Zone Sous-Marine / Telle est prise qui... (PV Desmina)
« le: dimanche 22 juillet 2018, 08:08:19 »Grâce à leur goujaterie, je sais que la chambre 237 a été préservée ; j'aurais été mal à l'aise, dans le cas contraire, pas parce que ça me rappellerait des souvenirs, mais parce que je veux que tout soit unique cette nuit. Et, même si la nuit se termine en m'abreuvant de son nectar, je veux lui offrir une dernière nuit la plus merveilleuse qu'il soit.
« Lana. Ma suite est aussi la votre bien entendu. »
Je ne sais quoi répondre. Peut-être aussi parce que je suis subjuguée par les lieux. La classe, ça ne s'improvise pas. Juste sur le pas de la porte, avec cette inconnue, ah non pardon Desmina, qui s'y avance, j'ai l'impression d'un écrin pour un joyau.
Avec un homme d'affaires, je me serais aussitôt retrouvé sur le lit et sans jupe, simple objet de divertissement qu'on jette après usage.
Mais là ! Au milieu de cette richesse, presque trop ostentatoire, c'est le lit qui m'attire. Il est simplement immense. Et l'image qui me vient, c'est Desmina étendue dessus, toujours portant cette robe qui lui va à ravir, telle une reine naturellement étendue en attendant d'être servie.*Eh Lana, ce n'est pas elle qui dirige !* Fidèle conscience qui veille, mais contrecarre parfois trop souvent mes désirs.
C'est bizarre comme les goûts du luxe diffèrent. Pour la nuit que je veux, un lit encore plus grand m'aurait presque suffi, juste avec une salle de bain digne de ce nom, voire une garde-robe offrant de jolies parures pour une nuit toute en variations, mais certainement pas ces divans certes beaux et sans doute onéreux mais inutiles quoique l'image de Desmina étendue dessus s'impose à moi, et encore moins ces meubles, certes beaux et classiques, mais parfaitement inutiles, quoique l'image de Desmina adossée à eux pendant que je... Ah non ! Ce n'est pas moi qui serai à ses pieds. N'inversons pas les rôles ! Quoique, à force de l'idolâtrer, je ne sais plus où j'en suis, moi-même.
Ces pensées coquines me troublent. *Lana, rappelle-toi que tu es nue sous ta jupe !* Maudite conscience qui veille. Mais, cette fois plus que toutes les autres, je suis satisfaite d'avoir fait ce choix.
Ça ne doit pas trop intéresser Desmina, puisqu'elle a disparu. Et je finis par l'apercevoir enfin à travers la baie vitrée. Ou plutôt j'aperçois la perfection faite femme, juste une silhouette dessinée par les lueurs montant d'une ville laborieuse, alors qu s'offre à moi une nuit magique avec une femme irréelle.
Stevan était et restera mon amour, mai je veux que Desmina soit mon amante.
Je ne veux pas m'éloigner d'elle, je me dirige vers elle. Mes talons martèleraient presque avec délicatesse le parquet, mais je veux que leur cadencement soit comme les notes d'une musique lancinante et envoûtante.
Je m'arrête juste sur le pas de la porte-fenêtre, comme pour ne pas la distraire de sa contemplation. L'air un peu vif me saisit lorsque j'avance sur la terrasse, mais il me permet aussi de maîtriser la chaleur qui monte en moi, doucement mais inexorablement.
« On dit que la mer est encore plus dangereuse la nuit. Sa noirceur est si intense, qu’il est risqué d’y plonger le regard, comme si elle était une abîme capable de nous engloutir. »
Comme elle est étrange, aussi froide dans son attitude que délicate dans ses mots.
« Je pense qu'il y a plus intense encore que la mer, c'est le regard de l'être aimé, qui peut vous engloutir si vous y plongez votre propre regard »
Lui réponds-je, enfin satisfaite d'avoir marié des mots sensés en une proposition audacieuse.
Et, disant cela, je la fixe avec toute l'intensité que je peux mettre dans mes yeux, un regard brusquement perturbé par le vent coquin qui plaque plus encore la robe sur sa silhouette, et m'offre la nudité de son corps sous le tissu d'apparat, comme en écho à mon propre choix. Mais le charme de cette découverte est vite balayé par une amère désillusion. Elle n'a pas compris mon allusion, perdue dans sa contemplation, et ses yeux de feu n'ont pas répondu à mes yeux brillants de désir.
Ça me fait mal, ça fait retomber la pression d'un coup, ça ramène le désir fou à une simple attirance. *Lana, tu t'es monté une histoire, redescends sur terre !*. Et je fais demi-tour sans finalement avoir posé un pied sur la terrasse, alors que j'aurais tant aimé l'y enlacer, face à l'infini qui s'offrait à nous.
« Navrée, je suis un peu vieux jeu. Je ne peux pas m’empêcher d’être un peu mélancolique. »
Même pas envie de répondre.
« Oh, je vous en prie », cette réponse bateau et banale, froide et sans entrain, trouve tout à fait sa place ici.
Je me contente désormais de regarder la suite, les divans et les meubles dont je me moque éperdument, lui offrant juste la vision de mes fesses d'un grossier « Cause à mon cul » aussi vexant que fut son ignorance à mes propos. *Lana, tu en crèves d'envie de voir sa silhouette se dessiner sous la lune, d'autant plus que tu sais maintenant qu'elle ne porte rien sous sa robe.* Voilà que ma conscience inverse les rôles. Et d'abord, comment elle sait ça ? Oui, j'en rêve, mais non, je ne céderai pas ! Je boude, tiens oui, je boude, et il lui faudra des trésors d'imagination pour briser ça.
« Vous appréciez la suite ? J’espère au moins que vous appréciez la vue, Lana. »
Oh la garce, elle n'a pas le droit ! Sa voix me cueille comme la plus insidieuse des caresses, comme la plus sensuelle même. Elle est capable de me retourner en quelques mots. Me retourner, justement ! M'arrachant à mon inutile contemplation de la suite, je me retourne vers Desmina, vers cette silhouette adorée à la chevelure flamboyante. Je fais trois pas sur la terrasse, martelant aussi fort que je peux de mes talons, avançant en ondulant aussi élégamment que sensuellement, et je me plante là, à la fois proche et lointaine d'elle :
« Oh oui, Desmina, j'apprécie cette magnifique suite, j'apprécie cette magnifique vue sur l'horizon, mais j'apprécie bien davantage autre chose encore. »