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Sujets - Lied Mueller

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1
De tous les véhicules possibles et accessibles, il fallait toujours qu'elle tombe sur les plus pourris. Lied pestait, accoudée à la fenêtre de la voiture chargée de la reconduire chez elle, en regardant défiler les paysages ennuyeux et tristes, du moins, quand elle le pouvait, puisque la route était si mal fichue qu'elle gigotait dans tous les sens, passant son temps à s'enfoncer le poing dans le menton. Cette foutue bagnole roulait à peine ! Elle n'avait aucune suspension, prenait les virages n'importe comment, et bon dieu qu'elle sentait mauvais ! Les ressorts ressortaient au dessous de ses fesses, les vitres ne pouvaient pas être baissées, aussi, il faisait une chaleur torride dans l'habitacle, et il ne restait que huit petites heures avant d'être à la maison. Huit. Heures. Le temps de traverser les huit cercles de l'enfer, oui ! Si la conductrice ne disait pas un mot, sa copilote, elle, tentait d'être positive, essayant d'alléger la lourde atmosphère et de divertir la sénatrice qui s'ennuyait profondément. Elle était gentille, et c'était adorable de sa part, Lied le remarquait bien, mais elle n'en pouvait déjà plus.

La sénatrice revenait d'un rendez-vous avec un dirigeant lointain, qui souhaitait simplement actualiser les termes du contrat qui liait feu son père, et si cette visite n'était pas d'une durée extravagante ou d'une complexité ardue, il se trouvait que ce dirigeant était doué d'un phallus, et par conséquent, aucune autre personne que Lied n'avait accepté de faire le déplacement. Elle en payait d'ailleurs les conséquences, se retrouvant avec le pire véhicule possible qu'on ait pu lui allouer. Pour une visite aussi insignifiante, on ne lui avait accordé qu'une escorte, celle qui essayait désespérément de remettre du baume au cœur à ce retour à la capitale, en plus de sa conductrice qui était plus silencieuse que les cailloux dans le désert qu'elles traversaient. La plupart des militaires tekhanes étaient de cet acabit : droite, silencieuse, professionnelle. Un peu comme les meilleures mercenaires, d'ailleurs. Mais en général, Lied se méfiait un peu de ces demoiselles-là.

Sylphe lui avait fait remonter dernièrement de drôles de fréquentations dans les rangs de l'armée, non pas qu'elle était certaine, d'où qu'elle en parla à son amie et non la sénatrice qu'elle était, et préférait la mettre en garde, juste au cas où. S'il y avait bien une chose supérieure à la fierté chez une tekhane, c'était bien l'appât du gain, et l'armée, dont le budget faisait du yoyo, était une cible parfaite pour les hommes contre cet empire au féminin. Alors quand elle posait ses yeux bleus sur la nuque dégagée de la conductrice, au dessous de son col kaki et ses courts cheveux noirs, Lied se méfiait d'autant plus.
La voiture fit soudainement une embardée, poussant la jeune femme à crier alors qu'elle s'accrochait à ce qu'elle pouvait pour ne pas percuter par accident quelque chose. Est-ce qu'elle s'était empêtré dans un énième trou ? Ou alors, une pierre plus pointue que les autres avait-elle percé un pneu ? Aucune idée, mais en tout cas, la conductrice fit s'arrêter le véhicule, en fit rapidement le tour, avant d'inviter tout le monde à descendre au travers de la phrase suivante, d'un ton neutre et serein... militaire :


« Le pneu arrière droit a explosé, je vais devoir le changer, il vaut mieux que tout le monde soit dehors. »


La demoiselle aux cheveux roses sortit alors, restant près de sa garde pour observer la soldate ouvrir le coffre. Elles étaient au milieu de nulle part. A l'horizon, elle ne percevait même pas encore les hautes tours de Tekhos, encore moins les tuiles rouges des toits du petit pays qu'elle venait de quitter, seuls les ombres des nuages qui obscurcissaient le sable orangé et les petites pierres grises. A part regarder ce spectacle navrant, il n'y avait rien à faire. Peut-être aurait-elle faire plus attention. Quand elle vit du coin de l’œil une barre métallique s'abattre sur son visage, Lied s'en voulut. Elle était trop naïve, et en payait le prix, s'écrasant dans la poussière alors que sa conscience disparut.

___________________________


Il y avait beaucoup de bruits autour, accentuant le mal de crâne qui prenait la tête de la demoiselle. Pas moyen d'ouvrir les yeux pour l'instant, la douleur la rendait groggy, il fallait attendre qu'elle s'apaise, juste assez pour voir ce qu'il se passait. Le premier indice qu'elle récolta fut le fait qu'elle entendait des voix d'hommes. Ils étaient nombreux, avec un timbre sec et grave, à la manière des ivrognes des pires quartiers qui soient. La seconde fut le sujet de leur discussion. Certes, ils parlaient beaucoup du fait qu'ils avaient enlevé une sénatrice, que c'était super... Oui d'accord, bon, ça, elle s'en moquait, elle le savait déjà, puisque c'était elle, la sénatrice ! C'était le pourquoi, qui l'intéressait, et qu'elle eut sans mal, à faire semblant d'être encore inconsciente.


« Maintenant qu'on a c'te pétasse, on va pouvoir récupérer la marchandise.
- Et t'crois qu'elles vont pas la chercher ? Si c'tait aussi simple, on l'aurait fait d'puis longtemps !
- C'est plus facile de chopper une autorisation et aller récupérer les rejetons comme ça. »


Clairement, elle n'était pas tombée sur les kidnappeurs les plus futés de Terra. Enlever une sénatrice pour récupérer des esclaves, franchement, elle pensait avoir tout vu des plans improbables de ces stupides hommes, mais là, c'était le pompon. Est-ce qu'ils avaient vraiment la moitié de la cervelle qui tombait pour leur créer des couilles, pour ne pas être capable de réfléchir deux minutes à leurs idioties ? Ils auraient pu acheter les forces de l'ordre qui gardaient leur marchandise, braquer l'entrepôt, mais non ! Il fallait qu'ils fassent la plus grosse connerie de leur vie ! Il y eut quelques bruits de pas, puis Lied se prit une claque alors qu'on lui criait de se réveiller. La douleur fraîchement disparue revint, sonnant comme une cloche acide dans son crâne. Quand elle leva les yeux vers l'individu, elle ne put que les refermer de dégoût. Il sentait mauvais, une odeur de vinaigre qu'il devait sans doute appeler alcool, voire bière, et qu'il sirotait comme le lait d'un nourrisson. Ses dents étaient noires, pour celles qui restaient dans sa bouche, lui donnant un sourire immonde au derrière de ses lèvres violacées. Sa peau avait commencé à brunir sous la crasse, et fort heureusement, elle n'eut pas le temps de juger de son accoutrement, de peur de voir dépasser par un trou dans ce qui lui servait de pantalon une touffe de poils habitée par des poux, ou pire, son outil de viol mal entretenu. Combien de ses « rejetons » avaient subi ce qu'elle cherchait à ne pas voir ? Elle n'osait même pas approfondir sa pensée.

Les heures suivantes, Lied fit de son mieux pour ne pas ouvrir la bouche. Ces crétins ne savaient même pas où on avait rangé leur marchandise, et cherchaient en plus à s'approprier un moyen de retourner les chercher en utilisant son nom. Certes, elle défendait les droits des hommes, mais pas des porcs. Même un terranide avait plus de valeur à ses yeux que ces abrutis-là. Et n'importe qui s'en serait rendu compte, jamais personne ne les laisserait rentrer dans un entrepôt militaire. Evidemment, cette réponse ne leur plairait pas, alors la jeune femme ne disait rien. Peu importe ce qu'on lui envoyait à la figure, elle faisait de son mieux, même si elle n'était pas entraînée à ce genre de choses, elle ne pouvait qu'essayer. Imaginer un cupcake à la cerise pour ne pas sentir le goût du sang dans sa bouche, ses couvertures douces et moelleuses sur sa peau pour oublier les coupures sur ses bras, … Les hommes à l'entrée commencèrent à faire du boucan, tandis que les portes grondaient. Lied hésitait entre le fait qu'on cherchait à les tordre ou à les plier par le milieu, c'était incompréhensible, autant pour elle que pour quiconque dans cette pièce. Des cris dans tous les sens, qu'elle ne comprenait pas vraiment, sans doute du fait que la tête lui tournait, sa vision oscillant entre le sombre et le noir complet. Avait-elle été blessée quelque part ? Ou était-ce simplement un contrecoup de la barre qu'elle s'était prise sur le crâne ?

Le résultat fut cependant que lorsqu'elle vit de nouveau mieux, l'énergumène qui s'amusait jusqu'alors avec elle n'était plus là. Au sol traînait... un cadavre. Sa tête ne tenait au reste du corps que grâce à quelques tendons, son cou ayant été arraché ou déchiqueté jusqu'à ce que le reste ne se détache progressivement. A mieux y regarder, ce n'était pas le seul cadavre des lieux : des bouts de corps traînaient ça et là, comme s'ils étaient devenus des piñatas pour une meute d'enfants en quête de bonbons. Elle s'était effacée quoi, cinq minutes à peine, moins peut-être ? Comment un tel carnage avait-il pu avoir lieu ?! L'explication était peut-être la figure qui se découpait dans la pâle lueur qui s'infiltrait par la porte défoncée, élancée et plutôt imposante, de ce qu'elle voyait, un homme, donc, encore un. Celui-ci s'avança vers elle, crispant la pauvre Lied sur sa petite chaise branlante, sans parvenir à dévier son regard de chaton effrayé de lui... sauf quand il passa dans son dos. Les misérables cordages qui retenaient ses mains furent déliés, lui permettant de ramener ses poignets à l'avant pour frotter les larges marques rouges sur sa peau diaphane. Elle se racla la gorge difficilement, afin d'essayer de prononcer doucement le petit mot le plus à même d'être prononcé dans cette situation.


« M... Merci.. »


Vu la réaction suivante, ce n'était sans doute pas par bonté de cœur qu'elle venait d'être sauvée. Elle était face à une bête. Ses yeux brillaient dans le noir et la fixaient avec une espèce de dédain qu'elle ne comprenait pas, un peu hébétée par la situation. Ce ne fut que pire lorsqu'il ouvrit la bouche et que ses mots ne parvinrent à ses oreilles, comme si elles étaient bouchées par de l'eau. Elle lui demanda bien maladroitement de répéter, mais ne fut clairement pas certaine d'avoir réussi à formuler sa phrase. La demoiselle commençait à se sentir penaude, d'autant plus qu'elle remarquait que son sauveur s'impatientait, ou s'agaçait, voire les deux en même temps. Son attitude transparut lorsqu'il lui tendit la main, paume ouverte, doigts légèrement écartés, signe qu'il attendait quelque chose. Une récompense, sans doute ?


« Que... quoi ? Je n'ai rien sur moi, je... Je suis désolée, je ne sais même pas où sont.. mes affaires... Il faut que- »


Lied devint muette. Ce n'était pas la bonne réponse, visiblement. C'était sans doute l'acte de trop, la goutte qui fait déborder le vase, car même si, en soi, elle ne l'envoyait pas brouter l'herbe, elle ne pouvait rien lui offrir. Rien. Elle était fatiguée, abrutie par la douleur, et ne voulait qu'une chose : rentrer à la maison, en sécurité. Son sauveur, lui, avaient les traits qui ressortaient dans ce maudit éclairage, lui donnant des allures de monstre furieux, et un monstre, ça ne restituait pas gentiment la mignonne princesse à ses parents. Ca avait plutôt tendance à l'emprisonner et lui faire vivre mille tourments. Ceux de Lied ne faisaient que commencer, visiblement.

2
Tekhos Metropolis était une grande et vaste cité, florissante, pointe de la technologie, réputée pour avoir mis en place des sécurités telles que bien des étrangers trouvaient cette ville trop à cran, voire plus farouchement gardée qu'un coffre fort. Et ils n'avaient pas vraiment tort ! C'était notamment le cas du Sénat. Les rondes des gardiens étaient aussi précises que les codes régissant les caméras de la structure, les contrôles aussi pointilleux que les protocoles pour laisser un extérieur pénétrer les étages où les sénatrices exerçaient. A cette image, la prison abritant les criminels étaient toute aussi bien gardée ! Cependant, le Sénat possédait une faille, qui avait visiblement été repérée. Récemment, l'on avait découvert de curieuses pannes électriques dans les locaux avoisinant le vieux bâtiment législatif tekhan, aux murs blanc lisses, comme taillés dans le marbre. Personne ne se serait inquiété d'une vulgaire coupure d’électricité qui ne dure qu'une petite demi-heure si ç'a n'avait été à ce lieu précis de la cité, à cette fréquence. Une demi-dizaine de coupures en un mois. Que les meilleures tekhanes soient sur cette affaire ou que l'on cherche en urgence un moyen de pallier à cette faille, personne ne mit au courant les sénatrices, du moins, jusqu'au dernier instant.

Ce dernier instant, ce fut quand, à 11h47, Lied vit l'écran qu'elle s'apprêtait à signer disparaître au même moment que la lumière s'évanouit. Elle n'était pas seule, à cet instant, accompagnée d'une diplomate avec qui elle avait rendez-vous pour établir un traité commercial quelconque. C'était à n'y rien comprendre : n'y avait-il pas des générateurs de secours, des circuits alternatifs, ou que savait-elle encore ? Elle avait fait des études de politiques, pas de physique ! Et elle n'avait aucune intention d'appeler à cet instant sa mère pour lui poser la question, surtout quand, plus loin, dans le couloir, elle remarqua une figure clairement armée trotter en silence. Quelle meilleure idée que téléphoner à Luxienne pour lui demander par quelle prouesse il était possible de désactiver complètement et sans alarme le Sénat, tout en finissant par faire bonjour à un potentiel assassin, et lui donner le téléphone pour qu'il puisse directement dire le montant de la rançon ? Superbe ! Par chance, ce jour-là, la sénatrice Mueller n'était pas dans son bureau. Sylphe, son amie militaire, était venue passer la soirée avec elle, et ayant légèrement bu en sa compagnie, elle s'était endormie sur le canapé, lovée dans les bras de son amie. C'avait été la meilleure nuit qu'elle avait passé depuis longtemps : la chaleur réconfortante de ses bras doux et ferme, son odeur proche d'une pomme acidulée, les dernières brumes de cet alcool de framboise qu'elles avaient partagé.... Tout ceci détruit par l'alarme du téléphone de la jeune femme. Partie en retard, ses clés étaient restées quelque part chez elle, aussi avait-elle pris place dans une des nombreuses salles de réunions du bâtiment. Un coup de chance, somme toute.


« Madame Mueller ! Madame Mueller ! Par ici, s'il-vous-plaît, dépêchez ! »


Dans un angle éloigné de la pièce, une petite dame se tenait derrière un pan noir, sans doute une porte. A la lumière de la petite lampe vétuste qu'elle tenait, il s'agissait d'une des réceptionniste, agitant le bras pour faire signe aux deux politiciennes de la rejoindre au plus vite, avant de s'engouffrer en leur compagnie dans un couloir inconnu.


« Mais que se passe-t-il, enfin ?! Où va-t-on ?
- Je suis désolée madame, il faut nous hâter ! Le bâtiment est actuellement attaqué, une voiture vous attend dans les étages inférieurs.
- Mais pour quoi faire, bon sang ?
- Ils en ont après certaines sénatrices ! La plupart sont en déplacement aujourd'hui, aussi, ils ont une liste de celles qu'ils comptent emmener, et votre nom en fait partie. »


C'est ainsi que Lied se retrouva dans une voiture inconnue en direction d'un lieu inconnu, filant à travers les routes au loin de la cité de son enfance, loin de ses deux mères qui ne savaient rien, de sa petite sœur, de sa cousine, de tout. Elle n'avait pas le droit de savoir où elle allait, de peur qu'une autre attaque ne nuise à sa sécurité. La demoiselle aux cheveux roses observait donc la vitre teintée et le paysage. C'était vide, désertique, à l'image de son ventre qui gargouillait. Pas même une bouteille d'eau dans l'habitacle, ni le moindre petit biscuit à se caler sous la dent, elle devait attendre que la voiture arrive à destination. Au final, la jeune femme s'endormit sur le trajet, ne se réveillant qu'à la tombée du soir dans un lieu tout aussi désert que lorsqu'elle s'était endormie, à la différence près qu'elle se trouvait devant une petite maison un peu en ruines. Sa conductrice descendit pour lui ouvrir, lui remit les clés, avant de repartir, sans dire le moindre mot. La sénatrice fixa la porte, là, la clé dans la main, un peu éberluée par ce qui lui arrivait.


« Euh... D'accord, et je fais quoi maintenant ? »


Fidèle à sa première impression, la maison se trouvait être une vieille bicoque. La toiture tombait un peu en ruine, quelques gouttes d'eau tombant dans le grenier à l'étage, quand le parquet grinçait sous les pieds menus de la demoiselle qui évitait les lattes manquantes ou visiblement à demi-arrachées. Son petit appartement cosy lui manquait déjà. Bien que possédant un étage, la demeure était relativement petite : un salon et une cuisine, puis une chambre et salle d'eau à l'étage, ni plus ni moins. C'était un petit logis aménagé de sorte à être utile et non confortable, il suffisait pour cela de regarder la chambre : un vieux lit en bois, des draps qui avaient vécu, un bureau, une chaise, une table de nuit et une armoire. Les autres pièces étaient dans ce même genre sobre et ancien. On lui avait promis un lieu sécurisé, et elle se retrouvait complètement perdue dans un lieu paumé dans cette vieille baraque défoncée ?! La sécurité tekhane était tombée bien bas ! Rebroussant chemin dans le petit couloir mal éclairé, Lied alla à la cuisine, se cherchant de quoi manger. Elle trouva une espèce de truc métallique rond, comportant une étiquette rouge et jaune avec, pour logo, un carré jaune et une tomate. Aucune idée de ce que c'était, aussi, elle sortit un de ses appareils toujours si utiles, et présenta à la caméra sa trouvaille.


« Analyser l'objet.
- La boîte de conserve est un contenant métallique hermétique permettant la mise en conserve des aliments et leur maintien à température ambiante. Cette invention, datant de plusieurs siècles, répondait à l'origine à des besoins militaires, et permet de conserver toute type d'aliment, des légumes les plus fragiles à la viande.
- Est-ce que.... Est-ce que celle-ci se mange ? Est-ce que c'est... bon ?
- La probabilité que la boîte de conserve soit consommable est de : 74%. La qualité nutritionnelle attendue des raviolis est de : 17%. La qualité gustative de cet aliment est estimée à : 5,7%.
- …. Super. Bon, bah j'ai pas le choix. »


La boîte de conserve fut le combat de Lied pendant quatre jours. Tout d'abord, elle se coupa largement la paume de la main en tentant de se servir de l'ouvre-boîte, bien difficilement acquis dans un tiroir coincé par la rouille. Ensuite, elle eut tout le mal du monde à comprendre comment se servir de la cuisinière, et ce, même avec l'aide de son assistant électronique qui avait réponse à tout. Le premier soir, elle mangea ainsi froid, assise au sol de son nouveau logis, sans savoir quand elle pourrait rentrer chez elle. Elle ne reçut qu'un bref message de l'armée, lui indiquant qu'elle devait rester ici jusqu'à nouvel ordre, qu'elle recevrait par un message similaire, et devait se servir le moins possible de tout appareil communiquant avec la capitale. Les activités de la sénatrice furent aussi variées que ses repas. Elle se mettait quelque part dans un coin et pensait, voire, avec de la chance, elle trouvait un vieux papier à lire, mais celui-ci ne faisait guère long feu. Le soir, Lied se couchait dans le lit à l'étage, se serrant dans les draps fins et poussiéreux jusqu'à trouver un sommeil agité. Peut-être fut-ce d'ailleurs ce qui sauva sa vie.

La demoiselle ne dormait qu'à moitié à cet instant. Au travers des rideaux troués, la lumière blafarde de la lune transparaissait, venant s'étaler sur sa chevelure rose bonbon. Il n'y avait pas de nuage cette nuit-là, le silence régnait, et pourtant, Lied ne parvenait à trouver le sommeil. Elle s'inquiétait, réfléchissait, et n'arrivait pas à se laisser porter par les vapeurs du sommeil, les affres langoureux d'un repos pleinement mérité, ses yeux bleus fixant la porte de l'autre côté de la pièce. Elle perçut cependant une ombre venir obscurcir la pièce, une ombre qui provenait de la fenêtre. Lied en était certaine, il n'y avait aucun nuage cette nuit, et elle ne pouvait se retourner pour vérifier, car elle était certaine qu'il s'agissait d'une personne. Une personne qui, dans son dos, l'épiait, attendait d'avoir la certitude que cette jeune et fragile sénatrice était endormie, livrée à lui, sans défense, dans l'inconscience la plus totale. Grincement. On ouvrait aussi délicatement que faire se peut la fenêtre usée pour rentrer dans la chambre, s'approcher furtivement du lit. Quand Lied sentit enfin un souffle tiède près de son crâne, elle fit volte-face, écrasant là où elle pouvait la lampe de chevet contre l'intrus. Evidemment, celui-ci cria, et la jeune femme en profita pour quitter sa couche et se ruer à l'étage inférieur, suivie de près par l'intrus. Il n'y avait nulle cachette dans cette maison, que pouvait-elle faire, autre que courir ? Au bas des escaliers, elle s'engouffra dans la cuisine, pouvant enfin observer, bien que difficilement, son agresseur. Elle ne distinguait que sa forme dans la pénombre, une forme plus imposante, plus grande et plus forte qu'elle. Pas moyen de savoir s'il était armé. Reculant, son pied butta contre un objet, bruit disgracieux dans la nuit noire, mais surtout, arme bienvenue alors que ce qui semblait être un homme se ruait sur la sénatrice. Elle se baissa au moment où elle percuta l'individu, se saisissant à peine de ce qui avait contenu son repas, l'abattant avec toute la force dont elle était capable sur son visage. Par rapport à la lampe, il cria bien plus fort, et envoya une giclée chaude sur la joue de la dame.

Lied se bloqua. Elle s'était pris du sang, une volée de sang, qui l'effraya une seconde. Une précieuse seconde, si précieuse ! Elle s'en rendit compte en sentant la forte poigne venir se resserrer sur son cou.


« Sale petite pute !
- Lâ... Lâchez-moi... ! »


Ca faisait mal, atrocement mal, l'air fuyait son corps pour ne laisser place qu'à un feu douloureux, emplissant sa poitrine. Ses petites mains cherchaient autant de l'air qu'à attraper les poignets de ce pauvre type, plantant ses ongles dans sa peau... sans succès ! Les premières larmes dévalèrent ses joues, à mesure que sa conscience s'effaçait. Est-ce que tout allait se finir ainsi, aussi stupidement ? Etranglée sur une parquet défoncé dans un lieu inconnu, seule, sans avoir pu dire au revoir à sa famille ?


« A l'aide, je vous en supplie... »


Nul ne pouvait dire si ces quelques murmures purent être entendus, perdus dans la gorge sèche et écrasée de la belle, ou bien dans ses sanglots. Il n'y eut ensuite plus rien : plus de douleur, plus d'ombre au dessus de sa tête. La seconde brûlure que la demoiselle sentit fut celle de l'air retrouvant sa place, lui arrachant une quinte de toux alors qu'elle se redressait, chancelante. Est-ce qu'elle venait de rêver, ou le type venait de se faire expulser d'un coup de pied sorti de nulle part ? Il avait été si lourd sur elle, ses mains étaient plus larges que son cou, elle pouvait encore sentir l'épaisseur rêche de ses doigts, et pourtant, il était là, étalé contre le mur à deux bons mètres d'elle, légèrement sonné, projeté comme s'il n'avait été qu'un vulgaire torchon sale balancé dans la panière à linge. Lorsque son visage se redressa enfin, ce fut pour montrer deux globes scintillants dans le noir qui pointaient en direction de Lied. Cette dernière paniqua, une fois encore, et commença à reculer, toujours assise, jusqu'à percuter quelque chose dans son dos qui n'était nullement le mur. Son premier réflexe fut de regarder une seconde fois l'air menaçant de l'homme en face d'elle, qui, en réalité, ne la regardait pas elle, mais quelque chose en sa direction, plus haut. Son second fut bêtement de relever la tête, et rencontrer la plus grosse surprise de cette soirée.

3
C'était un jour entouré quatre fois au feutre rouge sur le calendrier de Lied, placardé sur son frigo au beau milieu de sa cuisine. Elle s'était mis un réveil la veille, et trois alertes sur son téléphone. Elle ne manquerait cette occasion pour rien au monde, rien ! Tout était prévu depuis déjà plus d'un mois. Du plus petit détail à l'évident, elle était prête à tout pour avoir sa pâtisserie ! En effet, le lendemain se déroulait l'une des fêtes les plus importantes de Tekhos, celle de l'indépendance féminine de ce territoire des plus particulier. Si la jeune sénatrice appréciait cette fête même si elle appréciait la gente masculine, si elle l'adorait et la surveillait du coin de l'oeil d'aussi loin, c'était parce que chaque année était tirée au sort la pâtisserie qui serait faite en l'honneur de cette commémoration et confectionnée dans la plus prestigieuse pâtisserie tekhane, que Lied fréquentait aussi souvent que possible en raison de sa gourmandise légendaire. Et cette année était celle que Lied attendait, celle qui allait enchanter ses papilles pour la prochaine décennie. Parce que cette année, la sucrerie qui était à l'honneur était le cupcake.

La dernière fois que cela était arrivée, la petite Lied n'avait que tout juste trois ans, et était tombée profondément malade, passant la semaine alitée dans une terrible fièvre. Ses mères à son chevet, aucune n'avait pu profiter du festival, et l'enfant n'en avait été que plus dévastée encore, jusqu'à ce que sa tante, pensant à sa nièce qui rêvait de pouvoir y participer, lui rapporta un cupcake de festivité. Elle en avait été si heureuse, appréciant tant la divine gourmandise, qu'elle en avait éclaté en sanglots, pleurant à chaudes larmes dans les bras de Myriade qui s'était alors couchée avec elle dans son petit lit pour la consoler. C'était un sentiment doux et plaisant auquel elle se raccrochait, et cette fois, sa santé ne se mettrait pas en travers de son chemin ! Dès qu'elle avait su pour le cupcake, elle avait hurlé et programmé le tout des prochains jours. Ce fut peut-être la seule fois où l'on vit la sénatrice Mueller courir dans un magasin de camping, à s'acheter un sac de couchage bien chaud et douillet, une petite tente, puis filer faire le plein de nourriture pour tenir, puisqu'elle comptait camper devant la pâtisserie pour pouvoir y pénétrer et récupérer son dû dès l'ouverture à l'aube ! C'est donc une Lied très organisée qui quitta le Sénat ce soir-là, toute heureuse et impatiente, rejoignant son véhicule.

Comme nombre de tekhanes, elle avait le goût des derniers modèles de véhicule, ceux qui ne demandaient même plus à avoir un réel conducteur physique, quand bien même la jeune femme savait conduire, cas où elle aurait à laisser tomber le pilote virtuel de son engin, ou plutôt où celui-ci la laisserait tomber pour une raison ou une autre. Une voiture aux courbes fines, aux vitres fumées, d'une blancheur élégante, que Lied avait voulu la plus confortable possible en raison des trajets parfois bien longs qu'elle pouvait être amenée à faire. Cela ne lui serait que bénéfique après sa dure journée de travail. S'installant à l'avant du véhicule, posant à son côté son sac à main alors qu'à l'arrière se trouvait celui, plus gros, contenant tout ce dont elle avait besoin pour survivre cette nuit, elle s'engagea hors du parking où elle avait sa place attitrée pour se diriger vers la pâtisserie tant convoitée depuis des semaines. Nul besoin de passer chez elle prendre une douche, son lieu de travail était étonnamment pourvu de salles d'eau, ni pour prendre une couverture ou un oreiller, tout était déjà prêt. Il ne lui restait qu'à patienter dans les quelques bouchons habituels à cette heure de la journée pour ensuite aller se positionner là, devant cette pâtisserie qui allait fermer d'ici qu'elle arrive.

Les choses ne pouvaient cependant pas toujours se passer comme prévu, surtout lorsque cela concernait la famille Mueller. Belphy était la plus habituée à ces tourments, Lied y échappait de manière générale, comme si le destin avait décidé qu'il avait bien assez endommagé sa jeunesse pour se permettre de nouveau de tels malheurs dans sa vie d'adulte. Sauf cette soirée-là. Alors qu'après avoir tourné en rond pendant un quart d'heure pour trouver une place, elle venait enfin de se garer, la voiture commença à paniquer. Et paniquer dans le sens où elle se verrouilla soudainement, calfeutrant même les fenêtres, comme si la jeune femme à son bord était victime d'une attaque armée. C'était un des malheureux scénarios possibles dans la vie de sénatrice, aussi chaque véhicule dont elle faisait l'acquisition devait être doté d'un système de protection pour la tenir en vie coûte que coûte. En l'occurrence, quitte à lui coûter le met divin qu'elle souhaitait. Il faisait nuit noire dans l'habitacle, et summum du dérèglement, le véhicule n'émit pas le signal de détresse qui permettait aux forces de l'ordre d'arriver sur place et l'extirper de sa prison protectrice. Soudainement prise de rage, un poing s'abattit sur une des vitres.


« Mais laisse-moi sortir, engin de malheur ! Sale boîte de conserve ! AIDEZ-MOI !! »


Un cri retentit dans l'habitacle, perçu par quelques passantes qui ne s'attardèrent que peu sur leur chemin. Ce n'est qu'après une heure d'attente impatiente et un paquet de chips éventré que la jeune femme en eut marre et appela d'elle-même les autorités. Et ce n'était que le début des emmerdes. Les équipes d'exfiltration n'arrivèrent qu'une heure plus tard, elles aussi prises dans les bouchons, et surtout, ne parvinrent pas à déverrouiller le véhicule. Il semblait qu'une anomalie du système avait causé l'enclenchement du système d'urgence avant de tout bonnement cesser de fonctionner, empêchant toute résolution par les voies informatiques du problème. Et ils n'osèrent la prévenir qu'après encore une heure et demi de plus ! Il faisait froid à l'intérieur, elle avait même dû dérouler son duvet pour se tenir au chaud et engloutissait compulsivement des billes soufflées au chocolat. Même les divinités des mondes environnants durent entendre la rage de Lied quand elle entendit qu'on ne pourrait sans doute la sortir de là qu'au lendemain matin, le temps que l'on fasse venir un des outils de l'armée pour découper une sortie dans le véhicule. Ni une ni deux, elle coupa court à l'appel de l'agente sur son téléphone, et fit ce qu'elle avait à faire dans cet état de crise.


« Oui bonjour, pâtisserie Emeros je vous écoute ?
- Bonsoir, c'est Lied Mueller à l'appareil. J'ai une immense et irresponsable requête...
- Que vous faut-il cette fois madame Mueller ? Une autre de ses boîtes de chocolat fleuris ?
- Non c'est... Et bien... Je voudrais réserver une de vos pièces des festivités de demain. Je suis actuellement coincée dans ma voiture. Genre, littéralement. Je dois attendre demain matin que l'armée veuille bien ouvrir cette boîte de conserve. Et.. Oh par pitié, juste un seul, cela fait depuis vingt-trois années que j'attendais ça, ça ne peut pas me passer sous le nez pour une connerie pareil ! Je vous en priiiiiiie !
- Héhé, aucun problème madame Mueller. Vous êtes une habituée de chez nous, pour une pièce, cela ne fera pas la différence. Veuillez juste ne pas ébruiter cette petite faveur.
- Oh vous êtes une ange, merci infiniment, et à demain ! »


Heureusement que Lied avait prévu de quoi survivre, puisqu'elle en eut bien besoin. Impossible pour elle d'obtenir de la nourriture de l'extérieur ou activer le chauffage ou mettre de la musique, elle se contentait de grignoter tout ce qu'elle avait emporté, emmitouflée dans son duvet rouge en regardant une série sur sa tablette de travail, ou un film. Le fait de savoir que, quoi qu'il arriverait, un cupcake l'attendrait docilement à la boutique lui permettait de ne pas stresser outre mesure et d'attendre patiemment l'aube, quand enfin la délivrance viendrait la quérir. C'est ainsi qu'au petit matin, alors que les participantes de la fête commençaient déjà à tout mettre en place, qu'une espèce de scie géante fut amenée auprès du véhicule où la sénatrice se reposait. Le bruit fut tel qu'elle s'éveilla en un rien de temps, s'écartant au maximum de la découpe de la furieuse machine, pour pouvoir, une demi-heure plus tard, sortir enfin de ce cocon de métal. C'est à peine si elle prit le temps de remercier ses sauveuses qu'elle déambulait déjà dans les rues, cherchant à se frayer un chemin parmi ces tekhanes surexcitées. La queue était monstre devant la pâtisserie, à l'angle de la rue. Tout le monde voulait ces merveilleux cupcakes, qui ne serraient jamais refaits, au grand jamais ! Et Lied comptait bien avoir le sien, son doux amour sucré qu'elle prendrait en photo avant de pouvoir le dévorer.

Mais alors qu'elle approchait de la boutique, les visages déçus se multipliaient. La pâtisserie était ouverte depuis quarante six minutes que, déjà, les cupcakes avaient disparu des rayons, et que chaque demoiselle parvenant enfin aux portes du nirvana s'en voyait refuser l'accès par la chargée de sécurité employée pour l'événement. La boule au ventre, Lied approcha timidement, expliquant tout bas qu'elle avait réservé un des cupcakes, et put enfin entrer dans la pâtisserie. Malgré la queue monstrueuse et le nombre affligeant de femmes qui repartaient, déçue, les vitrines n'étaient aucunement vides, au contraire, remplies de pâtisseries plus colorées et odorantes les unes que les autres. Tarte meringuée à la spyrolice, éclair au coramiel, il y avait de quoi ravir les papilles de tout un chacun ! Mais surtout, elle le voyait. Sur le plan de travail se trouvait l'ultime cupcake. A la couronne dorée, recouverte d'une crème si parfaitement sculptée qu'elle aurait juré qu'il s'agissait de marbre liquide. Surmonté de petits éclats de sucre cristal, de petites baies de couleur bleues, et surtout, de la petite carte qui indiquait le numéro du cupcake, preuve de son caractère limité, et en l'occurrence, qu'il s'agissait du tout dernier. Il était absolument parfait. Il n'attendait qu'elle ! Epargné de toutes ces furies pour elle, qui en avait les yeux luisants tant elle touchait au but.

La seule tâche à son tableau fut qu'elle remarqua deux mains gantées de plastique prendre le cupcake et le poser dans une boîte en carton, devant une petite figure gracile qui semblait indiquer qu'il n'y en avait nul besoin, comme si elle allait le prendre directement dans ses mains pour le déguster. Mais.... Mais déguster quoi donc ? C'était son cupcake, là, non ? Le sien, rien qu'à elle, dont elle rêvait depuis des mois, qu'elle désirait depuis sa plus tendre enfance. Ses yeux bleus suivirent la forme ronde être délicatement posée dans les mains d'une inconnue, la pâtissière ne regardant même pas Lied, comme si cette dernière n'existait pas, groggy.


« ...Hein ? »


Les bras ballants, la jeune femme se retrouva nez à nez, séparée de trois bons mètres, de cette créature qui tenait prison son précieux bien. Elle se sentait flancher. Ses jambes tremblaient, mais elle ne perdait pas des yeux ce qu'elle était venue chercher, sa figure suivant le mouvement vers le haut, jusqu'à voir des lèvres fines souiller le glaçage brillant, et arracher la pâte délicate de la pâtisserie sous son nez. Cette chose, cette immonde créature perfide, venant de manger la moitié du cupcake.


« M....Mais... Ce.... C'était... !! »


La pâtissière ne réagissait pas, se contentant de remettre des gâteaux dans les vitrines là où il y avait quelques trous. C'était une vaste plaisanterie, n'est-ce pas ? Ses yeux s'écarquillaient comme des soucoupes, son cœur semblait avoir cessé de battre tandis que le souffle lui manquait. Elle était dévastée. Second coup de crocs cruel dans le cupcake, dans son cœur, dans son âme. La jeune femme flancha et s'écroula au sol au même moment où deux grosses larmes dévalaient ses joues. Troisième morsure perfide, il ne restait rien du glaçage, juste la base du gâteau dans son écrin de papier coloré. Et c'en était trop pour Lied. Rassemblant ses maigres forces, les consolidant grâce au désespoir qui l'animait, elle se redressa, le visage rougi par la colère, alors qu'elle s'exprimait.


« Toi... Sale petite vermine ! Voleuse ! Sale garce !! »


Et dans un élan de folie, Lied se jeta à son cou, l'enserrant de ses deux mains fines, alors que tombaient sur le sol les toutes dernières miettes du cupcake, entièrement avalé par la responsable de toute la haine contenue dans le corps fragile de la jeune sénatrice. Il était tout de même à noter que si le désespoir lui permettait de se mouvoir, accordé à sa constitution faible, il ne lui permettait aucunement d'étrangler la personne qu'elle venait de renverser. Au mieux, elle l'enquiquinait à faire échouer ses larmes sur sa figure pendant qu'elle la surplombait. A ses yeux, son bonheur venait d'être avalé comme un cupcake.

4
Certains jours ont toujours été plus prompts que d'autres à déposer sur le bureau de la sénatrice des emmerdes. Des fois, elle voyait passer une demande d'appel accompagnée d'un motif qui avait de quoi arracher un soupir à n'importe qui. Une livraison qu'elle attendait mais qui avait été livrée à un autre bureau, ou un petit mot indiquant qu'il était à la réception, soit quinze étages plus bas, quand l'ascenseur était en panne. Une annulation de rendez-vous à la dernière minute, ou à l'inverse, un rendez-vous avec cette chère madame Verlsin qui avait encore des insultes à proférer. Dans les nouvelles moins pires, elle avait parfois sa chère cousine Belphy qui lui demandait humblement des informations sur une société ou un organisme, à elle qui pouvait rien qu'en passant un court message obtenir presque tout. Un petit mot doux de son amie de toujours Sylphe, qui rentrait d'une énième expédition militaire et qui souhaitait passer du temps avec elle, ou de sa sœur qui voulait boire un verre en sa compagnie. Un peu plus rarement de ses mères, après tout, elle leur rendait souvent visite : elle restait jeune et avait été couvée jusque très tard, vivre seule lui était encore bien étrange... Ces petits détails qui égayaient ou non la semaine de la plus jeune sénatrice qu'ait porté Tekhos se trouvaient toujours sur sa pile de travail, une pile décomposée en plusieurs qui ne laissait de la place que pour son matériel numérique, jusqu'à parfois même finir sur son siège en cuir brun chaud, qu'elle avait pris l'habitude de recouvrir d'un plaid blanc crème et d'un petit coussin rouge afin d'être plus confortablement installée. Il arrivait alors qu'on l'entende crier de bon matin parce qu'elle s'était assise sur ses papiers, qu'ils étaient ainsi tombés, et qu'elle n'avait plus qu'à les ramasser et les tirer pour commencer la journée. Toutes ces petites choses faisaient qu'une semaine n'était jamais véritablement la même que la précédente, et quand bien même Lied Mueller en râlait énormément parfois, elle appréciait d'autant plus son travail.

Celui-ci impliquait malheureusement parfois des risques, amplifiés par son nom de famille. Les Mueller avaient la fâcheuse tendance à attirer les ennuis, surtout lorsque ses membres cherchaient à s'aider lors de prises d'informations. Depuis que la jeune femme était sénatrice, elle avait souvent ce genre de requête, sa position lui accordait nombre de privilèges, mais aussi une valeur qui la mettaient bien souvent mal à l'aise et dans l'embarras. Il était déjà arrivé que l'on cherche à la kidnapper, tentative avortée grâce à la sécurité du sénat, qui trouvait bien étrange cette boîte vide de cupcakes dans le bureau de la sénatrice avec cette coulée de crème en direction des escaliers de secours, plus loin dans l'étage. C'étaient des amateurs, bien renseignés par une organisation qui en avait sans doute après son nouveau projet qui visait à ouvrir une école gratuite pour les enfants masculins des premières strates des bas fonds. Certaines avaient déjà été ouvertes, par d'autres âmes généreuses avant elle bien que moins influentes, mais mystérieusement incendiées, ou alors, très peu fréquentées sans que l'on ne sache pourquoi. Lied trouvait toujours, dans des cartons stockés à la loge des gardiens de son lieu de travail, des lettres de menaces, bien rarement signées évidemment, adressées à ses collègues et elle. Au début, elle ne s'y faisait pas, pleurait dans les bras de sa mère quand elle en trouvait une par inadvertance. Depuis, elle s'y était habituée, en avait de moins en moins adressées à son nom, surtout depuis que les entreprises mafieuses des bas fonds avaient reconnu ses actions envers la gente masculine, des paroles qui n'étaient pas en l'air ni intéressées. Elle avait plutôt tendance à s'attirer les foudres des pimbêches des hautes sphères à qui elle tirait allègrement la langue devant l'écran de sa télévision le soir chez elle.

Ce fut d'ailleurs un soir que tout vola en éclats. La demoiselle aux cheveux roses avaient eu une journée d'enfer. Son véhicule avait refusé de démarrer au matin, sans doute une panne mineure, mais qui l'obligea à se rendre au sénat à pieds et donc arriver en retard. Son emploi du temps avaient ainsi été totalement repoussé, alors que rien n'allait dans ce qui se trouvait sur son bureau. Il y avait de tout et n'importe quoi, en tous les cas, un travail colossal qu'elle doutait pouvoir remplir en une journée. Et sa secrétaire était tombée malade ! C'était donc une catastrophe. Lied courrait à droite à gauche, avait même perdu son stylo pour signer ses documents et son tampon pour les dater tant elle était perdue dans les océans de feuilles et dossiers. Elle ne mangea au midi qu'un pauvre sandwich amené gentiment par la réceptionniste avant de se remettre à son travail et découvrir, là, parmi ses feuilles, un dossier qui était à remplir pour le lendemain. Alors Lied paniqua et se mit au travail, aussi vite que possible. Elle y passa le restant de sa journée, et pire encore, entama des heures supplémentaires pour achever son travail de longue haleine.

La nuit tomba relativement vite. L'automne pointait le bout de son nez, les températures se rafraîchissaient même à Tekhos, ce qui faisait que la sénatrice prenait l'habitude de se rouler dans son plaid pour avoir chaud, elle qui aimait le douillet moelleux agréable. L'heure du dîner était passée, et elle était encore là, seule de son étage, à travailler à la seule lumière de la lampe sur son bureau, devant la fenêtre au fond de son bureau, qui se trouvait au derrière de celui de sa secrétaire absente. Elle ne savait pas qui continuait à travailler dans le bâtiment, elle savait qu'en revanche la sécurité était encore là et ne quitterait pas les lieux de toute façon, même quand elle partirait. Ils veillaient jour et nuit sur l'endroit. Pas un son ne résonnait dans les longs couloirs du sénat. Lied avait la paix pour elle et son travail, un silence bienvenu tandis qu'elle griffonnait les derniers détails sur le dossier, tout en cherchant de l'autre main dans un tiroir une enveloppe kraft, celles qu'elle détestait à cause de leur odeur chimique et le fait qu'elle se coupait toujours en les touchant, pour pouvoir y glisser son paquet de feuilles et le laisser à la réception pour envoi. Il y avait son émission qui l'attendait chez elle, qu'elle détestait plus que tout rater. Un simple feuilleton qui mettait en scène un être d'une race extraordinaire et son amour envers sa moitié décédée. C'était terriblement niais, mais cela la détendait comme peu de choses, et elle ne se cachait guère d'apprécier cette histoire simple et adorable.

L'enveloppe kraft tomba sur le tapis, au dessous du bureau de la jeune femme, qui pesta en s'accroupissant pour la rattraper. Par chance, elle n'avait pas mis de jupe ou robe cette fois-ci, et n'avait aucun problème à se baisser !


« Ah, je te tiens, saleté ! »


Prenant l'enveloppe dans sa main, Lied s'arrêta en cours de geste, fixant la porte de son bureau. Elle était certaine d'avoir entendu du bruit. Des bruits de pas, de chaussures qui martèlent le sol, et surtout, une voix bien peu amène qui pestait qu'ils s'étaient trompés d'étage, que c'était au dessus. Et étrangement, elle se doutait que c'était d'elle, dont où parlait, alors qu'une porte se referma de l'autre côté du plancher. Elle enfouit son dossier dans l'enveloppe, éteignit la petite lampe sur son bureau, alla aussi discrètement que possible chercher son sac, et se rendit à sa planque. Depuis qu'on avait gentiment tenté de l'extraire de force de son bureau, soit donc la kidnapper, elle avait fait installer deux choses dans son bureau, la première étant la grosse cloison entre son bureau et celui de sa secrétaire, dans laquelle elle pouvait se cacher grâce à son bracelet technologique personnel, celui-là même qui lui servait à payer de manière générale ou décliner son identité. A l'intérieur de ce coffret de plâtre, elle ne voyait rien, mais entendait parfaitement ce qu'il se passait. La porte dans son dos grinça, et quelques pas s'approchèrent de celle de son propre bureau. Elle s'ouvrit doucement, et un juron s'échappa de la bouche de l'intrus.


« Putain fait chier ! Elle est pas là !!
- Quoi ? Mais c'est bien son bureau, y'a son nom sur la porte !
- Y'a pas ses affaires, elle s'est déjà tirée, merde ! On a fait tout les étages du dessous et on bloque l'entrée, elle est forcément plus haut. On continue de chercher cette putain de lesbienne tekhane. »


Mouais, ça ne ressemblait pas trop à des habitants de la cité, lui semblait-il, ni même spécialement à des habitants des bas fonds. Elle pouvait évidemment se tromper, mais elle ne tenait guère à vérifier ses pensées, préférant attendre de les entendre dans l'étage au dessus pour aller en direction de la deuxième installation de son bureau : une trappe dans la penderie où l'attendait sagement son manteau. La trappe menait directement au bureau en face de l'ascenseur à l'étage du dessous, qu'elle puisse s'échapper en cas de danger. Elle martela alors le bouton du second rez-de-chaussée, celui qui permettait à la sécurité d'accéder au bâtiment par une entrée qui leur était réservée, qu'elle comptait bien emprunter. Dépourvue de véhicule, sa destination était simple : le bâtiment de sa mère à quelques rues de là, pour essayer de s'enfuir à défaut de pouvoir rejoindre la sécurité de son appartement. Un bruit indiqua joyeusement qu'on utilisait l'ascenseur : il alerta alors les agréables personnes qui avaient investi les lieux que leur mignonne petite proie s'enfuyait et s'était jouée d'eux. Ils avaient seize étages à descendre, la jeune sénatrice n'avait plus qu'à courir, aussi vite que possible.

Lied parvint finalement au sous-sol du bâtiment Mueller et s'enferma dans un des hangars qui le composaient. Sa mère lui avait donné dès sa prise de poste une clé personnelle pour qu'elle puisse s'y réfugier, en cas de problème. Ce qui était évidemment son cas à l'instant. Mais surtout, quand elle pensait à leur organisation, leur accent, et la façon qu'ils avaient de parler d'elle, elle se doutait qu'elle ne serait pas en sûreté juste ici. Alors la jeune femme se remémora les instructions de la mercenaire de la famille et activa le portail qui se trouvait dans cette réserve d'outils technologiques de sa génie de mère afin de s'échapper vers la destination redoutée des tekhanes : la Terre. Et ces saligauds allaient galérer un certain temps avant de comprendre comment fonctionnait cet engin ! Ainsi, Lied rentra la seule ville qu'elle avait à peu près visité, Seikusu, et s'engagea vers sa porte de sortie.
Une fois arrivée dans la rue passante, le soir, la demoiselle utilisa le petit boîtier qu'elle devait systématiquement garder dans ces situations afin de prévenir la seule personne, en dehors de sa mère, sachant utiliser cette machine et qui serait capable de la sortir de ce nids à problèmes : Belphégor. Quelque chose de rapide et simple, un petit :
« Belphy chérie, j'ai une troupe d'hommes armés à mes fesses, tu as mes coordonnées, par pitié aide-moi avant que je ne finisse en gruyère ! »

Alors qu'elle rédigeait son message en marchant, ses talons faisant un petit bruit sur les pavé de béton, ses yeux bleus concentrés sur l'écran de son jouet, elle ne prêtait absolument aucune attention aux gens qui l'entouraient. La plupart de ces personnes sortaient d'une longue journée de travail, comme elle, et n'avait que l'envie de rentrer chez eux, mouvement d'un seul homme en direction des différents transports qui les mèneraient à leur destination. Elle rencontra bien un coude ou une épaule en chemin, mais rien ne pourrait l'empêcher d'envoyer son appel à l'aide ! Même lorsqu'elle sentit sa gorge se serrer, sa tête à tourner et sa vision devenir un peu floue quelques secondes, elle ne fit que se tâter doucement le cou, se massa les tempes, avant de reprendre son chemin. Les gens commençaient à se bousculer un peu à l'entrée d'une station ferroviaire, que Lied ne prit pas, elle ne voulait pas s'éloigner de la ville où elle avait plus de chances de parvenir à se cacher qu'ailleurs. Observant les alentours, la belle aux cheveux roses s'engagea dans une rue où les différentes boutiques, surtout des magasins de prêt à porter, étaient pour la plupart fermées, mais menait à un quartier comportant de nombreux restaurants où elle pourrait enfin avoir quelque chose de chaud dans le ventre. Puisque depuis son dernier séjour, elle avait appris à se faire un compte factice terrien, pour pouvoir justement se faire plaisir lors de ces rares visites. Le nez en l'air, elle se disait qu'elle goûterait bien ces petites brochettes de viande caramélisée avant de partir en quête d'une pâtisserie pour se réconforter de cette horrible journée. Elle ne pouvait pas être pire !

La pauvre jeune femme ignorait pourtant que la journée n'était toujours pas finie. La retombée du stress qu'elle venait de vivre l'épuisait, et baissait sa garde, faisant qu'elle n'avait même pas remarqué que, dans l'ombre, quelqu'un la suivait, nappé par les ombres de la rue. Elle, avec sa douce chevelure rose pâle, ses bottines et son tailleur blanc, elle était la petite luciole pure et naïve que l'on chassait facilement. Un son métallique attira son attention, la faisant sursauter. Lied se retourna, et ne vit rien. Rien d'autre qu'une de ses précieuses plaquettes de médicaments d'urgence qui traînait sur le sol, tombée de la poche entrouverte de son sac. Forcément, elle ne l'avait pas fermé, depuis qu'elle l'avait pris dans son bureau. La jeune femme se pencha pour ramasser la plaquette et la rentrer dans son sac mais, accroupie, elle remarqua sortir des ténèbres deux grosses chaussures bien trop peu élégantes à son goût qui se plantèrent à quelques centimètres d'elle. Coquées à l'avant et à l'arrière, doublement cousues dans un cuir épais, à la semelle visiblement faite d'une couche de bois doublée de caoutchouc, c'était clairement une paire de chaussures militaires, Sylphe avait un modèle presque similaire. Presque, parce que celui-ci lui paraissait dépassé. Et seigneur qu'elle se rappelait combien c'était inconfortable pour ses menus pieds délicats, quand elle avait voulu essayé ses chaussures ! Elle releva son visage vers le propriétaire des chaussures et s'exprima, une pointe de crainte dans la voix, qui se remarquait à l'intonation de sa voix cristalline.


« Ou...i ? Je... peux vous aider ? »

5
C'était un bordel sans nom, pour rester polie. Les mains dans les cheveux, enfermée dans son bureau, Lied Mueller essayait d'ignorer les martellements sur sa porte alors qu'on devait, encore, demander à poser une énième pile de documents sur son beau bureau de bois massif. Le Sénat fermait toujours ses portes un mois durant l'été, histoire de forcer les sénatrices à prendre du repos puisque beaucoup d'entre elles, pour ne pas dire la quasi-totalité, ne prenaient jamais de vacances. Sauf que, pendant ce temps, le monde continuait de vivre, de tourner, et de se casser la gueule. Les papiers s'accumulaient, les plaintes se superposaient, et le tout se retrouvait à attendre sagement le retour de sa victime après qu'elle se soit reposée. Et Lied, elle, refusait que cela arrive.

Barricadée dans son bureau, une chaise bloquant la porte dont la poignée s'agitait frénétiquement alors qu'on demandait de plus en plus fort, dans le couloir, à ce que madame la sénatrice veuille bien ouvrir. Chose qu'elle refusait. Elle était déjà sur ces foutues pile depuis deux semaines, avait pensé que ça irait, qu'elle en voyait le bout ! C'était avant qu'on ne vienne lui amener tout ce qui avait été stocké dans une autre pièce, du fait du manque de place dans son bureau. Dès la quatrième pile, elle avait condamné l'entrée. Des projets de loi, des amendements, des requêtes des différentes assemblées, des documents à signer, des factures, des rendez-vous, des lettres, des demandes de particuliers.... Un véritable enfer sur le bureau de la jeune sénatrice aux cheveux roses.


« Sénatrice Mueller, ouvrez s'il vous pl-
- Non ! Allez vous-en ! Je n'ouvrirai pas ! Jamais ! »


Envoyant voler une pile de papiers, la jeune femme se cacha sous son bureau, comme si quelqu'un la menaçait. Elle refusait d'avoir autant de travail. Pourquoi devait-elle en avoir autant ? Sa voisine n'avait-elle pas moins de papiers qu'elle ? Ou s'était-elle encore fait rouler, comme l'an passé, par un cercle de sénatrices qui auraient encore décidé de perdre leurs affaires sur son bureau ? Sa première réaction avait été de composer le numéro de sa mère, Myriade, pour essayer de trouver du réconfort. Mais elle n'avait pas laissé la première tonalité se faire qu'elle avait déjà raccroché. Ce n'était pas raisonnable, et elle savait combien elle tenterait de la motiver au travail. Ce qu'elle ne voulait pas. A la place, Lied appela la seule membre de la famille qui pouvait comprendre son irrépressible envie de fuir, de ne pas avoir toute cette paperasse nulle, et surtout, qui avait sans nul doute les moyens de la cacher juste le temps que, dans l'urgence de la situation, le travail soit délégué à d'autres pour pouvoir être effectué. L'attente que l'on décroche était horrible. Enfin, un bruit sec indiqua que quelqu'un avait répondu.


« Belphy ? ….. Belphy ? »


Il n'y avait aucune réponse, pas un son, absolument rien. C'était inquiétant, stressant, et Lied avait envie de hurler. Sauf qu'au bout d'une dizaine de secondes, elle entendit discrètement le bruit de quelqu'un en train de déglutir, et fit enfin le lien avec la situation.


« Violette ? C'est Lied, tu es là ?
- …. Li.... Lied ?
- Oui, c'est le téléphone de Belphy. Est-ce que tu peux me la passer ?
- Oh.... Oooh.... Oui je... De suite. »


C'était à peine si elle entendait Violette, qui avait sans doute paniqué en entendant la sonnerie et répondu, par réflexe, peu importe le téléphone. Elle ne s'en était pas rendue compte. Léger bruit de chiffonnement, indiquant que l'appareil avait quitté son oreille, alors que la sénatrice entendait le bruit de ses pas, avant que sa petite voix n'appelle la mercenaire propriétaire du téléphone, indique qui appelait, et lui donne délicatement l'appareil. Aussitôt qu'elle fut certaine d'être avec sa cousine, entendant celle-ci parler, elle éclata.


« Belphyyyyyyyyy je t'en prie sors-moi de là par pitié pitié pitié pitiééééééééé !
- Hein ? Quoi ? De quoi ?
- Du travaiiiiiil ! Je t'en priiiiiiiiiie ! »


Lied renifla bruyamment, essuyant du bras son nez coulant et ses quelques larmes tant elle était stressée. Sa cousine semblait à la fois perdue et amusée de sa situation. Lied lui fit part de son désir de fuguer du Sénat, juste quelques jours, quelque part où personne ne viendrait la chercher ! Et elle savait que Belphégor avait parcouru des mondes étranges, accédé à des lieux inatteignables en temps normal, et qu'elle était sans doute la seule à pouvoir l'y envoyer ! Bien sûr, elle n'était pas trop d'accord, disait combien c'était dangereux, déjà pour elle, mais d'autant plus pour elle et sa santé. Chose que Lied refusa, demandant simplement à ce qu'elle s'assure de son arrivée et de son départ. Juste quelques jours, que pouvait-il lui arriver en l'espace de quelques jours, hein ? Absolument rien !

C'est ainsi que quelques heures plus tard, Lied et Belphy étaient toutes les deux, après une exfiltration discrète, dans un des entrepôts de la famille où l'on rangeait toutes leurs babioles plus ou moins grosses, y compris l'espèce de double demi-cercle qu'était le portail dimensionnel inventé par sa mère pour aller vers un autre monde. Il était poussiéreux, un peu rouillé, mais en parfait état de marche. Lied n'avait jamais vraiment passé beaucoup de temps hors de chez elle, alors dans un autre monde, c'était plus qu'une nouveauté ! La mercenaire la mit en garde, concernant la tenue à adopter envers les créatures qu'elle allait rencontrer, le temps qu'elle allait y passer, tout un programme qu'elle enregistra mentalement et scrupuleusement. Certes, Lied ne voulait pas travailler, mais pas à n'importe quel prix. Elle lui embrassa alors la joue, et se dirigea vers le portail, dont la lumière lui brûlait presque les yeux.


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Il faisait nuit noire, plus encore en raison des averses qui s'étaient abattues subitement sur la ville. La météo avait bien parlé de pluie, mais pas d'un tel rideau, qui obscurcissait la vue de tous les habitants, comme un voile claire dans cette nuit sombre et pleine. Surpris pas la pluie, certains trottaient sur le bitume trempé, se cachant sous les devantures pour progresser vers leurs destinations. Tellement pressés qu'ils ne voyaient pas cette jeune femme, là, trempée jusqu'aux os, qui s'était réfugiée sur les marches qui menaient à l'entrée d'un immeuble. Il suffisait de porter attention à son joli visage pour remarquer en quelques secondes ses yeux bleus, perdus, qui suivaient frénétiquement quelque mouvement qui passait sous son nez. Personne ne s'arrêtait, elle n'osait pas aborder quelqu'un, elle ne faisait, visiblement, qu'attendre que la pluie s'en aille, aussi bien au dehors que sur ses habits.

6
« Tu es sûre que ça va aller, vraiment ? Le docteur Ruand n'a rien trouvé d'anormal cette fois ? Elle t'a donné des cachets au cas où ? Il paraît qu'il y a plein de maladies rares, et tu sais bien qu'ils n'ont pas nos moyens, et si jamais....
- Maman, du calme, bon sang ! »


Installée confortablement sur son siège à l'arrière d'une voiture spécialement dépêchée pour ce long trajet, Lied soupirait devant le visage inquiet de sa mère, qui s'était enfermée dans son bureau malgré le travail et les râles de ses collègues pour passer ce court appel vidéo avec sa petite fille qui partait bien loin de chez elle. Elle n'était pas foncièrement d'accord, mais ne pouvait la forcer à rester, seulement bien lui demander si elle était préparée. Ce qui, soyons honnête, n'était pas le plus utile, puisque la jeune sénatrice ne pouvait pas vraiment faire demi-tour, alors qu'elle était déjà sur le trajet depuis deux longues heures. De toute manière, ce n'était guère son premier voyage, aussi était-elle parfaitement préparée : un gros sac rempli de ses habits et de ses affaires pour travailler, ainsi qu'un second plus petit, contenant des médicaments en passant par un gros oreiller douillet jusqu'à ses cubes en bois adorés. L'âge adulte ne l'empêchait pas de les adorer et ne vouloir s'en séparer, même les quelques semaines qu'allaient constituer ce voyage.


« J'aurais tout de même préféré que tu partes avec Belphégor, tu sais ?
- Et tu sais qu'elle ne pouvait pas venir, elle a du travail avec June, que Violette ne peut pas partir et qu'elle ne partirait pas sans elle. Ca va aller, ne t'inquiètes pas, je suis grande tu sais ? Ce n'est peut-être pas Tekhos, mais ce n'est pas pour autant comme si j'allais dans un désert et qu'on allait m'accueillir en tirant à vue. Allez, va travailler maman, je te rappellerai de toute façon. Tu embrasses mama pour moi ?
- Bien sûr. Prends soin de toi ma puce. »


L'appel se coupa sur le sourire aimant de sa mère, avant que la jeune femme ne range son petit outil dans une poche de son sac. Elle ne faisait pas vraiment la fière en réalité, angoissée à l'idée de quitter son pays, une sécurité à laquelle elle était habituée, toute seule. Elle avait demandé à son amie Sylphe de l'accompagner, mais elle était mobilisée autre part, et avait dû déléguer à une autre de ses camarades, qui conduisait sereinement la sénatrice vers sa destination. Si elle avait rassuré sa mère concernant sa préparation, elle n'était pas réellement sûre d'avoir tout emporté. Après tout, elle était revenue dans la nuit d'un autre déplacement, et n'avait qu'à peine eu le temps de laver ses affaires, les jeter de nouveau dans son sac, changer deux trois choses avant de repartir après une courte sieste histoire de ne pas avoir la tête d'épuisée typique de la famille Mueller : les cheveux en pagaille, un maquillage naturellement violet sous les yeux, et un esprit en décalage. Au moins avait-elle l'air présentable, dans des habits propres, coiffée, et une bouille à peu près fraîche. Elle aurait voulu crier qu'elle voulait des vacances, le hurler dans l'habitacle, mais cela n'aurait servi à rien, c'était son travail.

Appuyant sa joue contre la vitre, Lied observa les paysages qui défilaient lentement sous ses yeux. C'était tellement différent de Tekhos et ses hauts buildings aseptisés, ou leurs plantes à l'odeur de plastique. Il y avait une certaine pureté dans ce qu'elle observait, dans ces étendues de terre plates, où les plus hauts éléments se trouvaient être quelques bosquets d'arbres verts. Un instant de fatigue la prit alors qu'elle pestait intérieurement sur les raisons de sa venue. Jusqu'à la veille du départ, c'était une autre sénatrice qui avait été désignée pour partir, mais cette dernière avait eu sa fille malade, et avait dû annuler à la dernière minute, ce qui lui retomba dessus, elle, seule sénatrice qui n'avait aucune mission dans les semaines à venir. Elle avait posé des vacances, bon sang ! Ses premières vacances de l'année ! Hé bien non, elle avait dû revoir ses plans. Ses superbes vacances en bord d'eau claire avec sa famille, reportées, et à la place, elle allait devoir se contenter d'un pays... dont elle ne savait rien. Elle n'avait été prévenue qu'au dernier moment, et n'avait pas eu un seul instant pour se documenter. L'histoire de ce pays, ses coutumes, son climat, elle n'en avait aucune idée. Le peu qu'elle savait, c'était sa mère, Luxienne, qui le lui avait appris deçà quelques minutes, après s'être cloîtrée pour faire une rapide recherche pour elle. Et cela se résumait à bien peu de choses. Sa secrétaire l'avait appelée, paniquée, alors qu'elle rentrait d'une négociation difficile qui l'avait épuisée, et elle n'avait pas manqué hurler avant de se rabattre sur sa conductrice pour qu'elle fasse bouger son appareil plus vite. Tout le trajet, elle l'avait passé à demander que l'on change ce qui était prévenu initialement pour sa collègue : pas d'hélicoptère, elle craignait que ça fasse un peu trop, vu là où elle se rendait, et préférait pouvoir observer les environs, même si cela prenait plus de temps. Il avait aussi ainsi fallu lui trouver une nouvelle conductrice, ce qui n'avait pas été une mince affaire. Elle n'avait aucune idée de ce qui avait été fait auprès de son hôte. Les avait-on averti que c'était une autre sénatrice qu'ils rencontreraient ? Qu'elle viendrait plus tard que ce qui avait été convenu ? Est-ce qu'au moins quoi que ce soit avait été prévu et convenu, ou allait-elle débarquer sans invitation ? Ce ne serait pas la première fois, et ça avait eu tendance à mal se passer. Un vague souvenir d'un accueil aussi glacial que la cellule qui avait été sa chambre pendant une journée, le temps que le Sénat Tekhan hurle, furieux du traitement accordé à leur plus jeune sénatrice, un affront heureusement bien vite effacé, du moins assez vite pour qu'il ne remonte pas aux oreilles de ses mères.

Le véhicule passa à une vitesse un peu trop importante sur une roche, ce qui réveilla immédiatement Lied dans un sursaut, la faisant s'accrocher à ce qu'elle pouvait en grommelant. Peut-être que pour une fois, elle aurait dû mettre ses principes de côté et choisir un confort certain, ou voire même envoyer paître ses collègues et rester chez elle en attendant ses si précieuses vacances. Ou demander un report, juste de deux jours, le temps de se reposer et se préparer à ce qu'elle pouvait rencontrer, ou même encore organiser un peu mieux son voyage. Prendre le temps d'avertir que ce serait elle qui se présenterait, tel jour, telle heure, à tel endroit, de telle façon. Au lieu de quoi, elle n'en savait trop rien, voyant juste, au loin, ce qui ressemblait aux premières habitations, ce que confirma la soldate qui conduisait, en lui annonçant qu'elles approchaient de la frontière. A partir de là, c'était le flou absolu. Aucune des deux ne savait ce qui allait se passer. Elles ne savaient pas ce qui avait été prévu à la base pour la collègue de Lied, il n'y avait eu aucune consigne là-dessus, mais par bon sens, elle supposait que c'était ici qu'elle allait devoir renvoyer sa petite garde personnelle et poursuivre toute seule, ou au mieux, accompagnée par les locaux. De toute façon, le véhicule se stoppa, et Lied en descendit quand on leur demanda d'attendre ici, sortant de son sac un petit paquet de biscuits pour grignoter, le temps d'attendre.... attendre. Attendre elle ne savait trop quoi, à vrai dire, elle n'avait pas écouté.

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Le coin du chalant / La boîte de cupcakes est vide ! Oskuuuuuur !!
« le: jeudi 18 juin 2020, 15:26:40 »
Mesure préventive : en raison d'une surcharge de travail, je ne suis actuellement pas en mesure d'assurer de RP. Navrée pour le dérangement, nous nous retrouverons vite je l'espère !


Abruhjoursoir selon l'heure qu'il est chez vous !

Déjà, merci de passer lire ce petit post, c'est soit par envie de jouer avec moi, soit juste pour fouiner que vous lisez ceci, mais en tous les cas c'est votre curiosité qui vous a menée jusqu'ici !
Parlons peu parlons bien, voici un bref résumé de Lied pour les flemmards qui n'ont pas jugé bon de consulter sa fiche :

Lied Mueller est une jeune sénatrice tekhane à la santé un peu fragile, aussi douce que bienveillante envers son prochain, et ce, même s'il s'agit d'un être masculin. Elle découvre encore un peu le monde, avec parfois une certaine innocence naïve qui peut lui jouer des tours.


Une liste non-exhaustive de pistes exploitables avec ma mignonne demoiselle qu'il ne faut quand même pas prendre pour une imbécile :

Découverte diplomatique :
Le Sénat Tekhan envoie souvent des représentants vers les pays voisins afin d'établir de nouveaux liens ou simplement en visite, voire simplement proposer un accord commercial. Lied a beau être sénatrice depuis déjà quelques années, elle a encore à apprendre, et se retrouve ainsi souvent envoyée à ces rencontres, à la fois pour s'améliorer, mais aussi car son joli minois semble être un atout de taille pour lui faire obtenir gain de cause, sciemment ou non.

Curieuse innocente :
Adulte accomplie et confirmée, il n'empêche que Lied a peu de connaissances sur le monde, quand bien même elle considère que c'est en connaissant au mieux les peuples et leurs territoires qu'elle peut au mieux prendre ses décisions de sénatrice. De cette manière, elle enchaîne les voyages, au sein de Tekhos comme des autres pays, cherchant à accumuler rencontres et découvertes. Il lui faudrait peut-être un guide, elle risque d'avoir besoin de plusieurs coups de main.

L'héritage familial d'un génie :
La famille Mueller possède à elle seule tout un domaine pharmacologique et scientifique, d'une ampleur considérable. Luxienne Mueller, la mère de Lied, a un jour créé une machine pour reproduire l'effet des portails Terrans et se déplacer dans d'autres mondes... Et Lied vient de mettre la main dessus ! Par accident ou non, la demoiselle débarque dans votre univers, accepterez-vous de prendre soin de cette pauvre âme perdue et confuse ?

Cessons de voir ces gens comme des objets :
Lied est une fervente protectrice des droits de tous, quelle que soit leur origine ou même leur sexe. Étranger, homme de Tekhos, esclave ou simple malchanceux ayant des comptes à rendre à la justice, elle peut dans tous les cas venir en aide, et ce sans réfléchir aux conséquences de ses actes avant de s'en mêler.

Ô douce sucrerie savoureuse :
Peu sont ceux au courant de ce petit détail, minuscule petit faible que possède la demoiselle pour le sucre. Un TRES gros faible pour le sucre. Pâtisseries, loués soient les cupcakes, bonbons, sirops ou fruits, Lied les adore et ne sait trop comment y résister, au point de pouvoir être malade d'en être privée. Sciemment ou non, cette faiblesse servira-t-elle les intentions d'une personne souhaitant se rapprocher d'elle ?


Vous avez d'autres idées ? Je suis à votre écoute !

En tous les cas, vous pouvez me contacter par MP ou bien par Discord si vous souhaitez jouer aux côtés de Lied.

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Identité : Lied Mueller
Âge : 26 ans
Sexe : Féminin
Race : Humaine tekhane
Sexualité : Homosexuelle, c'est ce qu'il faut toujours répondre en public. Après...


Physique :
Malgré avoir dépassé l'âge de l'enfance, gagné les atours de l'âge adulte, Lied Mueller a conservé un charme délicat tout en finesse, où la douceur des traits de sa jeunesse côtoient avec élégance ceux de la femme qu'elle est devenue et tâche au mieux d'être, avec toute la difficulté qui peut en résulter. Certains diraient que la nature a su gâter cette enfant, mais d'autres plus avisés reporteraient cette beauté sur quelque résultat de l'attention portée par ses mères, voire quelque compensation pour ses débuts de vie des plus désastreux.
Tout comme celle qui l'a mise au monde, Lied n'est pas une tekhane de haute taille, dépassant de peu la moyenne de ses congénères, ce qui n'a guère était le cas durant son enfance, où elle était bien souvent la plus petite de ses classes. Son corps a tardé à se développer, comme pour la retenir plus encore dans l'enfance, l'allonger pour compenser le temps perdu, faisant que la jeune femme se vit en très peu de temps passer d'un corps d'enfant à celui d'une femme voluptueuse. A l'époque légèrement complexée, surtout vis-à-vis des courbes de sa famille, Lied n'a à présent plus à rougir, suivant la lignée avec une poitrine douce et opulente, ronde et lourde, qui s'accompagne de hanches toutes en courbes et bien marquées, au même titre que son fessier. La jeune femme n'est pas très épaisse, comme si ses bras menaçaient de se briser si elle venait à trop s'appuyer dessus, ou son ventre marquer ses côtes si elle sautait le moindre repas, quand bien même elle se laisse aller à quelque douceur un peu trop souvent. De manière plus globale, Lied et bien faite, très bien faite, savamment proportionnée, belle petite poupée aux traits angéliques, qu'il est bien dur de ne pas remarquer lorsqu'elle vient à se promener au dehors, ou lorsqu'elle n'apparaît pas sur une couverture. Rares sont les tekhanes à avoir tant marqué l'esprit et le cœur par leur joli minois, surtout à un si jeune âge. Lied a hérité de la chevelure rose de sa mère, dans une teinte plus pâle que celle de cette dernière qui tire vers celle de la fleur, plus proche de la couleur d'un lait à la fraise, onctueux et sucré, s'écoulant sur ses épaules blanches dans de délicieuses boucles et ondulations qui ne sont pas sans rappeler celle de sa parente, bien que bien plus disciplinées. Une coupe longue, à mi-cuisses, mettant en valeur ses ondulations qui aiment accompagner les aléas venteux, le front dégagé par une longue mèche. Il s'agit là du seul héritage d'indiscipline capillaire, puisque cette mèche capricieuse a la fâcheuse tendance à vouloir recouvrir son visage, donnant l'allure d'un morceau de frange mal coupée au dessus de ses deux yeux bleu ciel.
La mode tekhane n'a aucun secret pour la belle demoiselle : de la combinaison moulante blanche aux larges vestes accompagnées de hauts courts, Lied a toujours été à la pointe de l'élégance, se donnant toujours fière allure en mettant son corps en valeur. Il n'est donc absolument pas rare de la voir déambuler avec quelque tenue avant-gardiste, souvent offerte par le créateur en cadeau ou à la suite d'une séance photo lorsque cette dernière accepte encore d'en faire. Cependant, elle ne jette pas ses affaires dès qu'une mode passe, ne portant en effet que ce qui lui plaît, dépassé ou non. Certains sont d'avis de dire que Lied est une mode à elle seule, mais elle n'a jamais jugé pertinent de répondre à cette question. Cachée de la vue de tous, cette dernière apprécie se lover dans tout ce qui est chaud et moelleux, revêtant dès la fin de la journée un de ses multiples pyjamas, ou quérant une tenue plus simple et banale, à l'image de sa parente qui avait la même habitude. Les traits doux de son visage ne savent guère cacher ses émotions ou son état : la fatigue lui colore le dessous des yeux, la colère rougit ses joues, tandis que la peine lui met immédiatement un voile sur ses prunelles. Même le mensonge se lit sur sa jolie frimousse, quand elle ne prête pas attention à son attitude. La seule petite imperfection se trouve au creux de son bras, bien souvent maquillée ou cachée derrière un morceau de tissu, cicatrice blanche des nombreux traitements de sa jeunesse.


Caractère :
Le premier aspect percutant de Lied, mis à part son physique, est sa bonté naturelle. Elle aime autrui, quelque soit son origine, son espèce, son sexe, et cherche pas tous les moyens à sa disposition à venir en aide à qui en a besoin, parfois un peu à l'extrême, suffisamment pour faire peur à sa famille et ses connaissances, qui ne manquent pas d'y voir aussi une certaine forme de mise en danger. Pourtant, ils n'ont jusqu'ici jamais eu à agir pour défendre cette douce demoiselle, car si elle n'est dans la poursuite géniale de sa mère ou sa tante, son second grand point fort est son intelligence sociale, son étiquette. Lied sait y faire en société, s'est construit une image irréprochable et contrebalance ainsi les failles que pourraient lui créer ses élans altruistes, une façade si travaillée et inébranlable qu'elle en ferait pâlir les plus entraînées des politiciennes du monde Tekhan. Ce n'est pas pour rien qu'elle a fini par rejoindre le cercle très restreint des sénatrices, et s'y trouve déjà respectée. Claire et honnête, elle a le ton de celle qui sait ce qu'elle veut  et qui l'exprime avec aplomb, s'assurant d'être entendue et comprise, malgré son jeune âge. Certains lui reprocheraient d'être à l'image de toutes les politiciennes, menteuse éhontée, mais la tromperie ne fait pas partie de la nature de la demoiselle. La franchise est un point très important à ses yeux, et pour ce qui peut être plus compliqué, un brin honteux, il suffit de ne pas le mentionner et l'éviter autant que possible. C'est parfois ce qui lui crée quelques soucis, comme le fait de se perdre entre qui est elle réellement et son personnage médiatique, mais elle trouve réconfort et soutien auprès de ses amis et sa famille, pour conserver l'estime de sa personne et le confort nécessaire à son épanouissement loin des caméras et des interviews.
Car même si Lied a été habituée bien tôt à être au centre de toutes les attentions, chouchoutée par tous, elle a tendance à se faire discrète lorsqu'elle en a l'occasion, ne cherchant guère à être sous les projecteurs. Son rôle l'oblige à avoir une maîtrise d'elle-même et de sa vie, sélectionner avec attention ce qu'elle veut bien dévoiler d'elle à autrui, accentuant plus encore son apparent retrait lorsqu'elle retrouve la sphère personnelle. Cela donne que pour un premier abord, la jeune femme semble distante, inaccessible, incapable de s'impliquer dans la construction d'une relation quelconque, comme enfermée dans son métier, sa famille, et les quelques amis qu'elle a su miraculeusement se faire. Son enfance est sans doute responsable de son attachement immense envers ses proches, mais aussi de sa crainte à faire de nouvelles rencontres et changer ses habitudes.  Les jugements et reproches d'ordre personnel ont tendance à l'accabler, elle qui est si soucieuse de toujours bien faire et offrir le meilleur, au point qu'elle puisse s'oublier elle-même. Heureusement, il y a toujours une personne pour la remettre sur pieds lorsqu'elle en a besoin, lui rappeler combien elle n'a pas à avoir honte d'elle, et ainsi la remotiver à aller de l'avant. Non pas qu'elle ait tendance à se laisser aller à la déprime, cependant, il peut lui arriver de se retrouver démunie face à des situations qu'elle ne comprendrait pas, d'ordre moral ou éthique, au point d'en être hantée le soir lorsqu'elle va pour se coucher après une dure journée de travail et ce jusqu'à ce qu'elle parvienne à trouver une solution, quelle qu'elle soit.
De manière plus intime, la demoiselle est d'une douceur à toute épreuve, aussi passionnée dans ses actes que dans ses envies, comme si, au fond, elle était et resterait à tout jamais une enfant. Joueuse, elle apprécie de passer de paisibles soirées en compagnie de ses proches à jouer à leurs côtés, malgré qu'elle soit quelque peu mauvaise perdante, prenant alors une moue boudeuse, qui est pourtant bien faible face à une chose. Le péché mignon de Lied se trouve être une petite chose très sucrée, délicieuse, nappée ou non, aromatisée ou parfumée, une pâtisserie appelée plus communément cupcake. Même si son préféré est de loin celui aux fruits rouges, elle les aime tous et ne peut résister à leur attraction, leur doux parfum qui l'envoûte à lui en faire faire de monstrueux caprices. Elle ferait tout pour un cupcake, une histoire d'amour qui a débuté pour lui faire oublier la douleur des piqûres et ses divers mal-êtres causés par ses traitements, un rôle partagé par sa peluche crocodile, qu'elle garde toujours dans un coin de son lit même alors qu'elle est une adulte accomplie. Mais, encore une fois, Lied reste bien enfantine sur bien des aspects, surtout ses goûts, où elle privilégie toujours la douceur et la légèreté, ce qui est finalement bien assorti à sa personne.


Histoire :
Lorsque Myriade décida qu'elle était sûre de vouloir un enfant, elle dût batailler avec Luxienne pour obtenir gain de cause, à coups de repas abominables et de bouderies hargneuses. Un enfant, dans leur vie si active et rapide, alors qu'elles avaient si peu de temps, tellement de réunions et de tests, c'était irresponsable et déraisonnable ! Pourtant, neuf mois plus tard, un tout petit bébé naquit dans la meilleure maternité tekhanne, le première fille de Luxielle, génie directrice, et Myriade, exploratrice spatiale têtue, qui après avoir tant combattu pour porter ce petit être en son ventre, lui donna pour nom ce qu'elle était, une ode à la vie : Lied. Pourtant, si le couple s'attendait à avoir des soucis avec leur poupon, il ne s'attendait pas à ce que ses débuts de vie se fassent loin de leurs yeux et dans la crainte la plus absolue de le perdre. Luxienne n'avait jamais vraiment arrêté d'apporter de l'aide à sa nièce, de se fourrer dans quelque sombre affaire, ce qui valut à sa petite famille de se faire enlever à peine deux mois après la naissance de Lied. Deux semaines d'enfer, d'humiliation, de séparation avec leur enfant, qui ne s'achevèrent pourtant guère lorsqu'elles furent sauvées, car ce tragique événement vint mettre en lumière le calvaire de toute une vie à venir. Leur douce fillette, leur petit ange, le second amour de leur vie, leur fut rendue plus proche de la mort que de la vie, en raison d'une déficience immunitaire, qui se traduisait plus simplement par son absence totale. Un nourrisson sans aucune défense face aux pires immondices que le monde pouvait présenter, tourmenté par le plus petit microbe inoffensif possible, et ce, jusqu'à ce qu'une opération puisse lui être prodiguée afin de contrer ce problème ; une opération possible uniquement lorsqu'elle aurait atteint l'âge adulte. En attendant cet instant de délivrance, ce serait alors le long et périlleux travail de ses mères que de la soigner, prendre plus soin d'elle que n'importe quel parent prendrait soin de son enfant, avec heureusement le soutien merveilleux de la technologie tekhanne.
Ainsi, Lied passa les premiers mois de sa vie enfermée dans une boîte en plastique, dissimulée sous un tas de tubes, au grand désespoir de sa génitrice qui y voyait un écho glaçant de son passé. Une chambre stérile, dépourvue de couleurs hormis celles des blouses des infirmières, dépourvue de l'affection et des caresses de ses mères, dépourvue aussi des babillements joyeux qu'elle avait pu pousser au commencement de son existence. Mais le petit bébé put finalement rentrer auprès de ses deux mères attentionnées, qui en son absence, avaient traîné en procès la société de conception d'enfant, et put ainsi entamer une enfance malgré tout joyeuse. La fillette fut comblée d'amour, constamment sous l'attention de Myriade qui resta à la veiller, lui apprenant ses premiers mots, l'aidant à faire ses premiers pas, tout en veillant à son hygiène et sa bonne santé, mais par dessus tout, à son bonheur. Son premier anniversaire fut l'occasion pour la famille de fêter son entier rétablissement depuis l'enlèvement, et l'occasion pour elle d'obtenir le meilleur cadeau qu'elle reçut de son enfance : une collection de cubes en bois, colorés et gravés à la main, offerts par sa cousine  et ses deux drôles de compagnes. Elle était prise d'une affection bien étrange pour le cube D, un cube vert avec sur ses faces la lettre, un dé, ainsi qu'un dinosaure et le chiffre 4. Ce merveilleux cadeau valut à Belphy les plus joyeux gazouillements de bonheur de la petite, jusqu'à ce que, trois années plus tard, sa parente lui dévoila son ventre rond. Une petite sœur ? Cette annonce émue l'enfant autant qu'elle l'effraya : et si sa sœur avait les mêmes problèmes qu'elle ?
Il n'en fut rien. Feyril naquit sans encombre, bébé un peu plus bruyant, qui obligea la famille agrandie à déménager avant l'entrée à l'école de l'aînée, un événement marquant et particulièrement difficile pour celle-ci, entre les traitements épuisants et la séparation difficile avec ses mères. Ce fut globalement dans cette ambiance que se déroula la première partie de la scolarité de Lied, rythmée par les repos imposés par les divers médicaments et injections, à l'écart des groupes qui se formaient sans elle, jusqu'à l'arrivée d'une étrange petite demoiselle, plus jeune, qui prit soin de Lied quand elle en eut besoin. Elle fut sa première amie, et devint sa plus proche amie, inséparable d'elle, au grand plaisir de sa famille, qui trouvait bien étrange de voir leur petit bout parler seule dans sa chambre et glousser face au vide, d'autant plus lorsque ses deux mères découvrirent la nature de ses amis si particuliers. Sylphe l'accompagna et la soutint de tout son possible, et ce, surtout lorsqu'il fallait lui emmener ses devoirs, ce qui s'avéra essentiel lorsque la jeune fille resta hospitalisée la quasi-totalité de sa première année du dernier cycle scolaire, faisant qu'elle maintenait un niveau grâce à cette dernière, mais ne l'empêcha pas de redoubler. Une petite épidémie avait frappé cette année-là Tekhos, rien de bien grave, sauf pour cette fragile enfant qui n'avait que bien peu supporté cette attaque, qui l'avait tant et tant affaiblie qu'elle enchaîna plusieurs maladies sans rien pouvoir y faire.
Il fallait pourtant que Lied se choisisse une voie, un domaine professionnel où s'épanouir, et la demoiselle était tout bonnement perdue dans la multitude de choix à sa portée, mais aussi écrasée par les attentes que l'on projetait sur elle. L'intelligence surdimensionnée de Luxienne, la force sans égal de Myriade, l'assurance de sa tante ou encore l'indépendance de sa cousine, ce tout pesait sur ses maigres épaules, jusqu'à ce qu'elle rencontre la directrice d'un petit magazine de mode, qui sollicitait depuis des années ses parentes pour la prendre en photos, elle et son si joli minois. D'abord gênée et intimidée, Lied refusa, jusqu'à une séance loisir où elle trouva beaucoup de plaisir à être prise pour elle-même devant l'objectif, et non comme l'enfant malade de deux prodiges, la délicate créature éphémère de la société tekhane. La réticence ne la bloqua pas, sa sécurité assurée, elle se lança dans une carrière de modèle et mannequin, non sans lâcher l'école, sur demande de sa mère, et si elle commença dans un petit magazine, elle ne mit guère longtemps à en faire la couverture et en faire un magazine fortement prisé par les critiques et le public le plus averti. Sa popularité prit une dimension exponentielle, l'adolescente passant des petits magazines discrets aux grandes parutions des marques les plus cotées, de la publicités pour une nouvelle collection luxueuse à la promotion d'une nouvelle enseigne qu'elle affectionnait. Popularité ne rimait pas avec perte d'éthique, et jamais elle n'apparut aux côtés d'un sujet qui lui déplaisait. Après tout, l'argent n'avait jamais été un problème pour elle.
La fin de l'école fut le plus grand virage de la vie de la jeune fille. Pour commencer, elle affirma à ses mères vouloir progressivement abandonner le mannequinat, puisque si elle appréciait fortement d'être une figure de confiance pour les citoyens, elle voulait y mettre ses convictions, faire plus qu'être un guide des porte-monnaies, être un guide des idées et d'une voix, ainsi, s'engager en politique après avoir obtenu un diplôme d'une école de sciences politiques, pour ne pas dire la plus estimée de Tekhos. Lied n'avait jamais été particulièrement brillante à l'école, les matières générales enseignées lui échappaient quelque peu, mais une fois dans ce domaine si particulier qui lui plaisait tant, elle dévoila son talent, d'une rhétorique parfaite à une analyse de terrain pointue, sans compter son image médiatique déjà acquise, se débarrassant du même mouvement de toutes ses hontes de ne pas être à la hauteur de son nom. La dernière année d'études se soldait par une expérience directe dans le domaine politique, amenant non seulement la jeune femme à quitter le nid douillet pour se prendre son premier appartement seule, s'éloignant alors plus que jamais de Sylphe qui s'était engagée dans le corps militaire, mais aussi à aller valider ses années d'études directement auprès de la présidente du sénat. Etrangement, cette dernière avait suivi discrètement ses études, ses idées et ses engagements, la sondant autant que possible malgré une timidité qu'elle trouvait attendrissante. Elle était une bouffée d'air frais dans un sénat vieillissant et fermé, dont les idées avaient besoin d'un coup de jeune dont elle voyait très clairement la tête, dans une futur plus ou moins proche, et n'eut aucun mal à valider sa fin d'études, lui offrant par là-même un siège dans son assemblée.
Ainsi, Lied Mueller fut la plus jeune tekhane à intégrer le Sénat, dès l'obtention de son diplôme alors que ses petites camarades avaient bien souvent à passer par les carrières judiciaires ou de direction diverses, voire même le secrétariat, avant d'envisager envoyer un dossier de candidature. Elle ne prit sa place qu'après deux mois de repos, un temps jugé bien court alors qu'elle avait demandé une opération aussi lourde que l'installation d'une imitation technologique de système immunitaire à base de nano-robots. Au moins se retrouva-t-elle exempte de ses perfusions semainières, ses séjours à l'hôpital central où était affectée sa jeune sœur urgentiste et ses paquets de médicaments. Le renouveau, une vie enfin à son goût avec une saveur de liberté. Le premier projet qu'elle enclencha ne passa pas inaperçu, et s'il fut caché derrière de nombreux articles dans les textes aux tribunaux, il n'en demeura pas moins inédit et râlé par les plus bornées : la reconnaissance d'individus de sexe masculin dignes d'être de fiers citoyens de Tekhos, recevoir l'aide qu'ils méritent après examen minutieux de leur personne et approbation par la justice. Si dans les trois années qui suivirent moins d'une dizaine d'hommes furent ajoutés aux listes citoyennes, c'était malgré tout une petite victoire pour Lied, qui souhaitaient peut-être un peu naïvement que l'on reconnaisse le mérite de tout un chacun à sa juste valeur, et non son nom, son statut de naissance, ou un handicap quelconque, qu'il s'agisse comme elle d'un défaut de son corps, ou de ce qui pouvait bien pendre entre les cuisses, valeur bien hypocrite à ses yeux quand elle voyait le nombre de femmes pourvues d'un service trois pièces, comme sa chère petite sœur.


Autres :
Toute personne pouvant sentir la magie décèlera en Lied une énergie puissante, morbide et tout bonnement illogique au vu de son absence totale de pouvoir et de toute connaissance de la magie. Un amateur un peu trop peureux pourrait fuir à toute jambe devant elle, quand bien même elle respire la gentillesse.

Si Lied est née dépourvue de protection face aux maladies, cet handicap fut corrigé à ses vingt-trois ans, et ce grâce aux merveilles de la technologie tekhane. On lui greffa de petits bijoux de nanotechnologie, ayant pour but de reproduire le système immunitaire d'une personne normale afin de la protéger, et lui octroyer ainsi une vie dépourvue de la crainte de la moindre écorchure ou du plus petit coup de froid. Cela ne l'empêche pas d'avoir des rendez-vous pour faire les bilans et maintenances de ses petits sauveurs.

Quelques fortes têtes ont décidé de s'en prendre à Lied, et ont étrangement eu besoin d'un séjour au service psychiatrie. Certaines affirment que lors d'une joute verbale avec la jeune femme, des créatures cauchemardesques sont apparues de nulle part et les ont attaquées ou menacées, tandis que d'autres tiennent les mêmes propos avec pour seule différence le lieu, qu'il s'agisse de leur domicile ou leur bureau. Des témoins soutiennent pourtant qu'il n'y a jamais eu de telles apparitions...


Comment avez-vous connu le forum ?
Mon cher et tendre m'a kidnappée ici deçà trois ans, on s'est paumés et on a retrouvé le chemin seulement maintenant 'v'
Et Serenos me manquait ♥

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