Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

Voir les derniers messages - Séraphina

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Voir les derniers messages

Cette section vous permet de consulter les contributions (messages, sujets et fichiers joints) d'un utilisateur. Vous ne pourrez voir que les contributions des zones auxquelles vous avez accès.


Sujets - Séraphina

Pages: [1]
1
L'Art / Carte Magic
« le: mardi 30 décembre 2008, 00:18:20 »
Voila, I'm happy, Muchuu vient de m'expliquer comment on faisait des cartes magic, alors autant les caser quelque part^^
Merci Muchuu :P

Coup d'essai :

2
L'Art / Et ils firent boom
« le: samedi 20 décembre 2008, 13:40:14 »
Bon, voilà un début de nouvelle, qui avance bien lentement, sur le premier contact Tekhans/fourmilière, en espérant que ça plaira.

[Je donne aux Tekhans 120 ans d’espérance de vie, donc 120 ans pour eux c’est 80 pour une femme française et 75 pour un homme (il me semble), et 60 ans pour un Tekhan, ça nous fait 40 ans chez nous, mais bon, c’est des estimations au pifomètre ça hein, prenez pas au sérieux surtout :P ]


Nouveau jeu, nouveaux ennemis, nouvelle guerre

-Commandant de la réserve Duncan Idaho ?

Le vieil homme leva les yeux de sa tasse de thé. Il se gratta le front du bout d’un ongle en observant, un sourcil levé en signe de perplexité, celui qui venait de le déranger. Duncan Idaho, c’était bien lui, il pouvait en jurer, mais « commandant de la réserve » ? Cela faisait bien des années qu’on ne l’avait pas appelé ainsi. Commandant Idaho, officier navigateur sur gear d’assaut, comme on disait, ce qui se traduisait en langage profane par « pilote d’une armure assistée de combat ». Une grosse armure assistée, le genre qui faisait dix mètres de haut, et tirait avec des armes de poing l’équivalent de ce que pouvait balancer un fusil anti-matériel.

-C’est bien moi sergent. Que me veut l’armée ? Ça doit bien faire trente ans que je n’ai pas fait mon mois réglementaire, ça me parait étonnant qu’on se souvienne subitement de moi.
-Hé bien…

Le sergent, un petit jeune qui n’avait pas dû sortir du rang depuis bien longtemps, semblait gêné. Duncan eut un sourire. Il avait la réputation d’une légende vivante. C’étaient des conneries, il le savait, et tous ceux qui le connaissaient le savaient aussi ; il n’était plus grand-chose aux yeux du matriarcat.

-Crachez le morceau, sergent, je ne vais pas vous manger.
-Mon commandant, je suis mandaté par le général de brigade Galice Ganida. Sur sa demande, veuillez réintégrer les forces régulières, avec le grade et la prime qui correspond à votre grade et un commandement de deux escadrons de gears.
-Ce qui nous fait deux cent quatre-vingt gears ? demanda l’ancien militaire d’un air pensif. C’est une lourde responsabilité. Et vous n’avez toujours pas répondu à ma question, sergent, pourquoi désire-t-on me réintégrer à l’armée ? Vous avez l’air d’un garçon intelligent, vous n’êtes pas venu sans jeter un œil à mon dossier, si ?
-J’ai effectivement parcouru votre dossier, mon commandant, et il est exemplaire, si l’on omet l’incident qui vous a valu votre…euh…mutation.

Duncan eut un petit rire. Il s’enfonça plus profondément dans le fauteuil ne plus confortable de son appartement au cent treizième étage d’une tour de la périphérie de Tekhos. Le sergent Styx, avec qui il devisait, avait accepté de s’asseoir, mais même dans un siège confortable, il était raide comme au garde-à-vous. Il suffisait de le voir pour que l’ancien combattant ne regrette pas sa vie de militaire. Mais il avait soixante ans maintenant, et même sans cette rigueur qui semblait appartenir à une autre époque, l’idée de réintégrer le personnel navigant ne l’emballait guère, même pour son ancien grade.

-Vous savez donc que je n’ai aucune raison de ressentir la fibre patriotique. Et de plus, votre supérieure n’a pas spécialement de raisons non plus de ressentir le besoin de m’avoir près d’elle. En fait, j’aurais tendance à croire qu’elle ne m’aime pas trop.
-Nous avons besoin de vos capacités, mon commandant. Je ne suis pas habilité à nous en dire plus, principalement parce qu’il s’agit là de tout ce que je sais. Aussi, si vous voulez bien me suivre, vous serez tenu au courant de tout ce que vous avez besoin de savoir quand nous serons entrés en contact avec le général Ganida. Elle vous briefera elle-même.

_~°~_

-Nous avons été témoins d’un événement inattendu sur nos terres. Il y a quatre jours, treize heures et quarante-cinq minutes, nous avons détecté l’approche d’un objet volant non-identifié, une entité extraterrane arrivant selon un vecteur tellement improbable que nous n’avions aucun moyen de le détecter avant qu’il ne nous rentre quasiment dedans : il arrivait à notre verticale, et nous ne l’avons découvert que quand un vaisseau de la spatiale marchande qui revenait de la troisième lune l’a aperçu sur ses écrans radar, à deux cent mille kilomètres à notre verticale, à une vélocité de trois cent kilomètres par seconde en décélération constante. Vingt minutes plus tard, l’entité pénétrait la stratosphère, à une allure réduite de un kilomètre par seconde. Cet objet inconnu aurait un diamètre d’environ cent kilomètres pour une masse de un milliard de milliards de kilogrammes. Ça, c’est les estimations de nos équipes scientifiques d’après l’observation radar de notre cargo et de quelques autres engins après lui, et l’énergie dégagée lors de l’impact avec le sol. Pourquoi un tel mastodonte n’a pas provoqué une catastrophe de grande ampleur ? Parce qu’au moment de l’impact, ce truc n’allait pas à plus de cinquante kilomètres à l’heure. Ça nous faisait quand même une énergie cinétique de cent exajoules, la végétation alentours a pas apprécié.
Cet objet volant n’a pas donné signe de vie, pourtant, nous pouvons affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un véhicule ou d’une entité vivante, car rien ne peut expliquer la fabuleuse décélération qu’il a subie. Cependant depuis qu’il a touché terre, on a trois oiseaux dessus.

Les oiseaux désignaient des satellites géostationnaires en orbite basse. Ceux-là avaient été réaffectés à la position où l’improbable vaisseau spatial avait percuté le sol. La cuve holo afficha les prises de vue des satellites, montrant successivement un large nuage de poussière, puis – sur une photo prise dix heures plus tard – quelque chose qui ressemblait à un gros rocher qui suintait par endroits une substance liquide inidentifiable.

-Comme vous pouvez le constater, une matière s’écoule de notre géocroiseur. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’il s’agit d’un fluide organique, notamment du fait de son effet sur la faune et la flore indigène. Comme vous pouvez le voir sur cette prise de vue, elle a commencé à subir une mutation dont nous ne saisissons pas bien le fonctionnement, mais qui est très virulente. Des espèces inconnues sont déjà apparues depuis quatre jours.
Mais à part ce fluide, il n’y a eu aucune évacuation de matière. Nous ne savons donc pour ainsi dire rien du tout sur cet objet, et nous avons besoin d’un soldat aguerri pour mener une équipe de reconnaissance sur les lieux. Il nous faut un vétéran capable de supporter de lourdes responsabilités et doté d’un grand sang-froid, une personne habilitée à commander et piloter des gears, qui soit au fait des équipements de son engin et sache en tirer profit, efficace et raisonnée et surtout pouvant se débrouiller par elle-même en possible territoire ennemi sans soutien allié. En gros, commandant Idaho, il nous faut une personne comme vous pour mener le premier escadron de SPAR.

Duncan avait mis un uniforme militaire en entrant à la base Cigédon-un. Dans l’amphithéâtre où il était assis au premier rang, et où il était quasiment seul, il ne put s’empêcher de se demander s’il avait bien entendu. Après l’incident qui l’avait fait se faire reléguer comme réserviste trente ans plus tôt, il avait progressivement abandonné l’armée, et en quelques années, était redevenu un civil, même si officiellement, il devait un mois de sa vie chaque année à l’Etat.
Personne ne lui avait tenu rigueur de son désistement, connaissant son dossier, mais maintenant, le général de brigade Galice Ganida, celle-là même qui l’avait trainé en cour martiale, lui expliquait posément qu’elle avait besoin de son aide.

-Et je suis le seul à savoir faire tout ça ? demanda-t-il, dubitatif. Vous allez me dire que depuis trente, vous n’avez pas formé un seul officier des forces spéciales ?

SPAR, c’était Sections sPéciales d’Assaut et de Reconnaissance, une section de gears rattachée au commandement des forces spéciales qui représentait l’élite des troupes terrestres motorisées.

-J’ai plus de soixante-ans aujourd’hui, reprit le commandant. Je suis vieux, et je suis un homme. Je n’ai pas suivi les dernières innovations technologiques, et il me faudrait une remise à niveau pour être capable de maîtriser un gear et une autre pour reprendre mes marques en tant que chef de groupe.
-A soixante-ans, vous êtes aussi vigoureux que la plupart de nos soldats en fin de carrière, ce qui est bien suffisant, on ne vous demande pas de mener une guerre, mais de remplir une mission courte. Et bien qu’étant un homme, vous êtes notre meilleur élément, vous l’avez toujours été, et il se passera sans doute longtemps avant que l’on trouve un officier plus doué que vous, et ça, vous le savez pertinemment, comme vous savez pertinemment que vous avez suivi toutes les évolutions relatives aux armures assistées. Et, est-ce que vous n’êtes plus capable de piloter ? Je ne le crois pas non plus. Je vous demande donc, Duncan Idaho : voulez-vous intégrer les forces spéciales en tant que commandant des SPAR ?

_~°~_

On l’avait envoyé sur place pour vérifier si l’étrange astéroïde sans doute pas naturel était habité ou pas, et si oui, s’il était hostile ou pas. Duncan Idaho avait été un militaire d’exception avant l’incident qui lui avait valu sa rétrogradation, qui équivalait à une radiation masquée, ce qu’il avait bien compris.
Il était maintenant fixé sur la question, il ne lui restait plus qu’à contacter des supérieurs pour leur expliquer la situation. Mais on se demandera peut-être ce qui l’avait emmené à ses conclusions. On remonte un brin en arrière…
La nuit était tombée depuis longtemps, mais elle n’était pas dérangeante pour le groupe d’intervention. Les gears étaient équipés pour voir dans le noir le plus total. Ils avançaient dans un silence exemplaire pour un groupe de géants d’acier de dix mètres, mais il n’empêchait qu’il était facile de les repérer pour un observateur humain. Par ailleurs, le sol était spongieux, ce qui n’était pas normal en ces lieux, normalement, des terres plutôt sèches.

-Mon commandant, j’ai un mouvement à deux heures. Impossible à confirmer, il a disparu.
-Quelle taille ça faisait, Jais ? demanda Idaho.

La jeune femme sembla se concentrer avant de répondre à son supérieur. Idaho ne doutait pas qu’elle dise vrai ; de ce qu’il en avait vu jusque là, elle était excellente dans tout ce qui la concernait, tant la théorie du combat que la pratique, en fait, elle était l’élément le plus prometteur du groupe, et avait été promue caporal des SPAR dés sa sortie de l’école militaire.
Cependant, il n’était dans les cordes de personne de pouvoir noter avec précision les caractéristiques d’une forme mouvante en pleine nuit, que l’on n’aurait même pas détectée sans l’assistance électronique.

-Je ne sais pas, commandant, finit-elle par avouer. Impossible de discerner. Ça n’était sans doute rien, un animal nocturne nouveau, comme on dans la zone mutée…
-Mouai…

Justement, ils étaient dans la zone mutée, un nouveau monde en leur monde, et ils n’avaient aucune idée de ce que pouvait receler cet endroit. Peut-être apparaitrait-il de nouvelles espèces de papillons, et peut-être que l’on trouverait des monstres grands comme un immeuble et capables de ravager son peloton.

-Carring, Enola, Sapiens, allez explorer le coin, vérifiez qu’il ne s’y cache rien de dangereux, ordonna-t-il.

-Halte ! On est arrivés !

Le peloton de gears stoppa net. Ils se trouvaient au pied de quelque chose d’immense et d’entièrement inconnu. Ils pataugeaient dans une vase organique dont aucun de leurs senseurs ne pouvait dire la composition depuis presque une heure déjà, et maintenant, ils étaient au pied de leur objectif. Il était partiellement enfoncé dans le sol, et se perdait dans les ténèbres sur la droite et la gauche des soldats. C’était une petite lune, on leur avait dit que l’objet faisait cent kilomètres de diamètre. Une estimation leur indiqua que l’objet était plutôt régulier dans l’ensemble, malgré une surface recouverte de poussières spatiales très crevassée.
La terre remuée par l’impact formait comme une succession de bourrelets, on aurait dit qu’elle s’était transformée en une mer brune l’espace d’une seconde, sa surface parcourue de vagues, puis s’était figée de nouveau. Les arbres, qui n’avaient plus rien à voir avec la faune locale originelle, semblaient avoir été ballotés par une forte houle, renversés ou penchés.

-Enola, prends cinq hommes et fais le tour, puis reviens, tu m’envoies un rapport toutes les cinq minutes, dit-il dans le comlink de son engin.
-Chef, à vos ordres, dit la jeune femme avant de se lancer dans l’aventure, contournant l’imposant aérolithe.

Elle avait à peine disparu au-delà de la courbe de ce dernier que des parasites se mirent à grésiller dans les haut-parleurs des pilotes. Puis ce fut le silence, et le retour à la normale. La voix qui retentit ensuite était calme et posée, sans être mielleuse. Mais elle n’était celle d’aucun d’entre eux. C’était un des habitants du vaisseau, et contrairement à ce que tout le monde attendait, ils parlaient de paix et d’entente mutuelle.

3
Le palais d'ivoire / Et si on entrait ? [Seras et Belial]
« le: jeudi 11 décembre 2008, 14:38:54 »
Séraphina se laissa tomber sur une chaise. Elle se sentait engloutie par l’immense foule habituée du marché aux épices de Nexus. La cité-Etat avait ça pour elle qu’on ne s’y sentait jamais seule. On ne s’entendait même plus penser dans cette affluence de chaque matin. C’était d’ailleurs pour ça qu’elle avait choisi ce coin.
« Auberge du Coucher de Lune » annonçait le panonceau au-dessus de l’entrée de l’établissement qu’elle avait choisi. C’était un joli nom, de son avis, et le tenancier lui avait fait bonne impression. Contrairement à beaucoup de monde, il ne se formalisait pas de ses yeux rouge sang – de ses yeux de démon, comme se plaisaient à les appeler les superstitieux – et avait accepté son argent sans faire d’histoire. Une lourde poignée de pièces de cuivre cabossées qu’elle avait gagnées en se donnant en spectacle sur la grande place. Elle n’aimait pas ainsi s’afficher, mais il fallait bien gagner sa vie, et tant qu’elle évitait de trop sortir du lot des artistes itinérants et autres va-nu-pieds qui défilaient en ville en proposant des distractions plus ou moins originales. Pour l’occasion, elle avait fait équipe avec un gamin qui mendiait dans une ruelle, pour le numéro très simple qui consistait à placer une pomme sur la caboche de l’enfant et à se bander les yeux, puis à découper la pomme en quartiers avec ses poignards lancés au bout de leurs bandes de tissu. On pouvait gagner beaucoup à ce petit jeu, à augmenter progressivement la difficulté, tant qu’on n’écorchait personne.
Sa recette de la journée en poche, elle avait abandonné le mendiant, sans doute ne le reverrait-elle jamais, et elle était allée prendre sa chambre ici. Puis elle avait flâné un peu. La ville était belle. Mais c’était comme une immense cage dorée, et même si elle se délectait de la promiscuité avec tant de monde, après un long voyage solitaire, les esclaves dans leurs cages sur des estrades, les miliciens au coin des rues, tout ça l’empêchait de pleinement profiter de la période de tranquillité qu’elle vivait.
Mais de toute façon, combien de temps pourrait-elle rester ici ? Combien de temps avant que quelqu’un ne la reconnaisse et ne cherche à la livrer à ceux qui payaient pour sa tête ?
La nuit précédente, qu’elle avait dû passer dans la rue faute d’argent, s’était soldée par une rixe dans une ruelle sombre avec une bande de prétentieux qui entendaient, peut-être la détrousser, ou plus vraisemblablement la violer, elle supposait son corps plus attrayant que son absence de possessions. Peut-être aussi avaient-ils été attirés par sa besace et ce qu’elle contenait, mais ils s’étaient rendus compte trop tard que c’étaient des armes, et ils amèrement fait l’expérience de la défaite.
A ce moment-là, elle les avait laissé en vie, jugeant inutile de faire des victimes gratuites, mais elle le regrettait à présent, alors qu’elle était assise à une table en terrasse devant l’Auberge du Coucher de Lune, à observer la foule qui allait et venait comme une marée fluctuante, et qu’elle ne se sentait pas complètement en paix.
En même temps, après cette souffrance dont elle était la cause bien involontaire, elle se sentait obligée – encore une histoire d’équilibre – de compenser. Que ce soit dans la fête, le jeu ou le sexe, il lui faudrait résoudre son problème.
Elle poussa un soupir en se prenant la tête entre les mains. Des fois, elle trouvait sa situation par trop inconfortable. Elle vida sa choppe de bière et se leva, de toute façon, elle avait déjà réglé. Elle reviendrait quand elle se sentirait le besoin de dormir.
Elle prit la direction du grand palais d’ivoire, le point culminant de la ville, sa besace passée sur l’épaule. Elle se rappelait un racontar qu’on lui avait conté comme une fable dans la journée, comme quoi il y aurait sous le palais un salon des sorciers, un gouffre entre les dimensions où les esprits qui leur confiaient leur magie étaient inexorablement attirés par quelque sombre enchantement, si bien que dans cette salle, la magie des sorciers était à son apogée. On racontait que dans ce salon, que personne au monde ne semblait avoir jamais vu, s’étaient joués des guerres et le destin du monde à plus d’une reprise.
« Hé bien, si cet endroit existe vraiment, je vais y aller jeter un œil… »
C’est un petit sourire sur les lèvres que la jeune femme aux cheveux couleur de neige fraîche s’engagea sur la route sinueuse qui gravissait la colline au centre de la ville où se dressait le château. Elle savait qu’il était interdit au peuple d’y accéder, cependant il était entouré de deux murs d’enceinte, délimitant pour le plus large les dépendances, et le palais à proprement parler pour le second. Or les dépendances étaient parfaitement publiques, et seraient un bon moyen de se rapprocher de son but. Elle avait à plus d’une occasion entendu qu’il y avait des passages secrets pour entrer dans le complexe qui brillait d’un blanc nacré à la lumière du soleil de ce début d’après-midi.
Cependant, un postulat simple lui permettait de supposer qu’il y avait moyen de rallier le château clandestinement : l’eau coule.
Or le château, comme l’ensemble de la ville, disposait d’un système dégouts qui, s’il était rustique comparée aux canalisations de Tekhos, était révolutionnaire aux yeux du reste de Terra. En bref, l’eau coulait sous les pieds de la ville, et elle devait bien aller quelque part. Les conduits d’égout ne pouvaient pas être immergés, sinon il était impossible de les nettoyer sans tout chambouler, il devait donc y avoir moyen de rejoindre l’intérieur du château. En revanche, il était clair que l’idée était peu ragoutante.
Elle s’arrêta une fois passée l’immense arcade que protégeait une herse – pour l’instant remontée – du premier mur d’enceinte. Perdue dans un flot de chalands, elle se laissait emporter vers l’entrée de la partie publique du château. Histoire de faire un tour, et de repérer. Elle remarqua assez vite un moyen de rejoindre ces fameux égouts, cependant, en l’absence de plan, elle doutait d’arriver à s’y retrouver, et même autrement, elle n’était pas sûre que le jeu en vaille la chandelle. Car, honnêtement, elle était surtout motivée par la curiosité, n’ayant aucune idée de ce qu’était ce salon des sorciers, si jamais il était réel. Elle supposait qu’il puisse être ce que d’aucuns nommaient une tramée, un trou entre les mondes, mais ne l’aurait pas juré. Est-ce que ça valait d’aller crapahuter dans les égouts ?
Elle s’arrêta dans un bar plutôt bondé dans les galeries couvertes des dépendances. Elle allait changer de plan.
Usant d’une combine complexe, elle fit passer le mot qu’elle cherchait à pénétrer clandestinement le palais parmi cette foule qui rassemblait une population de tous les niveaux sociaux, la noblesse mise à part. Elle venait de claquer tout ce qu’il lui restait d’argent pour mener ce projet : elle avait engagé un vagabond pris au hasard pour en engager un autre pour que ce dernier applique les instructions inscrites sur une lettre scellée, et elle en avait engagé un troisième pour qu’il en engage un quatrième qui se chargerait d’appliquer les instructions d’une autre lettre. En gros, la première lettre disait simplement de répandre cette rumeur et celle selon laquelle la personne intéressée par l’intrusion attendrait à un endroit précisé, la seconde disait à son receveur d’attendre à l’endroit indiqué dans la première et d’aiguiller les personnes intéressées vers un autre point de rendez-vous. Ainsi Séra se cacha non loin de ce fameux point de rendez-vous, et attendit de voir si des gens répondaient à l’appel, mais surtout, si la garde viendrait. Car l’idée était surtout de repérer ceux qui étaient sincères et ceux qui l’auraient dénoncée.
Séra était donc assise sur un banc dans la cour de la partie publique du palais d’ivoire, et attendait, au choix, que quelqu’un vienne la déranger, auquel cas son plan risquait de tourner court – mais, qui sait, peut-être qu’elle pourrait satisfaire ce désir insatiable qu’elle sentait grandir en elle – ou que des gens se pointent dans un terrain vague derrière l’échoppe d’un doreur, terrain vague qu’elle surveillait l’air de rien. 

4
Séra avait une endurance proprement surprenante. Elle ne savait pas trop d’où ça lui venait, peut-être de son « complexe d’équilibre », d’une manière ou d’une autre. Les landes dévastées, pourtant, n’étaient pas loin de venir à bout de la jeune femme. Ses cheveux étaient collés à son front et ses tempes trempées de sueur, et son lourd attirail ne faisait rien pour arranger les choses. Mais d’un autre côté, elle ne pouvait pas se séparer de ses armes, ce serait signer son arrêt de mort à plus ou moins long terme. D’un revers de main, elle s’essuya le front. La tunique toute simple dont elle était vêtue n’était pas l’idéale pour l’effort physique, cependant, alors qu’elle était en Ashnard, elle n’avait pas pensé qu’elle se retrouverait forcée de fuir. Traquée, pour changer. Elle pensa un instant à laisser sa guitare sur le bord de la route. Encombrante, elle ne lui était pas techniquement nécessaire, mais elle repoussa néanmoins tout de suite l’idée. Dans les longues soirées solitaires, elle n’avait que le chant de l’instrument pour lui tenir compagnies. Et Dieu savait qu’elle en vivait, des soirées solitaires, sans cesse fuyant ceux qui voulaient faire d’elle leur esclave.
Le dernier en date qui avait eu cette idée saugrenue était un certain Emilien O’Keefe. Ashnard de naissance, il avait bien les mœurs du pays, et il avait semblé intéressé par une demoiselle aux cheveux de neige et aux yeux de feu. Malheureusement pour lui, il avait tâté de son poing, et elle s’était empressée de fuir. Mais dans la cité-esclave, les marchands d’êtres humains étaient bien mieux vus que les étrangères mystérieuses, et elle n’avait trouvé nul soutien, d’autant qu’elle ne pouvait révéler son identité sous peine d’être renvoyée au couvent.
Elle avait été coincée à la sortie de l’infâme boui-boui qui se faisait appeler auberge où elle logeait par un groupe de cinq ou six hommes, dont l’odieux esclavagiste. Elle n’était pas une enfant de chœur, et eux, ils étaient bien trop sûrs d’eux, bien que Séraphina ait déjà caressé les côtes de leur chef.
Le combat fut court, les hommes n’étaient pas entrainés pour autre chose que maîtriser des esclaves déjà affaiblis et dont la plupart de l’énergie venait de la hargne et la rage de vivre. Une femme habile et en pleine forme avait suffi à les tuer presque tous, et le presque faisait toute la différence. S’il n’y avait pas eu de presque, hé bien, on pratiquait facilement la politique de l’autruche en Ashnard. Dans les bas-fonds, personne ne serait allé la dénoncer à la garde, au risque de s’attirer des ennuis, car les gens d’armes n’étaient pas réputés pour leur sollicitude et quelqu’un capable de tuer six hommes dans la rue pouvait très bien se venger d’un dénonciateur imprudent. Mais deux avaient réussi à s’enfuir, et même si elle détestait Ashnard, elle avait espéré pouvoir y rester paisiblement.
Elle avait finalement engagé le combat avec la garde de la ville et était allée piocher dans les djinns des autres plans pour se défaire de ses agresseurs.
Vous avez déjà entendu l’expression « faire des vendanges de sang » ? Oh bien sûr, elle ne les a pas attaqués de front, elle a fui tant qu’elle a pu, jusqu’à sortir de la ville en douce, mais elle avait semé les cadavres dans son sillage comme le petit Poucet les cailloux.
Et puis les landes dévastées. Elle marchait depuis quatre heures maintenant, en suivant une piste de caravane. Elle avait plus de chance de se faire rattraper par ses poursuivants ici, mais il valait encore mieux ça que couper à travers les landes profondes, où les monstres étaient les plus actifs, car même pour une sorcière comme elle – une invokeuse, comme elle préférait à s’appeler – ce serait signer son arrêt de mort. Elle pourrait invoquer esprit sur esprit tant qu’elle tuerait des monstres. Mais les monstres tués par ses esprits n’avaient aucun poids dans la balance de son équilibre, si bien qu’elle aurait le choix entre être submergée par le nombre ou découvrir ce qu’il se passait quand la rose devenait entièrement noire. A moins que les épines n’atteignent son cœur avant.
Elle trébucha dans un trou de la piste de caravane pour laquelle « piste » était une hyperbole et se massa sa cheville douloureuse. Ce n’était vraiment pas le moment de se blesser. Dans l’air immobile  des landes, elle reprit son chemin, mais elle boitait maintenant. Un esprit l’accompagnait, marchant juste derrière elle, elle lui avait cependant déjà donné l’unique ordre qu’elle était capable de donner à ces derniers, et une fois son devoir accompli, l’esprit ne relèverait plus d’elle. Elle lui avait dit de le protéger, et elle n’avait jamais réussi qu’à donner qu’un seul ordre aux djinns. Elle ne pouvait donc pas lui demander de la soutenir ou de la porter.
Séra commençait à se dire qu’elle avait peut-être bien semé ses poursuivants quand elle vit un nuage de poussière se dresser loin derrière elle. Elle en aurait pleuré. Et les landes qui étaient encore si vastes !
A bout de souffle, elle s’arrêta quelques instants malgré les cavaliers qui gagnaient du terrain. De toute façon, à moins de sortir un cheval de sa besace, elle n’avait aucune chance de les distancer, même au meilleur de sa forme. Et maintenant, ils savaient qu’elle était dangereuse. Mais ils n’étaient pas au courant pour la gunblade. Ce serait son dernier atout, mais le barillet ne contenait que six balles, et elle n’aurait pas le temps de recharger.
Séraphina releva sa manche gauche. Une profonde entaille zébrait le bandage qu’elle avait appliqué dessus d’un rouge diffus. La plaie avait finalement cessé de saigner, Dieu soit loué, mais elle lui faisait toujours un mal de chien et l’empêchait de se battre avec ce bras. Bien dommage…Elle avait dû changer au moins quatre fois le bandage improvisé fait avec une chemise qu’elle avait sacrifiée.
Elle avait plusieurs autres égratignures, mais rien d’important à part ça.
Buvant quelques gorgées d’eau à sa gourde, elle ferma les yeux quelques secondes pour se remémorer un moment heureux – n’importe lequel – et se donner la force de continuer à marcher. En guise de leitmotiv, elle sentit un souffle d’air lui balayer le visage. Un liquide chaud se mit à le dévaler et lui masquer la vue. Quand elle l’essuya, elle remarqua que ce n’était pas de la sueur mais le sang d’une blessure au front, sans importance mais qui saignait abondamment.
Son esprit n’avait pas de forme physique naturellement, mais en combattant, il avait pris l’apparence d’un humanoïde éthéré et grand de deux mètres et demi, tout bleu et transparent. Quant à son adversaire, c’était un des monstres qu’il fallait s’attendre à rencontrer. Elle comprit tout d’un coup que c’était son esprit qui avait empêché les prédateurs de lui faire la peau beaucoup plus tôt. Mais celui-là était un gros modèle, semblait-il. En tout cas, dans un silence de mort, il se débattit et réduit en charpie le djinn pourtant impalpable. Ce dernier disparut comme fumée au vent alors que le monstre faisait face à sa vraie proie. Il avait une allure humanoïde, mais ses avant-bras étaient des lames, et son dos bossu était hérissé de mêmes appendices de métal. Il avait le visage recouvert d’une chitine ocre, des yeux noirs, et l’air pas commode.
Et en plus, il était rapide, constata Séra en bondissant de côté pour éviter sa charge. Elle n’utilisa pas les poignards volants dont elle se servait d’habitude, jugeant qu’ils n’arriveraient pas à blesser la bête. En fait, elle tira son épée et, quand il la chargea de nouveau, feinta et porta un estoc qu’il anticipa, se fendant pour tenter de l’empaler. Elle sauta sur les lames de ses bras et voulut lui enfoncer son épée bâtarde dans le crâne. Le monstre la propulsa en arrière, elle cabriola et se réceptionna, jambes fléchies, mais toujours sur ses pieds. La créature ne lu laissa pas une seconde de répit et fonça sur elle, lançant ses attaques à toute vitesse. Elle réussit à en parer la majorité, mais peu à peu les lames scélérates passaient sa garde et entaillaient sa peau.
Voyant qu’elle ne pouvait pas gagner, la guerrière aux cheveux immaculés se laissa frapper. La lame s’enfonça entre deux côtes, évitant tout organe, car Séra avait prévu le point d’impact. Le monstre, sans doute aussi intelligent qu’un homme, réalisa cependant trop tard qu’il avait été feinté et ne put qu’émettre un cri animal quand la lame de Séra s’enfonça dans son corps. Mais de quelques centimètres seulement. Il retira brusquement le bras-épée du corps de la guerrière, bondissant en arrière, mais sa blessure n’était absolument pas mortelle, sans doute à cause de cette sorte de carapace qui le couvrait.
Sonnée et quasiment terrassée par la douleur, Séraphina poussa un cri rauque et vacilla en arrière, tombant au sol, la vue brouillée par les larmes. Elle vit cependant très distinctement le monstre sauter, avant-bras tranchants tendus vers elle pour la clouer au sol. Tout se déroula comme au ralenti. Elle aurait voulu pouvoir voir sa vie défiler devant ses yeux, mais il n’en fut rien, car il n’y avait presque rien dont elle se souvienne dans sa vie. Aussi tout ce qu’elle vit, ce fut la créature immonde lui masquer le soleil…et puis se faire projeter de côté alors qu’un coup de feu retentissait.
Pendant quelques secondes, la douleur et la peur aidant, elle ne comprit pas ce qu’il s’était passé, puis elle chercha son sauveur du regard :

-Qui est là ? appela-t-elle.

Elle finit par repérer une silhouette qui tenait un six-coups.

5
Le coin du chalant / Traquez Séraphina Algul [demande générale]
« le: samedi 06 décembre 2008, 16:24:48 »
Bon,  indépendamment de ma demande de RP, je crée ce topic pour préciser l'état de fugitive de Séraphina Algul :
-recherchée par l'Eglise de l'Ordre pour hérésie, meurtres et sorcellerie.
-recherchée par Nexus pour usage d'armes à feu, meurtre et sorcellerie.
-recherchée par Ashnard pour vol, meurtre, refus d'autorité, coups et blessures et sorcellerie.
-recherchée par Tekhos pour vol, refus d'autorité et mise en danger de la vie d'autrui.
-recherchée par les prêtresses d'Aphrodite pour d'obscurs raisons...

L'Eglise offre une forte récompense pour la fugitive morte ou vive sous cautions de remmener son corps identifiable en cas de décès.
Emilien O'Keefe, marchand d'esclave originaire d'Ashnard, offre une forte récompense en or ou en nature contre la capture de Séraphina vivante.
Solaufein Nigel, bandit de grand chemin, récemment surnommé Solaufein-n'a-qu'un-oeil, ou Solaufein le Borgne, promet monts et merveilles à qui lui apportera sauve à défaut de saine "cette espèce de petite pute avec son six-coups, que je lui fasse verser toutes les larmes de l'enfer..."

Pour des renseignements sur ces différents personnages ou sur les chefs d'accusation qui pèsent sur mon perso, vous pouvez demander.

6
Le coin du chalant / Un tout premier RP...
« le: samedi 06 décembre 2008, 16:07:34 »
Sujet du topic=>A vous de voir, généralement c'est relation sexuelles Bingo.
Nombre de participants=>1 pour que vous soyez deux sur le topic, avec un total de 4 maximum vous y compris, pour ne pas que ça soit la cohue. 5 ;D Ou plutôt, toute personne qui voudra bien :P
Trame=>Que souhaitez vous rencontrer?Une personne douce?Violente? Bah, n'importe qui, sachant que mon perso est censé être recherché par les autorités des différentes cités (enfin bon, ia pas son portrait sur tous les murs non plus hein...)
Qualité de post=>Si vous êtes un posteur qui fait des posts a beaucoup de lignes, ou bien peu.Euh... Sans importance, tant que c'est plus de 5 petites lignes ca me dérange pas^^

7
Prélude / Séraphina Algul
« le: dimanche 30 novembre 2008, 21:44:03 »
Nom/Prenom/Surnom : Séraphina Algul

Age : 14 ans, l’âge de ce monde, il me semble. 

Sexe : Féminin

Race :E.S.P.er

Orientation sexuelle: Bisexuelle, rien n’est trop bon ou trop mauvais…

Description physique :
Séra est une femme plutôt belle. Ravissante, même, puisqu’après tout, elle est une création d’Aphrodite pour la servir ; la Déesse n’allait pas la faire imparfaite. Séraphina a de longs cheveux blancs. Ils lui descendent jusqu’aux fesses, elle les porte le plus souvent nattés. Bien que ce ne soit toujours pas aisé quand on est recherchée par les autorités des trois grandes puissances en place, elle attache une grande importance à les garder propres. Assi recherchée soit-elle, elle n’est pas connue dans l’autre monde, une des raisons pour lesquelles elle voudrait s’y rendre.
Elle fait un mètre soixante-dix, mince sans être maigre, elle a un corps ravissant, elle est plutôt pâle, mais pas à outrance pour autant. Bref, elle est dans un juste milieu.
Ses yeux, comme ses cheveux, sont ceux d’un albinos, bien qu’elle ne soit pas malade. Ils sont d’un rouge démoniaque, ou sensuel, selon le point de vue, mais indéniablement  incarnats.
Quant à son visage, il est plutôt symétrique, et lisse, avec un menton pointu.
NB : Il est bon de noter que Séra est "née" telle qu'elle est aujourd'hui et n'a pas changé depuis, un peu en dehors du temps, en somme. Créature d'Aphrodite, quoi. Enfin, sa vieillesse a repris un cours normal depuis qu'elle est au couvent, mais ça ne fait pas assez longtemps pour que ce soit perceptible.

Caractère : Séraphina est quelqu’un de gentil. D’elle même, elle n’est pas du genre à chercher les ennuis. Mais en même temps, elle a une certaine fierté, comme pour compenser (tiens tiens…) son année de servitude. En bref, elle est totalement réfractaire à toute idée de soumission qu’on lui imposerait.
Elle peut sembler lunatique et rêveuse, mais en réalité, sans être particulièrement terre-à-terre, elle donne simplement cette expression en tenant des propos bizarres sur les autres mondes et les autres plans d’existence. Elle peut se montrer courtoise et mondaine, mais ce n’est pas sa vraie nature, elle est plutôt du genre volage, franche, mais aussi un peu naïve parfois, ou bien insensée, irresponsable. Pas qu’elle n’appréhende pas ce qui peut dépendre d’elle, plutôt qu’elle n’y attache pas beaucoup d’importance.
Peu patiente, elle supporte mal de rester longtemps sans bouger, ce qui fait d’elle une piètre chasseuse. En fait, elle tient plutôt de la boule de nerfs surexcitée, de l’électron libre, et surtout, de l’inconnu de n’importe quelle équation où elle se retrouverait impliquée, tant ses réactions peuvent parfois sembler illogiques ou encore irrationnelles.
Elle attache peu d’importance à la fidélité ou la loyauté. Non qu’elle n’estime pas l’amitié, mais elle juge avoir été suffisamment traquée pour considérer par défaut que les gens ne sont pas dignes de sa confiance. Bon, il y a des exceptions, sans doute, mais mieux vaut être prudente…
Elle aime le noir. Elle aime se sentir invisible, furtive, et même si elle n’a aucune patience, et aucun talent pour se cacher, elle est cependant extrêmement douée pour se mouvoir sans bruit. Mais elle aime aussi la foule, une de ses grandes hantises est la solitude, chose qu’elle n’a jamais expérimentée pendant très longtemps, et qu’elle souhaite à tout prix éviter.
Elle évite autant que possible de recourir à sa magie, lui préférant ses armes, bien qu’elle se résigne parfois à invoquer des esprits. C’est cependant une pratique à double tranchant à cause de cette idée de perte d’énergie.
 
Histoire : J’ai grandi sur les routes, entourée de mercenaires et de guerriers itinérants, dans un monde de sorciers, au sein de la grandiose Compagnie noire. J’ai vécu en retrait des champs de bataille, mais si peu que j’entendais le champ des armes et les cris des vaincus. Je me souviens du visage de mon père, et celui de ma mère, mais de leurs noms je suis oublieuse. On ne les nommait pas par leurs noms, jamais. Je vécus dans l’amour de mes parents, même si c’était une vie étrange pour une jeune fille. Ni école ni amies, mais des vieux de la vieille, sous leurs semelles avait défilé le monde. Mais rien n’est éternel, et moi qui étais encore une enfant, ou du moins du point de vue de ceux qui voyageaient avec moi, je me retrouvai devant l’horrible réalité, le sanglant carnage de toute la Compagnie lors de son ultime contrat. Un baroud d’honneur sans retentissement, sans chroniqueur pour en prendre note, sans barde pour le conter. Juste la fin, et une poignée de survivants. Dont moi. Pourquoi moi ? Comment une adolescente avait-elle pu s’en sortir là où des combattants expérimentés avaient laissé leur vie ? Grâce à ma magie propre. Celle des sorciers de la Compagnie était pure illusion plus que véritable danger. Invoquer les peurs de ses ennemis pour les affaiblir, et les passer ensuite au fil de l’épée, cela peut-il marcher ? La Compagnie noire était grandiose et ne l’était pas pour rien. Mais vint le temps où ça ne marcha pas, et les sorciers furent décimés, et moi, seule ou presque, usai d’un art qui me dépassait pour me protéger. L’esprit tua des dizaines de ces imprudents. Me laissant dans une marre de sang. Une rose tatouée sur le poignet. Et qui me lançait. Comme si les minuscules épines représentées s’enfonçaient effectivement et cruellement dans ma peau.
Ensuite vinrent les fuites, car ceux qui survécurent parlèrent de moi, et je devins une proie. Je réussis finalement à entrer dans l’Eglise de l’Ordre, et…
Non, en vérité, mon histoire est toute autre. Mais en ces temps où le monde était jeune, je ne me rappelais pas encore. Avant le couvent de l’Ordre, je ne me rappelais de rien, que des bribes de souvenirs, une amnésie presque totale qui ne laissait passer qu’une fragrance de passé, mais des bribes quand même, qui me permettaient de savoir que j’avais existé. En bref, je ne me rappelais rien de tout cela, pas même l’événement qui m’avait fait perdre la mémoire, sauf que je savais qu’il avait été violent…Brutal…
Ça pourrait s’arrêter là, n’est-il pas ? Ce serait déjà assez compliqué pour moi. Nenni… Je n’étais rien de tout cela. Ces souvenirs dont je n’avais que des bribes et que je tenais pour la seule trace de passé que je puisse avoir, n’étaient qu’illusion. D’ailleurs, ils remontaient bien avant la création du monde. Et avant la mienne. Ils n’étaient que poudre aux yeux pour que je survive dans l’ignorance, que je ne m’élève pas au-delà de ma condition. Même cette amnésie était feinte, car qui diable irait croire que des souvenirs qu’il devait batailler pour récupérer n’étaient en réalité pas les siens ?
A l’époque, je ne savais pas, et aujourd’hui encore, j’ai parfois du mal à démêler le vrai du faux. Mais l’essentiel de la vérité est là…Enfin je crois…
Je ne grandis pas au sein d’une compagnie de mercenaires ; cette fiction là est issue d’un roman que notre bonne Déesse aurait lu durant son séjour sur Terre. J’étais une prêtresse d’Aphrodite. D’aucuns nous appellent les mages rouges, ou les magiciennes rouges. J’en étais même une importante, et je savais. Bon sang, je savais tout, le Grand Jeu, l’histoire du monde, qu’Aphrodite m’avait créé, que je n’existais que pour son plaisir, que pour la servir, et qui s’en serait plein ? Ma vie était stupre, luxure et délectation, plaisirs de la chaire et incontinence encore. En ce temps, je ne pouvais imaginer vie plus jouissive que la mienne. Sans doute parce que j’avais été faite pour penser ainsi…
Et puis, ô malheur, je tombai amoureuse d’un humain. Le pauvre n’avait rien fait de plus que s’intéresser à moi pour mériter pareil sort. Rien ne lui fut pourtant épargné, et malgré le fait que les premiers temps furent encore plus beaux que tout ce qu’il m’avait été donné de vivre avant, la fin de notre histoire fut tragique. Au contact de cet homme qui se nommait Edwin, je m’humanisai, je perdis mon lien unique avec la Déesse et m’éloignai d’elle. La grande question, c’est : pourquoi cela l’a-t-il contrariée ? Pourquoi ne l’avait-elle pas prévu ? Elle, maîtresse du monde, était donc faillible dans sa propre création ? Imaginez un bambin se faire dévorer par un dinosaures en Lego…C’est la meilleure image qui me vienne, bien qu’en ce temps là, je n’avais pas l’ombre d’une idée de ce que pouvait bien être une brique Lego.
La réponse devait me venir de la bouche même de mon amant, et elle m’apporta la connaissance sur un point que la Déesse ne m’avait pas dit :
« Je viens d’un autre monde, dit Edwin. C’est aussi simple que cela. Je viens d’un endroit qu’on nomme la Terre, d’une contrée baptisée l’Angleterre, et je ne suis là que par erreur…
-Par erreur ? Ça veut dire que compte repartir ? »
Il resta sans rien dire quelques instants, son beau visage encadre de cheveux blonds se plissant en une moue comique.
« Je crois pourtant que j’ai trouvé ici une bonne raison de rester, non ? Je n’ai rien de particulier qui m’attire dans mon monde. Quand je suis ’passé’, j’étais dans une grande ville japonaise. C’est loin de mon pays, et tu sais ce que je faisais là-bas ? Je designais des affiches de pub. Et depuis les années que je fais ce boulot, je ne pouvais plus le supporter. Mais le plus important, c’est que j’abandonnerais n’importe quel monde pour rester ici avec toi… »
Je souris et me serrai contre lui. Il m’embrassa, d’abord sur le nez, puis sur les lèvres. Puis il me fit basculer sur le lit de la chambre que nous occupions à Nexus. Nous passâmes la fin de l’après-midi et une bonne partie de la nuit à faire l’amour. Ce qui était une expérience délectable. Et puis…
« Une illusion ? »
Edwin était sincèrement étonné. Le temps avait passé et j’avais complètement abandonné les ordres d’Aphrodite. Le cas était sans précédent, et je n’avais aucune idée de comment elle réagirait, mais dans le doute, je faisais en sorte de rester discrète tout en évitant d’avoir ostensiblement l’air de vouloir disparaître à ses yeux. Aphrodite était peut-être omnisciente, mais si je ne faisais rien qui sorte de l’ordinaire, il y avait une chance que je passe simplement inaperçue. Mais j’avais fait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, ce jour-là.
J’avais raconté tout ce que je savais du Grand Jeu à mon aimé. Idiote…Mais à ce moment-là, je ne me rendis pas compte de ma bêtise.
« Oui, une illusion, ou un fantasme, lui répondis-je. Le fruit de l’imagination de la Déesse, celle que je servais avant de te rencontrer, tu sais, Aphrodite ?
-Oui, je vois, elle existe aussi dans notre monde.
-Hein ? »
Deux Aphrodite ? Je me demandais quel épisode j’avais manqué dans l’histoire de la Déesse, mais j’étais certaine qu’elle n’avait jamais mentionné d’ubiquité.
« Oui enfin, dans les légendes, elle n’existe pas vraiment, mais on le croyait, avant…
-Ah bon… fis-je, pas très convaincue.
-Ouaip. Mais c’est pas la question. Si ce monde est une illusion, comme tu dis – et je veux bien te croire, je ne suis pas sûr qu’un croisement entre un chat et un humain soit viable selon des critères purement rationnels – alors il faut que ses habitants le sachent ?
-Pourquoi ça ? »
Effectivement, je ne voyais pas tout à fait de bonne raison d’aller à l’encontre des desseins d’Aphrodite. Je savais que si je venais à raconter la vérité, ça ne lui plairait pas, et ça ne m’apporterait rien personnellement.
« Ben…Ces gens ici vivent tous dans le mensonge, tu vois ? Et ce n’est pas « bien »…Ils n’existent qu’à travers l’imagination d’une femme, même si c’est une Déesse, du coup, ils n’existent pas vraiment, c’est comme une vie par procuration, ce n’est pas une vie au sens strict du terme. Mais si tu leur apprends la vérité, ils ne seront plus les jouets d’Aphrodite. En fait, ils deviendront libres. Tu ne crois pas que ça vaut le coup ?
-Je ne crois surtout pas que ça serve à grand-chose. Quelle importance, si les gens sont soumis au bon valoir de la Déesse ? Ils ont la sensation d’être libre, ils n’ont aucune conscience de l’échiquier dont ils sont les pions. Qu’est-ce que ça leur apportera, de se savoirs réellement libres ? D’ailleurs, qu’est-ce qui leur dira que ce n’est pas encore une illusion ? Et puis, comment tu réagirais si on te disait que tu n’existes pas pour de bon ? Que tu es le personnage d’une fiction qu’un quelconque anonyme est entrain de taper sur ce que appelles des « pécés » ?
-De la peine, convint l’amant de la prêtresse. Ça me ferait de la peine, de me dire que je n’existe que grâce à quelqu’un d’autre. Mais, bon sang, si ça me permettait de me libérer de ces chaînes, alors je voudrais bien l’apprendre ! »
J’ouvris la bouche pour répliquer, mais la refermai sans rien dire. Qu’y avait-il à rétorquer ? Il avait indéniablement raison. Je haussai les épaules et me laissai finalement convaincre.
« Ok, on va répandre la bonne parole et libérer les braves gens du coin du joug cruel et fourbe de la Déesse Aphrodite ? »
J’avais essayé de dire ça d’un ton ironique, mais une pointe d’angoisse pointait dans ma voix. Angoisse tellement justifiée. Quand je me levai le lendemain matin, mon aimé gisait à côté de moi. Il aurait pu dormir si j’avais senti son souffle contre ma peau, sa poitrine se soulever, tout contre mon flanc. Mais il était mort. Des larmes perlèrent à mes paupières en même temps que l’incompréhension à mon esprit. Pourquoi lui, et pas moi ?
« Pourquoi lui et pas toi ? C’est ce que tu demandes, pas vrai ? »
Je ne sursautai pas mas me tournai vers l’origine de la voix. C’était une voix magnifique, une voix belle en elle-même, mais la femme à qui elle appartenait la magnifiait encore.
« C’est toi qui a fait ça, Nadia ? »
Je parlais d’une voix éteinte. Nadia était une prêtresse d’Aphrodite elle aussi. Une formidable compagne dans un lit (ou n’importe où tant qu’on en venait aux plaisirs de la chaire), mais aussi, une âme entièrement dévouée à la Déesse. Dans ses mains, elle tenait un garrot, un nerf de bœuf aux extrémités gainées de cuir. Je m’assis dans le lit, la couverture glissant sur mes seins, dévoilant ma nudité, tandis que je regardais avec une tendresse maintenant inutile le coup de celui que j’avais aimé et qui l’avait payé de sa vie. Il portait une vilaine marque violacée. Cette fois, les larmes, non contentes de perler, roulèrent sur mes joues.
« Bien sûr que c’est toi…Pourquoi ? Parce qu’on a décidé de vivre comme on l’entendait ?
-Parce que tu voulais priver des braves gens de leur réalité, corrigea la prêtresse. Vous, devrais-je dire. C’est pour ça qu’on l’a puni. Sur cet homme, notre maîtresse n’a aucun pouvoir, c’est pourquoi il avait mieux le tuer rapidement, mais toi, ô Séraphina Algul, tu paieras ta traîtrise. Séraphina l’Invokeuse, tes pouvoirs, au nom d’Aphrodite de Terra, je te les retire. Prêtresse d’Aphrodite, au nom de la Grande Déesse, je te renie. Familière de la Vérité, tes souvenirs, au nom de notre Maîtresse à tous, je te les dérobe. »
Et au fur et à mesure qu’elle parlait, sa sentence s’appliquait. Je disparus, simplement, Séraphina Algul cessa d’exister, et Séraphina Algul débuta sa vie, loin de Nexus, dans un endroit qu’on appelait le couvent de l’Ordre, dans une partie du monde qui était les territoires de Tekhos.
« Mon père, s’il vous plait, je veux juste vous accompagner à Tekhos Metropolis. S’il vous plait…J’ai fait ce que vous m’avez demandé depuis que je suis là !
-J’ai dit non, rétorqua l’homme de foi. Tu sais bien que tu ne dois pas sortir du couvent, ma fille.
-Mais mon père, je ne dirai rien, et je porterai une cape, et personne ne me verra… »
Le père poussa un soupir. Il ne se laissa pas attendrir par le regard implorant d’une jeune beauté en tenue d’Eve assise à ses pieds, contre son bureau. J’étais une excellente compagne sexuelle, trouvait-il, mais je ne semblais pas bien douée pour comprendre les choses trop compliquées. Mais il se trompait, je comprenais très bien que des gens voulaient ma mort, hors des murs du couvent. Qui donc ? Allez savoir, le père ne voulait pas en parler. Il disait qu’il m’avait  sauvée des griffes d’agresseurs. Et il refusait d’en dire plus…Avec un mouchoir en soie, il essuya des traces de sperme sur ma poitrine.
« Ma décision est prise. De toute façon, frère Narev te demande, va le voir.
-Bien mon père…Il est dans ses appartements ?
-Non. Il est dans une des chapelles. Je crois qu’il a prévu une orgie avec quelques autres frères et servantes. Ne le fais pas attendre. Et mets-toi quelque chose sur le dos, par l’Ordre ! »
Je sortis du bureau du père pour regagner mes appartements. Ils n’étaient pas loin, pour que je puisse venir le voir rapidement. Ça faisait…quoi…un an, que je vivais ici ? J’avais bien vite appris les règles locales. Ici, la pureté n’était que de façade, et si la dépravation des lieux restait masquée, je n’en faisais pas moins partie intégrante. J’étais leur jouet sexuel, même si en ce temps là j’avais l’impression d’être une domestique comme les autres. Mais en ce temps là, je croyais qu’ils m’avaient sauvé des griffes de ceux qui avaient tué mon père et ma mère et anéanti la Compagnie noire.
J’obéis aux ordres du père Correl et allai participer à l’orgie du frère Narev, parfaite esclave de ses désirs, mais intérieurement, je commençais à me lasser. Aujourd’hui et avec le recul, où que m’ait  conduits les doigts de celui ou celle qui m’écrit, je comprends tout, tout ce que j’aurais dû faire, ou ne pas faire, mais je me demande encore s’il y a quelque chose dans toute cette histoire qui a finalement surpris la Déesse, ou si elle avait tout anticipé, comme cela semblait de prime abord. Tout était si bien agencé…Ce jour-là, alors que j’allais m’habiller – et les habits des servantes comme moi ne servaient pas à grand-chose d’autre que mettre en valeur tout ce qu’ils dénudaient – je pris la décision d’aller voir Tekhos Metropolis. Avec ou sans l’aide du père Correl. Jele fis au coucher de la nuit.
Mais l’excursion était mal préparée. Une fois dans les plaines de Tekhos, je découvris le monde extérieur exactement comme je ne me l’étais pas imaginé. Je dus traverser une alternance de collines et de vallons boisés et de plaines desséchées. Plusieurs fois je traversai des champs de bataille. Il y avait des cadavres humains, mais les autres, hé bien…Je ne savais tout simplement pas de quoi il pouvait bien s’agir.
Il me fallut toute la nuit et la moitié du lendemain pour rallier la ville, épuisée et assoiffée, mais je ne m’étais pas même accordée une pause pour enfin voir la cité de mes rêves le plus tôt possible. Le résultat fut un peu plus à la hauteur de mes espérances. Mais je n’y restai pas longtemps. Dieux que le hasard fit mal les choses ! Le père Correl me retrouva le soir même alors que j’errais dans les rues à la recherche d’un toit pour la nuit. Enfin, « recherche » était un bien grand mot, disons que j’attendais plutôt l’illumination, et, ne possédant pas, un sou en poche, et même si ça avait été le cas, n’ayant jamais entendu parler du concept d’hôtel ou même de location depuis mon arrivée au couvent où débutaient mes souvenirs. Heureusement pour moi, les habitants du cru étaient plutôt des gens civilisés, et mes vêtements trop provocateurs ne provoquèrent ni insultes, ni tentative de viole, ni problèmes avec les autorités. Simplement, ça ne devait pas être bien discret, car le lendemain matin, après une nuit passée en compagnie du père, menottée, d’ailleurs, pour éviter que je ne m’échappe, nous rentrâmes au couvent à l’aide d’un moyen de transport tel que je n’en avais jamais vu. Pendant ce voyage, j’eus l’occasion de voir pour la première fois de ma vie l’utilisation d’une arme à énergie. En fait, un fusil 2I, comme l’appelait le chauffeur qui nous conduisait, un fusil à impact ionique. Une arme qui envoyait une décharge ionisante sur les créatures qui nous attaquèrent. Je compris pourquoi le père avait insisté pour que nous engagions un garde du corps. Grâce à la vitesse de l’engin que nous utilisions, nous pûmes distancer les créatures de l’espèce de celle que l’impact ionisant avait mis KO – soit dit en passant, si vous vous imaginez qu’il s’agit d’une arme sub-létale, dites-vous que ce type était condamné à mourir d’un cancer ou d’une mutation mortelle de ses cellules, en quelques mois, mais le gros avantage des 2I était de ne pas consommer autant d’énergie que les armes laser – et nous regagnâmes le couvent.
« Tu m’as désobéi… »
Correl était furieux, ça s’entendait dans sa voix. Il avait le visage impassible, et la voix froide et neutre, mais on sentait la fureur qui rugissait en lui.
« Tu m’as désobéi, espèce de sale catin, pourquoi est-ce-que tu peux bien te prendre, bordel de merde ? »
La claque qu’il m’admonesta claqua sèchement dans son bureau, et je tombai au sol, les larmes aux yeux.
« A partir de maintenant, tu porteras ce collier, que je sache en permanence où tu es, dit-il en me jetant un anneau de métal du diamètre de mon cou. Mets-le ! »
Je regardai l’objet. Il était sans doute bourré d’une technologie invisible, mais pour moi, il ressemblait simplement à une chaîne de métal. Et puis tout d’un coup, je me rendis compte qu’on me traitait comme une chienne.
Le père m’attrapa par les cheveux et me souleva de terre, prenant le collier de l’autre main qu’il ouvrit de l’indexe. Je me débattis furieusement, sentant les larmes se mettre à rouler sur mes joues. Comme certain jour fatidique une éternité d’un an plus tôt…
« Lâchez-moi ! hurlai-je. Lâchez-moi ! Lâchez-moi lâchez-moi lâchez-moi… »
Ma voix se perdait dans mes sanglots et de ma main droite j’attrapai la sienne qui tenait le collier. Ça ne sembla pas le gêner plus que ça. Alors je lâchai tout. Le monde devint flou, je perdis la notion du temps, mais je sentis distinctement quelque chose qui lâchait en moi. Au demeurant, c’était aussi foudroyant, aussi bon qu’un orgasme, et en même temps, aussi douloureux que dix coups de fouets. Je me retrouvais propulsée plus loin, sans comprendre ce qu’il m’arrivait, mais j’étais ailleurs. Il y avait une infinité d’êtres autour de moi. Mille et mille entités, et je sentais que si je poussais, je pourrais aller les trouver, dans d’autres lieux, d’autres mondes, d’autres réalités, peut-être que je pourrais devenir plus puissante qu’Aphrodite elle-même, pensai-je en l’instant. Peut-être cette nouvelle première fois loin de l’influence de la Déesse aurait pu se révéler bien plus fructueuse, avec tout l’acquis de mon ancienne vie sans les préjugés. Elle ne le fut pas. J’étais paniquée, et je perdis ma chance, je me claquai les portes au nez et attrapai la première entité qui passa à portée de main. Je la pris du bout des doigts et la trainai derrière moi. Je pourrais retourner en ces lieux, je le savais, mais jamais plus ma perspective ne serait aussi éloignée…aussi infinie…je le savais. L’esprit que je ramenai au hasard, je l’injectai de toutes mes forces dans le corps de cet homme que je voulais tuer...tuer pour qu’il me lâche…tuer pour me venger…tuer. L’homme recula, ses yeux révulsés à tel point qu’ils n’étaient que deux globes blancs, et je chutai lourdement au sol, mais je ne le sentis pas vraiment, comme si c’était quelqu’un d’autre qui venait de heurter le dallage froid. Les mains de Correl s’agitaient en spasmes incontrôlés tandis qu’il venait heurter le mur du fond. Il chuta lui aussi, entrainant deux étagères dans un tintamarre assourdissant. Je regardais ça avec l’impression que quelqu’un d’autre que moi assistait à la scène. Mon bras droit me lançait sourdement, mes larmes me brûlaient comme de l’acide, et je ne pouvais m’empêcher de sangloter inconsidérément et de grelotter de froid en même temps, accompagnée de cette pensée : qu’est-ce qu’on doit avoir froid, quand on meurt. Le père eut un spasme, dans tout le corps cette fois, et se pencha en avant pour vomir. Un flot de sucs digestifs et de sang s’écoula de sa bouche grande ouverte, accompagné de fluides noirs et épais. Quel genre de défenses pouvait donc mettre en place le corps humain pour chasser un esprit ? L’homme s’effondra le visage dans la bouillie immonde et rougeâtre. Il cessa bien vite de bouger, et alors que je le regardais avec des yeux agrandis de terreur, je me mis à crier, de douleur, et de peur. Je la sentais se creuser dans mon bras…La rose…L’équilibre…Puis mon hurlement à la mort se mua en rire, hystérique, incontrôlable, fou même, et quelqu’un vint finalement voir ce qui pouvait faire un tel boucan dans le bureau du père Correl.
Il mourut, et une dizaine d’autres avec lui, et chaque fois, la douleur devenait plus insoutenable. Pour la deuxième fois en moins de deux jours, je m’enfuis du couvent de l’Ordre, cette fois, j’avais laissé un champ de cadavres derrière moi. J’avais fait des vendanges de sang…La rose d’un rose extrêmement pur, et les épines couleur émeraude le long de la tige s’étendaient sur toute la longueur de mon poignet. Les pétales, eux, s’étalaient sur la naissance de ma main.
Je rejoignis Tekhos, et là-bas, j’appris beaucoup de choses sur la vie à l’extérieur. J’eus quelques rares flashbacks de ce que je pensais être mon passé. Mais vraiment infime, juste assez pour me donner l’impression d’être sur la piste. Mais, surtout, j’en appris plus sur mon pouvoir. Cette idée d’équilibre me vint après une longue nuit blanche vouée à la réflexion. J’avais appris que dans cette ville où la technologie était tout, il n’était pas si difficile que ça de vivre. Mais je ne pourrais rester ici très longtemps. J’avais déjà vu des hommes d’église me chercher, j’avais eu quelques retours et devais me faire violence pour ne pas commettre de bêtises. Bien sûr, j’aurais pu expliquer toute la vérité à ceux qui me traquaient. Que j’avais assassiné la moitié du couvent sans être maîtresse de mes actes, que c’était la faute au père Correl qui avait voulu me passer un collier. Et puis on m’aurait répondu que j’avais été un objet sexuel pendant une année pleine sans jamais chercher à me rebeller, et on ne croirait pas à une telle fadaise.
La situation devint plus tendue que la rumeur selon laquelle j’étais une sorcière capable de tuer les gens en les touchant se répandit, et je dus prendre la tangente. Je quittai Tekhos et vinrent deux années d’errance et d’apprentissage, mais surtout, de fugue, car la recherche dont je ne faisais l’objet qu’aux alentours du couvent devint une traque généralisée. Je me rendis compte que je savais me battre, et même si aujourd’hui, alors que je vous narre cette courte histoire, je sais pourquoi, dans le présent de notre histoire, je n’y comprenais rien. Je me contentais de prendre ce qu’il y avait de bon dans mes capacités. Je me rendis compte que le plaisir compensait la douleur, l’invocation compensait la mort… Ainsi j’essayais autant que possible de ne pas tuer, car en compensation je devais invoquer un djinn et le libérer de ses entraves, et cela faisait grandir la tige de la rose. Et le sommeil ne compensait pas cette dépense d’énergie… Mais y avait-il quelque chose pour la compenser ? Car c’était elle-même qui compensait le fait que je donne la vie à des entités venues d’ailleurs. Et si j’avais dû compenser la compensation, alors la rose aurait noirci tout ce temps où je ne l’avais pas fait…
Au bout de ces deux ans d’errance, je pris une décision importante. J’avais entendu parler des tramées dans le monde, ces trous qui permettaient de rejoindre d’autres mondes. Je décidai donc de les explorer. Je partirais en quête de connaissance, et je chercherais à comprendre tout ce qui était lié à moi. Mon passé, et mon futur, cette rose sur mon bras, et mon complexe d’équité. Comment je savais me battre, et aussi pourquoi est-ce que je pouvais invoquer des esprits. Si je m’étai rappelé d’Aphrodite et du Grand Jeu, je lui aurais attribué la cause de tout cela. Car comment un tatouage aurait-il pu apparaitre spontanément sur mon bras sans que ce ne soit sa volonté ?

Situation de départ : Séraphina a passé les premières années de sa vie en tant que servante d'Aphrodite, donc dans un contexte forcément très charnel, elle a passé ensuite pas mal de temps avec son grand amour, et ils n'ont pas spécialement attendu le mariage pour faire crac-crac.
Ensuite, elle s'est faite régulièrement violer pendant un an, et a eu de sporadiques aventures - souvent, pour compenser la douleur - au cours de son errance. Donc, on peut dire qu'elle a une certaine expérience, même si dans sa majorité, elle l'a oubliée ou elle tente de le faire.

Autres : Autre chose ? En voilà une question qu’elle est épineuse… Séra possède le pouvoir de s’autodétruire ? De répandre le mal autour d’elle ? De s’attirer des ennuis ? Plus qu’on pouvoir, elle a la contrainte de l’Equilibre. Qu’est-ce là ? Tout en elle se doit d’être équilibre.
Elle se doit de compenser chaque mort qu’elle dispense par une vie qu’elle donne. Chaque souffrance qu’elle inflige ou reçoit par l’équivalent en plaisir. Sans quoi, ce tatouage innocent qui pare son bras droit s’assombrit, cette rose artistiquement apposée sur sa peau fine passe du rose le plus pur à un noir profond, lentement mais surement. Le processus est déjà en cours, la rose est rouge comme le sang, et sa tige a commencé de s’étendre presque jusqu’au coude de la femme. Pourquoi s’étendre ? me direz-vous. Comment compenser chaque mort par une vie ? vous rétorquerai-je. Car Séraphina n’a pas la faculté d’enfanter sur commande, non. Ou si ? Elle enfante des esprits. Des démons. Des djinns. Des génies. Ou comme vous désirez les nommer. Telle est sa magie, et telle est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête, car telle est sa malédiction. En effet, invoquer un esprit ne se fait pas sans dommage, cela requiert de l’énergie, et cette énergie est celle de la jeune femme. Elle se renouvelle, pensez-vous très probablement, comme le sang après une hémorragie, comme la mana dans un roman de fantasy. Hé bien non. A chaque esprit que le monde voit venir, Séra donne une parcelle de son être, un fragment d’âme, un éclat de vie pour compenser celle qu’elle a prise.
Mais a chaque fois qu’elle agit ainsi, la rose fonçant tatouée sur son avant-bras s’étend, lentement, sournoisement, mais sûrement. Si elle ne le fait pas, elle fonce. Alors, quel parti prendre ? Qu’arrivera-t-il quand les pétales incarnats seront couleur d’un ciel de nuit sans Lune ? Qu’arrivera-t-il quand les épines émeraude dessinées d’une main de maître se resserreront autour de son cœur ? Car ces épines lui font aussi mal que le feraient autant de lame de rasoir. Mais à ces questions, nulle réponse, sauf dans l’esprit tortueux de la Déesse. Peut-être ne se passera-t-il rien. Peut-être Séraphina Algul sera-t-elle juste libérée de son complexe d’équité. Et peut-être mourra-t-elle, ou finira-t-elle par cesser d’être, devenant une âme en peine, errante et écartelée. Pauvre âme…

Autrement, on ne la voit jamais se déplacer sans une guitare dans le dos. Elle adore jouer de la musique, et les cordes pincées sont ses instruments favoris. Quelle extase ça va être quand elle tombera sur une guitare électrique...

Armes :La demoiselle est plutôt bien équipée. Dans l’ordre, on a :
  • Des poignards, accrochés à l’extrémité de bandes de tissu sombre. L’allonge est à peu près de cinq mètres, et s’il s’agit là d’une arme difficile à maîtriser, elle est redoutablement efficace. L’une des lames est courbe, et l’autre droite.
  • Une épée, dite bâtarde, ou épée à une main et demie, c’est-à-dire qu’elle peut se manier à une main comme à deux. C’est une arme de bonne facture sans rien d’exceptionnel, comme on peut en trouver des dizaines sur d’anciens champs de bataille, simplement, elle se rapproche d’un glaive par la forme de sa garde.
  • Une gunblade, mélange étonnant d’une épée courte et d’un six-coups. C’est une arme illégale et très rare, puisque peu d’artisans croient en la viabilité d’un tel procédé. Quand elle se déplace en ville, Séra est obligée de dissimuler la gunblade, cependant, autrement, elle la porte dans un étui sur sa cuisse droite. Elle est chambrée en .45 Long Colt.

Comment avez vous connu le forum : Via un top-site ; de là à dire lequel, je me rappelle plus, ça fait des mois que je me demande si je m’inscris ou pas :P
Avez vous des moyens de faire connaître le site autour de vous ? Si oui lesquels : Nan, mes excuses.
[/list]

Pages: [1]