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« le: samedi 13 janvier 2018, 05:00:12 »
Le loup m'arracha littéralement une partie du bras, cela juste après notre courte escarmouche. Eh ben... Si j'avais été humaine, je serais actuellement en train de souffrir le martyr jusqu'à ce que je finisse par en mourir. Pire encore : elle aurait mis fin à mes jours ici et maintenant, sans même que je ne puisse éprouver le moindre ressenti supplémentaire. Cela aurait été assez triste. Malheureusement pour cette chère blonde, je n'étais pas humaine et ne bronchai qu'à la vue de tout ce sang qui me coulait sur le corps, non pas à la douleur. Cette chose qui m'était inconnue poussa d'ailleurs la bête à fuir avant même que je ne puisse penser à une autre offensive. Et merde, j'étais pas en condition pour réagir promptement.
S'il y a bien une chose dont je restais persuadée quoi qu'il arrive, c'était que je ne devais certainement pas perdre la piste de cette chère et tendre blonde lycanthrope, quoi qu'il m'en coûte. Dans ce monde, les créatures exceptionnelles restaient beaucoup plus rares que les humains et, quoi qu'on dise ou pense, je restais également intéressée et curieuse quant à la tolérance que cette fille aurait à mon pacte. Je me trouvais cependant dans un piteux état. Je pouvais largement marcher mais la perte de sang rapide me provoquait un certain malaise, si bien que mon corps chancelait alors que je ne cherchais qu'à avancer. Il était impératif que je me régénère, sans quoi je ne serai pas en mesure de poursuivre la bête. Heureusement pour moi, elle m'avait laissé de quoi la pister puisque je savais désormais identifier sa présence. Il ne me fallait désormais qu'un pactisan temporaire pour que je puisse la tracer où qu'elle soit.
Enragée par cette perte de temps incommensurable, je râlai et me redressai difficilement, encaissant encore ce nouvel échec. Normal, non ? Avec un corps si frêle bien qu'immortel, il était difficile de faire le poids face à une créature physiquement plus forte et robuste. Néanmoins, ma détermination en resta intacte, et c'est notamment ce qui me permit de partir en quête d'un jeune humain fêtard aussitôt que je fus en mesure de me déplacer sans chanceler (et surtout sans que je n'aie à dissimuler un bras à moitié bouffé). Pour commencer, je sortis de ce fichu bois qui m'avait auparavant attiré pour son calme olympien. C'était ironique puisque je recherchai maintenant des gens susceptibles de m'intéresser. Et justement, c'est une fois de retour en zone urbaine que je fis la rencontre d'un groupe de trois jeunes hommes, certainement de sortie pour aller en discothèque ou je ne sais quoi, et que j'accostai sans la moindre gêne. Sûre de moi, je ne dissimulai pas mes airs aguicheurs face au trio de mâles et tentai de sympathiser avec eux tout en laissant plâner un tas de sous-entendus. « Je profite de ma vie et de mon corps », « Je n'ai pas envie d'être seule ce soir », « L'alcool est meilleur quand on le partage » et j'en passe. Ils avaient beau être physiquement passables, je ne pouvais me permettre de faire la fine bouche si je voulais atteindre mon objectif réel, à savoir cette blonde m'ayant filée entre les doigts. J'étais prête à tout pour la retrouver, quitte à ce que ça se finisse en un autre bain de sang. Je n'étais pas du genre à renoncer, et certainement pas face à trois types en chaleur.
Autant dire qu'après avoir partagé quelques verres d'alcool avec eux, je les avais dans ma poche. La brochette d'amis, visiblement en quête de femelles, répondirent comme je l'espérais à mes avances. Ils étaient trois, et alors ? Je m'estimai comme bien assez expérimentée pour retenir l'attention de trois puceaux. Et justement, ces derniers furent un peu trop précoces à mon goût. Je n'allais cependant pas m'en plaindre puisque l'heureux élu ayant eu l'immense honneur de me prendre fut le nouveau propriétaire de mon sceau. Me séparant des deux autres en faisant des avances au pseudo leader du groupe, je le mis rapidement dans ma poche en lui promettant le monde. Facile. Les humains étaient si simples, si bien que je me demandais encore si la blonde avait encore une part d'humanité en elle, pour refuser l'avenir parfait que je pouvais lui offrir. Bref ! Je profitais évidemment du contexte sexuel qu'il y avait entre mon pactisan et moi pour le leurrer, le pousser à me laisser le contrôle de son corps pour que je lui "fasse ressentir un plaisir si intense qu'il n'en connaîtra jamais d'équivalent". Ce qu'il ne savait pas, c'est que je garderai le contrôle de son corps jusqu'à ce que j'aie accompli mon objectif.
Sans plus de cérémonies, je fusionnai avec lui sous les regards inquisiteurs des deux autres mâles à qui j'adressai désormais une expression emplie de dédain. Pour eux, j'étais leur meilleur ami ayant tout juste couché et fusionné avec une fille étrange. Je ne leur accordai pas le moindre mot et m'éclipsai après avoir fait apparaître mon Tachi, ouvrant une brèche spatiale par laquelle je m'enfuyai. À l'intérieur de celle-ci, je pus me concentrer pour repérer la signature existencielle de la blonde. Dans un appartement, hein ? Je ne me fis pas prier pour y apparaître dans la seconde, pénétrant dans la demeure en faisant apparaître une nouvelle brèche ouverte par ma lame. Et aussitôt, je la fis disparaître, ne laissant derrière moi qu'un sillon de poussière brillante à peine perceptible à l'oeil nu. Je pris mes repères, constatant que ma cible ne se trouvait pas dans la pièce où je venais d'atterrir. Tant pis, pas d'apparition grandiose juste devant ses yeux. Je ne pus cependant pas me détacher de l'idée de générer un certain effet de surprise, d'autant plus que je possédais actuellement un garçon qu'elle n'avait sans doute jamais vu. Brun, cheveux courts mais débraillés, de taille moyenne et à peine plus musclé qu'un japonais lambda. Il est clair que je ne l'avais pas choisi pour son physique, lui. Il n'était pas moche mais ne brillait pas. Même ma merveilleuse marque ne suffisait pas à l'embellir. Bref ! Je regardai autour de moi et décidai finalement de me poser sur un lit, m'y allongeant de façon totalement insolente et décontractée. J'espérai seulement que la femme loup n'allait pas traîner, parce que ce corps n'avait pas toute sa vie. D'ailleurs, ses cheveux, sa pilosité faciale et ses ongles poussaient au fil des minutes. Après tout, le temps affectait bien plus vite mon pactisan lorsque je le possédais.
– Bon, elle fout quoi ? murmurai-je, déjà impatiente. C'est bien ici qu'elle va dormir nan ?
Je me rappelai alors d'un petit point de détail, à savoir le fait que je lui aie potentiellement déchiré l'épaule avec mon arme. Éprouvait-elle tant de douleur suite à cela ? Je ne pouvais pas le savoir, ne connaissant pas cela moi-même, mais fus rapidement prise d'une grande inquiétude. Si ça se trouve, elle se vidait actuellement de son sang dans une autre pièce. Et moi j'étais là, bêtement, en train de l'attendre. C'est stupide. Et ce que j'allais faire l'était aussi, mais bien moins que de laisser crever un hôte de qualité. Je me redressai d'un bond et poussai les portes sur mon chemin sans même me montrer discrète, fouillant l'appartement à la recherche de la blonde. Je la trouvai finalement, en train de prendre un bain littéralement ensanglanté. Cette horrible vue ne me rassura nullement. Merde ! Qu'est-ce que j'avais fait ? Je pense avoir évité les organes vitaux mais cette blessure avait quand même l'air assez chiante.
– Euh, salut. Tu vas bien ?
N'ai-je pas l'air conne ? Enfin, con, dans ce corps...