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Messages - Mascotte

Pages: 1 [2] 3 4 ... 23
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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4
« le: mardi 16 octobre 2018, 15:57:35 »
La décharge électrique vint de derrière. Leny entendit le claquement de l’arme dans son dos avant de ressentir une vague de douleur lui traverser le corps. Elle poussa un cri, tomba à genoux, le souffle coupé. Sa queue et son bras gauche eurent également un tressaillement nerveux incontrôlé. Devant ses yeux, quelques points noires dansèrent. Puis… ça passa. Ce n’avait été qu’une décharge.
« Les sarcasmes ne sont pas tolérés », lâcha le type derrière la vitre.
Si, il l’ntendait très bien. Et elle ferait bien de la boucler.
« Debout. »
Un garde s’approcha, muni d’une lampe et d’une spatule. Ce fut lui, désormais, qui donna les consignes. Il se planta devant le lémurien, se pencha sur lui.
« Ouvre la bouche. »
Il observa avec sa lampe, bougea la langue avec la spatule, vérifiant qu’il n’y avait rien de planqué.
« Expire au maximum. … Encore ! … Plus fort ! … Plus fort ou tu prends une autre décharge ! »
L’agent hocha la tête, il en avait terminé avec cette partie du corps.
« Tourne-toi, penche-toi en avant, soulève la queue. »
Il procéda alors à un toucher rectal sans aucune délicatesse, vérifiant là encore que rien n’était planqué.
« Face à moi. »
Il fit de même avec le vagin et vérifia aussi les oreilles de manière très rapide. Puis, après avoir confié lampe et spatule, il mesura à l’aide de ses doigt l’épaisseur du pelage en différant endroit. Il était trop court pour justifier une fouille spécifique. Dernière étape, il prit un petit appareil, l’alluma, et le passa devant Leny, faisant plusieurs va et vient de haut en bas pour la scanner.
« Rien à signaler », déclara-t-il finalement à l’intention du type derrière la vitre.
Leny fut ensuite "invitée" à se déplacer contre un mur. On la prit en photo, de face et de profile. Suivirent une prise de sang, une prise d’emprunte digitale et vocale, on la mesura, on la pesa et pendant ce temps son dossier était minutieusement complété. Ce fut après que l’homme derrière la vitre se permit un écart avec la procédure. Quoi que non, c’était bien dans la procédure. Tous els hybrides y avaient dorit, et même certains humains.
« Imite le singe, un vrai singe » ordonna-t-il.
Forcément, cette consigne là n’avait aucun intérêt pour le dossier, c’était juste pour humilier, juste pour bien faire comprendre que le personnel avait tous les droits.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4
« le: mardi 16 octobre 2018, 10:06:23 »
Nitro gloussa, non sans empocher sa serviette qui avait pris pas mal de valeur.
« Victor, tu te rends compte que tu es la première personne à me demander de protéger quelqu’un ? Tu vas ruiner ma réputation ! On va dire que je me ramolli, que je rentre dans le rang, tout ça. »
En vérité, il s’en foutait de sa réputation et Bonpoint le savait. Il baissa la tête, considéra son assiette, remua le gruau avec sa cuillère, prit une bouchée.
« C’est moi où cette merde a un peu de goût, aujourd’hui ? »
Il sourit, joyeux, regarda Fantin pour recueillir son avis, puis revint à Victor.
« Bon allez, juste pour le fun. Ta Leny n’aura rien et s’il en va autrement, ben, y’aura du sang. Mais donc, pour le renard, c’est plus d’actualité ? »
Victor acquiesça. L’écureuil eut un petit geste de déception, mais après tout, de ça aussi il s’en fichait. Il savait très bien que les occasions de se battre étaient très loin de manquer.
En parlant de Rodrigue, justement, il fut possible de le voir, plateau en main, se choisir une table éloignée de celle de Bonpoint. Daphnée aussi se montra, allant dans une toute autre direction. Dans le réfectoire, les voix raisonnaient, il y avait du monde. En l’air, une bonne dizaine de mouches volaient, surveillaient. Des gardes étaient également présent en chair et en os, avec leur uniforme sombre. Deux d’entre eux procédèrent à la fouille d’un détenu humain. Ils durent trouver quelque chose puisque l’humain, après avoir reçu quelques coups, fut emporté.
Nitro en revint à son gruau, se demandant vaguement ce que cette Leny avait de spécial. Contrairement à ce qu’il croyait, il n’aurait pas trop de mal à le deviner. Il était possible, en certaines occasions, de regarder la télé en prison. Deux chaînes, uniquement, étaient autorisées : la chaîne d’état de la Grande Fédération et… TV H. Le visage du père de Lény était donc connu.

* * * Au même moment * * *

On n’attaque pas un transport carcéral, avait dit Bug, Leny comprenait bien pourquoi désormais. Le fourgon blindé dans lequel elle était montée disposait d’une escorte conséquente. La voilà assise sur un banc. En plus de ses menottes qui lui liaient les mains devant et de son collier de rétention de pouvoir, elle était solidement entravé au banc lui-même, de sorte que même si quelqu’un parvenait à pénétrer le fourgon, il ne puisse pas la faire partir rapidement. Elle portait un simple jean et un t-shirt, le tout un poil trop grand pour elle. Face à elle, assis sur un autre banc, deux soldats de la Tech-13 qui semblaient quand même un peu s’emmerder.
Ghost ne savait pas exactement combien de temps s’était écoulé depuis qu’elle avait été capturée. Très vite, elle avait été séparé de Jimmy. Était-il encore en vie ? Elle était passée dans les locaux de la sécurité de la corporation pour y subir un interrogatoire quelque peu expéditif. En cette occasion, elle avait perçu la frustration de l’inspecteur chargé de l’interroger. Elle était protégée, au moins dans une certaine mesure, impossible d’employer les méthodes ordinaires. En cellule, l’isolement avait été total. Elle réalisait en fait qu’on la cachait. Il y avait eu le procès, qui avait duré 5 minutes, montre en main. Cette fois, protégée ou pas, elle prit la perpétuité. Attaque d’un site secret, ça ne pardonnait pas. Et voilà son Transfer…

Le fourgon ralentit, s’arrêta. Leny savait que la prison se trouvait au milieu du fleuve bordant Metropolis, sur un îlot minuscule. Seul voie d’accès, un pont. Elle devait avoir franchi ce dernier. Elle entendit l’ouverture d’une lourde porte. Le fourgon repartit en avant pour de nouveau stopper. Fermeture de la lourde porte. Cette fois, le moteur du véhicule se tut. À l’extérieur, des pas. Les deux soldats reprirent une attitude attentive. On déverrouilla le fourgon, un autre soldat monta pour libérer Ghost du banc. Bruit de bottes et de chaînes, cliquetis d’armes, les sons étaient évocateurs. Hors du fourgon, le lémurien découvrit un espace de béton sous des néons à la lueur verdâtre. De part et d’autre de cet endroit, deux énormes tourelles de défense sommeillaient. En l’air, de minuscules drônes, comme des mouches, bourdonnaient. Les soldats de la Tech-13, proche du fourgon, orientèrent la captive vers le fond de la pièce. Là-bas, un autre groupe d’humains, avec des uniformes légèrement différent.
« Avance, détenue ! » lui ordonna-t-on sèchement.
Un individu en costume élégant se détacha du groupe vers lequel Ghost approchait. C’était un cinquantenaire avec un visage assez allongé, une fine moustache et des yeux de fouine. Il lui sourit avec une malveillance évidente.
« Nous avons, aujourd’hui, une invitée de marque. Bienvenue, Leny, en nos murs. J’espère que vous vous y plairez. Je suis William Greyman, le directeur de cette prison. Il est peu probable que nous nous revoyons d’ici peu, mais je tiens à saluer personnellement chacun de mes nouveaux pensionnaire. Sachez que votre père, au courant de votre incarcération, m’a fait parvenir un courrier. Je l’ai mis au feu. Je suis un fervent partisan de l’égalité. Sur ce… »
Il claqua des doigts et les gardes contraignirent Leny à quitter cet endroit. Le directeur disparût, des portes se refermèrent avec un arrière-goût de définitif.

Au bout du couloir, une nouvelle salle, toute blanche, très éclairée. En face, un homme aux allures d’administratif, derrière son ordinateur, derrière également une vitre de protection. La vitre devait pas mal isoler car sa voix arriva aux oreilles de l’hybride par l’intermédiaire d’un microphone.
« Voilà là règle, détenue. Tu obéis ou tu prends une décharge. »
Un garde retira les menottes de Ghost, puis s’éloigna de quelques pas, pour que la prisonnière reste seule au milieu de la pièce. La voix surgit de nouveau du microphone :
« À poil. »


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4
« le: lundi 15 octobre 2018, 12:28:28 »
Fantin et l’AFF, toute une histoire ! Nitro trouvait les anecdotes du sanglier distrayantes, mais il ne se sentait pas très concerné. L’écureuil, ex braqueur de banque, criminel solitaire, était du genre à se foutre à peu près de tout et n’importe quoi. En vérité, sa propre vie avait tendance à l’ennuyer, ce qui pouvait expliquer pourquoi il pouvait parfois faire preuve d’une extraordinaire témérité. De nature instable, il se dirigeait dans l’existence à coup de caprices passagers. Même sa carrière de braqueur était le fruit d’un caprice. Sa seule constante : son goût pour la violence.
« Putain, Daphnée, tu fais chier ! Rands-nous le renard ou je vais le chercher et rien à foutre s’il me faut t’arracher une ou deux pattes dans la manœuvre ! » râla l’écureuil, frustré.
L’araignée ferait bien de prendre garde car il était tout à fait sérieux et d’ailleurs, elle le savait. Nitro, depuis son arrivée à la prison, il y avait de cela un an, avait tué quatre détenus et blessé sérieusement le triple. Il n’avait peur de personne !
« Fantin, mon pote, soit aimable, soulève-moi ! »
Le sanglier pouvait très facilement charger l’écureuil sur ses épaules. à eux deux, ils seraient assez grands pour choper Rodrigue et Daphnée. Cependant, un bourdonnement dissuada les deux brutes de passer à l’action.

Il y avait une mouche dans le couloir. Pas une vraie bien sûr, c’était un minuscule drône de surveillance. Les mouches, il y en avait des légions entière dans la prison. C’était les yeux et les oreilles de la sécurité. Bien plus pratiques que des caméras fixes, ces dernières étant réservées aux lieux névralgiques, les mini drônes patrouillaient de partout, à toute heure du jour et de la nuit. Sans aucune arme et aisée à détruire, s’en prendre à elles constituait cependant une grave infraction. Dès qu’une mouche cessait d’émettre, les gardes rappliquaient et les sanctions tombaient.
Ce qui dissuada les deux hybrides, ce ne fut pas que la mouche arrive, ce fut qu’elle se mit à rester à leur niveau, signe que quelqu’un, derrière un écran, les avait à l’œil. La mouche fit sa ronde d’identification, passant devant chaque visage… Nitro, Fantin, Rodrigue, Daphnée… Le sang sur la tenue de l’écureuil fut noté. Ordinairement, la sécurité laissait les résistants se faire tabasser, mais Nitro était trop chiant, s’était mis à dos trop de gardes pour espérer profiter de leur magnanimité. On allait pas l’emmerder pour avoir tabassé l’humain, on ne l’avait pas pris sur le fait, pas vu pas pris était une règle implicite, mais là, il y avait cette mouche. L’écureuil fit la gueule et lâcha l’affaire. Il prit la direction du réfectoire sans rien ajouter.

* * *

Le renard blanc était à la fois rassuré et très inquiet. Cette Daphnée, il ne la connaissait pas, il la trouvait un peu flippante, et la mouche venait de partir, signe qu’il n’y avait rien de plus à espérer de la sécurité. Il tourna sa tête vers celle de l’araignée et lui dit d’une voix qu’il tâchait de rendre aimable et assurée. Face à une demoiselle, il adoptait le style gentleman.
« Bonjour Madame. Ravi de faire votre connaissance. Moi, c’est Rodrigue, pour vous servir. Je vous remercie pour le coup de main. Sans vous, j’aurais passé un sale quart d’heure. »
Il se mit à chercher à se défaire de la toile. Gentleman peut-être, mais gentleman pressé de prendre congé.
« Je resterais bien plus longtemps avec vous, mais hélas, je suis attendu. »
Les araginées, en plus, ce n’était pas son style de femme !

* * * Dans le réfectoire * * *

« Alors Fantin, ça te fait quelle effet de t’être fait baiser par Daphnée ? »
Le sanglier avait son plateau dans les mains, un plateau encore vide. Les détenus passaient à la file indienne devant les serveurs pour recevoir la portion réglementaire avant d’aller s’installer aux tables. Nitro était devant. La voix venait de derrière. En tournant la tête, Fantin remarqua Yandal, un hybride alligator. Yandal avait beau faire 20 bon cm de moins que Fantin, il était tout en muscle. Pire que tout, sa gueule dentue n’était pas à prendre à la légère. Écailles vert sombre et luisantes, regard jaune et moqueur, l’alligator était du style à aimer ajouter de l’huile sur le feu.
« Hein, dit, ça fait quoi ? C’est comme un doigt dans le cul, hein ? Je suis sûr que tu aimes ça. »
Attention, se battre ici, ça passait mal ! Yandal le savait bien sûr.

19
One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 4
« le: dimanche 14 octobre 2018, 17:13:23 »
« Un instant, Fantin, j’essaie de viser le trou, sans en mettre à côté. Ce trou bouge tout seul, le petit enfoiré. » répondit Nitro, d’un ton enjoué.
Aucun double sens à chercher dans ses propos. Quitte à passer aux toilettes, autant en profiter, non ? Son collègue le sanglier l’entendait effectivement uriner. L’écureuil avait pris l’une des deux cabines qu’il était possible de vaguement fermer grâce  à un rideau. Avant, il y avait eu une porte, mais c’était avant. Le petit bruit d’écoulement cessa, la chasse fut tirée et Nitro réapparut en écartant le rideau. Il fit quelques pas vers le garçon, acheva de remonter sa braguette, puis considéra sa future victime d’un air perplexe.
« Non, s’il vous plait ! » sanglota l’humain.
Nitro inclina légèrement la tête, cherchant à faire le point, sa vision était floue. Il avait consommé un verre d’alcool frelaté. Normalement, il tenait bien l’alcool, mais là, là c’était quelque chose ! Frelaté avec quoi ? Quoi qu’il en soit, il avait l’air encore plus dingue. On pouvait certes le trouver mignon, parce que les écureuils, c’était mignon. Pelage roux et blanc, jolie frimousse, pas plus de 1m20… Fantin devait bien faire cinq à six fois son poids, Nitro n’avait pas de graisse, juste des nerfs et de fins muscles. Ce qui nuisait à son apparence, c’était ses cicatrices que son pelage parfois irrégulier et un peu en bataille ne cachait pas intégralement. On devinait aisément qu’il s’était beaucoup battu, qu’il avait pris des raclé et qu’il en avait donné. Plus que tout, c’était ses yeux d’un vert intense qui, surtout à présent, pouvait faire flipper.
« Tu sais, Fantin, j’ai pas l’habitude qu’on me les tienne. File-le-moi. »
Le sanglier éjecta le garçon sur l’écureuil. Ce dernier, malgré son état, fit preuve de vivacité, cogna en pleine poitrine, fit se plier l’humain en deux, lui attrapa la tête à deux mains, lui envoya son genoux dans le nez. La suite se poursuivit au sol. Les coups pleuvaient avec frénésie, les cris du garçon retentissaient dans les douches et le couloir. Les détenus dans les parages firent comme d’habitude : ils ignorèrent superbement l’incident.

* * * Quelques minutes plus tard * * *

Nitro marchait dans le corridor, jonglant négligemment avec trois dents, des dents d’humain, cela allait de soi. Il souriait, content de lui, d’autant plus content que cette poussée d’adrénaline avait atténué l’effet de l’alcool. Après une dernière jongle, il tendit les dents à Fantin.
« Tiens, cadeau. Je sais à quel point tu aimes les hommes. Tu devrais peut-être te lancer dans une collections. C’est cool les collections. »
Devant les deux hybrides, le couloir se poursuivait. Le décor n’avait rien de folichon, les murs auraient bien besoin d’un coup de peinture, mais il ne fallait pas se fier aux apparences car la sécurité du bâtiment n’avait rien de vieillissante.
« Ho, tiens, regarde, ce serait pas notre renard ? » reprit Nitro.
Effectivement, Rodrigue était là, au bout du couloir. Il semblait attendre quelqu’un, mais voyant s’approcher deux brutes notables, dont l’une avait encore du sang frais sur sa tenue jaune, il comprit immédiatement et battit en retraite vers le réfectoire.
Rodrigue n’était là que depuis une semaine, mais c’était un rusé. Il avait vite trouvé ses marques, quoi que chercher à enquiquiner Bonpoint était peut-être une connerie de nouveau.
« Faut le choper ! »
Nitro accéléra d’un coup. Si le renard arrivait au réfectoire, il serait toujours possible de le tabasser, mais pas sans le risque de voir les gardiens rappliquer, pas sans le risque également que le renard obtienne de l’aide. C’était un résistant après tout, les résistants étaient toujours des détenus un peu à part…

20
One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: vendredi 12 octobre 2018, 10:22:18 »
Jimmy, ses yeux plongés dans ceux de Leny, avait l’air si triste. Pour autant, demeurait en lui quelque chose de solide. Il était résistant par conviction et avait toujours su que ce moment pouvait arriver. C’était juste que dans ses songes, il s’était imaginé mourir pistolet à la main, de manière bien filmique. Ho, bien sûr, il pouvait se relever, prendre son pistolet et se faire abattre dans la seconde. Il pouvait aussi retourner son arme contre lui. Dans l’absolu, il faudrait qu’il le fasse car il était le cerveau de l’équipe, il savait des choses et ne doutait pas une seconde qu’on allait le faire parler. Mais tout le monde ne s’appelait pas Suzy, foutu ou pas, on ne se donnait pas la mort d’un claquement de doigt. De plus, Bug ne voulait pas laisser seule Leny. Lui-aussi, il voulait la protéger.

D’une main fébrile, il pressa son micro et murmura :
« John, Amanda, je ne sais pas si vous m’entendez. Randal et Suzy, morts. Ghost et moi-même, pris.
- Mains sur la tête ! ordonna de nouveau la voix de Volte.
- Ça va… ça va… » bougonna Bug en obtempérant.
Les pas des soldats s’approchaient. Des lampes torches braquaient maintenant les deux hybrides. L’écureuil jeta malgré lui un regard au corps de Randal dont la tête laissait voir un vilain trou… Il frissonna. On le saisit, ainsi que Ghost. On les remit debout. On les fouilla minutieusement. On leur retira micro, oreillette, armes, appareils. On les menotta, mains dans le dos. Les entraves étaient tout à fait adaptés à des poignets d’enfants hybrides car, contrairement aux enfants humains, ils étaient très tôt indépendants, entreprenants et donc, potentiellement dangereux. Il n’était pas rare d’en arrêter. Enfin, on mit au cou de Ghost un fin collier rouge dont elle sentit l’aiguille s’enfoncer dans sa nuque. On ne les ménageait pas, les gestes étaient brusques, rapides, mais pour autant, pas de brutalité gratuite.
L’agent Volte surveillait la manœuvre à quelques pas de distance. Il finit par contacter le docteur.
« C’est fait. »
Ghost et Bug purent entendre la réponse donnée par une voix grave qu’ils ne purent que reconnaître, l’ayant entendu à la télé, celle de Nox :
« Parfait. Évacuez-les en toute discrétion. Le lémurien, surtout, ne doit être vu de personne. Laissez des hommes sur place, on n’a pas encore eut tout le monde. »

* * * 15 minutes plus tard * * *

John fit halte, le souffle court. Amanda le rejoignit et tous deux se dissimulèrent derrière une des innombrables carcasses jonchant la décharge. L’odeur était affreuse et le coin dangereux, mais c’était infiniment plus sûr que là d’où ils venaient.
L’intuition d’Amanda avait été salvatrice. Ils s’étaient emparés des uniformes des deux premiers gardes abattus. Ils s’étaient ensuite mêlé aux autres gardes, la confusion des premiers instants ayant joué à leur avantage. Puis, l’essentiel de l’attention s’étant porté sur les hybrides en fuite, ils avaient poursuivi la mission. Après avoir subtilisé au hasard quelques disques de donnés, ils étaient ensuite sortis par l’ascenseur. Sans le jeu d’acteur des deux humains, jamais ils n’y seraient arrivés. Au bien sûr, la Tech-13 avait fini par comprendre, il avait fallut courir, tuer une ou deux personnes… Maintenant, ils avaient un peu de répits. Combien de temps ? Les hélicoptères de la corporation sillonnaient le ciel. John sortit un téléphone portable de sa poche, composa un numéro. Il entendit tout d’abord la modulation, démodulation provoqué par l’appel crypté. Enfin, une voix répondit.
« C’est pour quoi ?
- Pour commander un soda.
- Bonjour John, ça faisait un moment. J’imagine que c’et grave.
- Contacte Lionel. Le camp de base est compromis : Randal et Suzy morts, Bug et Ghost pris. Amanda et moi, on est en fuite, ils vont nous traquer jusqu’au bout du monde si on n’a pas un coup de main.
- Ok. Tenez bon, on va vous sortir de là.
- Ho, une dernière chose. On a des données sur Mortus. On va planquer les disques, je te communiquerai où. »

21
One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: vendredi 12 octobre 2018, 00:28:13 »
« Tain merde, je crois que je suis bonne pour revoir Miss Belle…
- Merde ! Tu vas tenir le coup, Suzy ?
- Mais oui, mon chou, comme toujours !
- John et Amanda sont toujours pas là !
- On n’a pas le temps pour se demander où ils sont passés, Bug ! Bon, la tourelle, c’est fait. Bug, la porte !
- Je peux plus rien faire, Randal ! Nox a dût marquer mes algorithme, mes accès sont rejetés et je peux pas recoder un truc en pleine…
- Ghost, tes explosifs, file-les moi !
- On a les troupes de choc qui débarquent par l’arrière !
- Au sol ! Restez pas debout, vous allez vous en prendre une !
- Randal, les troupes de choc vont pouvoir nous voir !
- Je sais Bug, je sais ! Attention, explosion ! Parfait, on se tire ! »

Poussé par l’adrénaline, les quatre hybrides débouchèrent dans un tunnel qui ressemblait fort à ceux du métro. Randal, aussitôt, se plaqua contre le mur, juste à côté de la porte qu’il venait de faire sauter avec l’intégralité des explosifs de Ghost, puis il lança dans l’ouverture fumante deux grenades de suite. Il fallait absolument stopper l’avancée des troupes de chocs. L’alarme, bien qu’un rien atténuée en cet endroit, continuait de hurler aux oreilles. Jimmy, partagé entre peur et concentration, se demandait par quel espèce de miracle il n’avait pas encore encaissé un laser tant il en avait vu dans tous les sens. Il baissa les yeux et vit la traînée rouge que laissait Suzy. Ça semblait sérieux. Il préféra ne rien dire, ils ne pouvaient rien faire.
« Bug, appela Randal. Tu as le plan du métro ?!
- Ça peut se trouver !
- Barrez-vous avec Suzy et…
- Non, Randal, le coupa Suzy. Je reste, je les ralentis et tu te tires.
- Ça, c’est hors de question !
- Randal, je ne vais pas pouvoir partir. Si je peux être encore utile, c’est ici, c’est maintenant. »
Il  y eut un petit silence, silence très relatif vu le vacarme. Lorsque le chat reprit la parole, ce fut d’un ton grave.
« Ok Suzy. Ghost, Bug, avec moi !
- J’ai le plan, mais ces tunnels n’y figurent pas.
- Pas grave, on prend à gauche ! »

Ils n’étaient plus que trois à courir le long d’un étroit rebord de béton brute. À gauche, le mur, à droite, les railles électrifiées en contrebas. Aucune lumière, sauf celles des torches que venaient d’allumer les hybrides. Derrière, tout d’un coup, une explosion bien plus importante que toute les autres. La bombe, bien sûr, la bombe qu’avait emporté Suzy au cas où ils auraient trouvés un endroit où la placer. La gorge du chat se serra. Il avait aimé la renarde… Plus tard pour les larmes.

« Avec un peu de chance, la bombe a obstrué la sortie du labo, se contraint à dire Randal. Si c’est le cas, on est sorti d’affaire !
- Non, Randal, non, je crois pas !
- Pourquoi ?
- Parce que le Docteur Nox a prévu qu’on allait fuir par là !
- Ne dit pas n’importe quoi ! Nox n’est pas un dieu ! Il peut pas tout prévoir !
- Randal ! Il n’y avait que deux sorties dans ce labo, le métro, proche de notre position, et l’ascenseur, nettement moins pratique. Et j’ai téléchargé le plan et Nox sait ce que j’ai téléchargé !
- Bug, on verra bien, mais en attendant, constate qu’on est seul dans ce tunnel ! »

* * * Ailleurs, au même moment * * *

« …Parce que le Docteur Nox a prévu qu’on allait fuir par là !
- Ne dit pas n’importe quoi ! Nox n’est pas un dieu ! Il peut pas tout prévoir !
- Randal ! Il n’y avait que deux sorties dans ce labo, le métro, proche de notre position, et l’ascenseur, nettement moins pratique. Et j’ai téléchargé le plan et Nox sait ce que j’ai téléchargé !
- Bug, on verra bien, mais en attendant, constate qu’on est seul dans ce tunnel ! »
Les voix étaient retransmises par le téléphone piraté de Jimmy, ce pauvre Jimmy qui n’avait pas encore réalisé que depuis sa connexion à l’ordinateur du labo, ses propres appareils étaient devenus des mouchards. Oswald eut un rictus. Le petit écureuil avait été un adversaire intéressant, mais la partie était bel et bien terminée. Le docteur pressa un bouton.
« Agent Volte ? appela-t-il.
- Oui Docteur ?
- Vous les voyez ?
- Affirmatif. Trois cibles hybrides, deux petites, une plus grande.
- Abattez la grande. Je veux les deux autres en vie. »

* * * Dans le métro * * *

L’agent Volte et son groupe étaient positionné au bout du tunnel, un long tunnel en ligne droite, sans aucune couverture. L’agent épaula son fusil de précision. Dans son viseur, comme il l’avait dit, trois silhouettes rendues vertes par le détecteur thermique. Il tira, la grande silhouette tomba.

Leny, qui courait juste derrière Randal, le vit tomber mais ne put freiner et bascula par terre à son tour. Bug, alerté par le tir, alerté par le bruit qui suivit, fit halte.
« Randal, qu’est-ce que je disais ! » lâcha-t-il d’une voix blanche.
Il n’obtint pas de réponse, ou plutôt, elle vint d’ailleurs, d’en face. La voix d’un homme surgit des ténèbres du tunnel, une voix de militaire :
« À genoux, mains sur la tête ! La méga, stoppe ton pouvoir, de toute façon, il te sert plus à rien ! »
Bug abaissa sur ses yeux ses lunettes thermiques et aperçut pas moins de dix formes, droit devant.
« Randal, Ghost, on est fait », murmura-t-il.

22
One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mercredi 10 octobre 2018, 23:51:44 »
« Ouais, vas-y, Ghost, repose-toi, répondit Randal sur un ton posé, avant de poursuivre de manière plus comique. Et puis ne m’appelle pas chef, ça me met la pression ! »
Bug était effectivement très concentré. Devant lui, le moniteur faisait défiler des données assez rapidement. L’écureuil, presque debout sur la chaise pour combler sa petite taille dans cette installation à dimension humaine, tapait sur le clavier avec une dextérité de pro. Ses yeux sautaient d’une ligne à l’autre, ses grosses lunettes de nouveau remontées sur son front. Leny, qui l’observait, nota la perle de sueur qui lui descendait doucement le long du museau et finit par poindre sur sa petite truffe. Il la chassa d’un revers de la main. Les autres, derrière lui, regardaient plutôt son écran. Ce dernier finit par afficher un plan en 3D.
« Ok, déclara Bug, on a le plan du complexe. Bon, ça a pas l’air trop grand, mais quand même, ça va nous aider. »
Amanda se pencha par-dessus Jimmy et désigna des points sur l’écran.
« On dirait que ça communique avec un autre réseau.
- Le métro, suggéra Randal. Je crois que c’est le métro de la ville.
- Je savais pas qu’il allait si loin, remarqua Suzy. On n’est même pas dans la banlieue.
- Ben, il faut croire que si, parce que ça ressemble bien au métro, dit John qui prit une photo de l’écran afin d’avoir le plan sur lui.
- On a donc une autre voie d’extraction, conclut Randal. Bug, conserve le plan dans tes appareils et commence le pillage des données.
- Oui chef !
- Ha non, tu vas pas t’y mettre toi aussi ! »

Le plan disparût et Bug recommença à pianoter. Pendant ce temps, John et Amanda s’étaient mis à étudier plus en détail le plan photographié.
« Le nom des salles donne déjà des indications sur le but de cet endroit, déclara la femme. On dirait un labo en biocibernétique.
- La Tech-13 veut manger des parts de marcher à Biosoft ? intervint Suzy, septique.
- C’est ceux qui font de super anibot ? demanda Randal, qui n’avait pas une grande culture générale à ce niveau.
- Oui, répondit John.
- Alors ça m’étonnerai, reprit Randal. C’es trop caché pour avoir juste un but commercial. Nox cherche probablement à créer une nouvelle arme. »
Un grommellement provenant de Bug ramena l’attention vers lui. Il avait lancé le Transfer, ça se voyait grâce à la barre de progression, mais l’écureuil semblait en proie à des difficultés. Certaines de ses commandes étaient rejetées.
« Bordel, mais… pourquoi… » marmonna-t-il.
Randal lui mit une main sur l’épaule.
« Un souci ? Tu penses qu’ils ont détectés l’intrusion ? »
Ce ne fut pas Jimmy qui donna la réponse, mais l’ordinateur. L’écran devint subitement noir, et de nouvelles ligne de textes apparurent :

"Message de : Docteur Oswald Nox
À : Jimmy alias Mr Bug
Game Over, petit hybride. Pour toi et tes amis, la partie s’arrête là."

Il y eut un silence de stupéfaction générale. Il était tout à fait possible que le Dr Nox lui-même soit à l’origine de ce blocage. L’homme n’avait pas bâtit sa réputation de terreur en restant toujours planqué derrière ses subalternes. Non, il lui arrivait d’agir lorsqu’il le fallait. Il dressait des pièges, manipulait et, très souvent, lorsqu’il était dans la partie, ça se finissait très mal. Parce que c’était un génie doublé d’un monstre ! De tous le groupe, c’était Bug qui semblait le plus accusé le choc.
« Je comprends pas, je comprends pas comment il a fait pour me remonter ! » balbutia-t-il, la panique s’invitant déjà dans ses mots.
Randal débrancha ses appareils et se tourna vers les autres.
« On dégage ! On est grillé ! »
Au même moment, l’alarme se mettait à hurler, les lumières viraient au rouge. John leva son pistolet et détruisit la caméra positionnée juste au-dessus d’eux. Randal, toujours stoïque, secoua l’écureuil vigoureusement.
« Du calme Bug, du calme. Il faut te reprendre. Nox est peut-être loin d’ici, il peut pas t’empêcher de tout faire. On va y aller et tu vas pirater tout ce qui se présente !
- Je..
- Bug !
- Oui, oui, je vais le faire.
- En route tout le monde ! Ghost, au travail ! On va vers le métro ! »
Randal, Ghost, Suzy et Bug sortirent de la petite pièce. John allait suivre, mais Amanda le retint…


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mercredi 10 octobre 2018, 16:16:07 »
Lorsque les hybrides sortirent de l’armurerie, Lionel leur souhaita bonne chance. Il y eut ensuite le trajet en jeep avec cet Hector colossal et quasi mutique. L’ours conduisit le groupe d’abord à un second véhicule, stationné en lisière de la forêt et dissimulé sous des branchages. C’était un camion d’aspect très banal. Hector se mit à nouveau aux commandes alors que l’équipe se planquait à l’arrière. L’approche du site se faisait en camion car il fallait pénétrer quasiment dans la banlieue de Metropolis. Un véhicule de ce genre n’allait pas attirer l’attention, d’autant moins que les observations de terrain avaient permis de constater que l’usine était souvent alimentée par des poids lourds. Aucun incident ne vint troubler le trajet. Lorsque le groupe retourna à l’air libre, l’aube commençait à poindre à l’horizon, faisant pâlir le ciel. En tournant la tête, il était possible de voir les lumières urbaines et les immeubles démesurés. Un vent vif et humide apportait des effluves peu agréables. Au loin, la rumeur d’une autoroute.

Leny, forcément, connaissait les lieux. Elle n’eut pas besoin qu’on lui dise où aller pour retrouver John et Amanda. Le camion d’Hector repartit et l’équipe d’intervention, maintenant au complet, mena à bien les derniers préparatifs, à l’abri sur le terrain vague encombré d’épaves de voitures. La décharge à proprement parlée n’était pas loin et ça se sentait.
« Du neuf ? demanda Randal.
- Négatif, fit Amanda.
- Alors parfait. On mets les écouteurs et les micros.
- On s’est toujours pas décidé pour la paire de lunettes thermiques, dit Bug qui venait de chausser sa propre paire.
- Je prends », dit John.
Bug et John allaient être en mesure de tout voir, même en étant invisibles. Cela allait faciliter la coordination. Randal aurait dû être le porteur de la seconde paire, mais il ne se sentait pas très à l’aise avec ce genre de matos. L’écureuil, sa casquette jaune sur la tête, ses lunettes sur le front, se tourna vers Ghost.
« Tu t’en sors avec l’oreillette et le micro ? »

* * * 10 minutes plus tard * * *

Les six résistants s’immobilisèrent devant l’ascenseur. Ils étaient invisibles, silencieux. Bug piratait tout avec une facilité déconcertante. Jusque là, pas l’ombre d’une difficulté. Les quelques gardes de l’usine ne se doutaient de rien. Et le personnel, abruti par des heures de travail nocturne, encore moins. Cela semblait encore plus facile que la première fois. Randal attendit que le couloir soit vide avant d’ouvrir la porte de l’ascenseur. Il fit signe aux autres d’entrer et pénétra en dernier dans la cabine. Ils étaient un peu à l’étroit, mais rien d’ingérable.
« Ghost, arrête l’invisibilité, demanda Bug. La caméra au-dessus de nous est neutralisée. »
Sitôt fait, l’écureuil inséra dans l’appareil de contrôle une carte magnétique reliée par un câble à son téléphone spécial, un gros modèle customisé. Il se mit à pianoter sur les touches. L’appareil, qui au début, refusait la carte, se mit à l’accepter et l’étage secret apparût.
« Je suis un as ! fanfaronna l’écureuil.
- Allez, on y go », fit le chat en démarrant l’ascenseur.
Bug continua de pianoter. Il devait préparer l’arrivée dans le labo avant que l’ascenseur ne soit arrivé.
« Ok, mes protocoles fonctionnent. On va arriver dans un couloir, il y a deux gardes. Je neutralise les caméras mais les gardes vont voir l’ascenseur s’ouvrir.
- Je prends celui de gauche, dit Amanda.
- Celui de droite, dit Randal. Ghost, remet l’invisibilité.
- On arrive dans 25 secondes, précisa Bug. L’étage est vraiment profond, comme celui de la central hydraulique. »
25 secondes plus tard, les portes s’ouvrirent. Leny entendit deux balles partir, étouffées par les silencieux, et vit les deux gardes du couloir s’effondrer, morts. Le couloir évoquait un tube sombre, parcourut sur sa longueur par des lignes vertes lumineuses.
« C’est exactement comme la dernière fois, souffla Randal.
- Il me faut un ordinateur, dit Bug. Je dois avoir un point d’accès direct au système du labo pour piller leurs données.
- N’oublie pas de chercher le plan, précisa Suzy. Commence même par ça. »
Le groupe avança, s’empara des deux cadavres, poursuivit jusqu’à une porte et pénétra dans un lieu tout blanc. Des ordinateurs, il y en avait, là, mais il y avait aussi des gens en blouse blanche qui travaillaient dessus. Trop de monde, et des gardes pour surveiller, impossible de faire le ménage. Il fallait trouver un endroit plus discret. Le groupe poursuivit, suivant souvent des gens pour éviter de se faire remarquer par l’ouverture des portes.
« Ça a l’air grand, nota John.
- Un labo de pointe, ajouta Bug. Regardez, certains ont des masques et des gants, c’est pour garantir la non contamination virale ou quelque chose du genre.
- La Tech-13 fait dans la biologie maintenant ? souffla Suzy.
- Regardez, là, la petite salle, fit remarquer Randal. Un seul homme, un ordi, et même un placard pour nos deux cadavres.
- Nos trois cadavres », rectifia Amanda.
L’homme fut supprimé aussi proprement que les deux gardes, puis rangé dans le placard. Bug prit place à l’ordinateur, brancha ses appareils. Les autres attendaient à côté. La porte de la salle ayant été fermée, on se sentait un peu en sécurité. Mais c’était si précaire. Un moindre faut pas et cette opération, qui pour l’instant se passait à la perfection, pouvait virer au cauchemar.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mercredi 10 octobre 2018, 08:49:44 »
Personne ne se moqua des interventions de Leny. Ce fut Lionel qui répondit :
« Si Bug doit faire partie de l’infiltration, c’est pour éviter d’être détecté par les systèmes de sécurité. Il sera aux premières loges afin de pirater tout ça efficacement. Avec en plus ton propre pouvoir d’invisibilité, vous serez en théorie capables de ne pas déclencher l’alerte. Pas d’alerte, pas de troupes de choc ou d’autocannon déployés. »
Le bouquetin poursuivit à l’intention de tous :
« Tant que votre extraction n’est pas assurée, je vous conseille vraiment de rester dans l’ombre. Tant pis si vous ne détruisez rien, connaître les intentions de la Tech-13 sera déjà un pas énorme pour nous.
- T’en fais pas, vieux, on fera ça en douceur.
- Saboter la ventilation, ça reste une bonne idée, tint à préciser Bug. Faut juste pas le faire en amont de l’intervention, mais si on a besoin de créer de la pagaille, ça pourrait marcher.
- Parfait, reprit Lionel. On se prépare selon notre formule habituelle. Bug part sur site mettre en place ses drônes espions.
- Je l’accompagne, fit Suzy.
- Très bien, fit Lionel.  Mettez en place les roulements. On observe deux, trois jours, puis intervention. »

* * * Un jour plus tard * * *

L’atmosphère dans le camp avait changée. D’après Randal, c’était comme ça à chaque fois. Durant la période d’observation, l’équipe se relayait par duo ou trio afin de mener à bien l’indispensable observation de terrain. Tout ce qui se passait autour de l’usine de retraitement de déchets était noté. Leny eut droit à sa période de surveillance qu’elle effectua en compagnie du chat. Passé le stress d’aller sur site, ce fut surtout ennuyeux. Rester planquer à regarder les écrans des drônes espions, ça n’avait rien d’excitant. Au camp, difficile d’oublier l’intervention qui s’approchait. Elle pouvait bien sûr être annulée si l’observation se passait mal ou mettait en lumière des difficultés imprévues. Jusque là, le décompte se poursuivait inexorablement.

* * * Deux jours plus tard * * *

C’était très tôt, le matin. Le jour n’était pas encore levé. Randal, Ghost, Bug et Suzy venaient de se réunir dans l’armurerie. Le bruit des armes qu’on préparait, des affaires qu’on mettait avait quelque chose de presque lugubre en dépit des plaisanteries du chat. Suzy, en tenue noire, vérifiait son imposant fusil de précision. Elle le démonta puis s’empara d’une paire de gros pistolets. Randal avait retrouvé sa dégaine de commando. Mr Bug, un peu fébrile, examinait le contenu de sa mallette. À côté de celle-ci, son pistolet petit calibre, ce serait sa seule arme. Il avait gardé l’essentiel de sa tenue civile, mais avait par contre troqué sa  veste en jean pour une veste noire renforcée.
« Hé, oublie pas ça, l’ami », dit Randal en tendant à Bug un silencieux.
L’écureuil le vissa au bout de son pistolet. Le félin se tourna ensuite vers Ghost.
« T’es prête ? » lui demanda-t-il.
D’un instant à l’autre, ils allaient tous embarquer dans la jeep d’Hector pour l’intervention. John et Amanda attendaient, sur site.


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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mardi 09 octobre 2018, 19:36:43 »
« Non, Rodrigue ne connait pas l’emplacement du camp. Lionel a dû te le dire, on ne donne cette information à personne. Il n’y a que nos hauts responsables qui savent où sont les cellules. »
Jimmy déposa son téléphone et se tourna vers la rivière. Il passa une main nerveuse sur sa tête, mettant un peu d’ordre dans ces poils. Sa fourrure colée au corps l’amincissait certes un peu, mais il était loin d’être maigre. Lui-aussi cachait l’essentiel avec sa queue. C’était assez facile.
« Rodrigue me servait d’agent en ville. Enfin, pas qu’à moi, mais souvent quand même. Il était un as du cambriolage. Il subtilisait des infos que je pouvais exploiter. C’est lui, par exemple, qui nous a permis de copier la carte d’accès de l’administrateur de la centrale. D’une certaine manière, c’est grâce à lui qu’on a découvert Mortus. Malheureusement, on peut rien faire pour l’aider. Attaquer un convoi carcéral, ça demande trop de moyen et on risquerait sérieusement d’y perdre des plumes. Et monter une intervention sur la prison, c’est encore pire. »
Il soupira et regarda Leny.
« C’est les risques. Faut plus y penser. Il semble que la Tech-13 soit sur les dents, c’est donc qu’on les emmerde et ça, c’est positif. Tâchons de les emmerder encore plus, que Nox se fasse péter une durite ! »
Il devint silencieux, sembla vouloir ajouter quelque chose, mais n’en fit rien. En dépit de la mauvaise nouvelle, cette pause à la rivière lui avait fait beaucoup de bien.

* * * Trois jours plus tard * * *

« …Tous ses éléments mis en corrélation me conduisent à la quasi certitude qu’un labo secret consacré à Mortus se trouve sous cette installation. »
Jimmy se tut, laissant à tout le monde le temps d’assimiler l’information. La réunion, comme d’habitude, avait lieu chez Daniel. Randal, Leny, Suzy, John et Amanda étaient assis face au projecteur holographique. Un appareil aussi moderne dans une maison aussi rustique, ça faisait un peu bizarre, mais peu importait. Plus personne n’y faisait attention. Pour Ghost, c’était sa première vraie réunion. L’écureuil venait de finir son exposé. Daniel, debout à côté de lui, s’avança d’un pas.
« Il est manifeste que la Tech-13 déploie beaucoup de moyens pour nous cacher ce projet. Comme vous l’a expliqué Bug, les protocoles de sécurité sont comparables à ceux employés dans la Tour 13, le QG du Docteur Nox. Je pense donc capital d’aller fourrer notre museau là-dedans. »
Randal détailla l’image actuellement affichée par l’hologramme. C’était celle d’un bâtiment, vu du ciel, entouré d’une campagne morose. Le bâtiment en question était officiellement une usine de retraitement de déchets. Elle se situait d’ailleurs non loin de la décharge de Metropolis.
« Je suis tout à fait d’accord avec le bouquetin, commença le chat, dont le ton léger aidait à détendre l’atmosphère. Faut qu’on aille voir. Le problème c’est que, la première fois, on est un peu resté bloqué dans le premier couloir.
- Cette fois, on sera prêt, répondit Bug. Nous n’avons pas réussi à nous emparer des codes d’accès avec des accréditations assez élevées, contrairement à la dernière fois, mais peu importe car cette fois, j’infiltrerai le bâtiment avec vous. Je pourrai donc faire sauter toutes les sécurités bien plus facilement.
- Ho, chouette, jubila Randal. Je vais pouvoir rectifier ce 14 à 9 qui m’afflige !
- Ouais ben ça, c’est pas sûr mon pote ! »
Lionel se racla la gorge pour rappeler aux deux amis que la réunion n’était pas terminée. Randal retrouva un peu de sérieux.
« Notre objectif, boss ?
- Dans l’absolu, vol de données, et destruction de l’installation, répondit le vieux bouquetin. Cependant, ne soyons pas présomptueux, détruire totalement l’installation est probablement hors de portée. Vous n’aurez pas à faire à de simples gardes quand l’alerte sera donnée et nous n’avons pas pu localiser un point névralgique où positionner une bombe, faute de cartes des lieux. Le seul et unique objectif prioritaire est le vol de données.
- Je vois, fit Randal.
- Les gars, insista Lionel, vous faites pas les cons. Si vous vous faites bloquer en bas, vous y passez tous.
- Peut-être qu’une fois sur place, on trouvera d’autres moyens d’extraction, compléta Bug, mais jusqu’à preuve du contraire, nous ne connaissons qu’un seul accès, l’ascenseur. »
Lionel parcourut ses troupes d’un regard pénétrant.
« Tout le monde est ok ? » demanda-t-il.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: mardi 09 octobre 2018, 09:48:35 »
« Et bien, ils ont l’air de s’amuser, tous les deux, déclara Randal.
- Oui, plutôt. Ça fera peut-être une personne de plus qui éloignera Jimmy de ses écrans », répondit Suzy.
Le duo, qu’il fallait pratiquement qualifier de couple, observait la scène, à demi dissimulé plus loin sur la rive. Au bout de quelques instants, il s’éloigna, laissant Bug et Ghost à leurs affaires. L’écureuil, à bout de force, n’était pas bien loin de capituler. Mais c’était un têtu. Dans le feu de l’action, il profita de l’étreinte pour embrasser Leny sur la bouche de manière assez fougueuse, parce qu’il en avait envie, parce qu’il en avait également besoin pour s’offrir une ouverture. Et déjà il profitait de cette dernière. Ses mains descendirent le long du dos de Leny, trouvèrent sa queue, tirèrent de manière assez brusque. Il enchaîna par une balayette puis par une pression sur les épaules. Pouf ! Voilà Leny sous l’eau. Il gloussa.
« Je suis trop fort ! »
Mais il se demandait si, justement, il n’y était pas allé trop fort. Le coup du bisou l’avait lui-même déstabilisé. Il réalisait que c’était la première fois qu’il embrassait une fille.

* * * Quelques minutes plus tard * * *

Jimmy se hissa sur la berge, secoué par une quinte de toux. Il avait bu la tasse.
« J’me rends ! J’me rends ! » haleta-t-il.
Pour un peu, il se serait affalé dans l’herbe, tant il était claqué. Nager, chahuter comme ça, il n’y avait rien de mieux pour se dépenser et là, il avait dépensé sans compter. Son souffle retrouvé, il lorgna du côté de son caleçon abandonné. Il devrait le laver et n’aurait donc d’autre choix que de pour l’instant se rhabiller sans. Mais avant de pouvoir se rhabiller, il fallait se sécher. Il prit à deux mains sa queue en panache et la tordit pour l’essorer. Il dégoulinait de partout. Pas de serviette… dans l’absolu, il devrait un peu courir, mais il n’en avait plus la force. L’action étant achevée, sa timidité refit un peu surface.  Il était nu, allait devoir le rester un petit moment, le tout à côté de Ghost elle-même nue… c’était embarrassant. Histoire de se donner contenance, il alla récupérer son portable, dans la poche de sa veste.
« En tout cas, c’était chouette… commença-t-il, mais voilà qu’à la lecture d’un message, son expression redevint subitement sérieuse. Merde… Ça, c’est pas bon… »
Il refit face à Leny et s’expliqua :
« Rodrigue, l’un de mes contacts à Metropolis, a été coffré. Et le Petit Mage a disparu. Je sais pas si tu connais. C’est pas un résistant, juste un artiste de rue un peu influant du quartier sud. C’est aussi un méga et un ami de Rodrigue. La Tech-13 a dû le supprimer dans la foulée, ha les raclures ! »
Une lueur de colère traversa ses yeux bleus.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: lundi 08 octobre 2018, 23:36:09 »
« Ho, si, c’est une bonne idée que je t’apprenne des trucs. J’en ai appris aux autres, tous comme les autres m’en ont appris. Lionel et Randal disent qu’on doit tous être un minimum polyvalent, parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un imprévu. »
De la part de Randal, Jimmy avait appris à tirer au pistolet de manière à peu près convenable. Le chat lui avait également imposé des exercices sportifs qui commençaient à payer. De la part d’Amanda, l’écureuil avait appris à contrôler son stress. Sur ce point, il avait fait d’énorme progrès. Avant, quand ça se mettait à tirer, il se planquait dans un coin et priait pour que ça se termine bien. En échange, lui, il avait formé à peu près tout le monde à des techniques de piratage basique, ainsi qu’à bien identifier les points faibles des unités robotiques de la Tech-13 qu’il avait pu étudier.
« Faudra que je réfléchisse aux possibilités qu’offre ton pouvoir dans mon domaine. Je suis sûr que ça pourrait pas mal te faciliter la vie dans deux trois truc. Sans compter qu’avec toi, je pourrai examiner des engins sans même avoir besoin de les démonter. »
Voilà de nouveau l’écureuil perdu dans ses pensées. Lorsqu’il cogitait intensément, il avait vite la tête dans les nuages. Ce qui la lui ramena sur terre, ce fut bien sûr l’incident du poisson. Intrigué, il observa Leny exhiber sa prise. Non, en fait, il observa surtout Leny elle-même, notamment son si étrange regard orange.
« Pas mal ! Tain, moi, jamais j’attraperai un… hé ! Mais ! »
Vint l’assaut ! Bug, prit de court, eut tôt fait de se retrouver avec le poisson dans le caleçon. La suite fut assez comique. N’ayant pas tout à fait pied là où il se trouvait, assaillit par le poisson piégé qui gigotait, réalisant aussi confusément que Ghost n’avait rien sur elle, il joua de maladresse en poussant de drôle de cris et en gesticulant dans tous les sens.
« Ha ça ! Ha ça ! Ha ça va se payer, ça ! » parvint-il à articuler tout en revenant vers la berge.
Il resta un instant agenouillé, les jambes dans l’eau, une main dans l’herbe, son autre main fouillant son caleçon rabattu sur ses genoux. C’était un caleçon d’hybride, avec une ouverture à l’arrière pour laisser passer la queue. Sa queue était maintenant à demi-sortie du sous-vêtement, accroissant le ridicule de sa position.
« Bon, il est où ? Plus là, apparemment. »
Il se releva, commença à remettre son caleçon, puis poussa un nouveau cri avant de cette fois retirer purement et simplement son sous-vêtement afin de l’examiner sérieusement.
« Ha, dégueu, je crois que je l’ai écrabouillé. »
Il se tourna vers Leny, laissa tomber le caleçon dans l’herbe, puis demeura immobile. À cet instant précis, il fut possible de se demander s’il allait être vexé, ou si sa timidité allait prendre le dessus car le voilà nu à son tour. Nu en présence d’une fille qui lui faisait de l’effet. Mais Bug n’était pas tant timide que ça. Par contre, il savait cacher son jeu, le sournois. Il fit planer le doute quelques secondes, juste de quoi s’approcher de Leny sans qu’elle redevienne invisible, puis, poussant un cri de guerre, il lui sauta dessus avec l’objectif sans équivoque de la couler.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: lundi 08 octobre 2018, 09:44:49 »
« Heu, oui, on est dans la base, répondit Bug. Pas la même, mais notre tête est mise à prix. Et d’ailleurs, depuis la dernière fois, on a eut droit à une sacrée revalorisation de notre prime. Randal est à 60 000 crédits, moi, à 50 000, comme toi. Suzy, à 25 000. John et Amanda, à 25 000 aussi. Additionne tout ça et on est la cellule la plus primées. J’ose pas imaginer le nombre de types qui cherchent à localiser notre camp ou à nous intercepter en opération. Du coup, franchement, le détective privé de ton père, c’est qu’une goutte d’eau de plus dans l’océan. Bon, peut-être pas, mais presque. J’ai pas encore recherché qui il était précisément. Mortus mobilise l’essentiel de mon temps. »
Lorsque Leny s’intéressa au drone, il fut un peu ennuyé.
« Oui, lui, il peut te voir. Je pourrai t’apprendre, mais je ne sais pas si ça servira à grand-chose. Quasiment tous les drônes peuvent maintenant te voir. Les vieux modèles sont obsolètes, la Tech-13 les retirent. Je te conseille vraiment de te méfier de tous les drônes. »

Sitôt dehors, il fut assez amusant de constater que Jimmy semblait moins sûr de lui. La nature, c’était pas son truc et même la rivière, pourtant toujours dans le périmètre du camp, lui semblait loin. Il jetait des regards suspicieux aux arbres si haut, si imposants. Aujourd’hui, le soleil brillait, mais sous les frondaisons, il se limitait à des rayons épars. Cela suffisait toutefois pour donner au décor Silvestre de belles couleurs, une sorte de pénombre chaleureuse. Autre chose semblait aussi un peu l’intimider. Privé de son Domène d’expertise, il semblait se souvenir qu’il se trouvait seul en compagnie d’une fille. Au bord de la rivière, il chercha des yeux Randal, son point d’encrage, mais il devait pécher plus loin, il n’était pas visible. Alors, ce fut Ghost qu’il regarda, les mains dans les poches, l’air mi perdu, mi pensif. Elle avait décidément un sacré pouvoir. Mais c’était pas du jeu, elle pouvait se cacher, pas lui !
« Heu, oui, à moi. »
Il finit par se remuer. Il s’approcha d’une grosse racine, s’assit dessus, se déchaussa, se releva, ôta sa casquette, sa veste, son t-shirt. Contrairement à Randal, Suzy, John ou Amanda, il n’avait pas une allure athlétique. Pour autant, il avait beau être le moins sportif, il n’échappait pas aux séances d’entrainement du chat. Quelques peu rondouillard au moment de son aménagement dans la forêt, il avait aujourd’hui perdu quelques kilos et sa gestuelle avait gagné en vivacité. Son pelage gris argent plutôt abondant, sa queue en panache, sa frimousse aimable, l’azur de ses prunelles d’intello, il était pas mal dans son genre. Il retira son pantalon, le déposa sur le reste de ses affaires, et s’approcha de la rivière, vêtu plus que de son caleçon blanc.
« Je te préviens, je suis pas un as de la nage ! »
Mais il se débrouillait bien quand même. Il le disait juste histoire de dire quelque chose. Il entra dans l’eau sans trop de simagrée, ce n’était pas un frileux. Une fois immergé jusqu’au cou, il sembla un rien plus tranquille.
« Il est quand même sacrément cool ton pouvoir ! Je suis content que tu sois là. »
Il était sincère, il trouvait Leny très cool. Et puis, ça faisait un nouveau visage, un visage de son âge. Il commença à faire quelques traversées de rivière. Son style de nage, c’était la brasse. Il se demandait quoi dire, quoi faire ensuite. Avec Randal, ça venait tout seul, mais c’était un pote. Leny… ça pouvait aussi devenir un pote, mais c’était aussi… une fille. Et c’était compliqué avec les filles, surtout avec une fille cool.

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: dimanche 07 octobre 2018, 15:50:37 »
Bug, de nature nerveuse, sursauta lorsque Leny l’aborda. Il observa cette dernière, se demandant un instant qu’elle attitude aborder. Sa mise du jour était dans le même ton que celle qu’il avait lors de la mission à la centrale hydraulique. Pantalon et veste en jean, t-shirt, baskets et sa casquette jaune portée à l’envers. On sentait qu’il n’accordait pas grande importance à son apparence, la casquette étant en fin de compte la seule chose qui témoignait d’une volonté de s’inscrire dans un certain style. Ses yeux bleus perdirent leur expression absente, il revenait au moment présent.
« Ho, moi, ça va toujours, Leny. Surtout quand j’ai des défis à ma mesure. »
Il sourit, fier de lui, fier de son rôle, avant d’être troublé par les propos de Ghost. Cela ne dura guère, et il ne fit pas de mystère.
« Ho, ne m’en veut pas, je suis curieux et je me suis très vite dit que ton visage me disait quelque chose. Tu ressembles à ton père. Tu savais qu’il n’a toujours pas rendu public ta disparition et qu’il a engagé un détective privé pour te retrouver ? »
Il marqua une petite pause, se détourna et fixa le panorama.
« Tu risques rien à en parler aux autres. Ho, si, Randal et Suzy vont probablement un peu te chambrer. Tu vas devenir notre princesse des médiats, ou un truc du genre, mais sinon, ça changera rien. Les hybrides de la haute sont rares dans la résistance, rares mais pas inexistants. »
Il refit face à Ghost, un sourire en coin sur les babines, les yeux pétillants.
« Tu te souviens du piratage de télé H, il y a deux ans ? Ben, c’était moi. Mon premier gros coup ! »
Télé H, ou Télé Hybride, dépendait du secteur de Diane Valentine et était dirigée par le père de Leny. C’était un des outils de propagande majeur de la Tech-13. Sous ses dehors bienveillants et tolérants, mettant à l’affiche des hybrides de tout horizon dans une myriade de programmes, certains vraiment réussis, la chaîne en profitait pour glisser les messages de soumission de la corporation. Le piratage de Bug avait consisté à diffuser sur la chaîne un écran où on pouvait y lire "Nous sommes les toutous de la Tech-13 !". L’écran était resté en place 17 minutes et 8 secondes, durant la période de forte influence.
« Puisque je sais d’où tu viens, j’imagine que c’est normal que je te dise d’où je viens, moi. C’est pas aussi glorieux. Mon père est mécano dans le quartier est de Metropolis, mais j’aimais bien traîner dans le quartier sud. C’est là-bas que j’ai croisé Randal. Au début, j’aidais la résistance à distance, toujours pépère dans l’appartement familial. Mais ils ont fini par m’identifier, ça devenait trop dangereux. Au fait, j’y pense… »
Il claqua des doigts et fit signe à Leny de le suivre dans son atelier. Elle put constater que c’était le royaume de l’informatique. Des  ordinateurs, des écrans et des engins partout. Sur un plan de travail, à côté de la mallette que l’écureuil avait en mission, se trouvait un drône de Tech-13 à demi démonté. Des rayonnages croulaient sous le poids de pièces détachées à visée robotique. Bug s’approcha d’un clavier et entra dans un programme à coup de lignes de commandes. Leny avait beau ne pas y comprendre grand-chose, elle devina néanmoins qu’il s’apprêtait à interroger la LMD. Vint le moment fatidique où le programme demanda le nom à rechercher. Bug entra "Ghost" et cette fois, une fiche apparût. Le lémurien y vit sa photo, probablement prise de ses papiers d’identité, une description vague de son pouvoir et ses faits d’armes, ainsi que la liste des terroristes associés. On l’avait cataloguée comme appartenant à la cellule Randal. Tout en bas, une somme : 50 000 crédits.
« La Tech-13 est parvenue à t’identifier, toi-aussi. Les caméras ont pris ton image thermique et tu as laissé des empruntes digitales, c’était assez. Le Docteur Nox a fait recenser tous les méga connus de Metropolis. Il doit suffire d’un simple clique pour permuter la fiche du recensement dans la LMD. Pour autant, regarde, ton vrai nom n’est pas renseigné, alors que la Tech-13 le connait forcément. Et regarde là-haut, la fiche est codée S, S pour secret. Il faut un niveau d’accréditation élevé pour voir ce genre de fiche. Uniquement l’élite des Mercenaries et la garde rapprochée de Nox. Ça doit vraiment les faire chier que tu nous ai rejoint. »
Il éteignit et se tourna vers Leny.
« Bon, faut pas que je traîne ici, sinon je vais trouver des larves dans mon lit. »

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One Shot / Re : Les Chroniques de Mobius, acte 3
« le: samedi 06 octobre 2018, 22:52:07 »
« Quoi ? Ha, ha non ! Pas ça ! » s’exclama Randal, comme horrifié.
Il recula, les mains positionnées pour se protéger d’un coup imaginaire ou d’une terrible menace.
« Pas une arbalète ! Mais qu’est-ce que vous avez tous avec vos arbalètes ! Pourquoi pas un arc tant qu’on y est ! Et des javelots ! Un lance-pierre aussi, hein ça pourrait être pas mal un lance-pierre ! Mais moins que la pierre toute seule, c’est plus authentique, c’est vrai ! »
Suzy rit sous cape. Bien sûr, le chat plaisantait et il retrouva bientôt le peu de sérieux dont il était capable.
« Ma petite Leny, va falloir que je te montre le merveilleux accessoire qu’on appel un silencieux. Tu verras, c’est magique.
- J’ai eut entre les mains des arbalètes redoutables, fit remarquer, espiègle, Suzy.
- Tu parles de l’arbalète à visée laser avec les carreaux explosifs ? fit le chat, en fausse aparté. Mais tu sais que ces sauvages d’Hector et de Leny te brûleraient vive pour blasphémer sur déesse arbalète en bois naturel fait selon la tradition millénaire ? »
De nouveau, la renarde rit. Randal reposa sa main sur l’épaule de Ghost.
« Bon, on a fait le tour. Je te laisse finir de prendre tes marques à ton rythme. »
Sur ce, il fit un signe à Suzy et tourna les talons.

* * * Deux jours plus tard * * *

« Jimmy… Jimmy… » fit la voix de Randal dans le dos de Bug.
Ce dernier, concentré sur ses écrans, ne détourna pas les yeux et continua de pianoter. Tout juste eut-il un « J’arrive » absent. La dernière fois qu’il avait dit cela, ça remontait à plusieurs heures. Le silence se fit, uniquement dilué par les ventilateurs des unités centrales en plein travail de décryptage. Soudain, l’écureuil sentit quelque chose lui toucher le haut du crâne.
« Randal, c’est bon, je vais décrocher, faut juste que… » commença-t-il, un peu agacé, tout en portant la main à cette chose pour la retirer.
Et la chose s’avéra froide, gluante. Jimmy, surpris, poussa un cri et fit un brusque écart, tout en agitant la main pour chasser la chose affreuse non identifiée.
« Hé mais c’est quoi ce truc ! »
Randal éclata de rire. Il tenait une canne à pèche. Au bout du fil pendait une grosse larve, la fameuse chose froide et gluante.
« Non mais j’y crois pas ! Randal, t’es un vrai gamin ! »
Il n’était pas vraiment énervé. Lui et le chat se taquinaient souvent.
« Bon, alors, tu fais une pause ? Je veille à ta bonne santé, mon bon ami.
- Mais je t’ai dit que je devais juste finir un truc !
- Je te préviens, Jimmy, si tu sors pas de ton atelier dans la minute, la prochaine larve que tu vas trouver, elle sera dans ton lit !
- Alors si tu fais ça, matou de malheur, y’aura des représailles que tu peux même pas imaginer ! »
En guise de réponse, Randal s’en alla en pouffant. L’écureuil hésita, jeta un regard à ses écrans, il en avait pas moins de quatre, il acheva la commande qu’il était en train de taper, pressa entrer puis récupéra sa casquette et sortit. Randal avait raison, il avait un peu le cerveau qui lui coulait par les oreilles à force de réfléchir au projet Mortus. Il lui fallait une pause. Mais quoi ? Là, devant la porte de son atelier, arraché à son univers virtuel, il avait l’air un peu pommé.

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