Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Lapin

Pages: [1] 2
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Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: lundi 21 janvier 2019, 14:26:45 »
Le terranide écouta Ykoes parler, avec un sourire paisible qui se nuança lorsque le récit devint moins heureux.

Je ne sais pas ce que vous êtes, mais j’ai le sentiment que vous êtes importante ! On ne se donne pas autant de mal pour garder quelqu’un s’il n’est pas très précieux ! Ou s’il n’est pas très dangereux ? Oh, je suppose que les deux peuvent être liés. Mais vous ne savez pas plus que moi si vous l’êtes, pas vrai ? s’amusa Lapin.

Il ne semblait en tout cas pas effrayé par le passé de la jeune femme, bien au contraire. Il n’y avait pas dans l’attitude de Lapin la moindre méfiance qui soit perceptible. Il n’eut aucun mouvement de recul lorsqu’Ykoes vint se coller contre lui. Il ne parut même pas surpris, venant naturellement refermer ses bras sur le corps à moitié dénudé de son interlocutrice.

Je sens que je suis fait pour ce genre de chose. Réconforter les gens ? Ça pourrait être à ça que je sers. C’est une mission qui me plaît. Mais ça ne colle pas avec toutes les choses que je fais…

Avec les flammes, la température avait augmenté progressivement. Malgré la superficie de la grotte, le plafond assez bas conservait rapidement une chaleur agréable ; si ce n’était l’humidité, on se serait cru dans un intérieur moderne. Lapin lui était une vraie bouillotte. Sa fourrure était beaucoup plus isolante que sa faible longueur le laissait présager. Il secoua brièvement la tête pour remettre en place sa frimousse grise.

Autant que vous le voulez ! J'adore vous toucher. Nous pouvons même avoir une relation sexuelle si ça vous dit !

L’hybride proposait un rapport avec une décontraction qui aurait troublé la majorité des gens. Son inhibition, à l’évidence défaillante, n’était en plus que purement sociale : à titre personnel, il n’avait aucune pudeur. Sa libido, presque illimitée, était en revanche parfaitement contenue. Seule la bosse qui déformait son short témoignait du fait qu’Ykoes et ses caresses ne le laissaient pas indifférent sur un plan physique.

Dans la perspective d’un coït, une baignade nous procurerait des conditions d’hygiène optimales.

Intimité ou non, les jeunes gens étaient en effet plutôt sales, même selon les critères propres à la campagne de Nexus. Ykoes avait roulé dans la boue, tandis que Lapin achevait une longue journée de travaux agricoles. L’hybride se leva et s’approcha du lac souterrain. Il s’accroupit au bord, puis trempa le bout de ses doigts dans le liquide pur.

Oh, vous allez la trouver froide. Puis j’ignore comment vous réagissez à l’eau. Bon ! On renonce. Est-ce que vous voulez que je lave votre vêtement ? Enfin, ce qu’il en reste.

Il se retourna et fixa la poitrine découverte de la jeune femme, désolé.

Mh, j’aurais dû conserver les tissus que j’ai déchirés. Nous aurions sûrement pu vous fabriquer quelque-chose de plus couvrant. Enfin, c’est sans importance… L'impact sur nos chances de survie est négligeable, et la nudité ne semble vous gêner que… modérément ?

2
Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: mardi 15 janvier 2019, 12:42:11 »
Lapin, assit, contemplait le feu comme s’il l’étudiait. Depuis que les flammes éclairaient la grotte, celle-ci révélait toute son étendue. Le terranide avait d’abord craint que la fumée ne finisse par les asphyxier, car ils se trouvaient relativement loin de la sortie. Mais heureusement, il y avait dans le plafond rocheux un conduit à seulement quelques mètres par lequel elle pouvait s’évacuer. C’était d’ailleurs sans doute par là également que l’eau du lac souterrain arrivait.

Relevant la tête, l’hybride sourit à la jeune femme, qui petit à petit retrouvait l’usage de ses jambes. Son sourire disparut cependant lorsqu’elle lui annonça la capture d’une des protectrices qui l’accompagnaient.

Oh. C’est un problème.

Il se leva et croisa les bras, préoccupé.

Mais je ne sais rien sur elle, seulement qu’elle s’appelle l’Agent Squid. Je suis désolé, je ne peux pas vous renseigner…

La tête légèrement penchée sur le côté, il regarda Ykoes pleurer. Puis soudainement il leva le doigt, comme s’il venait de faire une découverte.

Vous êtes en état d’anxiété avancée, et vous avez besoin de soutien émotionnel. Heureusement je suis apte à prodiguer ce type de support ! Vous n’avez qu’à demander.

Il fit un pas vers la jeune femme, et commença à étendre les bras, comme s’il s’apprêtait à l’étreindre… avant de se reprendre. Il fronça les sourcils et s’arrêta.

Mais d’abord, priorité à l’analyse stratégique. Je ne crois pas qu’il faille confronter Squid. Pas tout de suite. Elle ne partira pas tant que son travail ne sera pas terminé, et vos amies peuvent monter la garde. Pour l’instant, Ykoes, vous n’êtes pas en état. Vous tenez à peine sur vos jambes. Trente minutes de repos ! Minimum !

Même si avec ses amies, je ne suis pas sûr qu'elle puisse faire quoi que ce soit contre Squid... elle n'a pas du tout l'air d'une combattante. Mais je peux peut-être gagner un peu de temps. Avec un peu de chance, je pourrais ralentir Squid juste assez longtemps pour qu'elle puisse s'enfuir. C'est elle qu'elle veut. L'important, surtout, c'est de ne pas prendre de décision irréfléchie.

Il recommença à marcher vers elle, et, arrivé à sa hauteur, il la souleva doucement du sol comme si elle n’avait rien pesé. Cette fois, il la tenait dans ses bras comme dans un berceau. Il ne la transporta pas bien loin : il alla la reposer sur le même rocher moussu dont elle venait de se lever. Il la regarda un instant, léger sourire au visage, visiblement satisfait de sa manoeuvre.

Vous pourriez me parler de vous ? Comme je ne me souviens pas de mon passé, j’adore entendre celui des autres. Je trouve ça passionnant !

L’oiseau qu’une des poupées avait ramené était lentement en train de cuire au-dessus du feu de camp. On l’avait rapidement déplumé. Lapin, assit sur la même roche qu’Ykoes, arracha une des ailes et lui tendit. La chair était maigre, mais c’était mieux que rien.

Vous pensez être capable de vous battre contre Squid ? Oh, vous devez être puissante ? Comment comptez-vous vous y prendre au juste ?

3
Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: lundi 07 janvier 2019, 22:25:24 »
Coriace, commenta Squid avec flegme.

La poupée était parmi les proies les plus agiles qu'elle avait rencontré pendant sa carrière. Sa capacité surprenante à endommager les défenses de son armure l'avaient même brièvement angoissée. Elle avait songé à battre en retraite, ce qu'elle aurait fait sans hésiter en cas de danger pour sa vie. Mais son travail tout entier était de faire face à l'inattendu, et encore une fois elle s'en était sortie.

Pas la peine de te débattre ou de crier. Tu vas rester avec moi pour un moment, fit-elle à la combattante vaincue.

La créature était maintenant enfermée dans une sphère verte translucide qui faisait tout juste sa taille. La substance était à mi-chemin entre la colle et la gelée, et était expulsée par un pistolet qu'elle portait à sa ceinture. Elle était extrêmement difficile à détruire, isolante aussi bien magiquement qu'énergétiquement, empêchait presque totalement de bouger, et pourtant elle laissait passer le gaz. Si ce n'était pas agréable, on pouvait donc y respirer... même si rien n'indiquait que la poupée en avait besoin pour survivre. Au moins les bruits qu'elle faisait étaient-ils considérablement atténués.

Quant à la nature de sa prise, elle n'aurait su se prononcer. Elle n'avait jamais rien rencontré de tel. Au départ, elle avait songé à une sorte de robot, mais il était rare qu'ils sachent user de magie. Par défaut, et en attente de mieux, elle décida qu'il s'agissait d'un démon d'un genre nouveau. Elle envoya les premiers relevés vers la base de données de la capitale. Les résultats des analyses devraient l'assister pour le prochain affrontement.

Sur la visière de la tekhane, un chiffre s'affichait : combinaison opérationnelle à 72%, temps de réparation estimé 2 heures et 11 minutes. Simultanément, elle regarda son traqueur. Les points étaient moins mobiles. Ils semblaient s'être établis dans la zone, et ils n'allaient donc pas s'enfuir tout de suite. Aucune urgence à les poursuivre. Sa décision, guidée par la prudence, fut vite prise. Elle s'assit sur un tronc d'arbre, et attendit sereinement que les systèmes de maintenance de son armure ait terminé de la remettre à neuf.

*
*   *

Au même moment, Lapin laissait délicatement descendre Ykoes sur une roche plate de la grotte ; recouverte de mousse et finalement assez confortable. Après une dizaine de minutes à courir avec cinquante kilos sur le dos, il n'avait pas l'air fatigué et sa respiration s'était tout juste accélérée.

 – La température ici est pour l'instant inférieure d'environ deux degrés à celle de l'extérieur. Quand la nuit sera tombée, bien sûr, ça devrait être le contraire, il fera plus chaud ici que dehors. On sera aussi protégés du vent, et de la pluie qui est probable si on se réfère au ciel. C'est vraiment génial ! Super choix de refuge. Mais vous risquez quand même d'avoir froid. Vous manquez un peu de fourrure, et je n'ai que la mienne, plaisanta-t-il.

Tout en réalisant son diagnostique, le terranide regarda tout autour de lui. La grotte était vaste : elle s'enfonçait sur une dizaine de mètres, en pente légère, avant que le tunnel ne décrive un angle à 40° et débouche sur une salle beaucoup plus grande et bien protégée de l'extérieur. C'était dans cette cavité qu'ils s'étaient arrêtés. La fraîcheur relative était causée par un bassin d'eau qui les empêchaient d'avancer davantage, et dont l'étendue restait à évaluer. Cet étang souterrain était en tout cas rapidement profond, car après tout juste un mètre, on en distinguait déjà plus le fond. Il fallait dire qu'on y voyait pratiquement rien, car presque plus aucune lumière ne filtrait. Quelqu'un sans capacité à voir dans l'obscurité y serait même déjà complètement aveugle.

Je ne vois qu'une solution à nos problèmes immédiats : le feu ! Je retourne dehors, chercher de quoi créer la réaction chimique nécessaire. Vous n'avez pas peur du noir ? Si c'est le cas, alors... Je peux vous reprendre avec moi. N'hésitez surtout pas à demander.

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Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: dimanche 06 janvier 2019, 18:47:22 »
Aussitôt qu'Ykoes se remit à sourire, Lapin fit de même. Son grand sourire de rongeur était néanmoins inquiet, et il ne perdit pas de temps. Il se baissa vers la jeune femme, et s'excusa d’avance de ce qu'il allait faire :

Je suis désolé, mais comme ça, il y a des chances non-négligeables qu'elle me gêne. Pas le temps de l'enlever, ne vous gênez pas, je vais la déchirer. Prévenez vos amies qu'il ne s'agit pas d'une nouvelle agression. Je ne vais pas vous blesser. Jamais.

D'une main douce mais avec des gestes rapides, le terranide saisit le bas de la robe d'Ykoes. L'étoffe avait trempé dans la boue, mais de toute façon il n'avait déjà pas les doigts très propres. Puis il mordit dans le tissu pour créer une entaille. Enfin, il déchira le vêtement sur sa longueur, s'arrêtant juste avant la taille de la jeune femme. Il réfléchit, et il fit rapidement une autre coupe, en largeur cette fois, au-dessus de son genou. L'étrangère se retrouva avec une jupe très courte, fendue à l'avant.

Il se retourna et s'assit.

Alors, si vous me permettez de passer vos jambes ici… Collez-vous contre moi, comme ça. Vous pouvez tenir mon cou si vous voulez. Je ne suis pas du tout embarrassé par le contact intime de votre poitrine contre mon dos. J'espère que ça ne vous gêne pas non-plus.

Il encercla les cuisses d'Ykoes, passant ses bras sous les genoux de la jeune femme. Puis il l'aida à se hisser en l'attrapant par les poignets et en tirant doucement. Lapin se leva sans aucun problème. Elle était si légère qu'il aurait même pu la prendre dans ses bras comme dans un berceau. Il voulait toutefois avoir les mains libres, au cas où.

De cette façon, il pouvait aussi courir bien plus vite… Une fois certain qu'Ykoes n'allait pas tomber, il en fit la démonstration en partant au quart de tour. Avec le peu d'élan qu'il avait, il ne lui fallut qu'un seul bond pour franchir la rivière. Même si les terranides lapins étaient connus pour leurs qualités de sauteur, les siennes étaient presque surnaturelles.

Ils s'enfoncèrent ainsi plus profondément dans la forêt. Le terrain était accidenté mais même à cette vitesse, Lapin avait le pied sûr. La position ne devait pas être trop désagréable pour la jeune femme. Son porteur restait courbé le strict minimum pour qu'elle ne soit jamais déséquilibrée. Sa fourrure, contre laquelle elle était collée, était très douce à défaut de sentir très bon.

Ykoes… je dois vous avouer maintenant : je voyage de façon semi-aléatoire. Je ne le voulais pas vous le dire tout de suite pour ne pas vous paniquer, et parce que je craignais que vous refusiez. Pour l'instant, j'ai pour objectif de gagner du terrain, et la bonne nouvelle c'est que je crois que ça fonctionne. Mais il faut que vous sachiez que je n'ai absolument aucun repère dans cette forêt. Je ne connaissais que la ferme… Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours été l'esclave des Clermont. Ma mémoire n'est pas fiable du tout. La structure de la forêt m'empêche en outre de décrire des lignes droites parfaites. En conséquence de quoi… il existe une probabilité que nous nous perdions. Par chance, je vois très bien dans la nuit ! En revanche, j'ignore quelle est la dangerosité de ce milieu. Bilan mitigé, donc. Mais je reste optimiste sur nos possibilités de survie ! On va s'en sortir !

*
*   *

Squid, Ophélie de son vrai prénom, était en poste à Nexus lorsqu'elle avait reçu l'alerte automatique de déformation des champs. Être d'astreinte lorsqu'il ne se passait rien était sans doute la chose la plus ennuyeuse du monde, alors elle avait été ravie d'être mobilisée. C'était pour elle une occasion d'enfin s'amuser un peu. Il n'y avait pas des failles vers des dimensions hautes tous les jours dans son secteur. Avec un peu de chance, il y aurait même de l'action, songeait-elle.

Elle n'avait pris que deux minutes pour enfiler sa combinaison. C'était un vêtement de combat de couleur kaki, renforcé et avec une visière. Le tout était à la fois technologique et discret. Puis elle était directement passée dans le téléporteur courte-distance. Là, elle avait dû attendre plusieurs minutes d'obtenir les accréditations nécessaires au saut. Les protocoles de contrôle de Tekhos étaient assez stricts avec ce type de matériel. Avant d'être projetée en trois secondes sur une centaine de kilomètres, elle visualisa sa destination : l'orée d'une forêt.

Flash de lumière, et elle y fut. Aussitôt, elle repéra deux paysans qui paraissaient fuir quelque-chose. L'un d'entre-eux était blessé. Ils parurent encore plus paniqués de la voir apparaître devant eux.

Oh merde ! Nous faites pas de mal, on savait pas !
Du calme, hommes de Nexus. Décrivez-moi précisément ce que vous avez vu.
Elle, il…
Une femme qui ressemble à une terranide, avec une robe blanche et des cornes. Elle m'a fait ça. Le paysan indiqua son mollet.
Il y avait aussi des sortes de grosses poupées. Elles… elles ont MANGÉ notre esclave madame !

Squid plissa les yeux. Ces mâles étaient en état de choc, et elle sentait qu'elle n'en tirerait pas beaucoup plus. Elle les largua là, sans un mot, entendant quand même crier :

Vengez notre esclave madame !

Tout en continuant à courir, elle regarda le cadrant qu'elle avait au bras. Les portails ne laissaient pas ceux qui les traversaient inertes. Ils conservaient sur eux une signature énergétique qui pouvait durer plusieurs jours. En l’occurrence, elle observait sur son écran plusieurs points, cinq au total.

Elle fondit vers le plus proche, et ne mit guère longtemps avant de tomber nez à nez avec une des poupée contre lesquelles on l'avait mise en garde. C'était une caricature de petite humaine, avec une robe verte et de courts cheveux blonds. Bien sûr, elle bougeait… et ses yeux lumineux n'étaient pas rassurants.

Qu'est-ce que t'es, toi ? grommela-t-elle.

Squid n'était pas une débutante. Elle agissait vite et efficacement. Surtout, sa combinaison était ce qui se faisait de mieux en matière de capture de spécimens dangereux. Des bras robotiques souples émergèrent de son dos, comme les tentacules d'une pieuvre de métal. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle on l'appelait Squid.

Les appendices se terminaient chacun par une pince à quatre doigts. Elle en envoya un droit sur la poupée, pour la saisir. Une fois qu'elle l'aurait attrapé, elle serait soulevée du sol et n'aurait probablement aucun moyen de se libérer.

5
Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: samedi 05 janvier 2019, 21:56:50 »
George et Jérôme n'étaient pas très attentifs aux bruits engendrés par l'approche de la poupée ; les protestations d'Ykoes accaparaient toute leur attention. Seul Lapin tourna une de ses oreilles vers la source des rires.

Vous avez entendu ça ? les prévint-il.
Rien à foutre de tes voix, lapin, répondit Jérôme sans même le regarder.

Leurs yeux étaient rivés, pervers, sur la poitrine de la jeune femme, qu'ils avaient exposée contre son gré. Ils semblaient fascinés par les cercles que chacun des seins décrivait, alors que leur propriétaire essayait de se défaire de la prise de George. Le paysan résistait sans mal aux assauts, et il jeta sur le sol les morceaux de tissu qu'il lui restait dans la main.

Sans attendre, il s'apprêta à se pencher de nouveau pour tirer sur le dernier vêtement de sa victime et la mettre complètement à nue. C'est alors qu'il poussa un cri de douleur strident. Un instant plus tard, il roulait sur le côté, serrant entre ses doigts son mollet sanglant.

Oh putain, oh putain ! s'exclama son petit frère en se reculant brusquement.

Il ne tenait pas à grand-chose qu'il s'enfuit en courant, mais le choc le maintint un instant sur place. Lapin, lui, garda son sang froid. Il se sentait étrangement confiant ; sans doute comprenait-il inconsciemment qu'il avait été conçu pour agir dans de telles situations de tension soudaine. Il prit le temps d'analyser les forces en présence. Il n'avait jamais rien vu de semblable aux poupées qui venaient de se ruer au secours d'Ykoes. Il ignorait leur force, mais ce qui était certain, c'est qu'elles étaient armées.

Elles sont tellement jolies. Presque aussi jolies qu'elle ? Quels sont les critères ? Non, ce n'est pas le moment de s'inquiéter de ça. Elles ont chacun un couteau. Je crois que j'ai déjà été blessé par un couteau. J'en ai un mauvais souvenir. Les couteaux. Je suis légèrement mal à l'aise.

Jérôme. Il vaut mieux que tu aides George à se relever et que vous vous en alliez. Je vais les ralentir.

Pour la forme, il adopta une posture de combat. Celle-ci était étrangement experte, pour un simple esclave agricole, et lui-même n'en connaissait pas l'origine. Il s'abstint bien de tout geste agressif, restant strictement sur la défensive. Son idée était de faire croire aux paysans qu'il allait se battre, ainsi ils fuiraient sans doute plus vite. La manœuvre fut efficace, puisqu'il n'en fallut pas plus pour que Jérôme attrape son frère sous le bras et batte en retraite. Le duo s'éloigna rapidement, boitillant et jetant de frénétiques regards en arrière.

Une fois les jeunes hommes hors de portée, Lapin se détendit. Il demeurait prudent, mais il fit comprendre que le combat n'avait jamais été dans ses intentions.

Personne ne veut d'autres blessés, d'accord ? Ykoes… Votre réaction était compréhensible. Je suis désolé, sincèrement, que ça se soit mal passé. Ykoes, je vais veiller à ce que ça ne se reproduise jamais.

Il alla jusqu'à s'agenouiller pour exprimer son regret. Les genoux et les coudes dans la boue, les oreilles et les yeux baissés, il offrait un spectacle en contradiction totale avec ce qu'il avait annoncé aux paysans qu'il ferait.

Elle doit me détester maintenant. Je n'ai rien fait pour l'aider. Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas. C'était mon maître. Je ne suis pas une mauvaise personne, mais c'est juste que je ne pouvais pas. Mais maintenant, je peux. C'est déjà ça.

Je ne pense pas que les Clermont voudront vous prendre à la ferme après ça… mais peut-être, peut-être ça n'est pas plus mal pour vous ? Par contre, si vous voulez être en sécurité, il vaut mieux vous emmener dans une autre ville.

« Agent Squid sur zone. Je cherche l'origine de la déformation. Probablement une faille dimensionnelle. Objectifs : repérage, isolement et décontamination. Autre personnel de terrain, signalez-vous. »

Le nouveau message fit bondir l'hybride ; il se releva soudainement, scrutant tout autour de lui. Pas le moindre signe de l'agent Squid pour le moment, mais elle ne pouvait être très loin.

On dirait que c'est différent cette fois. Quelqu'un vous cherche. Je ne sais pas qui… C'est juste que je suis absolument sûr que ce n'est pas bon. Je suis même presque certain que ce n'est pas bon. En tout cas, je suis formel. Ykeos, il faut qu'on s'en aille d'ici, vite.

Il allait s'approcher de la jeune femme, mais la présence des poupées le dissuada. Il ne pouvait pas prévoir comme elles réagiraient s'il tentait de s'approcher. Son visage était beaucoup moins serein que lorsque George avait été blessé.

Il faut que vous me fassiez confiance. Je comprends que ce n'est pas facile mais j'ai de bonnes raisons de penser que c'est votre seule chance de survie. Je réitère ma proposition de vous porter. Il répéta, avec toute l'autorité dont il pouvait faire preuve : on doit filer d'ici avant qu'elle nous trouve.

6
Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: samedi 05 janvier 2019, 06:58:18 »
Sans se départir de son sourire, Lapin écouta la jeune femme parler avec attention. Jérôme, qui venait d'arriver à leur hauteur, n'en manqua pas non-plus un seul mot… même s'il regardait clairement Ykoes un peu plus bas que dans les yeux.

Ahah, sans dec'. Même elle, elle trouve que t'es bizarre, s’esclaffa-t-il quand il entendit la remarque sur l'élocution du terranide. Ouais, excusez-le, il est taré.

Le paysan croisa les bras. Il n'était quand même pas très à l'aise, et ne savait comment se comporter. La prudence lui dictait de se tenir à carreau, légèrement en retrait derrière Lapin. Celui-ci avait une expression plus concernée depuis qu'il avait vu la jeune femme tenter de se lever et échouer.

C'est COOL de vous rencontrer, Ykoes ! Du coup, j'en déduis que vous êtes perdue ? Je suis sûr que nous pourrons vous aider à retrouver votre chemin ? Il jeta un coup d’œil au garçon.
Mouais, répondit ce dernier, avant d'ajouter : j'suis Jérôme.
Jérôme Clermont, compléta Lapin. C'est un de mes maîtres. On ne devrait pas rester ici, si vous m'en donnez l'autorisation formelle, je vais vous porter…

Des laboratoires, des scientifiques. Je ne suis même pas sûr de savoir de quoi elle parle mais, j'ai comme une impression de déjà-vu ? Peut-être qu'elle est exactement comme moi. Pourtant, Sophia Campbell… non, ça ne me dit rien.

Il mit un genou à terre près d'Ykoes, sachant qu'il n'aurait aucune difficulté à la soulever du sol. Il pouvait hisser à bout de bras plusieurs fois son poids. Force était de constater cependant qu'il ne sentait pas très bon, et c'était sans doute l'unique chose qui rendait sa proximité moins attractive. Après une après-midi entière de travail à la ferme, son pelage avait une odeur de terre et de sueur.

Toutefois, avant qu'il puisse mettre en œuvre sa proposition, une voix grave retentit derrière eux :

Wah, vous avez trouvé quoi les mecs ?

Jérôme et Lapin tournèrent la tête. Venait de les rejoindre un homme qui devait avoir le milieu de vingtaine.

Je te présente Ykoes. Elle est arrivée ici par magie et elle est incapable de marcher pour le moment. Nous allons l'amener à la ferme. Ykoes, voici George Clermont. C'est un autre de mes maîtres.
Par magie, vraiment ?

George était presque aussi grand que le terranide, et donc beaucoup plus grand que son petit frère. À l'inverse de lui, il était très musclé, voire un peu lourd. Ses cheveux tiraient davantage sur le brun, ses yeux étaient noirs, et son visage était plus carré, avec une mâchoire marquée. Il portait une chemise en lin légèrement trop petite pour lui, et un pantalon assorti.

Que t'avale ça, Lapin, ça m'étonne pas. Mais Jérôme, j'attendais mieux de toi, fit-il, d'une voix plus amusée que réellement fâchée. C'est un beau morceau, j'vois pourquoi t'as été distrait, mais voilà le détail à pas manquer…

Il fléchit les jambes et, sans prévenir, attrapa une des cornes d'Ykoes. Se relevant, il la força à faire de même. Tirant sur la protubérance, il maintenait la jeune femme debout de telle sorte que même si ses jambes étaient faibles, elle ne retomberait pas. Il ressemblait à un instituteur retenant un enfant fautif par le lobe de l'oreille.

Elle a des cornes et elle est… pas normale. C'est une terranide. Esclave en fuite, encore une.

Le paysan la jeta en arrière, la faisant chuter sur les fesses, à quelques mètres de la rivière.

P'têtre qu'on va venir la récupérer, élabora-t-il d'un ton docte. Mais en attendant, esclave trouvée, esclave appropriée…

Il appuya son sabot contre l'épaule de la jeune femme, pesant d'une partie de son poids pour l'empêcher de se relever. Il se baissa, et glissa trois doigts dans le décolleté de la robe. Il commença à tirer sur le tissu souillé de toutes ses forces, pour le déchirer, et l'arracher entièrement s'il pouvait.

Regarde moi ça… j'pense qu'on peut s'amuser un peu avant de la ramener à la ferme.
Mh, ouais, carrément, confirma Jérôme, mal-à-l'aise mais soucieux de paraître enthousiaste.

Lapin était resté interdit tout le long du discours. On le sentait un peu choqué, mais il ne disait rien. George était son maître après tout. De ce qu'il restait de sa programmation… le principal trait qu'on lui avait enseigné était l'obéissance. En tout cas, certainement pas la bonté. La bonté n'était pas une qualité pour un espion, bien au contraire ; si le terranide était gentil, c'était à l'origine pour gagner la confiance de ses interlocuteurs, et s'il l'était réellement devenu, ce n'était pas encore quelque-chose de pleinement assumé. Dans ce contexte, il n'était pas très sûr de lui. Alors il ne fit rien.

Tu vas lui tenir les jambes, qu'elle bouge pas, lui ordonna le paysan. Si tu fais ça bien, tu pourras passer après Jérôme et moi.

L'hybride lança à Ykoes un regard gêné, le genre qui demandait presque « ça te dérange ou pas ? ».

7
Les terres sauvages / Re : Fixer l'horizon
« le: vendredi 04 janvier 2019, 22:39:56 »
Lapin lâcha la charrue pour essuyer la sueur qui coulait de son front. Il semblait nerveux. C'était suffisamment inhabituel pour que la jeune paysanne s'en inquiète. Elle avait au bras un panier d'osier rempli de poires sauvages, qu'elle avait elle-même cueillies. Elle tendit vivement un des petits fruits au terranide :

T'as mérité une pause, tiens.
C'est gentil, merci.

Il accepta avec un large sourire, et croqua aussitôt dans la chair juteuse et rafraîchissante. Jérôme, qui n'osait pas trop se la ramener en présence de sa sœur, ne lui fit cette fois pas de reproche. Il soupira et attrapa lui aussi une poire. Ils discutèrent du puits, qui avait été contaminé, probablement par le cadavre d'un animal. En attendant, il faudrait aller chercher l'eau à la fontaine du bourg. Même un demi-kilomètre, avec des sceaux d'eau, c'était long. Mais Lapin promit qu'il s'en chargerait lorsque la nuit serait tombée.

J'ai remarqué que mon acuité visuelle était bien meilleure que la vôtre, surtout dans l'obscurité.
C'est ça, ironisa le paysan, un peu agacé. Et en plus, t'en as une grosse.
Tu parles de ma verge ? Oh, oui. C'est sûr que si on se rapporte à...

Il s'interrompit en observant le visage alerté de son interlocuteur. Il ne comprit pas immédiatement, et pensa un instant que c'était le sujet qui le mettait dans un tel état. Quand Jérôme tendit le doigt vers le ciel, toutefois, il se retourna. Le ciel, déjà sombre à cette heure, était en train de s'illuminer d'un éclat violet mouvant. On aurait cru que la branche d'un éclair tombait au ralenti... sur eux, ou presque. La comète passa dans les yeux verts émerveillés de Lapin, avant de s'écraser dans la forêt.
 
C'était donc ça, lâcha-il, songeur.
Tu sais ce que c'est ?
Non. Pas encore. Mais ça doit être quelque-chose de magnifique.
Ouais bah... ça peut être dangereux surtout hein.
Je vais aller voir.

J'ai le sentiment que je dois aller là-bas. Si cette voix me parle, juste à moi, c'est bien que j'ai quelque-chose à voir avec tout ça. Hier George à parlé du destin. J'ai écouté sans rien dire, mais j'ai bien aimé. Il est peut-être là, mon destin.

Nan, hors de question. T'es notre esclave, tu restes avec nous.
T'as la frousse Jérôme ?
Quoi ? Nan.

Il y eut un moment de flottement. Le jeune homme fronça les sourcils, jetant un regard méchant à sa sœur.

Mouais, t'as raison lapin, on va voir. Sandra, toi tu vas avertir papa. Et tu... tu peux dire à George de venir ?

L'adolescente hocha la tête, un sourire narquois au visage. Elle tourna les talons pour redescendre la colline. Jérôme, lui, retourna chercher le bâton qu'il avait jeté dans un talus. Puis il lança à Lapin avec une autorité artificielle :

Bon, euh, tu passes devant.

Le point d'impact ne pouvait se situer très loin de là où ils se trouvaient. Ils espéraient juste qu'ils n'aient pas à traverser une portion trop dense de la forêt, là où il n'y avait plus du tout de chemin. Quelques minutes de marche plus tard, ils furent soulagés de cette inquiétude. Sur le bord d'une rivière, celle-là même où Lapin avait été trouvé, une étrange jeune femme était couchée. Sa tunique blanche était tâchée de boue, ce qui ne permettait pas d'en distinguer la facture.

C'est qui elle encore, s'exclama le paysan en se frottant la tête.
Il me semble que la manière la plus simple de le savoir, c'est de lui demander, annonça le terranide.

Même à deux, on ne pouvait pas dire qu'ils étaient effrayants. Le paysan mesurait moins d'un mètre soixante-dix. C'était un gringalet roux, le visage glabre, si rond qu'il semblait ne pas avoir de menton. Il était habillé simplement. Ses sabots étaient de bonne qualité et ses vêtements étaient sans trous, ce qui témoignait d'un petit confort de vie. L'hybride, lui, était plus grand et ne portait quant à lui qu'un short en toile. Sous la fourrure claire de son torse nu, on distinguait les reliefs d'une musculature plus développée que celle de son maître. Pourtant, avec ses grandes oreilles et ses grands yeux, il semblait encore plus inoffensif que lui.

Distançant largement le paysan, Lapin ne ralentit que lorsqu'il fut à une dizaine de mètres de l'inconnue. Il adopta alors une posture plus prudente, mais aussi plus ouverte. Il écarta les bras et sourit, révélant ses deux incisives supérieures. Lentement, il continua à s'approcher.

Bonjour ! Je m'appelle Lapin, et je suis esclave à la ferme Clermont. Je ne connais pas votre nom. Est-ce que vous pourriez me l'indiquer ? Je pourrais communiquer plus facilement avec vous si je dispose de cette information. Est-ce que vous êtes blessée ? Si c'est le cas, je suis en mesure de vous administrer les premiers secours. Enfin... je crois ? Je ne sais pas trop pourquoi j'ai dit ça. Bon. Cette dernière information, il faut que vous la preniez au conditionnel, désolé.

Je ne vois pas de sang, mais elle n'a pas l'air de pouvoir se relever. J'espère qu'elle va bien. À part ça, je note qu'elle est jolie... je pense. Je suis sûr qu'elle va plaire à Jérôme !

8
Les terres sauvages / Fixer l'horizon
« le: vendredi 04 janvier 2019, 01:52:07 »
« Ici E-12. Ceci est un message automatique. Les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe D dans votre secteur. Je répète, les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe D dans votre secteur. Action recommandée : aucune. »

Eh, lapin ! Arrête de rêvasser, lapin ! Faut qu'on ait terminé avant la nuit !

Le jeune paysan ponctua sa phrase d'un coup de bâton sur le dos nu du dénommé « lapin », un terranide à la fourrure sombre. La situation semblait issue d'une farce. L'hybride, qui n'avait pourtant rien d'un colosse, tirait à lui seul une charrue conçue pour au moins deux bœufs. L'outil creusait dans le sol des sillons profonds qui servirait plus tard au semis. L'humain, lui, n'avait qu'à appuyer légèrement sur le soc, s'assurant que les lignes tracées étaient bien droites. Il avait dans la main une grande branche souple dont il se servait de temps en temps pour inciter le terranide à avancer.

Ce qui n'avait pas fonctionné cette fois. Lapin s'était arrêté net. L'air troublé, il commenta :

Elle a parlé, encore. E-12. L'intelligence artificielle de veille sectorielle. Tu n'entends rien ? Ça craint je trouve.
Sérieux, « L'iNtELlIgEnCe ArTiFiCiElLe De VeIlLe SeCtOrIeLle », se moqua le garçon. Ben non on a rien entendu, lapin. Pasque c'est dans ta tête. T'es aussi fort que t'es taré, hein ? Je l'ai bien dit à papa quand on t'a trouvé... Il donna un nouveau coup de perche, plus fort, sur le dos de l'esclave : allez, au travail.

Lapin laissa échapper un bref glapissement de surprise, et recommença à tracter la charrue. Malgré l'heure tardive, il faisait anormalement chaud pour la saison. De grosses gouttes de sueur ruisselaient le long de ses flancs, s'éparpillant dans sa fourrure. Il n'y prêtait pas trop attention. Ses pensées étaient tournées vers le message qu'il venait de recevoir. Depuis qu'il s'était réveillé, deux mois avant, ce n'était pas la première, mais la troisième fois que cette voix lui parlait, pour lui dire des choses qu'il ne comprenait pas.

Ils pensent que je suis fou. Ils ont un peu peur de moi, je pense. Je ne crois pas que je sois fou. Mais... ils ont peut-être raison d'avoir peur. Je ne sais même pas moi-même si je suis dangereux.

C'était une famille de paysans qui l'avait récupéré, flottant le long d'une rivière, au milieu de la forêt. Le cours d'eau était connu pour parfois rejeter les déchets de Nexus, tout de même distante de plusieurs dizaines de kilomètres. D'apparence c'était un cadavre à la dérive, probablement celui d'un esclave en fuite. Le fils, Jérôme, l'avait poussé sur la rive pour voir s'il n'y avait malgré tout quelque-chose à dépouiller. Le corps examiné, il avait une très vilaine plaie à l'arrière de la tête, qui aurait été fatale à n'importe quel humain. Pourtant, aussitôt sur terre, il avait recommencé à respirer. En quelques jours seulement, son enveloppe avait guéri. Mais pas son esprit : le lapin demeurait amnésique, et quoiqu'il parlait un vocabulaire généralement soutenu, il ne se souvenait même pas de son propre nom.

Il y avait eu des suspicions, bien sûr, quand on avait découvert sa force exceptionnelle. Est-ce qu'il n'était pas la propriété d'un de ces mages de Nexus, aussi excentriques que puissants, qui pourrait venir le réclamer ? Mais le pragmatisme avait pris le dessus sur les craintes : on ne refusait pas un esclave docile et aussi apte aux travaux de la ferme quand il nous tombait dessus.

« Ici E-12. Ceci est un message automatique. Les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe C dans votre secteur. Je répète, les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe C dans votre secteur. Action recommandée : vigilance. »

Lapin s'arrêta de nouveau, fixant l'horizon.

T'es chiant ! s'énerva le paysan en levant son bâton.
Arrête Jérôme ! C'est quoi ton délire là ? Depuis quand on tape les esclaves ?

Une adolescente venait de dévaler une colline non-loin, et n'avait pas attendu de les rejoindre pour protester vigoureusement. Elle était rousse, assez petite comme son frère, et portait une tenue de garçonne.

Oh ça va, il sentait presque rien, ricana le garçon, en jetant néanmoins, un peu honteux, la branche par-dessus une clôture.

De l'autre côté de la butte, il y avait la ferme familiale. C'était la demeure modeste mais confortable d'un couple qui avait déjà une demi-douzaine d'enfants. Il y avait aussi un silo rudimentaire, et une étable pour quelques animaux. Entourée de champs et de pâturages, l'exploitation était située à environ cinq-cent mètres d'un bourg tout à fait insignifiant.

« Ici E-12. Ceci est un message automatique. Les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe B dans votre secteur. Je répète, les instruments détectent une irrégularité gravitationnelle de classe B dans votre secteur. Une équipe de contrôle a été dépêchée sur place. »

Je crois bien que ça augmente, prévint le terranide, non sans une certaine excitation.
Quoi qui augmente ?
Je n'ai aucune certitude. Peut-être que ça n'est rien... ou peut-être, peut-être que c'est pour moi ! E-12 me parle d'irrégularité gravita...
T'as un grave problème dans ta tête toi. Tu sais quoi lapin ? Tais-toi. C'est mieux.

9
Tekhos Metropolis / Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
« le: dimanche 05 novembre 2017, 19:13:35 »
Astro.

Le jeune cyborg n'était pas d'une nature à céder facilement au désespoir. Mais il se savait en très mauvaise situation, et ne voyait pas d'échappatoire. Dans l'attente de jours meilleurs, il ne pouvait que supporter les brutaux attouchements du rat et de sa sœur. Il sursauta lorsque les doigts de cette dernière se refermèrent sur son sexe. Il ne s'y était pas attendu. Avec tant de choses à penser, il n'aurait même pas remarqué de lui-même qu'il était en érection. Il appréhendait la suite. Il s'attendait à ce que, d'un moment à l'autre, les petites griffes s'enfoncent dans une chair bien plus sensible que celle de son dos…

Il va falloir que tu réfléchisses bien à ce que tu vas me dire, Tekhan. Même si je sais déjà presque tout. Miss Shein… m'a dit que tu travaillais pour des planqués du Front. Ouais, je sais, Miss Shein et moi, on est pas connus pour être amis.

Le cyborg en était maintenant certain, cette fréquence était bien celle du communicateur de son partenaire. La réception n'était pas parfaite, mais elle était suffisamment claire pour qu'il comprenne que l'implication de Noa devenait plus sévère que prévu. Astro se rassura sur sa situation alors qu'il grimaçait en réactions aux manipulations que lui faisaient subir de la femelle.

Le major a des ennuis, mais il va s'en sortir. J'ai confiance. C'est le meilleur espion de Tekhos, il va trouver quelque-chose, avec ou sans moi… Ce n'est qu'une questions de minutes… Moi… moi je vais juste essayer de m'en tirer seul, et de ne pas le ralentir…

Nouvelle surprise lorsque la ratte lui glissa à l'oreille des paroles étranges. Pouvait-il seulement lui faire confiance ? N'était-ce pas simplement une tactique pour qu'il se tienne tranquille ? En même temps, ils avaient démontré ne pas vraiment avoir besoin de plan complexe pour avoir le dessus…

Le regard toujours bas, Astro ne pouvait de toute façon rien répondre. Devant ses yeux, la bacchanale sanglante suivait son cours. Sur sa colonne, le prisonnier se sentait presque privilégié. Personne n'essayait de le dévorer ou de le démembrer. Tout aussi libidineux qu'il était, Shrash n'était pas aussi frénétique que la plupart de ses semblables.

Quant à la femelle, elle paraissait en bien meilleure maîtrise encore. Ce qui ne l'empêchaient pas de triturer le pénis du cyborg. Son bassin était la seule chose qu'il bougeait encore volontairement. L'agent tentait quelque-fois de se dérober aux caresses les plus intrusives, quelques fois d'accompagner les mouvements des doigts pour les rendre moins douloureux.

Le jeune agent ne résista pas trop lorsqu'il comprit que le rat voulait lui faire avaler son sexe et ouvrit la bouche. Être indocile, c'était risquer de recevoir une décharge plus violente. Le goût, bien sûr, était pire que l'odeur. La verge, brûlante, était recouverte d'une couche de crasse poisseuse et acre. Le lapin sentit son estomac se retourner. Il ferma les yeux et se retint de vomir, totalement inactif, alors que la hampe frottait contre son palais.

Hrrr…

Respirer était difficile ; la puanteur le dissuadait d'aspirer par le nez. Au bout de quelques passages, toutefois, sa nausée fut atténuée par l'action de la salive et l'habitude… à moins que ce ne soit les courants électriques qui neutralisaient peu à peu ses papilles. Ce n'était plus qu'un gros morceau de chair chaude qui remuait entre ses lèvres. Astro retrouva alors l'aplomb de rouvrir un œil rougi, contemplant depuis l'entrejambe le rat qui pénétrait sa bouche. Pour la première fois de sa courte existence, il sentit la colère naître.

10
Astro.

Difficile pour Astro de faire le point. Pendant un long moment, il ne parvint pas à accéder à ses  informations de géolocalisation, mais il ignorait si cette déconnexion était due à l'épaisseur du sous-sol, ou à un dérèglement de ses capteurs. Le fait de percevoir d'autres flux numérisés lui donna la réponse. Le choc avait altéré la façon dont son corps recevaient les signaux électriques. Le cyborg ne pouvait dire pour le moment dans quelle mesure. Ses programmes étaient bien capables d'auto-diagnostique, mais le retour à la normale pouvait prendre du temps.


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L'agent sentait le sol rapper contre sa peau. Parfois, son visage heurtait un pavé qui dépassait particulièrement, l'étourdissant brièvement. Ses oreilles surtout le tiraient douloureusement. Elles n'avaient jamais été conçues pour qu'on traîne derrière elles tout le poids de son corps. Les rats pouvaient être en train de l'emmener n'importe où ; loin de sa mission, loin de Noa. S'il n'avait pas été aussi terrifié et incapacité, il aurait peut-être activement paniqué.


Alors, Michelle, qu'est-ce que vous nous préparez aujourd'hui ?
Eh bien aujourd'hui, Michel, ce sera un carpaccio de terranide !
De quelle espèce de terranide parlons-nous, Michelle ?
Pour cette émission, Michel, j'ai choisi un terranide vache. Ce sont mes préférés. Leur viande est très tendre… Je vais l'assaisonner avec des pignons de pin et de la roquette…
Et très accessible ! Parfait pour les petits budgets. Oh, mais Michelle, ce terranide est encore vivant ! Il respire !
Bien sûr Michel. Il faut toujours choisir ses produits bien frais ! Bon, on va pas le faire souffrir, d'abord, on va s'assurer qu'il est bien assommé… Allez mon joli, on ne bouge pas…



Il avait l'impression de s'être encore évanoui. Mais ses perceptions n'étaient pas aussi claires que s'il venait de se réveiller. Naturellement, il tenta de reprendre une position verticale. Il ne lui fallut qu'un instant pour réaliser qu'il était attaché. Progressivement, il retrouvait la vue. Les ombres se précisèrent. Il connaissait ce rongeur. Ce n'était pas Noa. Noa n'était pas aussi grand, et Noa ne se serait jamais exhibé ainsi…


Et maintenant, retrouvons Cassandra et Julianne. Dans le dernier épisode, Cassandra devait partir pour le front, combattre la fourmilière et rejoindre sa mère, générale dans l'armée. Mais Julianne tente de l'en empêcher, en lui faisant croire qu'elle est enceinte :
Je… je ne savais pas que tu étais enceinte !
Ah…
Je… je ne peux plus partir pour le front combattre la fourmilière, maintenant !!!
Oh…
Que va penser ma mère qui est gé...né...rale... DANS l'AR...mooé ?!


Les interruptions n'en finissaient pas de perturber son système sensoriel. Son ouïe revenait peu à peu, apportant elle aussi des informations nouvelles. Les tambours firent vrombir ses grandes oreilles. Il y avait beaucoup plus qu'un rat… quant à la magie diffuse dans l'air, il n'aurait encore su l'identifier. L'agent comprenait seulement que ce qui se passait le dépassait considérablement. Sans sa combinaison, il se semblait terriblement vulnérable.

Astrid ! Astrid ! Astrid !
[…]

Alors, on est pas content de me voir ?


Ce message là était différent. Il était à la fois plus faible et plus proche. Il identifia la fréquence où émettait le bracelet du major. Pour le capter alors qu'il n'était pas en mode émission, il devait être vraiment proche. En temps normal, il n'aurait même pas pensé ça possible. Astro se demanda s'il n'était pas tout simplement en train de délirer. L'électricité l'avait tellement déréglé qu'il ne pouvait pas en être certain que les flux n'avaient pas été mélangés…

Gnn.

La brutalité de griffes qui labourèrent son dos le tirèrent de sa réflexion, et le ramenèrent impitoyablement à sa situation présente. Son corps se tendit pour surmonter la douleur. Rien à voir avec une décharge, mais il fut angoissé par la sensation de son sang qui coulait, imbibant sans qu'il puisse le voir sa fourrure brune. Les serres remontèrent vers ses épaules, laissant une traînée brûlante dans sa peau rose, avant de se planter dans ses épaules. Astro gémit de nouveau.

Même cette torture cependant n'était pas suffisante pour lui faire perdre de vue l'imposant sexe qui s'approchait de lui. Rien que l'odeur du mâle lui piquait les narines. L'hygiène n'était sans doute pas une préoccupation majeure dans les égouts, et celles des parties intimes des rats était à l'évidence  pire encore. De quoi être largement dégoutté lorsque le gros morceau de chair rouge vint frapper sur son visage, tout près de sa bouche. Le jeune cyborg eut un haut le cœur.

La femelle derrière lui enfonça ses crocs dans sa gorge. Ce n'était manifestement pas pour tuer, mais Astro n'avait pas de moyen de le savoir. Dans un réflexe de survie, il se débattit, cambrant le dos et libérant une de ses mains. La réaction fut immédiate.

Nnn !

Un nouveau courant partit de son crâne et se diffusa dans tout son corps. Les muscles du cyborg se contractèrent, bloquant net son mouvement. Plus surprenant, son pénis se dressa soudainement, parfaitement raide et dur, comme si l'électricité y avait remplacé le sang… et ce fut tout. Pas de désorientation, pas de catatonie, le choc le laissa parfaitement lucide. La décharge n'avait pas eu la même intensité que les deux assauts précédents. Le cyborg ne pouvait dire si c'était une manœuvre volontaire de la part du rat, ou si c'était simplement parce que la seule zone de contact avait été sa verge appuyée sur ses joues…

On se calme, je peux faire ça à des endroits beaucoup plus désagréables… prévint le terranide.

Pour toute réponse, Astro lui adressa un regard confus. Les muscles de sa mâchoires fourmillaient. Ses options de fuite étaient limitées.

Je pourrais facilement arracher mes liens mais… il est rapide. Ses décharges sont encore plus rapides. Il pourrait me neutraliser encore… Je… Je ne veux pas revivre ça… tout plutôt que ça…

Le jeune cyborg baissa les yeux…

Noa.

C'était décidément une bonne soirée pour Ergos. Le banquet avait été succulent, la soirée distrayante, son plan se déroulait à merveille… et la seule personne qui aurait pu lui faire obstacle était à sa merci, en train de couiner misérablement entre ses pattes.

Ahah, souris, je suis curieux de savoir comment tu compte me tuer. Tu vas me le dire, oh oui, tu vas tout me dire sur l'équipe qui doit venir te sauver, et quand… Aah, mais tu sais qu'on pourrait s'arranger…

Les frictions de sa grosse main sur le sexe de Noa ralentirent, jusqu'au moment où elles s'arrêtèrent totalement. L'ours faisait durer le plaisir. Toujours, il parlait à voix relativement basse, mais son volume avait un peu augmenté. S'il était moins discret, c'est sans doute qu'il se sentait à l'aise… et de plus en plus excité.

…si tu avais quoi que ce soit à m'offrir. Syn est insignifiant… mais tu l'es encore plus… La seule chose que j'ai envie de te faire, c'est de te baiser. Mais tu n'y survivrais pas… Bah ! T'empaler mettrait une mauvais ambiance. Encore que…

C'est sur ces paroles inquiétantes qu'Ergos passa son bras derrière les genoux de Noa. Il serra, l'obligeant ainsi à remonter son postérieur vers le haut. En diagonale, tête presque en bas, l'agent exposait maintenant son anus à la vue de tous ceux devant lui. L'ours, juste au-dessus, en avait aussi une vue plongeante. L'orifice ne semblait pas au cœur de ses préoccupations, cependant.

Voyons d'abord si tu es souple, petit rat ! annonça le terroriste, cette fois publiquement.

L'ours libéra son autre main, et la plongea dans la chevelure de Noa… avant de pousser sur sa tête. Fermement, le dos du terranide fut forcé à la contorsion, dirigeant son visage vers sa propre entrejambe. Ergos s'arrangea tant bien que mal, sans ménager sa victime, pour que la bouche de celle-ci entre en contact avec son sexe. Puis il continua à appuyer, jusqu'à ce que Noa soit obligé d'avaler sa propre verge.

J'allais pas te laisser venir sur moi… tu vas juste te jouir dessus, comme un petit branleur… Dis-moi que ça te fait pas envie… fit-il, pervers.

Le terroriste ne plaisantait pas. Jouant toujours de sa force et de la souplesse de l'agent, il initia un mouvement de balancier. Par intermittence, le pénis de Noa ressortait, mais ce n'était que pour être plus vivement enfoncé de nouveau dans sa cavité buccale. Il s'arrangerait, évidemment, pour que le moment final soit particulièrement salissant pour le rongeur.

La souris ne va pas tarder à s'en mettre partout ! Prenez les paris sur combien de passes il va tenir ! Combien de temps tu penses résister, souris ? Il marqua une brève pause pour le laisser parler. Ahah, allez : UNE !… DEUX !…

L'indécente scène était de nouveau au centre de toute l'attention. Quelques mercenaires parmi les plus enthousiastes se risquèrent même à de rapides estimations. Le décompte fut bientôt repris par un chœur masculin joyeux et moqueur. Pourtant, à la grande frustration du colosse, la jouissance de Noa se faisait attendre. Soucieux de ne pas laisser aller la salle à l'ennui, Ergos augmenta la cadence de ses poussées sur le crâne de sa victime... Malheureusement, cela ne semblait pas suffire.

Besoin d'un peu d'aide, rongeur ? Tu vas adorer… chuchota-t-il.

Sans relâcher sensiblement la pression que les jambes de Noa (son bras était bien assez énorme), l'ours releva la main. Enfin, il commença à caresser l'anus de la souris, du bout de ses griffes. Il en fit brièvement le tour, appréciant la douceur de la peau rose... Un jeu qui le lassa vite. Le muscle était assez détendu, du moins c'était son avis. Un majeur épais et griffu s'enfonça alors directement dans le fondement de l'agent. Ergos était assez expérimenté pour ne pas blesser la muqueuse délicate avec le bout tranchant de son appendice. Cependant, ce qui pénétrait dans l'orifice du petit terranide était à lui seul bien suffisant pour que son passage se fasse sentir. Expert, il vint presser avec assez de précision la prostate du rongeur. Restait pour ce dernier à espérer qu'il puisse donner satisfaction avant que son bourreau ne soit suffisamment frustré pour en enfourner un deuxième.

11
Noa.

Ergos se fendit d'un nouveau sourire, tout aussi avide que le précédent. Le show de Noa avait fait son effet sur la salle, même si la découverte finale en avait refroidit une bonne partie. On entendait des « lopettes » et des « petite bite » rageurs fuser ici et là, au milieu d'autres propos plus ou moins vulgaires. Quelques uns seraient sans doute même devenus agressifs si le strip-teaser n'avait pas été sous la protection du chef de bande. Et il ne semblait pas dans les plans de l'ours de laisser la souris se fait lyncher.

À peine Noa eut terminé de se déhancher que le colosse se pencha en avant pour l'attraper de nouveau par la taille. Pour lui, il était à peine plus lourd qu'un des énormes plats de victuaille qu'il avait englouti plus tôt dans la soirée. Mais cette fois, il le tira vers lui. Le petit terranide nu se retrouva ainsi assis sur les genoux de l'énorme bête. La tension dans la salle était un peu redescendu. Les prétendus mercenaires louchaient de nouveau sur les autres filles présentes – qui, elles, ne disposaient pas de service trois pièces – et sur l'alcool qui coulait plus que jamais.

Mais le rongeur, lui, était toujours au cœur des préoccupations d'Ergos. Ce dernier prit soin d'articuler, à l'attention de l'agent, et sur un ton particulièrement lubrique, quelques mots de sa voix grave.

Alors, on est pas content de me voir ?

Noa devait sentir l'énorme main de l'ours se refermer sur son pénis, qui malgré toutes ses qualités n'était malheureusement pas très impressionnant en comparaison. La grosse paluche était grasse de nourriture, mais au moins, il n'avait besoin que de deux doigts pour ce qu'il voulait faire. Le souffle alcoolisé de l'ours s'approcha de la grande oreille circulaire de l'agent. Il lui souffla quelques mots, à voix cette fois beaucoup plus basse.

Désolé souris, mais mieux vaut que les autres pensent que je passe un bon moment avec toi… ils savent rien…

Couverture ou pas, Ergos jouait a minima très bien son rôle. En témoignait le relief sur lequel Noa était assis, et qui gonflait… il était difficile pour lui d'en connaître la taille, dans cette position, mais sa propre cuisse semblait être un étalon adapté. L'ours avait pour sa part commencé des va-et-viens lents et étonnamment doux sur la virilité plus modeste du terranide, tâchant d'y faire influer un peu plus de sang.

Il va falloir que tu réfléchisses bien à ce que tu vas me dire, Tekhan. Même si je sais déjà presque tout. Miss Shein… m'a dit que tu travaillais pour des planqués du Front. Ouais, je sais, Miss Shein et moi, on est pas connus pour être amis.

Distraitement, il continua à masturber Noa. Considérant à quel point les fesses du rongeur étaient surélevées, la manœuvre était particulièrement impudique. Quelques regards intéressés se posèrent sur l'étrange manipulation à laquelle était soumise la souris.

Mais tu sais comment sont les humains. Cupides, fourbes. Tu penses qu'une maquerelle comme Shein ne se réjouirait pas de voir un de ses principaux concurrents anéanti ? C'est comme cet imbécile… il pense qu'il va pouvoir récupérer les affaires de sa famille. Mais il m'a donné tout ce qu'il fallait… jamais il sortira vivant d'ici.

De sa main restée libre, Ergos défit le bouton qui retenait la braguette de son pantalon. Il souleva une nouvelle fois Noa, une petite seconde. Avant de l’asseoir de nouveau plus près de son ventre. Un fort musc animal arriva jusqu'au museau du rongeur.

Le terranide se trouvait ainsi bloqué entre la masse musculeuse de l'ours derrière lui… et l'énorme pénis de ce dernier devant lui. Il y avait facilement un facteur trois entre la longueur des deux membres. Le rapport de largeur était pire. Le sexe de l'ursidé, veineux et rouge sang, avait des proportions qui ne devaient pas lui faciliter la tâche. Il était si épais qu'il paraissait presque court malgré sa taille. La seule consolation était que le colossal chibre cachait presque entièrement aux regards l'anatomie de Noa, remontant jusqu'à ses pectoraux.

Branle moi un peu. Je sais juste pas ce que ta bande de fiottes me veut… ni ce que tu viens faire ici… Y'a rien qui peut faire capoter ce plan… à part toi… un putain d'agent double…

Une serveuse – terranide vache, jolie robe à clochettes, que Noa n'avait pas encore vue – vint remplir le verre de l'ours. La souris, si elle était attentive, devait pouvoir surprendre un rapide échange de regard entre elle et le colosse. De quoi alimenter la suspicion lorsqu'Ergos l'amena au niveau des lèvres de l'agent, insistant ostensiblement pour qu'il en prenne une gorgée.

À l'odeur comme au goût, c'était le même alcool de fruit que buvait les autres convives. Pourtant, le breuvage avait été agrémenté d'un puissant sérum de vérité de nature magique. Quelques gouttes suffisaient pour que le sujet soit incapable de tout mensonge pendant plusieurs heures. Pour une gorgée, même garder ses propres pensées pour soi, sans les formuler à voix haute, devenait difficile. Les manuels d'alchimie n'étaient pas très précis sur les effets d'une dose plus forte, mais ils n'étaient sans doute pas recommandables.

Alors, ouais, souris. Réfléchis bien, et donne moi une seule bonne raison de te laisser t'en tirer ? Qu'est-ce que ta cellule veut ? Pourquoi t'as été envoyé ? Qu'est-ce que tu comptes faire ? Et aussi… Est-ce que t'as envie de ma bite ?

Le Fumeux retint un rire, mais Noa, collé contre lui, put sentir sa poitrine se contracter. Aucun doute qu'Ergos jouait sur tous les tableaux, et profitait avec un plaisir non-dissimulé de la situation. Dans le même temps, il avait reprit la main sur le pénis de la souris. Il le pressait à présent contre sa propre verge, profitant des frottements accrus entre les deux chairs. Avant même qu'il ait reçu une réponse, il accéléra impitoyablement le mouvement, décidé à tirer autre chose que des vérités du petit terranide.

12
Noa.

Noa saurait peut-être plus tard si avoir été repéré par Ergos le fumeux était une chance ou une malédiction. Mais la chose était certaine : maintenant, personne n'osait plus ne serait-ce que poser la main sur son postérieur. Le rongeur était à présent comme dans une bulle, situation que ses collègues devait envier. Du coin de l’œil, il put voir que les amis de Gresh n'avaient pas mis longtemps avant de trouver une nouvelle victime. Malgré l'absence du renard, ils étaient en train de prendre à trois la louve, Armance. Deux d'entre-eux se pressaient pour recevoir des coups de langue sur leurs parties génitales exposées, pendant que l'un besognait déjà son entrejambe. Un sort auquel l'agent avait à l'évidence échappé de peu.

À la table d'Ergos, l'ambiance était un peu plus sereine. Si l'ours avait repéré Noa, l'humain avait quant à lui sollicité la présence de Luzège, la terranide léopard. Elle s'était assise de l'autre côté de la table, et lui prodiguait pour le moment de sensuelles caresses sur le torse, à travers sa chemise. Les conversations allaient bon train entre le noble, l'ursidé et son sergent, un terranide phacochère trapu mais à l'apparence étonnamment distinguée. C'est lui qui semblait avoir les plans de ce qui était à venir :

Donc, la charge ? Je propose de la placer dans le chariot à l'arrêt. Au croisement de la vieille criée. C'est l'endroit obligé de passage pour se rendre au marché.
Y'a beaucoup de passage dans ce coin là. Des vendeurs, des acheteurs, des esclaves… Ça va assurément faire des dégâts… remarqua Cromière.
Hahaha. Tant mieux si c'est un carnage. Et tant pis si ça tue quelques uns d'entre-nous. Ils seront pas morts en vain.

Le phacochère jeta un regard convaincu à Ergos, qui après un moment d'hésitation acquiesça. Mais l'ours semblait avoir à présent un autre objet d'attention que la planification de ses prochaines œuvres. Sa grosse main, griffes sorties, caressait avec insistance la fourrure du dos nu du rongeur. Il tata son cou avec une attention particulière. Puis ses doigts remontèrent jusqu'à son visage, où ils tentèrent de pénétrer dans sa bouche et remonter sa babine supérieure. Noa se faisait examiner les dents comme un cheval qu'on se serait apprêté à acheter. Le noble commenta également le physique de la souris.

Elle aurait plu à ce gros pervers de Syan. Elle est presque de sa taille en plus… dommage qu'il soit déjà parti.
Je sais pas si Syan l'aurait aimé. Mais crois-moi, t'as pas vu le meilleur, humain. Tu penses que j'ai choisi la souris au hasard ? Ha ! Non. Madame Shein et moi c'est une longue histoire. Elle sait exactement le genre de surprise que j'aime…

La bête immense esquissa son premier vrai sourire de la soirée. Un sourire effrayant, plein de crocs. Puis, sans prévenir, il saisit Noa par la taille, et d'une seule main le souleva de sa chaise. De l'autre bras et avec une rare violence, il balaya la table et déposa l'agent dessus, pour le moment sur les fesses. Impérieux et amusé à la fois, il ordonna :

Tu vas te lever et nous faire un petit strip-tease ! Je sais que t'as quelque-chose d'important à nous montrer ! Allez, à poil !

Il se mit à rire à gorge déployée, ce qui ne passa pas inaperçu dans la salle. Après avoir compris la situation, d'autres « à poil ! » fusèrent. Bientôt, se fut une clameur qui emplit tout le lieu, et il n'y eut plus que ceux déjà occupés à autre chose pour ne pas avoir leur attention rivée sur Noa. Les regards arrivaient de partout, de tous les angles. Certains se rapprochèrent même, pour assister de plus près au spectacle, créant un cercle autour de la table. Ergos, lui, semblait réellement heureux.

Astro.

Il n’aurait fallu qu’une seconde à Astro pour renverser le rongeur campé sur son dos. Il l’aurait ensuite sans doute maîtrisé sans mal, en prenant garde à protéger son visage, seul point faible face aux crocs tranchants. Malheureusement, il prit la décision trop tard. Comme une réponse à sa menace, c’est lui qui eut mal.

La combinaison absorba en partie la puissance de la première décharge. Elle n’était pas prévue pour être isolante, mais un mécanisme destiné à mitiger les dégâts des armes énergétiques s’activa. L’agent n’en sentit pas moins tous les muscles de son corps se contracter d’un coup, lui arrachant une plainte étouffée de douleur. Il tenta de se débattre, mais ses nerfs étaient se trouvèrent brièvement paralysés. Le rat ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits, lui délivrant un nouveau coup de courant.

Cette fois, le choc fut direct. Le jeune cyborg convulsa littéralement, manquant d’éjecter son assaillant par la force des secousses. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, le visage déformé, Astro fit la première rencontre sérieuse avec la douleur. Le coup de couteau qu’il avait pris n’avait été qu’une piqûre de moustique en comparaison de la sensation qui l’assaillit. La souffrance lui faisait découvrir des fibres encore non suspectées de son corps organique. Ses muscles hors de son contrôle, il ne parvint même pas à crier.

Rien dans sa courte formation ne l’avait réellement préparé à la torture, et il semblait que sa part informatisée était spécialement sensible aux interférences électriques. La décharge passée, il resta recroquevillé sur le côté ; l’habitant des égouts s’était dégagé de lui. La respiration courte, presque bloquée, les Astro était encore sous le choc. Il parvint à fermer les paupières, évitant que des larmes ne roulent sur ses joues.

Plus jamais ça… pitié...

Les dents serrées, sa voix avait tout juste été audible. La douleur décroissait rapidement, mais ses muscles le brûlaient toujours cruellement. La fourrure de son dos n'avait pas été non-plus épargnée, mais c'était secondaire. Ce ne fut que plusieurs secondes plus tard qu’une sensation chaude à l’entrejambe lui fit réaliser avec horreur que son corps n’avait pas du tout encaissé correctement.

Non...  je me suis... uriné dessus… Mes… mes muscles ne répondent plus. Ça ne va pas… Rien ne va...  Noa comptait sur moi, et je vais encore le décevoir...

Replié sur lui-même, le lapin gisait, pitoyable, dans une flaque de sa propre urine. Il semblait incapable de tout mouvement. Il ne constituait à l’évidence plus une menace immédiate pour qui que ce soit.

13
Noa.

Les filles hochèrent la tête en entendant l'histoire de Noa, convaincues. La plupart avaient connu des aventures semblables, même si toutes ne s'étaient pas échappées volontairement. Luzège répondit à la question de Noa avec gravité.

Pas vraiment… Officiellement, ce sont des mercenaires nordiques. Il n'y a pas vraiment d'autre type de bandes terranides libres, ici. Officieusement, on sait tous qu'ils sont…
Des membres du FTL. Des forcenés. Ils préparent un mauvais coup c'est sûr. J'espère qu'ils vont se tenir tranquille ce soir. Ils sont dangereux pour tout le monde…
Tu peux pas dire ça, Armance, protesta Argentine avec pugnacité. Ils se battent pour nos droits. Pour libérer les esclaves de leurs chaînes. Ils sont courageux.
Ah ouais ? Parce que ça a bien marché jusqu'ici ? Tout ce qu'ils font, c'est de renforcer la répression. Les maîtres ne font plus que nous dominer, ils nous haïssent. Redescends sur Terra. Il y aura toujours de l'esclavage à Nexus. Faire tuer des gens y changera rien.

La léopard intervint rapidement pour changer de sujet, avant que la discussion ne dégénère.

J'ai aussi entendu dire qu'il y aurait Borne de Cromière…
Hein ? Le fils cadet du comte de Cromière ?

Il y eu un moment de malaise dans l'habitacle. Les filles semblaient ne pas trop vouloir évoquer le sujet, mais Luzège fut pédagogue, se tournant vers Noa.

Si tu viens d'Ashnard, tu dois pas le connaître… Sa famille est l'une des plus grosse sur le marché de la revente d'esclaves. C'est son grand-père qui m'a vendue. Elle a vendue Argentine aussi, deux fois. Armance…
Moi je suis passée par Di Luccio, un castelquisian.

Deux filles sur cinq qui étaient passées par la même famille, ce n'était en effet pas rien, sur un marché aussi concurrentiel. Noa, s'il s'intéressait au commerce d'esclaves à Nexus, devait déjà avoir entendu le nom de Cromière. La famille noble était spécialisée dans la négoce d'esclaves. Contrairement à d'autres empires du servage, ils ne finançaient pas directement leurs expéditions de capture, et ne faisaient pas de reproduction. En revanche, ils achetaient et revendaient intensivement.

Paraît que c'est un corrompu. J'ai été au service de son frère. Je crois qu'ils se détestent. Il aurait été banni de la famille après avoir vendu des informations à des concurrents.

Finalement, après une vingtaine de minutes de voyage, les chevaux marquèrent le pas. Luzège n'attendit pas pour ouvrir la portière, et descendre. La nuit s'était refroidie. Les filles, en tenue légère, se pressèrent d'entrer dans la taverne, par la grande entrée. De l'extérieur, le bâtiment était un étonnant mélange d'ancien et de nouveau. Les fondations paraissaient en pierre, mais un étage entier avait été rajouté dans un bois de qualité plus modeste. Les fenêtres avaient été refaites également, sur le même modèle, et tranchaient avec l'ensemble.

De l'intérieur, ce n'était pas non-plus un endroit très harmonieux. La Taverne du coussin d'or était en tout temps un lieu de débauche, où des courtisanes pas trop repoussantes venaient chercher des voyages pas trop fauchés. Mais il l'était spécialement les soirs où tout l'établissement était privatisé pour des clients qui en avaient les moyens. L'accès en devenait alors réservé, et les festivités pouvaient s'étendre dans tout le hall. La taverne disposait également d'un second étage avec des chambres, pour les timides et les pudiques.

La porte était gardée par un terranide bouc de grande taille, a l'air somnolent et las. Il laissa entrer la petite cohorte féminine sans même les inspecter. Noa entra ainsi dans la pièce principale, qui faisait environ soixante mètres carrés. Elle ne s'ouvrait que sur la cuisine, dans le fond, et des latrines, à côté. La décoration n'était pas très élaborée, avec poutres apparentes et mobilier en bois sombre. L'éclairage était principalement assuré par un grand brasero central, qui diffusait aussi une agréable chaleur. Des tables rondes étaient disposées un peu partout. Des aventuriers, majoritairement terranides, a l'air plus ou moins rustres, festoyaient de plat de viande et d'alcool…

…pour la plupart. Certains étaient déjà passé à des activités plus physiques. Dans un coin, un grand terranide cheval pilonnait le bas-ventre d'une prostituée, faisant trembler à chaque coup de rein la table sur laquelle il l'avait posée. À genoux, une autre courtisane satisfaisait à tour de rôle deux clients, toujours assis. Enfin, à même le sol, un voyageur copulait avec une terranide chienne, tout en léchant ses six mamelles qui ballottaient dans tous les sens.

Ah, de la chair fraîche ! beugla un grand ours dans le fond de la salle.

Noa, d'après les description qu'on lui en avait fait, savait qu'il s'agissait du fameux Ergos le fumeux. Deux-mètres cinquante, une fourrure gris mat qui lui avait valu (entre autres choses) son surnom, Ergos n'était pas quelqu'un qu'on pouvait rater. Autour de lui, plusieurs terranides qui semblaient encore plus ou moins sobre. Un humain, petit, le cheveux et le bouc noirs, l'air un peu aviné mais joyeux était à ses côtés. Il leva sobrement sa coupe au nouvel arrivage. En revanche, pas de trace de gnome.

Un client saisit, à peine entrée, Argentine par le bras. Celle-ci fit un petit signe résigné à ses collègues, avant d'emprunter avec lui l'escalier qui menait à l'étage. Une à une, les filles étaient destinées à se faire emmener ainsi par un ou plusieurs mâles. À moins qu'on leur demande des exhibitions plus publiques. Mais pour le moment – un court moment, sans doute – Noa était libre de se mouvoir comme il le souhaitait dans la soirée.

Astro.

Le cyborg était perplexe. Il était encore acculé dans une situation sans rapport avec la mission, où deux individus le menaçaient directement. C'était comme un cycle. Était-ce un manque de chance, ou faisait-il mal quelque-chose ? Astro l'ignorait, mais la répétition commençait à le tourmenter un peu. Malheureusement, Noa ne pourrait pas voler à son secours cette fois. Heureusement, cette fois, il avait moins de contraintes et davantage de ressources pour s'en sortir sans passer par la case infirmerie.

Qui est Shegrea ? Je n'ai pas de rapport avec Shegrea.

L'attitude des terranides n'était pas amicale. Astro ravisa rapidement son jugement sur leur sympathie apparente. Qu'ils envisagent de le tuer ne participait clairement pas à le mettre à l'aise. Mais au moins, il était armé.

Attaché à son flanc, il avait en effet un Taïpan IV ; un lanceur de dards d'une trentaine de centimètres, dont la cadence et la portée n'avaient rien à envier aux armes semi-automatique équivalentes. L'arme de poing était capable de délivrer, avec un « clac » à peine audible, deux types de projectiles. Sur le mode létal, elle tirait des minuscules billes qui se liquéfiaient à l'impact. Elles causaient des nécroses internes, instantanément mortelles si elles atteignaient la tête ou le thorax. Sur le mode non-létal, par défaut, elles éjectaient une petite bille qui se dispersait également dans l'organisme. Seulement, plutôt que de léser les tissus, elle diffusait une toxine qui affaiblissait considérablement tous les muscles d'un corps en seulement une seconde.

Je vous informe que j'ai quand même autorisation de faire usage de force létale…

La main du cyborg saisit le pistolet au moment même où un des rats géants décida de lui sauter sur le dos. Ne s'y attendant pas, il n'eut pas le temps d'anticiper sa chute, et son menton cogna violemment le sol, l'étourdissant l'espace d'un instant. Quand il reprit ses esprits, il constata que son arme avait été éjectée et gisait dans une flaque d'eau, à un bon mètre de sa position initiale.

La position n'était pas agréable pour l'agent. Plaqué contre le sol, il était obligé de coller une joue contre le sol humide. Le poids du rongeur l'indifférait davantage, même si la pression des genoux pointus dans le creux de son dos lui faisaient mal. Pour autant, il ne se considérait pas comme en danger. Il n'avait pas repéré d'armes dans leur équipement, et ils se casseraient les dents sur les mailles de sa combinaison. Puis, le cyborg était persuadé d'être beaucoup plus fort que les deux terranides réunis, et il n'aurait pas retenir ses coups comme la dernière fois.

Laissez moi partir, tenta-t-il une dernière fois, d'un ton qui se voulait ferme. Sinon je vais devoir vous faire mal.

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Tekhos Metropolis / Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
« le: vendredi 20 octobre 2017, 21:21:47 »
Noa.

Il n'était pas dans l'habitude de Miss Shein de faire attendre ses clients, et Noa devait le savoir. Aussi, la ponctualité de sa diligence ne fut pas surprenante. La voiture, tirée par deux chevaux, passa prendre l'agent directement devant l'auberge. La porte s'ouvrit de l'intérieur, sans que le cocher (un terranide chien, au pelage tricolore de berger australien) ne descende. Une fois Noa monté dans le carrosse, celui-ci repartit aussitôt.

Le véhicule était plutôt luxueux. Le bois des cloisons était peint dans un violet léger, et des rideaux coupaient tout apport de lumière extérieur. La seule, mais très suffisante, source de luminosité était une lanterne. Suspendue, elle balançait au rythme des pas des chevaux. Enfin, bien sûr, il y avait des bancs de part et d'autre de l'habitacle. De la place pour cinq personnes assises, si on excluait le rongeur. Toutes étaient de jeunes terranides femelles, et toutes étaient habillées avec goût : bustiers, corsets et robes courtes étaient la norme. Miss Shein ne plaisantait pas non-plus sur les questions de style. La noble n'était d'ailleurs pas présente.

On dirait qu'on va avoir de la concurrence ce soir, les filles ! lança la passagère assise juste en face de Noa.

C'était une léopard, pelage jaune, longs cheveux rouges – peut-être la plus âgée du groupe, mais elle ne devait pas avoir plus de trente-cinq ans pour autant. Elle dévisageait le rongeur travesti avec curiosité non-dissimulée… et elle n'était pas la seule. La plupart des filles semblaient intéressées par le nouveau venu.

Alors, nouvelle ? C'est rare que madame Shein accepte des filles en dehors de son cercle. Tu dois être vraiment douée… C'est quoi ton nom ?

La féline dégageait une certaine bienveillance. L'expérience se lisait néanmoins dans son regard. Elle cherchait à cerner Noa comme elle aurait jaugé un adversaire. Une autre fille, canidé, le poil noir et la coupe garçonne, intervint dans la conversation.

Douée ? Qu'est-ce que ça peut faire qu'elle soit douée… Ils ont eu toute l'après-midi pour picoler. On arrive en deuxième service. Ils seront tous à moitié torchés. Tant qu'elle sait ouvrir les cuisses, elle fera l'affaire.

Les filles éclatèrent de rire, sauf la léopard qui n'esquissa qu'un sourire amusé. Elle n'avait pas quitté Noa des yeux.

Je m'appelle Luzège. Elle, c'est Argentine…

Elle pointa du doigt la terranide chienne, avant de donner un à un les noms des trois autres filles. Le voyage était assez long pour qu'ils fassent un peu connaissance.

Astro.

– N'oubliez pas que vous pouvez me contacter à tout moment, major. Ça ne me perturbera pas… mon communicateur n'émet pas de son. Bien sûr, dans l'autre sens, ce sera plus difficile. Alors… major, promettez moi de faire attention à vous ! Votre survie est très importante pour la réussite de la mission. Puis, je me suis senti utile quand je vous ai aidé à fermer votre robe. J'aimerais pouvoir vous aider à l'enlever au retour !

La communication serait la dernière avant plusieurs heures. En effet, si Astro pouvait recevoir des flux audio directement dans son cerveau, Noa, lui, devrait probablement désactiver son communicateur. La voix d'un coéquipier surgissant à un moment impromptu n'était en effet pas le nec plus ultra de la discrétion, surtout dans une société médiévale… Le dernier salut passé, le lapin se concentra sur sa mission.

Le concept d'égout était un peu étrange pour le cyborg. Il n'en avait jamais visité, et n'avait sur le sujet que quelques points de culture générale qu'on lui avait artificiellement implantés. Seule restait, pour se faire un a priori, qu'une légère réponse émotionnelle négative, également implémentée par défaut. Il ressentait ainsi une légère répulsion instinctive concernant le lieu, sans pouvoir l'expliquer consciemment. Mais c'était peu de dire que ce dégoût inné était balayé par le zèle d'Astro.

Plus il évoluait dans les souterrains, et moins il comprenait son sentiment initial. Bien sûr, l'odeur agressait un peu son nez sensible, et la lumière du jour manquait cruellement. Il fallait aussi apprécier l'humidité ambiante. Très peu de choses pour le cyborg. Dans sa combinaison, lunettes et respirateur (même si aucun des deux ne lui était réellement utile) il se sentait invincible. Il parcourait les dédales à toute vitesse, guidé par son GPS.

Ces décorations sont très jolies. Aussi jolies, elles devraient être à la surface ! Je me demande pourquoi elles sont là ? Ces égouts sont une invention humaine. Enfin, c'est ce qui est indiqué dans ma base de données.

Comme un enfant jouant dans les flaques, surtout, il s'amusait à déraper sur la fine pellicule d'eau qui recouvrait le sol. Après tout ça ne risquait sans doute pas de compromettre la mission. Personne ne pouvait vivre dans un endroit pareil… le cyborg en était persuadé, jusqu'à ce que des bruits de course lui donnent tort.

De façon presque réflexe, l'agent activa le mode furtif de sa combinaison, et disparut aussitôt. Il n'avait pas pour consigne de croiser qui que ce soit lors de la mission. En même temps, il n'était pas non-plus spécialement pressé. Mais il jugea favorable d'au moins jouer la reconnaissance. Il ne tarda pas à repérer la source des sons. Deux terranides comme il n'en avait jamais vus.

Ils sont un peu effrayants… leur hygiène semble très rudimentaire. Mais en même temps, j'ai l'intuition qu'ils sont gentils… est-ce que c'est parce qu'ils ressemblent un peu à Noa ? Je ne sais pas vraiment… De toute façon, mon camouflage n'a pas une durée infinie. Je ne devrais pas user la batterie tout de suite. Je vais aller leur parler. Au pire, je les tuerai.

Le jeune agent prit soin de se placer à une distance respectable des deux rongeurs, qui s'approchaient pourtant déjà dangereusement de lui. Dans leur dos, de façon à ce qu'ils ne le voient pas apparaître. Puis il désactiva les écrans et réapparut.

Hey, bonjour ! Vous êtes des terranides ? Je suis Astro. Je suis aussi un terranide ! Exactement comme vous. Ce n'est pas la peine de me traquer. Qu'est-ce que vous faites dans cet endroit ? Vous vivez ici ? Je ne souhaite pas interférer avec votre mode de vie. Je ne représente aucun danger pour vous tant que vous n'en représentez pas un pour moi.

Le cyborg enleva ses lunettes et son respirateur, pour laisser apparaître son visage lagomorphe. Il sourit, au cas où ses interlocuteurs auraient été capables de noter ce détail dans la pénombre.

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Tekhos Metropolis / Re : Une bombe, deux rongeurs et trois jours pour survivre.
« le: dimanche 15 octobre 2017, 20:44:38 »
En comprenant que Noa n'était pas fâché, et qu'il envisageait encore moins de remiser le cyborg, ce dernier se décrispa aussitôt. Il secoua la tête vivement. Il ne pouvait cacher son émotion face à la confiance que plaçait en lui le terranide.

Je serai à vos côtés major ! Je ne vous laisserai pas tomber. Jamais. Vous êtes mon coéquipier !

Deuxième passage dans les vestiaires pour Astro, qui commençait déjà à prendre l'habitude. Sa tenue à la mode nexusienne avait également été endommagée par le combat. Aussi, une fois défaite, il ne se priva pas de la jeter à la suite de Noa. Mais il ne pensa pas spécialement à ce geste, qui lui sembla normal. En revanche, des étoiles naquirent dans ses yeux lorsqu'il découvrit sa combinaison d'intervention. Il fit un petit bond sur place.

Oh, c'est trop génial ! Elle est trop belle ! Major ! Est-ce que vous en avez déjà porté de pareil ?

Avec l'impatience d'un enfant ouvrant son cadeau de noël, le cyborg se jeta presque littéralement sur le vêtement. En apparence, il était pourtant plutôt modeste. De loin, le tissu était intégralement noir mat et uniforme. De près, cependant, on pouvait distinguer qu'il était composé de centaines de petites hexagones, collés les uns aux autres, et dont les jonctions étaient légèrement argentées. La combinaison était moulante, mais relativement agréable à porter même pour qui avait de la fourrure – une vraie seconde peau. Aux articulations et au niveau du cou, des renforts presque invisibles venaient fournir une sécurité supplémentaire.

Enfin, il y avait une cagoule, attachée à un respirateur et à des lunettes, mais Astro ne les enfila pas immédiatement. L'air ravi, il se tourna plutôt vers Noa. La surprise ne tarda pas à se distinguer sur son visage, en même temps que ses oreilles de lapin se redressaient.

Oh major. Vous êtes superbe !

Les mots manquaient à l'agent pourtant si bavard d'habitude. Il ne voulait pas commettre d'impair, comme lors de la dernière séance de déshabillage. Aussi fit-il taire un temps les pensées brûlantes qui parcouraient son cerveau numérique. S'il restait maître de ses paroles, son corps biologique n'était en revanche manifestement pas entièrement sous son contrôle volontaire. Sa combinaison si moulante se retrouva rapidement déformée d'une bosse assez impressionnante. Heureusement, la teinte très sombre du tissu retirait un peu à l'indécence du relief. À peine conscient de ce fait, Astro n'y porta pas la moindre attention. Il se sentait simplement transporté par la grâce.

Bien sûr major… murmura le cyborg avec un grand sourire.

Il passa derrière son coéquipier et posa ses doigts sur les boutons de la robe. Il profita de la demande de Noa pour admirer la fragilité apparente de son dos. Ainsi habillé, seul un œil expert aurait repéré que l'échine était celle d'un athlète entraîné. Pour un novice, il s'agissait de la silhouette désirable d'une jeune terranide.

Vous êtes... Astro interrompit sa phrase, se ravisant et revenant à la mission. J'ai téléchargé les plans des égouts de Nexus, major. Ils ne sont pas complets, car certaines zones sont impraticables ou non-répertoriées. Cependant, j'ai repéré un conduit qui passe sous la Taverne du coussin d'or… Il n'est plus utilisé par l'établissement. Je ne sais pas exactement pourquoi, ça n'est pas indiqué. Mais les conduits devraient toujours être là. Qu'est-ce que vous en pensez, major ? Oh, aussi ! Je me suis interfacé avec ma combinaison. Regardez ça, major !

Astro leva les bras dans un geste théâtral et… son corps disparut complètement. Sa tête flottait toujours, cependant, au-dessus de ce qui semblait être du vide. En y regardant bien, toutefois, on pouvait distinguer de très légers scintillements là où aurait dû se trouver la surface de la combinaison. Chacun des hexagones était conçu pour prendre la teinte exacte de ce qui devait se trouver derrière. Le camouflage était aussi parfait que la légèreté de la tenue et la rigueur budgétaire de la section D pouvait leur permettre.

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