Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Synthesis Novella

Pages: [1] 2
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Être cachée dans un buisson, avec une longue chevelure bouclée, n'était pas forcément recommandé, bien que cela fasse un camouflage plutôt bon : quelques feuilles emmêlées dans les cheveux, quelques poussières venant les assombrir quelque peu à divers endroits, on pouvait même se demander si elle ne s'était pas jetée dedans. Non, elle avait juste été poussée dedans, retenant un râle mécontent qu'on lui appuie sur la tête, écrasant sa pauvre petite nuque. Déjà que c'était vexant d'être traité comme une enfant, bien qu'elle reconnaissait parfaitement agir de la sorte, Synthesis n'appréciait clairement pas ce geste. Certes, elle était petite, maigrichonne, et les lieux avaient beaucoup changé depuis la dernière fois qu'elle avait pu poser son regard gris clair sur les contrées de Terra. Des villes s'étaient construites, des gens étaient partis, de nouveaux visages étaient apparus, des fortes têtes étaient tombées, des rivalités étaient nées... Oui, beaucoup de choses avaient changé, et il était parfois dur de retenir un émerveillement certain envers autant de nouveautés, ce qui expliquait, ainsi, un comportement quelque peu enfantin. Qui ne l'aurait pas été, après autant de temps passé loin de tout, de quiconque ? Et voir des petits oiseaux courir partout, de toutes les couleurs, avec des piaillements plus ou moins aigus, était un spectacle passablement divertissant et intriguant. Les explications étaient, aussi, très intéressantes, et Syn remerciait silencieusement Grayle de les lui donner, même si elle avait les yeux rivés sur les petits bestiaux autour de Bugdy. Du moins, jusqu'à ce qu'elle perçoive une voix.

Super, une inconnue ! Bon courage, Syn.

Les inconnues, au féminin, elle avait tendance à s'en méfier, bien plus facilement que la gente masculine. Il y avait trop de souvenirs derrière certaines femmes, ce qui faisait qu'elle mettait plus de temps à se laisser aller en leur présence. Après tout, n'étaient-ce pas des femmes, qui dirigeaient le lieu initial où voulait aller la petite demoiselle ? Mais voyant la proximité entre les deux jeunes gens, il fut bien plus aisé pour elle de mettre son animosité de côté, l'effaçant même complètement lorsqu'elle se retrouva pressée contre des seins lourds, écrasée entre deux bras moelleux, avant de recevoir des lèvres sur le front. Rapidement, Syn essuya l'humidité laissée sur sa peau, avant de réellement interpréter ce qu'on venait de dire, des paroles qui lui montèrent le sang aux joues, alors qu'elle s'exclamait vivement d'une voix irritée.


« Je.. Je ne suis pas chou ! Ni jeune, nom d'un chien ! Je suis pas grande, mais je ne suis pas née hier non plus ! »


Et déjà, dans le fond de sa tête, quelques voix commençaient à la railler, plus ou moins lasses, avec des interprétations plus ou moins originales du refrain habituel :


« Allons Syn, comment pourraient-ils le savoir ? Ce ne sont que des gens simples !
- Puis t'es si riquiqui, aussi....
- Regarde-toi ma p'tite, tu es sale et tu te trimballes avec une tenue de gamine, pas étonnant qu'on te prenne comme telle !
 »


Malgré les dires de son compagnon de route, elle n'en restait pas moins vexée. Elle, vue comme une enfant ! Tout ça car, depuis, les générations avaient pris en taille, quel scandale ! Ce n'était pas elle qui était petite, c'étaient les autres qui étaient trop grands, voilà tout !

Après cette petite hargne qui, il fallait le dire, était plutôt comique, surtout que celle-ci avait coloré les joues gonflées de la petite demoiselle qui trépignait en battant du pied. Cependant, lorsque les deux autres se mirent en route, elle ne tarda aucunement à en faire de même, posant la semelle fine et usée de ses souliers sur la terre battue, en direction de ce qu'on avait appelé un ranch. Elle restait en retrait, observant les petits oiseaux qui courraient sur leurs petites pattes, boules de plumes différemment colorées, aux pattes courtes qui ne leur permettaient que de faire de petits pas rapides pour tenter de garder le rythme soutenu imposé par les meneurs de file. L'un des plus petits, pourtant, ne tarda pas à trébucher et tomber, se retrouvant à l'arrière, son derrière plein de plumes sur le sol. Syn s'arrêta en conséquence, et attendit que le petit se relève, jugeant préférable de ne pas aller le relever. Déjà, pour la fierté de l'animal, qu'il n'en prenne pas un coup. Mais aussi parce qu'elle savait qu'elle était une étrangère, et les animaux avaient parfois des réactions bizarres en sa présence... A croire qu'ils la fuyaient comme la mort, quelques fois. Le poussin ne tarda pas à se relever, vivement, et partit dans une course folle en lâchant un petit cri adorable, pour rattraper ses compères. Le petit groupe ne tarda guère à rejoindre un drôle d'habitacle, qui faisait beaucoup penser à la maison où Synthesis s'était cachée pendant... combien de temps, au fait ? Elle ne le savait même plus. A être isolée de la sorte de tout, sans repère temporel, bien évidemment qu'on ne savait plus à la fin quel jour, quel mois, quelle année, voire quel siècle. Un peu perdue dans ses pensées, elle ne vit pas qu'on lui avait, sans doute, parlé, et ne put que revenir à elle en clignant des yeux, un air penaud sur le visage.


« Oui ? C'est quoi, ça ? Et ici c'est où ? Ca ressemble pas vraiment à des lacs, je trouve... La définition du mot a changé, durant les dernières années écoulées ? C'est ça, maintenant, que vous appelez un lac ? »

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Archives publiques / Re : Foire aux questions[NEW]
« le: lundi 04 juin 2018, 17:19:17 »
Alors non, la prostitution n'est pas interdite en France.
Il y a en effet une loi qui interdit la rémunération des services sexuels (c'est compliqué tout ça !), de même que le proxénétisme et maisons closes sont interdits.
Mais pour répondre à ta question plus simplement : est interdite la prostitution des mineurs en France, et donc, par mineurs, c'est moins de dix-huit années.
Des pouyous !

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Il était toujours assez dur de quitter le seul lieu que l'on ait connu. Mais cela l'était encore plus quand on ne savait absolument rien du monde sur lequel on arrivait. Les gens, les coutumes, les histoires, … Dans les livres, on ne s'attardait pas assez sur ce qui pouvait sembler futile pour n'importe qui. Comme la couleur de la terre, du ciel ; ce qu'étaient l'orage et la pluie ; sur le frisson que l'on pouvait ressentir lorsque que le froid venait nous caresser chastement sous nos habits. Ou encore, les liens sociaux entre les gens.

Jamais Syn n'aurait pensé qu'une journée pouvait passer aussi vite. Elle avait l'impression de s'être éveillée depuis seulement quelques minutes, que l'astre se couchait déjà à l'horizon, faisant tomber un voile ocre sur la végétation. Elle aurait d'ailleurs presque pu paraître blonde, avec cet éclairage tardif. Ce qui donnait qu'elle ne faisait que triturer ses mèches bouclées, les regarder prendre cette teinte or dans la lumière du soir. Mais que l'éclairage baisse autant, et qu'il se mette soudainement à faire si froid, avait apeuré Synthesis. Des souvenirs, qui venaient planer et laisser leur ombre sur sa mémoire, la forçant à se souvenir de choses qu'elle ne voulait pas. Elle était perdue à l'intérieur de ce lieu sombre, froid, dur et humide. Elle ne voyait rien, mais elle entendait tout. Le tout de ces choses qui ne sont pas là. Qui ne sont plus là.

Mais Grayle la sortit de sa pensée, la faisant sursauter, alors que les vautours de son passé s'en allaient, pour se terrer au fond de sa mémoire. Elle lui adressait un sourire, un peu timide, alors qu'il la tirait par la main. Et puis il fit un véritable tour de magie. La jeune demoiselle était impressionnée, ne comprenait pas le moins du monde, et se perdit à contempler la fameuse tente. Elle n'en avait jamais vu, et cherchait à en comprendre le système, le mécanisme. Même une fois à l'intérieur, elle fixait absolument tout, jusqu'au plus petit point de couture. Dans sa boîte crânienne, quelques voix guidaient son regard, son jugement, pour qu'elle puisse décortiquer mentalement l'installation. Mais, si cet endroit était visiblement fait pour dormir, c'est qu'il allait y dormir seul, non ? Et elle, allait devoir se trouver un autre endroit où dormir. Pourquoi pas contre le chocobo, qui était dehors, avec ses plumes douces et duveteuses, qui tiennent bien chaud ?

Et puis il lui fit une proposition. Une proposition qui d'abord, ne fut guère comprise. Mais une personne fort aimable se fit le plaisir de lui répéter. Aucun risque qu'elle ne comprenne de nouveau pas, de cette façon. Synthesis vira au rouge, un rouge pivoine chatoyant, et ce jusqu'aux oreilles, à tel point que ses cheveux prenaient à quelques endroits une teinte d'un rose poudré, par transparence. Mais elle ne se montra guère plus réticente, murmurant simplement d'une petite voix timide qu'elle voulait bien.

Il y avait, en effet, largement de la place pour qu'elle puisse dormir plus que confortablement. Et surtout, sans que ça ne soit dehors, et elle n'avait pas besoin non plus d'avoir à se coller contre Grayle pour avoir un peu de place. Celui-ci d'ailleurs entreprenait d'enlever ses vêtements. Faisait-il vraiment si chaud que ça, pour devoir se dévêtir ? Peut-être du fait que les couvertures tenaient chaud, mais à ce moment, pourquoi mettre des couvertures ? Cela pouvait sembler normal pour n'importe qui, mais par pour Synthesis. De plus, il avait l'air tout de même bien capable de se tenir chaud tout seul. Certes, il ne semblait pas avoir de masse graisseuse très développée, qui aurait fourni un bon duvet, mais assez épais pour garder sa propre chaleur. Une légère pilosité, quoi que tout de même présente, qui devait aussi y contribuer. Un peu perdue dans son inspection, sans aucune pudeur, elle fut cependant surprise de voir ses bras finement taillés se tendre vers elle. Elle fixa alors son regard droit dans le sien, et... fut très tentée, à cet instant, de faire appel à une certaine personne, qui avait la fâcheuse manie de lire dans les pensées et analyser les sentiments et émotions. Spécificité de sa race. Mais cela aurait voulu dire qu'elle aurait eu un léger changement, physique au niveau des yeux, et peut-être au niveau de la personnalité. Et elle ne voulait pas encore brusquer son compagnon, il ne semblait pas encore préparé à ça, ni au fait qu'elle n'était pas une innocente petite enfant de moins d'une vingtaine d'années. Lentement, Syn lui attrapa une main, et tira légèrement dessus. Venir ? Venir où ? Comment ça, venir ?

« C'est quoi, venir ? Je vais pas tomber, pourquoi tu écartes les bras ? Je t'assure, je vais pas tomber. »

La jeune fille reconnut cependant un petit signe, un simple rictus, témoignant d'une légère déception. Alors soudainement, elle s'écrasa contre le torse de Grayle, après s'être laissée tomber sur lui, levant ensuite ses grands yeux gris vers lui, espérant qu'il ne serait, comme ça, pas triste. La signification de certains mots avait visiblement bien évolué, depuis le temps, tout comme les gens. S'installant correctement contre ce mur de chair, elle lui demanda, tout de même, pourquoi il avait voulu qu'elle tombe et la rattraper. Non pas que ça ne l'amusait pas, mais elle se posait la question malgré tout. Et puis, elle aimait bien, malgré tout. Il lui tenait chaud, et elle n'avait jamais été aussi proche, physiquement, de qui que ce soit. Et ce n'était pas pour lui déplaire.

A tel point que Synthesis refusa, égoïstement, qu'il la lâche durant la nuit. Ne voyant toujours pas l'intérêt de se dévêtir pour dormir, elle avait gardé tous ses habits, et restait calmement, telle une poupée, entre les bras de Grayle, sagement, sans bouger. Le sommeil était dur à arriver, elle ne cessait de tout regarder, de réfléchir aussi, mais c'était... divertissant, à ses yeux. Elle n'aurait jamais crû que sa quête pourrait prendre un tel tournant, un tel degré d'amusement. Et ce n'était encore rien ! Car le lendemain, après avoir fait la routine matinale, ils approchèrent d'un sentier en terre battue, avec de drôles d'empreintes sur le sol. D'abord, la crainte s'empara de la demoiselle, avant qu'elle ne saute du chocobo, pour courir, une fois à terre, vers la source de bruits étouffés, très légers. Là, oui, on pouvait clairement dire qu'elle était une gamine, émerveillée par des tas de Bugdy un peu partout, des Bugdy plus petits, plus grands, d'une autre couleurs, des Bugdy pas très Bugdy même. Des Bugdy partout, qui faisaient tourner la tête de Syn qui se mettait à les pointer du doigt, puis pointer Bugdy.

« Il y a des Bugdy partout ! Mais ce ne sont pas Bugdy, hein ? Comment ça se fait, qu'il y en a autant, alors ? Et qu'est-ce qu'on fait là ? Tu sais, je peux pas soigner les regrets des animaux, ça marche pas comme ça. Et puis, on est encore loin de... de où déjà ? »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]
« le: dimanche 11 mars 2018, 12:40:08 »
Malgré le fait qu'avoir plusieurs voix dans la tête, qui déblatéraient toutes en même temps, fasse un raffut pas possible, rendant toute pensée impossible à formuler, il avait l'avantage de rendre la jeune demoiselle silencieuse et docile. Surtout que, cette fois-ci, la discussion était sensée et intelligible.


«  - Il pense qu'on le prend pour un mercenaire, pfuh ! Quelle bassesse de sa part !
    - Il ne mérite pas l'aide de Syn, il ferait mieux de se payer une putain pour relâcher la pression.
    - Si vous voulez, moi je peux faire le rôle de la putain sans me faire payer, il est à croquer... »


Pendant que sa cible tourmentée faisait ses affaires, Synthesis en profita pour demander aux autres ce qu'était un garde du corps-guide, et fut quelque peu blessée en apprenant la définition, reliée à celle de mercenaire. Ainsi, on l'avait réellement bercée d'illusions concernant l'extérieur ? Tout ce monde n'était en réalité qu'égoïsme et tourmentes ? Cependant, toute la discussion interne à laquelle elle participait pris fin, lorsqu'elle descendit les escaliers, et examina l'espèce de chambre. Elle lui rappelait la maison de montagne où elle avait passé une grande partie de ces derniers temps, bien que l'obscurité de la pièce faisait plus un air lugubre que chaleureux. Mais l'éclat de la robinetterie argentée attira son regard, donnant une touche de délicatesse à cette pièce qui sentait le renfermé et la moisissure, sans doute à cause d'une fuite d'eau dans le plafond, qui faisait plier le coin du revêtement du plafond, dans un angle sombre.

   Sans répondre à son interlocuteur, Syn leva les bras, et déboutonna le haut de sa robe sale, dévoilant ainsi petit à petit un triangle de peau blanche et crémeuse, où naissait la courbure de la poitrine. Puis la robe passa par dessus sa tête, la laissant en tenue d'Eve, ses boucles blanches tombant sur son corps dénudé pour en cacher une petite partie. Sans pudeur aucune, elle se glissa dans l'eau, s'assit dans le récipient, et s'accouda au rebord, fixant du regard Serenos.


« Si la question était plutôt de savoir si ça me gêne de me laver devant autrui, la réponse est non. C'est qu'un corps, tout le monde en a déjà vu d'autres. Et d'abord, ce n'était pas gentil, de me parler comme ça. Non seulement j'ai dit qui j'étais et ce que je voulais, mais c'est méchant de faire des hypothèses sur ce que je peux penser. Non, je ne sais pas ton nom, mais je sais que t'es pas un guide garde du corps, il suffit de voir tes habits, ta démarche et ton langage. T'es comme Léana, tu viens d'un château. »

Pour la jeune fille, venir d'un château correspondait à l'aristocratie, la noblesse, elle ne faisait guère la distinction. Mais, très observatrice, elle remarquait la façon de se déplacer, les pieds droits, la pointe en avant de sorte à ne pas abîmer le talon de la chaussure. De rester debout, le dos droit, la tête relevée alignée dans l'axe des épaules. Sa façon de s'adresser à elle, par ce « vous » qui la dérangeait beaucoup, la tournure de ses phrases, son assurance. Difficile donc de passer à côté de tous ces détails quand on s'y connaissait. Et Léana, jeune duchesse d'une contrée lointaine, savait encore plus reconnaître ces signes.

Cependant, elle enfonça sa tête dans ses épaules, ne laissant que ses yeux gris fixer le visage qui semblait quelque peu mécontent. Pourquoi tant de gens s'énervaient qu'on expose des faits, qu'eux-même savaient, et que tout le monde pouvait deviner ? Et puis, ces changements d'attitude ne l'aidaient guère à se faire une idée du personnage. A l'intérieur de son crâne, une nouvelle discussion avait pris place : est-ce que quelqu'un le connaissait ? Tous se posaient la question aux uns aux autres. Certains lui trouvaient une ressemblance avec d'autres personnes, bien qu'en étant sûrs que ce n'était pas lui ; d'autres encore étaient persuadés de l'avoir déjà vu, ou entendu, sans pouvoir mettre de nom sur son visage. Quelques uns hurlaient des noms, plus ou moins au hasard ; et puis, dans le fond, une voix grave ricanaient en chantonnant qu'il le connaissait, lui. Au début, il était dur de l'entendre. Puis, tous s'était tus pour l'écouter chantonner. Et ce fut alors le début du combat. Les voix se mêlèrent, certaines engueulant d'autres, et au milieu, le petit chant moqueur, qui continuait toujours, inlassable. Synthesis n'arrivait pas à parler pour imposer le silence, tout ce vacarme lui donnait mal au crâne, au point de courber la tête contre la faïence, y poser le front pour pousser un soupir.


« Taisez-vous, un peu, au lieu de vous battre. De toute façon je peux rien imposer à qui que ce soit, alors son nom importera pas beaucoup. »

Comme le silence devenait quelque peu gênant, et que dans sa tête, le bruit était toujours insoutenable, elle glissa un petit bras par dessus la baignoire, et glissa à sa suite, dans un équilibre quelque peu précaire, pour rattraper sa robe, qu'elle ramena avec le reste de son corps dans l'eau. La laisser, sale, sur le sol ? Jamais, elle y tenait, pas question de partir sans sa robe. Tenant le tissu sale contre elle, dans l'eau, elle fixa son regard sur l'espèce de statue humaine en face d'elle.


« Si tu veux pas de moi, ni de l'aide que je propose, pourquoi t'occuper de m'emmener ici ? Tu pourrais faire comme les autres, me jeter une bouteille à la figure ou simplement m'ignorer. N'est-ce pas parce que, au fond, tu es un peu curieux de ce que je te propose ? Peut-être que le fait que je ne demande rien t'inquiète. Vous êtes devenus tous si méfiants, avec le temps. »

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Ville-Etat de Nexus / Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]
« le: vendredi 02 février 2018, 23:25:50 »
C'était une bonne réponse, que celle qu'il lui avait servie. Pour autant, ce n'était guère celle qu'elle attendait. Peut-être que les gens ne se confiaient pas aussi facilement qu'elle avait pu le lire, ou qu'on le lui avait appris. Mais en ce cas, pourquoi lui aurait-on menti, alors que ça n'apportait rien à qui que ce soit ? En tous les cas, elle ne comptait pas lâcher le morceau. Pourtant, Syn fut projetée hors de ses pensées quand elle sentit un contact chaud sur sa main, celui d'une autre main, plus grande, qui la serrait et l'invitait à suivre le mouvement de fuite, faisant alors rougir ses joues pâles.

Une fois la course finie, elle se frotta le visage, pour essayer de répartir le sang et effacer ses rougeurs, pour fixer ensuite l'homme en face. Voyant son visage, son expression, elle sentit bien qu'on ne lui avait pas menti qu'un petit peu sur les relations sociales : on lui avait menti sur toute la ligne, et elle allait devoir revoir ses connaissances sur le sujet. Et devoir rectifier un tel tir avait le don de l'agacer, mais ce n'était guère le moment. Surtout que beaucoup de voix s'agitaient dans sa tête, la faisant se crisper légèrement. L'un disait qu'elle avait merdé, qu'il fallait le tuer avant qu'il ne le fasse lui-même. Un autre qu'elle avait intérêt à bien répondre sinon elle foirerait sa mission. Une encore qu'elle n'avait plus qu'à prendre son apparence pour faire ce qu'une femme sait faire de mieux pour se mettre un homme dans la poche, le mettre dans son lit, et l'amadouer ensuite pour qu'il crache le morceau. Puis d'autres encore, avec des idées plus ou moins bien formulées, plus ou moins obscènes, plus ou moins meurtrières. Mais que des idées que Synthesis rejetait.


« Je suis Synthesis. Je sais que tu me connais pas, mais promis je suis pas dangereuse. Je veux juste... t'aider. »


Pas une once de peur ou de crainte dans le regard, la petite demoiselle fixait droit dans les yeux sa “cible”, qui n'en était pas une réellement puisqu'elle ne lui voulait aucun mal. Elle semblait un petit peu perdue, sans pour autant avoir la volonté de détourner les yeux pour réfléchir. Comment expliquer ? Elle n'avait jamais expliqué à qui que ce soit ce qui était pour elle aussi naturel que respirer. Et dans sa tête, plusieurs voix se firent de plus en plus insistante, dont une notamment, qui criait qu'il voulait planter ses dents dans la chair si tendre et si blanche de cet homme, à l'odeur si alléchante, au sang qu'il devinait si sucré...


«Mais tu vas te la fermer, un peu ?! On mord pas les gens sans raison, j'ai dit non ! Non pas même une gorgée, pas un croc, rien du tout ! Et non plus, on lui met pas des talons et une mini-jupe. Mais vous avez quoi aujourd'hui ? »


Tout son air sérieux, à la limite du légèrement effrayant, avait disparu, laissant place sur son visage à une colère enfantine, les yeux perdus dans le vague, à taper du pied en gonflant les joues. De l'extérieur, on l'aurait juste prise pour une enfant faisant en caprice. Alors que la réalité était que Synthesis dialoguait avec d'autres personnes dans sa propre tête, quelque chose qu'elle ne savait pour le moment expliquer avec ses propres mots, ses propres connaissances. Si elle avait abandonné l'idée de se ranger dans une case définie pour les races de ce monde, elle n'avait pas abandonné concernant trouver les mécanismes, secrets, fonctionnements, et peut-être un nom, pour cet étrange pouvoir qu'était le sien. Mais ce n'était pas le principal. Secouant la tête, une fois avoir fait taire cet imbécile de suceur de sang, Syn releva la tête, rougissant timidement.


« Je suis désolée, ils ne m'écoutent jamais, et n'en font qu'à leur tête. Euh.. Ah oui ! Tu m'as demandé pour sentir les regrets. Je les sens, c'est tout, comme un parfum. Ca m'a amenée à toi. Enfin je crois.. C'est pour ça que je veux t'aider ! Si je t'ai senti d'aussi loin, c'est que ça doit énormément peser. C'est toujours plus compliqué d'aider un vivant qu'un mort, mais je renonce pas, tu sais ? »


Elle ne renonçait peut-être pas, mais la façon dont il semblait la juger, la décortiquer du regard, la mettait mal à l'aise et lui faisait peur, la faisant se recroqueviller dans ses habits tâchés. Elle n'en semblait que plus petite et plus blanche, avec de surcroît les joues rouges qui ressortaient d'autant plus. Elle n'osait même pas lui en demander son nom. Et si les autres avaient eu raison, en lui disant de déguerpir, et de laisser son objectif idiot d'aider tout le monde de côté, un peu ? Même en temps qu'expérience étrange, elle avait une vie et y tenait. Mais si celle-ci n'avait pas de sens ou de but, avait-elle une raison d'être vécue ? Pour sa part, la réponse était non.

Quittant ses pensées quelque peu lugubres, et revenant au visage masculin qui la regardait depuis plusieurs centimètres au dessus de sa tête, la petite demoiselle se mit soudain à fouiller ses poches. Dans sa tête, certains se mirent à gronder, sur la défensive, appréhendant la réaction que cet individu pouvait prendre en la voyant chercher quelque chose frénétiquement. Pourtant, Synthesis se redressa enfin, avec dans les mains une petite broche noircie, mais dont on devinait quand même la couleur au dessous : une couleur chatoyante, lumineuse, que l'on pouvait trouver dans le soleil. Au creux de ses petites mains blanches, y laissant des traces noires, elle lui tendit la broche.


« Elle t'irait bien ! Tu la veux ? C'est Angèle qui me l'a donnée ! Mais je l'ai un peu salie, sinon, elle brille normalement, et c'est très joli. Et ça t'irait beaucoup mieux qu'à moi, alors c'est un cadeau ! Et si tu veux pas que je t'aide, tu veux bien au moins m'aider un peu ? Je suis perdue ici. »


Cadeau rimant avec pas de refus possible, elle lui attrapa la manche, retourna son bras, et lui mit la broche dans la main, sans se formaliser de quelque code de tenue ou de courtoisie que ce soit. Elle voulait simplement faire plaisir, et offrir ce qu'elle trouvait l'y aidait énormément. Synthesis n'attendait rien en retour, sauf peut-être un sourire. Les règles de bienséance, de royauté, ou autre ? Elle les ignorait, et plaçait tout un chacun à égalité. Ainsi, tout le monde méritait une attention, et si elle la pouvait donner, elle le faisait à cœur joie.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]
« le: lundi 22 janvier 2018, 00:38:04 »
Il est de ces choses qui peuvent sembler évidentes pour certains, qui ne sont référencées nulle part, puisque tous pensent que ces choses, ou ces concepts, sont innés et non pas acquis. Des choses que des parents apprennent à leurs enfants, ou que ceux-ci apprennent en expérimentant d'eux-même. Comme la jolie flamme de la bougie qui brûle douloureusement les doigts, ou simplement que la pluie mouille, et qu'un voyage se prépare et est long. Mais en l'absence de parent, ou de toute forme d'éducation, hormis la documentation littéraire, Synthesis découvrait ces petites choses avec stupéfaction telle une enfant, malgré son âge relativement avancé.

Cela faisait sans doute une bonne heure qu'elle était là, au milieu de ce chemin de terre, les bras légèrement écartés pour mémoriser les sensations des gouttes de pluie sur son corps. Les petites perles tombaient sur ses vêtements, éclatant sans pour autant la blesser, en jouant une petite mélodie, différente selon qu'elle tombe sur une feuille, la terre, la peau, le tissu, une pierre, ou une flaque d'eau. Pour une fois, elle était seule, les voix ne se manifestaient pas, elle avait donc tout le loisir de profiter de ce moment, mais point trop tout de même : elle connaissait le froid, et sentait sa morsure sur ses épaules et ses cuisses. Si Synthesis se trouvait sur cette route, à marcher en serrant sa fine cape trempée contre elle, c'était car on lui avait parlé de Nexus, et n'y étant jamais allée, elle se devait de voir de ses propres yeux ce lieu. Et sur le chemin, la pluie s'était mise à tomber, et la douce odeur, très discrète, des regrets lointains, l'avait appâtée.

En reprenant sa route, quelques voix s'étaient éveillées, pour lui indiquer les directions à suivre, mais surtout, que les regrets étaient très forts, et qu'elle allait donc se régaler. Mais quelques unes parlaient aussi de magie, puissance, chose étrange et incompréhensible, que Syn ignora en continuant son chemin. La route de terre bordée d'arbres et de buissons laissa progressivement place à des étendues vierge, surveillées depuis des fortifications. Les passer ne fut pas compliqué, n'ayant rien à se reprocher, ni quoi que ce soit de compromettant sur elle. En fait, elle n'avait tout simplement rien sur elle, sauf deux ou trois bricoles dans ses poches.

Continuant le long du chemin, Syn buta sur quelque chose de dur, et se rendit compte que le chemin était devenu une route, pavée. Les habitations étaient symétriques, entretenues et visiblement richement conçues. Puis la route se stoppa sur une petite place. Il y avait peu de monde en raison de la pluie battante, mais tout de même un certain nombre de personnes. Il était dur pour elle de passer inaperçue, blanche de la tête aux pieds, et trempée jusqu'aux os, mais on passait son chemin. Au fur et à mesure qu'elle progressait, elle oubliait les autres, regardant les pavés sous ses chaussures. On lui avait dit que cette ville était commerçante, active, vraiment vivante, et qu'elle saurait à coup sûr satisfaire sa curiosité, et sa soif de connaissance. Peut-être même y trouver le bonheur qu'elle recherchait tant.

Pour le moment, Syn observait la place de ses yeux innocents. Elle n'était pas toute seule, comme elle l'avait cru deçà quelques secondes, en observant un peu plus loin. C'était un groupe, qui s'agitait, comme s'ils dansaient. Certains tombaient au sol, un à un, puis restèrent deux personnes. On aurait dit une fleur en train de se faner, et elle en avait vu un bon lot pour le dire. Et puis le mur derrière elle explosa, alors que quelque chose de chaud se mit à couler sur ses pieds, et sur sa joue. Syn porta les doigts à celle-ci, et observa le liquide chaud et rouge sur ses petites phalanges blanches, le regard vide de toute expression. Ce même regard qui se posa sur le cadavre à ses pieds alors qu'elle s'agenouillait. Il ne dégageait pas la douce odeur qui faisait tourner la tête de Syn. Cette odeur de fleur fanées légèrement acidulée, d'un passé regretté, d'une quête de rédemption, de regrets très prononcés. Donc aucun intérêt pour elle. Et puis, physiquement, elle avait vu mieux.


« On s'en va, ce n'est pas lui. Il ne doit pas être bien loin, pour que ça soit aussi fort, non ? »


En plus de la boue sur ses bas, ses chaussures, sa cape et sa robe, elle avait à présent des tâches de sang. Remettant en place ses boucles trempées, Synthesis bailla, et fit volte-face.. pour lever la tête, et renifler ouvertement. Lui, portait ce doux parfum qui lui titillait les narines. Mais en était-il la source ? Etait-ce lui, l'être qui dégageait cette odeur qu'elle sentait depuis ces deux heures de marche sous la pluie ? Il semblait fixer le mur, avec les filles mortes.


« Tu sais, elles n'ont aucun regret, ce n'est pas la peine de les plaindre de la sorte. Surtout qu'elles ne reviendront pas si on les regrette, donc à quoi cela sert-il ? Ca ne sert à rien, d'être triste, non ? »


N'importe qui d'un tant soit peu éduqué, ne serait pas allé à la rencontre de cet homme qui venait tout bonnement de commettre un homicide. N'importe qui d'un tant soit peu renseigné ne se serait pas mis sur la route de cet homme en particulier. Mais n'importe qui n'était pas Synthesis, qui faisait donc marche pour voir de plus près ce drôle d'individu, son regard froid et inexpressif braqué sur lui. Elle n'avait juste pas prévu de s'arrêter d'un coup net et se mettre à éternuer, le nez soudainement bouché du fait qu'elle venait tout naturellement d'attraper froid. A rester ainsi sous la pluie avec si peu sur le dos, ce n'était guère étonnant. Ses gris gris eurent alors l'éclat boudeur d'un enfant qui n'a pas ce qu'il veut, alors que la petite demoiselle se frottait frénétiquement le nez. L'odeur était partie, ou plutôt, elle n'arrivait plus à la sentir, et ne pouvait donc dire si, oui ou non, c'était bien lui qui la dégageait. Lui qui l'avait attirée en ce lieu inconnu, dont on lui avait dit beaucoup de bien, et qui avait suscité son intérêt. Et à présent, tout ceci avait disparu ?


« Allons Syn, tu ne vas pas te laisser abattre par si peu, si ? On est avec toi je te rappelle.
- Allez gamine, mords-le, je te dirai avec son sang si c'est lui que tu veux ou pas !
- Tu pourrais être plus délicat dans tes actions !
 »


N'ayant plus trop le choix, Synthesis alla se planter devant cet homme qui l'intriguait, et abaissa sa capuche, secouant ses boucles blanches, et pensant naïvement qu'elle obtiendrait une réponse. Une réponse honnête, sincère, et gentille, à une question dérangée posée de la sorte, explicitée par des mots qui n'étaient suffisants pour exprimer sa pensée, sa recherche, et son but, surtout lorsqu'on ne la connaissait pas. Mais il aurait été dur de la connaître, puisqu'elle était un projet passablement très vieux, oublié, relégué à l'état de fabulation dans la société qui l'avait mise au monde. Il était impossible de dire si son dossier était toujours dans un tiroir d'archives, tout au fond, poussiéreux, ou si on s'était décidé à le jeter, comme un énième projet défectueux. Elle n'était qu'une expérience réussie oubliée, somme toute.


« Dis-moi, as-tu des regrets ? Est-ce toi, que je sens depuis aussi loin hors de cet endroit ? »

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Les terres sauvages / Re : Excursion et artefacts [Ivy Valentine]
« le: vendredi 19 janvier 2018, 08:42:19 »
Au final, peut-être avait-elle eu tort de lui faire confiance aussi rapidement. Elle était peut-être chétive, mais elle était passablement âgée, et savait reconnaître l'odeur du sang et de la mort. Et cette fille, avait les mains couvertes de ces deux-là. Pourtant, elle ne semblait ni vouloir le cacher, ni l'exhiber, comme si cela était devenu une habitude, ce qui intimidait encore plus Synthesis. Elle n'aimait pas les tueurs de sang froid, ils avaient toujours tendance à la pourchasser pour essayer de la vendre dans un laboratoire, ou pire encore. Parce qu'en échange, on leur promettait des choses. Des pièces dorées, des affaires, des maisons, des gens, ou des informations. Elle ne comprenait pas qu'on puisse échanger une vie qu'on ne connaisse pas contre quelque chose qui n'apporte qu'à soit.

Revenant à ce nouvel individu, elle gonfla les joues, dans une moue boudeuse.


« Je ne suis ni une gamine, ni en danger. Juste que suis sur un autre chemin. Ensuite, ces gens-là ne m'avaient rien fait si ce n'est me poursuivre, ce n'était donc ni la peine de les insulter, ni de les tuer. Je le sais, parce que tu sens leur odeur, et leur sang en particulier, donc pas la peine de nous regarder comme ça. »


La voix de la petite était devenue petit à petit plus grave, et son regard plus sévère et mature. Mais ce ne fut qu'un instant, car à la fin de sa phrase, elle reprit son petit air innocent et pur, et prit de nouveau le petit chemin de broussaille, attendant que cette drôle de dame la suive. Elle avait bonne mémoire, et se rappelait par où elle était passée, à peu près.

Arrivées au campement des hommes, Syn fouilla les sacs, pour en sortir divers objets : une cravate, une pince à cheveux, et un canif. Trois objets ayant appartenu à des victimes de ce groupe de vauriens, qu'elle fourra dans ses poches, pour s'en servir plus tard. Elle n'allait pas se transformer devant une inconnue, non plus ! Surtout une inconnue qui refusait de dire les raisons de sa présence, quand bien même, elle pouvait les connaître. Un de ses compagnons mentaux la connaissait, cette dame très grande et très revêche. Enfin, l'avait connue, puisqu'il était mort. De sa main ? Syn ne le savait plus, elle avait oublié, et s'en moquait. Elle s'assit par terre, et tira un grand manteau sur ses cuisses pour se couvrir et se réchauffer, avant de soupirer doucement.


« Pourquoi tu penses que je ne suis pas en sécurité ? Parce que je suis toute petite, toute pâle, et que je me perds facilement ? Pour se perdre, il faut avoir un lieu où aller, et ce n'est pas mon cas, je vais où je veux, si je veux. Et je ne veux pas aller dans un village en sécurité. Je veux voyager. Et je suis plus que capable de me défendre toute seule. Toi par contre, tu cherches quelque chose. Ne t'embarrasse pas, je ne suis intéressée que par le voyage, le reste m'importe peu. Si je t'aide, tu me fais voyager ? Au fait, on m'appelle Synthesis. »


Au final, elle n'attendait pas vraiment de réponse, en tout cas, pas pour le moment. Elle voulait juste dormir. Elle se recroquevilla donc sous l'épais manteau, bailla, jeta un bonne nuit à sa comparse, et ferma les yeux pour dormir, ni plus ni moins. Elle aurait pu être plus prudente, cela dit. Vérifier qu'il ne lui arriverait rien durant la nuit, garder le canif avec elle, mais non, rien du tout. Elle était agrippée au manteau, dormant comme un petit loir, paisiblement et profondément.

Pourtant, durant la nuit, Syn se réveilla en sursaut. Elle avait fait des cauchemars, encore. Et avait été réveillée par un bruit étrange, sourd, lointain, traînant. Comme si, justement, quelque chose était traîné au sol. Avec un son visqueux en arrière-plan. Le son typique d'un corps que l'on traîne, fraîchement assassiné. Et la grande femme n'était pas là. Elle était toute seule. Mais elle ne pouvait pas être loin, hein ? Peut-être qu'elle avait entendu le bruit, elle aussi, et s'était déjà levée pour voir de quoi il s'agissait.

8
Tournée de dos, concentrée sur la tête du chocobo qui se frottait à la sienne et a rire doucement, Synthesis avait mis du temps à remarquer l'éveil de Grayle, derrière elle, et où son visage avait atterri. Elle s'était alors retournée vers lui, et lui adressa un grand sourire, bien que celui-ci était plus que comique. En effet, sa chevelure blanche était pleine de nœuds, et de plumes jaunes, qui lui donnaient un air ironiquement sauvage et guerrier. Comme si une enfant s'était acharnée à attraper un volatile, et n'était parvenue qu'à lui soutirer des plumes, après un combat féroce. Mais ce n'était pas le cas de Syn, sauf si on considérait qu'elle avait fait un combat de câlins avec Budgy.

Elle se recula doucement, et arrangea sa chevelure, essayant de lui redonner une forme à peu près présentable, tout en retirant délicatement les plumes, qu'elle posait à ses côtés. Alors qu'elle tenait une mèche blanche dans ses mains, elle cligna des yeux, surprise, face à la demande de son nouvel ami. Ses... besoins ? Manger ? Pourtant elle ne trouvait pas cela gênant, de manger devant quelqu'un d'autre. Et la nudité, elle ne voyait pas en quoi non plus. Après tout, la jeune demoiselle avait été habituée à voir des corps nus, à ne pas s'embarrasser de sa chair, de sa peau, à l'exposer aux yeux d'autrui. Mais une petite voix dans sa tête lui souffla que si elle, cela ne la gênait pas, il était commun pour les humains d'être pudiques, et que la nudité relevait de l'intimité. Tout comme les besoins. Alors Synthesis s'y plia, et comme à la demande formulée, elle ferma les yeux, et ne dit rien, sans être tentée par l'envie de regarder. Elle était curieuse, mais pas vraiment sur ce genre de choses, à vrai dire. Elle était curieuse du monde, du savoir, des gens, mais pas de leur corps ou de leurs vices. En revanche, elle ne pouvait s'empêcher d'écouter, et le son lui faisait penser au robinet que l'on ouvre, pour remplir la tasse de bois qu'elle avait pour boire, aussi bien le thé que l'eau fraîche. Elle ne comprenait pas trop, mais quand le brouhaha dans sa tête se fit pour essayer de lui expliquer, elle grinça des dents. Ils parlaient beaucoup trop, sans se soucier d'elle, comme à leur habitude, et cela en devenait réellement épuisant, et énervant.

Mais soudainement, Grayle revint, l'interrompant dans ses pensées, à tel point qu'elle en oublie sa consigne et rouvrit les yeux, pour rougir comme une pivoine en sentant le contact doux et chaud de ses lèvres sur son front.


« Oh euh... Bonjour ? Il n'y a rien à pardonner, donc pas la peine de me dire pardon, tu sais ? Dis.. Tu fais sortir tout ça d'où ? C'est trop gros pour rentrer dedans ! Ca tient comment ? C'est fait avec quoi ? Tu veux bien m'expliquer ? »


De bon matin, et déjà un flot de questions, elle était vraiment intenable, cette gamine. Mais il semblait plutôt préférer la nourrir de fruits plutôt que de réponses, aussi, elle mangea rapidement, et l'écouta d'une oreille attentive, des pépins un peu partout autour de ses lèvres fines, ainsi que quelques miettes de pain. Ses grands yeux gris ouverts, curieux, elle se glissa contre le jeune homme pour mieux voir la carte en question. Elle ne regardait pas trop son doigt, mais toute la carte. C'était vraiment grand, très grand. Tout avait l'air si intéressant, et si loin à la fois ! Comment s'y rendre ? Elle avait peur de cette énormité. Le temps n'était pas un obstacle pour elle, mais le reste..

Revenant au sujet principal, elle fixa la région indiquée. Il y avait de grandes étendues d'eau tout autour, et cela semblait en effet être très boisé. Elle savait en revanche ce qu'était un village, et cela lui faisait un peu peur. Cela voulait dire des gens, donc des regrets plein le nez à tous les coups, et elle n'était pas sûre d'arriver à se tenir correctement.


« Dis... Tu crois qu'il y aura beaucoup de gens ? Ca me fait peur.. Et Bugdy, il arrivera à nous porter tous les deux ? Je veux pas lui faire mal, vraiment pas ! Et pour se nettoyer, c'est où ? Je vois pas de salle de bain. »


Syn était peut-être ignorante sur beaucoup de points, surtout des concepts, mais n'était pas idiote pour autant, loin de là. Elle ne voulait causer de tort à personne, pas même un animal. Mais une petite île l'interpella, sur la carte. Elle posa alors son doigt fin et pâle dessus.


« C'est de là que je viens ! De la maison dans la montagne. Quelqu'un est venu me chercher, puis je me suis perdue. Tu y es déjà allé ? Il n'y a personne là-bas, mais c'est joli. »


Syn lui offrit un grand sourire, et se leva, essuyant ses genoux plein de terre, et un bout de pain dans les mains, qu'elle alla donner au chocobo. S'il devait les porter tous les deux, elle voulait qu'il soit en pleine forme pour le voyage ! Et elle n'avait pas besoin de manger plus que ça, de toute façon.
Une fois les bagages rangés, pour le peu qu'ils avaient, et que la petite ait bien précisé qu'elle était d'accord pour l'accompagner, puisqu'il semblait bien vouloir d'elle, il fut temps de se mettre en route. L'étrange oiseau jaune était plus fort que Synthesis ne l'avait prévu, puisqu'il n'eut aucun mal visible à le porter Grayle et elle. Ils n'allaient ni vite ni lentement, mais déjà plus vite qu'à pieds. Elle pouvait voir les étendues de sable et de terre, et au loin, la mer qui se profilait. Elle se trouvait bien loin de chez elle, à présent, mais ce n'était que pour le meilleur. C'était son choix, après tout, et elle avait trouvé un compagnon. Petit à petit, le sable laissa place de plus en plus à de la terre, d'abord sèche, puis humide, se voyant grâce à la teinte rouge qui s'accentuait. Les pattes du chocobo s'y enfonçait légèrement, laissant une empreinte molle sur la terre fertile, qui faisaient une piste rectiligne derrière eux. Et déjà le soir tombait de nouveau. La route allait donc être passablement longue, et une petite voix murmurait à la jeune fille aux cheveux blancs de se méfier de la nuit, qui sait ce qu'il pouvait bien se cacher, à roder, aux alentours...

9
« Mais si, je l'ai dit, mon nom ! C'est Synthesis, c'est mon vrai prénom ! Et comme c'est long on m'appelle Syn... »


   La demoiselle était quelque peu vexée qu'il ne l'ait pas plus écoutée que cela. Elle avait, certes, un prénom qui ressemblait volontairement à synthèse, mais cela restait son prénom, celui qu'on lui avait donné, et il lui plaisait. Même si elle savait que sa mère lui en avait donné un autre, qu'elle ne découvrirait sans doute jamais. Mais peu lui importait. Lorsqu'il dit bonjour à toutes les âmes dans sa tête, Synthesis manqua la crise cardiaque. Toutes se mirent à parler et hurler plus fort les unes que les autres, la faisant soudainement souffrir atrocement. Elle se boucha les oreilles en reniflant, Mais à l'approche de la nourriture, tous se turent. Syn tendit automatiquement les mains pour pouvoir manger, mais elle se fit gentiment réprimander. Aussi, elle remit sagement ses mains au chaud, et se laissa nourrir, tel un oisillon tombé du nid dont l'on devrait prendre soin jusqu'à l'envol. Elle savait manger seule, et boire aussi, mais ce n'était pas déplaisant d'être chouchouté comme ça. Elle ne demanda pas la permission deux fois pour finir le plat qu'il lui tendit. Tiède, froid, chaud, elle s'en moquait, tant que ça se mangeait.

   Pourtant, quand elle eut enfin le ventre bien rempli, elle ouvrit la bouche pour lui demander pourquoi il ne voulait pas Tekhos, que pour sa part, ça ne la dérangeait pas d'avoir une autre destination, puisqu'elle voulait uniquement voyager et découvrir le monde, mais il l'arrêta avant que le moindre son ne traverse ses lèvres. Le monde était trop.. bruyant ? Ne l'ayant jamais vu, elle ne l'avait pas non plus entendu, et ne savait pas qu'il pouvait donc être si bruyant. Pour autant, elle était très intriguée par cette drôle de boîte avec des ficelles qui faisait du bruit, et s'assit devant Grayle pour écouter. C'étaient de jolis bruits, elle avait lu qu'on appelait ça de la musique. Elle aimait bien la musique, surtout celle-ci, qui était très reposante. A tel point que la petite aux cheveux blancs tomba doucement, emmitouflée dans le manteau chaud et doux, et s'y endormit, paisiblement, les joues légèrement rougies par la chaleur, son ventre plein, et le bonheur de ne plus être toute seule.

   Durant la nuit, de délicieux rêves vinrent chatouiller son esprit. Bien sûr, ces rêves n'en étaient pas vraiment, car il s'agissait plutôt de souvenirs agréables des âmes qu'elle avait recueillies. Lison se souvenait avoir un jour mangé des biscuits au chocolat, chauds, dans une pièce lumineuse où elle n'avait plus froid et se sentait bien. Elle s'accrochait à ce souvenir, ayant vécu seule, dans la rue, avec ses parents, et la plupart de ses bons souvenirs étaient liés à la chaleur. D'autres se rappelaient leur gloire ou leur fortune, d'autres des conquêtes, certains jusqu'à des coups d'un soir juteux, que Synthesis ne comprenait absolument pas bien évidemment. Mais elle se plaisait à voir ces doux souvenirs, surgir devant ses yeux comme un film, ou plutôt, comme si elle-même les avait vécu, ressenti. Elle se les appropriait, et se confondait elle-même avec les autres, bien que la question pouvait déjà se poser quant à savoir si elle n'était pas, finalement, déjà confondue avec les autres. Mais dans toute son innocence et sa pureté, elle ne voulait se poser la question : la réponse l'effrayait. Et si elle n'était pas « elle » ? Et si elle n'était qu'une âme capturée comme les autres ?

   Cette pensée la réveilla en sursaut, soulevant d'un coup sec le manteau sous lequel elle avait dormi. Sa première réaction fut de chercher Grayle. Il était encore endormi, non loin d'elle. Lui, n'était pas parti, pas comme la personne qui était venue la chercher dans la maison dans la montagne. Ca lui réchauffait le cœur, au fond, et la fit sourire. Le jour tardait encore à se lever, pour autant, Syn croisa une paire d'yeux rivée sur elle : le chocobo. Il la regardait d'un air curieux. Dans sa tête, Rose crevait d'envie de parler avec l'animal, c'était son seul pouvoir. Mais Syn n'avait pas tellement envie, elle. Alors, la demoiselle se mit à quatre pattes, et avança tranquillement jusqu'à cet énorme poussin, la robe relevée à mi-cuisses. Elle se posta à un petit mètre de lui, et tendit lentement la main, paume tournée vers le ciel, vers le bec doré, qui luisait aux première lueurs du jour, et lui fit un petit sourire, ignorant le tout autour d'elle, Grayle, le manteau, le froid, le feu éteint, ...


« Bonjour toi.. Je suis désolée pour hier.. Vraiment. Pardon. Ca te dirait qu'on soit amis ? Enfin, au moins qu'on essaye, je peux pas te forcer. Ca te dit ? »

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Archives / Re : Le Livre d'Or de LGJ
« le: dimanche 03 décembre 2017, 18:33:42 »
Ma foi, déjà dix ans de tyrannie des modérateurs ? La révolution met du temps à se faire... Nan pardon c'est une blague pas taper !

Un peu de sérieux dans le livre doré. Tout le monde est gentil, le forum est très agréable, c'est plaisant de s'y rendre pour passer du temps en lisant les jeux d'autres membres. Au sens plus général, le forum est agréable, et le staff fait un boulot génial.

Et je dis pas joyeux anniversaire. Rébellion !

11
        Une petite bosse rose plantée au milieu du front, visible grâce à la finesse de ses cheveux blancs, Syn était assise à côté de ce nouvel individu qui l'intriguait. Elle n'avait pas eu peur, mais juste mal, et était fascinée par le drôle d'oiseau face à elle. Elle n'en avait jamais vu, et la curiosité danser dans ses yeux avec les flammes du feu de camp. Alors que Grayle lui posait des questions, elle ne fit que répondre :


« Choco...bo ? C'est un chocobo ? Je ne sais pas ce que c'est. Il est mignon ! Très mignon ! Et je suis désolée d'avoir dérangé, je ne voyais rien du tout.. Oh, désolée ! Moi c'est Synthesis. Et je voulais aller à .. Tekhos ? On m'a dit que ce n'était pas loin, mais je crois m'être perdue. »


   Elle le remercia ensuite pour le manteau, dans lequel elle se roula, ne laissant voir que sa petite tête et ses longs cheveux blancs, en cascade, recouvrant presque le manteau. Il tenait bien chaud, et face au feu, ses joues se teintèrent doucement de rose, alors qu'elle soupirait de satisfaction. Grayle semblait bien installé. Le chocobo avait repris sa sieste, quoi qu'il était visiblement sur ses gardes avec l'intruse qu'était Syn. Le feu crépitait joyeusement dans le noir, laissant des volutes de fumée s'élever et se perdre dans la nuit d'encre. Elle ne savait pas trop quoi dire, la discussion, ce n'était pas son fort. Elle avait pourtant lu des livres, où elle avait crû apprendre comment discuter, mais ça ne semblait pas être la même chose dans la réalité que dans la fiction. On ne devenait pas ami avec quelqu'un aussi simplement.

   Syn leva les yeux vers le ciel, tirant un peu plus contre elle le manteau. Elle tourna ensuite le regard sur Grayle. Il était grand, plus grand qu'elle, ce qui était facile à faire, certes, mais bâti de la sorte qu'il semblait très imposant. Son apparente sérénité lui donna ensuite de quitter le rondin de bois, et venir se poser plus à côté de lui. Si elle s'écoutait, elle se serait tout bonnement collée à lui, pour avoir de la chaleur, mais surtout... un contact physique. Cela devait faire plus de quinze ans que Syn n'avait touché d'être vivant, et encore moins d'humain. Pour autant, elle se maîtrisait. Enfin, ce fut jusqu'à ce que son ventre ne lâche un gargouillement de tous les diables, qui fit se dresser sur ses pattes le chocobo. La demoiselle vira au rouge pivoine, et sembla vouloir disparaître dans le manteau sur ses épaules.


« Pardon, je... vagabonde depuis l'aube, et je pensais que ça arrêterait de gronder. Je sais pas pourquoi ça me fait ça, ni pourquoi ça me fait mal. »


   Idiote tu as faim ! gronda une voix grave dans la tête de Syn, qui hoqueta sous le choc d'une telle colère adressée contre elle. Elle détestait qu'on lui crie dessus, et chassa l'humidité de ses yeux d'un revers de manche. Puis adressa un sourire à Grayle, qui ne semblait pas ne pas avoir remarqué cette petite larme aux coins de ses yeux. Synthesis éternua, avant de fixer ce qui semblaient être des restes d'un repas, encore chaud, dans une assiette creuse en bois souple et clair, ainsi qu'une gourde d'eau. Ca allait refroidir, et ne plus être vraiment bon, s'il laissait ainsi son repas, surtout sous l'oeil vif d'un chocobo à présent parfaitement éveillé, et à l'air très gourmand. On aurait eu presque envie de lui donner à manger dans le creux de la main, pour l'entendre piailler de joie, et ensuite le caresser jusqu'à le voir se rendormir.


« Oh, je suis désolée, je dérange pendant que vous mangez ? Si vous voulez, je m'en vais, je vais bien finir par trouver un chemin... Enfin je crois ? Oh, et Lison dit qu'elle vous a déjà vu. Vous voyagez, dîtes ? Je veux pas voyager toute seule, je sais même pas m'occuper de moi.. La preuve, je suis perdue au milieu de nulle part sans savoir quoi faire. Je peux vous accompagner ? Si vous allez pas à Tekhos, c'est pas grave ! Je veux juste voyager, en fait. »


   Au fond, Syn mourrait d'envie qu'il accepte, mais n'osait le témoigner. Elle ne voulait pas partir seule, et il semblait s'y connaître. De plus, il sentait.. une odeur fort alléchante, qui la faisait saliver. Du regret, de la peine. Elle se devait de faire quelque chose ! Et son esprit d'enfant était lui aussi attiré, mais par le chocobo. Elle avait très envie de jouer avec lui, cette masse de plumes géante et jaune. Et par dessus tout, il semblait incroyablement gentil, et attentionné à son égard. Quelque chose qui lui manquait, et lui réchauffait le cœur. Pas question de laisser tomber. Et s'il ne voulait pas d'elle, et bien, elle le suivrait quand même, en douce !

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Les terres sauvages / Excursion et artefacts [Ivy Valentine]
« le: jeudi 30 novembre 2017, 22:17:29 »
   Parfois, écouter les autres ne s'avère pas être une idée lumineuse, et peut conduire dans un pétrin quelque peu problématique. Cela peut pourtant partir d'une bonne intention, d'autres non, mais le résultat reste le même. Ainsi, certaines personnes sont plus touchées que d'autres par ce que l'on appellerait la malchance. Notamment, Synthesis. Depuis quelques temps, cette malchance lui collait à la pire plus encore que ses habits à cause de la chaleur environnante. Le soleil cognait passablement fort, les yeux de la demoiselle pouvait presque voir des ondulations de l'air lorsqu'elle levait le nez. Elle se serait crû folle, si elle ne se savait pas l'être déjà. Syn tournait en rond depuis déjà plusieurs heures. L'orientation n'était pas son fort, et elle n'était guère aidée par les petites voix dans sa tête, qui se confondaient les unes les autres au travers d'une dispute qui durait déjà depuis un long moment. Le sujet de cette fameuse dispute était la direction à prendre, mais particulièrement quelque chose à faire. Et la pauvre Synthesis ne pouvait que les écouter, sans pouvoir les faire taire. Ce n'était pas faute d'avoir essayé, mais en vain.

   Soline, une jeune femme à la personnalité bien appuyée, clamait de sa voix désagréablement aiguë qu'il fallait sortir de ces terres arides pour trouver la civilisation, et s'y fanfaronner. Ce qui faisait gronder Ramzir, qui voulait du combat, de l'action, du sang en particulier. Et puis Prune qui voulait partir à la chasse au trésor, et tous les autres encore qui voulaient autre chose. Dur de pouvoir penser au calme avec un tel brouhaha. Sauf que quelques heures et ronds plus tard, Synthesis en avait marre, et se mit à crier :


« Mais vous allez vous taire, à la fin ?! Si vous continuez comme ça on n'ira nulle part ! Alors laissez-moi réfléchir, je suis fatiguée vous m'épuisez ! »


   A l'approche du soir, le ciel se voila de orange, d'ambré et de cuivre, teinté par quelques nuages violacés. Au loin, on pouvait apercevoir des volutes de fumée. Des volutes d'espoir ? Attirée, la jeune fille se redressa sur ses jambes frêles, lissa ses vêtements salis par la poussière et le sable, et s'orienta vers ce nouvel objectif. Quelqu'un souffla à Syn, à son approche, de se cacher dans les herbes qui entouraient ce qui semblait être un camp de fortune, chose qu'elle fit, pour observer. Il y avait un groupe d'individus, qui semblaient être chargés, essentiellement composé d'hommes larges et bien bâtis. Il semblaient discuter autour du feu, mais impossible de voir qui parlaient à qui, elle ne voyait pas grand chose dans l'herbe. En revanche, elle entendait plutôt bien. Il était question d'une grotte, plus au Sud, qui renfermait une sorte de trésor, dont une épée dont la description fit ronronner Soline.

« - Oh mais moi je l'ai vue cette épée, et elle n'est absolument pas là-bas, c'est là d'où l'on vient !
- Mais c'est vrai, ça, il n'y a rien là-bas, juste du sable et de la gadoue ! »


   Il n'y avait pourtant pas que l'épée, qui avait été vue. Synthesis venait de se lever, et fixait de ses grands yeux innocents le groupe, pas si innocent que ça. A vrai dire, voir surgir ainsi une jeune fille, toute sale d'herbe, de terre, de sable, les joues rougies par le soleil sous un voile de poussière, n'était guère la meilleure façon de faire les présentations. Cette fois, la décision fut unanime : la fuite. Alors la demoiselle blanche prit ses jambes à son cou, et courut le plus rapidement possible aussi loin qu'elle le pouvait. La poursuite ne dura pas vraiment longtemps, à compter qu'il y ait eu une poursuite, puisqu'elle n'avait pas pris le temps de regarder derrière elle. Syn se rappelait très bien de l'épée, sa couleur, sa forme ; elle avait une très bonne mémoire visuelle. Mais ils avaient déjà des épées, pourquoi en chercher une autre ? Il n'en avait pas besoin pour couper du jambon, si ? Plongée dans son innocence, la jeune fille trébucha sur ce qui semblait être un panneau de bois à terre. Il n'y avait rien d'inscrit dessus, pourtant, il semblait avoir été arraché. A quoi donc ? De plus, il y avait plus loin d'autres bouts de bois éparpillés ça et là un peu partout, sur ce qui semblait malgré tout un chemin. La curiosité emporta la demoiselle, qui se retrouva bientôt devant... Un tas de bois. Rien de plus. Un immense tas de planches, de branches, brindilles et feuilles. Elle en fit le tour, appuya ses mains dessus, mais ce n'était qu'une montagne de bois. Et elle s'était perdue, pour couronner le tout. Alors Synthesis posa son derrière au sol, replia les jambes sur elle-même, et attendit.
   Lorsque le ciel se teinta d'or et de bronze, une ombre arriva dans le champ de vision de la jeune fille, qui se releva, et alla à sa rencontre. Elle dut lever la tête pour s'adresser à cette personne, puisque somme toute, Syn était relativement petite, et détestait parler à quelqu'un sans le regarder dans les yeux, bien que cela puisse en offenser plus d'un.


« Dites, vous savez où est-ce que je pourrais trouver un endroit où dormir, puis repartir quelque part avec des gens ? J'ai peur à cause des hommes qui cherchaient l'épée et je veux pas avoir d'ennuis... Euh.. D'ailleurs, vous faites quoi ici, vous ? Il n'y a rien du tout, vous savez ? Juste de la terre et des cailloux ! »


   Dans toute son innocence, elle n'hésitait pas à tout expliquer en une seule fois à un parfait inconnu, sans même savoir s'il pouvait s'agir d'une mauvaise personne. Mais Syn trouvait que cette personne lui faisait bonne impression. Elle avait même envie de la suivre pour savoir où elle allait et pourquoi. Et maintenant que cette idée était dans sa tête, elle s'y accrochait, le désirait dur comme fer, et pas moyen de la faire changer d'avis, sauf en trouvant quelque chose qui l'intéresserait plus encore. Aussi, elle acheva son petit monologue en demandant si elle pouvait accompagner cette personne, avec un grand sourire d'enfant heureux.

13
   Le soleil venait de poindre timidement à l'horizon, caressant chastement la terre grise de ses rayons tièdes. Il était très tôt, et pourtant, on s'activait déjà, ici. La mer avait été, semble-t-il, particulièrement agitée cette nuit-là ; aussi, il fallait s’atteler rapidement pour réparer les dégâts. C'était une ville côtière, après tout, assez isolée du reste du monde du fait de sa proximité avec la montagne, une région particulièrement stérile. Si on pouvait encore y voir quelques arbres résister au froid mordant, c'était bien là la seule chose qui colorait encore ces massifs imposants. Pour ainsi dire, on pouvait parler plutôt de ville de pêcheurs que de ville côtière. Les dégâts étaient donc, pour la plupart, portés sur les navires de pêche, les étalages primaires de poissons, les cargaisons, mais aussi et malheureusement, sur les habitations de bric et de broc. De nombreuses familles étaient là, sur le bitume, à contempler ce qui avait été leur maison, à présent un tas d'ordures cassées parmi tant d'autres.

   Et à travers ce spectacle désolant, dans l'odeur de poisson et de sel, se baladait une petite figure blanchâtre, qui dansait plus qu'elle ne marchait. Elle ne semblait pas se rendre véritablement compte de la situation, et traversait joyeusement les décombres, sans se soucier de quoi que ce soit. Il était tôt, et il faisait déjà terriblement chaud. Et pourtant, cette demoiselle se promenait avec une sorte de cape blanche, sale et usée, ainsi que des habits relativement chauds. Elle était trempée, non pas de la mer qui s'était éveillée durant la nuit, mais d'être tombée nombre de fois dans la neige, qui accrochait ses cheveux et le dessus de sa capuche, et fondait tranquillement sous le soleil matinal. Et puisque celle-ci commençait à peser sur sa pauvre tête, Synthesis la repoussa en arrière, et tira ses cheveux blancs dans son dos. C'était ainsi nettement plus pratique et agréable.
   Elle était venue ici pour s'en aller. En effet, elle avait fait le tour de la montagne, après qu'un drôle d'homme soit venu la chercher dans sa maisonnée. La jeune fille avait dormi un peu trop longtemps, et l'avait perdu de vue. Mais ça ne l'affectait pas plus que ça. Pourquoi ? Parce que Syn avait été attirée ici par la douce odeur, sucrée et amère, qu'est celle du regret. Une petite voix chuchotait à son oreille qu'ici, elle allait pouvoir trouver des gens à aider, mais surtout, une personne ici dégageait plus que les autres ce doux parfum, qui l'attirait comme le nectar attirerait une abeille.


   Synthesis observait le panorama qui s'offrait à elle. Des ruines, de l'eau, mais rien d'autre. Par où allait-elle passer ? Et puis, elle voyait au loin de drôles d'objets, très gros, qui flottaient et avançaient sur l'eau. A quoi cela pouvait-il bien servir ? Il y avait nombre de personnes, ici, mais elle ne savait pas s'il était possible de quitter cette petite île isolée, pour rejoindre le continent. Mais d'ailleurs, quel continent ? Elle n'avait pas lu grand chose sur la géographie, et n'avait aucune idée d'où elle pouvait bien se trouver. Aussi, la jeune fille se dirigea vers une mère qui berçait son enfant, et lui tapota timidement l'épaule.

« Hm... Excusez-moi, mais pourriez-vous me dire où sommes-nous ? J'entends par là, le territoire..

- Mais d'où sors-tu, ma pauvre fille ? Tout le monde connaît cette pauvre île. Si tu traverses en bateau, tu peux rejoindre ensuite Tekhos en moins de trois jours de marche. »


   Bateau ? Tekhos ? Île ? Synthesis était un petit peu perdue, devant tant de mots qu'elle ne comprenait pas. Mais l'odeur des regrets lui fit tourner la tête, vers le pont. Il y avait une petite foule, mais elle ne distinguait pas très bien celui qui dégageait ce doux parfum. Mais un homme semblait regarder une de ces drôles de choses flottantes avec un grand drap, du moins, c'était ce qu'elle en voyait de loin. Alors la demoiselle se glissa dans son dos, et demanda comme si c'était une question courante :

« Ca veut dire quoi, bateau ? Et c'est quoi Tekhos ? Et qu'est-ce que c'est, que ces drôles de bols en bois qui flottent ? On n'étend pas le linge comme ça, vous savez ? Et puis, qui utilise un drap aussi grand ? »


   Peut-être avait-elle trop posé de questions à la fois, mais l'individu lui jeta un regard mauvais, qui fit reculer d'un pas Syn. Il y avait tant de colère et de haine, dans des yeux si petits et si clairs, tant de promesses de cruauté et de souffrance, que quelques voix dans sa tête se mirent à rire, à se moquer d'elle.

«  Beh alors, Syn, on a peur d'un simple matelot ? Il va pas te manger, tu sais ?
- Oh toi ne parle pas de nourriture, il m'a l'air croquant sous la dent, j'en ferais bien mon goûter...
- Aller Synthesis, un peu de courage, et affirme-toi, sinon, il va être méchant avec toi !
 »

   La dernière voix, qui était celle de Lucie, une adorable petite elfe de huit ans morte égorgée après avoir été volée de sa petite bourse d'enfant dédiée à des bonbons, avait raison, pensait Synthesis. Elle devait affronter un peu l'extérieur, plutôt que de fuir incessamment. Après tout, n'était-elle pas une adulte responsable et autonome ? Capable d'affronter le monde par ses propres moyens ? Si, elle en était persuadée. Aussi, elle retourna voir le bougre, et gronda de sa petite voix qu'elle voulait aller à Tekhos. Il ne l'écouta pas vraiment, et tendit la main vers elle en grommelant quelque chose, à propos d'or et de pièces. Pour quoi faire ? Il veut que tu le payes, Syn! se moqua gentiment Lucie au creux de son esprit. Maladroitement, la demoiselle tira de ses poches un bouton, un petit nœud rose poudré, des lunettes cassées, et enfin, un lot de pièces de différentes couleurs : bronze propre, rouille, argent poli, et quelques unes en or. La pauvre Syn n'avait aucune notion de valeur, aussi, elle ne se rendit absolument pas compte qu'elle venait de payer au moins dix fois plus que ce que le marchand lui avait demandé pour monter à bord de son navire. Et Syn ne savait pas non plus, à ce moment, que la nourriture devait s'acheter, et que pour dormir, il fallait payer aussi, et que des habits, il lui en fallait, et ça s'achetait encore. Mais elle n'avait plus rien, ses poches étaient remplies de bricoles et de babioles, vieilles, usées, cassées, décrépies, sales et souillées.


   Après trois jours de voyage en bateau, passés dans le plus grand calme, la petite demoiselle posa enfin le pied sur la terre ferme. Mais n'était-ce pas un peu long, trois jours de bateau, alors qu'on lui avait dit que l'île était toute proche de cette fameuse cité ? Le temps que Synthesis s'en aperçoive, le navire était déjà au large, la laissant toute seule dans un minuscule port inhabité. Par où aller, à présent ? Syn emprunta un chemin de terre sèche, et s'en alla, tout droit, sans vraiment savoir vers quel lieu elle se dirigeait. Drôle de façon de débuter un voyage, n'est-ce pas ? De plus, cela ne ressemblait pas du tout à ce qu'on lui avait décrit brièvement de l'endroit où elle se rendait : elle ne voyait là qu'une étendue aride. Enfin, la nuit tomba. Elle se retrouva seule, au milieu de nulle part, dans le froid et le noir, incapable de se repérer, avec pour seul compagnon son ventre qui gargouillait. Désespérée, elle se laissa choir sur le sol, et renifla comme une enfant par terre.

« C'est pas juste ! Personne veut m'aider, et voilà où on en est, merci ! On arrivera jamais là où je voulais aller... »

   Elle ne parlait pas vraiment seule, puisqu'elle obtenait divers râles en guise de réponse. Certains grondaient que c'était de sa faute, qu'elle n'avait qu'à mieux prévoir son voyage, plutôt que s'en aller sur un coup de tête ; d'autres se moquaient simplement d'elle ; et enfin, un petit groupe essayaient de la consoler, et lui indiquer un pseudo-chemin. Mais Synthesis en avait marre, elle ne voulait plus bouger. La volonté, ce n'était pas vraiment son fort. Sauf quand elle vit, tout au loin, une petite lumière, qui attira son regard gris. La curiosité était bien plus sa tasse de thé, aussi, elle se leva, et essaya de suivre cette petite lumière, qui semblait si proche et si lointaine à la fois. Si elle ne pouvait l'atteindre, peut-être au moins celle-ci allait la mener quelque part, non ? La lumière ralentit progressivement, jusqu'à s'abaisser au sol. La jeune fille pouvait presque la toucher, quand elle se heurta de plein fouet à quelque chose de dur et massif, et sa petite carrure tomba sur le sol, en arrière, dans un bruit ridicule. Impossible de distinguer ce contre quoi elle venait de se cogner. Un autre être vivant ? Une quelconque plante ou roche de ce lieu ? En tout cas, la lumière, elle, était bien posée sur le sol, bien que la source émettrice était peu distinguable pour Synthesis, toute sonnée par sa chute.

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Le coin du chalant / Un pied devant l'autre, du courage, et en avant !
« le: dimanche 17 septembre 2017, 21:07:32 »
        Bien le bonjour à vous qui lisez ce petit texte improvisé. Bonsoir de même s'il est tard chez vous, qu'importe, salutations ! Ici vous trouverez de quoi jouer avec ma petite Syn, dont vous pouvez lire la fiche via le petit lien du même nom. Un peu de courage, ce n'est point si long que ça en a l'air voyons !

   Évidemment, il va de soi que ces propositions sont indicatives, et que vous êtes libres de me proposer une trame si le cœur vous en dit. Je ne suis pas difficile, je ne me restreins pas à un genre de jeu, puis de toute façon ça se discute. Ma seule condition est la suivante : amusons-nous !

   Ainsi, je réponds quand je le peux, bien évidemment en essayant de le faire de la manière la plus régulière possible, mais il est inutile de me presser. Quantité ? Si j'ai de quoi vous écrire trois pages de texte, alors je m'en donnerai à cœur joie, sinon, je ferai comme je peux. Et faites comme vous pouvez ! Soyez tout de même gentils avec moi, cela fait longtemps que je n'ai plus écrit..



Trame n°1 : Le récent décès d'un proche vous intrigue, vous ne pensiez pas qu'il pourrait s'en aller de cette manière, brusquement. En cherchant un peu, vous apprenez l'existence d'une demoiselle qui pourrait vous aider à résoudre ce mystère. Hélas ! La voilà collée à vous, désireuse de soulager les regrets de votre ami(e). Impossible de vous en débarrasser...

Trame n°2 : Un esprit curieux et scientifique se doit de rechercher le progrès, et en fouillant des archives, vous trouvez le dossier de Synthesis Novella. Son étude pourrait vous rapporter beaucoup. Gloire, argent, reconnaissance, pouvoir.. Mais il faut avant tout l'attraper pour l'étudier. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'elle se laissera faire gentiment ?

Trame n°3 : Vous n'aviez rien demandé à personne, simplement une petite balade tranquille, sans personne pour... Rectification, vous trouvez une petite demoiselle qui semble complètement perdue, et vous demande de l'accompagner dans son voyage. Et elle sait se montrer insistante, aussi, va-t-il vous falloir vous arranger pour la suivre dans son périple.

Trame n°4 : Voyager sans savoir où l'on va peut s'avérer dangereux. Et il semblerait que Syn soit de ce cas, puisque la voilà en terre inconnue, à mettre un bazar de tous les diables sans même s'en rendre compte. Il faudrait peut-être l'arrêter ou lui expliquer. Allez-vous l'aider, ou plutôt employer la force pour qu'elle cesse de déranger tout le monde ?

Trame n°5 : La petite Syn demande toujours à voyager, et apprendre. Mais tout ceci a un coût, et sa naïveté ne lui permet pas de distinguer convenablement le bien du mal. Une âme pourrait lui faire découvrir de nouveaux lieux, nourrir sa soif de connaissances, l'accompagner ou l'héberger... Mais aussi se jouer de sa crédibilité au prix fort ?


Intéressé(e) ? Contactez-moi par message pour en discuter tranquillement !

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Prélude / Re : Dossier n°186-AD.5 : Synthesis Novella [Valicidée !]
« le: lundi 21 août 2017, 21:23:17 »
Merci monsieur étrange venu d'ailleurs !

Il me semble me souvenir que non, "original character" si je me rappelle bien.

Merci beaucoup ~

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