Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Erika Landry

Pages: [1] 2 3 4
1
One Shot / A la croisée des chemins [PV]
« le: jeudi 11 avril 2019, 23:48:05 »
« Julia Bradford. Un nom qui laisse deviner une jeune femme humaine studieuse et bonne à marier, un nom qui n’interpelle pas même les grattes-papiers des hautes instances ; pas un paysan, pas un roi, n’a entendu parler d’elle, semblerait-il. En revanche, chacun d’eux eut entendu parler de la Dame de Feu, un titre simple pour une femme à la volonté de fer, fervente dirigeante de la communauté des Lions Rouges, ces brutes jouissant d’une crainte leur prévalant sécurité dans leurs déboires de guerriers indomptables.
Ils étaient plusieurs centaines répartis aux quatre coins du monde, grassement stipendiés pour des services ne répondant qu’à cette prescription : “Agir sous le joug de l’honneur.” Chaque contrée se voyait octroyer d’un sous-chef, un grand gaillard grognant plus fort que les autres, supposé contenir tout excès ou intervenir lors de litiges conséquents.
Aucun mercenaire des Lions Rouges n’avait le droit d’accepter toute forme de provocation ou de duel. Je découvrais, par ailleurs, que la plupart respectaient cet interdit. Cependant, les intempérances de certains commençaient à arriver aux oreilles d’une justice ferme, contre laquelle la Dame de Feu n’avait le temps de s’y frotter. D’après sa lettre, elle avait réuni l’ensemble de ses hommes, leurs femmes et leurs enfants, autour du manoir Bradford, où elle sollicitait mes services d’érudit afin d’étudier les accusations des quelques déviants.

Le voyage vers les terres Ainsworth m’avaient paru plus hostile que de coutume. J’étais habitué à mon bureau, protégé dans une grande ville où le quotidien morne est synonyme de paix, et je m’en serais volontiers contenté, si je n’avais pas laissé cette curiosité dévorante prendre le pas sur mon confort. Outre les conflits incessants grondant sur Ashnard en tout temps, le climat capricieux et les bandits des grand-routes, la vallée que je souhaitais atteindre m’était bougrement difficile d’accès. Chaque entrée était contrôlée, tantôt par la garde de la cité Ainsworth que par quelques jeunes des Lions Rouges. La lettre de Madame, cependant, me permettait de franchir les barrières émises par celle-ci, alors que ce même bout de papier aurait pu signer mon arrêt de mort si je m’étais présenté aux gardes du comté.

[...]

On me fit attendre dans un petit canapé dans l’entrée de la bâtisse. Les nombreuses tapisseries et les meubles semblaient tous d’un luxe qui me paraissait étrange. D’après ce que j’avais entendu sur les Lions Rouge, et au vu de ces camps de fortune entourant le vieux manoir humain surplombant la vallée, j’étais loin de me douter que les possessions de la dame puissent être d’une telle richesse. Je n’étais non plus dans une pièce puant la royauté d’un château, mais c’était là tout de même surprenant.
Au bout d’un temps, qui m’avait semblé interminable, une grande silhouette longiligne fit son entrée. D’une démarche assurée et d’un déhanché gracieux, se dirigeait vers moi une elfe immense, le chignon d’un roux chatoyant bordant un visage oval, plongée dans un livre alors qu’elle marchait, puis le fermant d’un clap agacé lorsqu’elle m’apercevait. Sa robe, longue et élégante, comportait un décolleté plongeant, et je fus surpris que cette vision ne soit d’en rien vulgaire. Ce qui me surprit le plus néanmoins ne fut pas sa dégaine de femme fatale, mais ces deux longues oreilles mouvant au fil des sons qu’elle percevait autour d’elle. N’étant que de peu sorti de ma ville, je n’avais encore, jusqu’alors, jamais rencontré d’elfe.

La surprise fut à son comble lorsqu’elle se présenta. Julia Bradford. Ainsi donc elle portait un nom purement humain et vivait au milieu d’un peuple de cette même race. Elle les dépassait de plusieurs têtes, son apparence soignée dénotant de la bande de mercenaires mal rasés que j’eus aperçu plus tôt. Accompagnée de quelques hommes, la stature fière et l’air nonchalant, elle les avait congédié d’un simple mouvement de main et d’un sourire froid, le front plissé d’agacement. »


Interrompant sa lecture, elle plissa les yeux en survolant les pages suivantes du manuscrit, s’enfonçant dans sa chaise dans un souffle agacé. Ramenant une mèche rousse derrière son oreille, la dame émit quelques grognements visiblement mécontents, puis elle attrapa le petit paquet de feuilles d’une main sans gant, enflammant les pages autant de son regard inquisiteur que de sa magie de feu.

- Ma dame… !

Albert Braccio s’appuyait sur la table d’un mouvement soudain, implorant son interlocutrice d’éteindre ces quelques braises, bien qu’il fût trop tard pour protester. Julia, quant à elle, posait sur lui un regard froid et esquissa un maigre rictus.

- C’était… C’était le seul et unique exemplaire…
- Je suis navrée, Albert,
fit-elle d’une voix languissante, croisant ses longues jambes hors de la table de l’auberge, visiblement trop petite pour les accueillir. Mais nous n’avons aucunement besoin du moindre écrit relatant notre communauté ou la femme que je suis.
- Je suis écrivain !
protestait-il. Ma curiosité s’étend aux quelques lecteurs avides de connaissances, vous le saviez avant de m’engager !
- Certes. Mais votre travail se limitait à s’occuper du cas juridique de certains de mes hommes, pas de raconter noir sur blanc ce qu’il se passe par chez nous. Vous êtes curieux, je le comprends. Je suis prête à répondre à vos questions. Mais par pitié, cessez de les graver dans ces papiers inutiles.


L’écrivain pestait. La mâchoire fraîchement rasée et sa queue de cheval tirée vers l’arrière, il était l’un des rares à arborer un physique propret, si ce n’était sa dame lui faisant face. L’activité des autres clients s’intensifiait alors qu’ils se toisaient tous les deux, l’un dans la colère de son travail si impunément détruit, l’autre dans l’indifférence et la froideur qui lui était propre. Au bout du compte, Albert s’avoua vaincu et se vit obligé de se forcer à se détendre, se servant goulument dans sa boisson alcoolisée.
Le reste du repas se déroulait dans un silence de plombs, les seuls blabla alentours ponctuant l’atmosphère pesante régnant entre les deux comparses. Albert ne s’y habituait pas, pourtant il lui collait au talon depuis qu’il l’eut rencontré, intéressé par les histoires qu’elle avait à raconter, fasciné par sa longévité et sa beauté froide, estomaqué de sa décision de ce soir. Terminant sa boisson cul sec, il la considéra encore un instant avant de se décider à reprendre, la tirant de ses pensées.

- J’aurais voulu traiter du sujet du brasier d’Ainsworth.

Julia haussa les épaules en roulant des yeux dans un soupire.

- Vous n’allez décidemment pas en démordre. Un jour vos fesses brûlerons, il ne faudra pas demander d’où ça vient.
- Pensez-vous qu’il aurait été préférable d’accepter les accords que vous proposait Peter Ainsworth ?
l’ignorait-il royalement. Que cela aurait pu éviter cette tragédie ?
- Non,
se résignait-elle à répondre. Il s’agit là du pire des hommes. Je regrette mes actions, j’ai touché des innocents qui n’avaient rien demandés dans ma colère. Mais non, ça n’aurait rien changé. Satisfait pour ce soir ?

Albert s’apprêtait à répondre, sans nul doute d’une autre question, mais Julia l’interrompit net d’un regard désapprobateur. Le brasier d’Ainsworth… quelle idée de vouloir nommer tout et n’importe quoi, songeait-elle en s’appuyant sur la paume de sa main, jouant avec le pied de son verre de vin. Elle se rappelait de ce jour où elle avait fait éclater une rage ardente au sein de cette cité, autrefois gardée par ses compagnons, puis récupérée par l’héritier légitime au titre de Comte. Peter Ainsworth avait perturbé cette paix, que l’elfe avait eut tant de mal à instaurer.

- La vie d’un humain n’est pas suffisante pour traiter tous ces conflits aléatoires, lâchait-elle finalement.
- Tout comme vous n’avez pas assez d’un cœur pour guérir.

Julia levait les yeux vers lui ; elle savait à quoi faisait-il référence. Au sein de ces conflits s’était glissé l’irréparable, l’impardonnable à ses yeux. Sa fille, symbole de douceur et de bienveillance au sein de la communauté, lui avait été retirée du jour au lendemain. Le souvenir de ces lettres qu’elle recevait chaque jour où ce porc lui donnait un avant-goût de ce qu’elle avait pu y subir lui relevait toujours autant le cœur. Avalant son vin cul-sec, elle émit un léger grognement avant de lui répondre.

- Il est inutile de vouloir guérir d’un problème qui n’a pas trouvé sa solution.
- Ma Dame, vous savez qu’il existe d’autres solutions…
- Alors trouvez-les sous trois jours, Albert.
Julia se levait de sa chaise, s’étirant quelque peu et amorçant un pas vers la sortie. Je ne la laisserai pas aux mains de cet abruti plus que cela.

________

Trois jours. Le délai avait été atteint une heure plus tôt où Julia restait assise sur un fauteuil dans le petit salon de son manoir, mais aucune nouvelle de l’écrivain. Seul son chien lui tenait compagnie, un énorme molosse à la gueule de monstre mais au tempérament aussi docile qu’un agneau. Sa grosse tête reposait sur le coin du tapis où le regard de la grande elfe s’était figé.
Elle se redressa enfin, laissant le feu mourir dans l’âtre alors qu’elle quittait la pièce. Aux portes d’entrées, elle récupéra une sacoche de lin.

- Ma Dame, attendez !

Elle n’avait pas encore posé le pieds hors de la bâtisse qu’Albert l’interpellait de l’escalier central. Julia ne se retournait pas, le regard froid et le visage inexpressif.

- Avez-vous trouvé quelque chose de pertinent ?
- Non, mais…
- Alors tâchez de vous tenir tranquille,
concluait-elle avant de le laisser planté là sans lui laisser le temps de lui répondre.

Devant le manoir s’élevaient quelques cabanes en bois, d’autres en pierres et quelques unes encore en construction, mélangées aux dizaines de tentes perdurant malgré le froid qui s’installait à la venue de l’hiver. Il va falloir aménager des chambres… se disait-elle en passant entre les différents habitats, sans un regard pour les quelques promeneurs nocturnes qui la saluait.
De tous, il n’y avait véritablement qu’Albert qui se permettait d’être autant curieux envers elle. Les autres ne l’approchaient guère qu’en besoin de conseil ou d’un soutien quelconque, mais tous respectaient son silence de plombs depuis l’enlèvement de Lynn ; ça l’arrangeait. Julia était connu sous le titre de la Dame de Feu pour sa magie instable et destructrice, mais jamais n’avait-elle encore décidé de se pencher vers la magie noire ou toute forme d’invocation. S’en remettre à vouloir rencontrer un démon aurait été une décision qui en aurait fait grincer des dents plus d’un, mais au jour où elle reçut une nouvelle lettre du Comte d’Ainsworth lui donnant des nouvelles de sa fille, elle s’était juré que ce serait là la dernière qu’elle jette au feu.

Alors qu’elle descendait la pente menant aux bois séparant la cité de la falaise, elle darda un regard sur les quelques lumières des remparts au loin, alors que le reste de la ville s’était endormie en même temps que le soleil. Le sentier rétrécissait au fur-et-à mesure de sa marche, qu’elle suivait en s’aidant d’une petite orbe enflammée guidant ses pas. Quelques têtes éreintées s’inclinèrent légèrement lorsque les quelques jeunes de la ronde de ce début de nuit croisaient son chemin, puis Julia attendit qu’il n’y ait plus personne en vue pour quitter le sentier visible et s’enfoncer dans un flanc de la forêt.
Quelques pas et elle s’arrêta net, considérant les alentours dans le détail. Pointant le bras droit devant elle, il sortit de sa paume une bourrasque d’un vent surnaturel soulevant les feuilles mortes et les vieilles racines flétries, dévoilant ainsi un dernier chemin effacé par le temps et l’inutilité.

La forêt entourant le manoir regorgeait de mystères et de lieux inexploités depuis des décennies. Julia en avait parfaitement conscience ; elle les faisait surveiller par quelques bêtes apprivoisées, mais préférait garder ces lieux au silence le temps de savoir ce qu’elle en ferait. Devrais-je faire construire une sorte de village ? Ils n’ont pas l’air de vouloir reprendre la route… soufflait-elle en ne perdant pas le cap.
Quelques minutes et un second léger vent lui suffirent à trouver un dernier sentier croisant celui qu’elle avait emprunté. Pas un trait ne s’étirait du moindre sentiment de victoire, elle se contentait de fixer le sol un court instant encore.

Dans sa sacoche se trouvait une petite boîte d’un bois sombre magnifiquement sculpté, fermée d’un petit loquet et émettant le son de petits objets claquants en son sein. Elle y posa ses doigts fins cernés de bagues puis s’abaissa au sol, caressant la terre sèche de sa main libre. Non, la magie n’allait pouvoir lui assurer le creux propre dont elle avait besoin.
Une petite pelle lui avait néanmoins suffit, la terre suffisamment friable pour que ça ne lui prenne qu’à peine de temps. Elle y enserra la petite boîte de bois, qu’elle recouvre soigneusement avant de se redresser et de reculer de quelques pas.
Faut-il dire quelque chose ? Les quelques écrits qu’elle avait réussi à déterrer ne spécifiaient rien de tel. Juste quelques maigres instructions, quelques brefs avertissements, mais aucun méthodologie plus approfondie qu’une boîte contenant quelques objets magiques, son ADN, puis enterrée à un croisement.
Il n’y avait plus qu’à patienter.

2
Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: jeudi 04 avril 2019, 01:14:05 »
Erika esquissa un rapide sourire à cette pointe d'ironie. Je suis chez moi, avait-elle eu envie de lui répondre. Son regard se perdit vers le ciel grisé, ses pensées se tournant vers cette étrange notion. Ou ne suis-je nul part chez moi ? Elle balaya ces mots de son esprit aussi rapidement qu'ils lui étaient parvenus, élargissant un sourire fantôme au fil de sa pensée.
La jeune femme restait muette néanmoins, n'accordant qu'un signe de tête reconnaissant avant de se plonger dans ses affaires également. Au vu de la situation, Erika hésita peu et laissa de côté le peu de pudeur qu'on lui avait enseigné, se permettant de retirer sa chemise pour l'éponger au mieux avant de la remettre. Le tissu collant à sa peau lui était désagréable, autant que ses bottes lui compressant les pieds. Ses gants frottés et rincés à l'eau de pluie, ses boucles sèches et sa blessure vérifiée, elle se laissait choir de fatigue contre la paroi et poussa un long souffle de fin d'effort.
Le visage tourné vers lui, Erika se permit une longue observation d'Ars alors qu'il s'affairait de son côté, muette. Ses billes noisettes suivaient ses mouvements et captaient ses rares expressions faciales, figées dans son air impassible, qu’elle ne considérait qu’à ce moment. De sa carrure à ses yeux, Erika se posait quelques questions. Qui est réellement cet homme ? ou encore : Pourquoi m’aider à ce point ?
Elle détourna les yeux, revenant à elle et s’interdisant toute question malvenue.

- Merci, Ars, avait-elle fini par lui dire, la voix somnolente.

La jeune femme ne décrocha pas un mot de plus. Sa fatigue eut raison d’elle et ses yeux se fermaient doucement, l’esprit en paix. Le doux clapotis rapide de la pluie contre la roche et la terre et le grondement de l’orage qui s’éloignait la berçaient ; au milieu de cette nature sauvage, Erika y trouvait des bras accueillants et un certain réconfort.

___

Assise sur un rocher, les jambes étendues et ses pieds nus caressant les hautes herbes, ses yeux savouraient les couleurs chatoyantes des plaines, vastes, ses narines humant de délicates senteurs terreuses, son souffle goûtant à une brise d’air pur. Elle levait la main vers l’horizon, dessinant les rayons d’un soleil chaud se répandre par-delà les collines.

Son dos se tendait, s’affaissait, au simple toucher d’une présence étouffante. Sa malveillance semblait la guetter des fourrées derrière elle, l’appelant doucement d’un chant autant attirant que tétanisant. Elle ne voulait se retourner, pas cette fois-ci. Elle savait les rayons de lumière se faire attirer et mourir dans cette forêt lugubre, et juste à cette idée, un frisson la parcouru.

“Ne te retourne pas.”

Ces sensations ne semblaient pouvoir la perturber outre-mesure. Comme habituée à ces ténèbres, un simple souffle suffisait à les apaiser. Le paysage restait sublime, le silence tranquille et la paix, absolue. Un léger sourire accentuait un visage serein, bien qu’un brin de solitude voilait ses jeunes yeux.


___

Ainsi le soleil s’élevait de nouveau dans le ciel alors que ses paupières se déliaient. La vue brouillée, elle se rendit compte, au bout d’un temps, ne pas savoir quand s’était-elle assoupie la veille. La lumière peinait à percer au travers d’un ciel toujours grisé et envahi de nuages, mais la pluie s’en était allé, ne laissant qu’une lourde chaleur humide derrière elle.

Erika se redressa progressivement, s’aidant de sa main blessée pour se relever. Ce souvenir douloureux lui arracha un grognement mécontent. Les images de la veille lui revenaient au compte-gouttes, de la meute de loup tristement affamée à cette étrange prise en chasse. Si elle n’écoutait qu’elle, la brunette aurait déjà prit ses affaires et serait retournée en ces lieux, diablement curieuse de ce qu’il pouvait s’y trouver, presque frustrée de n’avoir pu y percevoir ce à quoi cela pouvait ressembler.

Elle s’étira, longuement, faisant craquer son dos et sa nuque. Ah, c’est vrai… Je ne suis pas seule, réalisait-elle en se retournant.
Personne. La cavité était vide de toutes présences, seules quelques affaires qui ne lui appartenaient pas se trouvaient derrière elle. Sourcillant, elle esquissa une légère moue perplexe, puis détailla l’extérieur au mieux.
Elle se leva, s’étirant une nouvelle fois, puis s’approcha du bords du rocher, se penchant pour couvrir un peu plus la zone. A plusieurs reprises, son attention se trouvait attirée par le fond des bois, comme d’un vide aspirant son esprit sans qu’elle ne puisse comprendre ni d’où cela venait, ni pourquoi l’appelait-il.
Erika était pourtant passée par ces lieux plusieurs fois ces dernières années, il y avait peu de zones qu’elle ne connaissait guère. Jamais ne s’était-elle sentie dans cette insécurité, sentiment pour lequel elle avait, pour une fois, des difficultés à maîtriser. Etait-ce l’ignorance qui l’entraînait au déraisonnable ? Sans nul doute.

Elle n’aurait su expliquer pourquoi était-elle descendu de la cavité, pourquoi avait-elle rejoint la terre ferme pour s’aventurer de nouveau dans ces bois. Pas un bruit, pas le moindre animal ne montrait le bout de son nez. Étrange. Y a-t-il quelque chose qui perturbe l’équilibre alentour ? Étaient-ce ces choses qui les avaient poursuivi ?
Ses bottes s’enfonçaient dans la boue et les feuillages éparpillés au sol et ses mains frôlaient chaque tronc d’arbre bordant son chemin. On aurait cru qu’elle n’avait qu’un seul cap, qu’elle savait exactement où elle se dirigeait, mais la réalité était toute autre ; Erika se laissait guider par un instinct développé, des sensations inexpliquées qui l’amenaient vers les réponses à ses questions, du moins elle l’espérait.

Un cri de détresse, difficilement perceptible, émit un écho faible, lui indiquant qu’elle était bien trop éloignée pour pouvoir l’atteindre. Pourtant, Erika pressa le pas, son esprit mal éveillé jouant avec ses sens, la plongeant dans quelques vertiges handicapant sa progression.
La jeune femme s’arrêta brusquement lorsqu’elle perçu la terre, humide et malléable, mouver comme d’un serpent lui tournant autour. La chose semblait plus grande et plus large qu’elle, et le simple bruissement du sol à son passage suffisait à la figer sur place. Elle ne fit que suivre le mouvement des yeux, sans broncher. Puis lorsqu’elle fut partie, Erika lâcha un long souffle de soulagement. Avait-elle été quelque peu lâche, piétinant sur sa curiosité et son courage infaillible ? Erika se préférait à penser qu’il s’agissait du peu de prudence qu’il restait en elle. Son instinct lui hurlait de ne pas bouger d’un cil et de patienter. L’esprit bouillonnant de question, son corps se détendit et son visage pâle se leva vers la direction où elle avait perçu le cri. Humain, féminin, masculin, animal, elle n’aurait su le dire. Ce n’était qu’un cri d’une urgence désespérée, désormais évanouie dans une nature contre laquelle Erika se savait ne pas pouvoir lutter contre, pour l’instant tout du moins.

3
Blabla / Re : Le Questionnaire
« le: jeudi 04 avril 2019, 00:10:47 »
RACLETTE !

Boeuf ou volaille ?

4
Blabla / Re : Le Questionnaire
« le: mercredi 03 avril 2019, 18:32:51 »
Zelda OoT.

Elle est où la poulette ?

5
Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: dimanche 31 mars 2019, 10:39:37 »
Elle avait l’impression de courir depuis des heures, pourtant, outre le fait qu’elle ne pensait pas la chose humainement possible, cela ne devait pas faire autant de temps. Elle ne réfléchissait cependant pas plus que cela au temps qui s’était écoulé depuis leur départ, et suivait Ars dans leur traversée de la forêt.
Plus ils s’enfonçaient, plus il était ardu de progresser. Ils s’étaient largement éloignés de tout sentier et la noirceur de la nuit n’aidait en rien. La lune était cachée par les feuillages épais d’arbres proches les uns des autres. Néanmoins, Erika semblait plutôt à l’aise dans sa course, les obstacles divers sur leur chemin ne sortant pas de ses habitudes, malgré son souffle qui commençait à lui faire défaut. “Il ne faut pas faiblir ; continuons de courir.” Ces mots l’encourageaient à poursuivre au mieux.

Ils débouchèrent finalement sur un pan de montagne. Erika levait le nez, essayant difficilement de distinguer le chemin parcouru derrière cette brume de pluie. Il ne leur fallu parcourir qu’une petite pente et pas bien d’escalade pour atteindre la cavité dont Ars lui avait parlé plus tôt, et tant mieux, se disait-elle, pas bien enclin à escalader de nouveau une roche glissante.
Passer de cette pluie battante et assourdissante à une atmosphère calme et sèche lui vrillait les tympans. Agitant la tête comme d’un chien mouillé, elle prit le temps de souffler, mais ne se permit pas de s’asseoir tout de suite. Tant que ses jambes lui répondaient encore et qu’elle sentait que son énergie de l’a quittait pas, elle préférait en profiter pour se délester de ses affaires. Autant sa sacoche que son épée tombèrent au sol lourdement, puis Erika retirait son corset, relevait ses manches et s’essuya quelque peu. Le regard porté vers le ciel grondant, elle s’asseya finalement dans un long souffle, puis s’allongeait au sol, n’en pouvant plus.

- Quelle plaie… soufflait-elle. Mais bien vu pour cette cavité là. En espérant qu’elle ne soit pas non plus habitée.

6
Blabla / Re : Trombinoscope
« le: jeudi 28 mars 2019, 12:57:14 »
La moustache fait pas pervers. T'as même plutôt l'air sympathique xD

7
Dictature d'Ashnard / Re : Invasionnons gaiement [PV Erika]
« le: mercredi 27 mars 2019, 11:57:26 »
Les dernières monstruosités parcourant les rues tombaient autant sous les coups des légionnaires, que des habitants les plus hargneux. Erika soutenait ces combats au mieux, gardant l’œil évasif quant à la vue de ces choses autant que possible. Un peu plus loin, elle apercevait ce jeune homme qui l’avait écoutée, toujours un peu fébrile et les mouvements maladroits, mais dont la volonté suffisait à elle-seule à contrer les quelques uns qui lui tombaient dessus ; un maigre sourire se dessina alors sur son visage.
La fin de la bataille se fit ressentir par le brouhaha du constat des dégâts. Outre les quelques bâtiments brûlés ou détruits, il y avait également ces pertes humaines. Au fond, Erika avait pensé que la tentative de reprise de la ville aurait été plus classique et moindre de tristesse, pourtant…

Marchant dans la rue principale entre les essoufflés et les blessés, elle remarquait que les soldats et les citadins se mélangeaient aisément, s’entraidant et se racontant quelques anecdotes, certainement pour dédramatiser. Lorsqu’elle était arrivée en ville, elle avait pourtant observé ces même gens exprimer un tel agacement des événements qu’ils ne conversaient qu’à peine. Les mentalités changent vite, il semblerait.

Le Maire avait été décroché, et son corps allongé parmis les autres. Certains s’activaient d’ors-et-déjà à piocher et creuser pour accueillir leur dépouille. Erika les observait tout en continuant sa route, puis repéra Scipion, assit sur les marches, une cigarette à la main. Elle se posta debout devant lui, les bras croisés et le silence à la bouche.

- Vous voyez, c'est aussi pour ce genre d'absurdité que des pays peuvent se battre. Ashnard est aux mains de démons qui se sert de sa population comme d'un bétail. À Rome, chaque homme est un citoyen, nous sommes même entrain d'ouvrir le suffrage aux femmes. L'an dernier, on a aboli l'esclavage des humains. Les pratiques barbares comme celles-ci doivent disparaître.

Erika hocha la tête sans un mot. Un court instant, elle crut voir une autre version du discours qu’il lui avait tenu dans la taverne plus tôt dans la journée, et celui-ci lui paraissait un peu plus humain, et surtout un peu plus à son goût. Etait-ce une préoccupation prioritaire ? Elle n’aurait su le déterminer.
Elle accepta la cigarette qu’il lui tendait, puis l’allumait en s’asseyant à ses côtés. Ces moments faisaient partis de ce qu’elle appréciait dans ses voyages : pouvoir rencontrer différents types de personnes, partager quelque chose en leur compagnie, peu importe que ce soit discussion, alcool ou tabac. Elle tirait dessus quelque peu, ressassant ces dernières heures paisiblement, grimaçant parfois tant elle n’avait pas l’habitude de fumer.

- Je n’ai jamais vu autant de ces choses en un même point… soufflait-elle. C’est d’une tristesse.

Erika fit balader son regard sur chaque être humain leur faisant face, puis parmi eux, repéra son jeune compagnon de plus tôt. L’adolescent apportait quelques fournitures de soins à droite et à gauche et courrait dans tous les sens. Laissant échapper un léger rire attendri, Erika lui fit signe de s’approcher. Il eut quelques appréhensions perceptibles à l’idée de faire quelques pas vers Scipion, mais le jeune homme les rejoignit tout de même.

- Je n’ai pas pensé à te le demander… Quel est ton nom ?
- Elliot, ma dame,
balbutiait-il.
- Et bien, reprit-elle en attirant l’attention de Scipion sur lui, je vous présente Elliot. Un jeune homme intelligent et plein de bonne volonté, à qui vous devez cette jolie fin de bataille.
- Mais ma dame, je n’ai pas… C’est vous qui…

Erika souriait à la vue embarrassée du jeune homme d’une bienveillance amusée. Elle l’interrompit.

- Je n’ai fait que suggérer une idée. Le reste était de ton fait, pas du miens.

Elliot baissait les yeux, autant gêné d’être félicité qu’exprimant une moue de fierté malgré tout. Erika croisait les jambes et s’allongeait à moitié sur les marches, son corps se détendant au fil de sa respiration. Elle le pensait sincèrement, elle n’avait qu’exposer une simple astuce, et Elliot était sorti de sa zone de confort pour sauver les siens. Une qualité pour laquelle la jeune femme ne cachait pas son admiration.

8
Élections d'Avril 2019 / Re : Grande annonce pour LGJ, lisez.
« le: mercredi 27 mars 2019, 09:48:41 »
Mon précédent message est une suggestion, qui n'a pas pour but de pointer du doigt qui que ce soit. Bon.

Le forum a plus que trois ou quatre actifs, de ce que j'ai vu. De plus, sur les quatre candidatures j'en vois de très sérieuses. Je ne comprend pas le principe de crier au suicide et au raté du forum à chaque message. Les élections auront lieu, et qui vivra verra.

9
Élections d'Avril 2019 / Re : Grande annonce pour LGJ, lisez.
« le: mercredi 27 mars 2019, 08:26:23 »
Bien le bonjour.

Je vois qu'il y a volonté à effectuer une refonte du contexte RP. En tant que petite nouvelle un peu perdue, j'ai capté l'essentiel je pense, mais je ne me sens pas de donner mon avis là-dessus.

Par contre, je remarque également que les joueurs sont soucieux de ce qu'il adviendra du contexte, de l'évolution de leurs personnages et de la place de leurs anciens et actuels RP. Une refonte du contexte est donc compliquée, puisque ça entrainera des avis différents et des ressentis partagés.
Pourquoi pas, du coup, proposer à mettre le concept du contexte au débat et au vote plutôt que de défendre le contexte d'un individu ? C'est-à-dire que ça ne dépendra pas entièrement de l'admin, mais de l'ensemble des membres qui veulent y participer ?

C'est une petite idée comme ça, mais vu la liberté du roleplay ici, c'est une possibilité. Chacun peut proposer son idée de contexte, justifier pourquoi est-ce que ça rentre dans la continuité, discuter avec les autres, le contexte est voté, puis débattu et complété par la suite avec un superviseur.

Bon, je pose ça là, ça vient de me traverser l'esprit.

10
Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: dimanche 24 mars 2019, 09:38:53 »
- Peu d’animaux se risquent à se promener par un temps pareil, fit-elle remarquer, bien qu’elle songeait qu’il aurait été plus judicieux d’en faire de même. Mais avaient-ils réellement le choix ?

Erika le rejoignit au bord de la cavité et baissa le visage vers le bas du pan de la montagne. Elle s’accroupit alors et caressa la pierre du bout des doigts. Terriblement lisse et glissante à cause de la pluie. Si seulement pouvait-elle passer outre la fragilité de son espèce et sauter d’un bond tranquille, la descente aurait été une partie de plaisir.
La jeune femme ne manquait cependant pas de ressources et savait s’équiper comme il se devait. Sa cape avait peut-être disparue, mais ce n’était là qu’un bout de tissu accessoire qui ne lui servait qu’à la préserver des coups de froid ou des êtres indiscrets. De sa grande sacoche, elle en sortit une vieille corde qu’elle avait chourée dans une cabane laissée à l’abandon à quelques lieues de la montagne. Fine, mais l’air plus ou moins solide, Erika la considéra un court instant. Il allait de nouveau falloir se fier à son facteur de chance.
Si elle avait néanmoins su que, grâce à Ars, elle aurait pu moins s’embêter, elle aurait certainement sauté sur l’occasion.

Une plainte faible résonnait depuis l’intérieure de la cavité, suivie de quelques autres d’un timbre malade. Erika se tourna à demi et balaya les lieux des yeux un instant. Rester calme… songeait-elle, soufflant doucement. Aucune créature ne semblait montrer le bout de son nez, comme si elles cherchaient à les pousser à partir plutôt qu’à les retenir, restant terrées dans leur cachette sans oser se montrer pleinement. Mais ça ne durera pas.
Un simple piquet d’un métal solide suffirait à tenir la corde en place, mais faute de marteau, Erika utilisa son couteau pour encaisser le choc sans se blesser. De sa main intacte, elle frappait dessus avec force et précision, plus qu’on n’en demanderait à une jeune femme de son âge.

“Tu as toujours de ces idées ! Pourquoi crois-tu qu’on éduque les enfants à l’école et à l’intérieur des villes ?”

Des mots qui soufflèrent au creux de son oreille accompagnaient le claquement métallique du manche de son couteau contre le piquet. La voix crispante d’Irina, la femme d’Erik, lui tapait dans les tempes ces paroles, toujours aussi désagréables.

“Je réfléchis beaucoup,” lui rappelait désormais la voix faussement paisible de son frère. “Et je pense que nous aurions dû te laisser à une famille stable plutôt que de t’apprendre tout cela. Je suis désolé.”

Ces phrases tournaient en boucle en son esprit depuis quelques jours déjà, où elle se refusait à ignorer et esquiver ces remarques incessantes une nouvelle fois. Erika n’y trouvait cependant que peu de sens. Cette inquiétude excessive l’étouffait et intensifiait ce besoin de sensations de libertés, rien de plus. A se voir utiliser ces vieilles bricoles pour se sortir d’une énième situation hasardeuse, elle ne se sentait pourtant pas tant décalée. De quoi es-tu désolé ? Que crois-tu que j’ai raté, que vous avez raté ? Abruti.
Son calme perdurait et son visage ne traduisait qu’une colère paisible, alors que ses coups se firent inconsciemment plus brutes, comme si ne se défoulait-elle qu’au travers de sa main. Et ainsi, ses souvenirs se dissipaient lorsqu’elle accrocha solidement la corde autour du piquet.

Erika se laissait néanmoins se perdre dans ses pensées comme un étrange moyen de rester imperturbable et concentrée sur ce qu’elle faisait. Elle défit la corde et la jeta par-dessus le bord puis s’étira longuement sans un mot ni un regard pour Ars. Sans nul doute cherchait-elle à ne pas écouter une quelconque remarque sur ses agissements en s’efforçant à oublier sa présence le temps de se faire. Ainsi, n’importe quel inconnu qu’il puisse être, Erika laissait toujours porter ses pensées vers le seul être qui lui était proche qu’il lui restait.
Je sais ce que je fais, bon sang, concluait-elle pour elle-même, avant de saisir fermement la corde et de tester sa rigidité en la tirant en tout sens.

Au final, s’il lui avait dit quoi que ce soit, elle ne l’avait pas entendu. S’attachant les cheveux suffisamment haut pour ne pas que ce soit une gêne, elle entreprit de laisser glisser ses bottes doucement sur la roche alors qu’elle commençait à descendre. Ce n’était pas ce qu’il y avait de plus aisé, et la corde tremblait fébrilement ; elle n’allait pas supporter plusieurs passages. Erika avait cependant posé pied à terre, puis se massa légèrement son bras endoloris, qu’elle n’avait pourtant que peu sollicité.
Elle s’abrita les yeux de la pluie de sa main en levant la tête vers Ars, repérant sa silhouette. De là où elle se tenait, elle n’y voyait qu’une ombre sinistre se dessiner au-devant de la noirceur du temps. Une illustration qui la fit sourire un court instant ; ce que la nature pouvait offrir de bien étranges images.

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Dictature d'Ashnard / Re : Invasionnons gaiement [PV Erika]
« le: samedi 23 mars 2019, 12:51:43 »
Lorsque les canons cessèrent le feu, un calme de mort s’abattit sur les collines, plongeant les hommes dans une atmosphère d’attente. Les nuages de poussière se dissipaient progressivement et alors que Scipion rappelait ses hommes, Erika gardait son attention figée vers l’horizon. Bourriner le camps leur faisant face se montrait plus qu’efficace, mais ces terres renfermaient ses propres étrangetés, capables de tenir tête à la technologie romaine.
Ces monstruosités se relevèrent et se dévoilèrent à leurs yeux comme des immondices qui prirent le cœur de certains, nauséeux. La guerre, c’était là quelque chose de terrible, nul homme n’avait confié à la jeune femme avoir été capable de s’y habituer. Mais user de ces corps comme de morceaux de viandes vidées d’émotions, c’était là des horreurs innommables, qu’elle accueilli d’une tristesse profonde dans les yeux.

Au contraire de tout cela, la vue du dragon lui paraissait autant majestueuse qu’impressionnante. Cette créature faisait partie de toutes celles qui la fascinait, peu importe les circonstances. Ses yeux s’accrochaient à son envolée et son esprit divaguait vers quelques rêvasseries, inappropriées dans cette situation d’urgence. La jeune femme se ressaisissait aussitôt qu’elle perçu, du coin de l’oeil, la foudre s’abattre en haut des murs. Sa vue se brouilla un court instant, elle n’avait pu percevoir ce qu’il venait de se produire. Ainsi aveuglée, Erika ne fit qu’entendre le hurlement de la bête et le vacarme de l’agitation, remarquant l’approche des créatures jusqu’aux murs, rapide et dangereuse.
Elle n’eut cependant le temps de repérer l’un d’eux s’apprêter à sauter sur elle. La détonation se fit entendre et elle se savait alors sortie d’affaire. Agitant la tête en tous sens, Erika forçait sa vue à revenir et repéra Scipion hurler :

- RÉFUGIEZ VOUS DANS LA TAVERNE ET BARRICADEZ VOUS DEDANS. ON VA LES REPOUSSER.

Me réfugier… ? Vous plaisantez… Il n’était plus temps de rester passive. Que faire seule face à une telle ruée escaladant les murs et pénétrant tant bien que mal dans la ville, alors qu’une armée entière s’occupait déjà de la bataille ? Qu’importe, mais fais quelque chose.
Erika s’éloigna de quelques mètres, jetant un œil par-dessus son épaule le temps de percevoir les projectiles submerger les boucliers des soldats. Au coin d’une rue, elle repéra une tête dépasser d’une caisse de bois - une bien piètre cachette pour un jeune curieux.

- Hé… Toi !

Erika attira son attention et se hâta de le rejoindre. Face à lui, elle le reconnu comme le jeune homme, qui avait accompagné les habitants encore exposés jusqu’aux cachettes prévues. La tenue partiellement déchirée, les cheveux recouverts de terre sèche et une vieille épée souillée et tremblante dans ses mains, la jeune femme comprit que l’adolescent s’était laissé aller à ses envies d’héroïsme, et avait dû rencontrer une créature sur sa route.
Elle le prit doucement par l’épaule et amena son regard au siens.

- Combien en as-tu vu en ville ? lui demandait-elle alors, balayant tout contexte de ses mots.
- Une dizaine… Un peu plus loin.

Elle scruta les murs entourant la ville. Ces choses commençaient à y pénétrer par tous recoins, et certaines fuitaient hors des tirs des soldats, tentant, pour certains, d’arriver dans leur dos, d’autres errant dans les rues désertées comme de prédateurs cherchant une proie à abattre.

- Fais sortir tous ceux qui en ont le courage et qui tiennent à leur ville, fit-elle alors, la voix grave. Vous avez une réserve d’huile, n’est-ce pas ? En le voyant lui répondre d’un hochement de tête, Erika lui sourit. Mettez à feu les habitations bordant les pans des murs qui ne sont pas défendus.
- Les incendier ?! s’agitait-il. Ils vont perdre leur habitat, si on fait ça !
- Tu ne vas pas me dire qu’ils préféreraient y perdre la vie ? Ces maisonnettes ne servent plus à rien si elles n’accueillent que des fantômes !


Le garçon baissait la tête, les yeux grandis d’incertitude et de panique. En voilà un qu’elle comprenait avoir été choyé et protégé, loin de la vue d’une violence pourtant répandue en ce monde.
Il hésita encore un instant puis fit demi-tour. Erika le suivit quelque peu, s’assurant qu’il ne se ferait pas de nouveau agresser, puis fit volte-face et se dirigea vers le centre-ville. La tour d’un bâtiment lui fit de l’œil, qu’elle escalada sans grande difficulté, les prises étant nombreuses et variées. Postée en hauteur, son regard se promena dans les rues, jusqu’à repérer les quelques citoyens se regrouper. Ils n’étaient pas beaucoup, mais ce serait largement suffisant. Tous s’étaient munis d’armes, qu’elles soient improvisées, récupérées ou personnelles. Le peu de créatures qui les approchaient furent abattues sous des coups violent de colère, celle d’un peuple blessé d’être autant la cible de ces monstres que les troupes occupant la ville. Reprendre ses terres au détriment de leurs habitants… Quelle tristesse…

Erika siffla aussi fort qu’elle le put, attirant l’attention de son jeune compagnon et de ses compères. Elle pointa du bras trois emplacements vides de toutes défenses, et le groupe n’eut pas besoin d’en voir plus pour agir.
Tournant ensuite les yeux vers les troupes se débrouiller de leur côté, elle hésita à les rejoindre. Mais Scipion, plus loin, semblait connaître son métier sur le bout des doigts, il n’avait clairement pas besoin d’un coup de main, surtout d’une simple voyageuse inexpérimentée de tout vécu militaire.

Les murs s’enflammèrent par endroits et furent bientôt libérées de toute domination ennemi. Le vent menaçait cependant d’étendre ces incendies à l’intérieur de la ville, mais les habitants s’efforçaient à contenir les flammes autant que possible. La jeune femme les avait rejoint pour les épauler.
Alors qu’ils finirent par éteindre le tout, les créatures se rassemblaient au point où les troupes contenaient l’invasion. Certains avaient eu l’intelligence de propager un incendie encore conséquent de l’autre côté du mur, qui ravageait tout sur son passage, et les obligeait à s’exposer en face des machines destructrices de Rome.
Certains hommes entourant Erika levèrent les yeux vers les soldats, le front plissé d’une nouvelle détermination.

- Non, n’y pensez-pas, s’empressait-elle de leur dire, calmement, s’adossant à un mur et croisant les bras. A vous seuls vous ne pourrez les pousser hors d’ici.

Deux d’entre eux exprimaient frustration et agacement à ses mots, alors qu’une jeune fille tira la manche d’un autre.

- Ils nous protègent, vous savez...  Puis l’adolescente tournait les yeux vers Erika. N’est-ce pas ?
- Je ne sais pas,
haussait-elle les épaules pour toute réponse. J’ai plutôt l’impression qu’ils tiennent à leur territoire nouvellement conquis. Mais il ne faut pas vous méprendre… Que ce soit eux ou quelqu’un d’autre, il s’agira toujours d’un intérêt de pouvoir, au mieux économique. Le bien-être du peuple n’est qu’accessoire.

Certains la regardèrent fixement, comme si avait-elle prononcé une réalité qu’ils ne souhaitaient ni entendre, ni apprendre à leurs enfants. Erika, quant à elle, ne comprenait pas tellement leur réaction. Elle qui ne s’était jamais attachée à aucune terre n’énonçait qu’un constat qu’elle n’avait que trop souvent vu.

- Alors… Que fait-on, maintenant ? demandait un dernier, levant les yeux vers Erika.
- Que voulez-faire de plus ? soufflait-elle. Attendre, observer. Soutenir si nécessaire. Mais n’allez pas vous faire charcuter pour rien, non plus, chacun fait comme il peut.

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Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: vendredi 22 mars 2019, 18:40:40 »
A peine avait-il parlé qu’elle s’appuyait d’ors-et-déjà sur ses genoux pour se relever, reculant de quelques pas sans trop se presser. L’odeur lui avait été si désagréable qu’il lui fallut quelques longues secondes avant de remarquer à son tour le bruit de quelque chose gratter la pierre à proximité. Jetant un dernier coup d’oeil sur l’ouverture, elle tendit les oreilles et pressa le pas.

Ils progressèrent dans la galerie en hâte, sans pour autant courir ; il aurait été imprudent de recouvrir ces bruissements par le vacarme de leurs bottes soulevant une terre hasardeuse, autant pour ne pas risquer la moindre chute dans un milieu instable, que pour garder en trace ce qui les suivait à l’arrière. Le souffle de l’extérieur s’engouffrait par bourrasques brusques, alors qu’à l’aller ce n’était qu’une brise constante et tranquille. Le climat n’allait pas en s’arrangeant, n’indiquant que plus de dangers s’ils venaient à s’aventurer à l’extérieur. “Choisi ta bête…” songeait-elle en soufflant.

Sa torche s’éteignit, alors que celle que portait Ars perdurait toujours, bien que faiblement. La galerie restait une ligne droite dans laquelle ils n’auraient pu se perdre, tout comme leur poursuivant. Erika se souciait de ce comportement de prédateur, avançant à leur rythme sans les dépasser ni se montrer. Cela lui fit quelque peu froid dans le dos. Était-ce vraiment animal ?
Ars avait cependant parlé de colonie. Alors, étaient-ils réellement plusieurs ? La sensation plus que désagréable de se faire observer refit surface, mais la jeune femme restait dans son calme contrôlé. Elle n’aurait pu décrire cette étrange sensation, un mélange d’une frayeur silencieuse et de l’excitation de l’inconnu. Les voyages se teintaient d’ennui, et les obstacles rencontrés se transformaient en une habitude terne. En ce jour, rencontrer cet homme étrange et parcourir un creux de montagne comme celui-ci, était-ce là ce que son frère n’avait de cesse de craindre pour elle, ou retraçait-elle le chemin de son défunt père ?
Se poser toutes ces questions, malgré son attention toujours en alerte, l’apaisait quelque peu. Il n’était plus l’heure à la panique, de toute façon.

Ils arrivèrent au bout du tunnel et retrouvèrent l’entrée de la cavité sans plus d’encombres. Erika ne percevait plus de bruits quelconques à leur poursuite, mais son attention se centra sur l’état des lieux. Des fissures similaires, mais plus nombreuses, parcouraient la paroi de long en large et le reste du bois brûlé avait été éparpillé sur le sol. En outre, sa cape, qu’elle avait laissé posée près du bord, avait disparue.
Les yeux se levant vers le ciel noirci par l’orage, Erika poussa un profond soupire pour seule réaction, puis se tourna vers Ars.

- Descendre ne va pas être aisé… Et je ne parle même pas de circuler dans ces bois sous ce temps.

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Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: mardi 19 mars 2019, 08:43:44 »
Erika hochait la tête et se retourna tranquillement, revenant sur ses pas calmement. Il n'était pas nécessaire de se hâter, et en particulier lorsqu'il est difficile d'en déterminer la raison... c'était un coup à se jeter dans la gueule du loup.
Cependant, sur le chemin du retour, la jeune femme ne put s'empêcher de garder la main posée sur le pommeau de son épée, comme pour se rappeler qu'ils n'étaient pas seuls. Les lieux ne présentaient pourtant toujours aucun bruit distinct, quel qu'il soit, et l'odeur était restée derrière eux.

Lorsqu'elle perçu cette petite odeur de rance lui agresser le nez, Erika s'arrêta brusquement. Un léger regard en arrière, parcourant leurs bottes au bout de la galerie parcourue, et elle notifiait une légère fissure qui n'était pas présente à l'aller.

- Qu'est-ce que...

S'accroupissant à  hauteur de cette petite ouverture, elle y passa les doigts. La pierre était friable, modulable a souhait, comme d'une vieille carrière humaine laissée à l'abandon.
Lorsque l'ouverture fut assez profonde, une sale odeur agressive et putride s'en dégageait, Erika dû reculer et se masquer le nez de sa main. Elle toussa un court instant avant de se redresser.

- Saloperie... y a quelque chose là-dessous qui nous masque l'odeur depuis tout à l'heure...

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Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: lundi 18 mars 2019, 21:20:22 »
- Tu n'as donc pas senti ?

Erika le fixait un court instant, quelque peu surprise. Pourtant, il lui avait semblé qu'il avait déjà perçu ce qu'elle n'avait encore ni vu, ni exprimé, mais elle s'était peut-être trompée. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que ce genre de situation lui arrivait, mais elle avait toujours perdu de vu ses interrogations quant à cette étrange capacité.
Restant parfaitement calme, elle revint sur ses pas et se pencha de nouveau par-dessus le précipice, faisant monter l'air d'un signe de la main pour illustrer ses propos.

- C'est encore plus faible que plus tôt... Mais parmi les odeurs de fourrures, on sent clairement quelque chose de curieux. Même, ça pique le nez, un peu comme des agrumes, mais qui sentent mauvais... A ces mots, la jeune femme se redressa, plissant du nez une énième fois. J'avais senti ça une fois sur le chemin, juste une fois. J'ai pensé que ça aurait pu être une flore interne. Quant à cette impression d'avoir été suivie... Je ne saurais en dire plus.

La lueur des torches vacillait fébrilement. Erika tendait l'oreille, faisait attention à tout ce qui l'entourait, mais cette sensation de présence, bien qu'encore faiblement perceptible, ne se manifestait pas plus que cela.

- On devrait faire demi-tour, avant de nous retrouver dans le noir complet. J'ai un mauvais pressentiment.

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Les terres sauvages / Re : La jeune et le vieux [Ars Cimiterio]
« le: lundi 18 mars 2019, 05:01:32 »
Ce petit laps de temps avant sa réponse, aussi court fut-il, lui avait suffit. Quelques micros-expressions, force d'habitude, lui firent se dirent qu'elle n'avait pas croisé le chemin d'un humble voyageur comme elle aurait pu en croiser auparavant, mais Erika ne se sentait pas d'approfondir le sujet au-delà de ce léger doute. Se détendant les traits du visage, la jeune femme se sentait légèrement intrusive, peut être même un peu trop. Sa neutralité disparu sous un sourire plus serein et un légèrement plus jovial lorsqu'elle porta de nouveau ses yeux vers l'obscurité.

- Je ne sais si leur odorat leur servira longtemps à grand chose... soufflait-elle malgré tout. C'est encore assez léger, mais j'ai sentie autre chose. J'ai tout autant l'impression d'avoir été suivie, tout comme je ne pense pas que ces bestioles ne se cachent que de nous. Mais peut-être n'est-ce pas si important, concluait-elle en parcourant le peu de visibilité une nouvelle fois des yeux.

Erika sentait l'instinct difficile à concrétiser, pourtant son odorat ne la trompait pas. Quelque chose la perturbait, sans arriver à mettre la main dessus, mais les torches commençaient à faiblir, et il était sans nul doute temps de rebrousser chemin.

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