Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sujets - Enothis/Emaneth

Pages: [1]
1
One Shot / Le prix du savoir [ Pv ~ Red King ]
« le: mardi 27 juin 2023, 14:46:08 »
On ne peut pas dire que les notes d'Enothis étaient aux beaux fixes. Depuis quelques mois, les études avaient tendances à devenir de plus en plus complexe pour l'étrangère à la peau mat, à tel point que ses sujets d'épreuves revenaient assez souvent avec des résultats peu convainquant. Non pas qu'elle ait un père ou une mère sur le dos pour lui faire la morale, au contraire même, ces deux personnes étant encore loin d'elle, en Égypte, en train de suivre les voies d'un culte bien malheureux. En revanche, personnellement, cela la mettait dans un embarras croissant. De ses notations pouvaient dépendre beaucoup de choses, notamment son droit aux diverses bourses universitaires qui lui permettaient de vivre sans qu'elle ne touche à l'argent qu'elle avait récupérée des fonds du culte dans sa fuite. Autant dire que sans ces dernières, il allait lentement devenir évident qu'elle tirait de sa poche une quantité de monnaie bien supérieure à ce qu'elle pouvait normalement se permettre, donc lentement cramer la couverture qu'elle s'était construite pour ne pas être remarquée par ses poursuivants.

En tout cas, pour toutes ces raisons, il allait falloir qu'elle entame de sérieuses remises à niveau. Ce n'était peut-être pas un moyen peu commun dans un monde aussi élitiste que le Japon, mais c'était une dépense supplémentaire qui l'amènerait rapidement à la ruine si elle ne parvenait pas à faire de franc progrès. Le premier et plus évident souci restait sa compréhension de la langue nippone. Elle avait certes fait des progrès pour le parler, devenant de plus en plus bilingue sur ce point à force d'échanger avec ses voisins, la petite dame de la boutique en bas de chez elle, et même avec les différents membres du corps professoral qui la mettait en garde face à ses résultats scolaires... Mais dès qu'il s'agissait de lire les formes complexes des différentes écritures que constituaient le dialecte nippon, alors là, elle se perdait rapidement, ne comprenant généralement qu'une moitié des instructions qui lui étaient données par copie. S'il fallait qu'elle fasse un pas vers un meilleur travail, cela ne pouvait commencer que par ce point.

Aussi se mit-elle à d'intenses recherches, à la fois sur le campus mais aussi à l'extérieur du milieu scolaire, en quête d'une personne pouvant lui prodiguer un enseignement complet vis-à-vis de ce manque personnel de compréhension littéraire. Une bonne partie de ces observations ne menèrent qu'à la désillusion. Non pas qu'elle ne s'était pas attendue à des salaires un peu élevés, mais il devenait évident à mesure qu'elle s'informait que le milieu de l'enseignement spécialisé était atrocement cher, bien plus qu'elle n'aurait put se l'imaginer. Il fut évident, en quelques soirées de recherches sur le net, qu'elle ne pouvait tout simplement pas se permettre de prendre rendez-vous auprès d'un tuteur privé, tandis que les classes d'approfondissements représentaient un challenge bien trop important comparé aux attentes de l'égyptienne, les objectifs de ces dernières étant non pas d'apprendre mais de se spécialiser au vue d'études linguistiques supérieures. Elle dut donc rapidement se rabattre sur d'autres systèmes d'apprentissages, notamment ceux déjà existants à l'intérieur du complexe d'enseignement de Seïkusu.

Elle avait le choix alors. Le tutorat  auprès d'étudiants plus âgés, ou alors se tourner vers un professeur pour obtenir éventuellement des cours supplémentaires. Autant dire qu'il n'y avait pas là de grandes possibilités, plutôt un choix restreint, mais celui-ci ne faisait pas vraiment douter la pauvre demoiselle en grand besoin d'améliorations : Vu le harcèlement scolaire qu'elle avait subie à son arrivée, notamment à cause de sa couleur de peau, mais aussi des idées préconçues qu'ont la jeunesse japonaise envers les étrangères (notamment sur la légèreté de leurs moeurs), elle se voyait mal faire la demande auprès d'autres étudiants pour s'améliorer. Rapidement après cette décision, elle contacta donc l'administration du lycée pour entamer une démarche de soutien scolaire, expliquant en moults détails qu'elle souhaitait obtenir une remise à niveau linguistique afin de parfaire sa compréhension instinctive de la langue, non sans parler d'enfin pouvoir comprendre les tâches et exercices qui lui étaient confiés.

Son dossier fut pris en charge, communiqué à la population enseignante, puis ... on lui trouva quelqu'un : M.Araki Totsuo.

*
*   *

Après un bon mois de cours supplémentaires, les mardis et les vendredis après les cours, Enothis commençait enfin à pouvoir définir un peu l'enseignant qui s'était porté garant du redressement scolaire de l'égyptienne. Sévère, en soi, était un mot qui pouvait le définir, mais la demoiselle à la peau cuivrée ne s'en indignait guère, bien au contraire : Au moins, il n'y avait pas de fausse gentillesse envers elle quand elle se loupait, il lui mettait clairement le nez dans ses erreurs afin qu'elle parvienne à s'en souvenir et ne pas les réitérer. Ainsi, elle présentait enfin des formes de progrès, quelque chose qu'elle ne pouvait s'empêcher de se féliciter pour. En revanche, il y avait comme une sorte de gêne dans la salle de classe depuis une semaine, et pour cause, son enseignants commençait lentement à se poser quelques questions qu'elle trouvait effectivement logique d'amener sur la table, mais qui la mettait dans un certain embarras. Quand il mentionna son manque évident de maîtrise de la langue, elle ne put que lui répondre que ses autres capacités avaient été jugées suffisantes pour lui permettre de demander l'enseignement au Japon. Par contre, quand il lui posa la question de son âge, elle dut s'enfoncer pour que son mensonge tienne la route, se donnant quinze années plutôt que les quasi dix-huit dont elle approchait.

Mais avec un peu de chance, cela n'allait pas se reproduire. D'ailleurs, il était déjà dix-sept heure, aussi il était temps pour Enothis de quitter sa chaise à la bibliothèque et de monter les deux étages de l'établissement pour enfin poser le pied sur le long couloir qui menait jusqu'aux bâtiments de l'enseignement supérieurs. Monsieur Araki ne faisait pas partie des professeurs du lycée, il gérait plutôt les étudiants diplômés depuis plus de trois ans dans la conception de leurs études universitaires, notamment linguistiques et philosophiques. En soi, encore une fois, Enothis n'aurait pas put rêver d'un personnel plus compétent pour s'améliorer. En revanche, cela voulait dire qu'elle avait à traverser une bonne partie du campus pour pouvoir rejoindre la salle où l'homme dispensait son savoir en journée. Le mardi, elle croisait parfois un peu de monde, mais les vendredi, comme aujourd'hui, l'ensemble des couloirs étaient absolument vides. Parfois il y avait le personnel s'occupant du ménage, mais c'était bien tout ce qu'elle pouvait rencontrer sur le chemin.

Enfin, elle arrivait devant la pièce. Sac en bandoulière sur l'épaule, elle frappa doucement à la porte tout en regardant sa montre : 17h20, parfait, elle avait dix minutes d'avance.

" Bonjour, c'est Enothis, puis-je entrer ? "

2
Le coin du chalant / Trames de Pavé-man (Any% all Characters)
« le: jeudi 12 mai 2022, 23:34:12 »
Pourquoi je me motive à des heures pas possibles pour faire ce genre de projets.

Bonjour mesdames et messieurs et bienvenue dans ma petite antre personnelle servant ENFIN à vous donner à la fois l'ensemble de mes persos, ainsi que l'ensemble des possibilités qui y sont liées. Ce d'afin, éventuellement pouvoir vous allécher sur les éventuelles occasions de rps avec eux !

Note, ces éléments et listings sont non-exhaustifs. J'ai toujours tendance à trouver des possibilités diverses et variés avec un peu de réflexion et de discussion.

Attention nous sommes partis :




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One-Shots


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Et voilà donc l'ensemble du résumé. Toutes ces possibilités, ces trames, sont finalement plus des grandes lignes de ce qui est jouable plutôt que des histoires précises. Elles sont modifiables, combinables, voir même un simple tremplin vers nombres de possibilités. Inspirez vous en et venez me voir pour discuter. Par Mp, ou par discord, je suis un Binturong difficile à louper.

Bonne journée, ou bonne soirée à tous, et j'espère que la lecture ne vous aura pas été trop difficile, j'ai essayé de faire concis.

3
Enothis se réveillait, grogie, de sa première nuit au ryokan Doux-Soleil. Autour d'elles, ses camarades dormaient encore paisiblement dans leur futon, elle était la première à avoir ouvert ses mirettes, chose qui finalement ne l'étonnait guère. Elle avait vécue des époques bien moins douces que ce que ses amies connaissaient au quotidien, et le fait de pouvoir dormir paisiblement, de pouvoir se délacter dans le sommeil du juste jusqu'à des heures déraisonnables, n'était guère une habitude qu'elle avait put prendre alors qu'elle servait d'égérie à un culte égyptien. Elle aurait put en profiter pour parler à Emaneth, mais ne voulait pas risquer de se faire voir en train de discuter toute seule. Tout au plus, elle se mit lentement sur ses jambes, sortant des draps du futons avec lenteur et discrétion, pour alors se diriger en direction de la fenêtre la plus proche. Décalant lentement le panneau coulissant, elle s'ouvrit un point de vue privilégié sur les terres d'Oruga-Samu, une principauté proche de Seïkusu. Et quel magnifique spectacle que celui-ci, alors baigné par le soleil levant.

Les terres de cette principauté étaient restées passablement inchangées au fur et à mesure des années, une chose que malheureusement Seïkusu n'avait pas sut faire, cette dernière s'étant lentement érigée en ville de première ordre de l'archipel nippone. Ici, l'égyptienne trouvait avec plaisir ce qu'elle avait tant espérée découvrir en venant se réfugier au Japon : une terre de spiritisme, aux panoramas particulièrement influencés par les saisons, offrant des variances de couleurs et de paysages multiples, le tout baigné dans un spiritisme ancestral particulièrement respectueux de la nature et du monde des bêtes. Rizières, champs aux loin, montagnes plus après, l'ensemble de ces lieux avaient de quoi éveillé l'esprit, lui donnait l'impression de faire un voyage dans le temps à mesure qu'elle se laissait aller à ses contemplations matinales. Décidément, elle avait longuement hésitée à donner son accord, mais depuis son arrivée sur place, hier, avec les autres classes, elle était ravie de s'être laissée convaincre de faire cette sortie scolaire. Mais déjà, lentement, le monde se rappelait à elle et la tirait de ses rêveries, en la personne de Mitori qui lentement quittait son propre futon :

" Enothis ? C'est toi qui a ouvert la fenêtre ? Fait froid tu sais ? "

La voix de sa camarade faisait un bel écho à sa mine ensommeillée, la jeune femme ne devait pas avoir eut suffisamment de repos à son goût. Enothis aurait bien put lui dire qu'elle les avait prévenue hier soir, que de jouer à des jeux de société jusqu'à tard ne pouvait que les amener à se réveiller péniblement. Sans parler de ne pas être suffisamment en forme pour profiter de cette seconde journée de voyage scolaire, ce qui aurait été passablement désagréable aux yeux de l'égyptienne. Mais dans le fond, elle s'imaginait que de faire un petit tour dans les villages voisins devaient déjà être une habitude pour ses collègues, aussi était-elle sûrement la seule à être réellement dépaysée par cette excursion. Enfin, se retournant vers son amie, dont la bouille endormie commençait enfin à s'illuminer dans son habituel air mutin, Enothis se permit de lui sourire doucement avant de lui répondre. Elle en profita en même temps pour délicatement refermer le battant, moyen de lui assurer peut-être un peu plus de confort concernant la température qui semblait la déranger :

" Bonjour Mitori, tu as bien dormie ? Oui, j'avais envie de voir un peu le spectacle, nous sommes arrivées tard hier, on ne voyait plus grand chose depuis les fenêtres. Ce qui était un peu dommage à mon goût pour *le Ryokan avec les meilleures vues de tout Oruga-Samu*, tu ne crois pas ? "

La chambrée s'éveillait au bruit des discussions entre Enothis et son amie, tant et si bien que chacune put commencer à s'habiller et se préparer pour rejoindre lentement la salle principale. Si le Ryokan avait gardée sa méthode traditionnelle pour le repos, les repas pour les groupes nombreux se faisaient en revanche dans une seule et même pièce, ce qui permettait au personnel de ne pas perdre des heures de travail en service. Les classes se réunirent finalement rapidement, chacun allant de sa petite histoire sur ce qu'il s'était passé dans la nuit, les ragots sur les petites aventures nocturnes des uns et des autres lors de ces moments de friponneries où les élèves pouvaient enfin avoir quartier libre, malgré la surveillance relativement rapprochée des enseignants. Bien honnêtement, Enothis cherchait à ne pas s'en mêler, les premières rumeurs qu'il y avait eut à son sujet lors de son arrivée au lycée Mishima, notamment celle comme quoi les étrangères avaient des moeurs bien légères, ayant été déjà bien suffisamment ardues à faire disparaître. A la place, elle s'installa simplement à l'une des tablées, se laissa servir son petit-déjeuner, puis entama de se rassasier avant d'attaquer la journée.

Entre deux bouchées de riz et une goulées de soupe miso, elle vit le professeur principal de sa classe monter sur l'estrade en fond de salle, se racler la gorge, et appeler au silence. Dans un moment d'exemplarité nippone, tous se turent en quelques secondes, permettant alors à l'homme de s'exprimer de manière audible sans avoir à hurler :

" Bonjour à tous. Comme vous le savez, nous allons avoir différentes activités aujourd'hui, aussi je vous demanderai d'écouter attentivement. Les classes de premières et secondes années iront faire une visite du temple d'Oo-masu, tandis que les classes de troisièmes années seront invités à découvrir les entreprises locales de scieries et de menuiseries traditionnelles. Si par le plus grand hasard vous voulez tenter d'inverser vos places, trouvez un élève qui souhaiterait échanger sa place avec vous, puis communiquer nous cela à la table des professeur. Nous partirons dans une heure, donc ne tardez pas. C'est tout pour moi, merci. "

Les discussions reprirent assez rapidement, quant à Enothis, elle retourna à son repas. Le temple hein ? Cela lui convenait parfaitement, aussi ne comptait-elle pas changer de groupe, elle qui était en première année malgré son âge. En revanche, ses amies étaient déjà partie chercher un moyen d'échanger leurs places... Visiblement, nombreux étaient ceux qui avaient déjà visiter le temple, aussi l'envie de découvrir autre chose primait sur la possibilité de trouver un endroit calme et sain. Tant pis, l'égyptienne se dit qu'au moins, elle pourrait parfaitement en profiter sans avoir la moindre distraction. Et sur cette idée, elle put finir son petit-déjeuner avec satisfaction, sans parler de la hâte de se mettre en route.

4
Aujourd’hui …. Était de ces jours relativement exceptionnel. Pour être tout à fait honnête, il s’agit de ces jours que l’on marque généralement d’une pierre blanche. Du moins, lorsque l’on connaît les habitudes fort peu dépensières d’Enothis ! Car oui, en cette belle journée de samedi, en cette belle fin de semaine avant que n’approche les vacances printanières, la jeune égyptienne s’était laissée tenter par une de ses camarades de classe. Cela remontait d’ailleurs au milieu de la semaine. Oshizu, une élève de sa classe qui avait, depuis quelques temps, cherchée à se rapprocher de l’étrangère, avait finalement fait le choix de mettre les pieds dans le plat, et de l’inviter à une sortie entre fille, organisant par la même occasion une petite séance shopping avec deux autres amies, sûrement afin de ne pas rendre les événements trop étrange pour l’égyptienne. Enothis, de prime abord, ne s’était pas vraiment sentie à l’aise à cette idée. Non pas qu’elle ne puisse pas vraiment sortir avec des camarades de classe ou des amies, mais parce que depuis son arrivée à Seïkusu, elle s’était plus ou moins restreinte à son appartement et ses déplacements pour aller en cours, voulant passer le moins de temps à l’extérieur de milieu … que l’on pouvait catégoriser de sûr. Mais face à l’engouement de la jeune fille, de son air décidé, et du petit brin de courage qu’elle avait sut déceler dans cette entreprise soudaine, elle n’avait pas eut le coeur à lui refuser sa participation. Ainsi, peu après, elle lui avait donner son accord, la promesse d’être présente en cette journée, ce qui avait occasionné quelques craintes, mais l’amenait aujourd’hui à attendre impatiemment le début des hostilités…

Elle s’était levée avec la même lenteur que d’habitude, mais la petite croix rouge sur son calendrier l’avait rapidement rappelée à l’ordre, si bien qu’elle s’était empressée de se préparer. Une belle tenue, quelque chose peut-être d’un peu moins masculin que d’habitude, fut sa première idée pour se vêtir, puis elle observa rapidement sa garde-robe, avant de finalement se dire qu’elle ne pouvait clairement pas se laisser aller à pareille facétie. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’une grande majorité de ses jupes et robes restaient bien trop élaborée ! Normal dans le fond, c’était là le reste de ses tenues rituelles, l’ensemble de ce qu’elle portait quand elle n’était encore qu’une simple figure de Foi, une jolie poupée que l’on présentait comme une élue sans jamais que ne soit réellement mis en avant son existence ou sa personnalité. Alors bon, entre les voiles, les tenues brodées de fil d’or, ou les longs oripeaux religieux, il n’y avait rien qu’elle ne puisse porter lors d’une éventuelle sortie avec de simples camarades qui faisaient leur vie tout naturellement et tout simplement dans la cité nippone, loin des considérations religieuses et politiques qu’Enothis avait connue dès l’enfance. Donc elle dut rapidement se rabattre sur des tenues qui étaient …. Eh bien moins féminine, plus provocante même si on se laissait la possibilité d’écouter les paroles vieillottes et conservatrices de l’adulte japonais moyen. Un short blanc, un débardeur et un veston par-dessus, et puis l’on pouvait ajouter à cela des baskets, comble du confort pour la jeune femme, mais qui avait souvent peu d’attrait pour les autres « respectables » membres de la société nippone. Tant pis, elle était un peu déçue de ne pas être plus « passe-partout » mais elle allait faire avec. Après tout, c’était peut-être aussi ce genre de tenue qui lui allait le mieux, alors autant l’accepter.

Un bon déjeuner dans l’estomac, une tasse de thé, et la voilà déjà à quitter son petit appartement. Elle n’avait pas vraiment beaucoup de temps devant elle, et quitte à être présente un peu en avance, elle préférait attendre plutôt que de voir l’ensemble de ses camarades réunies avant même qu’elle ne soit arrivée. Tout en appliquant l’habituelle trajet pour atteindre le centre-ville, elle observa les arrêts défiler depuis sa rame du tramway avant de voir passer celui où elle descendait normalement pour rejoindre son lycée. Mais aujourd’hui, point besoin de répondre à son envie de sortir, elle avait encore cinq autres arrêts avant de finalement quitter le milieu bondé, et de s’élancer dans les rues de la cité nippone. Dans ces moments là, seule mais dans le brouhaha permanent, elle avait tendance à discuter tout bas avec sa compagne de vie, Emaneth, pourtant aujourd’hui, l’ensemble de son trajet se fit dans le silence complet. Sa « moitié » était en repos. Rien de bien grave, mais les récents événements qu’elle avait connue, depuis son arrivée au Japon, avait largement atteint les réserves d’énergie de la Djinn, tant et si bien qu’en dépit de leur habituelle prudence, elles avaient jugées toutes les deux bons que l’esprit du désert prenne son temps afin de se ressourcer, de récupérer. Qui sait, peut-être qu’elles auront d’ici peu l’une de ces configurations stellaires permettant, par quelques incompréhensibles raisons, à la Djinn de reprendre l’ensemble de sa forme et de son activité. Mais pour l’instant, en lieu et place des réponses qu’Enothis recevait normalement, tout ce qu’elle pouvait entendre dans son esprit était le long et bas ronronnement de sa compagne rêvassant paisiblement.

Aussi, quand elle arriva bien en avance, ce fut pour s’installer sur un banc, et attendre paisiblement, dans le calme, observant les passants et les élèves vacanciers faire leur petite vie. Ce fut presque comme si elle était soudainement devenue une personne parfaitement commune, des plus normale et banale. Sincèrement, ce n’était pas un mauvais sentiment. Ni une sensation désagréable. Elle aurait rêvée de cette normalité suffisamment de fois pour que la situation actuelle ait presque un semblant de paradis dans l’aspect. Dès lors qu’elle vit ses camarades de classe s’approcher, elle se présenta à nouveau, comme si elle n’avait que pour la première fois l’occasion de les rencontrer, une réaction qui en fit sourire deux sur les trois, puis elles passèrent la matinée à se balader, tantôt pour se poster devant les magasins et observer les beaux habits qui s’y trouvaient, tantôt pour s’arrêter devant un restaurant ou un café, observant la carte et décidant si l’une des consommations pourrait les intéresser après leur marche. Finalement, ne s’y connaissant que très peu, Enothis se contenta de suivre, donnant de temps à autres ses avis, bien humble pour l’occasion. Visiblement son goût pour les tenues n’était pas franchement le même que celui de ses amies, mais cela amena des discussions relativement intéressantes, certaine cherchant à connaître la vision de l’égyptienne, l’une notamment appuyant la question de savoir ce qu’appréciait porter les gens de son pays. Autant dire qu’Enothis se sentit bien mal à l’aise quand elle leur expliqua que vivant dans un lieu plutôt éloigné des grandes villes, elle ne pouvait guère les informer sur la mode des pays arabiques et maghrébins.

Finalement, elles trouvèrent place à un café proposant boissons diverses, gazeuses, sucrées ou alcoolisées, tant et si bien qu’elles se détendirent autour des préférences de chacune en terme de collations, avant de chercher un lieu où déjeuner. C’est là que la discussions prit soudainement uen tournure … surprenante :

« Dis, Enothis… Je ne sais pas trop comment l’amener mais… Tu n’aimerais pas les femmes par hasard ?
- Pffffrrrr que que … Quoi ? »

Sans explications, Oshizu venait d’amener cet étrange sujet sur le tapis alors que l’égyptienne était en train de prendre une grande gorgée du café au lait qu’elle avait commandée. Autant dire qu’elle manqua s’étouffer et eut l’instinct de déglutir avant de s’étouffer sous la surprise. Le pire fut qu’au-delà de cette question somme toute intéressante, même si un peu déplacé, la jeune femme remarqua que les discussions entre ses deux autres camarades de classe avaient alors immédiatement cessée, comme si le goût de la rumeur et l’arôme de l’information juteuse venait de faire vibrer leur sens. Rougissante, la jeune femme à la peau bronzée ne put s’empêcher de détourner le regard, comme si on venait de la prendre sur le fait d’une action délinquante, puis se rendit compte qu’en se comportant de la sorte, elle ne pouvait que paraître plus suspecte pour ses camarades, et donc par là sceller la discussion sans retour réel de sa part, mais un aveu sous-jacent qui pouvait en dire bien plus que ce qu’elle ne ressentait vraiment à ce propos. Alors elle posa sa tasse, balbutiant un peu, tout en ronchonnant, avant de finalement mettre de l’ordre dans ses mots, reprendre le contrôle de sa langue et de son sang-froid, puis de présenter sa version des choses :

« Je… Oui et non en fait. Dans le fond j’ai pas vraiment d’attachement au fait qu’une personne soit un homme ou une femme. Disons que je peux être attirée par les deux ? Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Bah… Le fait que certains élèves t’ont déjà fait des avances et que tu as refusée… Il y a aussi cette histoire avec Nakajima-senpaï, ça a fait du bruit dans le fond. Il paraît que tu as eut une échauffourée avec un homme en ville, et puis … Eh bien disons que quant tu ne portes pas ton uniforme tu as des choix plus … masculin ?
- Eh beh … Première fois que j’entends ça pour les élèves qui seraient venu me voir pour me « faire des avances ». Le reste je crois voir. »

Gênée, elle se reposa sur sa main de manière à cacher un minimum son visage. Plus qu’à espérer que cette discussion soit effectivement sans autre arrière-pensée… Ou qu’une oreille traînante n’y trouves pas de mauvaises motivations pour se lancer.

5
One Shot / Une proie pour en chasser une autre { Pv ~ Setyhs/Tetyhs }
« le: mardi 05 janvier 2021, 16:37:57 »
« Bonjour madame Mueller. Nous sommes ravis que vous ayez acceptés de répondre à notre demande. Je vous en prie, asseyez-vous, nous allons vous communiquer les détails sur la mission que nous souhaitons vous confier. »

Le bureau où elle se trouvait était du plus pur style tekhan. Milieu sobre et vide, les murs blancs faisait la concurrence à une moquette rase d’une couleur pâle, un bleu qui n’allait décidément pas avec le ciel que l’on pouvait entrapercevoir depuis la baie vitrée qui lui faisait face. Belphégor ne fit pas mine de se faire prier par ses commanditaires, et à l’invitation de l’hôtesse qui se trouvait à l’entrée, fit les quelques pas qui la menèrent à la table ovale qui ornait le centre de la pièce avec toujours autant d’originalité, avant de s’asseoir en son extrémité dans un mouvement simple et ordonné. En face d’elle, deux femme se trouvait de chaque coin de la table. D’abord, Amira Greysnoff, une membre éminente du bureau d’immigration de Tekhos, connue pour sa dernière purge, il y a sept années, des faubourgs de la ville, et notamment une bonne partie du quartier terranide qui s’y était formé. Finalement, la phrase la plus marquante de cette politique aux cheveux parfaitement lisse et blond malgré son âge, preuve d’une méticuleuse utilisation de la chirurgie esthétique, avait été, en vingt années de carrière : « Que notre pays et notre civilisation ne sauront s’avilir par la présence de bêtes ignorantes dans les rues de notre capitale ». De l’autre côté, Sheïd Hetournis, dirigeante d’une société dont les activités locales étaient le tourisme exotique, une autre manière de parler d’incursion hors Tekhos pour des familles fortunées en recherche de divertissement.

Cette paire improbable se côtoyait pour des raisons autrement moins commode, et il s’agissait là de la raison principale de la présence de la mercenaire aux cheveux de sang. Belphégor n’avait pas accepter ce contrat pour la prime excellente qu’elle représentait, ni même pour se mettre dans la poche deux hautes mains de la société Tekhane. Non, elle était là parce que quelques rapports, notamment parmi les forces armées, témoignaient de déplacements illégaux dans les montagnes Ouest du pays, en direction de l’Empire d’Ashnard et de ses principautés avoisinantes. Si les soldats avaient témoignés avoir été tenu au silence, de nombreux autres avaient décidés de faire remonter leurs observations aux bureaux supérieurs de répression des actes frauduleux non-scientifiques, ce qui avaient amenés à l’emploie d’une enquêtrice non-agréée par l’État : Elle. Bien sûr, elle avait acceptée cette première mission, ce qui l’amenait à cette seconde. Elle comptait participer activement aux activités de l’entreprise afin de mettre à jour les comportements illégaux de celle-ci. Et grâce aux précautions des bureaux de son premier emploi, elle n’avait pas eut à s’inquiéter que les deux dames qui lui faisaient face ait put, en quelques occasions, remonter les traces de sa précédente entrevue. Autrement dit, elle était là, blanche comme neige, prête à parler d’un boulot sûrement inquiétant, voire complètement écoeurant moralement, et qu’elle devra remplir pour paraître parfaitement honnête, ce qui lui permettra d’approcher un peu plus de son objectif premier. Ne restait plus qu’à apprendre de quoi il s’agissait.

« Bonjour madame Mueller, et merci d’être venue. Nous vous avons contacter sur le conseil de personnes pour lesquels nous avons toute confiance, et souhaitons donc vous embaucher pour une mission de prime importance. Vous comprendrez bien que l’ensemble de nos échanges, ainsi que la teneur de votre travail, devrons rester entre ses murs. La moindre information sortante sera considérée comme une rupture de contrat, et nous n’aurons alors plus besoin de vos services. Sommes nous déjà en accord sur ce point ?
Soyons parfaitement clair, je ne me déplace pas sans raison. Je suis ici pour accepter votre offre, et je connais particulièrement bien le fonctionnement des contrats d’ordre G. Peut-être vous sentez vous le besoin de le rappeler, mais j’aurais alors bonne intention de vous rappeler que je ne me tiens pas parmi les élites du mercenariat Tekhan depuis quasiment vingt années pour rien.
Hum, pardonnez donc cette digression professionnelle alors. Très bien. Madame Greysnoff, pouvez vous sortir les documents s’il-vous-plaît ? »

Que ce soit la politique qui sorte les documents l’étonnait déjà un peu plus. Elle avait déjà eut à faire avec des coups montés, ou des entreprises frauduleuses qui voulaient faire connaître de « nouvelles expériences » à leur clientèle chérie, mais de là à ce que ce soit une personne reconnue publiquement qui ait sous la main ses documents de mission, là c’était une première. Et elle n’appréciait pas vraiment cela. Si Amira Greysnoff était à l’origine de cette foire, cela allait compliquer énormément sa marge de manœuvre plus tard, et cela de manière passablement dangereuse même. Faire tomber une entreprise entière avec ses employés à Tekhos, ce n’était pas un grand mal, une nouvelle idée fleurissait le lendemain et le siège était racheté dans la foulée. Attaquer une personne d’autorité publique avec du pouvoir et des influences sur le monde Tekhan… Ce n’était pas la même affaire. Enfin, elle n’était plus en position de réfléchir au bourbier dans lequel elle s’était mise. Elle avait encore bien des connaissances dans le milieu, ainsi que le support de ses premiers employeurs, et éventuellement quelques moyens d’agir dans l’ombre. Tout allait désormais dépendre de son contrat, qui lui fut glissé sur la table. Une belle pochette grise avec un scellé automatique. Le genre d’attirail que l’on s’offre pour ranger son linge sale à l’abri des regards, la matière de la pochette étant du même acabit que celle avec laquelle on fait les tenues de l’armée. Pas un truc qui se déchire à la main en somme. Belphégor attendit que l’une de ses interlocutrices déverrouille le scellé à l’un d’un pass à empreinte qu’elle devait avoir sur elle, puis elle sortie les documents sur la table. Un paquet d’instructions, et … un résumé personnel d’une jeune femme, visiblement terranide.

« Nous souhaiterions que vous trouviez et récupéreriez cette ressortissante terranide. Les raisons de cette chasse ne vous sont pas communiquée, considérez donc qu’il s’agit là d’une action rapide. Trouver, maîtriser, livrer.
Elle ne semble pas dangereuse. Même si elle peut utiliser la magie, comme bon nombre des non-Tekhan, au vu de son âge elle ne doit guère en avoir une maîtrise particulière. Hormis le fait que ce soit une terranide, rien ne suggère une importance telle qu’elle nécessite mon emploi.
La dernière zone où elle a été vue, si.
Comment ça ?
Cette cible… Se trouve sur Terre. »

Cette mention fit tiquer la mercenaire. Relevant son regard des fiches et consignes pour alors observer le visage de ses commanditaires, elle put y lire le fait qu’elles s’étaient permises cette information en connaissance de cause, et donc qu’elles avaient pleine conscience de trois choses : La Terre existe, il existe des passages invisibles pour s’y rendre, et que Belphégor avait déjà eut l’occasion de s’y rendre. Autant d’informations qu’il ne faisait pas bon de voir mise sur la table par des personnes capable de l’engager sous un contrat d’ordre G. Au moins cela commençait effectivement à sentir le roussi, et considérant que la mercenaire aux cheveux de sang haïssait le moindre voyage sur Terre, notamment à cause de la propension d’ho.. de mâ.. d’êtres de genre masculin, cela promettait une mission en fil tendu. Au moins elle pouvait parler honnêtement sur ce genre de point, et faire-valoir ses avis sur la question… Mais rare sont les employeurs qui affectionnent ce genre de liberté de la part de « simple mercenaire ». Aussi s’arrêta-t-elle à un haussement de sourcil, puis rangea-t-elle l’ensemble des documents avant de se relever de sa chaise avec dignité, le dossier sous le bras.

« Combien de temps ?
Au plus tôt.
Ce à quoi je m’attendais. Mesdames, au revoir, je vous contacterai une fois la mission aboutie. »

*
*   *

« Tu penses vraiment que c’est une bonne idée Bel’ ? Nous aurions dût emmener K’leir.
Je passerais pour une dingue avec deux tronçonneuses au bras. Et je ne parle même pas de l’attirail que je devrais transporter pour vous cacher en me déplaçant. Non, aujourd’hui, on fait ça en duo Ter’er.
Ouaip, bah je le sens mal. Puis la moitié des gens me bousculent. »

Ter’er, son compagnon de toujours, était actuellement enfermé dans un grand sac à dos sur lequel Belphégor s’était avachie tout en réfléchissant. Seïkusu était le principal lieu accessible par portail, aussi il était difficilement imaginable qu’une cible Tekhane se trouve autre part qu’en cette cité. En revanche, la ville ne manquait pas d’être relativement grande, même si infiniment moins que Tekhos, ce qui faisait que la mercenaire savait pertinemment qu’elle allait mettre du temps à la trouver. Elle en était à trois jours d’actives recherches, et elle avait éliminée déjà deux quartiers résidentiels qu’elle avait passée au peigne fin, de jour comme de nuit. La tronçonneuse dans son sac, en revanche, commençait à être passablement fatiguée du trajet, et se mettait donc à se plaindre, à geindre, à grogner, voire à lui sortir quelques propos inacceptables dans le but de la faire sortir de ses gonds en public. Elle avait manquée rouer de coup son associée de toujours dans une ruelle quand celle-ci avait suggérée d’un ton gauguenard qu’elle devrait sucer le mec qui avait tenter de la draguer. Bienheureusement elle s’était calmée avant de passer à l’acte. Enfin, remettant le sac sur son dos, elle se mit en chemin de nouveau, et commença à se diriger vers le complexe scolaire de Seïkusu. Sur les infos, la demoiselle qu’on lui avait demandée de trouver était jeune, aussi il était potentiellement possible qu’elle la trouve parmi les étudiants, si encore elle pouvait la remarquer au milieu d’une foule de gamin ahuri et de tout sexe.

« Putain, heureusement qu’on ne fraye pas avec les pays phallocentré… Je crois que je finirai par pratiquer un bon génocide.
Femme et enfant avec ? Allons, penses à ton père, et tes demi-frè…
Ferme ta gueule Ter’er, c’pas parce que je suis diminuée de moitié sans K’leir que j’peux pas te faire ravaler tes paroles.
C’toi la chef Bel’ ! »

Il lui fallut quelques temps pour atteindre le complexe scolaire, et tout autant de temps pour trouver un lieu où elle pouvait s'installer pour s'assurer de garder dans son champ visuel l'immense sortie de cette zone. Techniquement, une autre devait exister, mais en sachant que celle qu'elle avait choisie de surveiller était celle qui permettait d'atteindre les les transports en communs, elle se doutait qu'une jeune femme l'emprunterait rapidement sans même chercher à se perdre en quelques inconvenantes balades. C'est donc du haut d'un immeuble voisin qu'elle fit son observation. C'était entre elle et sa proie, l'instant où l'une ou l'autre ne serait pas assez vigilante, et la mercenaire avait pleine conscience que nulle enfant ne saurait se croire suffisamment en danger pour établir quelques chemins prudents pour rentrer chez elle. Aussi, ce n'était qu'une épreuve de patience de sa part, tout particulièrement ardue toutefois en considérant la présence malhabile et grossière de Ter'er, dont les propos les plus outrageants avaient souvent la tendance de la faire sortir de ses gonds au pire moment. Pourtant cette dernière resta calme, sûrement la menace de plus tôt qui lui avait cloué les boulons. Alors le temps s'écoula avec la même lenteur que les derniers jours, non sans que la femme ne s'amuse parfois du comportement des gamins sortant depuis le large portail du complexe. Ce n'était pas parce qu'elle était androgyne et plus âgée qu'elle ne pouvait pas louer la fraîcheur de vivre de ces jeunes gens après tout, et le spectacle se trouvait parfois divertissant... Du moins jusqu'à ce qu'elle la remarque !

« Oh tiens, te voilà. Décidément, cela n'aura vraiment été qu'une affaire de patience. Dire que je m'attendais à camper ici les prochains jours. »

Dans la rue, au plus bas, elle observa d'un oeil fin de prédateur la forme délicate de la jeune femme. Belle de la fraîcheur de l'enfance encore sereine, au visage souriant, la mine dénuée de trouble, celle qui cachait avec une science certaine ses appendices vulpins vagabondait gaiement en dehors de son établissement, échangeant calmement avec ses amies, sans se douter de la présence belliqueuse de la mercenaire aux cheveux de sang. La prendre en filature fut chose si aisée que la tekhane manqua se demander si elle n'était pas là pour quelques activités de vacance. Elle lui emboîta le pas d'une rue de distance, et emprunta ensuite la même voie de tram qu'elle pour se retrouver assez rapidement dans le même wagon que cette drôle de demoiselle aussi délicate qu'inconsciente. En à peine trois quart d'heure, elles s'étaient toutes deux tant éloignée du coeur de la ville que Belphégor manqua se demander si elle ne le faisait pas exprès, mais elle ne chercha même plus à se poser la question une fois qu'elle la vit passer par un large terrain vague pour atteindre une autre partie de la cité. Ou elle l'avait remarquée et se pensait en mesure de la défaire de face, ou elle était décidément très loin de croire en l'existence d'un potentiel danger pour elle. Tant pis, la mercenaire n'allait pas laisser sa proie aller plus loin, le lieu où elles se trouvaient était largement trop propice à sa mission.

Elle sortie son arme, et d'un mouvement agile, puissant, trancha un pan de mur à l'entrée même du terrain vague. Sa main en attrapa le rebord, et c'est de force brute qu'elle projeta le lourd et épais morceau de béton à l'intérieur de la surface vide que traversait Setyhs. Quand celui-ci retomba, ce fut deux mètres devant la jeune renarde, tandis que la mercenaire avança lentement hors de sa cachette, se plaçant devant l'entrée, comme pour signaler à la jeune femme son impossibilité de fuir.

« Bonjour petite kitsune. Désolé pour toi mon enfant, mais je vais devoir te demander, sans autre formes de protestations, que tu m'accompagnes. Crois moi, j'aimerais éviter de faire plus amples démonstrations de mes capacités. »

6
Le temple Shinto / Aux prières d'une nuit enneigée { Pv ~ Klaus }
« le: mardi 05 janvier 2021, 16:17:30 »
Seïkusu sous la neige était de ces spectacles que l’on ne peut qu’apprécier. Alors certes, il fait froid, on finit généralement trempé jusqu’à la moëlle, et on ne peut se déplacer aussi facilement que d’habitudes, mais dans le fond, cela passe en arrière-plan face à la beauté du spectacle. Encore plus pour Enothis. La jeune femme ayant passée sa vie dans le désert, son premier contact avec les océans nivéens se faisait ici, et on ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas émerveillée. Les premiers jours, elle avait manquée se geler les mains à force de jouer avec, les yeux pleins d’étoiles à mesure qu’elle façonnait le trésor gelé avec amusement. Puis elle avait apprise à se contenir un peu plus, à faire un peu main basse sur son âme d’enfant pour simplement contempler cette chute de petits diamants avec une simple mais honnête fascination. La découverte du vent froid sur ses joues, de la boisson chaude à la main, et des lourds flocons qui s’échappent des ténèbres pour glisser devant ses yeux alors qu’elle est accoudée à la rambarde devant sa fenêtre. Comme si elle était sortie de son monde pour en découvrir un nouveau, plus féerique, plus magique, peut-être quelque chose même qui se rapproche du domaine naturel d’Emaneth, même si la Djinn ne semble guère vouloir répondre à cette interrogation de la jeune égyptienne. En tout cas, elle y découvrait là une forme d’apaisement qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps, et avec celle-ci, quelque chose d’autre fit mine de tirailler un peu son coeur, de la rappeler à quelque-chose qu’elle n’avait plus l’habitude de respecter : sa Foi.

Enothis était croyante. Ce n’était pas un secret, et même si l’attitude de sa secte, et tout particulièrement de l’erreur de la nature qui en sert de chef, n’avait guère eut l’occasion de la réconforter dans ses religieuses intentions, elle conservait en son coeur ces espérances quant à l’existence de forces supérieures. La Djinn qu’elle abritait était en soi une belle preuve de ce genre de choses, et même si la belle étrangère à la peau de bronze pouvait différencier la nature ésotérique de sa compagne de vie d’une réelle source de divinité, elle conservait toutefois son égard pour les travaux de ceux qui, Très-Haut, oeuvraient pour l’équilibre et le bien-fondé de ce monde et des prochains. C’est pour cela qu’elle ressentait que sa Foi était malmenée depuis qu’elle était arrivée au Japon, alors même que l’animisme, le shintoïsme, ou le bouddhisme possédaient des formes de croyances pouvant se rapprocher de ses propres valeurs. Alors quand l’époque des visites aux temples était arrivée, elle avait voulut essayer de se rendre dans un de ces lieux sur-peuplé, avant de rapidement déchanter. Le chaos environnant, les milliers de visiteurs journaliers, les petites démonstrations de foi un peu gadget, non sans parler des rituels qu’elle ne comprenait qu’à peine avait tôt eut fait de la faire fuir, un peu honteuse, mais surtout mal à l’aise. Elle ne pouvait pas pratiquer sa Foi ainsi, dans la foule et le manque de ferveur. Elle avait besoin d’un lieu qu’elle pouvait plus ou moins investir pour y laisser ses prières monter aux cieux. Aussi c’est ce qu’elle chercha !

Il lui fallut une petite semaine pour pouvoir enfin trouver le bon lieu. Parmi les multiples temples se trouvant à Seïkusu, plusieurs se trouvaient en bordure de ville, dans des emplacements désormais abandonnés, et dont de multiples récits sur le net représentaient comme des lieux malfamés et ouverts à la présence de mauvais esprits. Le point malfamé laissait entendre des présences sporadiques de quelques sans-le-sou, aussi devrait-elle aller faire un repérage, mais pour les mauvais esprits, elle ne craignait absolument rien : la simple présence d’Emaneth aurait tôt fait de renvoyer ces troubles-fêtes dans les quelques forêts de bambous avoisinantes d’ici à son départ. Eh bien soit, elle jeta son dévolu sur le lieu le plus éloigné, manière de réduire encore un peu plus les chances que quelques abrutis sans valeurs ne s’y trouvent, puis elle prépara ses affaires en vue d’une nuit de pleine ferveur religieuse. Une tenue digne de ce nom, quelques accessoires, notamment son vieil encensoir ainsi qu’un bloc d’encens pour aller avec, et enfin de quoi se couvrir au cas où sa seule foi ne saurait suffire face au froid mordant de l’hiver et de son monde de glace. Puis elle attendit le lendemain, et le week-end, pour pouvoir enfin retrouver un lieu de culte décent, et d’y tenter de communiquer un peu de son humilité auprès de son Seigneur.

La journée du lendemain fut d’un calme somme toute classique. Réveil, études, transports en communs et quelques simplissimes relations avec ses camarades de classe avant de rentrer chez elle, dans son petit appartement, et d’y récupérer le précieux sac. Ils annonçaient un peu de neige ce soir, rien de particulièrement monstrueux, mais elle appréciait la simple idée de pouvoir partager sa foi avec un spectacle aussi enchanteur. Elle jeta son chargement sur ses épaules, puis appela un taxi, avant de rejoindre l’extérieur et de se laisser conduire jusqu’à sa destination. Elle observa la ville défiler religieusement, puis les faubourgs, avant de finalement se laisser perdre dans les petites routes de campagnes environnant Seïkusu. Lentement, elle vit la végétation prendre sa digne place dans ce monde technologique, et Enothis ne put s’empêcher d’ouvrir la fenêtre un instant pour goûter un peu l’air frais et vivifiant de l’extérieur. Ce n’était pas ce qu’elle avait connue durant sa vie dans le désert, mais l’atmosphère humide et vivifiante lui apaisa le coeur en une bouffée. Elle était confiante, sereine, un véritable bonheur. Finalement, ils passèrent deux fois devant l’ouverture bien dissimulée par la nature du chemin qui menait à son temple, mais le conducteur eut bon coeur de ne pas lui faire payer le surplus de trajet qui en avait découlé, ce qui ne manqua pas de faire souffrir la jeune étrangère. Elle le salua avec grand respect avant de s’enfoncer dans ce mélange de construction d’un autre temps mêlée à la végétation drue, se laissant enivrer par ce changement d’univers.

Les marches envahies par le gazon et les pousses de bambous. La forêt qui filait, de part et d’autre, solide et sombre, véritable mur naturel aux soupçons de mystère. Les toriis, géants sans bustes ni têtes qui semblaient avoir conservés l’ensemble de leur superbe malgré les âges, ne se tâchant que de quelques coquetteries végétales, comme pour s’offrir une pudeur. L’ensemble des lieux, malgré le clair-obscur du crépuscule hivernal, chatoyait de ces soupçons d’ocre et d’or projeté par un soleil distant, rêveur. Dans ce tableau d’un autre monde, Enothis percevait une forme d’allégresse personnelle, de plénitude naturelle, comme incombant à un lieu aussi paisible et séparé du monde humain. Il y avait là un mysticisme curieux, induit par un décor de rêve, et quelques fées, quelques esprits, quelques formes de vies ésotériques pourraient courir le long d’une marche qu’elle n’aurait trouvé là que justesse et logique somme toute évidente. Et elle grimpait en slalomant, en serpentant entre les obstacles noueux et ligneux, cherchant du regard l’instant où elle observerait l’antique bâtisse se profiler derrière sa prude couverture des âges anciens. Elle ne fut pas déçue quant elle vit le temple sortir de terre. Il était dans l’état que les âges seuls connaissent : Ce délabrement de l’ancestral, aux couleurs passées mais encore déterminées à parer le bois d’autrefois. De larges poutres cramoisies soutenant un toit de tuiles grises, dont la mousse épaisse créait de-ci de-là une chevelure cavalière, comme héritée de quelques pièces de théâtre d’antan. Un lieu magnifique, dont elle ne put que percevoir le calme et la pureté. Le domaine que ses rêves n’auraient sut imaginer avec autant de splendeur.

Elle fit rapidement un tour des lieux, se pressant, l’ultime lumière de la journée ne pouvant durer éternellement. Elle vérifia les potentielles traces de présences désagréables, mais n’en trouva aucune. Il n’y avait qu’elle, et ce géant d’un autre âge qui la toisait de toute sa religieuse nature. C’était la perfection. Elle se ré-installa devant l’entrée de la bâtisse, et commença tout simplement par s’incliner avec respect, dans les plus pures traditions du pays, afin de témoigner son humilité face aux esprits et dieux occupant encore cet endroit.

« À vous, très grands et très saint, je témoigne respect et humilité. Je viens ici pour prier au nom de mes seigneurs, mais ne veux vous faire outrages. Entendez mes prières comme celle d’une personne honnête, qui ne cherche ni à blesser, ni à provoquer. Et si ma Foi vous paraît sincère, soyez certains que je vous offre humblement une partie de celle-ci, dans l’espoir qu’elles vous atteignent avec toute ma ferveur. Merci infiniment. »

Après ces présentations, elle se permit d’ouvrir la porte, et de se glisser dans l’ancestrale infrastructure après s’être déchaussée. Les lieux étaient clairement en mauvais état, certains des plafonds manquant de s’effondrer, laissant place à un grand vide dans lequel quelques esprits malins auraient très bien put se dissimuler. Mais l’égyptienne conserva son calme, elle était de toutes manières trop sereine pour que l’inquiétude ne perce son coeur, et l’amène à craindre pour son intégrité personnelle. Elle longea donc une série de pièces, dont les portes entamées par les années laissaient percevoir quelques ténèbres douteuses, puis atteignit l’extrémité opposée, une coudée menant à un nouveau couloir, ouvert sur l’extérieur. Quatre piliers soutenant une voûte encore solide, et en face de cela, une large étendue d’eau où se trouvait installée en son centre une pagode rituelle, qui trônait avec l’audace de défier les éons. Au vu de ce panorama emplie de plénitude religieuse, Enothis n’eut aucun doute que la prochaine double porte s’ouvre sur une pièce tout à fait excellente pour qu’elle y passe la nuit, et après quelques pas pour se trouver au parfait centre de ce couloir, elle ne fut pas déçue : ouvrant la double entrée coulissante, elle révéla le coeur du temple, quelques vieilles bougies y trônant encore sur des portoirs en fer forgé, et les tréfonds de la pièce se trouvant occupée par la forme magistrale d’une statue représentant quelque ancestral divinité, faites dans un bois inconnu. L’odeur forte de quelques essences rituelles enveloppait les lieux, et enivrèrent l’esprit de la jeune femme en un instant. Ici elle serait en paix.

« Je me permets de rentrer. »

Elle entra après une nouvelle courbure de son corps, et déposa son sac dans un coin de la pièce. Respirant profondément, elle sortit l’ensemble de son matériel, et commença par rallumer les bougies encore présente, puis y ajouta celle qu’elle avait elle-même emmenée. Une lanterne lui suffit pour avoir enfin la lumière suffisante pour la suite, lumière qu’elle vint déposer près de la statue , de manière à illuminer la divinité de ce domaine, signe qu’elle ne l’oublierait pas, malgré le fait que ses mots premiers s’adressent à d’autres seigneurs. Dehors, il se mettait à neiger, d’abord finement, puis avec plus d’ampleur. Difficile d’imaginer que quiconque désormais n’approchera des lieux, déjà bien dissimulés. Alors, avec un peu d’appréhension toute naturelle malgré tout, elle se dévêtit entièrement et vint se parer religieusement de sa tenue rituelle. Une longue toge de couleur crème, aux motifs sinueux cousus de fil pourpre, celui-ci lui parant le buste, ainsi que l’avant et l’arrière des hanches, et ce jusqu’aux genoux. Elle ajouta à ceci une tiare à laquelle se trouvait attaché un voile, lui couvrant l’avant du visage, dont le seul motif apparent cousu par-dessus était cinq yeux disposés en étoile. Ainsi, pieds nus, jambes livrées au froid, flanc offert à la morsure de l’hiver, tout comme ses bras, dont seuls les doigts étaient parés d’anneaux, elle s’agenouilla en position de prière, dos à la statue, face à la pagode qui trônait dignement au milieu de la tempête qui s’était levée. Seule, sereine, perdue dans un nouveau monde dont elle était alors l’unique représentante humaine, elle joint ses mains devant elle.

« Ô Seigneur, entend donc ma foi. Loin de tes faveurs, je reviens vers toi avec honte, celle de n’avoir encore exprimé ma déférence, et de n’avoir offert mes coupables excuses envers vôtre Grandeur. En cette nuit, entendez moi, car je vous dois ma passion, ma force et mon amour. Entendez moi, car je loue vôtre Nom. »

7
C’était la dernière pause de la journée avant que chacun ne rentre chez lui. Et comme à chaque pause, elle restait dans son coin, regardait depuis sa table accolée au mur du couloir les autres élèves, écoutant d’une oreille distraite ce qu’il se disait. Enothis se sentait bien seule. Elle n’avait pas encore bien intégrée cette nouvelle classe, et même si elle n’avait pas vraiment de choses dont elle avait à se plaindre, la distance avec ses camarades de classe était peut-être l’une des détails les plus difficile à vivre pour l’instant. Ce n’est pas comme si elle s’attendait à un accueil chaleureux dès son arrivée, surtout qu’elle était un poil plus âgée que ceux présent en classe, mais elle n’avait pas doutée au départ que sa différence, ses origines, sa peau sombre ou son manque de diction serait un tel mur entre elle et les personnes avec lesquelles elle allait partager ses prochaines années. Elle avait bien tentée de créer quelques liens, de parts et d’autres, et avait surtout trouvée un terrain d’entente avec quelques garçons de la classe, mais étrangement, à mesure qu’elle échangeait dans son japonais bancale, elle avait vu ses interlocuteurs devenir distant, puis finalement ne plus lui répondre. Bien sûr ce comportement étrange l’avait amenée à se poser des questions, à chercher à comprendre pourquoi les liens qu’elle créait avec les gens finissaient par s’étioler et se rompre avant même de ne se solidifier. Cela lui avait prit une bonne semaine, assez pour que son oreille tendue et son alliée de toujours finissent par lui donner quelques détails intéressant, mettant en lumière un peu le tout de la situation :

On parlait dans son dos.

Visiblement, depuis son arrivée en cours, les ragots avaient décidés de partir en vrille, et de se tourner vers une longue diffamation de sa personne ! Elle ne pouvait pas avoir une idée de tout ce qui avait été dit, mais elle avait eut quelques retours qui se trouvaient être suffisant pour qu’elle prenne très au sérieux cette histoire. La première avait été qu’elle était une prostituée d’un pays peu civilisé (parce que bien sûr, tout les jolies femmes étrangères sont soit des diplomates soit des putes) et qu’elle était venue ici pour s’amuser avec les hommes nippons parce qu’elle ne connaissait finalement que ça, de jouer avec les hommes. La deuxième rumeur, adorable et mensongère, était qu’elle était la fille d’un politique japonais qui avait envie de voir sa fille faire ses études dans son pays, même si elle n’était finalement rien d’autre qu’une relation extra-conjugale. La dernière était un mélange des deux, exacerbant les pires parties de l’histoire afin de s’assurer de captiver l’auditeur, tout en s’octroyant le droit de bien écraser un peu plus l’honneur d’Enothis en jouant sur l’ensemble de sa médiocrité, de son déshonneur, de son manque de vertu et elle en passait des bonnes et des meilleures. Soyons plus claire, elle avait comprit qu’on la diffamait depuis son arrivée, et l’ensemble de ce traitement lui avait suffisamment longtemps courut sur le haricot. Alors elle avait cherchée la responsable, et l’avait même trouvée.

Elle entrait tout juste dans la salle de cours, l’immonde petite garce qui avait choisie de faire de sa toute nouvelle et attendue vie scolaire un enfer. Ayamuri Kyoko était de ces petites japonaises bouffie d’orgueil qui ne pouvait pas comprendre que le monde ne tournait pas autour de leur petite personne, et Enothis l’avait découvert il y a quelques heures seulement. Elle avait enjoint Emaneth d’user d’un brin de ses pouvoirs pour suivre ses camarades de classe féminine, afin de trouver qui avait ainsi cracher sur son nom, ce que parvint à faire la Djinn avec grand succès. Quand elles purent échanger à la pause déjeuner, l’égyptienne put apprendre de son alliée de toujours que la japonaise se félicitait d’avoir réussi à écraser la « petite fourmi de gaïjin » avec ses histoires. Il semblait aussi qu’elle l’ai fait pour la pure et risible raison que son petit copain c’était un peu trop intéressé à la nouvelle étrangère quand elle avait débarquée en classe, et que ça lui était resté en travers de la gorge. Eh bien elle n’était plus la seule, Enothis en avait par dessus la tête de tout ce foutoir, aussi allait-elle se permettre de régler la question de manière efficace, et si possible cruellement douloureuse pour la pauvre Kyoko.

Il restait dix minutes avant le dernier cours de la journée, une option « Culture et Savoir du Monde » qu’ils partageaient avec une des classes de faculté de Seïkusu. Une histoire de nombre de place minimum pour ouvrir le cours, alors on y avait foutu des lycéens. En tout cas, avant que celui-ci ne débute, l’égyptienne se leva simplement de sa chaise et s’approcha de sa camarade de classe d’un pas décidé, avant de l’aborder avec une phrase qu’elle préparait depuis deux heures, histoire que son manque d’aisance en japonais ne la dessert pas lors de sa vengeance :

« Tiens Kyoko, justement je voulais te parler. Il paraît que tu as pas mal causé à mon sujet, alors j’aimerais bien entendre toutes les raisons qui te permettent d’ainsi me cracher dessus auprès de tout le monde ? »

Voilà, directe, les pieds dans le plat ! Elle n’avait pas la moindre forme de tact, pas même ne cherchait-elle à cacher quoi que ce soit : Elle avait décidée de faire face à cette trublionne avec prestance et force, devant l’ensemble de la classe, de manière à ce qu’il soit sut que sa camarade était une menteuse éhontée, et elle une personne qu’il ne fallait pas faire chier. Pourtant, alors qu’elle avait agit de la manière la plus soudaine pour tenter de couper l’herbe sous le pied de la japonaise, elle se retrouva malheureusement à déchanter assez rapidement. Effectivement, Kyoko ne vint pas frémir, rougir, ou se confondre en excuse bidon, comme l’espérait bien Enothis. Non, à la place la jeune femme la regarda un instant avec un peu de surprise, puis se tourna vers elle avec assez d’assurance pour faire frémir un homme politique. Mais c’est qu’elle s’y croyait cette garce ! L’égyptienne bouillonnait de ne pas l’avoir déstabilisée, et maintenant qu’elle lui faisait face avec autant d’audace, il était difficile de cacher son envie de lui hurler dessus en perdant tout contrôle… Mais non. Non, cela la desservirait. A la place, la demoiselle à la peau chocolat garda son calme, et attendit d’entendre la réponse de l’odieux serpent qui lui faisait face :

« Ouais, bien sûr. D’avoir une petite traînée dans ton genre ici m’colle la gerbe. Alors si au lieu de trimballer ta plastique de salope ici tu pouvais rentrer chez toi ça nous arrangerait tous !
Oh, est-ce que madame est jalouse ? Quoi, ma beauté te gêne, t’aurais aimé être autre chose qu’un crapaud ? Un bon gros crapaud qui bave sur tout ce qu’il trouve ? »

Très bien, honnêtement… Elle était en roue libre. Elle n’avait pas prévue que la jeune japonaise serait capable de lui répondre sur ce ton encore plus alors qu’elles étaient devant non plus seulement des lycéens, mais des étudiants. Elle avait espéré que le ridicule la rendrait muette et honteuse, mais bien au-delà de cela, elle avait même assumée de manière d’autant plus franche son manque complet de respect envers elle et le justifiait par des propos totalement inacceptable. Alors Enothis avait décidé d’aller encore plus loin dans la connerie, de taper là où ça faisait mal. Tant pis si elle s’y perdait, elle allait lui coller une honte de tout les diables. Alors elle improvisait. Elle venait de mettre un coup à son orgueil, de l’insulter, maintenant elle allait lui montrer à quel point elle était stupide. Alors elle se tourna d’elle, et se dirigea vers l’allée de la salle qui était au plus proche des fenêtres. Une cible, elle devait trouver une cible avec qui elle ne risquait rien… Désolé pour lui, mais elle ne pouvait pas laisser cette abrutie s’en sortir par quelques tours d’audace plein de vanité :

« Peut-être que l’on pourrait demander à nos senpaïs ce qu’ils en pensent ? Je suis sûr qu’ils seraient ravis que j’utilise ma « plastique de salope » pour les convaincre de ma bonne foi, hein ? »

Elle s’arrêta devant un jeune homme. Un petit blond, au fond de la pièce, souvent rêveur, pas plus intégré à la classe qu’elle ne l’était d’ailleurs. Elle se laissa partir en avant légèrement, vint placer ses mains sur ses cuisses pour se placer bien devant lui, laissant l’espace de son chemisier faire le reste en terme de charme. Puis, avec une légère moue triste, et une petite voix plaintive, elle se mit à lui parler, à lui poser quelques simples petites questions … Un poil rhétorique d’ailleurs :

« Kaïto senpaï, Kyoko est mauvaise avec moi. Tu as vu que je ne cherchais pas à ce que les vilains garçons me déshabillent du regard, hein ? N’est-ce pas qu’elle est ignoble de médire sur mon compte, et de propager des rumeurs immondes ? »

Déjà, d’autres que Kaïto réagissaient, commençaient à s’énerver du fait que l’on ait diffamé la « jolie étudiante étrangère ». Mais elle allait aller plus loin que ça encore :

« Kaïto-senpaï, tu penses que je devrais rentrer chez moi ? Vraiment ? »

Elle se rapprochait, se collait un peu à lui, avait l’audace d’échauffer son imagination et son esprit. Montrer qu’elle pouvait le faire… en prévision de la suite : prouver qu’elle ne le faisait pas !

8
Le métro et la gare / La loi de Murphy [ Pv ~ Lissandre Verrières]
« le: mercredi 25 novembre 2020, 18:06:54 »
« Bon, une signature ici et cela devrait être bon pour l’instant. L’ensemble des documents seront communiqués au Rectorat pour valider définitivement votre scolarité. Avez vous quelque chose à ajouter ?
Non, non, pas de problème je vous fais ça. »

Un petit coup de crayon, et voilà, elle mettait enfin un terme aux deux heures de rendez-vous extra-scolaire qu’elle avait dût se coltiner afin de clore son dossier scolaire. Enothis n’avait vraiment pas imaginée que cela allait durer aussi longtemps, suffisamment pour que la nuit soit tombée à l’extérieur du bâtiment. Monsieur Takenoshi, son référent de scolarité, ne semblait pas lui avoir imaginé autre chose : Après tout elle n’avait aucun diplôme élémentaire, ni même de preuve tangible d’un enseignement dans un autre pays, si bien qu’elle avait eut tout le mal du monde à lui offrir les éléments suffisants pour lui assurer qu’elle avait le niveau suffisant pour poursuivre son apprentissage en lycée. Elle savait d’ailleurs que cela allait bientôt être laborieux, à la fois à cause de la barrière du langage, mais surtout parce qu’elle allait devoir y mettre deux fois plus de coeur à l’ouvrage pour compenser ses lacunes. Mais ça ne lui faisait pas peur. Après tout, maintenant qu’elle avait enfin le droit à une éducation digne de ce nom, elle n’allait pas s’en priver. Elle était même impatiente, encore plus après les deux premières semaines d’enseignements. En tout cas elle rendait enfin le précieux document qui allait lui permettre d’acquérir toutes les connaissances dont elle avait rêvée, et c’est après un petit hochement de tête que son référent vint le ranger avec les autres, dans un classeur dont l’épaisseur laissait entendre de l’ensemble des démarches administratives qu’elle avait enchaînée depuis son arrivée à Seïkusu. L’homme se levant de sa chaise, elle en fit de même, comprenant qu’elle allait pouvoir enfin rentrer chez elle, non sans un dernier propos de son interlocuteur :

« Oh permettez moi mais je sais que vous ne connaissez que peu la ville, alors permettez moi de vous informer à ce propos. Les élèves n’ont bien sûr pas de limitation à recevoir de la part de notre établissement quant à leurs activités extérieures, mais si vous ne voulez pas d’ennui à Seïkusu, évitez certains quartiers, comme celui de la Toussaint, ou la zone industrielle. Ce ne sont pas des lieux sains pour une jeune femme. Sur ce, au plaisir de vous revoir la semaine prochaine dans nos cours.
Merci M.Takenoshi. Passez donc une bonne soirée, au revoir. »

Ne demandant pas son reste, elle quitta le bureau, et descendit les escaliers avant de quitter le bâtiment dans les lumières de la nuit. Seïkusu était une belle ville, dont l’activité le soir était toute aussi importante qu’en journée, parfois même plus en considérant tout ce qu’il était possible de faire une fois les bureaucrates endormis. Si on devait parler de dépaysement, Enothis en découvrait l’essence à chaque fois qu’elle traînait un peu tard dans les rues de la cité nippone. Les couples innocents qui se baladent en se susurrant des mots doux, les groupes de jeunes adultes buvant des cannettes d’alcool sur les marches d’un escalier, et les joueurs de pachinkos qui perdent deux dixième d’audition dès que l’un deux touche le jackpot… Un véritable monde à part pour celle qui a toujours vécue dans les sables ondulants et silencieux d’un désert sans vie. Ça ne lui était pas désagréable, au contraire même, elle y trouvait une forme de paix, comme si elle se trouvait enfin en un lieu débarrassé des obscurantismes et des mensonges qu’elle a si longtemps dû perpétuer dans son culte. Elle s’y plaisait, et sa nouvelle liberté n’était pas seule à lui offrir ce divin contentement.

Après s’être accordé une courte marche de découvertes, visitant deux ou trois rues de plus que le jour précédent, elle abandonna ses errances pour enfin se diriger vers ses pénates. A droite toute, direction les transports en commun et le divin service de métro de Seïkusu, dont la ponctualité est digne de la réputation nippone. Le bâtiment est visible de loin, et elle en connaît désormais la structure comme sa poche ! Une grande volée d’escaliers pour atteindre le hall d’entrée, puis tout au fond à droite pour se diriger vers le quai n°5, celui qui va s’enfoncer dans les quartiers résidentiels pour atteindre les quelques hautes tours du quartier de l’Amant, où elle avait acquis un petit appartement fort intéressant en terme de place et de prix. Peu de lycéens ou d’étudiants prenaient la ligne à cette heure tardive, si bien qu’Enothis se retrouvait au milieux des mines grises d’employés lessivés, et de cet étrange macrocosme de jeunesse de la nuit nippone, haute en couleur et en activité. Rien qui ne puisse l’inquiéter, ni même la mettre en alerte tandis qu’elle passe les guichets, puis qu’elle valide son ticket auprès de l’énorme portique d’entrée, avant de s’enfoncer plus en avant en direction des quais. Ce n’est qu’une fois dans le couloir parfaitement entretenu qui mène à ces derniers qu’une pique lui vrille le crâne, quelque chose qu’elle connaît très bien, et qui l’amène à tendre l’oreille pour entendre les propos alertes de sa colocataire spirituelle :

« C’est pas le moment Emaneth…
Chut. Ouvre les yeux au lieu de grommeler. Derrière ce groupe de minettes colorées que tu viens de passer il y a quelqu’un qui semble te suivre du regard.
Qu’est-ce que ça peut me f…
Regarde par toi-même. Et discrètement de préférence ! »

Un coup d’oeil par-dessus l’épaule suffit effectivement à lui coller un long frisson le long de l’échine. L’observateur en lui-même ne paye pas de mine, un jeune homme aux cheveux courts, le tout associé d’une petite queue de rat qui était déjà ringarde avant sa naissance. En revanche son accoutrement, à savoir ces pantalons amples et épais en toile, ainsi que le haut à manches longues brodé de fil d’or ne lui laisse qu’un très mauvais souvenir. Elle ne lui voit pas le moindre signe distinctif, mais le simple fait que sa tenue lui rappelle ceux de son culte ne la laisse pas indifférente… Et quand il se lève de son banc pour entamer de poursuivre le même chemin qu’elle, elle se met à presser le pas. Mince, triple merde et quadruple fais chier, depuis quand il y aurait un membre de son ancienne communauté dans cette ville ? Elle l’avait choisie spécifiquement parce qu’elle ne connaissait personne parmi ses anciens fidèles qui pourrait y avoir vécu ou y vivre ! Un autre coup d’oeil : Saloperie, il est toujours derrière elle, et semble lui aussi avoir pressé le pas. Oh non. Oh non non non elle n’avait pas fait autant d’efforts pour finalement se faire repérer après deux semaines de liberté ! Pas le choix, malgré toute forme de respect et de cordialité, elle s’élance, pousse une personne, puis deux, et essaye d’atteindre le plus rapidement le quai tout en espérant que la foule lui permettra de se dissimuler. Est-ce que ça marche ? Visiblement non, tout ce qu’elle entends au mieux derrière elle est un lot de jurons, envers elle d’abord, puis envers celui qui la poursuit et qui semble avoir décidé de ne pas la laisser prendre de la distance !

« Pitié dis moi que tu peux faire quelque chose Emaneth !
Devant tout ce monde ? Non, laisse tomber ! A moins que tu veuilles définitivement tout foutre en l’air ?
Même pas une illusion ou je ne sais quoi ?
Court et tais-toi. Si je dois agir pour nous sauver toutes les deux je le ferai. »

Si Enothis parlait dans sa langue natale pour ne pas être comprise des gens alentours, la voix d’Emaneth qu’elle entendait au creux de son crâne manquait elle de clarté. Loin des sables du désert, la Djinn qu’elle abritait en son corps était extrêmement diminuée, elle le savait, et même un simple jeune homme était suffisamment dangereux pour que les deux cherchent à rapidement s’enfuir sans demander leur reste. Arrivant sur le quai, enfin, Enothis manque jurer en voyant que les voitures du métro sont déjà à quai, et que nombre de personnes y sont déjà rentrées. Merde, allait-elle avoir le temps ? Juste derrière elle, une voix masculine et colérique commence à l’appeler, par dessus le brouhaha, et d’ailleurs avec un florilège d’insultes qui laissent entendre qu’il n’est pas forcément heureux de la voir s’enfuir. Paniquée désormais, elle en oublie toutes formes de manières, pousse la personne qui se trouve devant elle, bondit pour foncer vers les portes automatiques les plus proches, manque s’affaler sur le sol et se rattrape comme elle peut pour s’élancer de plus belle. On lui hurle dessus, elle n’en a cure, elle a trop peur pour y accorder de l’intérêt ! Elle entend la sonnerie délicate annonçant le départ des wagons, désespère, commence à voir les portes se fermer doucement…

… Puis une main attraper le coin de la porte pour la bloquer, avant qu’une autre ne lui soit tendue. Elle n’hésite pas plus longtemps, attrape cette bénédiction tendue avec bonté, s’élance et se laisse tirer dans la voiture juste avant que les portes ne claquent, dans son dos, la séparant de son poursuivant. Essoufflée, elle tombe au sol, cherchant à reprendre son souffle tandis que quelques perles de sueurs roulent depuis son front jusqu’au bords de ses joues, laissant de légères traces humides sur sa peau mate.

« Je… M-merci je… je vous en dois une... »

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Le coin du chalant / Walk like an egyptian
« le: mardi 18 août 2020, 14:46:47 »
Bonjour bonsoir à tous.
Malgré quelques temps depuis ma validation, il devenait nécessaire que je fasses un chalant, aussi le voici, avec les quelques possibilités qui me viennent en tête naturellement !


Une histoire de prêtrise : Enothis, de par son passé de porte-parole officiel d'une divinité inexistante a des avis particulièrement arrêtés sur la spiritualité. Toutefois, la foi nippone est quelque chose de fort particulier, et elle serait plus que curieuse d'en apprendre quelques aspects.

Le transfert : Qui dit jeune femme dit lycée... Et comment dire qu'Enothis n'ayant jamais mit les pieds dans un bâtiment public de l'enseignement, elle est méchamment perdue. De son accueil à sa découverte des lieux en passant par la camaraderie, tant de choses peuvent survenir dans ces longs couloirs blancs.

Esprit es-tu là ? : Emaneth ne prends pas souvent le contrôle d'Enothis, en tout cas bien moins depuis leur fuite, par pure volonté de rester discrète. Toutefois, l'esprit a parfois quelques besoins de se sustenter, ou de trouver un peu d'occupations... Et Seïkusu peut permettre alors mille découvertes.

Ceux qui nous poursuivent : Ils sont nombreux, ils sont en colère, et ils sont à la botte d'un homme qui se refuse à laisser échapper sa poule aux oeufs d'or. Ils sont donc prêt à tout pour récupérer Enothis, et seront sûrement bien assez mauvais pour pouvoir s'en prendre à tout ceux qui se trouveront autour d'elle. Alors, quel genre d'horreurs pourraient se produire ?

Des problèmes, un million de problèmes : Même si Enothis compte bien se comporter, son manque d'éducation et de connaissance du monde peut lui créer bien des soucis : Vendeurs courroucés après quelques insultes, professeurs insultés par une furie peu avenante, force de polices traînés dans la boue... Nombreux sont ceux qui peuvent vouloir apprendre le respect à cette jeune femme arrogante.

L'enfer administratif : Un scénario un peu à-part. Suite à ses manipulations d'identité, Enothis est passablement peu en règle, et cela va se voir. Combien vont garder le secret, et contre quel paiement ? Le but de ce scénario est de faire vivre un véritable enfer administratif, entre chantages et autres terribles invitations, à Enothis, et vous serez les maîtres de cette longue chute. Qui veut s'en occuper ?


Voilà des points de départs, adaptables à de nombreuses trames. Si vous êtes curieux, envoyez moi un mp, ou contactez moi sur Discord o/

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Prélude / Ces dames des sables, loin de tout. [Vanéalidées !]
« le: vendredi 17 juillet 2020, 20:44:08 »
Première Identité : Enothis Anekthotem / Sainte porteuse / Enfant du Djinn
Âge : 17 ans
Sexe : Féminin
Race : Humaine
Sexualité : En toute récente découverte et vierge.

Physique :

Enothis est une jeune femme Egyptienne de dix-sept printemps. De manière assez étrange pour elle et sa famille, elle ne tient guère du métissage de ses parents, si bien qu’elle n’a conservé que les traits caractéristiques de ses origines africaines : tout d’abord des cheveux noirs, qu’elle a eut le bonheur d’avoir lisses, ce qui lui évite de devoir les entretenir longuement par quelques huiles et autres produits. Ensuite, une peau au teint sombre, comme un grain de café, dont la perfection unanime est une sorte de bénédiction qui a souvent eut le don de lui apporter la jalousie de quelques enfants de son âge, notamment durant sa période adolescente. Si d’ailleurs elle n’était que finesse dans son enfance, les choses ont bien changé ces dernières années, cette peau fine et de belle couleur s’est gonflée, parée des atours d’une jeune femme : une poitrine opulente est venue pendre à son torse, ses hanches se sont élargies aussi. Elle crût un temps qu’il s’agissait d’une erreur d’alimentation, dans toute sa candeur, si bien qu’elle s’évertua à sculpter ce corps étrangement changeant par de nombreuses activités physiques, dont le seul succès fut de lui offrir une forme athlétique, un corps de rêve sur des jambes solides. Pour l’anecdote, elle alla d’ailleurs assez loin dans ce régime de vie pour se rendre malade, si bien que les membres actifs de sa communauté durent s’obliger à lui expliquer que toutes ces modifications de son corps étaient naturelles. La jeune femme s’en sentit si sotte qu’elle jura de ne plus s’empêcher de manger… non sans prolonger ses activités physiques.

Ainsi donc, c’est une belle jeune femme, franchement gâtée par la nature. En ces dix-sept ans, elle arbore une coupe de cheveux mi-longue, coupés proche du cou, et conserve une tendance commune à couvrir sa plastique. Non pas qu’elle en ait une honte particulière, mais la jeune femme apprécie bien plus l’élégance de quelques tenues que celle de sa propre chair. Aussi, même avant sa fugue, elle a toujours mis un point d’honneur à acquérir des vêtements qui peuvent lui plaire, mais qui surtout lui permettent de se mettre un maximum en valeur, que ce soit en montrant ou en dissimulant son corps. Bien sûr, il est à souligner que sa période de croissance fut un grand moment de panique pour la jeune fille, qui eut à changer plus d’une fois de garde-robe, mais elle offrit ce qu’elle ne pouvait plus porter à d’autres enfants, si bien qu’elle ne fut pas non plus frappée par l’inutilité de ses précédentes demandes en terme d’achats. Si pendant longtemps elle dut en revanche se vêtir de tenues de cérémonie, généralement bien peu à son goût, elle n’en a désormais plus l’obligation, hormis lors des courtes apparitions d’Emaneth. Autrement, elle privilégie un style urbain des plus seyants, et doit avouer avoir une véritable passion pour les baskets, dont les innombrables paires acquises après maintes années ont été tout particulièrement difficiles à trier lors de sa fugue, entre celles qu’elle se devait de conserver, et celle qu’elle dut abandonner.

Autrement, Enothis ne détonne pas plus. Sa gestuelle est mesurée, contrairement à tout le panache et le cérémonieux qu’elle dut entretenir lorsqu’elle était encore l’outil de la secte dont elle s’est enfuie. Sachant jouer la comédie, elle en a pourtant pris horreur, préférant une franchise claire, si bien qu’elle ira sans hésitation attraper le col de quelqu’un dont elle n’apprécie pas le comportement. Elle est agile, preste, et si sa force n’est clairement pas son plus grand avantage, elle a toutefois la connaissance minimale nécessaire pour se défendre face à l’agression. Sans parler de la présence d’Emaneth à ses côtés, même si la Djinn n’apprécie pas franchement être dérangée par quelques incommodités du genre. Finalement un seul détail n’a pas encore été survolé est celui du faciès de la demoiselle. Souriante, innocente, elle a la joie de vivre sur le visage. Rien en ce monde ne saurait ternir son air mutin de tous les jours. Et dans les cas rares où son visage change, pour exprimer colère, indignation et peine, il y a toujours quelque chose qui rappelle fièrement que cette jeune femme, sortant de l’adolescence, ne compte jamais se laisser avoir par le chaos et les imprévus de ce monde de brute : ses deux grands yeux d’or, radieux, un soleil dans chaque œil qui ne se laissera sûrement jamais dompter.

Caractère :

Enothis a longuement vécu un isolement qui a en partie freiné son développement mental et ses questionnements moraux. Cela ne se traduit pas forcément par un retard, mais une sorte d’innocence qui lui colle désormais à la peau, et influe grandement sur sa nature, ses choix, et sa vision du monde.

De prime abord, le monde et ses aspects sont souvent vus au travers d’un prisme tout particulièrement enfantin. Il y a les méchants et les gentils, et elle bien sûr se doit d’être une gentille, car le mal qui peut exister de partout doit trouver en face de lui des gens preux et sans reproches. Ainsi, la jeune femme à une vision très moralisée de la société. Les actes de charité sont plus souvent un devoir qu’une bonne action, et l’aide du prochain est une nécessité si l’on ne veut pas tomber dans un intérêt qui mène à la passivité. En somme, sans être une justicière, elle juge qu’il faut qu’elle soit de ceux qui font pencher la balance du monde vers le Bien, avec un beau B majuscule.

De même manière, cette innocence la voile de beaucoup de problèmes de société, ou de civilisation. Les grandes questions de l’écologie, de la corruption des états, de la pauvreté mondiale ou encore de la guerre sont souvent simplifiées à leur paroxysme dans sa tête de jeune femme bien incapable de considérer que tout le monde n’aspire pas à être Bon (encore une fois, avec un beau B majuscule). Cela fait que même du haut de ses dix-sept ans, elle reste très superficielle sur de nombreuses questions, voire candide, ayant bien souvent le malheur de parler un peu trop légèrement, ce qui amène parfois quelques sourires amusés sur le visage de ceux qui la côtoient désormais.

En dehors de cela, la demoiselle vit entre ses lubies et ses passions. Libérée d’un cadre oppressif et réducteur, la demoiselle peut enfin exprimer le tout de sa curiosité et de son énergie débordante. Découvrir les boutiques de vêtements, la télévision, pouvoir se perdre dans les rues d’une ville, remplir avec joie son ventre de nouvelles denrées, ou aller traîner dans le magasin de chaussures le plus proche, autant de choses qui font son bonheur et dont elle ne se prive pas. Elle cherche encore des gens qui l’accompagneraient, des amis notamment, mais elle ne se formalise pas pour autant, confiante à l’idée qu’elle saura tisser des liens avec le temps, comme avec Emaneth.

En parlant d’Emaneth, celle-ci a aussi une influence croissante sur elle. Non pas que la Djinn cherche à l’utiliser ou à modifier sa vision du monde, mais surtout parce que ses conseils sont à l’origine de la prise de conscience d’Enothis. Elle a vu grâce à la Djinn que son petit monde privé était corrompu, et ainsi a découvert son sens de la justice. Elle a compris aussi grâce à cette compagnie ésotérique qu’elle avait un certain pouvoir, et qu’elle pouvait en faire usage pour se libérer de ses geôliers tout en condamnant au mieux leurs comportements. Et surtout, Emaneth lui a ouvert les yeux sur ce qu’elle était, à savoir une jeune femme sans éducation qui ne pouvait même pas prétendre être autre chose que le joyeux pantin d’un cercle de privilégiés malsains, ce qui lui a donné la force de se mettre en danger.

Et ainsi le portrait est complet. Enothis est donc une jeune femme qui cherche à s’instruire et à vivre, sans retenue, qui ne s’en laissera guère dédire, malgré tous ceux qui voudraient encore la conserver sous leur emprise.


Seconde Identité : Emaneth / Celle qui parle sous le sable / Sainte Maîtresse
Âge : Quelques centaines d’années
Sexe : Féminin
Race : Djinn - Créature
Sexualité : Désintéressée car immatérielle. Seul l’éveil d’Enothis à ce genre de concept l’amène à y réfléchir, mais elle n’est autrement aucunement attachée à la sexualité.

Physique :

Emaneth n’ayant pas proprement de physique, elle emprunte toutefois le corps d’Enothis lors de ses quelques manifestations, si bien que la description physique faite plus haut permet déjà de se donner une idée de son apparence.

Toutefois, quelques points changent. Et avant toute chose, c’est la tenue de la femme qui vient être drastiquement différente lors de ses apparitions ! Emaneth hait toute tenue qui ne provient pas de sa culture et son pays. Et bien sûr, n’ayant pas vraiment de boutiques de vêtements spécialisées dans la reproduction d’habits de l’ancienne Égypte à des centaines de kilomètres à la ronde, elle a tendance à user de ses dons merveilleux pour modifier les horreurs que porte Enothis. Ainsi, elle apparaît bien souvent en portant des tenues légères, diaphanes, richement décorées de parures et de bijoux. Elle affectionne les hautes couronnes de l’Egypte antique, même s'il s’agissait d’un accessoire purement masculin à l’époque, mais plus que tout elle ne se présente jamais sans un de ses lourds collier d’or et de jades taillées, laissant la couleur de ces joyaux souligner la beauté de ses iris.

Car oui, la dame a pour autre différence d’avoir un changement de couleur au niveau des yeux. Si Enothis les a d’or, elle a le droit à deux émeraudes quasiment félines par Emaneth. Et d’ailleurs, en parlant de félin, parlons un peu des spécificités de la Djinn en rapport à cet animal. Emaneth est l’esprit d’un chat errant ayant acquis par son ancienneté quelques capacités qui en font une Djinn mineure, mais déjà autrement plus puissante que de simples humains. De sa nature elle tire à la fois une capacité à se déplacer proprement inhumaine, mais aussi assez de force pour trancher et mordre autrui avec une certaine sauvagerie dont elle ne se garde pas de faire la démonstration si besoin. Le reste du temps sa gestuelle est outrageusement réduite, et ses mouvements parfois saccadés, comme si elle luttait avec l’enveloppe charnelle qu’elle occupe. Elle compense cela par une voix envoûtante, un esprit aiguisé, et rapidité d’action qui pourrait faire pâlir d’envie les meilleurs praticiens d’arts martiaux.

Heureusement, elle n’a pas eu souvent d’occasion de le démontrer.


Caractère :

Contrairement à Enothis, Emaneth n’a pas dix-sept années. Au contraire, son expérience du monde et de ses enjeux vont bien au-delà d’une vie humaine d’observation. Elle considère l’humanité comme fourbe, décadente et hautaine, et le fait qu’elle ait été un chat avant d’être un esprit a vite eu le don d’exacerber cette vision des choses. De ce fait, il n’est pas exagéré de dire que la Djinn déteste les êtres humains. Elle les hait comme jamais, et ne leur fait donc pas de cadeau, voire s’amuse de leurs déboires, ne manquant pas de ponctuer l’observation de chaque misère par un rictus amusé et un ricanement malsain.

Pour autant, ce n’était pas comme si la femme n’avait pas appris de sa cohabitation forcée avec la petite et grandissante Enothis. Les deux partageant pensées et corps, chacune a su influencer la personnalité de l'autre. Et si la Djinn s’est prise d’une étrange affection pour la petite pleine de bonne volonté et d’amour pour son prochain, Enothis a aussi aidé la femme à développer une nuance dans sa vision du monde. Emaneth a lentement perdu de son sadisme pour juste développer une forme de nihilisme pour ce monde, en ce sens qu’elle n’a pas à se sentir touchée par le comportement des humains. Elle ne s’occupe que de son « vaisseau », parfois grâce à un bon mot, d’autre fois grâce à une courte possession pour la tirer d’ennuis. C’est d’ailleurs ainsi qu’elles se sont échappées de la surveillance de la secte.

En revanche, et malgré son relatif adoucissement, Emaneth n’en est pas pour autant une simple créature, aussi son orgueil peut prendre le dessus, et l’amener à utiliser les quelques terrifiants pouvoirs qu’elle possède. Attirer le mauvais œil sur un être ou un groupe de personnes, obscurcir les cieux et faire pleuvoir la maladie, comme maudire ou appeler à elle des nuées d’insectes, elle reste une calamité qu’il ne vaut mieux pas mettre en colère. Le tout de ses crises d’orgueils ont toutefois une limite : la Djinn est très diminuée dans le corps d’Enothis, et ne peut donc se permettre d’user à outrance de ses pouvoirs, non sans parler que la jeune femme qui lui sert de vaisseau a tendance à la rappeler à l’ordre, allant jusqu’à argumenter des heures pour tenter de l’arrêter.

Aussi, et en dehors de tout autre détail, Emaneth est donc cet être étrange, qui en veut au monde mais se laisse lentement dresser par une toute petite et insignifiante humaine. Aussi, lorsqu’elle ne profite pas de temps à autre du corps d’Enothis pour aller dormir au soleil en haut d’un immeuble … Elle reste une entité bien sage, qui mord bien moins souvent qu’elle ne feule.


Histoire :

Commençons par une époque où Enothis n’était pas encore de ce monde. Quelque part dans les années soixante, en Egypte, se trouvait un docteur Allemand un peu missionnaire qui traversait les villages locaux afin de rependre soins et bonne parole. Hermann Turich était son nom, et quelques soient les lieux qu’il traversait, il y trouvait un accueil chaleureux, car son nom se propageait à travers les sables du désert plus rapidement que les Sept Plaies en avaient détruit le paysage aux grandes heures de Moïse. Il était l’homme qui remettait les ancêtres sur pied, celui qui calmait les fièvres des enfants, et l’homme en blouse qui s’assurait que la femme reste auprès du mari quand elle enfantait. Et tandis que ses bonnes actions se multipliaient, son orgueil lui aussi gonflait à proportion, l’étranger errant en terres ancestrales sentant lentement une aube nouvelle se lever pour sa personne. Il était un élu, sans nul doute, et sa présence en un berceau de l’humanité n’avait pas moins de signification que celle du légionnaire qui tint Longinus sans même connaître la portée de son acte futur. Il allait accomplir une action qui plongera le monde dans un changement ultime et sans précédent, car il était le soigneur, celui dont les mains gardaient la vie, celui qui pouvait repousser la mort. Leur sauveur à tous en ce pays balayé par l’abandon du Seigneur.

C’est un crépuscule de septembre qui vit la naissance de son projet. Dans les sables du désert, là où le soleil frappa, il ressentit cette lourde main sur son épaule qui le poussa à sortir son carnet de notes, et d’y écrire alors les mots du Divin, celui qui allait lui accorder la tâche d’être le nouveau Berger de cette populace en proie au doute et au remord. Il tira fébrilement son stylo, observant le ciel qui se paraît d’étoiles, sentit la grâce envelopper son être, et apposa la plume, commençant à noircir le papier d’une large tâche d’encre. Puis il écrivit ces mots :

« En ces terres qui virent, au travers du temps, les populations de tout un monde la parcourir, voici les paroles de notre Père à tous.
Nuls sont ceux qui ne sauront pressentir la grâce du Seigneur
Nuls sont ceux qui remettront Sa parole aux malins
Nuls sur Terre, nuls dans les Cieux, nuls dans les Abysses ne se cacheront de Sa lumière
Car Il est, sera, et perdurera, bien plus que tout être ne saura s’imaginer.
»

Hermann sentit son devoir le rattraper, comme s’il n’avait jamais su quel était le but de sa vie, la portée de ses actes, le travail que Dieu lui avait confié. Plus que des soins, il offrit désormais contre ses services de confier aux populations d’Egypte la parole de Dieu, celle qui leur permettrait désormais de se comporter comme les fiers enfants du Seigneur, capable d’écouter et de ressentir que dans Sa toute puissance, le Très-Haut était en chacun d’eux, cette lueur qui leur permettait de juger leurs actes, et d’en comprendre le bon du mauvais, l’œuvre sainte et le péché malin. Il fit guerre verbale à tous les paganismes, aux paroles hérétiques, convia les curieux à se porter à sa présence, et à ces mêmes curieux de propager ses enseignements dans leurs familles et auprès de leurs amis. Ses sermons attirèrent des fidèles, mais aussi des peurs, voire des violences. Hermann fut lentement poussé à agir discrètement, laissant ses fidèles mimer sa voix, conter ses miracles. Il quitta les villages, s’enferma dans un ancestral tombeau qu’il trouva par hasard. Il y marqua ses lois dans la pierre, à la manière de Moïse, et se constitua Prophète. Mais de l’errance, il s’en affranchit. Désormais, les valeureux viendraient à lui, et Dieu mettrait sur son chemin ceux qui auront devoir de poursuivre ses sesseins.

C’est ainsi que fut fondé le Choeur du Créateur. Hermann y accorda la fin de sa vie avec une simplicité qui frôla de peu la hauteur de son orgueil. Lui, le Très Saint, l’Élu, avait seul devoir de propager les paroles du Seigneur, et chacune de celles-ci était rigoureusement consignée dans le journal de ce « nouveau Saint Sauveur ». Ainsi, chacun de ses sermons avait ce ton impérieux, absolu, et c’est par cette force que l’homme parvint à convaincre ceux venus quérir son verbe, ou douter de ses dons. Par la curiosité, et par le doute, Hermann attira à lui de nombreux membres, une quantité colossale de voyageurs, de marchands, d’âmes perdues, tous prêts à le remettre en doute, puis tous le suppliant de les bénir de son Don. Parmi toutes ces âmes errantes, ces agneaux en manque de protecteur, il trouva malgré lui son Judas. Il fit cette rencontre à l’aube de sa soixante-quatorzième année. Une aube rayonnante, où l’impasse montagneuse vit marcher trois hommes dans le sable encore frais. Et quand, aux portes du tombeau, il les salua avec l’humilité du Berger retrouvant ses bêtes, le premier se prosterna devant lui, le nez contre les marches millénaires. Le second mima son aîné, mais le troisième resta debout droit, et observa Hermann comme un égal. Il fut le seul à qui Hermann s’adressa :

« Toi, voyageur éreinté, pourquoi ne suis-tu pas l’exemple de tes pairs ?
 -  Sauveur, mon père est un porc qui vendit sa femme pour une poignée de lentilles. Mon frère est un sot, qui jeta les graines du Seigneur dans un puits par vengeance. Ils viennent te voir car on leur a promis le Pardon. Mais je sais de notre prêtre que l’avidité et l’orgueil sont les organes du Malin. Que les Djinns qui parcourent le Désert sont les âmes perdues que Dieu n’a pas voulu voir à ses côtés, mais dont les affres furent assez pour que le Diable leur offre ses faveurs ! Ces hommes sont là pour leur Salut, moi je viens te rejoindre.
 -  Terrible est ton mot jeune voyageur. Et forte est ta foi. De quel nom ta génitrice t’a-t-elle affublé ?
 -  Mon père me donna celui d’Ishar.
 -  Ishar, enfant de Dieu, acceptes-tu les mots de l’homme que tu sembles si durement juger ?
 -  Ce nom est mien, que celui-ci m’ait ou non été confié par un pécheur.
Alors, Ishar, comprends que notre Père à tous ne nous a pas confié nos noms, mais nous a offert la parole, et que celle-ci porte la foi, même dans un cœur terni. Père, frère d’Ishar, vos actions sont-elles celles décrites par son verbe ? Avez vous commis la faute dont il vous targue ? Levez la tête, répondez au Ciel. Bien au dessus de nous, le Très-Haut entendra vos aveux, vos vérités, et vos mensonges. »

Cloués sur place, ils obéirent, répondirent par la foi, révélèrent leurs duperies et leurs péchés. Ishar regarda simplement le vieil homme… Et Hermann observa ce jeune prodige. Si lui était sur le déclin, celui qu’il venait de rencontrer semblait en revanche prêt à défier le monde et sa déperdition. En moins de temps qu’il n’en fallut, et tout autant par le biais d’Hermann que par un habile stratagème d’Ishar, ce dernier devint le disciple du saint homme. Il en absorba le savoir, en copia l’essence, en analysa la nature. En quelques semaines, Ishar ne fut rien de moins que le plus proche acolyte d’Hermann, son confident, et son élève le plus dévoué. Il ne fallut pas plus de temps même pour que l’intelligent jeune homme n’offre à son père adoptif sa dévotion la plus absolue, avec en son cœur autant de poison que libérerait la morsure du crotale. Car si l’Enfant n’avait pas péché, c’est parce qu’il avait su garder en lui le Malin suffisamment longtemps pour pouvoir alors détruire la plus grande œuvre d’un homme de Dieu. Il instilla dans l’esprit de plus en plus affaibli du vieillard orgueilleux les sifflements du Serpent, fit mine de couler dans son verre une ambroisie interdite aux mortels : celle de l’éternité.

« Immortel sois-tu, Saint Père, car si ta grâce n’est pas celle de notre Seigneur, elle égale celle de Son Fils. Je ne suis que l’enfant d’un autre, un abandonné souhaitant s’absoudre de sa triste engeance. Ma foi, ma loi, mon verbe sont tiens Hermann. Et de perdurer ton œuvre divine m’est un devoir dont je pressens le poids avec crainte.
 -  Mon Fils, il n’est que du Seigneur de choisir mon successeur.
 -  Alors permettez que je vous conte ce que je vis ce matin ! Sortant afin de soigner un voyageur blessé, je vis un serpent s’approcher de ce lieu de paix. Celui-ci, perfide, mimait le sable comme nul autre de son espèce que je ne vis jamais, et pris de crainte, je crus devoir fuir l’approche de cet agent maléfique. Mais je sentis un poids sur mes épaules, et entendis dans mon cœur le devoir de protéger ces lieux. Alors je pris la plus lourde pierre à mes pieds, et frappa l’horreur en un bond. J’ai foi que Dieu guida mon bras en votre absence, et m’amena à vous sauver ainsi que vôtre tâche. J’ai foi que notre Saint-Père fit de cet instant une épreuve, chercha à voir si j’étais digne de vous et de votre ouvrage. »

Hermann ne put dire mot. Il tourna ses pas vers le cœur du Tombeau, et pria le reste de la journée. Ishar, lui, ne fit pas plus cas de cette histoire, fabriquée de toutes pièces ; il attendit son heure. Et quelques jours plus tard, quand le Berger sortit de son mutisme, il déclara aux fidèles présents que leur Saint-Patron avait choisi son suivant, et que lorsque la nuit viendra pour lui, qu’il marcherait en direction des portes célestes afin d’y recevoir son Jugement, alors Ishar prendra sa suite, car le Très-Haut l’eut déjà mis à l’épreuve, et qu’il répondit avec la bravoure des héros d’antan. La surprise secoua les adeptes du Chœur, mais la parole de leur Prophète fut absolue. La volonté de Dieu était inexpugnable, et le verbe d’Hermann était le verbe du Seigneur. Aussi, et dès ce jour, Ishar fut perçu par les autres membres comme le Fils, celui qui viendrait les sauver quand leur Père les quitterait.

Hermann s’éteignit à soixante-dix-huit ans. Ses idées moururent avec lui.

*
*   *

Sous les ordres d’Ishar, le Choeur du Créateur changèrent lentement, mais insidieusement, de cap. Si Hermann avait su créer une voie de pensée alternative, même si mue par un ego surdimensionné, le nouveau dirigeant de cette Eglise n’avait pas le moins du monde les mêmes projets. Non, il y avait vu une possibilité de quérir pouvoir, gloire et richesses, de quitter les basses extractions pour finalement s’élever à une condition de vie autrement plus agréable.

Le changement fut donc de mise sous sa direction. Il abandonna les mœurs d’ermite de son prédécesseur, invoqua que Dieu souhaitait que Sa grâce soit observée et reconnue parmi Son peuple, que les élus du Seigneur se devaient désormais d’amener à la lumière les fidèles égarés, que ceux-ci devaient découvrir la véritable foi. Une méthode agressive d’acquisition de fidèles qui s’accompagna de modifications en terme de droits entre les membres. Ceux qui avaient suivi Hermann en ses premières heures furent reconnus comme premiers des fidèles, et eurent accès à nombre d’avantages, comme le droit de côtoyer Ishar dans ses prières et sermons. Puis vinrent lentement ceux qui rejoignirent le Choeur alors qu’Ishar avait pris les commandes. Et eux, ceux qui n’avaient su trouver l’amour de Dieu en ces premiers instants furent soumis à une politique de valeur. Plus ils abandonnaient leurs précédentes possessions, les léguaient à la grandeur du Chœur du Créateur, et plus leur était promis absolution et reconnaissance de leurs saintes intentions. Lentement s’installa un système pyramidale des plus lucratif pour Ishar… Mais ce n’était pas encore suffisant.

Il sépara hommes et femmes, prétexta que la lumière était seule capable de permettre à chacun de trouver l’amour de Dieu, et que les relations charnelles se devaient d’être faites par dévotion, et non plus par relation avec un être commun. Les naissances furent triées, les enfants des différents croyants vivant entre eux sous la garde de personnes de confiance. Enfin, lentement, Ishar mis en place ce qu’il voulait reproduire depuis tant d’années :

Car Ishar n’avait jamais crû en Dieu, ni même en quelque puissance supérieure, mais il savait en revanche que loin dans le désert, les hommes appelaient à eux les esprits des ancêtres et les Djinns, et que leurs plus grands guerriers étaient les hérauts de forces obscures tapies dans le désert. Il voulait faire main basse sur ces forces, avait dans ses errances de démarcheur, de mystificateur, de propagateur de la foi, rencontré quelques sorciers avec qui il avait entretenu des relations particulièrement intéressantes. C’est grâce à eux qu’il comprit les sombres appels de ces démons du sable et leurs pouvoirs. Il ne lui fallait que quelques hôtes, et il jugea que les enfants de ses désormais fanatiques de serviteurs étaient les plus indiqués pour ce genre de tâches. C’est ainsi qu’il déclara, lors d’un sermon particulier, adressé à l’ensemble de la communauté, et destiné à être propagé parmi l’ensemble des fidèles :

« Enfants du Seigneur, agneaux égarés, les paroles du Très-Saint me laissent aujourd’hui épuisé, écrasé par Son influence et Sa miséricorde. Il a vu dans votre foi, dans vos actes, la preuve la plus absolue de votre dévotion à Son égard, et ainsi promet à tous la sauvegarde de leurs familles, de leurs frères, de leur sœurs et de leurs enfants. Il m’a confié cette tâche en ces mots : ‘Fils d’Hermann, premier des éveillés, ton acte est à son aube. Que tes fidèles obtiennent le fruit de leur premier labeur, car seul Ozymandias en ces terres fut coupable d’un orgueil sans reconnaissance. Toutes et tous, trouvez votre foi en ma présence, trouvez votre bénédiction en l’amour de ceux qui ont rejoint l’éveil. Je choisirai parmi vos plus jeunes enfants un élu, et doté de mon essence, il sera le vecteur de mes miracles. Qu’au crépuscule de la prochaine lune, vos enfants soient menés en ces lieux où la terre se déchire pour rejoindre les étoiles du firmament. Là-haut mon don sera accordé.’ »

Ferveurs et dévotions menèrent les innocents à boire ses paroles sans le moindre doute. Ainsi les enfants déjà séparés de leurs familles quittèrent l’abri salvateur du Chœur pour accomplir une longue marche à travers le désert, en direction d’un lieu malsain qu’Ishar connaissait des mots de quelques mages tribaux. En haut des monts d’Hamata, tout au Sud de l’Egypte, se trouvait un cercle que les anciens utilisaient pour appeler à eux les seigneurs immatériels du désert, les gratifiant d’offrandes et de beaux mots pour s’attirer leurs bonnes faveurs lors de l’annonce de temps difficiles. Lui, simple et honnête homme bien sûr, ne cherchait pas à s’attirer leurs bonnes grâces... il comptait se les accaparer. Quand ils se trouvèrent en ce lieu ancestral, Ishar fit garder l’entrée des pistes par ses plus fidèles et dévoués serviteurs, puis mena de lui-même la procession de jeunes garçons et filles jusqu’au sommet, tandis que la lune grimpait haut dans le ciel. Ils atteignirent l’alcôve maudite tard dans la nuit, mais cela ne vexa guère l’homme avide de pouvoir. Il fit s’installer les jeunes gens à flanc de colline, les laissant se reposer, les pauvres s’écroulant de fatigue. Puis, un par un, il vint les réveiller, les emporta avec lui dans le lieu malsain, entamant rituels sur rituels. Peu seront ceux qui survivront, mais il était prêt à tout pour parvenir à ses fins.

*
*   *

Elle s’appelle Enothis. Enroulée dans une couverture, transie de froid, elle a été emmenée avec les autres enfants par le Saint Sauveur pour accomplir la volonté de Dieu. Elle ne sais pas vraiment qui est ce Dieu pour être honnête, mais il semble tellement important qu’elle a fait tous les efforts du monde pour ne pas s’écrouler sur le chemin. Là, elle essaye de dormir, sur le roche dure, mais elle a trouvé une grosse pierre pour luis servir d’oreiller, alors elle est plutôt contente, elle parvient ainsi à se reposer ! Pourtant, dans cette relative quiétude, elle entends malgré tout les pas lourds du Sauveur qui passe de temps à autres près d’elle, allant quérir la main d’un de ses amis, et l’amener dans cette ouverture froide et légèrement éclairée qui se trouve tout en haut de cette montagne. Elle n’a pas envie d’y aller. Dès qu’elle l’avait aperçue, quelques chose lui avait serré le cœur, comme si une peur sourde et instinctive s’était soudain révélée à son esprit. Elle tentait de dormir pour oublier. Fermer les yeux, et les rouvrir au matin, avec l’étouffante chaleur du désert, et l’obligation d’aller rapidement trouver un brin d’ombre. Malheureusement cela ne se produisit pas ainsi…

Elle sentit une main lourde lui secouer l’épaule. La petite ouvrit lentement ses yeux d’or pour observer la mine sombre et fermée du Saint Sauveur auprès d’elle, et sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il avait le regard froid et déterminé, elle était la prochaine à voir si elle allait être l’Élue de Dieu… Et cette idée était particulièrement dérangeante dans l’esprit d’une jeune fille de six années. Pourtant elle était obéissante, alors quand il lui somma de se lever et de le suivre, elle le fit, se redressant avec un peu de mal à cause de la fatigue encore présente, puis suivit l’homme d’un pas rapide, pour ne pas se faire distancer par la démarche déterminée de celui-ci. Quand elle dépassa ses petits compagnons, elle remarqua que de nombreuses couvertures étaient déjà vides et cela ne l’aida pas à se rassurer, mais atteignant rapidement l’entrée de l’alcôve maudite, elle n’eut plus trop l’occasion de se poser des questions à ce sujet. L’homme lui fit signe d’entrer, elle s’exécuta en tremblant, trouvant la lumière blanchâtre des lieux particulièrement glauque. Et une fois à l’intérieur, elle découvrit une pièce qui lui glaça le sang, par pur instinct.

Il s’agissait d’une demi-sphère d’un diamètre de cinq mètres, et dont le plafond, de hauteur relativement peu élevée, était percé d’un trou en son sommet, laissant passer la lumière lunaire. Là où la lumière passait, elle illuminait de nombreux et chaotiquement inscrits hiéroglyphes, dont le sens échappait bien sûr complètement à la pauvre Enothis. En revanche, si déjà ces symboles illuminés lui paraissait bien inquiétants et peu naturels, rien ne pouvait être plus terrifiant pour elle que ce qui se trouvait au cœur de la pièce : une large dalle de pierre couverte de sillons et actuellement de cendres et de morceaux de tissus. Elle reconnaissait un gilet de laine bleu, ou du moins un morceau, appartenant à un précieux ami du nom de Jafar. Elle ne voulut pas faire un pas de plus. Les larmes aux yeux, elle fit mine de reculer, mais la main d’Ishar appuya sur son dos et la poussa vers l’avant. Elle voulut se débattre, répondre, mais l’homme de peu de foi lui glissa des mots qui la turent en un instant.

« Si tu ne réponds pas à l’appel de notre Seigneur, ce sont ton papa et ta maman qui en paieront le prix. »

Elle était sage et ne voulait pas le moins du monde que son comportement puisse amener à blesser ses parents. Elle les aimait, comme elle aimait tous ceux qu’elle pouvait rencontrer. Alors ce ne fut pas de bon cœur, mais elle se laissa pousser vers le centre de la pièce, répondit le plus positivement possible quand on lui somma de s’allonger sur l’étrange dalle de pierre, taisant sa peur et ses larmes quand elle sentit la cendre encore chaude au travers de son humble tunique. Ses yeux d’or exprimaient la terreur, mais le Saint Sauveur aux airs de diable ne sembla pas en faire cas. Il ne fit que s’installer au niveau de sa tête, plaça ses mains épaisses et rugueuses au niveau de ses joues, puis se mit à parler dans une langue qui lui était étrangère. Une langue rauque, aux consonances brutales et dysphoniques, une horreur à ouïr, encore plus pour un cœur empli de crainte. Elle tremblait de tout son être, rêvait de fuir, de quitter ce lieu qui lui faisait peur, si peur, tellement peur. Seule l’image de ses amis lui permit de sa calmer, de ne pas s’échapper à toutes jambes face aux mots et à la résonance lugubre de la pièce. Car si elle ne le faisait pas, qui sait quelle pauvre âme se retrouverait à sa place, et cette simple idée alliée à sa bienveillance infantile l’obligèrent à accepter son sort.

Lentement elle eut de plus en plus chaud. Un flux bouillant l’emplissait. Une énergie qui, d’abord appréciable même si étrange, devint rapidement brûlante et sauvage, la faisant se tordre avec peine tandis qu’elle voulut hurler. Mais quand elle voulut le faire, pas un mot, pas un son ne franchit ses lèvres. Elle ne pouvait même plus se mouvoir quand cette torture poussa son esprit à se retrancher sur le plus essentiel, fuir et survivre. La douleur l’envahit, l’impression d’être au milieu de flammes avides et mordantes lui sembla la meilleure des images pour représenter cette sensation mortifère ! Alors de toute son âme, elle voulut hurler, au point où cela devint une obsession. Crier à la mort, jurer sa peine, pleurer sa vie. Et tant et tant que… soudainement tout se calma, elle ne ressentit plus rien, alors qu’enfin on lui répondit :

« Cesse, cesse, je n’en peux plus ! »

Le temps était comme figé. Elle n’entendit plus les paroles de sombres savoirs proférées par le Saint Sauveur. Ni même ne ressentit encore les flammes qui lui calcinaient le cœur et la chair sans même exister. En revanche, assise sur son ventre, elle vit un chat. Un chat d’ébène, les pattes serties d’anneaux d’or, de bandes tissées de pierres précieuses, et dont la fière encolure avait le droit de porter orgueilleusement un lourd collier aux agates et tourmalines vertes. La bêtes aux yeux d’émeraude la regardait alors d’un air courroucé, s’approchant de son visage immobile pour que sa truffe soit à quelques millimètres de son nez. Et les deux orbes verts si proches de son propre regard qu’Enothis put y lire animosité et incompréhension.

« Qui es-tu pour me vriller les tympans ainsi !? Oser me déranger en un tel instant ! Et pour me retrouver face à une enfant stupide qui n’a même pas le bon sens de fuir ! Vous, humains, êtes égoïstes et fourbes, tu n’aurais jamais dû rester, tu aurais dû fuir comme une damnée, comme quiconque l’aurait fait ! Mais réponds, que diable !
 -  Je… Je m’appelle Enothis. Je… fais partie des enfants qui ont été amenés ici pour recevoir la grâce de notre Seigneur et très haut Père. C’est notre Saint Sauveur qui nous a amenés ici… Qui… qui es-tu, toi ?
 -  Au moins tu sembles avoir un brin de politesse. Et cet homme est un menteur. Il n’y a point de « Seigneur » dans le désert. Il n’y a que les fourberies des Hommes et les jeux des Djinns. Et je suis joueuse. Enothis, si tu souffres tant, pourquoi ne pas abandonner ? Laisse donc ce feu te consumer.
 -  Je… Je peux pas. Si je finis en cendres, un autre suivra, et subira la même chose. Je veux pas, c’est trop douloureux. Je veux tenir, je veux pas que quelqu’un d’autre ait mal.
 -  Tais-toi ! Et ravale-moi ces larmes. Tu n’es rien qu’une enfant, ne crois pas que ton devoir est de souffrir pour que d’autres soient épargnés. Tu es juste une gamine qui essaye de se donner des raisons d’avoir obéi comme une idiote !
 -  Il veut faire du mal à mon papa et ma maman si je n’obéis pas.
 -  Eh bien, peu devrait t’en faire. Où sont-ils, ton papa et ta maman, pour te sauver de cette souffrance ? Qu’ont-ils fait quand cet homme te mena jusqu’ici ? Ils n’ont rien fait pour toi, ne fait rien pour eux, crétine ! »

La pauvre jeune fille se tut. Enothis ne comprenait pas cette situation, et parler avec un chat alors que le monde restait en suspend n’était acceptable pour son esprit uniquement parce que cela lui permettait de ne plus souffrir plus abondamment des flammes invisibles. Cet… être installé sur elle était clairement adulte, et on lui avait dit d’écouter les adultes, mais ce qu’elle disait était si étrange, si contradictoire avec tout ce qu’on lui avait dit jusqu’ici qu’elle … ne savait plus vraiment où pouvait se trouver le bon du mauvais, le vrai du mensonge. Était-ce ce que les adultes appellent une épreuve de la Foi ? Devait-elle souffrir et rejeter ce Malin, telle une simple hallucination ? Elle ne sut le dire, car maintenant, quand elle observait les deux émeraudes devant son visage, elle n’y lisait plus d’animosité, surtout une forme … de doute ? De surprise ? D’indignation ? Elle n’aurait su le dire, mais cela lui permit de comprendre quelque chose de plus important. Un point crucial que son esprit confus avait omis de reconnaître.

« Mais… toi, tu es là pour quoi ?
 -  . . . Tu es peut-être moins crétine que tu ne sembles l’être. Je suis là parce que j’ai été appelée, comme d’autres de mes semblables, dans la nuit. Les paroles de ton « Sauveur » sont du poison, elles glissent dans notre essence et nous forcent en ces lieux. Il tente de nous lier à vos corps, alors nous réduisons votre chair en cendres pour ne pas finir emprisonnés.
 -  Je… Pourquoi ne suis-je pas déjà cendre alors ?
 -  Je ne veux pas jouer le jeu de cet homme. Il répétera ses actions jusqu’à ce que l’un de nous cède, et vous tuera les uns après les autres. Les humains, petits ou grands, ne m’attirent aucune sympathie. En revanche, cet homme mérite une plus importante punition. Alors… Je viens te proposer un marché.
 -  Que… quelle genre de marché ?
 -  Je suis fatiguée des sables du désert, des étendues vaines et de la faune mourante. J’accepterai de te sauver la vie, de vivre en toi, en échange de quelques promesses de ta part. Attention, si tu y déroges, je peux me comporter de manière autrement moins cordiale.
 -  N-non je … Je vous écoute.
 -  Je veux que tu ne parles jamais de notre marché. Je veux que tu me fasses confiance, envers et contre tout, et que tu m’obéisses. Un jour nous fuirons des griffes de ce merdeux, mais il faut que tu grandisses d’ici là. Nous jouerons la comédie, et quand je te dirai que nous devons partir, alors nous partirons, loin, très loin, et priverons cet homme de sa gloire tout en lui crachant au visage. Ce ne sera pas simple mais...
 -  Mais… ?
 -  Mais tu sembles assez courageuse pour que je te prête ma confiance. Après tout, n’est-ce pas toi qui n’as pas fui en premier lieu ? Tu sais faire face au danger, alors je saurai veiller à ce que celui-ci ne puisse te toucher. Marché conclu ? »

La petite Enothis fut mise là face à un choix qu’elle n’aurait su prendre autrement, du haut de ses six années. Mais en cet instant, ce félin, même s’il se trouvait être complètement improbable et dangereux, lui inspirait bien plus de confiance que l’homme qui l’avait apportée à cette misère. Elle ne put cacher le tremblement de sa voix quand elle lui répondit, car elle se trouvait malgré tout impressionnée, mais elle eut le don de se montrer la plus claire possible, afin de paraître aussi sereine que se peut :

« J’accepte. Marché conclu madame… madame euh…
 -  Emaneth, Madame Emaneth. »

L’instant d’après, le cours du temps reprit sa lente marche, mais tout avait changé. Point de flammes ou de brûlures ressenties, Enothis se détendit juste, d’un coup, avec un étrange sentiment de plénitude. Suite aux tourments de son corps, elle n’eut que l’action la plus naturelle du monde et s’endormit. Ishar ne sut franchement que faire, pour lui les événements n’avaient pas duré plus d’un millième de seconde entre la peine de l’enfant et son soudain relâchement, et il crut un temps avoir échoué son rituel. Ce ne fut qu’à l’instant où il voulut reprendre depuis le début que le corps d’Enothis remua, bondissant en avant et mettant immédiatement une bonne distance entre elle et le prétendu Saint Sauveur. Toutefois, quand elle ouvrit les yeux, l’homme comprit instantanément que quelque chose avait changé : la demoiselle avait troqué ses pupilles dorées pour deux belles émeraudes, scintillantes dans la nuit.

« Ose, humain, toucher à nouveau celle qui me sert de vaisseau, et je ne peux promettre que les plaies d’Égypte ne viennent pas se repaître de ta vie !
 -  Djinn, seigneur du désert, loin de moi cette intention. Je vous salue, et vous présente une alliance. Je veux étendre mon pouvoir sur ce monde, et vous propose de m’accompagner dans cette quête. Vous pourrez dominer le genre humain, afficher votre supériorité. Hommes et femmes seront à votre merci, profitez simplement du savoir que j’aurai à vous offrir.
  -  J’imagine que mon refus signifiera que tu me l’imposeras, via cette dalle ancestrale sur laquelle blanchissent déjà tes phalanges ?
 -  Effectivement.
 -  … Je m’accorde à t’aider dans ta tâche, à la condition que cette dalle soit brisée le jour où tu obtiendras ce que tu désires. Maintenant, permets-moi, je vais quitter ces lieux et dormir. Cette enveloppe charnelle est épuisée. Nous aurons d’autres occasions de palabrer. »

Ishar n’empêcha guère la Djinn de quitter les lieux. Elle trouva la quiétude de la nuit bien plus agréable que la présence de cet humain et retourna à la couche de l’enfant pour pouvoir lui offrir le sommeil dont elle avait besoin. Désormais elles étaient liées, elle allait devoir en prendre soin.

*
*   *

Les événements s’emballèrent suite à cela. Enothis et sa famille furent rapidement propulsés à un stade privilégié de ce monde corrompu qu’était celui d’Ishar. Le grand luxe leur fut ainsi promis, et rien ne sut aller à l’encontre de cette promesse, les largesses du Chœur du Créateur étant en tout point gargantuesques depuis quelques années. Ils ne purent toutefois être réunis, car ayant désormais le titre d’élue divine, Enothis fut placée sous une garde permanente, et Ishar n’aurait eu l'idiotie de perdre la précieuse jeune femme quelque soit la situation. Il fit preuve d’une intelligence certaine aussi quant à ce qu’il lui offrit comme apprentissage, s’assurant de faire de la jeune femme grandissante la plus parfaite des marionnettes, celle qui saurait lui manger dans la main sans remettre en cause ce qu’il lui présenterait. Et sans la présence d’Emaneth, il fut certain que ce genre de comportement aurait parfaitement porté ses fruits, mais la Djinn s’assura de toujours mettre en garde son vaisseau quand le Saint Sauveur avait le don de lui mentir. La jeune fille, elle, se comporta simplement, avec l’innocence qui la caractérisait, profitait des bienfaits de ce monde sans trop y réfléchir, et ce malgré les deux adultes autour d’elle qui se vouaient une guerre de possessivité presque affligeante. Du moins si quiconque en avait eut la connaissance !

Elle put grandir dans un confort qui ne fut troublé que lors des nombreuses cérémonies dont elle fit l’objet. Séances de divinations, promesses du Seigneur et de Ses anges, absolution de la veuve et de l’orphelin, ou bénédiction de santé, de fortune, de grâce, pour tous ceux qui avaient la connaissance de son existence, ou le privilège d’avoir assez de pouvoir pour intéresser Ishar. Ainsi se développa en parallèle cette légende d’une élue divine en Égypte, capable d’éloigner l'infortune et faire connaître à qui le souhaite la bonne grâce du Seigneur, et l’importance croissante du tout puissant Ishar dans le pays, puis à l’international, auprès de ce cercle relativement fermé des chefs d’État superstitieux mais influents. Il y eut un temps besoin de s’assurer et de comprendre un peu l’étendue des capacités d’Emaneth, mais dès lors qu’il fut évident que la Djinn n’avait aucune capacité à faire le bien, il fut relativement simple de trouver les moyens de produire un mal profitable pour ces commanditaires n’attendant qu’à ce que les pions bougent tout seuls sur leurs échiquiers politiques et économiques. Ainsi Enothis devint de plus en plus précieuse, irremplaçable même aux yeux de beaucoup, si bien que sa chère colocataire charnelle commença à fomenter sa vengeance avec minutie, prévenant avec amusement son vaisseau que l’heure allait bientôt venir. L’heure où elles prendraient leur envol, loin de ces comportements barbares et de ces mensonges écœurants !

Ce fut à l’aube de ses dix-sept ans. Enothis fut amenée à faire un discours devant les fidèles, leur présenter quelle était la foi nouvelle de leur église, la toute puissance de leur religion, la grandeur de leur cause. Quelque chose de finalement assez commun, elle savait depuis le temps qu’elle se devait de nourrir les croyants de paroles dithyrambiques, de propos galvanisants, afin de s’assurer de leur pleine ferveur. On pouvait même dire que désormais, c’était un domaine dans lequel elle excellait, car si elle n’avait pas foncièrement la connaissance la plus vaste du monde, elle ne manquait pas pour autant de savoir littéraire, ce qui lui faisait un très joli verbe, que la perfection de son être et son rôle ne faisait que renforcer. En tout cas, elle eut à leur parler, et à cette occasion, Emaneth lui glissa à l’esprit qu’elle allait devoir, à un moment, glisser quelques informations particulières. Exactement, elle allait devoir leur faire accepter, par quelques tours de forces, qu’elle allait devoir voyager, quitter le berceau de cette religion pour aller répandre sa parole par delà les océans. Enothis avait d’ailleurs passé sa nuit à réfléchir à l’endroit où elle allait vivre les prochaines années, tant et si bien qu’elle fit une nuit blanche au bout de laquelle elle trouva enfin le pays de ses rêves. Elle voulait découvrir la technologie, les cités surpeuplées, et se trouver le plus loin possible de l’Égypte… C’est ainsi qu’elle choisit le Japon.

Alors, devant une foule de fidèles prêt à s’abreuver du moindre son qui dépassait ses lèvres, elle s’exprima.

« Enfants, filles et fils du plus lumineux des êtres, baignez-vous aujourd’hui encore dans les rayons de Sa grâce et de Son savoir. Découvrez en vos cœurs Sa force, Son amour et Sa loi. Car Lui seul est plein dans Ses sentiments. Nous sommes ici réunis, au creux de Sa paume, afin de L'embrasser et de Lui jurer une nouvelle fois notre servitude et notre dévotion absolue. Que soit loué le Très-Haut. »

Joignant l’acte à la parole, elle s’agenouilla, puis posa son front au sol, appelant par là même les fidèles à l’imiter. Nul n’en fit autrement, certains avec quelques exclamations de grâces divines redoublées, de ressentis de la main du Seigneur auprès d’eux, et autres charmants instants de fanatismes. Elle reprit une fois s’être relevée.

« Aux pleines ombres de la nuit, j’ai senti le souffle du Seigneur m’apporter mon Saint devoir, et le vôtre. Vous, fier peuple de Dieu, avez prouvé à ses yeux la plus grande des valeurs, et Son amour pour vous n’a d’égal que celui qu’Il porte aux anges qui protègent le Paradis. Vous, humains en quête de votre foi, avez su prouver par vos actes la dévotion et la loyauté indéfectible que Dieu seul sait trouver dans Ses serviteurs les plus dévoués. Ainsi, la voix du Seigneur vint me trouver en ces termes : ‘Que chacun d’entre eux parcoure milles miles, qu’ils s’avancent dans le monde avec le front haut et le pas ferme. Car notre parole doit s’étendre d’Est en Ouest, des profondeurs de la terre nourricière au vide du firmament.’ »

Les larmes jubilatoires coulèrent sur ses joues encrassées par le vent du désert, mais imperturbable, Enothis annonça sa dernière et unique strophe utile… Du moins pour elle.

« À votre instar, Dieu me présenta Sa loi : ‘À toi que j’ai prise pour vassale, tu trouveras ta route sur une île d’Orient. Loin des tiens, là où tous te trouveront étrangère, tu trouveras savoir et suivants, comme une nouvelle lumière. Cette quête t’éprouvera, et les tiens seront éprouvés, comme furent éprouvés les peuples saints lors des premiers exodes. Quitte ces terres en confiant aux agneaux leur tâche, et ne te retourne point, car chacun en ce monde aura à prouver sa foi.’ »

Les retombées furent immédiates, pas tant dans la foule de badauds en pleine extase que dans le regard noir et désapprobateur d’Ishar, voyant d’un très mauvais œil cette soudaine liberté prise par la jeune fille ! Il ne put toutefois rien dire sur l’instant, attendit la poursuite des sermons de la jeune femme avec une impatience qui l’amena à passer rageusement ses nerfs sur un des murs le plus proche. Mais quand elle entra dans les arrières pièces, destinées aux privilégiés, et donc elle par la même occasion, l’homme ne se fit pas attendre pour l’agripper et la tirer à lui, l’amenant à décoller ses talons du sol tant Ishar se laissait emporter dans sa colère et son accès de nerfs. Elle s’était attendue à ce genre de comportement, mais le but du jeu était de lui faire croire qu’elle était à l’origine de l’idée, et non Emaneth, de manière à ce qu’il ne pressente pas le coup venir. Alors elle ne put effectivement s’empêcher d’exprimer une légère surprise, mais une fois cela passé, elle le regarda droit dans les yeux, comme si elle était prête à défendre, avec tout l’égoïsme d’une jeune femme fière de ses décisions somme toute assez nouvelles, la décision qu’elle venait de prendre.

« QU’EST-CE QUE C’EST QUE CETTE MERDE, ENOTHIS ?
 -  J’en peux plus de vivre ici. Mes précepteurs ne veulent plus m’enseigner quoi que ce soit et j’en ai marre de rester enfermée. Ça ne sera pas plus simple pour toi de trouver de nouveaux pigeons autre part ? Je nous ouvre des portes, là !
 -  C’est MOI qui dirige aussi, tu n’es qu’un écran de fumée !
 -  Peut-être, mais un écran de fumée en or. Emaneth est liée à moi, JE suis celle qui te permets d’engranger du pouvoir et de l’argent à plus savoir quoi en foutre ! Alors ouais, j’exige contre ma servitude d’avoir enfin accès à un minimum d’éducation ! Et de libertés ! Je veux découvrir autre chose que les fissures du mur de ma chambre.
 -  Espèce de... »

Il manqua la frapper, mais retint son bras. Cette crétine commençait à n’en faire qu’à sa tête, et il n’avait pas encore obtenu tout ce qu’il désirait des pouvoirs d’Emaneth. Il se devait de conserver la jeune fille auprès de lui pour l’instant, et son retour au ciel attendrait qu’il soit satisfait. Alors il la relâcha, un rictus de dégoût au visage, puis reprit la discussion par la première victoire d’Enothis : il posa ses conditions sans la contraindre à sa loi.

« J’accepte. Tu choisiras ton école, va où tu veux. Mais tu seras sous haute surveillance où que tu soit. De même manière, tu auras accès à un compte bancaire mais seul un de mes hommes en connaîtra les codes, c’est clair ?
 -  Parfaitement. »

C’était une victoire absolue, et un premier pas très clair vers sa liberté. Les prochaines semaines virent ainsi une grande majorité des lieux se vider, seuls les quelques derniers intermédiaires nécessaires à la vie d’Ishar et d’Enothis furent obligés de rester en place jusqu’à leur départ. Puis vint le jour du départ. Entourée de six hommes de confiance d’Ishar, elle prit l’avion en direction de Tokyo, empruntant par là même l’aéroport du Caire, et s’émerveillant déjà de l’ensemble de cette technologie. Emaneth, quant à elle, opéra à une prise d’informations intensives au travers des yeux dorés d’Enothis : elle observa les gardes, leurs mimiques, leurs comportements, chercha parmi ceux-ci qui était en possession des codes bancaires. Elle comprit vite le mensonge d’Ishar quand elle remarqua qu’il devait être plus d’un, les retraits des tickets ayant été faits par l’un, tandis que l’observation des données bancaires sur un moniteur fut accomplie par deux autres. Ils avaient séparé les informations, et étrangement Emaneth se sentit passablement amusée par cet effort méritoire mais inutile. La plus grande erreur du Gourou avait été de penser qu’il ne s’agissait là que d’un caprice de la jeune femme !

L’avion fut une expérience qui fit rire aux éclats Enothis, et fort heureusement pour elle, la première classe de ce voyage était passablement vide, ce qui lui offrit plein droit d’exprimer cette effusion de joie. Le décollage lui souleva le cœur, l’atterrissage aussi, mais il y eut en cet instant un tel bonheur qui émanait d’elle que ces désagréments ne surent ternir son plaisir d’un tel voyage. L’arrivée dans un nouveau pays fut toutefois un moment particulièrement étrange pour la jeune femme, qui découvrit que dans sa grande mansuétude et son habituelle retenue, Dieu en détruisant Babel avait su rendre la tâche monstrueusement ardue pour l’être humain de se comprendre avec son semblable. Devant bien avouer qu’elle ne comprenait pas un traître mot des autochtones, elle dut se rabattre sur un interprète le temps qu’elle prenne en main un minimum l’apprentissage du japonais, surtout que ses futures recherches allaient devoir demander qu’elle sache au moins comprendre ses professeurs. C’est ainsi qu’elle apprit en hâte formules de politesse et langage basique avant de se mettre à la recherche d’un lycée ! À déjà dix-sept ans, elle allait accuser un retard, mais elle se préparait à être tout particulièrement studieuse. Elle fit mine de chercher tranquillement sur un ordinateur, bien gentiment surveillée par sa garde aussi collante qu’ils étaient fidèles à la cause d’Ishar… Puis de nuit, Emaneth prenait soin de prolonger ces recherches à l’insu des gorilles, choisissant le lieu idéal pour se dissimuler sans pour autant paraître trop évident. Elle choisit ainsi l’établissement d’une ville nippone un peu plus lointaine, du nom de Seïkusu, et entama d’acquérir, de compléter, et de fournir les documents qui permettraient à Enothis de s’enregistrer comme étudiante de première année en ces lieux. Nul besoin de préciser que les deux femmes n’ayant guère conscience de ce monde et de ses difficultés, réunir les pièces justificatives prit plusieurs mois, assez pour que l’été arrive… et qu’elles se préparent alors à accomplir leur dernière duperie.

Il était tard, très tard quand Emaneth prit la place d’Enothis. Elles avaient besoin de plusieurs petites choses pour pouvoir s’en sortir une fois leur fuite entamée, et la première allait être de s’assurer que la petite égyptienne puisse vivre sans avoir à craindre pour son logement et sa nourriture. Alors la Djinn alla trouver les gardes endormis, et se glissa dans leurs songes. Elle y chercha les informations dont elle avait besoin, à savoir tout particulièrement les différents codes et identifiants du compte bancaire alloué à Enothis, puis s’assura d’avoir acquis les bons numéros en allant se connecter sur le site de la banque concernée. Le premier essai fut une erreur, l’accès lui ayant été refusé, et dans sa colère elle décida de ne plus passer par quatre chemins : plongeant à nouveau dans leurs songes, elle y fit naître cauchemars et terreurs, assez pour rendre un homme fou sans jamais le réveiller. Et elle leur fit cracher le morceau bien malgré eux. À plus de trois heures du matin, elle eut enfin droit à sa victoire, observa la somme colossale qui avait été allouée à Enothis, puis eut le plus grand des plaisirs à modifier identifiants et mots de passe, pour s’assurer d’avoir toujours la main-mise sur le compte sans que qui que ce soit ne se permette de le clôturer après leur départ. Elle envoya immédiatement après un mail, via une boîte internet qu’elle avait précédemment créée, reprenant le fil d’une discussion qu’elle avait eut avec la propriétaire de logements pour étudiants et jeunes adultes, de petites chambrettes propres et entretenues.

Elles avaient déjà convenu d’une date d’arrivée, le lendemain exactement, et elle lui exprima dans son dernier et ultime message que malheureusement elle ne pourrait être disponible à cause de son travail, si bien que seule sa fille serait présente le lendemain, mais qu’elle aurait l’argent pour les cinq premiers mois de loyer en signe d’excuse. Elle ne s’attendait pas à une réponse, mais au moins elle pouvait ainsi s’assurer qu’il n’y aurait pas trop de problème dans la journée du lendemain.

Alors, elle acheta un billet pour le prochain train à destination de Seïkusu. Elle effaça ensuite les traces de ces transactions et des recherches qu’elle avait faites sur le navigateur. Puis elle rassembla les affaires … répugnantes d’Enothis, et les emporta sans un bruit. Elle se glissa par la fenêtre, s’avança sur les gouttières sans les faire grincer, légère comme une plume, sauta sur les escaliers de secours avant de les dévaler pour finalement disparaître dans la nuit.

Quand Enothis ouvrit de nouveau les yeux, elle était dans le train, et vit sa plus précieuse amie dans le reflet de la vitre. Tournant la tête vers les yeux émeraudes, elle ne put s’empêcher de sourire de manière infantile, puis de lui demander avec candeur :

« Alors c’est bon ? Nous avons réussi ?
 -  Oui Enothis, nous sommes enfin libres. Plus qu’à voir ce qu’on va faire de cette vie. »

~Fin~



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