Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Pages: [1]
1
L'Enfer / Les Démons Du Passé [Destin A. Smodée]
« le: samedi 22 juillet 2017, 22:25:48 »
Tes ailes se déployèrent tandis que tu te posais dans ce lieu maudit. Tes souvenirs avaient beau remonter à des millénaires, tu te souvenais encore parfaitement de tes périples en Enfer. Ce n’était pas un endroit où tu te rendais par plaisir, n’est-ce pas ? Et là, alors que tes pieds foulaient ce sol cendré, tes poumons inhalaient à nouveau cet air vicié, corrompu par le soufre et par la lave en fusion qui, perpétuellement, s’écoulait des volcans et des déformations rocheuses poussant le long du sol. Le Royaume des Morts n’avait jamais été particulièrement attirant, surtout depuis que les Dieux avaient décidé de le dissocier, de créer le Paradis et l’Enfer, à proprement parler, le premier plan sous la gouverne des Anges, le second sous celle des Démons. Tu connaissais l’Enfer, tu savais que tu n’y étais pas la bienvenue... Mais il avait fallu que tu t’y rendes, pour que tu comprennes.

Très profondément enfoncée en Enfer, il y avait une ancienne cité, une cité qui datait d’une époque reculée, et qui, jadis, avait servi de sanctuaire pour le culte maudit des Grands Anciens. La R’lyeh des Enfers... Et, récemment, l’Enfer avait été ébranlé jusque dans ses fondations lorsque, depuis R’lyeh, un Portail avait été ouvert, et avait libéré un Grand Ancien : Hastur. Un chaos généralisé avait ébranlé tout l’Enfer, remontant jusqu’au Paradis, avant qu’Hastur ne soit finalement renvoyé dans sa prison*. Mais comment tout cela avait-il pu avoir lieu ? Les Anges se perdaient en conjonctures, et le retour des Grands Anciens était tout simplement préoccupant. Jadis, ils avaient été enfermés, scellés par une grande alliance ayant regroupé tous les panthéons divins, sous l’égide des Anges, et dans des circonstances que tu ne connaissais pas très bien. Tout ce que tu savais, c’est qu’ils avaient été vaincus. Mais, chaque jour qui passe, les prisons dimensionnelles où ils avaient été placés s’effritaient, se rompaient... Et un Grand Ancien avait finalement été libéré. Provisoirement, certes... Mais libéré.

Et ça, tu ne pouvais pas le laisser passer, c’était aussi simple que ça. La menace d’un Grand Ancien était trop sérieuse pour la négliger, tout simplement. Et puis, tu étais convaincue qu’Il était derrière ça. L’Étranger Sans Âge... Le Magicien. Randall Flagg. Un mage que tu traquais depuis maintenant des siècles, et dont les pouvoirs ne cessaient de t’impressionner. Bien sûr, le Conseil ne prenait pas cette menace au sérieuse, mais toi... Toi, tu avais vu de quoi Flagg était capable. Et tu savais qu’il était lié, d’une manière ou d’une autre, aux Grands Anciens, à l’effondrement des Dieux sur Terra... Les motivations de Flagg, son grand plan, t’échappaient encore en ce moment, mais tu savais que ça impliquait les Grands Anciens, et que tu obtiendrais potentiellement des réponses ici.

Après l’arrivée d’Hastur, il ne restait quasiment plus rien de cette ville, si ce n’est de multiples ruines, profondément enfouies sous les Enfers, bien en-dessous des Cercles Démoniaques. Tu avais dû passer par le Cercle de la Luxure, afin de rejoindre la cité détruite plus rapidement. Tu te tenais là, avançant au milieu des bâtiments en ruines, des tas de débris, revoyant l’autel central, là où une puissante magie, dont il restait encore des traces résiduelles, avait permis de libérer Hastur.

« Une telle puissance est effrayante... » te dis-tu pour toi-même.

Qu’est-ce qui pouvait avoir provoqué ça ? Quelle magie surpuissante ? Tu avais entendu parler d’une Machine à Nexus, où, récemment, un Grand Ancien avait failli s’enfuir**. Tu t’étais rendue sur place à l’époque, et la terrible magie que tu avais ressentie... Tu la ressentais aussi ici. Tu t’approchais donc de l’autel, tes doigts glissant sur le sol, enlevant des cendres et des traces de poussières, te permettant de voir, dessous, des runes et des lignes ancestrales, dont le contact provoqua sur ton corps des frissonnements.

Tu ressentais la magie redoutable des Grands Anciens, plus noire encore que la magie noire.

Et, alors que tu continuais à examiner les lieux, tu te redressas brusquement, sur la défensive, en sentant une puissante aura magique et démoniaque qui s’approchait... Ils arrivaient plus tôt que prévus.




* : Cf. RP « Le Talisman Et La Louve ».
** : Cf. RP « A Machine For Pigs ».

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Les alentours de la ville / La Neuvième Porte [Valadhiel]
« le: lundi 09 janvier 2017, 00:57:19 »
Monteriggioni, Italie

Quiconque visite la Toscane se doit d’emprunter la SR2, ou de prendre l’autoroute, pour rejoindre ce petit village fortifié perdu dans les montages, comprenant à peine une dizaine de milliers d’âmes répartis dans le bourg historique, ou dans la région environnante. Quiconque voit cette solitaire ville plantée au sommet de sa montagne, entourée par ses remparts et ses quatorze tours, ne pourra s’empêcher de se demander s’il n’est pas revenu dans le passé, et s’il est bien toujours au 21ème siècle. À tes yeux, Monteriggioni faisait partie de ces villes légendaires ayant conservé leur lien avec le passé, et ce lien te semblait encore plus fort ici, dans cette ville reculée et méconnue, que dans d’autres villes envahies par les touristes, comme Carcassonne, ou le Mont Saint-Michel.

Monteriggioni était un village isolé, et magnifique à voir. Et, en cette nuit étoilée, flottant depuis les airs, c’était bien cette ville que tu apercevais. Le long de la Plazza Roma, les petits restaurants locaux avaient rangé les terrasses, et la place était déserte. Composée de petites rues, le minuscule bourg s’était endormi… Mais, fugacement, une silhouette s’avançait. Tu la connaissais. C’était une personne que tu espionnais depuis quelques temps. Matteo Escuales s’avançait rapidement, sans savoir qu’il était surveillé par une silhouette angélique, et traversait la place pour rejoindre la Chiesa di Santa Maria, l’église de Monteriggioni, reliée elle-même à l’Hotel Monteriggioni.

Escuales ne rentra pas directement dans l’église, mais la contourna, rejoignant la cour un peu sauvage se trouvant à côté, entre l’église et le rempart de la ville. Il se rapprochait de l’arrière de l’église, sans savoir que tu t’étais posée sur le toit du clocher, sourcils froncés.

*C’est donc là qu’il se trouve* songeas-tu fugacement.

Tu te déplaças encore un peu, voyant Escuales s’approcher d’autres hommes.

« Vous l’avez ? s’enquit l’un des hommes.
 -  Vous avez l’argent ? » répliqua Escuales.

Les dialogues les plus courts étaient souvent les meilleurs. Escuales indiqua que la formule était dans sa chambre, et les autres hochèrent la tête, visiblement satisfaits. Eux aussi avaient l’argent, et tu fronças les sourcils. Matteo n’était qu’un second couteau, engagé par quelqu’un d’autre pour retrouver les Portes, mais ce n’était pas une raison pour le sous-estimer. De ton côté, tu hésitais encore à intervenir. En soi, tu avais maintenant suffisamment d’informations pour les stopper, mais quelque chose te soufflait d’attendre encore un peu.

Matteo était un simple innocent dans cette histoire, bien loin de se douter avec qui il faisait affaire. Un simple assistant conservateur à la BNCF, la Bibliothèque Nationale Centrale de Florence, avec une salaire de misère, qui avait reçu une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Mais toi, tandis que tu les voyais s’écarter, tu sentis également les auras malfaisantes de ces gens. C’est cela qui, finalement, te fis hésiter, car, tandis qu’ils rejoignaient l »’hôtel, tu te redressas, en sentant une présence plus malfaisante depuis la Plazza Roma.

Une magnifique femme brune se tenait là, près de l’église, et tu sentis rapidement, à ce moment, qu’il y avait… Autre chose derrière ce visage et ce corps tendre.

*C’est… Je sens une présence malfaisante…*

Tes ailes se déployèrent alors, et tu te posas devant la femme, atterrissant rapidement sur le sol.

« Toi… Tu es une Ange déchue ! »

Pour toi, cette femme ne pouvait qu’être liée à ceux qui étaient en train de faire cette transaction, et c’était là, à ce moment, ton erreur… Une erreur qui aurait les conséquences que tu sais, maintenant, et que tu continues encore à regretter.

« Je m’appelle Yehaël, Ange Noir, et, en tant qu’Ange de la Pureté, il m’incombe de t’appréhender ! Tu n’ouvriras pas la Neuvième Porte ! »

3
Les contrées du Chaos / Les Cendres Du Passé [Vayron]
« le: vendredi 28 octobre 2016, 20:22:07 »
« N'est pas mort ce qui à jamais dort
Et au long des ères peut mourir même la mort
»

(Necronomicon)



Le temple d’Ixchel était un endroit, situé sur Terra, que tu connaissais très bien. C’était une particularité magique, inexplicable par des raisonnements logiques, situé dans un endroit isolé, très reculé, éloigné des routes commerciales. Un endroit où très peu d’étrangers du continent venaient, mais où les sirènes aimaient souvent se rendre. Ixchel est une divinité liée à l’Eau, et qui, à l’image de l’Eau, peut se montrer aussi bienveillante que malfaisante. Pour autant, tu admettais volontiers qu’elle avait surtout une action bénéfique. C’était une divinité que tu connaissais bien, car, régulièrement, elle aidait les Anges. Pendant la Grande Guerre qui avait opposé les vôtres aux Grands Anciens, Ixchel avait fait partie de ces divinités ancestrales ayant puisé dans toutes leurs ressources pour venir à bout de ces monstres.

Cette guerre, tu ne pouvais pas t’en rappeler, car tu n’existais pas à l’époque, mais tu te rappelais, et tu te rappelles d’ailleurs toujours, de ce que les autres en ont dit. Tu as vu les archives, les enregistrements, tu as vu la puissance infinie de ces géants, que rien ne pouvait entraver, ni stopper. Et, même s’ils ont été bannis, et enfermés en-dehors même du Multivers, leur empreinte est toujours là. De fait, ta principale tâche n’était pas tant de combattre des démons (même si tu en affrontes beaucoup) que d’affronter les résurgences des Grands Anciens, les souvenirs qu’ils ont laissé. Même scellés à jamais, leur puissance est telle que leur esprit arrive encore à sortir de leurs prisons éternels pour influencer les vivants. Et ça, tu le savais très bien, pour avoir déjà affronté ces résurgences. Des cultistes créant des sectes sinistres, des monstres et des abominations jaillissant dans les mondes fragiles... Et Terra était un monde de prédilection pour eux.

Ixchel avait une grande responsabilité, et, si elle était parfois vue comme malveillante, c’est parce qu’elle n’hésitait pas à tuer des humains qui voguaient sur ses mers pour chercher à procéder à des sacrifices humains, afin de réveiller les Grands Anciens. Tu t’étais battue avec elle il y a des millénaires, lors d’un rude et âpre combat contre des monstres tentacules s’échappant de la croûte de Terra, et, depuis lors, vous avez lié connaissance et amitié, Ixchel te contactant régulièrement face à des problèmes difficiles à gérer.

Son temple était une île très particulière, puisqu’elle se situait au milieu de l’eau, dans un trou aquatique où un temple avait été conçu par la terre. Le sol de l’île était composé de mousse végétale, de terre, et d’algues, rendant l’endroit étonnamment agréable. Des moines humains vivaient ici, généralement des naufragés qu’Ixchel avait récupéré, et qui n’éprouvaient plus le désir de partir. Ils étaient en paix dans ce temple, et, pour se défendre, Ixchel disposait, outre d’elle-même, de sirènes guerrières, et, surtout, de géants aquatiques dont la puissance n’était plus à démontrer. Son sanctuaire était un lieu très agréable, où tu aimais venir pour te reposer, te concentrer, y trouvant un épanouissement important.

Et, en ce jour, tu ne te rues pas vers le temple pour y trouver un quelconque épanouissement spirituel. Non, en ce jour, tu te tenais aux Cieux, à méditer silencieusement, quand tu reçus l’appel d’Ixchel. Il fusa dans sa tête, éclatant dedans, te montrant des images sinistres. D’énormes créatures aquatiques sortaient depuis les profondeurs marines, suite à un séisme aquatique qui avait ouvert une brèche dans les tréfonds de Terra, relâchant des monstres sinistres. Ils se ruaient vers le Sanctuaire d’Ixchel, et, en apprenant cela, tu t’étais immédiatement redressée, quittant ta chambre pour rejoindre la terrasse de la Tour céleste dans laquelle tu te reposais. Là, face à toi, l’immensité des Cieux te surplombait, des nuages éternels se perdant au loin, éclairés par un soleil lointain, entourée par d’autres Tours et d’autres Anges.

Tes ailes se déployèrent alors, et tu filas vers le bas, atteignant rapidement une vitesse très importante, tout en tendant tes mains, envoyant un sort magique devant toi. Des traits magiques jaillirent de tes doigts, pour s’arrêter plus bas, et former un Portail magique, par lequel tu t’enfonças.

Tu arrivas ainsi au-delà d’une vaste étendue d’eau, près du Sanctuaire d’Ixchel, avant de sentir les émanations magiques.

Là-bas, la bataille faisait rage, car les espèces de langoustes géantes s’avançaient dans l’eau, pour rejoindre le Sanctuaire, et elles y libéraient de redoutables tueurs bleuâtres. Des cloches d’alarme résonnaient dans le Sanctuaire, et les moines s’étazient réfugiés dans le temple, fuyant les hideux monstres qui se rapprochaient.

Et toi aussi, tu arrivais... Tu voyais un moine, un retardataire, qui tentait de rejoindre le perron du temple, quand l’un des monstres, ressemblant à des dragons bipèdes, bondit dans son dos, prêt à le tuer... Tu apparus alors, avec la force et la vitesse d’un éclair, coupant l’eau en deux, ton corps s’entourant de rayons lumineux intenses, avant de le frapper de plein fouet. Dans un hurlement de douleur et de surprise, le dragon s’envola dans l’autre sens, et disparut dans la mer, tandis que, de dos face au moine prostré sur le sol, tu te dressais fièrement, déployant lentement tes ailes, poings serrés.

« Mais, mais... bredouilla lentement le moine.
 -  Allez vous mettre à l’abri... Vite ! »

L'homme fila sans en demander davantage, te laissant seule... Face à ces monstres qui approchaient.

Tu pris le temps d'humer un peu l'air ambiant, respirant tranquillement, te préparant.

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Complements de script / [Histoire] Le Grand Conflit
« le: mardi 20 mai 2014, 14:09:20 »

La « Grande Guerre », le « Grand Conflit », ou tout simplement « La Guerre », sont les termes les plus souvent utilisés pour parler de la guerre ancestrale qui opposa les Anges aux Démons. Elle survint il y a environ 200 000 ans, époque à laquelle les hommes commencèrent à être éduqués par les Anges, et à apprendre qu’il y avait en eux quelque chose de sacré : leur âme. La Guerre fut un évènement traumatisant, inscrite dans la mémoire collective de ces deux peuples, et elle imprégna durablement les relations entre les deux peuples, ainsi que leurs relations envers les autres peuples.

I – CONTEXTE

                 1°) Le premier contact des Anges : le bannissement des Grands Anciens

L’incursion des Anges dans les Plans Intermédiaires (comprenez par là tous les mondes qui ne sont ni en Enfer ni dans les Cieux, comme la Terre, Terra, Terreaufair, etc...) commença avant que les démons n’arrivent, afin de libérer définitivement les plans d’une menace ancestrale, celle d’êtres connus sous l’appellation de « Grands Anciens ». Les Grands Anciens, souvent considérés comme les premiers Dieux de l’humanité, étaient des créatures colossales au physique cauchemardesque, dont la seule vue, disait-on, était suffisante pour plonger n’importe qui dans la folie la plus profonde. Les Grands Anciens régnèrent sur ce monde, s’opposant ainsi à des créatures encore plus anciennes qu’elles, les Premiers Dieux. Les Premiers Dieux ne voulaient pas intervenir dans les Plans Inférieurs, et les Grands Anciens s’opposèrent à leur volonté. Ils voulaient asservir l’humanité, afin d’en faire leurs serviteurs.

Les Premiers Dieux s’opposèrent à eux en utilisant leurs propres hommes, et la première guerre d’importance éclata. Les dragons, dont le souffle avait enfanté les mondes, s’opposèrent à eux, dans une lutte terrible. Les Grands Anciens avaient aussi leurs propres alliés, comme les Vodyanoi. Cette première guerre est surtout connue comme étant le glissement, l’époque à laquelle les espèces continentales prirent le dessus sur les espèces aquatiques. N’étant alors que de vulgaires sauvages ne sachant ni lire, ni écrire, les Humains furent protégés par les elfes, peuple alors naissant, les dragons, peuple alors vieillissant... Et les Anges. Messagers des Premiers Dieux, ils accomplirent leur volonté, et parvinrent à sceller les Grands Anciens, et à les bannir. Les plus puissants furent scellés hors de l’espace et du temps, hors de notre univers, d’autres furent enfermés dans les profondeurs du monde, enchaînés par des liens magiques. Les Grands Anciens disparurent, piégés à jamais, bannis, et on les appela progressivement les « Dieux Morts ».

Les Anges, quant à eux, choisirent de rester dans les Plans Intermédiaires, et choisirent d’éduquer l’espèce humaine. Marquée par les Grands Anciens, elle était vindicative, violente, cruelle, et en même temps très intelligente. Les Anges virent en eux un grand potentiel, et, par ailleurs, ils cherchaient aussi à protéger les mondes des restes des Grands Anciens, comme les Vodyanoi, qui continuèrent encore à se battre longtemps. Cette première guerre eut aussi pour conséquence d’affaiblir considérablement les nobles dragons. Ils disparurent totalement sur certains mondes, tandis que sur d’autres, comme Terra, ils survécurent. Les plus puissants d’entre eux, les premiers dragons, ceux dont on disait que le souffle était similaire à mille volcans en éruption, disparurent dans la formation de la croûte terrestre, filant sous les volcans, afin de surveiller les Grands Anciens. Certaines légendes affirment que, quand un volcan entre en éruption, c’est le signe qu’un de ces premiers dragons, qu’on appelle parfois « Les Dragons Primordiaux », vient de se réveiller, et rappelle ainsi au monde leur présence.

Les Anges amenèrent auprès des Humains leur enseignement, leur savoir, et leur croyance en ce que l’âme humaine était fondamentalement noble, fondamentalement marquée par un caractère digne et sacré. Ils expliquèrent aux Humains qu’ils étaient doués de raison, que leur espèce avait été choisie par les Dieux, et leur transmirent leurs principales lois. La légende dit qu’ils prirent deux d’entre eux, et les emmenèrent aux Cieux, afin de les étudier, et de voir si cette espèce était vraiment marquée par les Premiers Dieux, ou si elle ne descendait pas de la cruauté des Grands Anciens. En effet, malgré tous leurs efforts, les Anges n’arrivaient pas à unir les Humains. Ils restaient des sauvages violents, cruels, massacrant leurs voisins, et ne sachant que baiser comme des animaux. On ne pouvait tout simplement pas les considérer comme une espèce intelligente, et les Anges prirent donc sur eux de former deux d’entre eux.


                 2°) L’arrivée des Démons

Nul ne sait exactement comment les Démons arrivèrent, mais on sait qu’ils arrivèrent. Étaient-ils alors véritablement des conquérants, comme les Anges le dirent, ou tout simplement des réfugiés ? Là encore, les versions et les interprétations diffèrent. Ce qui est établi, c’est qu’ils voulaient s’emparer des Plans Intermédiaires. Ils étaient menés par une créature connue sous le nom de Satan, et qui avait réussi à unifier les hordes démoniaques, formant 666 Légions, leur commandement étant réparti entre différents Princes. Certains affirment que leur monde d’origine avait été ravagé par un Grand Ancien banni lors de la guerre, et qu’ils venaient tout simplement sur des terres friables, cultivables. D’autres, au contraire, soutiennent que ce sont les démons eux-mêmes qui détruisirent leur monde, à cause de leur folie, de leur incapacité à se gouverner entre eux. La loi du plus fort a toujours régné en Enfer, où un démon ne se soumet que dans l’objectif de tuer son maître. Seul Satan avait réussi à les unir, et à créer d’immenses Portails qui leur permirent de traverser les dimensions pour rejoindre les Plans Intermédiaires.

Ils se heurtèrent rapidement aux Anges. Les Anges voulaient instaurer la Loi, des principes, là où les Démons voulaient juste être libres, arguant que la Loi était une construction qui n’était pas conforme à la Nature, et que la seule loi qui valait était la loi du fort envers le faible. Ainsi fonctionnait la Nature, ainsi devait fonctionner le monde. Nul ne sait exactement comment la Guerre éclata, car les théories et les interprétations se contredisent entre elles. Ce qu’on sait, c’est qu’elle éclata.

Et qu’elle fut violente.


II – LA GUERRE

                 1°) Le conflit

La Guerre fut violente, et s’étala sur des siècles, si ce n’est des millénaires. Elle eut lieu d’un bout à l’autre du cosmos : la Terre, Terra, Terreaufair... Tous ces mondes qui n’en étaient qu’aux prémices furent le terrain de jeu d’affrontements déchirants entre deux espèces qui régnaient en maître chez elles, chacune venant, à leur manière, répandre la bonne parole. Les anges protégèrent les espèces faibles, tout en essayant de les éduquer, tandis que les démons expliquaient aux clans et aux tribus barbares que la peur et la violence étaient les meilleurs moyens d’imposer sa loi, et de régner dans ce monde. Là où les uns enseignaient aux autres de se contenter d’agir comme la Nature le voulait, les autres leur disaient qu’ils valaient mieux que ça, qu’ils avaient en eux un destin, une âme, et qu’ils devaient savoir s’élever au-dessus de leurs bas instincts, et ne pas se comporter comme de vulgaires animaux sauvages. Le conflit était entrecoupé de périodes de paix s’étalant parfois sur plusieurs années, et n’impliqua pas que les anges et les démons. Ils en furent juste les principaux belligérants.

C’était un conflit sans fin, car les règles étaient immuables. Tout démon tué revenait en Enfer, sous une forme différente, plus primitive, mais il en revenait, et il repartait sur le front. Inversement, tout ange vaincu finissait par ressusciter, son âme retournant aux Cieux. Nul ne pouvait gagner, mais nul ne voulait perdre, car quiconque s’emparerait des Plans Intermédiaires bénéficierait sur l’autre camp d’un avantage certain qui aurait permis à ce camp d’envahir les terres de l’autre. La Guerre fit donc rage, et les morts passèrent de la centaine aux milliers. La Milice des Anges massacrait des hordes interminables de démons, mais, pour chaque millième de démons tués, les Anges perdaient dix des leurs. Progressivement, les deux camps se radicalisaient, s’enfermant dans un cercle infernal qui allait faire des ravages.

Durant ce conflit, plusieurs anges réussirent à se démarquer des autres. Ce fut notamment le cas de l’une des plus puissants d’entre eux : Lucifer. Celui que les Romains décrivirent comme un symbole d’espoir, similaire à Prométhée, s’avéra être un guerrier redoutable. Le « Porteur de Lumière » était le héraut des Cieux, un symbole de force, de bravoure, et de courage. Rien ne lui résistait. Sous sa force, les Princes Infernaux se reculaient. Il était le leader charismatique de la Milice, mais était aussi implacable envers ceux qui échouaient. Il n’avait que peu d’espoir envers les peuples que ses alliés angéliques essayaient vainement d’éduquer. L’Ange prenait des forts infernaux afin de libérer les humains qui y étaient emprisonnés, et cherchait ensuite à leur apprendre à se battre et à se défendre, bénéficiant alors de l’assistance d’Azraël, qui leur apprenait également à se défendre, et à tuer leurs ennemis. Lucifer perdit peu à peu foi en l’humanité, en voyant que les humains qu’il secourait avaient tendance à servir les démons par la suite. Il finit par comprendre que la peur était le meilleur moteur des esprits faibles, la meilleure façon de les amener à progresser et à se réunir, et il les rassembla dans ce sens. Plutôt que leur dire qu’ils devaient se battre pour des valeurs supérieures, il leur dit qu’ils devaient se battre pour ne pas être exterminés par les démons. Il leur raconta les horreurs et les sévices que les ennemis faisaient subir aux vaincus, les innombrables morts que laissait dans son sillage des créatures cauchemardesques comme Abaddon. Ce système d’éducation s’avéra plutôt efficace.

La Guerre, elle, se poursuivait, épuisant les deux camps, sans aucune avancée significative. Chaque place forte démoniaque était détruite par les anges, mais ces derniers étaient incapables de tenir les positions qu’ils gagnaient, en étant continuellement assiégés parles démons. Ils perdaient également des temples et des sanctuaires, qu’ils reprenaient ensuite, pour les perdre à nouveau. La Guerre semblait donc ne jamais devoir se terminer.

Du moins, en apparence.


                 2°) La fin de la Guerre : le pacte

Plus le temps passait, et plus les Cieux se divisaient en camps ayant chacun des opinions assez tranchés. Certains étaient partisans de sacrifier les Plans Intermédiaires pour s’attaquer aux Portes de l’Enfer, et s’enfoncer en Enfer, afin de tuer les Princes Infernaux. D’autres soulignaient le danger d’une telle entreprise, et estimaient plutôt qu’il fallait concentrer les forces des anges sur certaines positions fortes, afin de les solidifier, et de continuer à éduquer les races inférieures. Et, pendant ce temps, un groupe de plus en plus fort désirait tout simplement en terminer avec cette guerre insensée. La lassitude s’instaurait au fur et à mesure que la Guerre se poursuivait, et que les anges perdaient de plus en plus des leurs. Cependant, le Conseil, autorité suprême auprès des anges, se refusait à abandonner. Chaque victoire redonnait espoir que ce conflit puisse se terminer, mais de plus en plus anges n’étaient pas dupes. À quoi bon détruire une Légion, raser un Portail infernal, si c’était pour le voir revenir dans les prochaines années ?

La Guerre connut un tournant décisif quand Satan disparut. Mort, pour certains, grièvement blessé pour d’autres, ou en fuite, les versions, là aussi, diffèrent. Le maître des Légions, le seul être capable de liguer ensemble les Princes et les 666 Légions de l’Enfer, disparut. Très rapidement, les velléités entre les différents Princes ne tardèrent pas à éclater, chacun revendiquant le contrôle absolu sur les Légions. Satan n’étant plus là pour rappeler à l’ordre les dissidents, ceux qui furent ses généraux commencèrent à se déchirer entre eux, et les démons vinrent à s’entretuer. D’aucuns soutiennent aujourd’hui que ce fut Lucifer qui tua Satan, en organisant ce fameux raid dont il avait parlé, et dont l’objectif était de supprimer la tête de cette Hydre infernale qu’était la race démoniaque.

La paix fut proposée par les deux camps. Mutuellement essoufflés par cette guerre, les deux camps n’aspiraient qu’à panser leurs plaies. Chacun des Princes signa le pacte, car chaque Prince pensait déjà à agrandir sa puissance en tuant ses voisins, et chaque Prince voulait conserver ses propres forces, et à ne pas continuer à affronter les emplumés, qui avaient su montrer leur résistance et leur pugnacité. Les anges, quant à eux, aspiraient majoritairement à oublier leurs déceptions et leurs morts. Le Pacte fut ainsi signé, s’articulant autour de l’idée fédératrice de libre-arbitre et d’autonomie. Concrètement, les deux espèces s’engagèrent à ne plus jamais intervenir dans les Plans Intermédiaires, et à laisser ces espèces se développer elles-mêmes, sans interférer. Naturellement, le Pacte fut assorti d’un certain nombre d’exceptions. Si un individu invoquait un démon, ou priait les anges, ceux-ci pouvaient toujours agir... Et, de manière générale, le Pacte connut un certain nombre de violations mineures, et des aménagements postérieurs.

La Guerre fut terminée, mais elle eut de lourdes conséquences sur les belligérants.


III – LES CONSÉQUENCES

                 1°) L’anarchie en Enfer

En Enfer, la chute du Maître instaura une période d’anarchie qui, encore aujourd’hui, continue à perdurer. Les Princes Infernaux se tirent mutuellement dans les pattes, et, techniquement, le dirigeant des Enfers est Belzébuth. Celui qui s’était fait passer pour un Dieu auprès des peuples primitifs était aussi connu en Enfer comme l’Empereur des 666 Légions Infernales... Théoriquement, du moins. En réalité, le contrôle de Belzébuth sur les Légions est très virtuel, car elles répondent avant tout à leurs Princes, et l’arrogance de ces derniers leur empêche de reconnaître le Seigneur des Mouches comme leur supérieur. Belzébuth est un monarque sans royaume, et l’Enfer une armée divisée, sans leaders.

Continuellement, les Princes se font la guerre entre eux, généralement au nom de vieilles querelles intestinales sans grand intérêt. Les combats entre les Légions sont de terrifiantes boucheries où des milliers de démons s’entrechoquent dans des plaines arides et immenses. Pour certains, les Princes continuent à se faire la guerre pour limiter les risques d’être renversés par des démons, ou pour continuer à entretenir leurs troupes, afin d’une vengeance contre les anges... Car le plus grand souhait de la majorité des Princes est naturellement de prendre ce qu’ils considèrent comme leur revenant de droit : les Plans Intermédiaires, et, ce faisant, les Cieux.


                 2°) La Chute des Anges

Le Conseil ne disparut pas suite à la Guerre, mais il en ressortit très affaibli, son autorité malmenée, et son influence réduite. Bon nombre d’anges avaient été traumatisés par ce qu’ils avaient vu, et certains avaient un goût amer de défaite dans la bouche. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils avaient du arrêter la Guerre, alors qu’ils étaient sur le point de gagner. Satan vaincu, les Princes Infernaux en déroute, ils avaient enfin un avantage tactique. Bon nombre d’Anges guerriers considérèrent la décision du Conseil comme une trahison, une trahison envers leur sacrifice, envers leur courage, et un aveu de faiblesse. Ces anges étaient menés par deux anges qui avaient su s’illustrer durant la Guerre : Lucifer et Azraël. Aucun des deux n’avaient oubli les sacrifices qu’ils avaient consenti, les amis et les frères qui avaient été massacrés par les Princes, et voir leurs propres Archanges faire la paix avec ces mêmes Princes leur était inacceptable. L’amertume gonflait dans leur cœur. Le Conseil n’était rempli que de lâches, voilà ce qu’ils pensaient. Pour eux, la paix était inconcevable avec les démons, qui étaient naturellement appelés à faire le Mal, et libérer les humains, cesser de les former, était également une grande erreur. Lucifer avait vu qu’ils étaient faibles, lâches, médisants, trompeurs, et égoïstes... Ils pervertiront leurs enseignements, leurs apologues, en feront des mythes à la gloire de dirigeants corrompus.

Le ton montait entre les anges. Une révolte s’ourdissait. Le Conseil était affaibli, et Lucifer amassait de plus en plus de fidèles, leur assurant qu’il était temps de renverser cette institution bancale et vieillotte, dont la lourdeur avait été le principal échec de leur peuple. En effet, les décisions du Conseil se devaient toujours d’être prises à l’unanimité, ce qui était long, et lent. Or, face aux démons, il fallait agir vite. Lucifer avait lui-même remporté plusieurs victoires importantes en refusant de suivre les ordres du Conseil dans le passé. Lucifer rejetait l’idée de libre-arbitre, estimant qu’il fallait guider les humains, comme un professeur qui leur inculquerait de force les notions les plus fondamentales... Et, qu’à défaut, il faudrait les exterminer. Le Conseil eut vent de la révolte, et le sang commença à être versé.

Quand Lucifer tua l’un des siens, ses ailes se noircirent, ses plumes se tâchèrent d’encre. On dit que ce meurtre survint quand l’un des siens tenta de le raisonner, de lui dire qu’il fallait faire confiance au Conseil, et que ce qu’il faisait était de la sédition, et qu’il comptait dire au Conseil qu’Azraël donnait des armes, et en forgeait discrètement, tout en continuant à entraîner les humains. Cet ange fut tué, et une nouvelle guerre éclata. Les Cieux se couvrirent de sang et de plumes arrachées. Les Anges s’entretuèrent, éliminant les Déchus. Lucifer crut vaincre le Conseil, mais perdit. Ce second conflit ensanglanta le royaume des anges, et Lucifer devint le premier Déchu, et s’enfuit des Cieux, accompagné par les Déchus qui échappèrent aux Anges restés loyaux au Conseil. Bien des Déchus furent tués, et se réincarnèrent par la suite, purifiés... Pour la plupart.

Ce second conflit affaiblit encore plus les Cieux, et convainquit le Conseil que la guerre était en elle-même dangereuse, et qu’il était nécessaire de la limiter en favorisant d’autres formes d’éducation. La Milice ne disparut pas, elle continua à exister, à se développer, affrontant d’autres menaces, et traquant les Déchus, où qu’ils aillent.


                 3°) La destruction de Sanctuary

Pendant le conflit, pendant la Guerre, on observa une singularisation de l’hostilité entre les Anges et les Démons, chacun des deux camps devenant de plus en plus extrêmes... Mais, parfois, l’inverse se produisit. On observa notamment ce rapprochement à Terreaufair. Ce monde étant très sauvage, les Anges et les Démons durent surtout s’affronter contre la nature et contre des créatures magiques très puissantes. Ceci les amena à se rapprocher, et à comprendre que ce conflit était vain. Ils se rapprochèrent ainsi... Jusqu’à s’unir, et même donner naissance à des enfants. C’est ainsi que naquirent les Nephalems, et que Sanctuary fut forgée. Ses deux principaux fondateurs furent Inarius, un Archange, et Lilith, considérée comme la Mère des Succubes.

Sanctuary était l’idée d’un havre de paix, un endroit dans lequel la guerre serait proscrite. Si des Anges et des Démons avaient pu s’entendre, alors, n’importe qui pourrait le faire, non ? Sanctuary était une philosophie de paix et d’unité, mais également une forteresse dangereuse. Les Nephalems, descendant des anges et des démons, étaient des hybrides dont la puissance était potentiellement très forte, plus forte que les anges ou les démons. L’Histoire a retenu Sanctuary comme une hérésie, une union interdite entre les Anges et les Démons. Sanctuary fut détruite, brisée, mais les versions diffèrent. La simple localisation géographique de Sanctuary est en soi un problème. Pour certains, il n’y avait qu’un seul fort, tandis que, pour d’autres, Sanctuary comprenait un fort principal, mais aussi d’autres forteresses, acceptant toutes les races, tous les peuples, et toutes les idées. Il y avait très peu de guerriers, uniquement des chasseurs, combattant les monstres sauvages, et instaurant une espèce de justice, nécessaire à l’harmonie sociale.

Selon les anges, ce sont les démons qui ravagèrent Sanctuary. Selon les démons, les anges y participèrent aussi, soit directement, en envoyant les restes de la Milice, soit indirectement, en refusant d’aider les leurs, les Anges qui avaient choisi de vivre à Sanctuary. Le Conseil était fortement affaibli après la Guerre, ainsi que par la trahison des Déchus. Sanctuary apparaissait alors comme un idéal qui aurait détruit les Anges, et chacun des deux camps accusait l’autre de tirer les ficelles. Le pouvoir potentiel des Nephalems effrayait, ainsi que le risque que les Démons parviennent à influencer Sanctuary, ou inversement. C’est ainsi que certains soutiennent aussi que Sanctuary s’était effondrée toute seule, Inarius et Lilith ayant fini par s’entretuer.

D’autres théories évoquent encore la destruction de Sanctuary par le souci, pour chacun des camps, de récupérer un artefact qu’Inarius aurait volé, la Pierre-Monde. Cet artefact serait un résidu du Big Bang, et abriterait un pouvoir terrifiant. Il disparut avec le sac de Sanctuary.

La destruction de Sanctuary sonna le glas d’un rapprochement entre les deux peuples. Pour autant, la progéniture issue de Sanctuary ne disparut pas totalement, car les Nephalems continuèrent à exister, et Sanctuary et ses mystères ne disparurent jamais totalement des mémoires... En effet, les dépouilles d’Inarius et de Lilith ne furent jamais retrouvées, mais il y a tant de versions contradictoires sur Sanctuary qu’il est difficile de savoir ce qui a réellement pu se passer là-bas.


SOURCES

  • « Diablo » ;
  • « Might & Magic » ;
  • Le Mythe de Cthulhu.

5
Dictature d'Ashnard / Comme au bon vieux temps [Armée infernale de Malk]
« le: mercredi 14 mai 2014, 02:03:07 »
T’en souviens-tu ? Dis-le nous, Yehaël, t’en souviens-tu ? Alors que tu rampes mollement sur le sol, tes beaux cheveux blonds infectés par la cendre, la lueur de la Tour brillant devant toi comme mille feux de gondole étincelants, est-ce que tu te souviens de tes heures de gloire ? Dans ta longue existence, Yehaël, te souviens-tu de tes plus récents exploits ? Tu t’accroches à la vie avec une force qui est rare, et je ne peux que t’en féliciter, mais, avouons-le : la fin est venue. Ton obstination est à la hauteur de ton mérite, à la hauteur de ton existence, mais que crois-tu donc faire, à ramper ainsi ? Plus tu sembles te rapprocher de la Tour, et plus cette dernière semble, au contraire, s’éloigner de toi. C’est fini, Yehaël. N’entends-tu pas résonner les trompettes du Jugement Dernier ? Comme on fait son lit et on se couche, pour toi, l’heure est venue. Non, non, cesse donc de ramper, cesse donc de t’accrocher à la vie, cesse donc de guetter les roses comme ta survivance, tu es perdue.

C’était le Seigneur pourpre. Tu t’en rappelles, non ? Son nom... Il commençait à semer la terreur dans Terra avec son armée de démons et de monstres, s’attaquant aux villages, aux caravanes, aux hameaux. Or, toute action entraîne une réaction. C’est le principe-même de l’équilibre, de la cohésion. La vôtre était proche, imminente. Vous ne pouviez pas laisser une cohorte de démons fouler Terra et semer le chaos sans réagir. Cette cohorte s’abattait pour l’heure dans des régions défavorisées et abandonnées, généralement des anciens royaumes dévastés par les incessants conflits de ces bas-peuples. Oui, je vois que tu t’en souviens, maintenant, Yehaël. Ce Seigneur pourpre...

Il s’appelait Malk.





Lacruze

« Seigneur Tout-Puissant, je vous en prie, ayez pitié de vos ouailles... Je vous en conjure, venez à notre aide contre la menace qui opprime notre âme... »

La duchesse priait depuis des heures dans la cathédrale de Lacruze. Cette solide ville fortifiée était aux frontières de l’Empire d’Ashnard, et était près d’une région qui avait été massacrée suite à un conflit violent entre Ashnard et ses riverains. Le conflit s’était soldé par la victoire de l’Empire, mais le royaume voisin, ruiné, faisait face à une hausse inquiétante du brigandage et des monstres. Les Lacruziens n’hésitaient pas à envoyer des régiments pour aider à la reconstruction, notamment en traquant les tanières de monstres et les camps de bandits, faisant preuve d’une efficacité redoutable. Malheureusement, depuis quelques semaines, les vulgaires loups et autres monstres avaient fait place à une forte bien plus importante, qui s’était abattue sur les Lacruziens avec rage : des démons. On avait initialement pensé à de simples déserteurs ashnardiens, une petite bande sans importance, mais, assez rapidement, il s’était avéré qu’il s’agissait là d’une autre catégorie, bien plus dangereuse, qui s’était elle-même présentée comme appartenant à l’armée infernale du Seigneur Arsl’ath Malk. Les Lacruziens avaient immédiatement envoyé un agent demander de l’aide à un fort militaire de grande importance dans les terres, mais les renforts tardaient à venir... Si le messager n’avait pas été tué.

Aujourd’hui, les démons de Malk avaient assiégé Lacruze, déferlant dans l’épaisse forêt à proximité, et les Lacruziens s’étaient mis en position de défense. C’était une solide ville fortifiée, comprenant d’énormes tours, des balistes, des trébuchets, ainsi que des rondins de bois attachés aux créneaux. Ainsi, si les démons s’approchaient trop, les Ashnardiens relâchaient les rondins de bois en les enflammant, à l’aide d’une huile inflammable. Les rondins dévastaient ensuite les camps ennemis, et c’était grâce à ces rondins que les Lacruziens avaient repoussé le premier assaut initial de Malk et de ses hommes.

Dans la cathédrale de Lacruze, on se tournait donc vers une autre forme d’aide, alors que les démons continuaient à attaquer. Tandis que les ouailles priaient, et qu’on entendait les bruits de la bataille, la Duchesse Hannah Brévoire priait fermement. Elle avait été mariée de force au seigneur de Lacruze, mais elle n’avait pas à se plaindre de son mariage. Elle avait réussi à convertir ce dernier aux vertus de l’Ordre Immaculé. Cette religion était présente partout, d’un bout à l’autre de Terra, mais, à Ashnard, elle rencontrait encore des opposants. Les démons étant partisans de la liberté sexuelle, il était difficile de les convaincre d’adhérer à une religion prohibant l’adultère, et, si le duc de Brévoire avait été, pendant un temps, assez peu réceptif aux arguments de sa femme, l’amour sincère qu’il éprouvait pour elle, ainsi que pour son peuple, l’avait convaincu de le faire... Ça, mais aussi la perspective de bénéficier de l’aide de l’Ordre pour reconstruire le royaume ravagé.

Malheureusement, il n’y avait pas d’ordre de paladin à proximité de Lacruze, et la solide ville ne comprenait que des moines qui priaient également. Hannah aimait sincèrement son peuple, tout comme son mari, qui se tenait sur les remparts, et, en tant que fervente religieuse, elle en appelait à l’aide du Seigneur pour les défendre contre ce qui semblait être une menace n’ayant rien à voir avec des Nexusiens, ou, plus généralement, avec des conflits territoriaux.

Sa prière, pour certains, était aussi inutile que vide, mais elle priait maintenant depuis des heures, et le son de sa voix, à force de persévérance, finissait par briser les nuages pour remonter, toujours plus haut, jusqu’à provoquer des échos qui s’amplifiaient auprès d’individus qui étaient aussi respectés que craints. Respectés et loués pour leur bonté d’âme, mais craints pour leur sévérité et leur rigueur.

« J’ai entendu ton appel, Duchesse Hannah, murmurait une féminine voix, et je vais y répondre... »

C’était elle qui t’avait appelé. Elle était l’Ange du Jugement, Iranäel, une Ange proche de l’Archange de la Justice, Tyraël, qui siégeait au Conseil des Archanges, formation représentant les cinq grandes vertus cardinales des Cieux. Iranäel était sur son trône, en train de réfléchir, toujours aussi belle et terrifiante, et réunissait ses troupes pour un soutien.

Troupes dont tu faisais partie, Yehaël.

6
Les contrées du Chaos / Un regard de haine [Rédemption]
« le: vendredi 16 août 2013, 02:22:44 »

Lumaria

Lumaria avait toujours été une ville sainte. Elle se situait à proximité de la Plaine Sainte, un emportant endroit de pèlerinage de l’Ordre, lieu culte par excellence, béni du Dieu Unique. Lumaria était une grande ville, florissante, qui assurait la sécurité des pèlerins grâce à leurs milices et leurs chevaliers. L’endroit avait toujours été considéré comme un sanctuaire, avec d’immenses fontaines, de grandes plaines, des parcs, des statues et des monuments à la gloire de l’Ordre. Jadis, tu avais déjà vu Lumaria. Une ville sainte, où il faisait bon vivre. Rien à voir avec l’autoritarisme militaire arrogant d’Ashnard, ou la corruption qui gangrénait la jadis glorieuse Nexus. Sans égaler la taille de ces villes, Lumaria était une ville honorable, où les Anges avaient toujours été bien réussis.

Mais rien n’est éternel. Et Lumaria en était un très bon exemple. Rien n’est éternel, et Lumaria avait sombré. Les raisons de sa chute étaient assez simples à comprendre. La ville était dirigée par une organisation élue démocratiquement, le Conclve. Le Conclave détenait le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire étant détenu par une autorité ecclésiastique et séculière, avec différents degrés. Les autorités séculières constituaient le premier degré, jugeant les infractions commises au regard de la loi, le second degré étant constitué des autorités ecclésiastiques, qui rendaient un jugement au nom des préceptes de l’Ordre. L’organisation judiciaire correspondait ainsi à la philosophie de l’Ordre : la soumission du pouvoir séculier au pouvoir ecclésiastique, ou, plus généralement, du matérialisme conjecturel à la spiritualité. Le troisième degré de juridiction était la Haute Cour, une cour suprême qui ne pouvait être saisie que dans des cas précis : recours en cassation d’une décision d’une Cour ecclésiastique, ou contestation des normes édictées par le Conclave. Le Conclave, quant à lui, se découpait en deux chambres : le Parlement et le Conseil. Le Parlement représentait les intérêts des groupes principaux de Lumaria, et étaient donc les représentants de ces groupes : soldats, artisans, prêtres, marchands, artistes. Inversement, le Conseil était élu tous les ans au suffrage universel, un suffrage assez particulier, pensé pour lutter contre l’abstention. Voter n’était pas simplement un droit, mais aussi un devoir. Partant de là, ceux qui s’abstenaient, sans raison valable, de voter, s’exposaient à une amende. Le système politique était bien pensé : le Parlement évitait la formation des groupes de pression, tandis que le Conseil représentait l’intérêt général. On s’assurait ainsi que les lois passées respectaient, non seulement l’intérêt général, mais aussi la somme des intérêts particuliers. S’il existait parfois des abus, le système était bon, et était une source d’inspirations. Tous les ans, de nombreux colloques étaient organisés dans la glorieuse université de Lumaria, et beaucoup d’essayistes, de théoriciens, s’inspiraient de ce système, en louant les mérites. L’instruction était obligatoire, garantissant ainsi un certain degré d’éducation. Lumaria avait également une énorme cathédrale siégeant près du Conclave, qu’on appelait le Sacré-Cœur. Un édifice magistral, dominant toute la ville, et qui attirait chaque année des foules entières de pèlerins, rapportant naturellement à la ville des profits substantiels.

À chaque fois qu’un ange doutait, à chaque fois qu’un chérubin relevait que l’humanité était condamnée à leur sombrer, tu leur disais d’aller à Lumaria, et de voir par leurs propres yeux ce que l’Homme, malgré ses faiblesses, était capable de faire. Maintenant, tu ne pouvais plus le faire.

La corruption avait progressivement rongé la ville, de manière insidieuse, jusqu’à transformer Lumaria en une nouvelle Sodome, pour reprendre l’expression d’un Archange au Conseil. Une crise économique avait été le point de départ de cette lente dégradation. Tout avait ensuite été comme dans un terrible cauchemar. La crise était agricole : des charançons, des maladies ravageant les troupeaux, les décimant, les récoltes de blé périssant... Parallèlement, le coût des marchandises venant de Nexus, un partenaire privilégié, avaient grandi, suite à la décision de la cité-État d’entrer en guerre contre la piraterie dans un archipel. Un facteur exogène qui n’avait rien arrangé au tableau. Le prix des denrées avait monté, et, dans les rues de la ville, dans les auberges, on parlait des gens responsables de l’épidémie.

Eux. Tous ces immigrés qui rejoignaient la ville, ces elfes, ces nains, ces Terranides, ces non-humains. Lumaria était une ville essentiellement humaine, fondée par les hommes, et son aura de respect et de pureté avait déteint jusque dans les lointaines cités elfiques, dans les profondeurs de leurs sanctuaires, dans les hauteurs des montagnes des nains. Ils étaient venus, apportant leur savoir-faire, leur technique, pour que la ville se développe. Ces communautés étaient là depuis des siècles, mais, au fil des ans, la relation se dégrada. Vous n’aviez rien vu, car ce n’était pas perceptible, même s’il y avait eu des signaux. Le plus clair d’entre eux fut quand de nouveaux critères furent introduits au Parlement pour la désignation des groupes : des critères raciaux. Les elfes eurent leur propre groupe, ainsi que les nains, et quelques décrets augmentèrent sensiblement la contravention prévue si on ne votait pas, contraignant ainsi les non-humains à voter deux fois lors des élections. De même, il y eut progressivement une très nette différence de sanctions. Ainsi, si, pour un vol, un humain était condamné à une peine d’amende avec sursis, un non-humain avait presque systématiquement une peine d’emprisonnement ferme, et ce pour des faits similaires.

L’administration rapide et louée de Lumuria devint plus réticente à octroyer aux non-humains des permis, la législation rendant plus compliquée et plus longue l’octroi de permis. Les affiches publiques et les informations publiques préféraient se concentrer sur l’activité des Scoia’tael dans les royaumes humains, ces bandes de non-humains qui, prétextant des idéaux politiques égalitaristes, agissaient comme des terroristes, des pillards, et des meurtriers. Une simple crise économique n’aurait jamais pu justifier une telle situation, mais vous ne vous en étiez pas rendus compte.

« Il y a un humain, une fois, qui a dit que le Mal n’avait besoin que de l’inaction des hommes de bien pour...
 -  Burke, le coupas-tu. Et ça ne nous aide pas pour la situation actuelle. »

Votre petit groupe était en hauteur, sur les montagnes, observant au loin Lumaria, la Plaine Sainte dans votre dos. Tu dirigeais cette bande, car tu avais l’expérience avec toi, et tu avais déjà fait de nombreuses escales à Lumaria, réparant tes armes et tes pièces d’armure auprès des forgerons locaux, ou tout simplement pour profiter de la bonne nourriture produite dans les champs agricoles et les élevages de la Plaine.

Il y avait avec toi Michelle, une Ange avec qui tu avais déjà combattu des hordes démoniaques. Noble et belle, elle avait une longue chevelure brune glissant en cascade sur sa tête, et tu lui faisais entièrement confiance.

Tu étais aussi accompagnée par Hébraël, une Ange qui te ressemblait beaucoup. C’était une Ange guerrière, membre de la Milice angélique, une amie. Tu avais combattu de nombreuses fois avec elle, et tu lui accordais également ta confiance.

Outre Michelle et Hebraël, il y avait également un Ange plus discret, Jozua. C’était un jeunot. Il avait récemment rejoint la Milice, il y a seulement vingt ans, et c’était sa première mission dans ce monde. Les Archanges avaient tenu à ce qu’il vous accompagne, pour sa formation, et parce qu’il avait le béguin pour toi. Les Anges n’étaient pas très familiers avec ce genre de sentiments, qui leur étaient assez inconnus. Tout ce que tu espérais, c’était que Jozua n’essaierait pas de jouer aux héros, mais son tempérament calme et discret te rassurait. Tu l’imaginais mal te désobéir, ou essayer d’en faire plus que ce que tu demandais, pour t’impressionner.

Une Valkyrie vous avait également rejointe, Nadia. Belle et vigoureuse, elle était considérée comme une Ange, même si elle n’obéissait pas directement au Conseil des Archanges. Tu avais toutefois foi envers les Valkyries, car elles étaient, par nature, des Anges guerrières.

Rédemption complétait votre groupe. L’Ange du Repentir. Tu n’avais jamais travaillé avec elle, mais on la disait fiable. Tu n’avais pas besoin de plus.

Les choses avaient dégénéré à Lumaria à cause d’une secte. Vous l’aviez réalisé après la prière menée par le Père Benedict et ses ouailles. La secte avait progressivement infiltré les pouvoirs politiques et les infrastructures internes. C’était une secte satanique vouant un culte à un démon, qui s’était infiltré dans Lumaria pour la corrompre. Tu les soupçonnais même d’être responsable de cette crise économique, d’avoir instigué pendant des années pour mettre la ville dans cet état.

« Rejoignons la Cathédrale. Si même cet endroit est corrompu, alors notre tâche sera ardue. »

Tu avais leur responsabilité. C’était ta mission. Mais, outre ça, tu avais aussi la responsabilité de purifier une ville.

Était-ce vraiment une nouvelle Sodome ? Tu allais le savoir sous peu.

7
Le Royaume des Anges / L'avertissement [Abigahëlle]
« le: samedi 15 juin 2013, 14:32:36 »
Les Cieux... T’en souviens-tu ? Cet endroit infini ? Ces immenses tours d’argent s’étendant au milieu des nuages ? Cette impression de liberté absolue ? Ce bonheur naturel que tu ressentais, même maintenant, en t’y rendant, cette impression de sérénité et d’amour, de paix éternelle, de félicité... Tu as beaucoup voyagé, n’est-ce pas, et tu as vu beaucoup de choses... Mais rien qui ne puisse égaler la richesse des Cieux, rien qui ne puisse égaler sa splendeur, rien qui ne puisse se comparer à la beauté de cet endroit. C’était ta terre natale, c’était un lieu de félicité et d’amour, et tu aurais aimé qu’il le soit toujours... Qu’il conserve toujours sa pureté... Mais la souillure et la corruption ne sont pas le privilège des démons. Les Cieux ont été souillés bien des fois, n’est-ce pas ? Tu le sais depuis que les Anges se sont entretués, et que Lucifer et Azazel, avec d’autres Anges, ont choisi de devenir des Déchus, des Anges noirs, des renégats et des traîtres. Tu t’en souviens encore, mais tu sais que la trahison ne s’est pas arrêtée à eux. Oh non. Il y a eu d’autres personnes... Dont une... Et, alors que son nom te revient, tu te revois...


« Je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour ça... »

Il ne t’avait rien répondu. Pas sur le coup. Il te connaissait, et savait que ton inquiétude n’était pas simplement l’expression d’une sorte de crainte. Tu n’étais tout simplement pas une diplomate. Tu ne l’avais jamais été. Tu étais Yehaël, l’Ange de la Pureté, créature intransigeante, qui était liée à la Pureté, et à tout ce que cette dernière représentait. La fermeté. La rigueur morale. On ne pouvait pas négocier avec toi, c’était bien connu.

« Remettrais-tu en doute la décision du Conseil ? » t’avait-il alors demandé, en penchant lentement la tête.

Ses quatre ailes dans son dos indiquaient qu’il était un Archange, l’un de ces Anges supérieurs qui étaient supposés être des parangons de respect et d’obéissance. Et, depuis un certain temps, il y avait une Archange qui ennuyait le Conseil. Abigahëlle. Ce dernier s’était réuni pour se prononcer à son sujet, estimant que les agissements d’Abigahëlle dans les plans inférieurs étaient indignes des Anges, a fortiori d’une Archange. Les cinq principaux Archanges, représentant les cinq vertus cardinales des Cieux, s’étaient réunis, et avaient délibéré. Une conclusion importante, puisqu’elle portait sur le sort d’une Archange. Et, contrairement aux tribunaux humains, il n’y avait pas de juridiction de second degré. La décision du Conseil des Archanges devait être parfaite, ne pouvant être théoriquement révisée que dans des cas rarissimes, ce qui n’était encore jamais arrivée en pratique. On pouvait ainsi attendre des années avant qu’un délibéré ne soit rendu, vu que les Archanges étudiaient toutes les possibilités.

L’Archange Abigahëlle te répugnait. À dire vrai, tu avais du mal à la comprendre. Elle ne respectait aucune règle, n’en faisait qu’à sa tête, et, si les Anges n’étaient en soi pas opposés à la sexualité, elle faisait preuve d’une telle lubricité que, pour eux, il y avait une véritable débauche, ce qui, en soi, était répréhensible. Mais, outre ça, on la soupçonnait d’avoir des idées séditieuses, de ne pas respecter les vertus cardinales qui définissaient toute la relation des Anges avec les autres espèces : le libre-arbitre. Un Ange ne pouvait pas imposer sa volonté sur les autres espèces, simplement les guider, ce que les Anges estimaient, pour la plupart, avoir faits. Il y avait, sur ce point, une ancienne décision du Conseil, qui était formelle. Ce qui avait trahi Lucifer, c’était tout simplement qu’il n’avait pas accepté le libre-arbitre, et avait tenté d’imposer ses propres normes sur celles des autres. Tu le savais, mais, au fond de toi, tu avais toujours un peu de mal à t’en convaincre. Les démons ne se privaient pas pour influer sur la vie des gens, alors même que les pactes anciens interdisaient formellement toute forme d’intervention qui ne soit pas sollicitée.

« Bien sûr que non, rétorquas-tu. J’émets juste des réserves sur ma capacité à la raisonner... »

L’Archange hocha silencieusement la tête. Vous vous teniez alors sur une sorte de balcon, de l’une des tours du Royaume des Anges, voyant devant vous, outre des tours, deux bandes de nuages, en haut et en bas. Des rayons solaires fendaient ceux du haut, formant une sorte de magnifique éclairage. C’était vraiment un endroit magnifique.

« Tu ne devrais pas, répliqua l’Archange. Tu es l’une des Anges les plus âgées qui existe, Yehaël. »

Ça, tu ne pouvais pas le nier. Quand un Ange mourait, son âme, si elle survivait, se réincarnait tôt ou tard dans le corps d’un autre Ange. Mais toi... Toi, tu étais la Pureté, et personne n’avait encore jamais réussi à te tuer... Et, à cet instant, tu pensais que ça n’arriverait jamais... Tu n’en es plus aussi sûre, maintenant, n’est-ce pas ?

« Le Conseil a décidé de te confier cette responsabilité, car tu es l’une de celles qui se rappellent le plus la trahison de Lucifer... Tu étais proche de lui, tu étais sa disciple. »

Tu ne dis rien. C’était la vérité.

« Il vaut mieux que ce soit une Ange, et non l’un des Archanges. Nous ne voulons pas prendre de sanctions envers Abigahëlle, et c’est pour ça que le Conseila décidé de surseoir à statuer. Mais, d’un autre côté, nous ne pouvons pas non plus faire comme s’il ne se passait rien.
 -  Ah oui ? »

Le ton était un peu railleur, ce qui n’échappa pas à l’Archange.

« Je sais ce que tu penses, Yehaël... Que nous n’agissons pas, que nous laissons les démons se répandre... Mais il y a des règles, des règles qu’il faut respecter ! Car, si on ne suit pas les règles...
 -  Je ne suis pas un chérubin, je connais la leçon ! »

L’Archange ne dit rien, et tu te mis à soupirer.

« Abigahëlle est en plein doute. Elle ne croit plus en nos vertus, et ne croit plus en la rédemption. Tu dois l’aider, Yehaël. Elle est une sœur. »

La trahison des Déchus était encore douloureuse aux Cieux. Lentement, tu hochas la tête.

« Très bien. Je ferais le nécessaire.
 -  Et je te remercie pour cela. »

Tu ne dis rien, et te contentas de t’envoler, rejoignant Abigahëlle.

8
Les contrées du Chaos / L'alliance oubliée [ArAnka]
« le: vendredi 05 avril 2013, 10:41:54 »
Abaddon... Tout avait tourné autour de lui. Maintenant, tu le sais, tu l’acceptes sans difficulté... Il avait à la fois été accessoire, et au centre de tout. Comment aurais-tu pu le savoir ? Rien qu’à la mention de ce nom, on en frémissait. Abaddon, le Destructeur... Tu rampais sur le sol, et te raccrochais à tes pensées, à tes souvenirs, pour ne pas disparaître. Les lueurs violettes brûlaient devant toi, comme si elles t’irradiaient, et tu rampais lentement. Tes ailes... On te les avait arrachée, et tu n’osais pas imaginer l’état de ton dos. Non, ne pleure pas, pas maintenant... Serre les dents, et avance. Sois fière de ce que tu es. Yehaël, Ange de la Pureté. Et tu sais combien la pureté est difficile à défendre dans un monde impur, surtout en ce moment, où tu es devant le gouffre. La Tour brille terriblement, te noyant, et tu sens à nouveau tes forces t’abandonner, alors que tu revois le passé... Quand Abaddon a été vaincu pour la première fois. Il y a des milliers d’années...


Comme pour les démons, les anges morts finissent toujours pas ressusciter, tant que leurs essences survivent. Cependant, la résurrection peut parfois prendre des millénaires. Chaque mort était donc une terrible tragédie. La guerre... Elle durait maintenant depuis tellement longtemps que tu ne savais même plus pourquoi elle avait commencé. Des planètes entières avaient été totalement ravagées par les affrontements terrifiants entre les deux camps, tandis que chacun d’entre vous s’efforçait de défendre les autochtones. Toi et les tiens, vous vous efforciez de bâtir des sociétés, et il avait été décidé, compte tenu du faible niveau culturel des gens, de les éduquer, en essayant de développer des sociétés fondées sur la religion et la monarchie. Ce n’était pas simple. De leur côté, les démons favorisaient les contrées barbares, les pillages, les meurtres, les viols, les pillages. Les civilisations intermédiaires se mettaient en place, et vous en plantiez les fondations. A cette époque, tu ignorais totalement à quel point ces civilisations acquéraient une grande importance, jusqu’à former un troisième pouvoir concurrentiel. Pour beaucoup d’Anges, les humains étaient trop facilement corruptibles, trop faciles à dominer, trop aisément subversifs. Imperius, Archange de la Bravoure, l’un des principaux chefs de guerre de la Milice, avait récemment déposé une motion au Conseil des Archanges pour demander l’éradication de l’humanité, au nom de la guerre, et afin d’empêcher que l’humanité ne devienne pour de bon le nouveau bras armé des démons, en travaillant dans leurs forges infernales, et en les aidant à bâtir leurs sinistres temples maléfiques et leurs immenses forts obscurs. Le Conseil des Anges, ou Conseil des Angiris, comprenait cinq Archanges, représentant les cinq vertus cardinales guidant les Anges :

  • Tyrael, Archange de la Justice ;
  • Auriel, Archange de l’Espoir ;
  • Imperius, Archange de la Victoire ;
  • Itherael, Archange de la Foi ;
  • Malthael, Archange de la Connaissance.



Les cinq Archanges formaient le Conseil, qui prenaient les principales décisions concernant les Cieux. Une décision devait être acceptée à l’unanimité pour être prise. En effet, il fallait qu’une décision soit conforme aux cinq vertus cardinales pour être possible. La prochaine décision que le Conseil voterait, suite à la demande d’Imperius, porterait sur la suppression de l’humanité. Une question qui divisait les Anges, et qui te divisait. A cette époque, les humains étaient généralement des sauvages, et vous ne pouviez vous empêcher de vous demander ce qu’il adviendrait d’eux, à voir leur début. Tu savais que Bath Kol, ton amie d’enfance et camarade de guerre, était opposée à l’extinction de l’humanité. Inversement, Lucifer, le Porteur de Lumière, ton mentor, et disciple d’Imperius, y était largement favorable. Trop d’Anges avaient été tués pour sauver les humains, et il les méprisait cordialement.

« Ce n’est pas à nous qu’il revient de condamner toute une espèce, martelait Bath Kol.
 -  C’est ce que nous faisons avec les démons, pourtant, objectais-tu.
 -  Ce n’est pas pareil. »

Vous auriez pu discuter pendant des heures, mais des vibrations vous interrompirent. Plusieurs anges vinrent vous voir dans la pièce.

« Le Destructeur a été signalé au Sanctuaire de Khûm-Lûm. »

Le Destructeur... Tu te mis à frémir. Il s’agissait du Prince infernal Abaddon, qu’on surnommait « l’Ange destructeur ». C’était un individu d’une cruauté inégalée, et d’une puissance terrifiante. Il était la menace prioritaire des Anges, et tu te relevas, déployant tes ailes, enfilant ton armure, protégeant ainsi ta tête et tes ailes. Khûm-Lûm se situait dans une immense jungle équatoriale, et désignait l’un de vos points permettant de rejoindre les plans inférieurs. Vous vous élançâtes à travers le Portail. Quinze Anges menés par un Archange. Les nuages laissèrent bientôt place à la jungle jadis luxuriante de Khûm-Lûm... Et tu t’arrêtas en plein vol, ainsi que d’autres anges. Cette image devant tes yeux fait partie de celle qui devait te marquer à travers les âges, à tel point que tu te revois encore précisément. Il est curieux de voir à quel point l’esprit est compliqué. Il peut totalement oublier ce que vous avez fait la veille, et se souvenir précisément d’une scène marquante d’il y a plusieurs années.

« Les morts... Je les entends crier...
 -  Nous arrivons trop tard... »

Khûm-Lûm s’étendait sur des milliers d’hectares. D’un bout à l’autre, la forêt flambait. Un immense incendie qui devait probablement être visible depuis l’espace. De tout temps, tu n’avais jamais vu un tel feu. Les flammes se répandaient à perte de vue, brûlant fièrement dans le ciel, s’étalant sur des dizaines de mètres de hauteur. Chaque arbre brûlait. Un écosystème entier avait été détruit, du plus petit insecte au plus puissant des prédateurs. Un feu meurtrier et terrifiant, fascinant en un sens. Bath Kol était une Ange bien plus sensible que toi à la magie, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle se sentait mal. La magie tissait des liens étroits avec la vie et la mort. Votre groupe s’élança vers la pyramide de Khûm-Lûm, reconnaissable à son cône lumineux s’élançant en hauteur. Vous vîtes alors les corps.

La pyramide était intégralement recouverte de cadavres empalés contre cette dernière, dans un état atroce. Défigurés, déchiquetés, mutilés, brisés, torturés, des filaments d’organes se répandaient sur les carcasses purulentes d’autres anges, d’autres humains, qui fixaient le ciel de leurs têtes pâles, scalpées, ensanglantées, déchirées. Un soupçon d’horreur te saisit à cette vision. Sur le sol, des milliers de plumes noircies et écarlates jonchaient les cendres. Toute la pyramide avait été recouverte de corps mutilés. Ce fut l’Archange, Jezahel, qui vit les autres cadavres dans les coins.

« Des carcasses de démons... »

Tu te posas sur le sol, devant ce sinistre charnier. Les démons avaient été massacrés, et disposés autour de la pyramide. Ils avaient été empalés contre des piques, et également mutilés. Aucun ange ne pouvait faire ça.

« Vous pensez qu’il y a des survivants ? » demanda un ange.

Tu étais muette, regardant autour de toi, circonspecte. On disait qu’Abaddon avait avec lui une nouvelle Légion, composée de redoutables démons. Visiblement, il avait profité du massacre des anges pour faire le ménage dans ses propres troupes. Tu perçus des sanglots, et, en tournant la tête, tu vis que Bath Kol se tenait la tête, retenant ses larmes, le visage déchiré par un élancement de douleur. L’empathie... Une chose forte chez Bath Kol, qui devait l’amener à percevoir la souffrance qui avait résonner ici. Même sans magie, tu pouvais ressentir les cris désespérés des damnés. D’un coup d’ailes, tu rejoignis Bath Kol, et elle se blottit dans tes bras. Tu ne disais rien.

Que pouvais-tu dire ?

9
Terreaufair / Voyage dans un monde lointain [Angurva]
« le: jeudi 28 mars 2013, 10:29:42 »
La Tour flamboie de ses lueurs violettes devant toi. Massive, envoûtante, tu la vois à travers tes yeux embrumés. Tu retiens péniblement ton souffle, crachant encore du sang. Des frissons remontent le long de ton corps, te blessant, te rappelant cruellement que tu n’as plus tes ailes. Tu secoues lentement la tête, et, pour occulter la douleur, tes souvenirs te ramènent encore en arrière, à une autre époque... Une époque différente de celle-ci, et relativement proche, quand tu avais encore tes ailes, et que tu t’étais rendue dans un autre monde, traquant Randall Flagg, ce mage qui t’avait trahi il y a plusieurs siècles, et que tu traquais. Tu n’étais pas encore consciente de sa dangerosité. Pas complètement, en tout cas.



Tes investigations t’avaient conduit dans un fort isolé en montagne. Un endroit hostile et dangereux, perdu dans une tempête de neige. Le château-fort était abandonné, vu de l’extérieur, mais il y avait bien de la vie à l’intérieur... Si on pouvait toutefois appeler ça de la vie. Les grandes cours à l’entrée étaient balayées par le vent, et toutes les entrées du château étaient murées. Tu étais passée par une entrée alternative, dans une grotte, affrontant plusieurs manticores et autres animaux dangereux de la montagne. Le froid ne t’effrayait pas, tu y étais habituée. Les grottes te permirent d’entrer dans le château.

C’était une ancienne prison militaire, abandonnée depuis des années, qui appartenait jadis à Ashnard. Officiellement, le château-fort pénitentiaire était abandonné, mais tu découvris rapidement, en avançant le long des cellules, qu’il n’était pas abandonné. Il y avait de nombreux prisonniers, et tous étaient dans un état blafard, hagard. Rabougris et anorexiques, ils ressemblaient à de sinistres cadavres, et certains étaient morts. Les gardes étaient des Draugr peu dangereux, que tu brisas sans difficulté. Tu ne pouvais plus rien pour les prisonniers. Leurs âmes avaient été détruites, et ils n’étaient que des coquilles vides. En t’avançant dans les cellules, tu vis les salles d’expérience, les laboratoires où Flagg s’était livré à ses expérimentations. Un mage était aussi une espèce de scientifique, qui, comme tout scientifique, avait une approche assez empirique des choses, et se livrait à des expériences. Il avait pris des cobayes humains, et tu pouvais percevoir leur douleur, en sentant la fureur t’envahir. Ce monstre les avait torturés. Hommes, femmes, enfants, il avait capturé des familles entières pour se livrer à ces expériences. Dans quel but ? Tu n’en savais rien, mais tu pouvais le deviner. Le contrôle mental. La télékinésie. La métempsycose. Tu vis des notes, des cahiers remplis de pages, d’informations, sur l’évolution des sujets.

Citer
Patient 043, note finale

Les essais sont concluants. La formule a l’air d’être la bonne. Le patient souffre toujours de maux de tête, ce qui, je le crains, ne pourra jamais être ôté. En revanche, il n’est pas rentré dans une frénésie destructrice, et ses barrières mentales se sont suffisamment affaiblies pour me permettre de rentrer dans son esprit, de sentir sa peur, de sentir sa colère. J’ai pu réussir à tuer sa mère avant qu’il ne réagisse, en ne réussissant à se suicider.

Je sens que je suis sur le point de réussir.

Serrant les lèvres, tu refermas les pages, continuant tes recherches. Tu vis des bibliothèques avec de nombreux essais et traités parlant de la métempsycose. Cette forme suprême de télékinésie consistait à fusionner les esprits pour prendre possession intégrale du corps d’un autre. Tu en savais assez sur la télékinésie pour savoir que la métempsycose était avant tout théorique, et faisait partie des sortilèges proscrits par la plupart des codes déontologiques des académies magiques. Flagg avait visiblement tenté de s’y essayer, et tu craignais d’être arrivée trop tard. L’Étranger n’était plus là, mais avait forcément laissé des traces, des indices susceptibles de le retrouver.

Tu avais eu du mal à obtenir les informations sur ce château. Tu avais du te renseigner sur Flagg, le poursuivre, pour apprendre qu’il existait bien des rumeurs circulant autour de ce château, qu’on disait hanté par le démon. Dans tes songes, tu avais senti la présence de l’Étranger, ce redoutable mage que tu connais bien, et dont tu as envie de te venger. Il t’a trahi, et tu ne souhaites qu’une chose : lui faire payer la monnaie de sa pièce, et comprendre ce qu’il veut. Tu continues à observer les notes, les livres.

« Je n’y comprends rien... Où est-il passé ? »

Tu secouas la tête, et t’avanças dans un escalier qui descendait. Il était taillé en pierre, et tu rejoignis une salle remplie d’armes, où tu sentais des ondulations magiques. Fronçant les sourcils, tu t’avançais. Quelque chose se cachait ici, se dissimulait parmi les nombreuses armes entreposées ici. Il y avait des armures, des boucliers, des épées, des fléaux... C’était l’armurerie du fort, et, à travers quelques meurtrissures, on entendait le mugissement du vent. L’endroit était plongé dans la pénombre, mais tu percevais les vibrations. Tu étais alors bien loin de te douter de ce qui t’attendrait.

Les vibrations émanaient d’une curieuse épée. Tu t’en rapprochas lentement. Elle était posée au milieu de la pièce, sur une espèce d’autel. Tu t’en approchas lentement, voyant autour de l’épée une espèce de verrou magique, de lien qui restreignait la puissance magique de l’épée. Tu connaissais ce genre de sortilège. Tu cherchas le lien, l’entrave, et, d’un coup, elle fut brisée. Quelle était donc cette mystérieuse épée ?

10
Les contrées du Chaos / Le premier des conflits [Stephen Connor]
« le: mardi 05 mars 2013, 16:01:48 »
Tu étais nerveuse, à cette époque. Rien à voir avec cette femme forte et déterminée que tu es devenue, au fil des années. La Pureté... C’est ainsi que les autres t’avaient appelé, mais, pour toi, ça ne voulait pas dire grand-chose. Tu priais dans l’une des éternelles tours d’ébène des Cieux, quand on t’a appelé. On t’a appelé pour descendre, pour aller te battre.

« Luctum va tomber, ma Sœur. Il nous faut intervenir ! Dépêche-toi ! »

Ce fut ainsi qu’il interrompit ta prière. Tu te retournas, hochant la tête, te préparant à l’inévitable. L’affrontement sanglant qui, depuis des années maintenant, agitait les Cieux, et divisait entre eux les Archanges. Comment aurais-tu ne pas être nerveuse ? Tu venais à peine de terminer ta formation, et on disait tant de choses effroyables sur ce qui se passait en contrebas, sur les légions infernales déferlant dans les plans inférieurs... Tu te relevas, et t’envola à ton tour, rejoignant les autres. Ils étaient tous là. Eux, tes amis d’enfance. Et lui. Il vous tournait le dos.

« Combien de temps Luctum va tenir ?
 -  Ses premières lignes de défense sont tombées. C’est toute une Légion qui est en train de l’assiéger. »

Celle qui venait de te répondre était celle avec qui tu avais grandi, celle avec qui tu avais eu tes premières plumes. Une Ange extrêmement sage, Bath Kol. Quand elle parlait, c’était toujours avec sagesse. Elle voyait en contrebas, et tu regardas également. Luctum était l’un de vos plus puissants sanctuaires arctiques. Il se dressait au milieu de la banquise. Une énorme colonne de lumière partait de son centre, et les Anges, avec leur technologie, avaient érigé des murs pour protéger l’accès, et permettre aux habitants de s’y réfugier avant la venue des Maraudeurs, et des autres créatures venant des Enfers. La situation semblait effectivement catastrophique. Luctum était l’un de vos plus importants sanctuaires. Sa chute compliquerait sensiblement vos possibilités d’arriver dans les plans inférieurs pour secourir les habitants qui y vivent.

A cette époque, il n’y avait pas de nation. Il n’y avait pas d’État, pas de civilisation, pas de continent. L’humanité, dans le sens le plus large qu’on puisse lui donner, en était à ses balbutiements, passant du statut d’animal à celui d’être humain. C’était le commencement de tout, le début des espèces intermédiaires, qui commençaient lentement à pulluler. On ne trouvait aucune ville digne de ce nom, rien d’autre que des peuples avançant au gré du vent, pour la plupart des sauvages barbares qui attaquaient sauvagement quand les autres approchaient, des barbares cruels.

« Alors, il faut y aller.
 -  Toujours le même empressement, Yehaël... Je te reconnais bien là.
 -  Mais elle a raison, intervint l’homme qui, impassible, observait depuis la plateforme d’observation la situation en contrebas. Azazel ne tiendra pas éternellement contre eux. »

Tu frémis en l’entendant parler. A cette époque, et même maintenant, sa puissance et son charisme t’avaient impressionné. N’était-il pas le Porteur de Lumière, après tout ? L’un des plus grands Anges ? Des plus puissants ? Il t’avait formé, et, en un sens, tu le considérais un peu comme son père. Certes, quand cette idée te vient à l’esprit, tu sais qu’elle est influencée par ce que tu as vécu, car, à cette époque, tu ne croyais pas vraiment à l’existence d’un groupe intermédiaire entre toi et les Anges. Le concept de famille ne te venait même pas à l’esprit.

La guerre régnait en contrebas depuis que les Anges étaient intervenus pour tenter d’éduquer ces sauvages. Les démons étaient également intervenus, afin d’en faire des esclaves, et de renforcer leurs rangs, dans l’intention de s’implanter chez eux, de se répandre dans d’autres plans. Et la guerre, naturellement, avait rapidement éclaté. Les démons étaient dirigés par un démon d’une puissance légendaire, un seigneur de guerre redoutable qui restait chez lui, envoyant sur Terre son plus fidèle lieutenant : Belzébuth, le Palingène.

« Luctum ne tombera pas. Si les Archanges ne se décident pas à intervenir, nous nous passerons de leur aval. »

D’autres anges étaient là. Tu te dépêches d’enfiler ton armure, très légère, comprenant un heaume, et des morceaux d’armure pour protéger les parties faibles de ton corps, notamment les ailes, le point faible de tous les Anges, vu que les ailes n’étaient constituées que de plumes. Il n’y avait que le Porteur pour ne mettre aucune protection. Il prétendait que la Lumière divine le protégeait, et que les éléments d’armure le ralentissaient.

« Nous devrions attendre que le Conseil se décide...
 -  C’est une question de minutes ! coupa l’homme. On ne peut se permettre d’attendre plus longtemps. Soit vous restez ici à vous dorloter la pilule, soit nous allons sauver nos confrères. »

Lucifer n’en dit pas plus, et se laissa tomber, avant de traverser les nuages. Tu regardas Bath, sachant très bien qu’agir ainsi l’énervait, elle qui aimait tant suivre les ordres. Les autres anges commençaient déjà à descendre, et tu les suivis.

« Nous allons avoir besoin de toi, Bath. Viens. »

Elle avait alors haussé la tête, confirmant ta demande, et vous vous mîtes à descendre, traversant rapidement les nuages, atteignant une vitesse très rapide. Des colonnes d’air fendant les nuages, avant d’apercevoir les colonnes bleues des sanctuaires divins. Tu atteignais une superbe vitesse, ta lance se matérialisant dans son dos. Votre formation était classique, évoquant une paire d’ailes avec Lucifer au centre, laissant derrière lui des traînées dorées. Les nuages disparurent rapidement, et tu aperçus le champ de bataille.

Les démons étaient partout, formant une immense marée noire qui se fracassait contre les immenses murs d’albâtre de Luctum. Les démons se trouvaient dans la cour inférieure, qui entourait le monastère, avec les réfugiés. Tu sentis la colère t’envahir, et Lucifer prit de l’avance. Il joignit ses deux poings, des lueurs célestes, et envoya un puissant sort vers les démons.

« Frappez depuis le ciel, mes frères ! »

Ce fut comme si une colonne de feu lumineuse fendait l’air en deux, plongeant sur les ennemis, provoquant une superbe explosion qui dispersa les démons. Lucifer s’écrasa au milieu des cadavres, pliant les genoux, une main sur le sol, tête baissée vers le bas, alors que les cadavres de démons s’envolaient dans tous les sens. Lucifer se déplaça ensuite rapidement, et son genou se logea dans le ventre d’un autre démon, avant que des épées ne jaillissent de ses mains. De ton côté, tu atterris sur l’un des murs, et ta lance parla d’elle-même, sectionnant la gorge de l’un des démons.

Les renforts venaient d’arriver.

11
Les contrées du Chaos / To Lud [Bast - Kimuko]
« le: dimanche 03 mars 2013, 11:26:29 »
T’en souviens-tu ? De quoi te rappelles-tu ? Toute ta pensée n’est pas obnubilée par la tour qui pulse devant toi, par cette énergie vibrante qui fait trembler le sol. Alors que tu saignes, que la vie te quitte, des pensées te reviennent à l’esprit. Tu as du mal à voir, du mal à penser, mais, quant à te souvenir... Et ton esprit, naturellement, dérive, et tu te rappelles... Oui, la mémoire te revient. Tu te souviens, les images se reconstituent, alors que le temps semble t’échapper. La première fois... Tout n’avait pas commencé là, mais, pour toi, ce fut le premier départ. Gilead... Lud, la cité perdue... La femme-chat, et la kitsune hasardeuse... Tout te revient. Et, lui, surtout... L’Étranger Sans Âge, l’homme en noir... Il portait un nom différent, à cette époque. Différent... Tout aurait pu être différent. Il s’en était vraiment fallu de peu. Mais, parfois, ce « peu » fait toute la différence.

Pas vrai ?

*
*  *

Le soufflement du vent est la première chose qui te vient à l’esprit pour te rappeler cette scène. Le soufflement du vent, et le crépitement des flammes. Vous aviez traversé une longue chaîne de montagnes, et, naturellement, vous aviez froid. Du moins, sauf toi, car toi, tu es une Ange, habituée au froid. Mais tu n’irais pas jusqu’à prétendre que ce feu ne t’a pas fait du bien. Tu n’irais pas jusqu’à prétendre que tu n’appréciais pas son contact, que tu n’appréciais pas la délicieuse odeur sortant du plat. Vos dernières provisions y passaient, mais tout était terminé. Au-dessus de vos têtes, le soleil se couchait. Lud était enfin là. Pas l’un de vous ne parlait. Vous étiez tous plongés dans vos pensées, dans vos soucis, vos problèmes. Vos espoirs, ou vos sombres projets de machinations. Tu t’en souviens encore, mais tu as relevé la tête, pour les observer.

Le pistolero s’était relevé. Roland. Le Tekhan, l’héritier de Gilead. Il observait la ville depuis la butte, le vent faisant remuer sa longue cape, son chapeau de cow boy rapiécé, perpétuellement vissé sur sa tête. Près de toi, il y avait la femme-chat, Bast. Celle qui était en recherche de ses origines. Elle était à ta gauche. A ta droite, il y avait la kitsune, Kimuko. Et lui, tu t’en souviens ? Talbain le sauvage, le loup-garou qui vous avait rejoint en cours d’aventure. Tu reconnais également Obsidian, une femme qui parlait peu, et qui portait perpétuellement sur le visage un masque ne laissant paraître que ses lèvres Et, si tu commences à te souvenir clairement de chacun d’eux, il y en a un que tu n’oublies pas en particulier. Celui sans qui cette quête n’aurait jamais été possible. Celui qui vous avait tous rassemblés. A cette époque, il se faisait déjà appeler Randall Flagg, mais, toi, tu as pris coutume de choisir un surnom qui convient mieux à quelqu’un qui n’a pas d’identité : il est l’Étranger. L’Étranger Sans Âge.

Tous, vous êtes dans vos pensées. A quoi peuvent-ils bien penser ? En as-tu une idée ? A ce que vous avez traversé au cours de ces derniers mois ? A toutes les épreuves qui vous ont rapproché ? Toi-même, à cette époque, tu y repensais... Ou alors, étiez-vous préoccupés par Lud ? Dans le fond, ne ressentais-tu pas une sorte de nostalgie à l’idée que le voyage touche à sa fin ? Enfin, tu comprenais que le plus important, dans un voyage, n’est pas la destination, mais la manière d’y arriver. C’est presque tout le continent que vous aviez traversé à la recherche de cette cité perdue et désolée, qui semblait flotter dans l’eau, nimbée de magie. Lud, la cité magique...

Mais il faut que tu reviennes en air pour que nous puissions comprendre, il faut figer cette scène, même si c’est celle qui, dans le fond, t’a le plus marqué. Il faut remonter en arrière, avant les péripéties, avant la jungle, avant les chutes d’eau, avant le fleuve, avant les montagnes, il faut revenir là où tout a commencé... Et tu sais là où tout, véritablement, a commencé.

Nexus. Alors, disons adieu à ces gens fatigués, épuisés, qui semblent presque désabusés, mais habités d’un curieux sentiment d’espoir. Laissons-les à leurs rêves, à leurs envies, à leurs pensées, lissons votre dernier plat cuire, laissons les bouts de carottes brûler au milieu de morceaux de viandes et des herbes, ainsi que de la sauce, de cette nourriture qui vous ouvre l’appétit. Laissons là tout ça, et revenons en arrière.

*
*  *

Nexus, à cette époque, était une ville qui ne connaissait pas la crise. A cette époque, Tekhos n’avait pas atteint l’essor technologique qu’on lui connaissait. A cette époque, Ashnard était un Empire lointain, qui n’avait pas encore traversé le continent pour envahir la cité millénaire. A cette époque, Nexus était gouvernée par un puissant Roi, un illustre souverain, qui avait réussi à faire de Nexus une capitale mondiale de la culture, un centre économique. A cette époque, Nexus était la plus grande fierté de Terra. Toi, tu voyageais au milieu des docks, des ports interminables, tu entendais les mouettes voler, tu te félicitais de voir à quel point Nexus semblait moderne. Certes, il y avait déjà des esclaves, mais la guerre n’avait pas encore ravagé Terra, et il faisait bon se promener à Nexus. Les bas-fonds étaient très petits, le marché noir inexistant, la corruption faible. Il y faisait bon vivre, on entendait des artistes chanter, des troubadours, les crieurs publics vantaient les exploits du gouvernement. Certes, il existait bien des pauvres, des malheureux, mais rien de comparable à maintenant. Tu t’en souviens ? Oui, bien sûr. Il faisait bon vivre, alors, à Nexus.

C’est là-bas que tu as rencontré Roland et Flagg. A cette époque, l’auberge la plus en vue était celle du Crépuscule de la Mer. On y dégustait surtout des fruits de mer. Des crevettes, des huîtres, des langoustes, des crabes, et tout un stock de poissons. Toi, tu adorais les moules et les gambas. C’est d’ailleurs avec ça qu’ils t’avaient accueilli. Roland parlait alors peu, et, sur le coup, tu ne savais quasiment rien de plus sur lui que son nom. C’était Flagg qui te parlait.

« J’ai cru comprendre que vous recherchiez du monde pour aller à Lud. »

Lud était une cité magique, les vestiges d’une ancienne civilisation avancée, et, à cette époque, elle suscitait bien des envies, même parmi les Anges. Toi, tu savais que c’était une cité empreinte de magie, et les mystères de sa disparition t’intriguaient. Cependant, la première difficulté se posant avec Lud était de savoir où elle était, dans la mesure où il s’agissait d’une cité flottante. Elle dérivait donc sur l’eau.

« C’est exact, te répondit-il Je suis Randall Flagg, diplômé de l’académie de magie de Nexus. Je monte une expédition pour rejoindre Lud. Lui, c’est...
 -  Roland, répondit l’homme, ses yeux indiscernables sous le rebord de son chapeau. Je cherche aussi Lud. »

Il ne dit rien plus, tandis que Flagg t’avait parlé. Il t’avait expliqué que Lud intriguait l’académie magique de Nexus, et que le conseil avait voté pour que l’un des membres honoraires de l’académie se rendre sur Lud, afin de monter une expédition.

« Je pense savoir où trouver les cartes susceptibles de conduire à Lud, la cité des rêves. Il paraît que tous les rêves peuvent s’y accomplir. N’est-ce pas formidable ? »

L’annonce avait été déposée dans l’un des panneaux réservés à l’affichage public. C’est comme ça que tu avais été au courant, tout simplement. Tu ne répondis rien. Exaucer tes rêves... Il y a bien longtemps que tu ne crois plus en ce genre de futilités. Tu ne t’intéresses pas aux gens qui regardent tes ailes. Ce n’est pas tous le sjours qu’on peut voir un Ange, et, pour l’occasion, tu avais fait l’effort de te vêtir un peu, même si tu étais habillée de manière très légère. Tu es une Ange, une femme à la peau endurante. Tu n’as pas besoin d’une armure qui ralentirait tes mouvements.

Du moins, à l’époque, c’est ce que tu croyais.

Nous sommes à Nexus, plusieurs siècles avant que l’homme qui se tienne devant toi ne te condamne à mort, et ne tente de remodeler toute la Création.

12
Le coin du chalant / Chroniques d'une Ange
« le: jeudi 28 février 2013, 02:16:25 »
Bonjour/soir.

Venant d'être validée, je lance donc ma demande de RP. Afin de rappeler un peu qui est Yehaël, cette dernière est l'Ange de la Pureté. Elle existe depuis que les Cieux existent, et sa fiche de présentation commence par la fin, c'est-à-dire que l'Ange se retrouve dans une situation critique, face à des adversaires qui la dominent, et dont les projets ne semblent pas particulièrement encourageants. En train de mourir et de ramper, Yehaël se rappelle alors son existence...

Pour qu'elle soit plus claire, cette demande sera organisée en deux parties, la première concernant les RPs principaux, c'est-à-dire ceux qui sont directement liés à l'histoire développée dans la fiche de Yehaël, brièvement résumée ci-dessus, et la seconde concernant des RPs secondaires, un peu plus libres, simplement pour jouer le personnage. La frontière entre les deux n'est pas étanche. Comprenez par là qu'un RP secondaire peut tout à fait, selon son évolution, devenir quelque chose d'important. Tout dépend de l'évolution de ce dernier.

Si vous désirez faire un RP, prière de me contacter, soit en postant dans ce topic, soit par MP, de préférence sur mon compte principal, Alice Korvander, afin que je vous réponde plus rapidement.

PARTIE 1
La vie d'une Ange

La liste des différents RP de cette première partie est limitative. N'y participez que si vous avez envie d'avoir un impact sérieux dans la vie de Yehaël, ou de contribuer à son histoire, c'est-à-dire de prendre le risque de vous retrouver, d'une manière ou d'une autre, dans le chapitre final. Les RP sont présentés de manière chronologique, par chapitre. Je précise également que, si un RP du chapitre 2, par exemple, vous intéresse, vous pouvez proposer, même si les RP du chapitre 1 n'ont pas encore eu lieu. Les chapitres sont suffisamment espacés pour qu'ils ne soient pas dépendants les uns des autres. Seules les trames du chapitre final sont pour le moment bloquées, le temps que les autres se fassent.

CHAPITRE 1 - Le conflit originel

Contexte : la première grande guerre a éclaté, celle qui oppose les Anges aux Démons dans un conflit destructeur pour le contrôle des plans séparant les Cieux des Enfers. Ce conflit ancestral durera des siècles, et constituera les premiers affrontements de Yehaël.

Période temporelle : pour plus de simplicité, je situe personnellement (mais vous pouvez avoir une autre interprétation) ce conflit à l'apparition estimée des premières expressions religieux chez l'espèce humaine (les premiers tombeaux), soit il y a au moins cent millier d'années. Partant de là, les trames de ce chapitre sont réservées exclusivement aux Anges, aux Démons, ou à d'éventuels Dieux qui existeraient déjà à cette époque. Néanmoins, si vous avez envie de faire l'une de ces trames, je pense qu'elle pourra se faire, sauf avis contraire de la modération, dans la section "One-Shot".

Trames :


  • La guerre éclate. Violente, mortelle, sauvage. Un conflit primitif et mythique où des millions de démons se heurtent à des milliers d'anges. Vous sentez-vous de taille à participer, d'un côté comme de l'autre, à ce conflit qui a marqué toutes les générations ? De batailler auprès des êtres les plus puissants des Enfers ? D'affronter des Princes infernaux et leurs Légions interminables ? Ou, à l'inverse, d'affronter la toute-puissante armée angélique et leurs armées étincelantes ? La guerre se déroulera partout, et n'épargnera personne. Et sûrement pas vous. Attendez-vous à en chier, tout simplement. Ce souvenir se trouve ici.

  • Il est le plus terrifiant de tous les démons. Sa puissance n'a pour seul écho que sa soif de la destruction. Il est né pour la destruction, ne respecte rien, et, dans cette guerre interminable, son pouvoir, sans cesse, grandit, croît, au point d'inquiéter les Princes infernaux. Il est le Fléau, le Destructeur, l'ange exterminateur. Il est Abaddon, et son goût de la destruction nuit aux projets de corruption développés par Satan et par les Princes. Alors, que vous soyez Ange ou Démon, vous allez être forcés de faire l'impensable pour votre survie. Unir magie blanche et magie noire, magie céleste et magie ténébreuse, pour sceller la plus terrifiante et la plus incontrôlable de toutes les menaces. Ce souvenir se trouve ici.

  • L'infernale guerre s'est terminée, laissant les deux camps dans un état d'affaiblissement prononcé. Les Princes infernaux ne s'entendent plus sur leur leader, et se font la guerre entre eux. Les Anges pansent lourdement leurs blessures, et cette guerre a durablement marqué les esprits. Certains esprits n'en sont pas remis, et se font fortement radicalisés. C'est le cas de Lucifer, mais aussi d'autres Anges, qui refusent la paix déclarée par les Archanges. Proche de Lucifer, Yehaël sera amenée à faire un choix déterminant, et, d'une manière ou d'une autre, vous y participerez. Ange déchu ? Ange fidèle à la doctrine majoritaire ? Ou un démon ?



CHAPITRE 2 - Le devoir des Anges

Contexte : moins restrictif que le premier chapitre, dans ce second chapitre, Yehaël est une Ange qui se rend fréquemment dans les plans inférieurs (Terra et la Terre, surtout), afin de défendre la Pureté, et de repousser les pénétrations démoniaques non autorisées, tout en respectant ses devoirs angéliques.

Période temporelle : les RP de ce chapitre vont d'un "passé proche" (quelques siècles) à l'époque actuelle... A quelques mois près.

Trames :


  • Yehaël se rend fréquemment sur Terre et sur Terra, et réalise que certains démons ne respectent pas vraiment le principe de libre-arbitre. Elle s'en va défendre la Pureté, avec le zèle qu'on lui connaît. Mais, en ce faisant, elle se pourrait qu'elle outrepasse ses prérogatives... Et vous ? Vous l'aiderez. Ou pas. Vous serez une victime de ceux cherchant à invoquer les démons, ou des démons cherchant à venir. Ou pas. Vous serez celui qui vous semble le plus adapté.

  • Persuadée qu'il n'existe pas pire engeance que les démons, Yehaël va faire sa rencontre avec un individu qu'elle reverra à plusieurs reprises. Portant bien des noms, ce mage inconnu, sans nation, sans famille, sans appartenance aucune, s’avérera être un manipulateur de talent, qui se fera passer pour un allié, rejoignant l'Ange et divers aventuriers autour d'une quête. Vous serez probablement l'un des aventuriers participant à cette quête, à moins que vous ne désiriez jouer un autre personnage. Ce souvenir se trouve ici.

  • Poursuivant l'Étranger, Yehaël essaie de comprendre qui il est, ce qu'il veut, quels sont ses motivations. Elle le poursuit aussi sur Terreaufair, où vous l'accompagnerez, à moins de vous trouver déjà sur place. C'est dans ce monde magique que les premières révélations tomberont, et que Yehaël commencera à comprendre une partie des ambitions démesurées de l'Étranger, et de son complice. Ce scénario se trouve ici.



CHAPITRE 3 - SKYFALL

Contexte : le chapitre 3 est le chapitre final des aventures de Yehaël. Toutes les trames ayant lieu ici sont donc pour l'heure bloquées.

PARTIE 2
Les aventures d'une Ange

Bien plus libre, cette seconde partie regroupe tous les RP qui sont possibles avec Yehaël, et qui ne s'inscrivent pas directement (ou pas du tout) dans les évènements qui la conduiront à finir avec les ailes arrachées. Gardez cependant à l'esprit que ces RPs peuvent malgré tout avoir une incidence quelconque, selon la manière dont ils évolueront, et vos envies. Rien n'est figé, tout est mouvant.

Trames proposées :


  • Quelqu'un est en problème. Un problème urgent. Il est victime d'une injustice impliquant des forces surnaturelles, et, par un heureux hasard, tombe sur Yehaël ;
  • Vous êtes un individu peu recommandable (sorcier, super-vilain, Ange déchu, démon, etc...), et Yehaël tombe sur vous. Soit vous la recherchiez, soit c'est un heureux hasard, qui risque de se résoudre avec violence ;
  • Yehaël traque un démon, ce qui l'amène à devoir se rendre dans des endroits où sa présence peut surprendre, que ce soit sur Terre, ou même en Enfer. Vous êtes alors éventuellement un autochtone, qui, d'une manière ou d'une autre, se retrouve lié à Yehaël ;
  • Une menace quelconque terrorise une région (gros monstre, ennemi, etc...). Yehaël décide d'intervenir, et c'est dans cette situation que vous la rencontrez ;
  • Les nombreux agissements de Yehaël dans les plans inférieurs commencent à énerver ses supérieurs, qui y voient de nombreuses atteintes au libre-arbitre. Ces derniers convoquent alors Yehaël pour une petite mise au point, et vous y participez ;
  • Yehaël se rend sur Terreaufair car elle y a perçu une puissance maléfique particulièrement forte, particulièrement hostile, et entend bien supprimer cette dernière, avant qu'elle ne se répande ;
  • Des idées éventuelles qui pourraient vous venir à l'esprit...



Voilà... Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à vous proposer, je ne mords pas  :)

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Prélude / Le monstre et le démon (Il t'a valiprimée)
« le: mardi 26 février 2013, 21:30:45 »

« C’est l’histoire d’un monstre et d’un démon... »

Ses paroles résonnent dans ta tête, alors que tu rampes sur le sol, que tu craches entre tes lèvres la poussière. Tu sais qu’il est là, tu sais qu’il t’observe, qu’il te voit, mais tu es incapable de réagir. Car, outre sa présence, quelque chose d’autre t’inquiète, te terrorise. Tu devrais avoir mal, mal à en hurler de douleur, mais, curieusement, tu ne ressens pas la douleur. Tu ne sens qu’une intense fatigue, une envie de fermer tes yeux, tant tes paupières te semblent lourdes. Tu te bats pour rester intacte, pour ne pas sombrer. Ce sentiment, au cours de ta très longue existence, tu ne l’as ressenti qu’en de rares occasions. Tu te souviens de cette première fois, dans les champs de bataille lors des anciennes grandes guerres contre les démons, où tu étais alors relativement inexpérimentée. Ici, tu avais failli mourir. Tu t’étais reçue une épée démoniaque dans le ventre, tu t’étais fait empalée dessus, avant d’être balancée, laissée pour morte. T’en souvenais-tu ? Il est curieux de voir comment, à l’article de la Mort, l’esprit semble se braquer sur lui-même, et faire une rétrospection. Tu sens une main t’attraper, te retourner, et tu vois l’entrée du château, cette porte par laquelle tu es entrée en voulant le stopper. T’en souviens-tu ? Évidemment. Comment aurais-tu pu l’oublier ?




Quand tu es entrée, il était là. Il ne cherchait pas à fuir, c’était comme s’il t’attendait. Toi, tu n’étais qu’un atome de fureur et de colère, le corps déjà éclairé, ici, et là, de tâches de sang, gouttes écarlates qui remontaient jusque dans le plumage éternel et infiniment doux de tes plumes d’ailes. Il était là, dans sa longue robe vert sombre, et se retourna vers toi, les douze orbes flottant dans son dos, brillant de différentes lueurs.

« Ainsi donc, c’était vrai... Tu as réussi à les réunir.
 -  Ce ne fut pas facile, comme tu t’en doutes. La fin d’une longue quête, une quête à laquelle je ne pensais jamais voir la fin.
 -  Tout ça... Tout ça pour ça ?! »

Tu ne sentais qu’une sourde et violente colère t’envahir, une fureur telle qu’elle effaçait tous les nombreux que tu avais reçues. Tu as toujours été comme ça, une femme pleine de passions, une guerrière qui n’aurait jamais pu devenir une Archange, car tu es une femme d’action.

« Il n’en manquait plus qu’une pour pouvoir enfin lancer le Rituel. Maintenant, tous les magiciens, à travers tous les mondes, ont du ressentir cette impulsion à travers leurs portails et leurs orbes. Tous tremblent, en réalisant que l’impossible a enfin pu se produire, et que leurs petites et insignifiantes querelles les ont aveuglés. Le temps qu’ils se réveillent, il sera trop tard.
 -  Je crois que tu as oublié ma présence, sac à merde.
 -  Nous ne sommes plus au stade où il est possible d’empêcher le phénomène. Les clefs sont mises, et tu peux ressentir les vibrations magiques. La Tour va s’ouvrir. »

Tu secoues la tête, en t’avançant vers lui.

« Sans doute... Mais tu ne rentreras pas dedans. »

Dans une autre époque, sans doute aurait-il ri, mais il se contenta de te retourner vers toi, sa longue chevelure blanche descendant le long de ses épaules. Il te regarda avec son air impassible. Jadis, il y avait de la perversion dans ce regard, voire même une lueur de folie, mais tu sens que le temps a fini par atteindre le magicien. Personne n’y échappe. Toi non plus. Il semble presque lassé de devoir t’affronter, encore, mais, cette fois, tu entends bien le supprimer. Tu es blessée, certes, mais est-ce vraiment un handicap ? Ce ne sont que des égratignures, car, en quittant la zone de guerre, tu as eu amplement le temps de cicatriser, de te soigner, de te préparer, aussi bien mentalement que physiquement, à ce qui constitue le dernier acte. Lui comme toi le savez. Cette longue course-poursuite, qui dire depuis des millénaires, touche à sa fin. C’est le dernier acte, la dernière lignée droite. Plus de virages, plus de courbes, plus de faux-semblants, plus d’échappatoire, de poternes, de portes dérobées, de fenêtres. Toi et lui, vous le savez, ça se terminera maintenant.

C’est à ce moment-là que tu l’as ressenti, n’est-ce pas ? Une autre présence, dans ton dos. Tu t’es retournée, et tu l’as vu. Lui. De lui, précisément, tu n’as rien vu, mis tu sais que c’est lui. Tu le devines, à cet interminable manteau rouge qui l’enveloppe. Son visage est, par le jeu des reflets, plongé dans la pénombre, mais il est là, vous observant. Personne n’aurait senti cette pointe d’anxiété te traverser. Mais pas eux. Tu te retournes vers le magicien, qui est toujours face à toi, et ce fantôme de sourire que tu vois commencer à se dessiner sur ses lèvres ne laisse aucun doute.

« Tu as pissé contre un ouragan, Ange. »



Avant de ramper misérablement sur le sol, avec tes ailes arrachées, et ton corps en lambeaux, tu étais une belle femme. Le concept de « beauté » est difficile à concevoir chez les Anges, car vous êtes tous beaux, mais, d’un simple point de vue terrien, tu peux affirmer, sans te méprendre, que tu relèves le niveau. Qu’on prenne un peu le temps de t’observer. Avec ta longue chevelure blonde, ce corps ferme et souple, tu es l’illustration de la puissance, l’incarnation du pouvoir et de la force céleste, de cette noblesse qui semble naturellement échoir aux Anges. Tu as toujours eu de longues ailes, que tu ne rétractes jamais. Tu pourrais le faire, mais ce serait pour toi aussi saugrenu que de rétracter tes bras. Tes ailes sont des éléments déterminants de ton corps, et, comme tu le dis si bien toi-même, tu emmerdes amicalement ceux qui dénigrent ton droit à exhiber fièrement tes ailes. Tout est beau chez toi, tout transpire la pureté. Mais c’est ton attribut angélique, après tout... La Pureté. Même après tout ce temps, après tous ces combats, tu l’es toujours. Et tes yeux... Comment ne pas les mentionner ? D’un bleu clair et profond, ils virent au rouge quand tu es en colère, ou quand tu te bats, ce qui, fondamentalement, revient au même.    C’est ironique. Tu existes depuis des millions d’années, et ta beauté ne s’est jamais fanée.

Il aura suffi de quelques minutes pour que tu ne ressembles plus à rien.




C’est toi qui a chargé la première. Évidemment. Tu as sorti Daederon, l’épée infernale, cette épée que tu as su dompter, cette épée qui vibre d’une puissance incroyable, et tu as foncé vers le magicien. Cet homme qui a renié sa famille, cet homme qui a renié tout ce qui existe, si ce n’est son propre ego. Comment pourrais-tu le nommer ? Il est l’Étranger, et aucun de ses innombrables noms ne rime à quelque chose. Ta lame frappe dans le vide, car il s’est déjà déplacé, et opte pour une attaque magique élémentaire. Ton épée l’absorbe sans problème, les éclairs n’étant pas absorbés se dispersant contre les murs. Tu te bats en volant, te servant de tes ailes, et tu converges à nouveau droit sur lui, abattant encore une fois ta lame. Et, encore une fois, il se déplace, puis se multiplie. Plusieurs clones de lui-même te font face.

« C’est curieux... te dit-il alors, pendant que des attaques magiques pleuvent en série sur toi. Je contrôle les Éléments, je suis un nécromancien émérite, j’ai absorbé quantité d’Anneaux de Pouvoir, découvert des techniques magiques inédites. Dans un sens, j’ai révolutionné la magie, et pourtant... Pourtant, le nombre de fois où j’ai du l’utiliser pour balayer des communautés, massacrer des gens, est dérisoire. L’intelligence est une arme bien plus meurtrière que tout ce qu’on pourra jamais apprendre ou utiliser. »

Il te parle, mais tu ne l’écoutes pas. Ces discours, tu les connais. Tu l’as déjà affronté, à maintes et maintes reprises. Plusieurs fois, tu as failli le tuer. Il est l’Étranger, et vous vous êtes affrontés à travers les âges et les dimensions. Tu l’as défié à Nexus, quand cette ville était encore une ville à l’économie florissante, où il faisait bon vivre. Tu l’as affronté sur Terre, quand il avait pris l’identité d’un seigneur de guerre médiéval. Tu as continué à le poursuivre, le défiant sur Terreaufair. Avant cette période, l’homme était encore un mage puissant, mais pas à ce niveau. Tu as suivi sa formation de manière distancée.

Tu le repères, Daederon le ressent, et ta lame se plante dans son corps. Il était invisible, et cette dernière le traverse de part en part.. Mais tu ne sens aucune oscillation dans sa concentration magique. L’épée est plantée au milieu de son corps, les clones se dispersent, et il tend sa main vers toi. Tu n’as pas le temps d’y échapper qu’une explosion magique te heurte de plein fouet.




La pureté... Que signifie ce mot ? Comment définir ce concept dans un monde qui, par nature, est impur ? La pureté évoque bien des concepts, et tu évolues dans ceux-là. La Pureté est ce qui te définit, mais, pour autant, tu n’es pas chaste. A dire vrai, tu ne conçois pas la pureté comme une forme de chasteté, car tu sais qu’il existe des chastetés impures. Et, à dire vrai, tu as toujours eu du mal à comprendre en quoi le fait de faire l’amour était impur. Les humains t’ennuient, te fatiguent. Ils te lassent, t’énervent, et mettent à rude épreuve ta patience. Tu es une femme rigoureuse, forte, déterminée, qui a du mal à accepter la faiblesse. Tu es l’Ange de la Pureté, une femme de droiture. Voilà ce qui, dans l’absolu, te définit. La rigueur, la discipline, la force de caractère, la bravoure. Tous ces éléments connexes déterminent le pur de l’impur. La pureté, pour toi, ne se résume pas à respecter des règles, des normes, car il n’existe aucune norme pure. La pureté est un concept abstrait, infiniment moral. Elle se définit selon des critères objectifs et subjectifs. Elle inspire respect et terreur, à ton image.  Être pur est un état d’esprit autant qu’une règle de vie. Le pur ne se laisse pas aller, il ne se laisse pas souiller par toutes les faiblesses et les impuretés de la vie. Il n’est pas parfait, mais aspire à conserver une ligne droite, fondée sur des idéaux nobles, et sur une ouverture d’esprit.

Tu es pure. C’est ce que tu aimerais te persuader, mais tu vois depuis tellement longtemps les bassesses de l’humanité que tu as bien du mal à les voir. Tu ne peux t’empêcher de voir en eux le vice, la malice, la jalousie, l’envie, et tous ces péchés cardinaux qui sont le tronc commun du vice. Le respect est quelque chose que tu as du mal à admettre. Tu es, à vrai dire, une femme plutôt grossière, n’hésitant pas à injurier tous ces gens qui se prennent pour des exemples, et qui sont sidérants de bêtise et de méchanceté. Les hommes, pour toi, ne sont fondamentalement pas mauvais. Ils sont juste d’une incommensurable bêtise. Et pourtant... Pourtant, tu continues à les apprécier, à les défendre. Regarde-toi. N’es-tu pas pathétique ? Sentirais-tu le désespoir t’emparer ? Non, bien sûr que non. Tu es ainsi. C’est pour ça que nous t’apprécions, mais, pour que le portrait de ta personne soit complet, il faut encore préciser que tu as une faiblesse, un péché mignon qui t’a toujours amené à transgresser les règles des Cieux. Les enfants. Pour toi, ils sont l’incarnation de l’innocence et de la pureté. Des êtres fragiles, purs dans le sens où ils font preuve d’une franchise dénuée de toutes les convenances sociales, et ce quand bien même cette franchise est parfois cruelle. Tu sais que les enfants peuvent faire preuve entre eux d’une grande cruauté, mais ils le font sans malice. En ce sens, ils restent, à tes yeux, l’expression d’une pureté qui se dégrade ensuite.

Rien que pour ça, tu devrais te relever, tu ne crois pas ?




Il s’est amélioré. As-tu déjà rencontré un mage d’un tel niveau ? Tu l’ignores, mais tu ne peux qu’être bluffée par son talent. Cet homme aurait réellement pu améliorer la face du monde. Au lieu de ça, il a sombré, et c’est à toi qu’il revient de l’arrêter. Le combat ne se poursuit plus dans le temple, mais dans les airs. Il flotte dans le ciel, au milieu de nuages rouges, chargés en cendres. Tu es dans l’un des endroits les plus inhospitaliers de Terra. Les Malterres de la Discorde, un endroit souillé par la corruption et la souffrance. Les Malterres sont en train de s’écrouler, des volcans rentrent en éruption, le sol se fissure et craque, comme si le monde rendait son dernier soupir. Cette approche n’est pas tellement fausse, avec un peu de recul. Les éléments se déchaînent, sous l’effet de cet homme. Sa magie se révèle dans toute sa grandeur, et son pouvoir semble sans limite. Des éclairs furieux tombent du ciel, une pluie acide s’abat, et, fendant les nuages comme des obus mortels, des astéroïdes enflammés tombent. Mais il en faut plus pour t’arrêter. Tu te bats avec la rage au cœur, avec cette passion qui t’a toujours caractérisé. Contre les éclairs, les boules de feu, tu voles, tes ailes te portent, te déplacent, tu esquives, avances, recules, te laisse tomber, essaie de le déborder, envoie tes propres attaques magiques qui heurtent son bouclier. Les cieux se déchaînent, les éléments s’embrasent, tes cheveux trempés sont plaqués contre ton corps. A plusieurs reprises, des éclairs te frappent, mais aucun ne te fait tomber. Tu ne tomberas pas. Tu le vaincras. Tu l’as déjà vaincu. Tu peux le refaire. Tu tentes de t’en persuader.

Tu parviens à le rejoindre, et Daedaron se plante dans son bouclier. Tu te reçois une décharge magique qui te fait hurler, te donnant l’impression d’être électrocutée jusque dans les profondeurs de ton corps, mais le bouclier se brise. Et, pendant un bref instant, tu aperçois dans les yeux de ton adversaire une colère noire. Il est furieux, et t’envoie une attaque magique qui te fait lâcher Daedaron, t’arrachant la peau. Tu sens le sang gicler, mais tu n’en as cure. Ta vieille carcasse est endurante, elle survivra, et tu te murmures ces mots à l’oreille, avant d’envoyer tes propres attaques magiques. Tu disposes de la magie supérieure, la magie sacrée. Des rayons lumineux jaillissent de tes doigts, et balaient les attaques élémentaires de ton adversaire, le contraignant à employer ces sorts interdits dans les académies, les sorts de la plus sombre des magies noires. Ses pupilles se révulsent, devenant d’un noir d’encre, et tout explose autour de toi. Magie noire contre magie blanche, les deux opposés se fracassent dans une surpuissante explosion, qui ouvre le ciel en deux, et répand une onde. Soufflée, tu ne peux plus te contrôler, et t’écrase violemment sur le toit du château, brisant en deux une tour avant de glisser sur une série de toitures, roulant douloureusement, pour terminer ta cour dans une autre partie du château. Ton corps finit par arrêter sa course folle en fracassant une immense table de banquet en bois, et tu termines contre un mur en pierre.

« Putain... » maugrées-tu, la bouche en sang.




Il y a des temps immémoriaux, des centaines de milliers d’années auparavant, tu as participé à ta première bataille sérieuse. Pas n’importe quelle bataille. Une guerre qui a marqué les âges et les époques. Le conflit entre les Anges et les Démons, une lutte mythique. A cette époque, les races inférieures, comme vous aviez pompeusement coutume de les appeler, étaient encore des sauvages vivant en tribus, mais dont on sentait clairement qu’un jour, ils deviendraient décisifs. Les Enfers voulaient se répandre sur les plans inférieurs, et vous vouliez les en stopper, au nom de ce sacro-saint principe qui, depuis toujours, gouverne les Cieux : le libre arbitre. Ce fut une guerre terrifiante, et tu y as pris part. Là où un Ange tombait, mille démons devaient tomber. Vous étiez en infériorité numérique écrasante, dans une guerre qui semblait perdue d’avance. L’un après l’autre, vos sanctuaires, vos bastions, tombaient, tandis que vous cherchiez à protéger les humains et les autres espèces peuplant les plans inférieurs. Tu n’as jamais revu ça. Tu as vu les Enfers unifié par une autorité commune, par un seigneur de guerre qui a su diriger tous les Princes infernaux, les museler, et former une armée commune. Une armée terrifiante. Tu as vu beaucoup de sœurs et de frères tomber au cours de cette longue guerre. Combien de temps a-t-elle duré ? Des années, des siècles, même. Car un démon tué retourne en Enfer, d’où il revient. Une guerre sans fin ? Pas réellement, car, à chaque seigneur de guerre tué, des Légions entières s’écroulaient, et reformer un démon, le reconstruire, le remodeler, prenait du temps. Votre cible était le maître des Enfers, Satan.

Toi, tu étais une jeune Ange très prometteuse. Tu avais été formée dans la Milice angélique, et ta rigueur morale, ton sens du devoir, ont fait de toi l’Ange de la Pureté. Tu arborais ce nom avec une certaine fierté à l’époque, et tu étais sous les ordres d’un des Anges les plus doués de cette époque. Un être talentueux, mais d’une rigueur légendaire. Tu étais sous les ordres de Lucifer et d’Azazel.




« C’est douloureux ? »

Tu ne lui réponds pas, tandis que tu t’extirpes du mur que tu as pulvérisé en t’écrasant sur le sol. De la poussière et des morceaux de granit tombent de ton corps, alors que tu arrives à te relever, soupirant longuement.

« Je me suis toujours demandé quelle serait ma fonction dans ce monde. J’ai très rapidement compris que je n’étais pas un humain ordinaire. A ma place, beaucoup d’individus seraient morts, mais, pour une inexplicable raison, j’ai survécu. Et j’ai continué à survivre, alors que la liste de ceux qui voulaient me tuer se multipliaient sans cesse. Comme si, dans une certaine mesure, j’étais... Touché par la bonne étoile, comme si j’étais le seul à pouvoir changer les choses. »

Et, tandis qu’il parle, tu reprends tes forces. Tu as effectivement mal, et tu constates que tu as perdu plusieurs plumes. Ainsi que Daedaron. Mais ton attirail ne se résume pas qu’à cette épée infernale. Elle est certes pratique, mais tu disposes d’autres atouts dans ta manche.

« Pourquoi t’obstiner ? Nous savons tous les deux comment ça va se terminer. Je n’ai jamais été un être vivant comme les autres. Et ça, je l’ai réalisé quand on m’a arraché une main, et que je fixais mon moignon, les yeux ronds, sans ne rien ressentir. Je ne comprenais pas pourquoi les gens souffraient quand je les plantais, pourquoi ils hurlaient quand je les torturais. La douleur est un concept qui m’est inconnu. »

Dans ta main, une lance apparaît. Cette lance qui, jadis, t’a permis de tuer le dragon noir Thomrol. Tu continues à respirer lourdement. Tu t’élances alors vers lui, et tu l’empales sur ta lance, le décollant du sol. Il se contente de te fixer silencieusement, avant de se déplacer, de t’attraper par la gorge, et de t’envoyer t’écraser au sol.

« J’ai compris mon rôle, je l’ai compris sur Terreaufair. Ma destinée... »

La magie l’illumine entièrement. En un sens, c’est féérique. Tu n’avais jamais vu un individu aussi sensible à la magie, aussi réceptif. Comme s’il ne ressentait rien d’autre qu’elle, comme s’il vivait en parfaite harmonie avec cette dernière. Tu le frappes, l’attaque, lui défigure le visage, mais il continue à te maintenir contre le sol, avant de te balancer avec une force herculéenne à travers une fenêtre. Tu t’envoles à nouveau, au pied d’une immense tour qui file vers les cieux, avant de t’arrêter. Lui marche tranquillement, et se positionne au sol, en bas de la tour, avant de s’envoler vers toi, amenant avec lui une vague de destruction qui pulvérise le décor. Le feu est à ses pieds, et tu te rues vers lui, poussant un hurlement en concentrant toute ta force. Ton corps se met à s’auréoler d’une intense lumière blanche, alors que, autour de toi, les vagues magiques pulvérisent le décor, détruisent les piliers, les vitraux, les escaliers, les lustres suspendus, les cages abritant des cadavres poussiéreux. Tout n’est qu’explosion et chaos, et tu rentres contre lui.




Il n’y eut pas de victoire, ni de défaite. La guerre s’essouffla progressivement. De notre côté, les anges continuaient à perdre du monde, et un schisme était en train de se créer entre ceux qui, à l’instar d’Azazel et de Lucifer, se radicalisaient. Du côté des Enfers, l’anarchie se réinstallait, les différents Princes préférant se faire la guerre entre eux, refusant la légitimité et la supériorité du leader des Enfers. La guerre se termina sur un statu quo qui fit rager de nombreux Anges, dont toi. Les Archanges prirent la décision de ne plus intervenir directement dans les affaires des plans intérieurs, afin de laisser aux peuples le soin de se développer eux-mêmes. Cette décision irrita Lucifer, pour qui les humains n’étaient que des faibles, qui seraient, tôt ou tard, corrompus, et constitueraient un avant-poste infernal orienté vers les Cieux. L’opposition s’accrut, et déboucha en une guerre civile opposant les Anges déchus aux autres. Des Anges tuant leurs propres camarades... Tu pris part à cette purge. En tant qu’Ange de la Pureté, tu étais d’accord avec la fermeté affichée par Lucifer, mais tu te dressas face à lui. Tu l’affrontas.

Et ce fut ta première défaite. Il aurait pu te tuer, mais il ne pouvait pas supprimer une camarade.




Le Château Discordia est au centre des Malterres de la Discorde. C’est un immense château, très sombre, qui comprend en réalité deux châteaux : un château extérieur, et un château central. Avant que les Malterres ne soient séparés de l’Empire d’Ashnard, Discordia était l’un des châteaux les plus massifs de l’Empire. L’explosion magique qui frappa au cœur de Discordia, quand ton corps heurta celui de l’Étranger, fut d’une telle intensité qu’elle balaya comme des quilles toutes les immenses et arrogantes tours. Cette vague magique se fit ressentir sur tout Terra, et même à travers d’autres dimensions. Ce fut un choc d’une puissance cataclysmique, qui balaya le château, provoquant un tremblement de terre qui ouvrit les Malterres en deux. Une fissure interminable ouvrit le sol en deux, faisant jaillir la lave.

Mais, cette fois-ci, c’est toi qui es debout. C’est toi qui flottes au-dessus du gouffre, alors que sa carcasse flotte dans la lave... Ou ce qu’il reste de sa carcasse. La lave l’engloutit rapidement, et tu relèves la tête. Tu sors du gouffre, battant légèrement des ailes, et tu rejoins l’autre. Le Roi Pourpre. Tu atterris devant lui, le regardant devant les yeux.

« A ton tour, face de cul » t’exclames-tu.

Et tu t’élances vers lui, mais, pile au moment, le sol tremble sous tes pieds. Tu t’arrêtes, surprise, et tu as à peine le temps de t’écarter que le sol explose dans un jet de lave, et que le magicien réapparaît. Ses vêtements sont dans un triste état, et tu vois son corps se reformer. Ses yeux se reconstruisent, sa peau se cicatrice, ses organes reviennent, tandis que le sol continue à vibrer dangereusement. Secouant la tête, tu bondis alors de gauche à droite, évitant des colonnes de feu qui s’envolent dans le ciel, brûlant fort, explosant ici et là. Sa maîtrise des éléments est total. Tu te rues à nouveau sur lui, mais une attaque magique te frappe de plein fouet, comme un fouet géant qui claque dans les airs. Tu le reçois sur le flanc, et t’écrase sur le sol, à nouveau. Tu te relèves, et l’Étranger retourne sur toi. Ton bras le heurte à la tempe, et il répond avec une attaque magique. Tu répliques par une autre attaque, le repoussant, et tu le poursuis, volant dans les airs. Et la bataille, ainsi, se poursuit.




En tant qu’Ange de la Pureté, tu as beaucoup voyagé sur les différents plans. Tu as même été en Enfer, chassant les monstres, poursuivant les démons, traquant tous ceux qui, à leur manière, contrevenaient au pacte ancestral ayant mis fin à la guerre entre Anges et Démons. Tu t’es améliorée, endurcie, tu as découvert la richesse de la culture humaine, sa spiritualité, son imagination, son goût artistique, mais tu as aussi vu sa folie, sa brutalité, sa propension à la destruction et au chaos. Tu as englobé l’humanité dans tout son ensemble. Tu t’es heurtée à la colère de tes supérieurs en flirtant avec la limite, tu t’es heurtée à la suspicion d’autres Anges, tu as affronté quantité d’ennemis, côtoyé bien des gens, participé à bien des aventures, et récupéré bien des objets légendaires, bien des artefacts. Que retiens-tu de tout cela ? Quelle est l’expérience globale qui résulte de tout ce que tu as fait ? Penses-tu avoir contribué à rendre le monde meilleur, ou à seulement le rendre un peu moins détestable ? Penses-tu avoir rendu la justice, avoir défendu les faibles, avoir permis que ce monde soit plus pur ? C’est à la veille de la mort que ce genre de questions te traversent, et tu réalises que tu n’as pas assez de temps pour y répondre. Serait-il trop tard pour toi ? Tu n’as jamais été dans un tel état de souffrance.




Le combat se poursuivit encore. Il était résistant, semblant survivre à tout. Tu comprends qu’il ne fanfaronnait pas en prétendant être immortel. Tu es plus fort que lui, mais il se régénère sans cesse, et repart toujours à l’assaut, t’attaquant, te blessant, te mutilant. Tu souffres, tu cries, tu grognes, tu vocifères, et tu as l’impression que ce combat est sans fin. Et, pendant ce temps, tu perçois un pic magique au loin. Tu sens que les gemmes récupérées par ces soins vont bientôt s’actionner, tu sens que la fin est proche, que le dénouement arrive, que la Tour s’ouvrira, et que toutes les questions auront des réponses. Tu sens le souffle froid le long de ton échine, alors que tu te bats.

Et, finalement, tu perds. Tu chutes. Tu t’es tellement concentrée sur le mage que tu en as oublié l’autre. L’homme au long manteau pourpre, qui attendait la faille. C’est lui qui se rue dans son dos, et, quand tu sens ses pattes s’approcher de ses ailes, tu sais qu’il est trop tard. Au fond de toi, une petite voix énonce l’implacable sentence, insusceptible d’appel. Tu as perdu. Tu te refuses à y croire, tu tentes de te débattre, mais il est trop tard. Les pattes s’accrochent à la base de tes ailes, et il suffit d’un coup, sec, pour les en arracher. Tu pensais connaître ce qu’était la souffrance, tu pensais l’avoir ressenti à son plus haut point quand Lucifer t’avait laissé agonisante dans une mare de sang. Tu réalises qu’il n’en est rien. Tu réalises que tu ignorais tout de la souffrance.

Jusqu’à maintenant.

Tes ailes arrachées se dispersent, et tu tombes comme une pierre, poussant un léger cri, un cri éphémère, bref, mais qui exprime une douleur suraiguë... Et tu tombes dans le cratère.




L’Étranger... Qui est-il, à tes yeux ? Personne. Ou presque. Tu l’as rencontré pour la première fois dans les ruines du village d’une tribu. Il s’y faisait passer pour un chaman, et avait amené les habitants de la ville à s’entretuer. Tu n’as vu aucun sacrifice rituel, rien d’autre que l’expression de la haine et de la démence, du sadisme et de la perversion. A partir de là, tu as commencé à le traquer, le retrouvant parfois. Il ne porte aucun nom, ou, plutôt, en porte tellement, qu’aucun ne lui est propre. Il est l’homme en noir, un magicien adepte de la nécromancie, de la magie élémentaire, et qui se prétend immortel. Il contrôle aussi la magie blanche à un haut niveau, et souffre d’une insensibilité congénitale à la douleur. Voilà tous les éléments que, pendant longtemps, tu avais retenu sur lui. Jusqu’à le retrouver sur Terreaufair, ce monde magique où il était en pèlerinage. C’est là que tu as compris que l’Étranger était un émissaire, le messager d’un autre individu, drapé dans une longue cape pourpre formant comme un long manteau sur son corps. Ils recherchaient des informations sur des orbes magiques, sur une Tour, et sur un moyen de libérer Abaddon. Abaddon « le Destructeur », Fléau de la guerre entre Anges et démons, seigneur de guerre totalement incontrôlable, et aussi dangereux pour les démons que pour les anges. Quel rapport entre les orbes, la Tour, et Abaddon ? Tu l’ignorais... Et tu redoutes de mourir sans le savoir.




« Je me suis toujours posé des questions existentielles. Comme tout un chacun, je crois. Mais, très vite, en observant les étoiles, en me demandant ce qu’il y avait dans les cieux, ce qu’il y avait après la mort, j’ai admis des leçons très simples. Ces premières interrogations ont été pour moi l’objet d’une réflexion plus longue, plus personnelle. A partir de l’existence de la mort, je me suis demandé ce qu’était la vie, ce qu’était son rôle. Et j’en suis arrivé à deux conclusions, l’une d’ordre personnel, et l’autre... Plus général. »

Tu as du mal à respirer. Ta vision s’obscurcit, des points noirs dansent devant tes yeux, et, curieusement, alors que tes oreilles sifflent, tu l’entends très bien parler.

« J’ignore ce qu’est la douleur. C’est un fait simple, que j’ai contesté dès mon plus jeune âge. Je ne suis pas le seul dans ce cas, et c’est un problème génétique. Une malédiction... Une malédiction qui m’a permis de réaliser quel était le lien qui unissait tous les individus entre eux. Quelle était la chose qui donnait à la vie toute sa saveur. C’est la douleur. Sans elle, tout est fade. Sans elle, la vie n’existe pas vraiment. Cette douleur qu’on ressent quand on a une crampe, quand on a une peine de cœur, quand on se brûle la main en la posant sur une plaque par inadvertance, quand on se coupe... J’ignore ce qu’est la douleur, je ne l’ai jamais ressenti.  C’est là que j’en suis arrivé à l’autre conclusion, la révélation à partir de laquelle tout commence à devenir limpide. Ma première vérité, en quelque sorte. »

Tu continues à secouer la tête, à tenter d’aspirer l’air. La douleur... Curieusement, tu as de moins en moins de mal à le ressentir, alors que la fatigue s’empare de toi. Tu dois résister. Tu te forces à rester en vie, voyant le ciel orangé, chargé de mort, devant tes yeux malades.

« L’univers a été conçu sur un mode binaire. Tout va par deux, qu’on le veuille ou non. Chaque problème, fondamentalement, peut se résumer à deux aspects principaux. C’est ce qui m’a amené à mener mes recherches sur la psychologie humaine. J’allais dans des villages, des petites communautés isolées, et je voyais... Je ne faisais qu’apporter une petite chose, une chose infime qui mettait à jour la dualité propre à chaque individu. J’ai ainsi compris, à partir de cette méthode, la seconde vérité. Bouddha prétendait que les gens ne peuvent être heureux, car, pour qu’il existe du désir, il fallait qu’il y ait de la frustration. Je pense qu’il avait raison, mais qu’il n’a jamais été au bout de son raisonnement. Je pense que le plus grand défaut de l’humanité est son intelligence elle-même, ce doute. Ce que j’ai constaté au cours de mes pérégrinations, c’est que les hommes se posent sans cesse des questions. Ils ne peuvent s’empêcher de se projeter dans le futur, de se poser des questions, des questions qui, progressivement, les détruisent. C’est toute la logique des fables grecques. Celui qui voit son futur et cherche à l’empêcher ne fera que le réaliser. L’ironie du destin, ainsi que, à bien y réfléchir, une certaine forme de dualité. »

Tu sens d’infimes vibrations, un souffle sur ton corps, dans ton esprit. Une puissance magique ancestrale est en train de s’ouvrir. Une force colossale et titanesque.

« J’ai alors posé la dernière question, la seule qui soit valable. Quel était mon rôle dans tout ça ? Moi qui étais extérieur à la société, qui étais extérieur à la vie, et pourtant vivant, comment pouvais-je agir pour améliorer les choses ? C’est ainsi que j’ai compris quel était mon rôle, ma fonction... »

Tu le sens respirer, et tu comprends qu’il n’a jamais du autant parler à quelqu’un ainsi.

« Je suis le descendant direct du Christ. Oh, ne te méprends pas, je ne suis pas du tout en train d’avancer que j’ai un quelconque lien de filiation avec le bon vieux crucifié. Oh non... Mais je suis convaincu que je suis ici pour parachever son œuvre, et pour libérer l’humanité. Voilà mon rôle, mon but. »

Il s’approche de toi, te soulève, te porte, et te sors du cratère. Tu vois le château pulvérisé, tu vois le chaos, et, au loin, jaillissant hors des montagnes, tu vois une intense colonne violette, qui semble briller comme un phare, et tu comprends que la Tour, quel que soit son rôle, s’est ouverte, et que quelque chose est en marche. Et que personne ne pourra l’empêcher. Il te relâche, et tu t’affales sur le sol, prostrée.

« Mais, avant de te laisser, je vais te raconter l’histoire qui est au cœur de tout. Le seul héritage que j’ai retenu de mes parents biologiques. Une histoire qui n’a pas de fin. Tu es prête ? »

Tu ne peux rien dire.

« C’est l’histoire d’un monstre et d’un démon... »




Puissante. Tu as toujours été une femme puissante. Quand tu t’entraînais, tu surclassais les autres chérubins, tant sur l’entraînement physique que magique. Tu l’as toujours admis sans ombrages, sans gêne, sans fausse modestie, car c’est la vérité. Tu es Jehaël, tu es l’Ange de la Pureté. Tu maîtrises la magie sacrée, cette magie surpuissante, amélioration de la magie blanche, qui n’est réservée qu’aux âmes pures et aux plus puissants des magiciens. La magie sacrée coule dans tes veines, et fait de toi une guerrière de premier plan, une femme redoutable. Elle te permet de rentrer en transe, de te transcender, de te dépasser, d’utiliser des sorts d’une puissance légendaire. Tu as toujours été une Ange forte, et, au cours de tes voyages, tu as acquis un certain nombre d’accessoires et d’artefacts qui sont avec toi : Daedaron, une épée démoniaque qui s’abreuvait de l’énergie spirituelle des individus qu’elle tuait, arme que tu as récupéré des mains de son défunt porteur, Mirlwyä, la Lance d’Or, avec laquelle, tel Saint Georges, tu as pourfendu le Dragon Thomrol, Illwën, le talisman elfique. Tous ces éléments récupérés au fil des années font maintenant partie de ton bagage. Ils sont à toi, et disparaîtront avec toi.




« Le monstre est une créature abominable vivant au fond d’un abîme. Cette créature dévore tous ceux qui approchent d’elle. Femmes, enfants, hommes, vieillards, animaux... Tous ceux qui ont le malheur de s’approcher de cette créature sont dévorés, tués, massacrés. Le monstre tue sans aucune distinction, simplement pour tuer. Une tentation première serait de dire que ce monstre est mauvais, puisqu’il tue. Mais, en réalité, le monstre n’a pas conscience d’arracher des vies. Il se contente de tuer simplement parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre. Son corps ne se compose que d’une énorme bouche avec des dents acérées, et il ne fait qu’une chose : il tue. On pourrait dire qu’il fait ça parce qu’il a faim, que ce besoin de dévorer répond à des besoins nutritionnels, mais ce n’est même pas le cas. Non, il dévore simplement parce que c’est sa fonction. Il ignore le remords, il ignore la colère, car il n’a pas d’âme. Il transforme la lumière en obscurité.
Le démon vit  dans l’obscurité. On l’aperçoit furtivement. Il a une âme, mais il est né privé de cœur. Alors, il passe son temps à dévorer le cœur des autres. Entre le monstre et le démon, il existe une dépendance. Le monstre créé l’obscurité dans laquelle le démon se répand, et ce dernier, en dévorant le cœur des autres, créé un abîme dans lequel le monstre se glisse. Et ainsi de suite, les deux coexistent.
Le monstre et le démon sont frères, et, depuis l’aube des temps, se recherchent. Ce n’est qu’à ce prix qu’ils trouveront la paix. Toute leur existence se tend ainsi vers cette rencontre.
C’est ainsi que l’histoire se termine. Une fin qui n’en est pas une. J’ai beaucoup interprété cette histoire, car, en un sens, elle résume toute mon existence. Le monstre, je l’ai trouvé. C’est cet être au manteau pourpre. Et, dans cette histoire, Ange, il n’y a pas de place pour les autres personnes. Voilà pourquoi tu ne pouvais pas me stopper. Tu comprends ? C’était... C’était écrit, tout simplement. Maintenant, je me demande... Qui est le monstre ? Et qui est le démon ?
»

Il ne dit plus rien, alors que tu as les yeux clos, en souffrance. Tu sombres dans le coma, et, quand tu te réveilles, tu n’es plus devant les ruines du château. Tu es toujours couchée sur le sol, mais une immense tour noire se dresse devant toi. Elle brille de lueurs violettes, et des souffles violets se répandent autour d’elle. Il en émane une puissance magique indescriptible, d’une force incroyable. En d’autres circonstances, tu aurais pu en être émerveillée, mais voir cette force te fait comprendre que tu peux encore l’empêcher. Alors, tu te mets à ramper. Et, en remuant tes muscles, tu sens combien ils sont lourds. Tu sens une douleur terrifiante s’emparer de toi, mais rien ne te fera cesser.

Tu rampes. Mais tu luttes surtout contre cette torpeur écrasante qui t’envahit.

Et, tandis que tu rampes, les souvenirs reviennent.


Citer
Pour terminer, plusieurs petites remarques s’imposent :

  • Pour cette nouvelle fiche, j’ai choisi un modèle de présentation assez particulier, reposant sur l’usage de la deuxième personne du singulier. Cette envie m’est venue en tombant sur un livre, « Toi », de Zoran Drvenkar, qui utilise cette méthode, que j’avais trouvé assez intéressante. On verra bien comment ça se passera en RP.
  • Cette fiche est une sorte d’introduction à l’histoire de Yehaël. Comprenez par là qu’il est normal que certains éléments ne soient pas compris, car elle se déroule à la fin de l’histoire de mon personnage, à un moment assez critique. Je laisserai le soin au Staff de déterminer s’il y a assez d’éléments pour que la fiche soit validée en tant que telle, mais certains éléments sont volontairement laissés obscurs, que ce soit pour entretenir un effet de mystère, ou tout simplement pour laisser de la souplesse et de la liberté dans les RPs.
  • L’Étranger et le Roi Pourpre sont des personnages assez transversaux dans mes RPs. Ils apparaissent ici et là, car j’aime bien, quand c’est possible, lier entre eux mes RPs.
  • Tous les RPs de Yehaël seront des RPs flash-back, qui permettront de comprendre comment elle en est arrivée là.

Merci pour votre lecture =) !

RPs

1°) To Lud [Bast - Kimuko] [ABANDONNÉ]
2°) Le premier des conflits [Stephen Connor] [TERMINÉ]
3°) Voyage dans un monde lointain [Angurva] [ABANDONNÉ]
4°) L'alliance oubliée [ArAnka] [[ABANDONNÉ]
5°) L'avertissement [Abigahëlle] [TERMINÉ]
6°) Un regard de haine [Rédemption] [ABANDONNÉ]
7°) Comme au bon vieux temps [Armée infernale de Malk - Overlord] [ABANDONNÉ]
8°) Aux confins des mondes [Azriël - Bast] [ABANDONNÉ]
9°) Massacre gratuit [Valériane] [EN COURS]
10°) Comme dans le bon vieux temps [KnightHell] [EN COURS]
11°) Les Cendres Du Passé [Vayron] [EN COURS]
12°) La Neuvième Porte [Valadhiel] [EN COURS]
13°) Les Démons Du Passé [Destin A. Smodée] [EN COURS]

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