-Où…où suis-je…?Cette question…la première question que l’on pose en se réveillant dans un endroit inconnu. C’est pour cela que je l’ai posée.
-Hé ho ! Est-ce que quelqu’un m’entend ?La deuxième question. Celle que l’on pose lorsqu’on constate que l’on est désespérément seul. Et je le suis.
-S’il vous plaît, répondez-moi…Le murmure de désespoir. Je ne veux pas être seul. Je suis perdu, je ne sais pas où je suis. Je veux une réponse. Mais seul le silence me répond. Il n’y a pas d’écho. Juste moi. Le son de ma voix, les battements de mon cœur, ma respiration. Et maintenant, mes sanglots. J’ai peur.
-Je vous en prie !Comment en suis-je arrivé là ? Pourquoi suis-je ici ? Et d’ailleurs…quel est cet endroit, au juste ? Je regarde autour de moi. Noir. Et des points blancs, çà et là autour de moi. Loin, très loin. Et puis en-dessous…
-Mon dieu, non…Le désespoir, encore. La grande boule bleue qu’est le monde est à mes pieds. Plus précisément, à quelques kilomètres en-dessous de moi. Je commence à comprendre.
-Nooon !!!Mes mains viennent agripper ma tête comme pour en extirper cette insoutenable réalité. Je tombe à genoux dans ce vide dans lequel je me trouve. Deux torrents de larmes inondent mon visage. J’expulse de mes poumons tout l’air qui ne s’y trouvait pas.
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Je m’appelle Tenn. Enfin, c’est le nom que je portais avant, du temps où j’étais un humain comme un autre. Je préfère prendre un autre nom, maintenant que je…ne suis plus le même. Ce nouveau nom que j’ai choisi est Lenz. Mais certaines personnes qui ont entendu parler de moi me surnomment le Maître des étoiles. C’est ridicule, les étoiles n’ont pas de maître…
Je fus autrefois humain. Autrefois, c’est assez loin, et comme je ne vieillis plus j’ai du mal à tenir le compte. J’avais une vingtaine d’années, il me semble, le jour où je suis mort. Je crois que je suis mort, je n’en suis pas certain. Maintenant que je ne fais plus partie de ce monde, je ne fais plus attention à ce genre de détails. De même, je me souviens vaguement que j’étais un homme, mais ce n’est plus le cas, étrangement. Ni homme ni femme, je suis un être unique.
Mon apparence physique n’a pas changé, si l’on excepte la…disparition, de certaines parties. Je suis toujours assez petit, très mince et plutôt pâle. Mes cheveux sont restés blonds comme des rayons de Soleil et mes yeux sont toujours deux émeraudes brillant dans le noir comme des yeux de chat. Comment je peux le savoir ? Je n’en ai aucune idée. Mais c’est ainsi, je sais que je suis le même, à un détail près, mentionné plus tôt.
En revanche, depuis ma mort, mes vêtements ont changé. Je porte, et je porterai toujours, un uniforme étrange. Un costume noir collé à moi comme une seconde peau, avec par-dessus une sorte de gilet sans manches blanc à motifs dorés. Des gants de la même couleur, eux aussi comme collés, remontent jusqu’à la moitié de mes avant-bras, et mes jambes sont couvertes jusqu’aux genoux par de grandes bottes toujours de cette même couleur. Et une grande cape rouge s’étend derrière mon dos. Je ne peux pas dire qu’elle flotte dans le vent puisqu’il n’y a pas de vent en-dehors de l’atmosphère. Sur mes oreilles sont posés deux objets qui me permettent d’entendre des sons malgré l’absence de déplacements d’air. Ils sont reliés entre eux par une bande métallique plaquée contre mon crâne.
Il fut un temps où j’étais quelqu’un de souriant, où je respirais la joie de vivre et transmettait ma bonne humeur à tout mon entourage. Ce temps-là est bien révolu. Désormais, la solitude est mon quotidien. Je me suis renfermé sur moi-même pour me protéger du désespoir. Je n’ai plus aucun ami, je n’ai plus aucune attache, je suis seul à tout jamais. Le poids des responsabilités m’étreint, et je ne vis plus que pour accomplir ma tâche : protéger. Je suis prêt à tout pour cela, car c’est la seule raison qui me reste d’exister dans cet univers. Quiconque entravera cette mission que je me suis donnée devra périr. Vous me direz froid et mauvais, je vous répondrai que je ne fais que survivre en dépit de tout, et même de ma propre mort. Je refuse de disparaître. Mais cela ne signifie pas que je veuille être vu, bien au contraire. Ceux qui ont vu le « Maître des étoiles » se comptent sur les doigts d’une main, et je ne m’aviserai pas de m’en plaindre.
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Il était une fois, un jour comme un autre… Je n’étais pas très âgé, tout au plus une vingtaine d’années. Je me souviens que je courais. Je crois que…j’étais suivi. Poursuivi, même. Si ma mémoire est bonne mon poursuivant était une femme. Je ne la connaissais pas. Ou en tout cas je n’avais pas l’impression de la connaître. Je me souviens d’une impression de danger, et…et elle était armée. Elle avait une arme dans une main, et de l’autre elle préparait une sorte de sortilège. Je me souviens aussi de ses ailes. Deux grandes ailes de plumes bleues, parfaitement assorties à sa chevelure.
Mais la belle était dangereuse. Elle m’a pourchassé comme une bête sauvage pendant de longues minutes. Je ne sais même plus pourquoi, je ne sais pas ce qu’elle voulait, j’ai oublié. Mais elle a fini par me rattraper. Quand je suis tombé dans la rivière et que j’ai dû me raccrocher à un rocher pour ne pas me noyer.
Elle s’est posée sur la rive, à mon niveau. Je revois encore son sourire cruel, contrastant avec son apparence angélique… Elle m’a jeté le sortilège qu’elle avait préparé dans sa main gauche. Sous le choc, j’ai lâché prise. L’eau envahissait mes poumons tandis que tout mon corps était parcouru de spasmes de douleur. Je ne sais pas quel était ce sortilège, et je ne le saurai certainement jamais. Je l’ai à peine sentie me prendre par le col pour me sortir de l’eau. Son épée était sur le point de me transpercer de part en part quand j’ai perdu connaissance.
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Et maintenant, je suis ici. En me réveillant, et après avoir admis ma condition, j’ai pris le temps de réfléchir. Je me suis donné pour mission de protéger ce monde de l’extérieur. Ainsi, je repousse les menaces, naturelles ou non, qui viennent d’autres lieux dans l’univers, d’autres mondes. Météores, vaisseaux envahisseurs, je m’efforce de les tenir éloignés de la planète que j’ai quittée.
Pour ce faire, je m’aide de mes pouvoirs. Je les ai découverts après ma mort. Ou plutôt, j’ai instinctivement su que je les possédais. On me nomme Maître des étoiles, car les étoiles sont ma force. Je me sers de leur énergie pour faire ce que je veux, que ce soit un coup physique, une barrière de protection ou quoi que ce soit d’autre.
L’appareil qui couvre mes oreilles est également utile, en cela qu’il me permet non seulement d’entendre les sons autour de moi mais aussi de communiquer avec les personnes qui approchent dans leurs vaisseaux. Ainsi je peux déterminer s’ils sont ou non une menace que je dois écarter de la planète.
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