, la voix forte du démon continuait à négocier avec l’Ange du Jugement, demandant des preuves. Iranaël, en entendant ceci, fronça lentement les sourcils, et s’abaissa, atterrissant en haut du perron de la cathédrale, face aux néarass.

Ils s’étaient regroupés en un ultime bataillon, et Iranaël, évidemment, n’était pas dupe. Ce démon cherchait juste à gagner du temps, mais l’Ange se rappelait des principes de guerre. Les Anges se battaient pour défendre les valeurs des Cieux, pour protéger les plus faibles, pas pour la vengeance et pour répandre la haine. S’il y avait une seule chance d’éviter de faire couler le sang, il fallait la saisir, et ce même si Iranaël savait que c’était vain. Elle leva la main vers les arbalétriers. Ils étaient dans les tours de la cathédrale, près des cloches, et retinrent leurs tirs. Seule face à toute cette masse, Iranaël ne tremblait nullement, aucune peur en venant perler dans ses yeux.

« Remets-tu en doute la parole des Cieux, démon ?! s’exclama Iranaël. Je suis Iranaël, Ange du Jugement ! Crois en mes mots autant qu’en ma colère, démon, car c’est ma lame qui a meurtri ton Maître ! »

Elle brandit Justicia, et la lame angélique se mit à luire, le soleil se reflétant sur cette dernière, comme pour impressionner les néarass. Pour mieux les impressionner, Iranaël déclencha un sort à l’aide de cette lame, créant alors une sorte de vision dorée. Justicia mémorisait chaque coup qu’elle faisait, et les néarass purent ainsi voir la chute de leur Maître. Ils virent l’épée plantée dans sa chair, ils virent le monstre, massif, tenter de la dévorer. Puis Justicia se mit à flamboyer, et ils virent ensuite l’épée provoquer une explosion magique dans le flanc du démon, manquant le découper en deux. Son objectif était d’effrayer les démons.

« Déposez vos armes, et nous vous ramènerons auprès de votre Maître, puis nous scellerons le Portail que vous avez utilisé pour venir. »

Tu l’écoutais, dans la cathédrale. Nazra et Arinna étaient près des humains, essayant de les réconforter, écartant les têtes découpées des cadavres, promettant à la Duchesse que, dans la mesure du possible, elles honoreraient les morts en soignant les corps. La Duchesse Hannah était éprouvée, et on pouvait lire, parfois, la souffrance dans le fond de ses yeux. Son mari était mort, sa ville aux abois, mais elle ne pouvait pas se permettre de pleurer... Pas pour l’heure. Il fallait être forte.

De ton côté, tu attendais.

« Ces salopards n’ont pas dit leur dernier mot... observa Narïm.
 -  Que peuvent-ils faire ?
 -  Ce sont des démons, Yehaël. Tu le sais comme moi : leur arrogance est sans limites. Nous avons brisé l’ost de ce démon, nous avons failli le tuer. Je sens d’ici là sa rage et sa colère. Sa seule envie sera de revenir ici, de se venger de nous, de raser Lacruze en profondeur. Ils veulent gagner du temps, et sans doute trouver un moyen de continuer à affaiblir Lacruze. »

Tu hochas la tête. La forteresse était brisée, mais les bâtiments étaient encore debout, et tu regardas Narïm.

« Ils cherchent à incendier la ville ?
 -  C’est une possibilité », reconnut-il.

Tu te pinças les lèvres.

Ces gens avaient déjà tellement perdu... Vous ne pouviez pas laisser un incendie éclater sans réagir.

« Sois sur tes gardes », te contentas-tu de dire.

43
Tu sentais que les choses bardaient en contrebas. Certains de tes camarades se tenaient en contrebas, au milieu de la jungle, et tu sentais la puissance d’Azriël. Le redoutable Ange de la Bravoure faisait encore des siennes. La présence de tous ces chérubins devait lui monter à la tête. Il en faisait trembler le sol, répandant des vibrations magiques qui suintaient dans l’air. Vos ennemis étaient tellement nombreux, c’était à peine croyable. C’était comme si la nature de Terreaufair elle-même les rejoignait. Tu fondais dans un décor apocalyptique sur l’une des îles flottantes du Zephyr, défiant des ptérodactyles qui te chargèrent. Ta lance et tes tirs magiques zébraient le ciel, fauchant ces monstres préhistoriques comme la faux fauchant les épis de blés. La bataille faisait rage, les cultistes se défendaient avec acharnement.

Un ptérodactyle te frappa dans le dos, ses griffes labourant ton corps. Tu perdis contact, son poids t’emportant avec lui, et tu t’affalas sur l’une des îles, roulant sur le sol, avant qu’un chérubin ne réussisse à te sauver de cette passe en envoyant un trait magique qui repoussa le monstre. Blessé, le dinosaure s’envola rapidement. Ton dos était en sang.

« Ange Yehaël ! s’exclama-t-il, catastrophé.
 -  Ça va, ça va, Azhum... Sois prudent. »

Le ptérodactyle t’avait poussé dans une espèce de canyon, de crevasse étroite. Vous étiez provisoirement à l’abri du combat. La magie blanche agissait déjà sur ton corps meurtri. Tu te relevais lentement, voyant Azhum, à côté de toi. Le jeune chérubin était nerveux, tenant fermement son épée, te jetant des œillades discrètes. Il était soulagé d’être avec toi. Yehaël, la célèbre Ange de la Pureté. Terrifiante au combat, intransigeante à l’entraînement. Tu les avais fait souffrir, ces pauvres chérubins, mais, si on voulait rejoindre la Milice, et défendre vos valeurs, il fallait le mériter. La discipline était importante, et on en pouvait l’acquérir qu’avec une solide formation. Azhum t’admirait, mais tu ne lui souris pas. L’heure n’était pas aux sourires idiots.

« Il faut neutraliser le mage qui se trouve sur cette île. Ma chute a pour elle de pouvoir nous rapprocher de lui sans subir les assauts de nos adversaires. »

Comme quoi, à chaque chose, malheur est bon, n’est-ce pas ? Tu t’avanças lentement, évitant de voler, afin de ne pas attirer l’attention des ennemis. La bataille continuait à faire rage, et tu sentis toute l’île vibrer quand un immense monstre aérien la heurta violemment, abattu en plein vol par tes congénères. Azhum restait dans ton dos, et tu arrivas de l’autre côté de cette faille, voyant une plaine d’où s’élevait un cône de magie pure. Il y avait, au centre, des cultistes, formant un cercle autour de ce dernier, priant, vénérant ce cône.

« Cette magie est puissante, Ange Yehaël...
 -  Et interdite... Tu le vois ? Le mage est là. Il récite des mots d’une langue qui t’est inconnue, Azhum... »

Le mage noir flottait en hauteur, et tu reconnaissais, pour les avoir déjà vus, les runes des Grands Anciens. La mélopée que le mage noir disait était issue d’un livre infernal, honni de tous, et dont toute publication était interdite : le Necronomicon. Le livre infernal, plus vieux que le monde lui-même, abritait les secrets des Grands Anciens, leur force. Ce mage était un disciple. Tu serras les poings. C’était une magie ancienne, aussi puissante que malfaisante.

« Je vais m’occuper de ce mage, Azhum... Toi, tu t’occuperas des cultistes. »

Azhum hocha la tête, mais tu voyais cette lueur dans son regard, tu sentais son envie de t’aider, son envie de ne pas rester à des tâches subalternes. Azhum était doué, mais vous n’affrontiez pas un vulgaire mage renégat manipulé par un quelconque baron infernal.

« Je suis sérieuse, Azhum ! dis-tu en haussant le ton. Laisse-moi m’occuper de ce démon !
 -  Très bien, Ange Yehaël... »

Tu ne pouvais qu’espérer qu’il ne ferait rien de stupide. Tes ailes se déployèrent, tu t’envolas, et tu fonças comme une flèche, envoyant une lance magique. Des gargouilles à proximité te chargèrent, mais ne purent rien faire contre l’onde magique que tu lanças depuis ta main, les renversant. Tu fonças vers le mage, mais, alors que tu allais le pourfendre avec ta lance, un bouclier magique l’enveloppa, et te repoussas sèchement.

« Ange... Faux prophètes ! Ce monde est nôtre... »

Ses yeux étincelaient d’une lueur mauvaise. Du sang s’échappait de tes lèvres. Tu serras les poings, et envoyas des cristaux de lumière contre son bouclier. Les cristaux explosèrent près de lui, et il se concentra davantage. Son bâton se mit à luire, et une lueur verdâtre te frappa alors. La douleur explosa en toi, et tes mains se dressèrent devant toi, afin de te protéger. La lueur verdâtre était éblouissante, éprouvant ta résistance.

« Nul ne peut s’opposer à Eux, Yehaël.. Ils lisent ton nom, et Ils se gaussent de toi ! Tu n’es qu’une poussière à Leurs yeux, toi et tes maîtres vains ! »

C’était un mage qui parlait un peu trop, selon toi, mais sa magie était efficace. Cependant, comme il venait de le dire, tu étais Yehaël, l’Ange de la Pureté. Azhum te regarda avec crainte, luttant contre l’envie d’intervenir. Le rayon magique te faisait reculer, mais une lueur brillait dans la paume de tes mains. Tes doigts s’entrouvrirent, libérant des filaments magiques qui se déplacèrent alors, et frappèrent le monstre. Le mage grommela de dépit en sentant ses membres être entravés par des cordes dorées. Il les brisa rapidement, et t’attaquas alors en balançant des rayons courts explosifs. Il te suffisait de les esquiver, tournoyant autour de lui, tandis que les traits explosaient contre les parois de l’île flottante. Ce mage était fort, c’était un fait... Mais tu n’étais pas mal non plus. Tes mains enflammées cicatrisaient déjà, et tu fondis sur lui. Ta lance se heurta à son bâton, mais, si sa magie était forte, ta force physique surclassait la sienne. Tu le repoussas, et déplaças ta lance pour l’occire, mais il choisit de se téléporter, disparaissant à ta vue.

« Lâche... » grommelas-tu.

Le cône magique fut désactivé, et tu te posas sur le rebord de l’île flottante, regardant en contrebas. La Déesse ancienne faisait des ravages contre les adamankhelones, faisant sortir des espèces de monticules du sol, empalant les monstres, sa force physique suffisant à les repousser.

« Vous avez repoussé ce mage, Ange Yehaël ! »

Azhum était sincèrement impressionné. Tu secouas cependant la tête, de gauche à droite.

« Ce n’était qu’une image... Le véritable mage est plus loin...
 -  Alors, que faisons-nous ? »

Tu y réfléchissais. Ton regard se porta sur Azriël. Dans cet océan d’ obscurité, l’Ange de la Bravoure était comme un phare baignant dans l’obscurité, attirant à lui bien des démons. Comme toujours, il avait fait de l’excès de zèle.

« Nous allons soutenir Azriël. »

Le chérubin ne dit rien, mais tu sentais sa désapprobation. Pour lui, il aurait fallu continuer à sécuriser les airs, mais tu faisais confiance à tes camarades pour y arriver. Les ennemis se massaient sur le sol, et il était important de se déplacer pour soutenir tes alliés au sol. Tu te laissas tomber en piqué, filant à toute allure, avant de t’arrêter à quelques mètres du sol, surplombant Azriël. Ses ailes avaient été meurtries.

« Toujours à vouloir impressionner la piétaille, Azriël ? Ta fougue te coûtera la vie, un jour. Nos ennemis sont bien trop nombreux, et des mages infernaux les dirigent. Tu auras besoin de tes ailes. »

Le fait est qu’un Ange privé de ses ailes était aussi privé de la majeure partie de ses capacités de combat.

44
Votre résistance était honorable. Si c’était là un baroud d’honneur, alors vous l’aviez accompli. Les néarass étaient plus nombreux, mais, fort heureusement, ils n’étaient pas très malins. Ils voyaient une ouverture, et s’y ruaient bêtement, au lieu de chercher à en creuser d’autres. Ils entraient dans un véritable goulot d’étranglement. Les flèches et les carreaux des Lacruziens s’abattaient sur eux. C’était certainement la chair de la femme qui attirait les néarass, la perspective de pouvoir les prendre avec leurs vits. La porte n’était pas extensible à volonté, et, quand les néarass venaient, vous les accueilliez. Les premiers furent tués dans le narthex, incapables de s’avancer plus avant. Le sang de l’un d’entre eux aspergea un bénitier quand ta lame l’égorgea. Narïm, malgré ses blessures, restait toujours aussi solide, un inébranlable roc, malmenant les démons. Vous étiez fatigués. Même si vous pouviez vous soigner, les blessures restaient là, meurtrissant votre chair. Vous ne vous arrêteriez pas, mais chacun d’entre vous sentait que la bataille touchait à sa fin.

Prudemment, les Lacruziens vous soutenaient, les spadassins hésitant à attaquer. Ils avaient vu tant des leurs mourir, et, vu l’espace réduit, ils avaient le sentiment que se battre ne servirait à rien, que vous ne feriez que vous les gêniez, dans un espace aussi clos... Sur ce point, ils n’avaient pas foncièrement tort. Vous tournoyiez, laissant des plumes blanches dans votre sillage, surprenant les néarass par votre rapidité et votre agilité, les attaquant par en-haut. Tu vis ainsi Arinna et Nazara jaillir depuis les poutres, posant leurs pieds sur les épaulières de deux néarass, avant de, conjointement, enfoncer leurs épées dans leurs gueules, faisant rougeoyer les lames, et tuant les deux monstres. Les lourdes armes des néarass sifflaient mortellement, et tu te reçus même un coup à la joue. Plusieurs de tes dents sautèrent sous l’impact, qui manqua bien t’arracher la joue, mais, avant même que tu ne puisses répliquer, Nazara l’attaqua. Le tout était d’être rapide, afin d’éviter que les néarass ne s’accumulent.

« Haaa !! Haaaa !! hurlait Narïm. Engeances infernales !! Pouilleux de merde, crevez !! »

Il était bien plus expressif que vous. Un néarass le frappa à la main, faisant sauter sa lourde épée. Narïm répliqua par un coup de boule à l’ancienne, écrasant le nez du néarass. Il attrapa ensuite la hache du néarass, et la lui vola, puis la manipula pour la planter dans le crâne du monstre. Un autre néarass l’attaqua alors, cherchant à frapper le dos de Narïm avec sa masse. Ce dernier pivota légèrement, et tendit sa main pour se protéger. La masse heurta son poignet, puis son dos, le déplaçant contre un pilier. Le néarass tenta de profiter de son avantage, mais une flèche lacruzienne réussit à lui transpercer la gorge, rappelant aux démons que vous n’étiez pas les seuls à défendre les femmes.

Terrorisées, ces dernières s’étaient agglutinées autour de la Duchesse Hannah. Chacune de ses mains tenait celle de deux petites filles. Elle vit un Ange être repoussé. Iranaël heurta un banc, et atterrit au milieu de plusieurs Lacruziens. Un démon venait de la frapper, et le choc l’avait repoussé. De ton côté, tu continuais à te battre, à repousser les néarass, à les vaincre. Les cadavres s’accumulaient. Tu évitas le poing d’un néarass en fléchissant les genoux, et la lance le transperça du bas vers le haut, ressortant de l’autre côté de son corps, rouge de sang. Le démon ouvrit la bouche dans un hurlement muet, son sang tombant sur ton nez et tes joues. Tu le repoussas, et vous continuiez à les affronter, sans relâche, toujours avec la même fougue, la même force.

Au bout d’un moment, les néarass cessèrent d’attaquer. Vous vous regardâtes. Que préparaient-ils ? La réponse ne tarda pas à venir quand leur chef vous proposa une solution : que vous partiez avec les Lacruziens, en leur laissant la ville.

« C’est un piège », décréta Narïm.

Il n’était même pas besoin de le dire pour le savoir. Tu te retournas, observant les Lacruziens. Les soldats étaient peu nombreux, épuisés, et les femmes terrorisées.

« Tout pacte avec le Démon est une fornication et une offense au Seigneur ! hurla alors Anne, la bigote.
 -  Taisez-vous, Anne ! s’énerva la Duchesse, épuisée.
 -  Un sacrifice ! Le Seigneur exige un sacrifice, tout comme il exigea jadis le sacrifice de son fils pour pardonner à l’Humanité, ce fils ingrat et indigne ! »

Ton regard se détourna d’elles pour observer Iranaël.

« Que fait-on ? demandas-tu.
 -  Ils n’arrivent pas à passer, et veulent tout simplement nous faire sortir.
 -  On a qu’à sortir pour leur latter la gueule, suggéra Narïm.
 -  Et les laisser sans protection ?
 -  Je peux toujours rester en arrière-ligne pour les défendre, rétorqua Narïm.
 -  Ne surestime pas tes capacités, Narïm, nuança Nazra. Si nous sortons, les néarass voudront se ruer à l’intérieur. »

Iranaël se rapprocha alors des soldats, et leur demanda si des renforts devaient arriver. Ce fut la duchesse Hannah qui intervint, après avoir pris dans ses bras des petites filles. Malgré la mort de son mari, elle se montrait encore digne, car elle savait que les autres se reposaient sur elle. Si elle s’effondrait, ils suivraient les paroles d’Anne, une espèce de fanatique qui priait fermement devant l’autel.

« Quand nous avons appris que des démons se rapprochaient, nous avons envoyé des messagers à la plus proche garnison. »

Il allait malheureusement falloir attendre, et ce laps de temps donnerait à votre ennemi le temps de se reconstituer. Sortir était trop dangereux. La Duchesse leur expliqua qu’il y avait bien une crypte dans laquelle s’abriter, mais elle ne retiendrait pas longtemps les démons. Iranaël hocha la tête. Son plan était fixé, et elle s’envola, passant par les cloches de la cathédrale pour se tenir dehors, dévisageant la masse de démons agglutinée en contrebas.

« Nous avons une contre-proposition à faire, démons. Vous avez perdu cette bataille. Votre Maître est tombé. Il a fui en vous laissant ici pour vous sacrifier. Il vous a promis monts et merveilles, mais vous ne récolterez rien de plus que la souffrance en vous acharnant ainsi. Déposez les armes, rendez-vous, et nous vous accorderons un sauf-conduit vers votre terre natale. Continuez à vous obstiner, et nous vous tuerons tous ! »

Voilà votre proposition, exprimée succinctement.

45
La bataille faisait rage, non seulement entre vous et les démons, mais aussi entre les démons eux-mêmes. Les berserkers s’étaient retrouvés pris en sandwich, entre vous et les néarass, et avaient été annihilés. Vous auriez pu vous croire victorieux, mais les néarass étaient encore nombreux, et les Lacruziens affaiblis. De plus, les néarass constituaient des troupes lourdes, des guerriers redoutables, qui repoussèrent les Lacruziens, leurs armes se brisant contre leurs lourdes armures. Plusieurs Lacruziens furent tués par les énormes épées des néarass, et l’un d’eux attrapa la tête d’un soldat, le balançant comme une flèche. Il heurta douloureusement la porte, ébranlant cette dernière, faisant tomber des volutes de poussière. À l’intérieur, les femmes hurlèrent, paniquées.

« Regroupez-vous à l’arrière ! leur hurlait Hannah.
 -  Ils sont là ! Votre mari a échoué ! Les Anges nous ont abandonné ! paniquait une femme.
 -  Repentez-vous, pécheresses, car c’est le fruit de votre Luxure qui a amené ces monstres ici ! »

Si Hannah n’était pas aussi paniquée, et si elle n’avait pas un aussi affreux sentiment sur son mari, il y aurait belle lurette qu’elle aurait ordonné à cette femme de se taire. Elle était la femme d’un forgeron, mais les flammes de la folie religieuse brûlaient dans ses yeux. Elle exhortait depuis le début ces femmes, en leur hurlant que c’étaient leurs péchés qui avaient amené ces démons ici, et qu’il fallait se scarifier pour les repousser. Alors qu’on entendait la porte trembler, certaines paniquèrent, priant avec un peu plus d’acharnement, en s’amassant autour de la bigote, Anne.

De ton côté, tu continuais à tenir. La bataille devenait acharnée. Des adversaires moins têtus auraient choisi de se replier après autant de pertes, mais les néarass avaient été trop loin pour abandonner, et leur maître comptait sans doute s’emparer de Lacruze pour sr forger une nouvelle horde. Il ne pouvait pas savoir que les Ashnardiens ne laisseraient pas leurs terres entre les mains d’un étranger, d’une menace qui avait ravagé l’une de leurs villes et massacré leurs citoyens. Il était trop furieux pour ça, mais les néarass continuaient à se battre. Tu plantas ta lance dans la nuque de l’un d’entre eux, et la tête d’un soldat lacruzien vola de ses épaules, son sang t’aspergeant. Tu retiras ta lance, la fit tournoyer, et frappa la lance de l’ennemi. Narïm choisit ce moment pour revenir dans la bataille, sa la lame se heurtant à celle d’un néarass qui s’apprêtait à s’abattre sur un Lacruzien. Terrorisé, l’homme, à peine un adolescent, tomba à genoux, médusé.

« BATS-TOI, GAMIN !! » lui hurla Narïm de sa voix caverneuse.

Le gosse, avec les mains qui tremblaient, raffermit sa prise sur son épée, et l’enfonça dans le plastron du démon, rencontrant une faible résistance molle et chaude. Le sang du néarass jaillit. La bête hurla, se déconcentra légèrement... Et Narïm en profita. Sa tête heurta celle du néarass, repoussant le démon, puis Narïm planta son épée dans son corps. Narïm se retourna brièvement vers le jeune soldat, aux yeux effrayés.

« Défends cette porte, gamin ! »

Le « gamin » aux cheveux collés sur son front n’hocha même pas la tête, et Narïm sourit légèrement. Il devinait un garçon plutôt mignon, un héros de guerre qui finirait ce soir dans le lit d’une grosse... S’ils arrivaient à tenir, bien sûr. Narïm avait reàçu plus que son lot de blessures acceptables dans un combat.

« Profitez de leur force ! Leurs lourdes armures les ralentissent !! »

Iranaël donnait ses conseils stratégiques. Elle était aussi rapide que toi, aussi svelte, et vous voletiez autour des néarass, les frappant, les saignant. L’un d’eux réussit néanmoins à enfoncer sa masse dans le torse d’Iranaël, la clouant au sol. L’Ange du Jugement en eut le souffle coupé, et tu intervins, tranchant le bras du néarass cherchant à la blesser. Ce faisant, un démon réussit à te frapper avec toute sa force. Il t’attrapa à la jambe, te fit tournoyer comme un lasso, et t’utilisas comme un projectile. Tu filas contre le perron, le heurtant, rebondissant, et transperça la porte de la cathédrale.

Tu roulas sur le sol, atterrissant au milieu de femmes et d’enfants effrayés. De chaudes mains se posèrent alors sur ton corps, et, en te retournant, tu sentis l’âme pure qui avait réussi à vous invoquer. La Duchezsse Hannah, irradiante d’innocence et de bonté. Tu lisais une peur sincère dans son regard, pour elle, mais avant tout pour son peuple, et tu te sentis alors désolée pour son mari... Ainsi que pour les maris de toutes ses femmes.

« Rien à faire ! entendis-tu quelqu’un hurler. Repliez-vous dans la cathédrale !
 -  Dans la cathédrale, vite ! »

Les femmes hurlèrent à nouveau.

« Rien ne peut arrêter le Démon ! hurla Anne. Car il est Dit et Écrit que le Saint est tout. Le Mal est notre épreuve, et notre rédemption ! Ce sont nos péchés qui nous ont amené cette punition ! »

Tu crachas du sang, avant de regarder Hannah, et tu tendis ta main vers elle.

« C’est grâce à toi que nous sommes là...
 -  Sauvez-nous, je vous en prie... »

Elle était une sainte. Tu sentis ses yeux s’embuer, et tu te redressas lentement. Cette femme ne méritait pas un tel sort. Les Lacruziens formaient un barrage dans la cathédrale, leurs flèches et leurs carreaux repoussant les premiers néarass. Narïm, Iranaël, Nazra et Arinna se placèrent pile devant, tandis que tu te mis à les rejoindre.

« Leur Maître s’est éloigné... Il panse ses plaies pour une seconde attaque.
 -  Tâchons d’en finir avec celle-ci, alors.
 -  Je ne demande que ça.
 -  Je prends toutes ces petites bites.
 -  Tâche d’en laisser pour tes copines... »

Iranaël fondit la première, et vous la suivirent. Cette fois-ci, il n’y avait plus de repli possible. Vaincre ou mourir.

Pas d’autres options.

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