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Sujets - Camille l'ambigu(e)

Pages: [1] 2
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Centre-ville de Seikusu / Timidité apparente (PV Manea Haruka)
« le: jeudi 11 avril 2024, 15:16:02 »
Que suis-je vraiment?”, la question me taraude.
Buvant un thé dans l’arrière-salle d’un café, pourtant fréquenté par les jeunes de son âge, je me perds dans mes pensées. Ca bouge, ça vit autour de moi, mais pas près de moi.
Je suis seul, désespérément seul !
Aucune relation stable n’est venue enjoliver ma vie, uniquement faites d’aventures d’un soir, voire d’une semaine, au fil de mes rencontres sur la toile.
Je connais par coeur les sites de rencontre, j'ai une incroyable série de pseudos à ma disponibilité, mais le bilan est toujours la solitude.

Quand je rencontre une nana, je suis aussitôt tétanisé par la dimension de mon sexe que je trouve trop petit, même si elle jouit et me jure le contraire. Alors, c’est souvent moi qui mets fin après une nuit, persuadé qu’elle trouvera mieux ailleurs pour baiser.
Quand je rencontre un mec, je deviens quasiment toujours passif, car je pense que la bite de mon partenaire est mieux baraquée pour une pénétration, et, tandis que je me la prends dans le cul, je tripote ma propre queue pour en extirper le plaisir.

Triste bilan, fait de relations sans lendemain.
STOP ! “La prochaine qui entre ici, elle sera à moi, et je serai son mâle”.
Combien de fois ai-je déjà pensé des trucs comme ça, jurant à tout va ?
Peu importe, car ce fut toujours sans lendemain, les vieux démons ressurgissant.

Alors que je fixe la porte d’entrée, mes yeux s’écarquillent ; la jeune femme, qui vient d’entrer, est d’une beauté simplement parfaite.
Sans ostentation, ni dans son style ni dans ses habits ni dans son maquillage, elle est tout simplement belle, tout simplement irrésistible. Elle éclipse tout ce qu’il y a dans la salle, elle est si lumineuse que je ne peux détacher mon regard d'elle.
Elle va s’asseoir avec d’autres jeunes femmes, sans doute des étudiantes elles aussi.

Qu’est-ce qu’elle est belle”, je découvre ce qu’on appelle un coup de coeur. je la vois parler, je me délecte de son sourire, je fantasme quand ses lèvres glissent sur sa paille. Caché par la table, je bande de cette si petite queue dont cette exceptionnelle beauté rigolera bien, et pourtant j'ai le sentiment qu'elle est grosse comme jamais.
Perdu dans la fumée de mon thé, je la regarde, je rêve. Soudain, balayant la salle d’un regard rapide, elle croise le mien, me fixe. J'en rougis aussitôt, écarlate, baisse les yeux, me mets presque à trembler.
De tout le temps qu’elle reste là, je n’ose plus regarder dans sa direction. Mais j'observe, et, quand le groupe sort du café, je décide de le suivre. Etudiantes en école de commerce, ma filature (discrète j'espère) me donne la réponse.

Tu t’es mis un défi, ne te défile pas encore!”, la phrase tourne dans ma tête, lorsque je rentre au studio. Je me jette sur l’ordi, fouille pour recueillir toutes les informations possibles sur cette fac de commerce, fouillant dans les albums photos des cours, des fêtes, des actions en entreprise. Et je finis par trouver la photo de trois étudiantes hilares, dont celle qui est l’objet de ma fixation, prénommée “Manéa”.
Sur la lancée de mes recherches, je trouve l’organisation du bahut, les horaires des sections, et plein d’autres détails utiles.

Dont la cafétéria de la fac, où je vais dès le lendemain midi, mort de trouille. J'ai encore le look d’un étudiant, je donne le change, même si, isolé, je peux susciter des questions.
Derrière ma bouteille d’eau et ma salade composée, j'observe, et finis par reconnaître une des filles qui était dans le groupe de Manéa, la veille.
C’est un indice ! Je guette le couloir d’entrée, et la vois enfin arriver, toujours aussi rayonnante, toujours aussi belle dans des habits qui la mettent en valeur sans ostentation.
Je la fixe, je la regarde commander. Tout en elle est si beau, si pur, si élégant. A nouveau, rien que de la regarder me fait bander, et, cette fois, la table est mal conçue pour garder le secret !

Elle s’assied, à deux tablées de moi, m'offrant un profil de déesse, une chevelure ordonnée, une poitrine bien dessinée.
J'en suis tombé amoureux ! Je me perds en rêves, ne cessant de la regarder, quand elle tourne soudain les yeux vers moi.
Elle me dévisage d’un regard piquant, noir, perçant, glacial, et je ne sais que faire, paniqué.
M’a-t-elle reconnu de la veille ?
Me trouve-t-elle effronté d’ainsi la regarder ?
Je ne détecte aucune complaisance dans son regard.
Plongeant aussitôt dans mon assiette, je la finis au plus vite, et m’éclipse, me sentant suivi par le regard de la jeune femme, et n’osant pas me retourner.

Rentré chez moi, je m'en veux d’avoir fui, une fois de plus. Qu’a-t-elle pensé de ma lâcheté ?
Que pense-t-elle de ces deux coïncidences ? Je me suis grillé tout seul.
Pourtant, elle m’obsède, et je ne veux pas renoncer, cette fois encore

J'en est toujours à ces réflexions, le lendemain après-midi, dans mon habituel café, savourant mon habituel thé, quand entre un groupe chahuteur qui me distrait de ses pensées.
Et, au milieu de ces étudiantes, que vois-je ? Elle ! Manéa, qui lance un regard dans la salle en entrant, et me repère aussitôt. Aucun doute !
Trois fois en trois jours ! Même si, cette fois, il n’y a nulle préméditation, il y a fort à penser qu’elle ne va pas le voir ainsi. Je baisse les yeux sur mon thé, fais mine de se délecter d’un biscuit sec, ne sachant ce qu’il va se passer, priant qu’elle ne me tape pas un scandale public, m’accusant de je ne sais quelle perversité ou quelque harcèlement.

2
Option 1 : 10 minutes de vidéo, dont 30 secondes hard
Option 2 : accès illimité à toutes les vidéos
Option 3 : accès et téléchargements illimités, avec bonus

Il n’a pas fallu longtemps à Camille pour choisir !

Il a connu la chaîne pornographique Tenshi C’show, en entendant le patron d’un sex-shop de Seikusu, la conseiller à un de ses clients. Alors qu’il sentait déjà son sexe gonfler tandis que ses mains jaugeaient le bon calibre des chibres en plastique, entendre décrire la sexualité débridée qu’offrait la tenancière de cette chaîne porno acheva de lui engendrer une érection qui rendit son pantalon très étroit.

Il rentra aussitôt chez lui, et se lança dans la découverte de ce qui était soi-disant fantastique et irrésistible ; “s’il y en a une que je rêve de baiser, c’est bien celle-là”, avait conclu le patron du sex-shop.
Il avait raison ! Une fois passées les vidéos où elle met 9 minutes à se déshabiller, et trop peu de temps à montrer ses doigts dans sa chatte ou dans son cul, Camille visionne très vite bien plus crû, car la dame semble aussi affectionner de passer à la pratique avec des hommes fort membrés.
Alors que sa main s’agite déjà sur sa queue raidie, Camille regarde celle-ci, se demandant comment il concurrencerait de tels rivaux. Mais l’excitation est déjà telle, que le sperme jaillit à longs jets, et que sa nuit en sera peuplée.

Le lendemain soir, il se jette sur son ordinateur sitôt rentré. Une seule idée : Tenshi C’show. Et là, pas d’hésitation, la carte bancaire pour s’offrir l’accès illimité. Une soirée à découvrir toutes les vidéos, à mater des seins gros comme il n’imaginait pas, à mater un cul dont la rondelle n’a aucune retenue, à mater une chatte qui en reçoit et en redemande, à entendre des cris et des orgasmes qui ne sont pas feints.
Le surlendemain, pas d’internet, un émetteur en panne. Le manque ! Trois heures avant que ça revienne, trois heures d’angoisse à seulement rêver; Alors, sitôt le réseau revenu, Camille ressort la carte bancaire, option téléchargement illimité. Et là, il télécharge tout ce qui est possible, sauvegarde au cas où, explore encore et encore.
Message ! La petite enveloppe clignote. Il ouvre, fébrile : “Merci pour ton abonnement, tu as un POV en bonus rien que pour toi”. Camille clique sur le lien. Seulement vêtue d’un loup noir, Tenshi est là, à genoux devant lui. “Tu as une grosse queue, Camille ; je vais te la sucer comme aucune autre ne l’a fait, et je veux tout avaler ton foutre chaud”. Joignant le geste à la parole, Tenshi se met alors à goulûment sucer un bel olisbos, bruits à l’appui, tandis que Camille s’agite frénétiquement sur sa queue. Se synchronisant, il lâche de grands jets, quand Tenshi fait mine d’avaler ce que le god déverse dans sa bouche; Puis, les yeux brillants, fixant l’écran : “J’adore ton foutre, Camille ; ma chatte et mon cul l’aimeront aussi”. Téléchargement ! Vite ! Camille en est fou, et devient accro à Tenshi C’show.

Alors, quand est annoncé un concours, dont l’unique prix est un moment show entre Tenshi et un de ses fans, avec peut-être la révélation de son visage hors caméra, il se lance, même s’il se doute que le concours est faussé d’avance, et qu’elle choisira un acteur porno bien membré.
Tant pis ! Il joue.
Il répond aux questions sur elle, même les plus intimes, tant il a maintes fois vu et revu tout ce qu’elle propose sur Tenshi C’show.
Et ça marche ! Info ou intox, ils ne sont plus que Cinq concurrents en lice, pour le final, qui doivent se dévoiler davantage, dont un au pseudo évocateur Steel Cock, celui que Camille craint le plus.
Et ça se confirme, quand arrive l’épreuve finale : “Donnez-moi une raison de vous choisir”.
Et, argument imparable, Steel Cock balance son métier d’acteur porno, avec la référence à cinq navets qu’il a tournés. Le mec a un sacré braquemart, et sait s’en servir ! Camille comprend qu’il lui faut avancer d’autres arguments, et il faut vite trouver, car il n’y a que trois minutes pour répondre.
Autant jouer le tout pour le tout, il écrit publiquement, quitte à se griller : “Je suis switch, et je t’offre ce que tu ne connais pas”.
24 longues heures, c’est ce qu’a imposé Tenshi pour mettre en ligne sa réponse.
24 longues heures, pendant lesquelles Camille regrette d’avoir ainsi argumenté.
24 longues heures, pendant lesquelles il se voit vraiment pilonner le cul de Tenshi.
24 longues heures, pendant lesquelles il imagine Tenshi avec un god-ceinture.
24 longues heures, avant qu’apparaisse en ligne “J’ai informé l’heureux gagnant”.
Raté ! Camille sait qu’il a perdu, mais c’était si évident…

Deux minutes plus tard, une sonnerie, un message pour lui dire qu’il a perdu.
Plus dépité que furieux, il l’ouvre quand même :
“Félicitations, tu as gagné. Présente-toi demain à 18h à l’adresse ci-après”.
Un message aussi froid que Tenshi est pourtant chaude, comme s’il y avait une sorte de déception.
Camille ne sait que faire ; se débiner par lâcheté, ou assumer en vidéo devant le monde entier ?
Il passe la journée à se questionner, hésiter, argumenter.
Il passe la soirée à revisionner les vidéos, à réfléchir à tout, à se conditionner.
Décision prise, il finit par regarder ce qu'est l'adresse : un love hôtel, couplé à un sex-shop. Aucun doute permis, elle sait ce qu'elle veut. Il regarde la fiche du love hôtel, ses chambres à thématiques très variées. Il y sera !
Le lendemain matin, il se prépare, grand soin avec la toilette la plus intime y compris un anus impeccable au cas où, un parfum présent sans être entêtant, une tenue élégante faite d'une chemise ample et d'un pantalon ajusté pour ne rien cacher de ce qui se passera sous le boxer. Du classique, car il ne peut commettre la moindre erreur. Nul doute que Tenshi mettra cela en ligne, et que ses rivaux de la veille ne manqueront pas de le critiquer sur le moindre détail.

10h précises, devant ce love hôtel aussi discret qu'est très visible le sex-shop voisin, il sonne à l’interphone, sa main tenant une petite pilule bleue achetée en ligne, le sésame pour être à la hauteur de ce moment unique.
Si je la prends, il y en a qui vont se douter que je ne peux pas bander autant et si longtemps. Si je ne la prends pas, je passerai pour un minable auprès de Tenshi, et de tous les cons qui m’envient”.
Il la regarde encore, cette pilule du bonheur, quand une voix s’exprime enfin dans l’interphone.

3
Centre-ville de Seikusu / De l'écran à la réalité (PV Alice Makai)
« le: lundi 08 avril 2024, 23:20:33 »
Ca y est ; plus aucun doute n’est permis.
Il aura fallu des semaines à Camille pour y parvenir.

D’abord, ce fut au hasard d’un de ses nombreux errements sur la toile, en quête d’il ne sait plus quoi. Il y a les soirées où il cherche un plan drague, au masculin comme au féminin. Il y a les soirées où il ne cherche qu’à se contenter manuellement. Il y a les soirées où il ne cherche rien de particulier.

Oui, ce devait être là, à aller d’un site à l’autre, abreuvé de photos de toutes sortes, des plus subtiles aux plus crues. Ce soir-là, sa féminité ne trouvait nul beau membre à son goût ; trop de bad boys persuadés de détenir l’arme absolue, et le récent souvenir de l’amant d’un soir qui l’avait laissé meurtri. Oui, ce soir-là, sa masculinité cherchait la beauté au féminin, pas de ces appâts exposés sans subtilité, mais plutôt un minimum de sensualité ; hélas, dans cette ultra concurrence, les femmes s’exposaient au seul but de séduire par ce petit détail à nul autre pareil.

C’est au milieu de ça qu’elle était apparue, elle, Sakura. Hélas le visage caché, et cependant le corps exposé, mais tout en tact. De la suggestion, de la sensualité, elle dénotait du reste. Comme aimanté, Camille s’était pris au jeu, fouillant d’abord sur le site, reprenant son historique, découvrant d’autres photos, certaines très romantiques finalement, d’autres très osées également.

Mais tout a un prix ! Pour télécharger, il faut payer, et le site semble très sécurisé pour éviter les plaisantins et les roublards. Maugréant au début, davantage séduit ensuite, Camille téléchargea une photo moyennant paiement, photo aussitôt imprimée et affichée au mur. Bientôt rejointe par une autre, payée aussi, et même une troisième. Ce soir-là, Camille s’endormit face à ces trois photos, après s’être masturbé pour la première fois pour cette Sakura tout juste découverte.

Les jours suivants, cette obsession grandit ; d’autres photos achetées, certaines en grand format au mur, d’autres en petit format ou en fond d’écran. Cette jeune femme était un canon, la perfection. Qu’elle soit suggérée ou dénudée, sa poitrine le captivait. Qu’elles soient cachées ou offertes, ses fesses offraient un galbe parfait. Et que dire de son sexe qu’elle se plaisait à dissimuler ou révéler au jeu des tissus ?

Sakura métamorphose Camille ; il ne sortait quasiment plus, se plaisait dans son studio, parcourait la toile à la recherche de toute photo, de tout indice même. Car, sournoisement, l’envie de passer du rêve à la réalité s’insinuait. Camille se mit à enregistrer le moindre détail qui l’aiderait, ne serait-ce qu’une infime portion de fenêtre donnant une idée du paysage environnant. Bien que connaissant, de par son métier, un grand nombre de studios photo et vidéo locaux, Camille ne parvenait pas à identifier les lieux où posait Sakura. Son corps crevait l’écran, tel un vibrant appel au sexe, mais rien de rien ne disait où aller !

Camille sombrait, sans s’en rendre compte ; des soirées à se branler, devant les photos d’une inconnue qui l’obsédait, il n’en pouvait plus. Enfermé dans son studio, il en devenait fou, malade de cette obsession. Lui qui avait pourtant goûté aux deux sexes, se contenter chaque soir de voir jaillir le foutre de son membre meurtri et solitaire, pour une inconnue de papier qu’il rêvait de posséder.

Jusqu’à un soir où, le site étant planté, Camille n’eut plus ses nouveautés en photo. Le manque, atroce, qui vous tenaille, vous arrache les tripes ! Il tournait comme un lion en cage. Il devait sortir, prendre l’air. Seikusu était calme à cette heure tardive, hormis quelques fêtards tardifs. Camille errait, dans ces rues qu’il connaissait mais ne reconnaissait plus. “Sakura, où es-tu ? Derrière quelle fenêtre te caches-tu ?” ; son esprit divaguait, tandis qu’il observait les rares fenêtres encore allumées.

Et puis, merde ! Y’a pas que toi… Je vais m’éclater, je m’en fous de toi” hurla-t-il soudain, alors qu’au loin le panneau lumineux “Au Paradis” trouait la noirceur de la nuit et de ses pensées. Payer pour une prestation, il l’avait déjà fait, avec un homme comme avec une femme. Mais là, il était décidé à payer pour se sortir Sakura de la tête. Il fallait un truc violent, radical.

“Au Paradis”, les tarifs étaient affichés dès l’entrée, pas besoin de demander, hormis pour une prestation “spéciale” ou “complémentaire”. Camille n’avait pas besoin de finasser. “Je veux la pire maîtresse, celle qui me rappellera que je suis qu’une fiotte”, se contenta-t-il de dire à la réception, tendant sa carte bancaire.

A cette heure tardive où le client se faisait rare, c’était une aubaine pour le gérant. Que se passa-t-il ensuite ? Camille ne saurait le dire, tant ses souvenirs étaient brouillés, quand il redescendit l’escalier ; tout au juste se souvenait-il d’une brune aux yeux de jais,et de traces corporelles faites de pointes de talons et de zébrures de lanières, mais surtout d’un sexe endolori, comme s’il avait été écrasé.

Il faut dire que le choc qu’il reçut, au pied de l’’escalier, fut d’une violence insoupçonnée. Tandis qu’il remettait sa veste, il regarda le couple monter l’escalier. Sakura ! Dans un lieu et une tenue qui ne laissaient planer aucun doute sur ce qu’elle s’apprêtait à faire. Impossible ! Après tout ce qu’il venait de subir d’une “maîtresse” fort experte dans son art, voilà que l’obsession surgissait à nouveau. Traitement de choc pour rien ! Il regarda ces fesses onduler au fil des marches, oui c’était Sakura. Il regarda cette poitrine mise en valeur et si légèrement dissimulée se dresser fièrement face à la porte de la chambre, oui c’était Sakura. Il n’avait jamais vu son visage, toujours masqué sur les clichés, mais il était sûr que c’était elle qui allait entrer avec ce vieux barbon pour ce qui ne laissait aucun doute.

Camille était partagé entre dépit et colère, mais le gérant lui fit signe qu’il était temps de partir. Le froid de la rue le ramena brutalement à la réalité. Il rentra illico au studio ; si son corps meurtri lui faisait mal, son esprit perturbé fonctionnait en surrégime. Etait-ce elle ou pas ? Il passa des heures à chercher la moindre info sur le Paradis, mais quasiment aucune photo ne lui donna d’indice avéré, hormis une seule où il pensa identifier un lieu de pose de Sakura.
Camille dormit peu et mal ; si Sakura passait de l’écran à la réalité, c’était sous le pire jour qu’il ait pu imaginer. Il fallait savoir ! Ainsi les soirées suivantes alternèrent l’écran en quête de nouvelles photos, et les veilles devant le “Paradis”. Ce n’est qu’au troisième soir qu’il l’aperçut, dans un long manteau très sobre ; mais, même au travers de cet épais vêtement, Camille n’avait aucun doute, persuadé que les formes ainsi dissimulées étaient celles de sa Sakura enfin matérialisée.

Pas seule, visiblement, car un individu l’attendait au dehors. Un individu dont la lumière des réverbères révéla des traits du visage très proches de la supposée Sakura. Un chaste baiser, un joli sourire. Son mec ? Son mac ? Un ami ? Camille la douceur devenait Camille la haine. Le couple semblait si insouciant que la filature fut néanmoins facile. Camille avait enfin l’adresse ! Mais Sakura ou pas ?

En rentrant, il compara les photos avec ses souvenirs de la nuit. Pas facile ! Il en fallait davantage. Dès le lendemain, il s’installa en terrasse, face à l’immeuble où la supposée Sakura s’était engouffrée avec il ne sait qui. Il fallut plusieurs jours de filature encore, pour obtenir la pièce manquante du puzzle. Quand la supposée Sakura entra dans un immeuble où se louaient des studios photo, Camille compris qu’il avait vu juste : la femme qu’il espionne depuis des jours est celle qui le hante sur la toite et qui arrondit ses fins de mois au “Paradis”. Il n’y a plus qu’à…
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Aujourd’hui, c’est le jour J. Camille a longtemps mûri tous les scenarii possibles : utiliser la messagerie du site, demander ses prestations au Paradis, l’accoster au pied de son immeuble, plutôt amoureux transi ou maître-chanteur ? Seule hypothèse inenvisageable : qu’il se soit trompé, que celle qui travaille au “Paradis” ne soit pas celle dont il connaît le corps, mais pas le visage, via son écran. Impossible ! Il en est sûr, il est prêt...

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Les alentours de la ville / Retraite au couvent (PV Soeur Mary
« le: samedi 15 janvier 2022, 20:57:16 »
Je ne sais plus où j'en suis !
Côté boulot, j'ai perdu le contrat de la Snei Corp, qui était une grosse part de mes revenus.
Côté cœur, ça fait des semaines que je n'ai pas tiré un coup, la dernière étant une pute tarifée.
J'ai besoin de souffler, de réfléchir, de donner un nouveau sens à ma vie.
Pas envie de finir au bout d'une corde !

Il faut que je déconnecte. J'ai réfléchi aux possibilités. Retourner en France serait avouer mon échec. Aller camper dans la nature est impossible vu la saison et les moustiques. De fil en aiguille, les recherches sur Internet m'ont amené à choisir une retraite dans un truc religieux.
J'avais pensé au Monastère de la Sainte Méditation, mais, vu les consignes, j'aurais fini par me pendre dans un environnement aussi sinistre, silencieux, déprimant.
Puis mes recherches m'avaient enfin mené à un couvent perdu dans la nature, mais accessible en train depuis Seikusu.

Pas besoin d'une tenue d'apparat pour aller s'isoler au milieu des bonnes sœurs ! Mon sac est léger de tenues d'été, sans oublier mon fidèle matériel vidéo. Sait-on jamais ? Peut-être arriverai-je à filmer deux bonnes sœurs en train de se gouiner. Mon fantasme, deux nanas ensemble. Alors, deux religieuses, le pied !

Dix minutes à pieds, et me voici sonnant à la porte. Une cloche à l'ancienne. Pas de réponse. Je sonne encore. Un judas s'ouvre.
Je dois y passer ma carte d'identité ; c'est pire que Fort Knox ici ! Au moins serai-je tranquille.
La lourde porte de bois finit par s'ouvrir, sur une nonne à laquelle je serai incapable de donner un âge. Grisonnante et voutée, souriant de dents espacées, mais fort aimable, une fois les contrôles franchis.

« Venez, je vais vous montrer votre cellule ».
Pas de perte de temps ! Ici, tout est minuté, ordonné. Je l'ai voulu, je devrai me conformer au souper à dix-huit heures. Seule dispense, le recueillement du matin. Mais pas question de faire la grasse matinée, car le petit-déjeuner est servi à sept heures, et tout est débarrassé une demi-heure plus tard.

Je ne sais pas si j'aurai assez de ma semaine de retraite pour explorer et encore plus mémoriser les lieux. J'ai l'impression de repasser dans des couloirs où je suis déjà passé, de monter des étages pour les redescendre plus loin.

« Vous serez logé dans l'aile de la Pénitence. Nous avons appris hier l'arrivée de toute une délégation de nos sœurs vietnamiennes, et nous devons les accueillir. Alors, les invités méditants comme vous, nous les logeons dans un bâtiment un peu à l'écart ».
Pourquoi pas ? Mais cela ne m'empêchera pas d'aller voir s'il y a de jolies asiatiques dans cette délégation.

« Voilà, c'est là », m'annonce-t-elle en pilant devant une porte basse, qu'elle ouvre aussitôt. C'est ça une cellule ? C'est plutôt un cercueil ! Lumière blafarde, lit rudimentaire, une table et une chaise. Heureusement que j'ai pris de la lecture, sinon je passerais mes soirées en pater et en Ave. Je pose mes deux sacs sur le lit, un peu décontenancé.

« Ah j'ai oublié. Il y a, dans la cellule voisine, l'une de nos sœurs qui est possédée par le Diable. Ne soyez pas étonné si, la nuit, elle pousse des hurlements ; c'est parce que le Malin vient en elle la corrompre. Heureusement, la nuit, nous l'attachons, pour éviter qu'elle ne répande le mal. Faites très attention à elle, ne la laissez pas vous séduire ! »
Vu comme ça, je vais avoir de l'animation. Chouette !

5
Les alentours de la ville / Un van de folie (PV Summer W.)
« le: samedi 15 janvier 2022, 19:25:52 »
« Psitricitae Recalensis. Ca y est, je peux le dire. Et ça y est aussi, je l'ai eu ».
Depuis le temps que je cours l'étang de Fukoshi et les marais de Seinka, je désespérais de réussir à le photographier. Combien de fois, après avoir scruté le ciel, suis-je parti de Seikusu, espérant enfin avoir ce cliché, mais pour revenir bredouille ? Je ne les compte plus, mais des dizaines assurément.

Bon, je ne revenais pas toujours bredouille je l'avoue. Parfois quelques photos d'espèces quand même rares. Parfois aussi des photos de couples en pleins ébats. C'est l'avantage du téléobjectif ; on peut jouer au paparazzi pour tous types de sujets. Je suis même sûr qu'il y avait des couples illégitimes qui copulaient ainsi loin des regards, sauf du mien en fait.

Et, vu l'objectif, j'avais tous les détails. Le visage du monsieur et de la madame, parfois aussi deux hommes d'ailleurs. Et aussi l'acte sexuel en lui-même. Je m'étais amusé, un soir, à ainsi post-traiter certaines photos. En gros plan, la queue de monsieur et la chatte de madame formaient un joli tableau un brin abstrait.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas ça mon thème direct ou indirect. J'avais THE info, celle qu'on ne partage pas mais qu'on vérifie. Parti de Seikusu vers neuf heures du matin, à pieds avec mon lourd sac à dos de matériel, ce téléobjectif qui est un super outil de travail, mais toujours un plus petit objectif, car on ne sait pas ce qu'on peut rencontrer.

J'ai commencé par quelques clichés dans le sous-bois au milieu des promeneurs, puis je me suis amusé à photographier de loin les sages amoureux sur les bancs publics, avant de m'enfoncer là où la foule se fait plus rare.

Vu la distance que je risquais de parcourir, c'était tenue légère, t-shirt et bermuda sur un boxer bien ajusté, avec des chaussures de marche légères aux pieds. Quand on porte lourd sur le dos, autant alléger le reste.

J'ai tourné des heures durant, j'ai eu des espoirs, j'ai eu des désillusions, mais je l'ai eu ! je suis un peu comme un chasseur. Une fois que j'ai eu ma proie, je passe à autre chose. Quoi? Je ne sais pas. Ce n'est pas le sujet du moment. J'ai besoin de me reposer de cette aventure.

Et puis il y a d'autres sujets que la photo d'oiseaux rares! A consacrer mes week-ends à ces recherches, ça fait des semaines qu'aucune nana n'a occupé ne serait-ce qu'une de mes nuits. Se branler devant un film X n'est pas idéal, rien ne vaut le concret bien ressenti!

Il est quatorze heures, quand je sors de l'imbroglio autour de l'étang. Différente de cet environnement sauvage et préservé, est la route vers Seikusu. J'ai parcouru neuf kilomètres, selon ma montre connectée. Et je suis rincé ! Pas envie d'en refaire neuf dans l'autre sens. La route qui va de Seikusu à la côte a beaucoup de circulation mais, à cette heure, les voitures quittent Seikusu et non l'inverse. Ca s'annonce mal !

Je pose mon sac à dos à terre. M'assied en tailleur. Savoure mon sandwich. Finis ma bouteille d'eau. Au moins ça m'allègera pour le retour.

Car aucune voiture à l'horizon. Alors, repu, je charge mon sac et prends le chemin vers Seikusu. Après un quart d'heure de marche, j'entends une voiture dans mon dos. Je me tourne, lève le pouce, mais la grosse berline noire passe en ignorant le parasite que je suis. Raté ! Je reprends la route.

Encore un quart d'heure, un nouveau bruit de moteur. Même scénario, mais peu d'espoir. Surtout que le truc fait un drôle de bruit, comme si son moteur allait rendre l'âme à mes pieds. Bon, je me retourne quand même, en tendant le pouce.
Apparaît un van, un de ces trucs antiques qui pétaradent et fument comme leurs conducteurs, en général de vieux bouffis qui espèrent retrouver leur jeunesse.
Pas le top, mais, si ça peut me faire économiser les kilomètres restants, pourquoi pas ?
Marcher à bon rythme m'a donné chaud. Mon t-shirt me colle un peu, mon bermuda aussi, et le tissu de mon boxer me produit une sensation étrange.

Miracle, le van s'arrête à ma hauteur ! Je m'approche de la vitre passager, entrouverte.

6
Les alentours de la ville / Antinomiques (Gwen K.)
« le: mercredi 29 décembre 2021, 23:21:45 »
Il est 21h37, heure vérifiée et calée. Il me reste 4 minutes à attendre, pour réaliser cette photo qui va faire le buzz. Dans moins de 4 minutes, maintenant, la lune montante sera juste en position. Si mes calculs sont bons, cette lune rousse brillera à travers les fenêtres brisées de cette vieille bâtisse à l'abandon, et ça me donnera un effet digne des films d'épouvante.

« Tu l'as, Camille, tu devrais réussir à recréer l'éclairage de Amityville. »

Personne pour me déranger ! A cette heure, Seikusu est calme, a fortiori dans ce quartier qui pue le fric. Calme, et donc sécurisé. Personne ne viendra me voler mon appareil photo, même si le trépied sur lequel il est posé est loin d'être discret. C'est même certain qu'aucun bourgeois, plutôt occupé à parler économie pendant le dîner, ne viendra me demander ce que je fais là.
Je me suis bien disposé, contre la haie d'une de ces demeures ostentatoires, ce luxe clinquant des nouveaux riches. Juste à un angle de rue, là où la lumière des réverbères ne dessine pas ma silhouette. Quartier calme certes, mais discrétion de rigueur !

Un dernier regard dans le viseur, un coup d'oeil à la télécommande pour vérifier qu'elle est sur ON. Je tremble d'excitation, ça doit être ça l'espèce de martèlement que j'entends. Sans doute mon cœur qui bat la chamade. Pourtant, ma poitrine n'a pas l'air de se soulever au même rythme.

Là, c'est comme des claquements irréguliers, que je n'arrive pas à définir. Ça semble même se rapprocher. Non ! Pas maintenant ! Plus tard, je m'en fous ! Il me reste 43 secondes pour réaliser ce cliché. Concentration, doigt sur la télécommande, regard figé sur l'écran, la lune rousse monte, elle est presque à la place idéale.

Concentration ! Tellement concentré que j'en ai le souffle coupé... en recevant ce qui doit être au moins un camion dans le dos, m'envoyant voler dans le trépied, avant de chuter sur le trottoir dans un grand fracas, et surtout avec une douleur violente au poignet gauche.
Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais la lune rousse semble me regarder, narquoise, me disant « ce n'est pas encore pour ce soir » à m'arracher un « Nooooooonnnn ! » à ameuter tout le quartier.

J'enrage ! J'ai pris la tête de trépied et l'appareil photo dans la poitrine. Je dois avoir plusieurs côtes brisées. Mais je crois que mon énervement supplante toute douleur, même si mon poignet gauche me fait vraiment mal.
Oui, j'enrage. Qui vient de foutre en l'air ce moment que j'attends depuis longtemps ?
Je ne suis pas violent, mais, là, j'ai la rage !

Je regarde d'où est venu cette agression, une silhouette à terre, juste là où j'étais installé. Je cherchais la pénombre pour la discrétion, et ce freluquet ne m'a pas vu. Mais comment est-ce possible ? Ce martèlement, c'était parce qu'il courait, et il m'a foncé dedans sans me voir.

« il », je dis « il », car quelle femme sortirait faire son jogging à cette heure, même dans un quartier paisible ? Et je dis d'autant plus « il » qu'un réverbère un peu éloigné laisse deviner une chevelure blonde plutôt courte.

Je vais aller lui dire ma façon de penser. Je parviens à m'asseoir sur le trottoir, mais l'appui sur ma main gauche me fait gémir. C'est plus sérieux que je ne pensais. Instinctivement, je regarde mon appareil photo, il a heurté le sol, c'est évident, et reste à terre au bout du trépied tordu. S'il est cassé, l'autre blondinet va m'entendre !

Je le regarde à nouveau, en partie éclairé par un réverbère, mais quelque chose de rouge m'affole.
Du sang ! Son épaule est rouge. Du sang ! Il m'a carrément blessé à sang.
Je regarde mon tee-shirt blanc, rien, aucune trace.
Je me passe la main sur le visage et dans le dos, rien, aucune trace.
Je regarde mon pantalon de toile écrue, rien.
D'où vient ce sang ?
Il s'est blessé en me heurtant ? Impossible ! Il a tapé dans mon dos.

Heureusement, même à terre, il commence à bouger, assis comme moi, sans doute sonné comme moi, probablement incrédule comme moi.
Je le vois un peu mieux dans la lumière d'un réverbère, qui dessine une silhouette, une poitrine.
Une femme ?

7
Les alentours de la ville / Squatter peut surprendre (PV Utsuho)
« le: lundi 30 décembre 2019, 12:07:22 »
Seikusu, une ville à laquelle Camille n'aurait jamais songé, il y a seulement quelques semaines. Pourtant, pour fuir son passé doublé d'un avenir incertain, il avait accepté ce poste de photographe filmeur au Lycée Mishima. Le transport payé, le salaire correct, le logement fourni ; son Master en Sciences des Arts avait fait fort, de l'autre côté de la planète.

« Seikusu, me voilà », avait-il lancé, en foulant, pour la première fois, le quai de la gare. Pas comme une idole qui sort de l'avion devant ses fans, mais presque.
Très bien accueilli au Lycée Mishima, il s'était néanmoins heurté à une contrariété, dès le premier jour. Le logement de fonction n'était pas disponible, son actuel occupant refusant de quitter les lieux. Embêtée, l'administration du lycée lui avait payé l'hôtel pendant deux semaines, le temps qu'il trouve une solution.

Mais, au bout de ce délai, Camille n'avait rien ! Payer l'hôtel de sa poche, en attendant que le logement de fonctions se libère, trop cher. Louer un appartement pour une durée indéterminée, pas viable. C'est très vite devenu le système D, squatter chez un collègue ou dormir dans une maison semblant vide.

D'ailleurs, il avait été surpris par le nombre de maisons inoccupées à Seikusu, et surtout la facilité d'y entrer, d'y passer une nuit reposante, et de disparaître le lendemain matin, comme si de rien n'était. Du studio au dixième étage avec vue sur la ville, à la demeure bourgeoise des faubourgs, il savait tout essayé en peu de temps, même s'il devait admettre avoir eu de mauvaises surprises, alarmes stridentes, fuites en pleine nuit, et autres désagréments.

Pour ce soir, il a repéré une habitation isolée des autres. Ca fait plusieurs soirs qu'ila passe devant, de jour comme de nuit, pas de mouvement, pas de véhicule, pas de lumière. Ca doit faire partie des vieilles demeures que des légendes urbaines disent hantées. Camille en sourit ; son pragmatisme tout français fait fi de ces balivernes.

Néanmoins, en franchissant la grille d'entrée, il reste sur ses gardes ; peu probable que ne surgisse le fantôme d'un samouraï d'antan, mais pas impossible de voir un molosse dérangé sur son terrain de chasse. Camille avance prudemment dans les herbes folles, guettant le moindre bruit ; mais seuls ses pas froissant les herbes, même pas un grincement de volet.

La porte semble verrouillée, mais, là aussi, il a vite acquis de l'expérience, une aiguille, une pointe carrée, une clé coudée, la serrure mi rouillée mi forcée ne rsiste pas longtemps. Etrange que cette porte, pourtant inutilisée, ne grince même pas. Intéressant même, se dit Camille. « Si c'est aussi bien entretenu partout, ça pourrait me faire une maison pour plusieurs nuits ».

Pas de lumière dans le hall, mais la lampe torche est plus discrète. Camille avance en silence. Le bas semble surtout servir à une énorme salle de réception, avec du bric et du broc au fond. Plus tard l'exploration. Une cuisine aussi, mais ce sera pour plus tard la visite. Camille s'engage dans l'escalier, un double en deux arcs de cercle, qui ne grince pas davantage. Etrange maison que l'abandon ne semble pas avoir affectée.

L'étage est plongé dans le noir total, la lampe torche déchire la tranquillité d'un immense couloir, parsemé de multiples portes comme à l'infini. La première à droite semble ouverte, il entre, balaie les lieux du rai lumineux. Très sobre, très étrange aussi. Aux antipodes des chambres japonaises épurées, un étrange lit comme issu de la collection d'une vieille famille française. Du bois massif, des chevets assortis, presque fait comme s'il l'attendait.

« Ah oui, la maison hantée, c'est vrai ; ça doit être le lit du fantôme », songe-t-il, posant son sac à terre. Même l'eau ne semble pas avoir été coupée, dans le petit cabinet de toilette adjacent. Rafraîchi, détendu, fatigué, Camille s'assied sur le lit.
Mais ses sens sont interloqués par une étrange odeur d'humidité. Par acquis de conscience, il va vérifier le lavabo ; peut-être a-t-il déclenché une fuite après des années d'inutilisation. Tout semble en ordre.

« Je ne vais pas croire à ces histoires de vieilles femmes ! », se rassure-t-il en se dévêtant, posant ses habits sur une chaise qui paraît presque neuve ; étrange là aussi, son tissu semble humide. « Peut-être est-ce dû au fait que la maison a été longtemps inoccupée ».

Par contre, simplement se poser sur le lit le saisit. Malgré le tissu qu'il a mis entre lui et le sommier, il se sent transpercé d'une humidité, encore. Ce n'est pas la première fois qu'il ressent cela dans un logement vide depuis longtemps, mais jamais ce ne fut si fort. Il en frissonne un peu mais, en cette saison chaude, l'ambiance a vite raison de ces frissons mi froid mi inquiétude.

« Allez, c'est l'heure de dormir ; la journée de demain s'annonce chargée en boulot. Et j'essaierai de rentrer plus tôt pour mieux explorer cette maison ; ça pourrait peut-être me faire un logement sympa pour les mois à venir ».

8
Les alentours de la ville / Comment profiter d'un ami (PV Aya Crawford)
« le: vendredi 20 décembre 2019, 19:24:26 »
Il y a parfois des hasards qui tombent à point. Rien, ne rien emporter de trop, ne se concentrer que d'un volumineux sac à dos pour emporter l'essentiel, fuir cette vie et cette chute. Une dernière fois, Camille regarde cet appartement qu'il doit quitter précipitament. Plus assez d'argent pour le loyer, un travail en dent de scie, à peine de quoi acheter à manger. Et ce hasard, ce merveilleux hasard, qui lui a fait croiser Ryo, qu'il avait un perdu de vue ces dernières semaines, alors que, depuis longtemps, ils étaient inséparables comme deux frères.

Ryo le connaissait presque mieux que lui-même, et avait aussitôt décelé la contrariété sur le visage de Camille. L'invitant à prendre un thé, il avait écouté, tel un frère, Camille lui conter ses malheurs, jusqu'à l'expulsion imminente, avec la perspective de dormir à la rue au milieu d'individus parfois peu recommandables. Mais, avec le froid qui arrivait, Ryo ne pouvait pas imaginer de laisser son meilleur ami affronter une telle galère et, gentiment, Camille s'était vu proposer le gite et le couvert, au moins le temps de se refaire.

Ryo est comme ça, gentil et spontané. Mais, alors que Camille s'est malgré lui souvent mis dans des galères, Ryo a toujours conservé ce côté sérieux, travailleur quand Camille était oisif. Toutefois, Camille se souvient que Ryo avait eu quelques soucis à son travail, sans se rappeler ce que c'était. Mais s'en était-il inquiété alors ?

Camille regarde à nouveau le papier où Ryo lui a écrit l'adresse. Cela doit correspondre à une maison, dans une jolie banlieue de Seikusu. C'est vrai que, aussi proches soient-ils, Camille n'est jamais allé chez Ryo. Tout ce qu'il sait de sa vie privée, c'est qu'il vit en couple, et n'a jamais tari d'éloges sur sa compagne, la huitième merveille du monde à l'en croire.

Le bus dépose Camille juste au coin de la rue où il doit se rendre. Paisible quartier, en effet, à la fois simple et accueillant. Camille trouve sans souci, trimballant son gros sac, qu'il lâche à terre juste devant la porte. C'est Ryo qui lui ouvre, avec toujours ce sourire immuable. « Hello, c'est moi. Tu es vraiment sûr que je ne te dérange pas ? ».

9
Centre-ville de Seikusu / Poké-shooting (PV Akua Hotomi)
« le: samedi 14 décembre 2019, 08:45:22 »
Les semaines et les mois s'enchaînent, depuis l'arrivée de Camille à Seikusu. De la peur de l'inconnu initiale, il ne reste plus grand chose, si ce ne sont encore quelques appréhensions, quant à la culture locale, et au mode de vie parfois surprenant pour un occidental.

Il faut dire que son poste de photographe et vidéographe au lycée Mishima, lui a ouvert des portes, et rempli un carnet d'adresses. Pour se fournir en équipement, pour trouver des lieux où photographier ou filmer, voire pour trouver modèles ou figurants.

Camille a pris en mains le club photo et vidéo du lycée, surpris d'avoir autant d'audience. Là aussi, il a appris à apprivoiser la culture locale, avec son approche de l'expression corporelle. Il a eu la surprise que certains élèves, à peine majeurs, acceptent voire proposent de poser pour lui. Etranges séances où il a aussi bien photographié des jeunes étudiantes à la poitrine encore plus plate que la sienne juste naissante, que de beaux jeunes hommes dont la virilité a fait plus que le troubler. D'ailleurs, il garde, de certaines de ces séances photos, des souvenirs charnels aussi bien masculins que féminins.

C'est vraiment un pur hasard qui fait que le local mis à disposition par le lycée, et qu'il utilise aussi pour ses séances photo ou vidéo privées, est voisin d'un hôtel où il a pu négocier avec le patron d'avoir une chambre toujours disponible, en échange de la réalisation d'un book des pseudo-masseuses qu'il met à disposition avec ses chambres garnies. Ce que le patron ne sait pas, c'est que son épouse a aussi voulu poser, et pas que poser d'ailleurs ; mais ça, c'est hors contrat.

Par relations ou par annonces, le business de Camille se met en place ; même son site en ligne lui vaut des contacts, toutes sortes de contacts. Les familles japonaises aiment beaucoup les portraits de générations, et cela lui procure aussi des gains substantiels.
Mais, là, c'est un genre nouveau qui l'attend ; une pokégirl, c'est l'inconnue. Spécialité locale, ou presque. Mais, en même temps, ouverture sur un univers totalement ouvert, où l'imagination semble n'avoir aucune limite.

Dans cette ambiance justement débridée, Camille s'amuse de voir, dans le miroir du studio photo, que la tunique ample qu'il a choisie, laisse quelque doute quant à sa poitrine. Mais là n'est pas l'objet du moment ; il vérifie encore une fois les éclairages, les réflecteurs, les flashes déportés, la lumière extérieure à travers les grandes vitres du local. Tout est calé, sachant qu'il faudra mettre en valeur l'univers Pokégirl coloré. Une ultime vérification à l'appareil photo sur son trépied, réglages parfaits.

On sonne, c'est elle. Camille marque un temps d'arrêt, en passant devant la penderie. Au besoin, il a réussi à se faire prêter quelques tenues qui, d'après ses sources, pourraient convenir. Mais il y a autant de styles que de pokégirls ! Du coloré et même du flashy. Mais aussi du sexy, car il paraît que ça existe en mode Pokégirl. Décidément, c'est un univers qu'il ne connaît pas ; pourvu que son ignorance ne perturbe pas la séance. Car, finalement, tout ce qu'il sait d'elle, c'est qu'elle serait d'un certain groupe Pokégirl. Pourvu que ça ne soit pas un traquenard!

Il ouvre la porte ; elle est là, dans la lumière de la rue, improbable, imprévue, intrigante.

10
L'auberge du Coucher de Lune / La muse (PV Jeska)
« le: vendredi 13 décembre 2019, 07:03:42 »
« Monsieur, on va bientôt fermer ! »
Ces mots ne tirent même pas Camille de ses pensées. D'ailleurs, il ne saurait dire depuis combien de temps il s'est posé à l'Auberge du coucher de lune. Drôle de nom ! On ne verrait jamais ça en France. La France ? Il en est si loin, désormais. Qui lui aurait dit qu'il se plairait à Seikusu, où il ne connaissait personne ? Qui lui aurait dit qu'il trouverait comment entrer dans une sorte de monde parallèle, terra qu'ils disent, Qui aurait imaginé que là vivent, ensemble, toutes sortes d'êtres, dont certains n'existeraient que dans l'imagination ?

Comme l'étrange serveuse de cette auberge, par exemple, avec ses ailes noires. En France, ce ferait un super déguisement pour Halloween. Mais, à Nexus, c'est banal, ça ne surprend personne, à part Camille peut-être. C'est vrai que, quand il s'est assis et que la serveuse est venue s'enquérir de sa commande, ce qu'il a d'abord remarqué est son visage, mi-angélique mi-poupin. Avec une douceur exquise dans la voix, pour lui détailler toutes les nuances de thés ici offerts. Et justement, quand elle est revenue pour lui apporter sa commande, c'est sa silhouette qui l'a alors troublé. Parfaite, juste parfaite ! Fine mais longiligne. Galbée mais dessinée. Et mise en valeur par une robe immaculée d'un dessin digne des grands couturiers.
D'ailleurs, quand elle s'en est retournée au comptoir, il n'a pu s'empêcher de s'attarder sur la subtile ondulation de ses fesses sous le tissu blanc. « Une danseuse, je suis sûr qu'elle danse divinement ! », s'est-il dit. Il n'en faut pas plus à Camille pour sortir son carnet, écrire, faire des croquis, alterner flèches et ratures, déchirer la page et recommencer. Comme tout photographe et vidéaste, il cherche sa muse. Et là, elle vient de lui apparaître, ingénue, imprévue. De temps en temps, il l'observe à la dérobée, parfois s'approcher de clients braillards et irrespectueux, parfois se tenir derrière le comptoir en attente de quelque commande.

Cette muse, comme sortie de nulle part, se heurte à lui, à la virilité de l'homme qu'il ne veut plus forcément être, à la douceur de la femme qu'il aimerait tant être. S'il était venu, dans cette féminité qu'il sait désormais pouvoir vivre ici à Nexus, tant les regards ne sont pas les quolibets de la Terre, aurait-elle été la même ? Cette serveuse, comme un ange aux ailes noires, semble faire s'agiter tous les démons qui sommeillaient en lui.
Il en a profité, il en est au moins au troisième plateau, il aura goûté tous les thés qu'elle lui a conseillés. Elle s'y connaît ! La première fois, elle lui a conseillé un thé détoxifiant, mais il ne se rappelle plus avec quelles bases. La deuxième fois, elle lui a conseillé un thé aphrodisiaque, mot qui a fait rougir Camille jusqu'aux oreilles. La troisième fois, elle lui a conseillé un thé planant, et il se demande vraiment ce qu'il y avait dedans. Et, à chaque fois, le même visage enchanteur, la même démarche aérienne, et Camille de se replonger dans son carnet, la photographiant, la filmant, ou autre que sait-il.

« Monsieur, on va bientôt fermer ! »
Cette fois, l'intonation du patron est plus ferme. Hormis Camille, il ne reste plus que trois soiffards, qui, maugréant, se lèvent, à qui rote, à qui pète. Camille regarde sa montre, 23 heures. Panique totale, il sait trouver le portail aller de Seikusu, caché au fond du temple. Mais ici, il n'a pris le portail retour que de jour. Là, de nuit, il n'a plus les mêmes repères ! Comme affolé, il pousse dans son sac caméra vidéo et appareil photo, prend quand même soin de bien ranger son carnet de notes, et sort, sans même faire attention à la serveuse.

L'air s'est un peu rafraîchi, mais reste doux. Nexus, de nuit, conserve son insolite, mais de pare de mystère. La nuit révélerait-elle des êtres plus insolites encore que de jour ? Mais les quelques rares réverbères ne lui renvoient pas les indications vers le portail retour. Pourtant, son affolement récent est un peu retombé. Peut-être ce mélange de trois thés l'a-t-il apaisé ? A moins qu'il ne l'ait euphorisé ? Il repense à cette serveuse, hors du commun. Un ange. Un ange aux ailes noires, mais un ange quand même.

11
Centre-ville de Seikusu / Film ou réalité? (PV Lissandre Verrières)
« le: mercredi 11 décembre 2019, 21:26:30 »
Il ne suffit pas de changer de pays, pour que la création s'en trouve emballée. Camille le constate à ses dépens. Si le boulot alimentaire de photographe et vidéaste, pour le lycée Mishima, lui apporte de quoi survivre, c'est loin d'être une carrière comme il en rêvait. Certes, avoir tous les accès pour se promener entre troublantes élèves parfois peu farouches, et tentants jeunes hommes trop réservés, a de quoi être plaisant. Mais cela ne fera jamais un film au box office, cela ne mettra jamais Camille en haut de l'affiche.
 
Au moins ces revenus mensuels réguliers permettent-ils néanmoins à Camille de consacrer son temps libre à la création. Il en parcourt des kilomètres dans Seikusu, il en réalise des petits bouts de film, il en monte des fichiers vidéo. Mais ces morceaux hétéroclites ne lui feront pas décrocher un Oscar. Une trame, des scènes, ce n'est pas compliqué à créer ! Il en a fait des dizaines, des centaines même, pendant son master en science des arts. Il a même décroché une mention, en osant présenter un film X au projet de fin d'année.

Mais là, pas d'inspiration ! Assis à sa table, dans ce salon de thé du Lotus Bleu, où il aime à se poser, Camille griffonne, dessine, écrit, rature, chiffonne. Sur la table, sa caméra est là, inerte, prête à l'action, dans son sac de cuir. Dans la poche latérale, ce petit appareil photo, où il fige des lieux qui pourraient être autant de tournages. Sur la table, son smartphone, véritable bloc notre où la carte micro SD est emplie d'un tas de trucs qui, même ensemble, ne forment pas un scenario.

Il a juste été distrait de son travail, quand la cloche de la porte a tinté, levant la tête, restant comme suspendu devant le spectacle. Une crinière blonde, des yeux verts, une tenue toute de rose. Presque ordinaire au pays du cosplay, si ce n'est que, là, tout est à l'avenant, pour former un ensemble absolument délicieux. Ca y est, il la tient, son héroïne ! Voilà tout simplement ce qui lui manquait…

Il se replonge aussitôt sur ses pages blanches, qui se noircissent à grande vitesse, de lignes, de schémas, de flèches. L'aride a fait place au torrent, les idées fusent. Camille marque pause, dans cet afflux presque impossible à canaliser, pour savourer ce thé noir aux baies, dont les senteurs lui sont comme une drogue. Repensant à sa vie depuis son arrivée, il sourit qu'il ait suffi d'une apparition féminine en ce lieu, pour que son inspiration s'envole, et que l'avenir lui paraisse soudain radieux

12
Ville-Etat de Nexus / Un monde à l'envers (PV Lylaas Hana)
« le: mercredi 11 décembre 2019, 08:02:48 »
« Eh, les mecs, regardez-moi ce joli petit cul ! »
La voix, aussi soudaine que grinçante, fait sursauter Camille, qui, se retournant, aperçoit, à quelques mètres, celui qui vient de lancer ça, un grand gaillard mince, au regard noir perçant.
« Alors, petit pédé, on dandine de la rondelle ? »
Ses yeux sont comme les lames de ses mots, transperçant Camille, qui aperçoit aussi deux autres comparses du même genre, juste un peu plus loin.
« Tu sais ce qu'on leur fait aux tafioles comme toi ? », surenchérit l'individu, en sortant une matraque télescopique de sa poche.
Le sang de Camille se glace. Certes, sa tenue ample n'est pas des plus viriles, et cela n'est pas arrangé par sa propension à dandiner des fesses comme celle qu'il voudrait être, ni à bomber le peu de poitrine que ces injections horriblement chères ont pu faire naître. Visiblement, ces trois individus ne voient pas en lui une femme naissante !
A droite une usine ; aucune chance qu'un ouvrier sorte l'aider. A gauche un temple ; peu probable que les religieux l'approuvent. Tant pis, pas le choix, il s'engouffre dans la porte du temple shinto.
« Eh, les mecs, la petite pédale a peur pour son cul. A la chasse ! »
Pas le temps d'admirer les statues ou la floraison, Camille détale aussitôt, le bruit de sa course contrastant avec la plénitude des lieux. Tout comme les lourds talons de ses assaillants, qui courent à ses trousses.
Une porte ouverte, Camille s'engouffre aussitôt, mais rien, pas de cachette, même pas d'arme de substitution. Il aurait trouvé quelque pique de fer, qu'il aurait crânement défendu sa vie et son corps, mais là, rien !
Adossé au mur le plus au fond, entre deux statuettes dont il ignore tout, il ne peut que regarder les trois individus, juste à quelques mètres de lui. Sur un signe de leur chef, les trois barbares dégrafent leurs ceinturons, et, simultanément, apparaissent presque aussitôt, trois phallus, aussi différents que répugnants.
En d'autres circonstances, Camille aurait peut-être savouré la situation d'être enfin cette femme, a fortiori qui s'offre à trois hommes. Mais là...
« Alors, petite tafiole, tu vas venir nous sucer, tous les trois, et, pour te remercier, c'est ton cul qui va tout prendre ».
Camille est tétanisé, pas un son ne sort de sa bouche. Il gratte le mur dans son dos, comme s'il pouvait y creuser sa propre tombe.
Et soudain...
Sans rien comprendre, il ne peut juste pousser qu'un « Oh ! », que ce mur pivote à 180 degrés. Face à lui, comme un autre monde, une ruelle, des gens au loin sur une place. Dans son dos, il perçoit à peine les beuglements des trois loubards, qui cognent à qui mieux mieux sur le mur.
Un monde parallèle ? Camille n'en croit pas ses yeux. Levant la tête, il voit une plaque « Nexus ». Jamais entendu parler. Une banlieue de Seikusu, peut-être ?
Pendant ce temps, les autres tambourinent toujours. Ils risquent de casser le mur, ou de trouver comment le franchir. Vite ! Camille remet de l'ordre dans sa tenue, se recoiffe d'un geste très délicat, s'engage dans la ruelle.
Très vite, la lumière d'une place publique le saisit. Aux antipodes de ce sombre temple, où son corps n'allait servir que d'exutoire à des désirs malsains. Il trouve très vite un banc, s'assied, repense à ce qui vient de se passer, et réalise avec stupeur que son sexe est loin d'être au repos. Pire même, repenser aux menaces et aux sévices ne fait pas retomber son excitation.
Il faut vite penser à autre chose ! Relevant la tête, il regarde la vie autour de lui. Une vie ? Une autre vie ? Ce doit être le choc, mais ce ne sont pas des gens comme lui. Des humains en apparence certes, mais aussi des gens avec des oreilles comme non humaines. Des êtres vivants, comme des animaux, mais pas comme il en connaît. Il a l'impression d'être dans un mauvais film, ou peut-être un cosplay géant.
Oui, c'est ça ; il est rentré dans un temple, poursuivi par des loubards homophobes, pour tomber dans une convention cosplay. Vite, il lui faut trouver de quoi retrouver sa lucidité !

13
Le coin du chalant / L'un et L'une
« le: samedi 07 juillet 2018, 08:04:06 »
Camille a les attributs sexuels de l'un, et voit grandir les attributs sexuels de l'une.
Camille porte avec classe les tenues de l'un, avec sensualité les tenues de l'une.
Camille est né pour faire l'amour avec l'une, et ne dédaigne pas faire l'amour avec l'un.
Camille est l'un ou l'une, l'une cachant l'un, l'un et l'une par switch, l'un et l'une à la fois.
Camille aime tout, de la tendresse à la perversité, de la soumission à la domination.
Camille a envie de découvrir, Camille n'a pas de tabous, Camille est prêt-e à tout.

14
Centre-ville de Seikusu / Antagonismes (PV Leah)
« le: lundi 02 juillet 2018, 17:52:34 »
Je ne sais plus où j’en suis ! J’ai quitté mon ancienne vie, ou plutôt j’ai fui ce qu’elle était devenue. Ici, à Seikusu, je pensais oublier tout, ou plutôt n’en garder que le meilleur. Tout était même si bien parti. Les mentalités sont si différentes ici ; on ne juge pas, on tolère, on vit ensemble. Quelques semaines après mon arrivée, j’ai fini par trouver un équilibre. Ma vie diurne, c’est ce boulot de vidéaste institutionnel ; je touche à tout, je suis courtois, je suis apprécié. Ma vie nocturne, c’est redevenu les lieux enflammés, les bars où tous les genres se côtoient, s’acceptent, se respectent.

C’est étrange d’avoir pu reconstituer cela, la chemisette et le pantalon la journée, le bustier et la minijupe la nuit. En plus, la ville est très cosmopolite, et cela facilite les conquêtes d’un soir, entre touristes et paumées. Je sais néanmoins que je dois faire attention, car, si la moindre trahison de mon secret remontait aux autorités locales, je serais aussitôt démis de mon travail, et invité à quitter les lieux. Un étranger qui se prostitue ici, que nenni ! Alors que je ne demande pas d’argent. Et qu’il y a bien pire dans les arrière-salles sordides de Seikusu.

Et, si je suis apprécié la journée, je suis honni la nuit. Que suis-je pour ces fugaces rencontres ? Un travelo ? Un bon coup ? Un pédé ? Un mignon ? Un futa ? Je me souviendrai toujours de ce gros industriel coréen, qui m’avait enculée en me broyant la queue de sa main, et ne cessant de me répéter « tu n’es qu’une petite fiotte, juste un trou à bites, avec une queue molle », avant que, trois jours plus tard, une lycéenne locale ne me vrille les tympans, alors que je m’activais au fond de sa chatte. Peut-être que, finalement, à vouloir être tout, je ne suis rien ?

Ça ne cesse de tourner dans ma tête, et je me rends compte que, quand je sors, le soir, je bois de plus en plus, et j’ajoute quelques cachets pour me donner du courage. Si ça continue, je finirai comme certaines loques humaines qui traînent pas ici !

Pour remettre de l’ordre dans mon corps, je dois remettre de l’ordre dans ma tête. C’est dimanche matin, le soleil est déjà haut. La nuit a été nulle, juste une cinglée, qui avait envie de coucher avec une femme, mais voulait ressentir les mêmes sensations qu’avec un homme. Elle, elle en a eu pour son fantasme, quand je l’ai limée, encore vêtu de ma minirobe. Mais, pour moi, ce fut quelconque, presque sans intérêt. Et, quand elle est partie, en me disant « merci d’avoir réalisé mon fantasme », j’ai traduit ça par « Adieu ! ».

Après trois cafés noirs bien serrés et sans sucre, je passe de longues minutes sous la douche, comme si je pouvais expurger tout ce rien. Heureusement, mon reflet, dans le miroir me renvoie l’image d’un individu « présentable ». Homme ou femme, comment vais-je sortir ? Je mettrais bien cette adorable petite jupe d’été, une prothèse sous un bustier bien ajusté, pour détourner les regards masculins qui n’y verront que du feu. Oh, et puis non ! Pantalon noir et chemisette, un catogan dans les cheveux, et voilà.

Ainsi paré, je sors de mon studio. Seikusu est calme, peu de monde dans les rues, je respire ce calme. Aucune idée, je vais au hasard. Nul ne me connaît, nul ne me reconnaîtra. Envie de m’arrêter à une terrasse, lorsque je vois, juste en face, une église. Ici ? Bizarre. Je vois quelques personnes y entrer, des européens ou des américains plutôt. Et si je les suivais ? Pour voir si ce dieu et ses serviteurs, qui condamnent moi et mes semblables, allaient me crucifier en public. Une irrépressible envie de défi me saisit. J’entre.

L’édifice est froid, presque sinistre, et les grincements des chaises qui bougent, s’estompent soudain, quand arrive sur l’estrade… une immense, oui immense prêtresse. Enfin, je ne sais pas si ça se dit comme ça. C’est une femme curé, quoi ! Très grande, avançant en martelant le sol de ses talons, maquillée de rouge à lèvre et de mascara ostensibles, elle déclenche un murmure à son arrivée. Je venais ici pour essayer de comprendre ma vie, ou bien la faire foudroyer par Dieu, mais voilà qu’il m’envoie d’autres interrogations.

Je ne suis qu’une ouaille, enfin juste un visiteur qui passait par là, mais je me vois mal demander un rendez-vous à une femme curé, grande et maquillée, pour lui expliquer mes tourments. Ou alors, il y a un message que je ne saisis pas, du genre « de quoi te lamentes-tu, puisque tout est possible, même de belles et grandes porteuses de ma parole ? ». Je n’en sais rien, la messe commence ; elle a une voix grave, rauque, « une voix d’outre-tombe » me dis-je, même si ça fait désordre de penser cela.

Pourtant, elle parle bien, posément, profondément, et les murmures de désapprobation initiaux ont cédé la place à une réelle attention. C’est comme si elle captivait son auditoire, comme si elle les envoûtait presque. C’est presque effrayant de penser ça, mais j’ai vraiment envie de lui demander un entretien, pour voir si l’Eglise, ou elle-même d’ailleurs pourrait m’aider à voir clair en moi.

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L'Art / Un kit aux deux visages
« le: mercredi 27 juin 2018, 21:43:37 »
Bonjour,

Venant de m'inscrire ici, j'utilise un avatar provisoire.
J'en avais trouvé un, "trash", mais je ne veux pas choquer.
Aussi, je fais appel aux artistes pour leurs propositions.

D'avance, Merci.

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