Ville-Etat de Nexus / Dans la toile [PV]
« le: vendredi 21 juillet 2017, 17:03:30 »Fait le vieil homme en secouant brusquement le bocal qui retenait Tinker prisonnière. La petite créature tenta de garder l'équilibre mais fini par se cogner la tête et tomba à genoux. Tout autour d'elle une fumée mordorée opaque et scintillante emplissait lentement le flacon, si bien qu'à présent on devinait plus la silhouette de la petite femme ailée qu'on ne la voyait vraiment. Par contre, on entendait très bien le bruit de son petit poing qui martelaient le verre ensorcelé.
Première fraicheur. T'façon leur poudre n'vaut quelque chose seulement si z'elles sont encore vivantes. R'garde moi ça. C'est pas mal cass'-couilles à capturer ces p'tits machins là, mais ça vaut l'coup. C'l'vieux Gideon qui t'l'dit, l'ami. Y'a plein d'utilisations, à Ashnard il y en même qui les bouffent, d'autre qui les sniffent, chacun sa vie j'ai envie de dire. C'est du caviar, le top du top. Tu peux même la dresser pour t'en faire un familier si t'as la patience! Allez, t'vas faire fureur avec ça à l'académie d'magie, je te l'assure!
- Combien ? Fait l'apprenti en se tenant le menton.
- Pas cher, pas cheeer. 800 pièces d'or. Prix d'ami, t'es d'la famiiille. 'fin. Presque. Lui répond le vieil homme à qui il manquait des dents qui lui souriait à pleine gencives.
- HEIN QUOI ?! Tu crois que je chie des pièces d'or tous les matins? C'est bien trop cher et je ne suis qu'en deuxième année. Et puis les oeufs de vouivre que tu m'as vendu la dernière étaient complétement moisis, alors ta fée, si ça se trouve c'est qu'un lutin sur lequel t'as collé deux ailes de libellule.
- Si t'as pas d'monnaie, j'fais pas la charité. Moi, j'sais qu'je vend d'la qualité. Si tu sais pas manipuler, c'pas mon problème. Ils étaient extra-frais ces oeufs. M'fais pas perdre mon temps, gamin !
- De la qualité ? fait l'apprenti mage d'un air moqueur. Ouais, c'est clair, t'as qu'à regarder la façade de ton magasin le vieux ! ça crève les yeux que t'es un marchand d'luxe !
- M'appelle pas l'vieux !
Et pendant que les deux hommes commençaient à se fâcher, car c'était bien comme ça qu'ils avaient l'habitude de faire affaire ensemble, Tinker, la paume de ses deux mains posée sur le verre tente de faire céder le couvercle qui la retient prisonnière. Doucement, progressivement, elle use de ses pouvoirs pour tenter de dévisser la porte de sa prison miniature pour s'enfuir à tire d'ailes. Sans succès. Le marchand laisse constamment sa main sur le couvercle, qu'il secoue sciemment une seconde fois pour que la poussière de fée qui s’échappe des ailes de Tinker forme ce brouillard épais et scintillant qu'il estimait particulièrement vendeur. Tinker en produisait plus que la moyenne de ses congénères. A moitié assomée, la fée soupire, résignée et reste prostrée dans un coin, il fallait attendre le bon moment pour s'échapper, et il n'était pas encore venu.
Volant à toute vitesse à travers les petites ruelles crasseuse de la tentaculaire Nexus, Tinker filait comme le vent, petite sphère lumineuse et vrombissante à trajectoire chaotique qui laissait dans son sillage sa poudre tant convoitée. Elle avait finalement réussit à s'échapper de sa prison de verre et de son nouveau propriétaire.
L'ennui d'avoir un mage pour Maitre c'est qu'il n'est pas aussi démunit face à la situation qu'un quelconque péon. L'homme avait lancé à sa poursuite des sortilèges de sa propre confection. Des sortes de sphères à moitié transparentes qui, comme elle, foncent à toute vitesse pour la happer et la ramener à bon port.
Elle finira par les semer ou les neutraliser après plus d'une heure de course poursuite. Elle était épuisée et ne rêvait que d'un coin à l’abri, en sécurité, où se reposer. La fatigue la rend un peu moins alerte et par malchance, c'est à ce moment là qu' elle s'englue dans la toile de soie parfaitement invisible d'une araignée. Tinker se débat avec toute la force qui lui reste mais ne fait que s’empêtrer d'avantage. Un peu plus loin, alerté par les secousses sur sa toile, l'arachnide s'anime et se hâte d'aller découvrir sa proie. La bête est d'un violet aux reflets noirs et brillants, grosse comme un beau pamplemousse. L’espèce à la réputation de manger tout et n'importe quoi, pas seulement les insectes, mais aussi les oiseaux, les petits rongeurs, alors une petite humanoïde bien tendre, ça fait aussi son affaire. Le prédateur emmaillote son futur diner plutôt bruyant dans un cocon de soie, pour plus tard. Une fois sa tache terminée, l'araignée et s'en retourne à son poste d'observation, traversant la ruelle étroite et pavée du plus vite que lui permettent ses huit pattes.