Olympe / Re : Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves (Aurora mon amour)
« le: jeudi 22 septembre 2016, 15:22:34 »Afin de lui répondre, il aurait pu s'enorgueillir de son statut de dieu ; et, dans ce cas de figure, ne la considérer que comme une fille à impressionner, ce qui rimait, la plupart du temps, avec ne pas parler de sa mère. Il suffisait de prononcer son nom pour que la réaction de la personne, en face de lui, change tout à fait ; soit elle mourrait de peur (ou, dans une variante, était prise d'une crise de panique, tétanie et tremblements offerts), soit l'aura de sa génitrice venait empiéter sur la sienne. Il était vrai qu'Héra faisait sa misère à ... un nombre de personne assez impressionnant, et que son charmant statut de reine des dieux étouffait beaucoup de choses. Les plus curieuses posaient alors des questions étranges sur sa généalogie, et il était assez compliqué, à son sens, d'expliquer pourquoi, en toute tranquillité, il était l'enfant de sa mère et du fils de cette même mère. Chez les dieux, ce n'était pas gênant - comme si le sang divin pouvait être tâché de déformations liées aux incestes - mais les humains avaient un regard assez dur sur ce genre de pratiques.
Quoiqu'il en soit, il lui répondit de la même façon qu'elle l'avait fait : un haussement d'épaules, un sourire furtif. Il embaumait le mystère, un mystère un peu insolent. Tout en cherchant - tout de même - ses mots, il la détailla du regard, ne serait-ce que pour
"Je suis ..."
Les yeux d'Oneiros, qui ne s'étaient pas privés de glisser sur elle, se plantèrent dans ceux de la jeune fille.
"Je ne suis pas rêveur ordinaire, non - belle intuition."
Il était difficile, quand on ne connaissait pas le jeune dieu, de savoir si ces deux derniers mots étaient moqueurs ou relevaient du compliment.
"Faisons quelque chose, tu veux ? Je vais te dire qui je suis, mais si tu me réponds encore par un de tes jolis sourires ... Mmh, disons que tu auras la confirmation qu'il n'y a pas que cet environnement sur lequel j'ai de l'emprise. Rien ne m'échappe dans ces rêves ; je dirais même que tout ce qui existe ici m'appartient plus ou moins. Je ne sais pas, je pourrais, d'un simple mouvement, d'une simple pensée, effacer ta robe ou te métamorphoser en petite brune."
Un sourire amusé ponctua cette phrase, avant qu'il ne remue la tête - comme pour dire "Je plaisante". A voir s'il plaisantait réellement. Jouer un peu au con, il savait le faire et, surtout, il aimait le faire. Il se leva et, les yeux rivés dans le ciel, sur les petites ruines antiques, les feuilles froissées par le vent, il fit le tour de la chaise sur laquelle elle était assise, avant de s'arrêter dans son dos. Ses mains se posèrent sur le dos de la chaise.
"Je m'appelle Oneiros."
Il souffla.
"Mmph, non, je pense que ça ne te dit pas grand-chose sur moi. Disons que ... Il y a des années de ça, à une époque que je n'arrive même pas à me figurer, n'existait que le Chaos - un Chaos qui ne connut sa fin qu'à l'arrivée des premiers êtres ; les divinités. Il y en a beaucoup, je vais t'épargner tout ce récit, mais l'un d'eux, l'un des premiers dieux, s'appelait Hypnos ; on le connait mieux sous le nom du Sommeil."
Le jeune dieu prit une lente inspiration.
"Le Sommeil ne va pas sans les songes, alors ... Alors, à ma naissance, je l'ai rejoint. Depuis ce jour, je fais partie des songes tout comme il font partie de moi - et ce monde m'appartient. J'y passe le plus clair de mon temps, et je t'y croise assez souvent."
Ce léger excès d'orgueil le fit sourire. Tranquillement, d'un pas lent, il se replaça en face d'elle, souriant.
"Je suis donc bien placé pour savoir que tu n'es ni une déesse, ni une créature divine. Il est légitime que je sache qui tu es, tu ne crois pas ? "