Territoire de Tekhos / Premier retour à la civilisation.[pv Milwen]
« le: lundi 03 juin 2013, 22:42:53 »En effet, le temps devait passer, inévitablement, dans sa vie. Et elle avait vu ainsi des êtres chers partir ou s'éteindre, ou encore disparaître. Le temps avait été très cruelle avec elle: quelques années seulement, et tout c'était éteint.
Elle n'avait alors plus goût à grand chose. Ses filles l'avaient lentement oubliées, faisant leurs propre vie chacune de leur côté, et de cela, même si elle en était profondément triste, elle était quand même rassurée: si elles n'avaient pas besoin d'elle, c'est qu'elles allaient bien. Le jour où l'une d'elle la réclamerait, elle la rejoindrait sans même y réfléchir à deux fois.
C'est pourquoi, arrivée à ce carrefour de sa vie, Leïla avait décidé de se retirer. Elle savait combien elle s'attachait vite aux gens, et comme son coeur souffrait déjà assez à son goût, elle avait estimé que cela suffisait. Munie d'un maigre bagage, elle se retira en ermite loin des gens et du monde, là où on ne la dérangerait plus, là où elle pourrait se retrouver en paix avec elle-même, à l'abri de toute tentation comme de toute souffrance.
Elle trouva un bel endroit inhabité sur terre, que nul n'avait jamais trouvé auparavant, caché dans le creux des roches, de la flore abondante et de la faune clémente avec l'éternelle jeune femme. Comme si tout était fait pour y habiter, une grotte lui faisait office de toit, une eau claire et pure coulait tout près et offrait du poisson à foison, la température extérieure était toujours idéale et il y avait autant de belles et rares fleurs que d'arbres fruitiers. Isolé de tout, cet endroit était un véritable paradis que personne ne désirerait quitter.
Enfin, en temps normal. Quand on est accompagné. Parce qu'en fait, seule... ben on s'ennuie à en mourir!
Personne avec qui discuter de son paradis, personne avec qui partager les merveilles qu'elle pouvait voir chaque jour dans son trou perdu... Rien, rien, rien! Mais qu'est-ce qu'elle s'ennuyait, maintenant!
Le temps avait tellement passé. Mais combien de temps, exactement? Elle ne vieillissait même pas! Ses longs cheveux sombres étaient encore plus longs, et de part son régime alimentaire, jamais elle n'eût de corps aussi bien formée à la peau si douce, au regard de rubis si étincelant, ni une forme aussi olympique.
A cause de cela (et de son sang qui ne supportait en rien la monotonie d'un corps esseulé) elle finissait par se demander si elle sentirait le contact des gens différemment d'avant. Etait-elle devenue plus sage, plus mûre, durant tout ce temps? Son coeur était-il enfin allégé? Pouvait-elle retourner dans ce dur monde qui l'avait tellement tourmenté dans le passé entre ses malheurs et ses bienfaits?
*Ce n'est pas en restant dans ma grotte que je le saurais, en tout cas...*
Lorsque cette pensée lui vint enfin à l'esprit, elle comprit qu'il était temps de voyager de nouveau. De son maigre bagage, il ne restait plus grand chose, hormis de l'argent pour acheter des vêtements. Le temps avait eu raison des siens, et il fallait bien qu'elle soit correcte pour retourner dans le monde des vivants. Elle s'était à peine rendue compte qu'elle vivait nue depuis qu'elle avait tout usé. Ne lui restait qu'une chemise qu'elle noua de telle manière à ce que ça lui fasse une robe assez correcte pour être présentable, mais sans rien de plus. Même pas une paire de chaussure ou la moindre culotte ne lui restait.
Elle eut cependant un doute: devait-elle revoir directement les gens de la Terre? Elle craignait quelques peu leur réaction. Après un long moment, elle se décida pour un endroit totalement différent: Terra.
Elle pouvait heureusement y voyager facilement, mais la jeune femme avait omis un léger détail sur elle-même: autant son pouvoir d'imagination réelle lui permettait d'ouvrir une porte n'importe où, autant elle avait autant de sens de l'orientation et de la géographie de Terra qu'une boussole en plein triangle des Bermudes!
Alors qu'un sautait dans le trou d'air qu'elle venait de se créer en tant que passage, elle se mis à hurler quand elle se rappela ce petit "détail".
"Mais quelle idiooooooooooooooooooooooote!!!"
Leïla pouvait pourtant bénir sa bonne étoile: elle ne tombait pas de trop haut, ni dans un endroit totalement paumé: lorsque ses fesses touchèrent terre (tout le monde ne peut pas être doué en atterrissage), elle releva la tête pour voir ce qu'elle n'avait pas vu de tel sur Terre: plein de bâtiments immenses, une ville fourmillant de vie de partout et qui paraissait parfaitement structurée, mais de là où elle était, elle n'aurait su dire comment.
Une drôle d'impression se dégageait de cet endroit.
*Mais où suis-je donc?* se dit-elle en soupirant.
Elle entreprit alors de se relever, constatant qu'elle avait atterri dans un parc, et qu'apparemment, personne ne l'avait vu arriver. Ce qui était une bonne chose. Les bruits de la ville lui semblaient maintenant inconnus, et elle décida de rester alors sur un banc, voyant qu'il n'y avait personne par ici, pour essayer de s'habituer à tout ça, et ensuite, elle chercherait à savoir où elle était.