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« le: jeudi 08 octobre 2015, 23:35:16 »
L'empire d'Ashnard était vaste, si vaste que la loi impériale avait parfois bien du mal à se faire appliquer entièrement, surtout dans les confins perdus de ce territoire qui n'intéressait personne d'autre que les habitants locaux. L'armée impériale était peu présente dans ces marches marécageuses de l'est, un bourbier dans lequel survivait malgré tout des milliers d'âmes, qui n'avaient de citoyens de l'empire que le titre, mais aucun des véritables avantages. Dans ces contrées frappées par la maladie, la famine, et les monstres, les habitants locaux étaient facilement en proie à la superstition, eux qui ne voyaient rien d'autre du monde que leur village natal, ou ceux environnants. La magie, déjà impressionnante aux yeux de ceux qui en étaient familiers, était ici vu comme une manifestation divine, surtout dans une terre où les conditions de vie étaient rudes. Il y a plusieurs années de cela, les villages de cette zone se mirent à vénérer un "Dieu" qui se terrait dans les profondeurs d'une ancienne ruine. Une voix provenant des profondeurs, qui promit aux premiers villageois l'ayant rencontré d'alléger leurs souffrances quotidiennes en échange d'offrandes et de prières.
Fort impressionnés alors par la voix forte provenant des profondeurs, les paysans avaient fait passer le mot, et les curieux étaient venus en nombre avec des offrandes, qu'ils avaient alors balancés par une sorte de trou d'où montait la voix du "Dieu". Suite à cela, les paysans trouvèrent qu'ils étaient moins malades, que le temps était globalement moins mauvais, ce qui était certes faux, mais le pouvoir d'auto-conviction de ces gens était tellement fort qu'il n'en avait pas fallu d'avantage pour que cette croyance se transforme en culte. Régulièrement ainsi, les paysans de tous les villages environnants, et sur des kilomètres, venaient lancer des offrandes dans le trou pour recevoir leur bénédiction. Et quand la nourriture venait à manquer, les villageois ne manquaient pas d'imagination pour compenser par d'autres offrandes.
En cette nuit de pleine Lune, l'une de ces offrandes, ligotée et baillonée, était conduite par une petite troupe d'hommes et une vieille femme, qui la soutenaient tout en l'empêchant de trop bouger, car elle s'agitait. Korra était une jeune fille d'un village environnant, qui avait tout juste atteint son dix-septième printemps, et qui d'après bien des hommes était l'une des femmes les plus belles des marches. Mais ces derniers temps les récoltes avaient été médiocres, et la disète menaçait le village. Il était impossible alors d'ammener au Dieu des offrandes en nourriture, mais il n'avait pas fallu longtemps à la doyenne du village, jalouse de la beauté de la jeune Korra, pour proposer qu'elle soit sacrifiée en offrande afin d'offrir au village une prospérité sans pareille. Il arrivait de temps en temps qu'une vierge soit lancée dans le trou à offrandes, mais de mémoire d'homme, aucune n'avait jamais été aussi belle que Korra, qui hurlait au travers de son baillon et gigottait même ficellée comme un saucisson, et portée à bout de bras par une plétore d'hommes.
Quelle dommage quand même, un si joli bout d'fille... avait alors murmuré l'un des hommes
C'est pour le bien de tout le village ! Et justement si elle est jolie, le Dieu nous bénira d'autant plus !
Les hommes acquiéssèrent aux dires de la doyenne, dont ils ne voulaient pas mettre en cause la réputée sagesse. Quand même, tous se la seraient bien farcie avant de la lancer dans la fosse, mais la jeune fille était vierge, et cela donnait encore plus de valeur à l'offrande si elle était offerte ainsi. Ils arrivèrent rapidement aux anciennes ruines, avec le trou plongeant dans des profondeurs noires juste en face d'eux.
Oh grand Dieu ! Accepte notre offrande ! Nulle nourriture hélas, car nous avons été frappés par le malheur, mais pour que tu nous en délivre, voici pour toi de la chair fraîche !
La doyenne, après avoir fait un court mais traditionnel appel au Dieu, fit signe aux hommes de faire leur office, qui sans hésiter, malgré les cris étouffés de Korra, la balancèrent dans le trou. En hurlant, elle glissa le long de pierres certes lisses, mais qui avec la chute et le frottement faisaient mal, mais s'attaquèrent principalement aux liens de corde et aux vêtements de la jeune femme, qui fini par tomber dans de la terre boueuse et puante. Ses liens avaient étés tellement effrités qu'elle parvint à s'en défaire, et ôta alors le bout de tissu qu'on lui avait enfoncé dans la bouche.
Ces sales porcs ! Si je trouve un moyen de sortir d'ici, je jure qu'ils le payeront !
Korra était de ces rares personnes à ne pas croire au Dieu qui vivait supposément dans ces ruines, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir peur de l'obsurité ambiante, sans compter que ses vêtements étaient bien déchirés, et laissaient à l'air humide tout son flanc droit, dont l'un de ses opulents seins sur lesquels bien d'hommes du village avaient fantasmé. Elle commença alors à marcher, péniblement, pieds nus dans la vase, à la recherche d'un éventuel chemin, sans se douter qu'elle n'était en réalité pas seule dans cet endroit.