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Sujets - Elena Ivory

Pages: [1] 2
1
Le palais d'ivoire / La Soirée de l'Amiral Vanberg [Georges Flemens]
« le: lundi 24 septembre 2018, 01:07:40 »
Au Palais d’Ivoire, on célébrait ce soir une fête particulière. L’Amiral Edward Vanberg était revenu conquérant d’une campagne navale le long des colonies maritimes de Nexus. C’était une succession d’îles et d’archipels situés à la mer. Ces lopins de terre étaient des possessions nexusiennes, mais qui faisaient régulièrement l’objet d’attaques de la part de monstres marins, notamment les Sahuagins... Ou encore des hordes de pirates. Le Conseil royal avait autorisé une mission très spéciale, et avait diligenté à cette fin l’Amiral Vanberg. Plusieurs colonies s’étaient plaintes d’attaques régulières de pirates, qui avaient été jusqu’à une bataille navale rangée où plusieurs navires militaires avaient été coulés. Visiblement, les pirates, non seulement disposaient de solides navires, mais aussi de monstres qu’ils libéraient sur les navires. Vanberg s’était livré à une campagne militaire éreintante, explorant de nombreuses îles, déployant des soldats afin de trouver le port secret des pirates.

Ceux-ci, bien organisés, formaient une véritable armée sauvage, très certainement soutenus par les Ashnardiens. À plusieurs reprises, la flotte de Vanberg s’était battue en mer, constatant que les pirates disposaient de l’aide de multiples Sahuagins, et même d’un kraken ! Leur meneur était un homme se faisant appeler « Le Commodore », un magicien redoutable qui avait récupéré des artefacts magiques lui permettant de commander les Sahuagins. En filigrane, le Commodore s’était surtout allié avec les ennemis du royaume des sirènes d’Arcnos, un royaume océanique aquatique éloigné, et les ennemis d’Arcnos y avaient vu l’occasion de déstabiliser Nexus. Vanberg s’était livré à une enquête approfondie, débusquant les traîtres des forts maritimes, protégeant ces derniers des assauts du Commodore, jusqu’à assiéger sa base rebelle.

La flotte de l’Amiral avait affronté les troupes du Commodore au milieu d’une intense tempête, un puissant ouragan, mais la victoire avait finalement été à bout du chemin. Le Commodore avait été neutralisé, et son butin récupéré. Couvert de victoire, auréolé de sa splendeur, Vanberg, jeune Amiral aux cheveux blonds, était retourné à la capitale en emmenant avec lui une cohorte de prisonniers, dont le mystérieux Commodore, un mage noir qui avait commandé divers groupes et confréries de piraterie pour les liguer sous son autorité. Les vivats avaient raisonné dans toute la ville, et Elena lui avait discerné l’une des plus prestigieuses récompenses de la Couronne, avant d’organiser une soirée en son honneur.

Pour l’occasion, les traiteurs de Nexus avaient ramené quantité de merveilles culinaires émanant des colonies, essentiellement des fruits de mer. Crevettes, assortiments de gambas, huîtres, moules marinières agrémentées d’onctueuses sauces, crabes, homards... La gastronomie nexusienne était à la hauteur de sa réputation, et Elena, portant une élégante robe de soirée, une superbe robe blanche de haute couture, légèrement transparente vue de dos. Une tenue très réussie, faite sur mesure, qui confirmait que la Couronne avait encore les moyens. Elena se sentait en réalité assez intimidée dans un tel accoutrement, mais, comme Adamante n’avait cessé de le lui dire, c’était une occasion exceptionnelle. L’armée n’aurait pas compris que la Reine ne se montre pas à la hauteur.

« L’Amiral Vanberg est très populaire, non seulement au sein de l’armée, mais aussi au sein de la population. C’est un véritable génie militaire.
 -  J’ai lu ses états de service, oui. Ils sont... Très impressionnants. »

Elena le pensait sincèrement, et elle avait été ravie de s’entretenir avec l’Amiral, de le saluer, et de l’honorer lors de la cérémonie officielle. Maintenant, elle se baladait dans la soirée, en profitant pour discuter avec les différents représentants des colonies. La jeune Reine n’était pas une femme frivole, et avait une bonne connaissance des dossiers, des familles, des liens de noblesse, et de l’influence des différentes colonies. Elle faisait tout pour gommer la mauvaise image qu’elle avait aux yeux du peuple de la capitale, afin de montrer qu’elle était, non seulement très compétente, mais aussi très proche de ses sujets.

Comme on pouvait l’attendre de tout souverain digne de ce nom, en vérité !

2
Ville-Etat de Nexus / La Vraie Nexus [Luria Flowashield]
« le: samedi 23 septembre 2017, 17:33:46 »
Les évènements de ce RP sont antérieurs au RP "A Machine For Pigs".



Le Palais d’Ivoire de Nexus était un fort énorme. Construit sur la plus grande falaise de la ville, il se dressait en-hauteur, le long de la mer, et dominait toute la région. Ses hautes tours d’ivoire étaient tellement particulières que, quand le soleil se levait le matin, les tours réfléchissaient les rayons solaires, donnant ainsi aux gens l’impression que le Palais était fait d’or, brillant de mille feux. Pour le reste, le Palais d’Ivoire était très ancien. Les historiens eux-mêmes se divisaient pour savoir à quand le Palais datait exactement. En effet, il avait été construit sur les ruines d’un ancien fort elfique. Le Palais d’Ivoire avait ensuite subi de multiples réaménagements et reconstructions, tant officiels que très officieux. Elena Ivory savait que plusieurs de ses ancêtres avaient construit en toute discrétion des passages secrets, permettant de rejoindre la chambre de telle ou telle Maîtresse, ou de faire passer des espions. Tout cela faisait que le Palais d’Ivoire était parcouru de multiples failles et ouvertures.

Toutefois, depuis que la Garde Royale était sous les ordres du Commandant Ronald « Scar » Langley, l’ancien camarade d’armes de son père, et ancien Paladin, de multiples passages secrets avaient été bouchés. Ronald avait déployé tous les efforts possibles pour empêcher des assassins de s’immiscer dans le château, et s’était assuré que la garde ne soit composée que de soldats fidèles et loyaux, se livrant à une analyse attentive et sourcilleuse du parcours des soldats qu’il envisageait d’intégrer dans la Garde Royale. C’était un homme dur, mais juste, qui avait été marqué par la mort de son ancien camarade d’armes, et qui n’avait jamais cru à la thèse de l’accident.

Ce faisant, en renforçant la sécurité des lieux, Scar avait aussi coupé la jeune Reine de son peuple… Ce que cette dernière n’aimait pas particulièrement.[/b][/color]

« C’est un passage sûr, Elena, mais es-tu, toi, sûre de vouloir le faire ?
 -  Plus je reste ici, et plus je participe à la fracture qui a lieu entre le peuple et le pouvoir. Je ne veux pas participer et cautionner ce système, un souverain n’a pas à avoir peur de son propre peuple. »

Des propos empreints de sagesse, dans un monde qui ne l’était pas. Après le décès de ses parents, Elena avait grandi dans un monastère, loin de la capitale, avant d’y revenir pour ses dix ans. Mais elle ne connaissait rien de Nexus, et elle savait que le peuple la haïssait. Elena voulait en savoir plus, mais il lui était impossible de sortir officiellement sans une solide escorte, de sorte qu’elle ne contribuait qu’à effrayer les Nexusiens. Pour elle, c’était une position assez horrible, car elle voulait protéger ses sujets, pas les effrayer. Alors, pour réussir à faire quelque chose d’utile, Elena avait chargé Adamante de trouver un passage secret qui lui permettrait de sortir.

Adamante s’était attelée à cette tâche, non sans difficulté, et n’avait pu y arriver qu’en bénéficiant de l’aide d’une capitaine. Car, si Ronald avait scellé les passages, il avait aussi confié à certains gardes une clef permettant de déverrouiller certains sceaux, et permettant ainsi, en cas de problème, d’évacuer la Reine. Et Adamante avait trouvé la complice idéale pour ça, même si cette dernière était un peu gênée. Adamante lui avait en effet demandé de ne rien dire à Langley, consciente que, si Ronald apprenait le projet d’Elena, il s’y opposerait vertement.

Les deux femmes s’avançaient donc à travers des couloirs déserts, dans une aile discrète, jusqu’à s’approcher d’une porte menant à un débarras.

« C’est derrière… »

Le passage secret était dans le débarras, un pan de mur qu’on pouvait déplacer… Grâce à la rune que la Capitaine Luria avait. Adamante ouvrit donc la porte. Quelques bougies éclairaient la pièce, et Luria était là, les attendant.

« Capitaine Flowashield… Merci d’avoir honoré ce rendez-vous ! »

3
Ville-Etat de Nexus / La rescapée [Kaipkyre Païxi]
« le: lundi 06 février 2017, 00:46:01 »

Véritable façade sur la mer, le port de Nexus était une impressionnante ligne s’étalant sur plus d’une centaine de kilomètres, tout le long de la côte. C’était une succession interminable de docks, de pontons, d’entrepôts, le tout séparés par des murs, des tours, des postes de garde, permettant ainsi de dissocier les différentes activités du port. Au milieu de ce dernier, on trouvait ainsi l’arsenal de Nexus, véritable forteresse militaire abritant l’une des flottes de Nexus.

Le littoral nexusien était, malgré son caractère médiéval, l’un des plus développés au monde. De multiples bouées et phares étaient postées tout autour, permettant d’aiguillonner les différents navires. Chaque jour, c’était un déferlement continuel de navires, d’ouvriers, de dockers, de marins, de marchandises, transitant à travers de multiples entrepôts. Outre les entrepôts, on trouvait également un grand nombre d’auberges et de tavernes, pensées pour accueillir les multiples marins. Autant dire que, chaque jour, elles se faisaient un considérable chiffre d’affaires.

En ce début de matinée, la garde se remplaçait le long des murs de l’arsenal. La forteresse maritime était très bien sécurisée, en ce qu’elle était séparée des quais adjacents par des récifs. Il n’y avait que deux entrées possibles, soit depuis la mer, soit depuis la terre. Une grande porte d’entrée se situait du côté de la mer, se soulevant et s’abaissant par le biais de lourdes chaînes en fer quand des navires voulaient y entrer. Aux angles du mur, il y avait de grandes tours, et les gardes surveillaient l’horizon.

Ce fut donc ce matin, alors que les goélands croassaient dans l’air, que les cloches des bateaux carillonnaient sous l’effet du vent, et que les premiers navires approchaient, qu’ils la virent. Joseph Montjoie était un simple garde affecté à la surveillance du beffroi ouest, le long des récifs. Chaque matin, il aimait observer le soleil qui se levait sur la ville. Le garde, sous son armure, était un amateur de poésie, et écrivait à chaque matinée un court poème, qu’il lisait ensuite le soir à sa dulcinée, en retournant chez lui. La vie qu’il menait n’était pas des plus stimulantes, mais, au moins, il n’était pas affecté aux patrouilles des bas-fonds. De cette manière, il était sûr de revenir chez lui en bonne santé pour revoir sa femme et leurs enfants.

Joseph menait donc une vie paisible, et on ne pouvait pas dire que ses journées étaient passionnantes. Il finit par se pencher à la fenêtre, en attrapant un morceau du pain ranci datant de la veille, afin de nourrir les oiseaux. Il en jeta les miettes, et, tout en faisant ça, pencha son regard vers les récifs... Et fronça les sourcils.

*Hein ? Mais qu’est-ce que... ?!*

Surpris, le soldat continua à regarder en bas.

Il y avait une silhouette avachie contre les récifs. Joseph se pencha encore, écarquillant les yeux, puis se redressa brusquement.

*C’est... C’est une femme !*

L’homme se précipita vers la cloche à côté de lui, et appuya dessus.

Quelques instants plus tard, un canot fut mis à l’eau, et se rapprocha des récifs, transportant plusieurs gardes. L’un d’eux grimpa sur les récifs, et s’approcha prudemment de la silhouette endormie. C’était une soldate, qui se pencha vers le corps nu. Une femme à la peau sombre, qui avait de multiples contusions et ecchymoses

« Allez quérir un apothicaire, elle a besoin de soins urgents ! »

Elle n’était pas une menace, et la soldate sentait un pouls... Relativement faible. Un autre soldat vint l’aider, pendant que Joserph, resté à son poste, se précipita rapidement vers le médecin de garde, afin qu’il se prépare à soigner la jeune femme inanimée. Lui qui s’attendait à une journée banale, voilà que son quotidien était bouleversé.

Qui était donc cette dame ?

4
Les terres sauvages / Zerrikania (Tome II) [Nümba]
« le: lundi 15 août 2016, 10:51:28 »
ZERRIKANIA
(TOME II)


Résumé :

Nexus a connu des jours troubles. Revenant d’une expédition dans l’une des jungles les plus dangereuses de Terra, Zerrikania, Oswald Mandus a utilisé son argent pour fonder un abattoir au cœur des bas-fonds de Nexus. Censé développer l’activité économique dans une zone économiquement appauvrie et défavorisée socialement, l’abattoir s’est révélé être un sinistre piège, la partie supérieure d’une improbable et sinistre machine collectant les êtres humains et se nourrissant de leur sang pour alimenter un obscur catalyseur magique destiné à réveiller les Grands Anciens. La machination d’Oswald a été révélée au grand public quand ses monstres ont attaqué la ville, provoquant de multiples morts et de nombreux blessés.

Se refusant à croire à un acte solitaire, Elena a décidé d’organiser une expédition vers Zerrikania, afin de comprendre ce qui a rendu fou Oswald. Toutefois, cette jungle maudite n’est pas zone à prendre à la légère, et, pour autoriser cette expédition, Sire Ronald Langley, vieil ami de feu le père d’Elena, le Lion de Nexus, a autorisé la tenue de cette expédition, qui est conduite par le Capitaine Luria. La première étape du convoi a été le superfort Altenberg, à la frontière du royaume, où Elena a reçu l’aide d’un paladin venant tout droit de l’Ordre d’Haven, Vesa.

Lors de cette ultime étape, elle en a également profité pour se rapprocher de l’une de ses plus vieilles amies, la druidesse Nümba. Ensemble, elles approchent maintenant du Ranch de Zerrikania, une colonie nexusienne fortifiée située à la lisière de la jungle, au bout du monde...




Quand les cavaliers et les chariots quittèrent le canyon, une brume les accueillit. Des lampes s’allumèrent, et les chevaliers s’avancèrent plus lentement, parlant à voix forte, tout en se montrant particulièrement vigilants. Traverser le corridor escarpé et tortueux de la Dent Crochue n’avait pas été simple. C’était une montagne dangereuse, où ils avaient affronté des manticores, des goules, et d’autres monstres, ce qui changeait des quelques bandits qu’ils avaient affronté en rejoignant la jungle de Zerrikania. Elle était là, cette jungle, derrière les montagnes, mais, avec la brume, il était difficile de la voir.

« La brume va se dissiper, gardez les rangs serrés en attendant ! » hurlait Luria.

Les chevaux grimpaient le long d’une colline, lentement et prudemment, quittant ainsi le champ brumeux... Et Luria put ainsi voir l’orée de la jungle, une série d’arbres avec, au fond, des montagnes.

« Nous y sommes... »

Zerrikania se dressait devant eux. La vaste et grande jungle... Et, plus près encore, au pied de la colline, il y avait un grand bâtiment avec d’autres structures plus petites autour, et une muraille qui les entourait. Le Ranch de Zerrikania était là, et plusieurs cavaliers s’approchaient d’eux.

Le soleil était en train de se lever, et, dans le ranch, un homme au ventre proéminent attendait l’arrivée du convoi en fronçant lentement les sourcils. Celui qui avait été jadis le chef des renseignements de Nexus observait le convoi s’approcher. Sigismund Dijkstra savait pourquoi ils venaient, et se disait que, la dernière fois qu’il avait vu Elena, elle était encore un bébé. Que Langley accepte qu’elle rencontre Dijkstra était tellement inattendu que l’homme ne put s’empêcher d’avoir, sur ses lèvres, un fugace sourire...

5
Le palais d'ivoire / Concerto pour une Reine [Suki Sorano]
« le: lundi 18 juillet 2016, 10:26:37 »
« Si fait, Messire, elle n’a fait que quelques représentations, mais, à chaque fois, le public est formé par sa voix de velours » lui avait assuré le page quand il lui en avait parlé.

Tandis qu’il attendait, seul à sa table, Sire Ronald « Scar » Langley mettait brièvement fin à sa redoutable sobriété, avalant un peu d’hydromel nain en attendant le début du spectacle. Il était dans l’une des pièces de l’auberge du Coucher de Lune, la plus grande auberge de Nexus, si grande qu’elle se découpait en plusieurs salles, et constituait un véritable vivier social, où toutes les couches sociales de la population nexusienne se retrouvaient. Ici, outre boire et manger, ou dormir, on jouait beaucoup. Poker de dés nains, tarot, poker tout court, ou même des jeux plus stratégiques comme le gwynt, étaient légion. Le Coucher de Lune organisait même une compétition annuelle de gwynt, qui concurrençait, en popularité et en talent, celle du Pussiflore, une célèbre auberge de la cité-libre Novigrad. Le Coucher de Lune disposait donc d’une grande réputation, et on disait que l’auberge était la première taverne qui ait jamais été fondée à Nexus, aussi vieille que le Palais d’Ivoire, si ce n’est davantage.

Que cela soit vrai ou non, le fait est que, ce soir, il y avait de l’affluence. Avec son hydromel, Ronald avait commandé un plat assez simple, typique de Nexus : des crevettes avec des moules marinières. Et il sentait une certaine fébrilité, prêtant une oreille distraite, mais non moins attentive, aux badauds et aux conversations circulant autour de lui.

« Elle a une voix magnifique, tu ne regretteras point de l’entendre, sois-en sûr…
 -  Elle a charmé tout son auditoire la dernière fois. Ce faisant, le patron l’a invité à se reproduire dès le lendemain. Le réalises-tu ? »

Ronald, lui, le réaliserait sans aucun doute très prochainement. En temps normal, l’homme assumait un rôle dont il avait la charge depuis qu’il avait juré à son vieil ami, feu le Roi Liam Ivory, de le faire. Cette scène, Ronald se la souvenait encore. Quand Elena, la fille de Liam, était enfin venue au monde, ce dernier, qu’on surnommait le Lion de Nexus, lui avait demandé, si jamais lui et Nöly, sa femme, venaient à disparaître, de veiller sur Elena comme si elle était sa propre fille. Et Ronald avait juré sur son honneur, si tant est que, à Nexus, ce mot signifiât encore quelque chose.

Lui et Liam s’étaient connus à Haven, une cité alliée de Nexus, qui abritait l’Ordre du Griffon, un ordre constitué de redoutables paladins, les guerriers d’élite de Nexus. Ensemble, ils avaient affronté maints dangers, dont les redoutables Légions ashnardiennes. Liam, de mémoire d’homme, avait été l’un des plus grands Rois de Nexus, un Roi guerrier qui avait réussi à mettre fin aux incursions ashnardiennes, tout en essayant de moderniser en profondeur le pays, en développant la justice royale, poursuivant l’œuvre de ses aïeuls, qui avaient toujours cherché à diminuer l’influence des contrepouvoirs au profit du pouvoir étatique. Lui avait tenté de diminuer le plus redoutable contrepouvoir qui soit, celui des financiers, des grandes guildes économiques qui gangrénaient la ville en imposant leur diktat. Pour ça, Liam et Nöly s’étaient attaqués à la charpente de leur pouvoir : l’esclavage, l’exploitation des hommes. Ils avaient entrepris de mettre sur pied une importante réforme, quand un cyclone avait massacré toute la famille.

Ils étaient alors sortis sur un yacht à destination de la région natale de Nöly, les Îles Mélisi, afin de célébrer la naissance de leur fille, Elena. Une tempête apocalyptique avait alors éclaté, un cyclone redoutable. Ronald s’était alors retrouvé, avec Jamiël, une amie d’enfance de Nöly, tuteur d’Elena, et, suivant les dernières volontés de Liam, qui avaient été consignées par Notaire, il avait eu en charge le poste d’Intendant Général au Palais d’Ivoire. Un poste qui, contrairement aux idées reçues, ne consistait pas à vérifier l’état des draps, ou si les bougies étaient bien toutes allumées. Ronald était responsable de la sécurité du Palais d’Ivoire, et, au-delà de ça, de celle de la Reine. Volontiers paranoïaque, il avait réorganisé en profondeur le personnel du Palais, afin de n’avoir que des gens de confiance à l’intérieur.

Et, en ce moment, une autre tâche, très importante, lui incombait.

Jamiël avait décidé d’organiser un concert, en hommage à l’anniversaire de la jeune Reine. Et Ronald, lui, traquait de jeunes talents, susceptibles de plaire à la belle Elena. La Reine avait vécu des derniers mois difficiles, entre émeutes et attentats, et c’était donc l’occasion de l’amener à se détendre. Pour cela, Jamiêl organisait des auditions, tandis que Ronald, lui, cherchait de nouveaux talents.

Or, apparemment, ce soir, l’un de ces jeunes talents allait bientôt chanter.

Il était donc impatient d’assister à cela…

6
Les contrées du Chaos / Incident diplomatique [Helès]
« le: mardi 02 février 2016, 00:46:18 »
« Majesté, c’est inconvenant...
 -  Mais il en sera ainsi ! »

Loktar avait toutes les raisons du monde d’être embêté. Il avait d’abord cru que le message était faux, qu’il y avait, dans la missive, une erreur, mais, quand la Reine était arrivée, le Roi du petit royaume marchand de Lumiciël avait constaté que ce n’était pas une erreur. La Reine avait refusé son invitation de dormir dans le palais royal pour préférer se coucher dans le camp militaire de Nexus, installé en lisière de la ville, et qui faisait partie des six ou sept camps qui venaient d’être dressés le long de la frontière, afin de défendre Lumiciël des envahisseurs étrangers. Loktar était très gêné, car il avait peur que ce geste ne soit le signe, pour la Reien, qu’elle était mécontente des bons services de ce petit royaume allié à Nexus, et qui ne survivait qu’en ayant comme client privilégié la cité-État. Il y avait bien longtemps que Lumiciël s’était intimement allié à Nexus, et le petit royaume n’était guère impressionnant. Il s’étalait le long de plaines et de forêts, et avait surtout la mainmise sur une partie d’un massif montagneux abritant de riches gisements, l’autre partie appartenant à son voisin, Jübar, une junte militaire qui, depuis longtemps, se battait avec Lumiciël pour la suprématie de ce massif.

Dans ce conflit, la Couronne de Nexus faisait traditionnellement office d’arbitre, mais le problème était, juridiquement, épineux. Il était difficile de faire un bornage précis des frontières des deux royaumes, et plusieurs jugements passés, s’appuyant sur des expertises, avaient placé la frontière à tel ou tel endroit. De fait, les procès en arbitrage se multipliaient, mais aucun des deux royaumes ne les respectait, et les incidents se multipliaient, car il était fréquent que l’un des deux royaumes envoie des hommes armés pour fermer les ponts et les tunnels d’accès aux mines. Et le dernier incident en date avait eu lieu quand Jübar avait envoyé des militaires prendre d’assaut les mines, allant jusqu’à tuer plusieurs ouvriers. Un incident diplomatique qui avait dégénéré, et qui se justifiait en grande partie par la politique intérieure, instable, de Jübar. Le Grand-Maréchal, Longarm, avait vu son autorité être contestée, et le peuple jubarien accusait Nexus de favoritisme envers Lumiciël. La guerre menaçait, et, pour éviter un conflit qui rendrait inaccessible les gisements de matière première et de minerais, Nexus avait décrété l’envoi d’une armée royale, afin d’éviter que le conflit n’escalade.

Et Elena Ivory avait décidé de superviser en personne les opérations. Pour elle, c’était un moyen de réaffirmer son autorité auprès de l’armée, qui la voyait comme une orpheline, une Reine fragile et faible, et qui, en plus, était relativement impopulaire au sein de la population. De tout cela, Elena avait conscience, comme du fait qu’elle avait besoin d’obtenir le soutien de l’armée. Et c’était pour ça qu’elle avait refusé les chambres de Loktar, au profit de la tente de commandement.

Elle était sur un cheval, avançant le long des sentiers, accompagnée par Loktar et toute une escorte, y compris une jeune garde, qui était très gênée face à elle : Helès. Ronald Langley, le Commandeur et responsable de la Garde Royale, avait récemment proposé de l’enrôler, et Elena, faisant confiance au jugement de l’homme, avait signé le décret de nomination. Elle sourit brièvement à l’intention d’Helès, comme pour la rassurer, sous un ciel gris, sombre. La pluie menaçait de tomber, et ils atterrirent au sommet d’une colline.

« Voilà, Majesté... Le campement principal. Là-bas, au loin, c’est le pont de Blockstone, qui sépare Lumiciël de Jübar. »

On voyait le pont de pierre, au loin, mais la grande plaine se trouvant devant était recouverte par un très vaste camp militaire, avec de multiples tentes se dressant, ici et là, et de nombreuses palissades intérieures. Il y avait également quantité de fanions, énormément de patrouilles et de caravanes, avec de multiples corps de garde. On avait dressé des palissades acérées à l’extérieur, avec des fosses et des pointes de bois.

« La guerre menace d’éclater... Jübar est en train d’amasser des troupes, d’après nos espions.
 -  Ils n’oseraient quand même pas attaquer avec l’armée de Nexus en face ?! s’égosilla Loktar.
 -  On dit que Longarm est devenu paranoïaque. Il est convaincu que des sénéchaux veulent lui prendre sa place, et est bien décidé à mettre la main sur ce massif montagneux. Majesté, j’ai bien peur que ces pourparlers ne soient juste une diversion pour permettre à Jübar de mettre sur pied une armée.
 -  Nous ne sommes pas des Ashnardiens, Capitaine ! Nous ne régnons pas par la terreur et la force ! Je tiendrais ces pourparlers, et c’est la justice qui réglera ce litige. Et puis, vous n’avez pas à vous en faire... Helès est là pour assurer ma protection. »

Elena regarda la jeune femme, avec un léger sourire sur les lèvres.

« N’est-ce pas ? »

7
Ville-Etat de Nexus / Magie aquatique [Lyra]
« le: vendredi 16 octobre 2015, 09:05:14 »
La colonie maritime de Town’s Bay faisait partie de cet ensemble de villes construites et développées par Nexus dans ses eaux territoriales, s’étendant sur de nombreux milles nautiques au-delà de la côte. Un ensemble d’îles, sauvages ou habitées, qui formait de multiples archipels, séparant Nexus d’autres royaumes insulaires plus éloignés, comme les Îles Mélisi. Les colonies maritimes de Nexus constituaient une zone importante pour Nexus, car elles étaient l’ouverture concrète de Nexus sur la mer. Or, le commerce maritime international était l’une des principales et plus importantes revenus d’argent de la cité-État. Pour lutter contre les pirates et les dangers océaniques, Nexus avait dû progressivement s’implanter sur ces colonies, les exploitant également. De multiples denrées émanaient ainsi de ces îles. Town’s Bay, par exemple, était un important port de pêche, et l’une des plus importantes villes coloniales.

Il était donc naturel qu’Elena et Adamante y fassent une halte. La Reine de Nexus avait un agenda assez chargé en ces terres. Outre une visite amicale de la plupart des colonies, afin de renouveler la confiance et le soutien de la Couronne à ses terres éloignées, il fallait aussi discuter d’un traité avec les sirènes de Nexus. Ces dernières vivaient dans un royaume océanique, Arcnos, qui se situait au-delà des Îles Mélisi, mais qui était historiquement lié aux Mélisains et, partant de là, aux Nexusiens. Arcnos avait ainsi régulièrement protégé les marins malchanceux chutant dans la mer. Le royaume était dirigé par une femme, la Reine Moïra, et cette dernière avait récemment appelé à l’aide les Mélisains. En effet, leurs terres étaient assiégées par de multiples ennemis, et, si Arcnos tombait, les fonds océaniques seraient bien moins sûrs. Un problème préoccupant, et qui avait finalement amené la Couronne à envisager un traité en déployant sa Marine.

Tandis qu’Elena était restée à Town’s Bay pour discuter avec le Gouverneur, Adamante, elle, avait pris les devants. Voguant à bord d’un solide bateau, le Strickjaw, elle rejoignait un ensemble d’îles assez sauvages, appréciées pour leur beauté sauvage, mais aussi dangereuse. Les fonds marins étaient remplis de carcasses de bateaux, de funestes rappels des dangers de la mer.

« Nous approchons de la crique ! lança un homme.
 -  Parfait... Mais pas d’imprudence. »

Le capitaine du navire ordonna d’abaisser plusieurs mâts, afin de faciliter les déplacements du Strickjaw, car la fenêtre était étroite. Une mince ouverture entre deux falaises menait à la crique de l’Esnival, l’accès à une île vierge, cerclée de falaises et de récifs, ce qui faisait que cette crique était le seul moyen d’aller ici, à moins de faire un large détour, ce qu’Adamante ne pouvait pas se permettre. Se rapprochant, le Strickjaw ralentit donc sa course, tout en se déplaçant, se rapprochant de cette ouverture dans la paroi.

Les marins retinrent leur souffle en voyant les hauts murs de pierre les entourer... Puis le vaisseau s’enfonça dans la crique, et largua plusieurs ancres, qui se plantèrent dans le sable.

« On est amarrés ! »

Parfait... Rassurée, Adamante ordonna qu’on mette un canot, et plusieurs marins la portèrent jusqu’à la plage. L’équipage du Strickjaw pouvait légitimement se demander ce qu’ils faisaient ici, dans cette crique sauvage. Adamante avait choisi de venir seule, car ce qui l’amenait ici n’était pas politique, mais magique, et, si l’agenda de la Reine n’avait pas été si chargé, elles seraient peut-être venues ensemble... Pour sa curiosité.

Adamante devait retrouver une sirène ici, dans cet endroit discret.

8
Ville-Etat de Nexus / La conspiration [Élizéa Savelord]
« le: lundi 14 septembre 2015, 09:22:54 »
« Nous ne sommes plus très loin de Wrinthedia !
 -  Les chevaux ont besoin de se reposer, nous allons faire une halte au refuge ! »

Vesa ne pouvait qu’acquiescer. Son cheval commençait à souffrir des affres du froid, de la neige, et de la glace. C’était un destrier de guerre, endurant, et elle lui reconnaissait ça, mais même un cheval de guerre ne pouvait pas non plus avancer pendant des heures sous des conditions climatiques redoutables sans demander grâce. En revanche, la guerrière était ravie à l’idée de se rapprocher du fort en question. Wrinthedia était un élégant fort se dressant au sommet de monts escarpés, un ancien fort jadis utilisé par Haven comme poste-frontière, car, depuis sa position, on pouvait voir une vaste vallée qui était jadis le territoire d’Orcs sauvages. Cependant, les heures de gloire de Wrinthedia étaient passées, et le fort était maintenant abandonné... Jusqu’à ce que, récemment, le Conseil se penche sur sa réfaction et sur sa reconstruction. La région autour de Wrinthedia, pendant longtemps abandonnée, était maintenant de plus en plus infestée de monstres et d’Orcs, et ces derniers s’infiltraient dans les campagnes et les forêts. Pour mieux protéger les terres, il fallait donc rouvrir Wrinthedia, afin de patrouiller dans les montagnes, et éventuellement profiter de la position du fort pour refaire commerce avec les cités naines des royaumes miniers nains à proximité.

La tâche était périlleuse, car Wrinthedia était le long d’une longue chaîne de montagnes, un massif escarpé et dangereux, composé de hautes montagnes, de canyons, de vallées glaciales... Une équipe composée d’une dizaine de paladins, d’une vingtaine de chevaliers, ainsi que d’une quinzaine d’archers, avait été mise sur place, l’objectif étant d’atteindre Wrinthedia, puis d’attendre l’arrivée de renforts. En chemin, la compagnie avait affronté quelques loups sauvages, mais rien de bien significatif. Maintenant, selon les anciennes cartes, il ne leur restait plus qu’un dernier passage à traverser avant de pouvoir rejoindre le chemin menant vers Wrinthedia : la Vallée de Glace, une longue vallée faite de glace. Les chevaux avançaient prudemment, afin de ne pas glisser, et on pouvait voir les antiques archers de l’Ordre Immaculé, qui avaient souffert de l’érosion du temps, mais qui, inébranlables, continuaient encore à se dresser.

*Nous leur redonnerons sa fierté d’antan...*

Preuve de l’importance de cette expédition, elle était conduite par l’une des Paladines les plus connues d’Haven : Élizéa Savelord. La jeune femme à la beauté incroyable menait l’expédition en tête, et Vesa, elle, étant encore une jeune Paladine, était un peu en retrait. Elles s’étaient déjà vues parfois à Haven, mais sans jamais avoir vraiment eu l’occasion de sympathiser plus que ça. Vesa n’était encore qu’une novice à l’époque, et elle se souvenait avoir vu une fois Élizéa l’observer pendant l’un de ses entraînements. De fait, et si Vesa avait rejoint Haven pour espérer retrouver sa sœur, elle avait très rapidement été impressionnée par le charisme d’Élizéa. Très appréciée de la population, elle était une guerrière également respectée par ses pairs, à tel point qu’elle avait maintenant essentiellement pour tâche de protéger la Reine de Nexus, ce qui amenait souvent Élizéa à devoir partir vers Nexus et le Palais d’Ivoire. Tous les cadets l’appréciaient et l’admiraient, y compris Vesa, et elle avait été très fière de faire partie des paladins choisis par Élizéa pour l’accompagner durant cette expédition. Autrement dit, elle comptait bien se montrer à la hauteur.

Le refuge, un ensemble de ruines enneigées, se trouvait au bout de la Vallée, qui approchait de plus en plus... Et Vesa voyait des bouts de pierre dégringoler le long de la paroi, ainsi que, en hauteur, des plumes formant des nids...

« Nous ne sommes pas seules... Archers ! Préparez-vous ! »

Vesa se concentra un peu, et une aura magique se mit à l’envelopper... Puis des hurlements retentirent tout autour d’eux, et, bondissant depuis les hauteurs du canyon, de multiples harpies jaillirent en hurlant, fondant sur la compagnie militaire.

« Enfin peu d’action ! s’exclama l’un des Paladins. Dégommez ces saloperies, ça vous réchauffera le cœur ! »

De simples harpies contre une compagnie militaire d’Haven...

Un simple entraînement !

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Les bas fonds / Pandemia [Sela]
« le: samedi 27 juin 2015, 02:33:16 »
Jour 31

Sa gorge était en feu, sa poitrine sur le point d’exploser. La tête lui tournait, les éléments se dérobaient. Les tables vacillaient, et les murs, agressifs, l’observaient nerveusement, d’un air méchant. Sa tête hurlait comme si une flèche s’était nichée entre ses deux yeux. Elle avait envie de vomir, ses sens se défaussaient... Une fièvre éreintante écrabouillait son esprit, le réduisant en pièces. Elle croisait des corps jonchant le sol, ou des pestiférés dans les coins.

*Pas trop tard... Pas trop tard...*

C’est ce qu’elle se répétait, en remontant le long de la grand-rue. C’était un grand boulevard pavé, et l’air nauséabond l’avait frappé de plein fouet. Il était trop tard pour faire marche arrière, maintenant. Sa poitrine l’élançait douloureusement à chaque fois qu’elle inhalait cet air pourri. Elle avançait lentement, en voyant sa vision tournoyer... La pandémie... La peste... L’infection... Tout tourbillonnait dans sa tête, ainsi que les solutions possibles. Elle avançait lentement, laborieusement. Les nuages couvraient la lumière du jour, ce qui ne la gênait pas, car ses pupilles étaient dilatées. La femme continuait à avancer, à ressasser les erreurs du passé... La lenteur d’action de la Couronne, et l’infection, silencieuse, qui se répandait progressivement... Était-il trop tard ? Elle se refusait à y croire. Pas si près du but...

Ses pieds heurtèrent quelque chose, et la gravité l’attira à elle, mais elle ne ressentit pas la douleur. En revanche, la fiole glissa de sa robe, et roula sur le sol, avec un liquide verdâtre à l’intérieur. Par miracle, elle ne se brisa pas, et Adamante se mit à ramper sur le sol, tendant sa main tremblante et ses doigts en sueur vers l’objet translucide. Une ombre la recouvrit alors, et elle sentit des mains attraper ses épaules, la retournant.

« Nnnnnn... »

Elle tentait de protester, mais était trop faible pour ça... Et, dans sa vision floue, elle voyait l’énorme bec se rapprocher, ainsi que des yeux agressifs, luisants... Puis l’ombre la recouvrit intégralement.

Il était trop tard.



Jour-01

« Ouais... Kof ! Kof ! Le vilain Docteur, y va nous emmener... »

Soupirs, quintes de toux, yeux dilatés, corps absents... Joshua Brolin nageait dans l’atmosphère sinistre et lugubre des bas-fonds, bien loin des draperies du Palais d’Ivoire. Ici, c’est la puanteur et la crasse qui régnait, conséquences de la misère qui gangrénait ces quartiers. On les appelait les bas-fonds, et ce n’était pas sans raison. Des endroits sales, où la criminalité de bas étage permettait d’alimenter des circuits économiques illégaux. Que ce soit du bon côté ou du mauvais côté de la barrière, les habitants des bas-fonds ne touchaient que les miettes. Joshua connaissait cet endroit, à force d’y aller. La drogue faisait des ravages, notamment le fisstech, une drogue hallucinogène produite dans les champs agricoles de Nexus, et qui se répandait, non seulement dans les rues de Nexus, mais aussi ailleurs, comme à Tekhos, où elle concurrençait les drogues synthétiques et les drogues électroniques. On reconnaissait rapidement les camés au fisstech... Ils étaient hagards, les pupilles dilatées, de la bave s’écoulant de leurs lèvres, et ne pensaient à rien d’autre que le fisstech.

Le trafic de fisstech se répandait comme de la traînée de poudre, et permettait d’alimenter différents trafics, notamment du trafic d’armes, la corruption des fonctionnaires et des gardes... Brolin était sur la piste du fisstech, l’une de ces nombreuses enquêtes. Ce noble chevalier était un agent de la Milice urbaine, l’équivalent nexusien des forces de police tekhanes. Il enquêtait sur des disparitions inquiétantes dans les bas-fonds. La Milice urbaine n’en avait rien à cirer, car ce qui se passait dans le sbas-fonds ne concernaient que les bas-fonds. Joshua, lui, estimait que ces quartiers se situaient dans Nexus. Il avait toujours vécu à Nexus, et avait été attristé de voir à quel point les conditions de vie s’étaient dégradées dans sa ville natale.

« Où est le laboratoire, Cassie ? Où est l’emplacement du laboratoire ? Là où ils emmènent tous ces gens ? »

Brolin ne savait pas grand-chose sur les disparitions, si ce n’est qu’elles frappaient des clochards, des vagabonds, des prostituées comme Cassie, ou des junkies. Cassie était une fugueuse, une fille qui avait fui la campagne, où son père, un prêtre pédophile, la battait et l’humiliait, ainsi que d’autres enfants. Une innocence brisée. Elle s’était réfugiée à Nexus, et avait fini entre les mains d’un mac. Pour lutter contre la dépression, elle s’était droguée au fisstech. Joshua essayait de la convaincre de suivre une cure de désintoxication, et de rejoindre l’un des couvents de l’Ordre Immaculé. Il l’avait aidé une fois, il y a quelques mois, quand elle se faisait agresser par des clients. Il les avait repoussés, l’avait invité chez lui, et, depuis lors, veillait sur elle.

*Une âme perdue parmi des centaines... Si ce n’est des milliers.*

Mais, pour une âme sauvée, ça valait le coup.

Cassie savait des choses. L’enquête de Brolin l’avait rapproché du trafic de fisstech, car les gens qui enlevaient les personnes travaillaient pour le compte de la Vipère Blanche, une énigmatique organisation criminelle qui se trouvait derrière le trafic de fisstech. Et Brolin savait qu’ils avaient un laboratoire, quelque part dans les bas-fonds. Tout ce qu’il fallait, c’était le retrouver, maintenant. Et Cassie avait vu ses cibles.

« Cassie... J’ai vraiment besoin que tu m’aides.
 -  Le Docteur, il est méchant, et il veut qu’on reste silencieux... Le secret professionnel, il appelle ça... Oui, oui, le secret pro... Kof ! Kof ! Kof ! Kouch !! »

Une violente quinte de toux la traversait, et elle se mit à cracher ses tripes sur le sol de cet entrepôt nauséabond. Il était rempli de rats crevés, insalubre, avec des remontées d’égouts. Les sans-abris s’y regroupaient, et Joshua y était en planque, espérant ainsi tomber sur les ravisseurs, sur le mystérieux « Docteur » dont Cassie lui parlait, et qui, pour l’heure, constituait sa seule piste. Une piste mince et étroite, mais la seule qu’il avait en ce moment.

Il était alors loin de se douter que ce trafic de fisstech n’était que la partie émergée de l’iceberg...

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Ville-Etat de Nexus / Visite royale [Chiyô Isoroku]
« le: jeudi 26 mars 2015, 01:16:18 »

Waterland

«  Et voici Waterland, Elena ! »

La voix claire d’Adamante illustrait tout le bonheur que cette dernière ressentait à l’idée d’être de nouveau sur la mer, et de se rapprocher de Waterland. Elena observa l’horizon, un sourire sur le coin des lèvres. Il y avait bien longtemps que la Reine n’avait pas quitté Nexus, ni les coursives du Palais d’Ivoire, et, quand le Conseil avait suggéré de faire un voyage le long des forts maritimes bordant la côté, la Reine y avait accepté. Elle y avait vu, non seulement un moyen de sortir, mais, aussi, et c’était là sans doute encore plus intéressant, un moyen de rehausser le moral des garnisons côtières.

Puissance maritime par excellence, Nexus devait veiller à protéger son littoral des incursions de monstres, des attaques de pirates, ou encore des invasions commises par les Ashnardiens. Outre les navires flottant le long de la mer, et qui avaient pour tâche de protéger les routes maritimes, les Nexusiens avaient créé des forts maritimes, c’est-à-dire des châteaux-forts situés le long de la mer, soit sur des îles, soit sur des falaises… Comme Waterland. Avant de porter ce nom, Waterland avait été une ville, à quelques lieues de Nexus, une ville côtière, avec une partie en hauteur de la falaise, et une autre en bas, dans une gorge aquatique qui menait directement à la mer, et qui abritait le port de Waterland. Les fortifications du fort flottaient en-hauteur, visibles de loin, et Elena put les voir alors que le navire approchait. Le Ivory Pride était un imposant navire, l’un des plus importants Men o’War de la flotte nexusienne. Se composant d’un équipage d’une soixantaine de marins, il abritait une garnison de 400 soldats, et disposait de multiples canons, ainsi que de trébuchets montés sur le pont principal. Accompagné de plusieurs autres navires, le Ivory Pride approchait d’une partie de la Marine de Nexus, commandée par l’Amiral Irosoku.

La mission d’Elena consistait aussi à inspecter l’état de la flotte, et sa première rencontre officielle était donc avec Irosoku. L’Amiral devait commencer par venir sur le Ivory Pride, afin de se présenter à Elena, avant que cette dernière n’aille inspecter certains navires. Depuis le bastingage de son navire, elle pouvait voir, devant elle, les vaisseaux de l’Amiral, qui étaient sortis de Waterland, et qui mouillaient dans la large baie au pied de laquelle on trouvait cette ville.

« C’est une femme forte… Je pense qu’elle devrait vous plaire, Majesté.
 -  Tu n’es pas obligée de m’appeler ‘‘Majesté’’ quand nous sommes entre nous, Adamante, tu sais que ça m’énerve !
 -  Mais c’est peut-être justement pour ça que je le fais… » plaisanta-t-elle, en profitant pour lui caresser les cheveux.

Elena soupira, et entendit des bruits de pas dans son dos. Le Commodore Norrington, Capitaine du Ivory Pride, rejoignit les deux femmes, et se mit au garde-à-vous.

« La navette de l’Amiral Irosoku arrive, Majesté.
 -  Parfait ! Je la recevrais sur le pont…
 -  Comme vous voulez, Majesté ! »

Le Commodore courba la tête vers le bas, puis s’écarta, le dos bien raide. La Reine descendit en compagnie d’Adamante, sa robe légère accompagnant ses mouvements. Elle se rapprocha ainsi du centre du pont, face à de nombreux soldats, qui s’étaient mis au garde-à-vous. L’Amiral était le plus important rang au sein de la Marine de Nexus, et c’était un immense honneur pour ces soldats de voir, à la fois la Reine, mais aussi un Amiral.

Elena, elle, était un peu intimidée, et anxieuse. Tant de soldats autour d’elle… Ce n’était clairement pas le moment de faire une bêtise !

*Ils me respectent parce qu’ils respectaient mon père avant tout… C’est quelque chose que je ne dois surtout pas oublier.*

Dans leurs yeux brûlaient le souvenir, fort et vibrant, du Lion de Nexus. Son père avait été un Paladin respecté et infiniment respectable, et Elena, surtout en ce moment, vivait clairement dans l’ombre de ce Géant… Une autre source d’anxiété supplémentaire.

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Les bas fonds / Vernissage [Prisca Luccicelli]
« le: samedi 24 janvier 2015, 02:23:35 »
Il était assez inhabituel de voir tant de chariots et de calèches s’approcher de cette partie-ci des bas-fonds de Nexus. Sans être la partie la plus dangereuse et la plus inaccessible de Nexus, le quartier des Colombiers n’était pas le plus connu et le plus populaire. Jadis, ce quartier avait été un beau quartier, celui des artisans et des itinérants, un quartier où les peintres avaient pour habitude d’ouvrir leurs ateliers, et de louer ensuite des salles municipales pour y exposer leurs œuvres, ou, à défaut, les vendre dans les rues. Un quartier agréable, rafraîchi par la brise de la mer, avec la plage à proximité. Un quartier où il faisait bon vivre, et qui avait reçu de plein fouet la crise économique. L’art avait toujours été une rentabilité économique fluctuante, et, à l’époque où Nexus coulait encore des jours heureux, et où tout son argent ne partait pas dans les dépenses militaires, d’importantes subventions publiques étaient allouées aux artistes et aux peintres. On pouvait dire qu’ils vivaient des rentes d’un État-providence généreux, d’un État qui avait toujours voué une importance capitale à l’art et aux artistes. Un État qui avait cessé d’être généreux quand, suite à la mort de Liam et de Nöly Ivory, la crise économique avait éclaté, appauvrissant gravement la ville, transformant ces quartiers joyeux en zones paupéristes, rongées par la criminalité et par le désengagement de l’État, l’ensemble menant à une ghettoïsation progressive. Les Colombiers étaient encore relativement épargnés, et, dans les plans de réorganisation urbaine du Palais d’Ivoire, ce quartier était considéré comme une zone prioritaire.

« Nous y voilà, Elena...
 -  Prisca Luccicelli... Je n’ai jamais entendu parler de cette artiste...
 -  C’est sa première fois. »

Elena avait dans les mains un bref résumé du dossier de Luccicelli, qui avait été acceptée. Quand le Conseil de Régence avait été créé après la mort des parents d’Elena, la guerre menaçant, il avait été décidé de couper bon nombre de suibventions au profit de la guerre, de la construction des super-forts, et de la formation de l’armée. Quand Elena était revenue à Nexus, elle avait rapidement réussi à faire passer une ordonnance réhabilitant le droit aux subventions artistiques. On appelait familièrement cette ordonnance l’« ordonnance artistique », mais, contrairement au passé, les conditions d’attribution étaient plus difficiles.

Concrètement, l’ordonnance prévoyait la possibilité pour un artiste de bénéficier d’un logement social. Le loyer était payé par l’État, et l’ordonnance s’inscrivait dans le cadre du programme de rénovation urbaine de la ville. Un programme ambitieux visant à redynamiser les quartiers populaires de la ville, et qui comprenait plusieurs volets : un volet social avec des mesures favorisant l’emploi, par le biais d’allègements des charges sociales et des taxes pour les entreprises s’installant dans les quartiers sensibles, un volet urbain, avec la construction et la rénovation de logements délabrés... Et un volet artistique. C’est dans ce volet artistique que l’ordonnance artistique s’inscrivait. Elle offrait donc un loyer et la possibilité de pouvoir produire des vernissages, soit à son domicile, soit dans des salles de quartier, l’objectif étant de répandre la culture en offrant des vernissages à très bas prix, l’État prenant, là aussi, en charge les frais d’entretien et d’installation.

Pour en bénéficier, il fallait donc remplir plusieurs critères. Pour commencer, il ne fallait avoir aucune inscription au casier judiciaire, attester d’un projet sérieux, et manifester d’un certain intérêt pour Nexus, une sorte de patriotisme, qui, concrètement, se manifestait par une lettre de motivation. Le « projet sérieux » était le rajout supplémentaire de cette ordonnance par rapport aux anciennes méthodes. Il fallait que l’artiste montre qu’il était vraiment un artiste, ce qui, concrètement, consistait à venir, soit avec des croquis, soit avec des œuvres déjà faites. Éminemment subjectif et arbitraire, ce critère était souvent décrié. C’était le Conseil royal qui l’avait instauré, et Elena n’avait pu que se plier.

Fort heureusement, Prisca avait su le remplir, et un logement social lui avait été confié, une petite maison avec un grand salon, où elle pouvait organiser un vernissage. De fait, on lui avait confié l’un des plus vastes logements sociaux de la ville. Ce n’était pas une villa, mais une petite maisonnée, suffisamment grand pour organiser un salon de vernissage... Ce que la jeune femme avait fait. Elena avait entendu parler de ça, et avait décidé d’y aller. Nöly, sa mère, avait toujours été une fervente admiratrice des arts, et Elena avait hérité de cela. Elle voulait y aller, afin d’attirer plus de gens, et aussi pour rappeler au bas-peuple (expression dont Elena avait horreur, mais qui avait malgré tout le mérite de cibler une partie de la population) qu’elle était souveraine de tout Nexus.

C’est ainsi qu’Adamante et elle s’approchèrent du lieu du vernissage.

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Les terres sauvages / [FINI] Zerrikania (Tome I) [Nümba]
« le: vendredi 31 octobre 2014, 01:56:50 »
ZERRIKANIA
(TOME I)


« C’est une expédition dangereuse ! Je ne peux pas la cautionner ! »

Ronald Langley n’en démordait pas, et Elena soupira, légèrement agacée par l’entêtement du chambellan.

« Votre avis n’est pas obligatoire, Sire Langley..., rappela tranquillement Elena, comme si le débat était déjà fait.
 -  Tant qu’il s’agit de votre sécurité, Majesté, il me semble que mon avis importe un tout petit peu. Depuis quand donc est-ce que cette idée saugrenue vous trotte dans la tête ? C’est dangereux ! »

Elena était d’accord sur ce point... Oui, c’était dangereux, mais c’était aussi indispensable. Calmement, assise sur le fauteuil d’une des grandes pièces du Palais d’Ivoire, laissant Ronald faire les cent pas en peinant à masquer sa colère, elle lui expliqua que l’idée avait germé en elle depuis l’abattoir Mandus et les sanglantes émeutes qui en avaient résulté*. Ces évènements remontaient à il y a plusieurs semaines, mais avaient durablement impacté le cœur de Nexus. Oswald Mandus avait été un mécène, un homme d’affaires qui avait utilisé sa fortune et son savoir-faire, tous deux hérités de Tekhos, pour concevoir un abattoir dans les bas-fonds de la ville, afin de redynamiser le quartier. La réalité était plus sinistre que ça, car Mandus avait utilisé cet abattoir et son image d’homme charitable pour attirer à lui la population déshéritée de la ville, et s’en servir comme cobayes pour ses sinistres expériences... Des expériences visant à transformer certains prisonniers en affreux hommes-porcs, et visant à sacrifier les autres afin d’alimenter une énorme construction souterraine située sous l’abattoir : la Machine. L’objectif final de la Machine était de cristalliser la mana dans un catalyseur central afin de s’en servir pour créer un Portail dimensionnel qui permettrait d’atteindre les prisons dimensionnelles où étaient retenues les Grands Anciens, d’anciens dieux cruels et surpuissants qui avaient été bannis il y a fort longtemps par les Anges et les autres Dieux hors de l’espace-temps et des dimensions. Shub-Niggurath avait bien failli sortir de sa prison, et le cauchemar apocalyptique avait été évité quand Mandus, dans un accès de moralité, avait refermé le Portail.

Tous les éléments du dossier n’étaient pas encore totalement connus, et l’histoire avait naturellement été camouflée auprès de la population, Oswald Mandus ayant juste été dépeint comme un homme d’affaires véreux, un esclavagiste qui avait essayé de concevoir des super-mutants dans un laboratoire souterrain, la rumeur estimant qu’il avait été financé en ce sens par l’Empire d’Ashnard. Ce qu’Elena savait, c’était qu’Oswald était devenu fou lors d’une expédition archéologique organisée il y a des années dans l’un des endroits les plus dangereux de Terra : la légendaire jungle de Zerrikania. Elle savait cela grâce à un Zerrikanien, qui avait traqué Mandus jusqu’à Nexus pour tenter, en vain, de le tuer. Le Zerrikanien avait été capturé par les autorités, et leur avait expliqué qu’Oswald s’était rendu à Zerrikania, et avait utilisé l’aide d’un Zerrikanien pour s’enfoncer dans les profondeurs de la jungle, jusqu’à d’anciens temples interdits. Elena soupçonnait que ces temples étaient d’anciens lieux de cultes voués à Shub-Niggurath. À l’intérieur, Oswald y avait trouvé une orbe magique, une orbe abritant une partie de l’âme de Shub-Niggurath. Le Grand Ancien l’avait corrompu, avait fait de lui son apôtre, afin qu’Oswald bâtisse une machine qui aurait pour but de le libérer. La Machine avait ainsi été construite, au nez et à la barbe des Nexusiens.

« Nous ignorons toujours qui soutenait réellement Mandus, et je pense que la réponse se trouve à Zerrikania.
 -  C’est ridicule ! L’enquête progresse, Majesté, mais ces gens sont bien placés, influents, et, de toute manière, ça ne justifie pas que vous vous mettiez vous-même en danger en tentant cette expédition complètement insensée ! »

Oswald n’avait pas pu bâtir la Machine tout seul. C’était impossible. Quelqu’un l’avait aidé, avait couvert son trafic, et l’avait aidé. Elena soupçonnait des nobles ou de riches bourgeois nexusiens dupés par Mandus, mais ses soupçons se tournaient autour d’une personne en particulier : le Professeur. Derrière ce surnom se cachait un homme envoyé par l’un des riches clubs de la ville, le Centaur Club, un club regroupant des hommes d’affaires prestigieux, des avocats, des magistrats... Le Centaur Club n’avait rien d’une conspiration secrète, ce n’était qu’un endroit où hommes et femmes de la haute société se réunissaient pour discuter de l’actualité politique, économique, et sociale. Oswald Mandus avait toujours fait partie de ce club, qu’il utilisait pour trouver des soutiens financiers afin de monter les expéditions archéologiques pendant sa folle jeunesse. Cependant, après Zerrikania, il s’était séparé du Centaur Club, et sa réputation de mécène avait suscité la curiosité de certains des membres du club, à tel point qu’ils avaient envoyé l’un des leurs pour se rapprocher de Mandus, et ainsi en savoir plus sur lui et sur ses activités : le Professeur. Avec le recul, il apparaissait clairement que ce Professeur n’était toutefois pas qu’un simple dandy nexusien, et Elena, pour ne rien mentir, avait un très mauvais pressentiment.

« Vous me cachez quelque chose, Majesté ! Je vous connais... Pourquoi cette expédition ? Pourquoi ce voyage ? Pourquoi ne me laissez-vous pas me charger de la capture du Professeur et du dossier sur Mandus ? Ne me faites-vous donc plus confiance ?
 -  Ne dites pas de bêtises, Langley ! C’est juste que... »

Comment lui expliquer calmement tout ce que son cerveau en ébullition produisait ? Elle savait que sa mère avait été empoisonnée pendant des années pour empêcher d’avoir une descendance, et que les gens qui avaient massacré sa famille avaient utilisé un pouvoir magique colossal, afin de créer un cyclone tropical dans une zone où les cyclones n’arrivaient quasiment jamais. La Reine caressait l’idée que ces deux évènements, séparés de plusieurs années, soient liés, et que ceux ayant trahi et exécuté ses parents soient les mêmes que ceux qui ont corrompu Mandus et l’ont encouragé à faire la Machine. Le Professeur était indéniablement un magicien, quelqu’un qui, à l’intérieur de la Machine, avait pris l’apparence d’un espion royal nexusien pour pouvoir duper Adamante, afin de pouvoir récupérer l’orbe magique.

Langley secoua lentement la tête, visiblement sceptique.

« Formidable, formidable ! Alors, vous voulez aller dans l’une des jungles les plus dangereuses de tout Terra simplement en poursuivant une chimère ? Auriez-vous oublié, par hasard, Majesté, que, sans votre présence à Nexus, le royaume s’écroulerait dans des querelles intestinales vaines et futiles ? »

Langley optait pour une autre corde. Après avoir compris que la Reine avait vraiment envie d’aller là-bas, il essayait de jouer sur la corde sensible, en insistant sur le fait qu’elle était la dernière représentante des Ivory, et que, sans elle, sa famille disparaîtrait. Ce faisant, Nexus, le royaume millénaire, sombrerait dans le chaos et dans l’anarchie entre les différentes maisons et autres grandes familles de nobles qui cherchaient à récupérer la Couronne. Elena avait cependant anticipé cette remarque. Langley était un bon guerrier, mais un piètre politicien, et Elena, elle, apprenait de plus en plus vite.

Par conséquent, elle s’empressa de lui répondre :

« Malgré toute votre efficacité, messire Langley, Nexus a été attaquée en son sein par des ennemis qui se terrent dans l’ombre, et qui bénéficient du soutien de puissances magiques ancestrales, des forces contre lesquelles nos soldats ne sont pas formés ou entraînés. Je ne peux pas rester les bras croisés pendant que nos ennemis conspirent à me supprimer, ou à détruire notre royaume. Ici, je ne sers à rien, et je vous défie de prouver le contraire, Sire Langley. Tant que je ne suis pas majeure, la gestion des affaires du royaume échoit au Conseil Royal, et je fais entièrement confiance à Dame Jamiël pour me représenter.
 -  Il n’empêche que c’est une expédition dangereuse, rétorqua Langley sur un ton plus doux. Zerrikania est une jungle éloignée, coupée des grandes routes commerciales...
 -  C’est pour cela que je n’y irais pas seule. Notre expédition sera guidée par deux Zerrikaniens, ainsi que par une compagnie d’elfes venant du Bosquet, sans parler des gardes d’élite qui nous accompagneront. Même un moustique ne pourrait pas me piquer ! »

Le plan d’aller à Zerrikania venait aussi de Nyzaël, qui était une élève du Judicateur Suprême, un important mage appartenant aux Hauts-Elfes de Nexus. Nyzaël avait été déléguée par ce dernier afin d’aider Elena à perfectionner son don magique. Ce qu’Elena se gardait bien de trop dévoiler à Langley, c’est qu’elle pensait que les forces antiques de Zerrikania pouvaient aider Elena à mieux comprendre son don. Elle comprenait toutes les hésitations de Langley, car elle les avait elle-même ressenties pendant un certain temps, avant de finalement se dire qu’elles étaient sans importance, et qu’il fallait le faire.

« Je n’aime pas ça... Mais vous êtes aussi têtue que votre père, Majesté... Je vais choisir une sélection de gardes d’élite pour pouvoir mieux vous protéger durant ce voyage.
 -  Je vous en remercie, Messire Langley.
 -  Mais notez bien que je désapprouve totalement ce voyage.
 -  Rassurez-vous, Messire, c’est dûment noté. »

Ronald Langley avait été suffisamment clair sur ce point pour éviter qu’on ne se méprenne. Elena sortit de la pièce, se sentant néanmoins un peu soulagée.

*Ça s’est passé un peu mieux que ce que je craignais, en fait...*

Il lui restait encore une personne à aller voir, afin de la faire participer à cette expédition, une vieille amie qu’Elena avait vraiment appris à connaître depuis son retour de Nexus : Nümba.

Elena allait donc la voir, là où elle se trouvait.



* : Cf. RP « A Machine For Pigs ».

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Le palais d'ivoire / Soirée diplomatique [O'kaya Nyala]
« le: dimanche 10 août 2014, 01:56:33 »
« Il est important qu’ils se rappellent qui est l’héritière des Ivory, Elena... Qui dirige réellement ce royaume. »

Acquiesçant aux propos d’Adamante, qui trouvait toujours le mot juste pour la convaincre, Elena hocha lentement la tête. Elle laissa le peigne remuer dans ses cheveux. Adamante l’aidait maintenant depuis une demi-heure à se préparer et à s’habiller. La soirée mondaine battait son plein, et Adamante lui avait mis du parfum, très discret, ainsi qu’une légère robe blanche, courte et ample, fine et légère. Une tenue parfaite en plein été, où il faisait très chaud. Adamante s’était amusée à lui mettre des bracelets dorés sur les bras, ainsi qu’un élégant diadème.

« Je le sais très bien ça, Adamante... Mais, plus ça va, et plus j’ai le sentiment de n’être qu’une sorte de pantin, de symbole que mon propre Conseil exhibe pour justifier sa légitimité. »

Dans son dos, Adamante soupira. Une réception avait lieu ce soir au Palais d’Ivoire, en hommage à Sainte Nathalie-de-Morcombes, une sainte femme nexusienne qui avait été canonisée il y a plusieurs siècles. Nathalie-de-Morcombes avait passé toute sa vie dans des dispensaires médicaux au cœur de Nexus, et s’était illustrée lors de la Grande Plaie, une vaste épidémie de peste qui avait ravagé la cité-État, et qui avait justifié la construction d’un système d’égouts. Nathalie était l’une des filles de Lord Morcombes, et avait rejeté son héritage afin d’aider les sujets de la Couronne. Elle était morte en héroïne, et l’Ordre Immaculé l’avait canonisé. Sainte Nathalie-de-Morcombes était un symbole d’espoir, de justice, et de prospérité. Un symbole adapté en ces circonstances troubles. Le Conseil Royal, pour l’occasion, avait organisé une soirée, invitant des nobles nexusiens à venir.

Le lendemain, une grande messe serait organisée par l’Archidiacre Célestine, qui était déjà là, parlant avec les invités. Elena savait que le Baron Ruthier était venu avec ses deux enfants. Ruthier était le châtelain d’un superfort nexusien, l’un de leurs forts à la frontière ayant pour tâche de repousser les Ashnardiens. Il était venu avec son fils, Balen, et sa fille, Augusta. Balen était un coureur de jupons notoire, connu pour avoir engendré des dizaines de bâtards, et était en train d’engrosser une servante d’Elena, Yena. Il était très probablement assisté par Augusta, également connue pour être, outre une guerrière redoutable, une perverse. La Reine de Nexus savait que Ruthier était aussi venu pour demander au Conseil Royal des subventions supplémentaires pour améliorer les défenses de son fort. Jadis, à l’époque de ses parents, ce serait Liam Ivory qui aurait eu le dernier mot. Elena n’avait même pas été consultée, ce qui l’énervait. Elle avait pourtant étudié le superfort, ainsi que la requête du Baron Ruthier, mais ses conseillers ne l’avaient pas consulté, estimant que ce problème « mineur » de manufacture ne concernait pas Sa Majesté... Ce en quoi Elena n’était pas spécialement d’accord, estimant que cette demande portait sur la défense du territoire.

« Vous voilà toute belle, Majesté. »

Elena lui sourit, et l’embrassa tendrement sur la joue.

« Que ferais-je sans toi, Adamante ?
 -  Le moins de choses possible, j’espère... »

Adamante l’enlaça, faisant sourire Elena, qui remua son nez contre le cou d’Adamante. Elle s’était aussi mise du parfum. Les deux femmes descendirent de ses quartiers, et rejoignirent rapidement la salle du banquet.

En contrebas, le Comte Manderly était en train de manger. L’immense personnage était connu pour sa sympathie, et son appétit de la vie. Il adorait manger, et dirigeait l’un des comtés les plus riches de Nexus, comprenant d’immenses fermes, des champs de blé s’étendant sur des kilomètres et des kilomètres, ainsi que des volailles, des porcheries, des écuries... Son comté produisait énormément de viande, et Manderly était aussi un vieil ami de Nöly Ivory. L’un des rares nobles en qui Elena pouvait prétendre avoir confiance.

« Sa Majesté la Reine !! » annonça un page quand Elena s’approcha, le page tapant ensuite à plusieurs reprises sur le sol avec son bâton, afin de l’annoncer.

Et, dans un geste protocolaire instauré depuis des siècles et des siècles, tous les convives se redressèrent, dans un raclement de chaises qui se fit entendre dans le couloir. Avec un frisson remontant le long de son dos, Elena s’avança alors, seule, Adamante restant en retrait.

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La capitale Zon'Da / Négociations de paix [Loki]
« le: vendredi 04 avril 2014, 17:45:28 »
« Et moi, Majesté, je maintiens qu’y aller est dangereux ! »

Par principe, Ronald « Scar » Langley était toujours opposé à toute forme de scénario susceptible de mettre l’intégrité de la dernière des Ivory en danger. Or, et Elena le comprenait, accepter que la Reine se rende dans un territoire où les bonnes intentions des autres n’étaient pas totalement assurées représentait clairement un danger. La Reine de Nexus en avait bien conscience, mais Elena avait aussi d’autres problèmes en tête. Plusieurs de ses conseillers avaient été, de base, hostiles à l’idée qu’elle se rende devant ce qu’on appelait désormais le « Royaume terranide », à défaut de savoir clairement comment l’appeler. C’était là, avançait-on, une question de militaires, un problème qui était secondaire. La Reine n’avait-elle donc que ça à faire, de se promener dans de petits royaumes isolés et sans réel intérêt sur l’échiquier politique ? Il fallait laisser ça aux généraux et aux diplomates. En agissant ainsi, la Reine irait même à l’encontre de ces derniers, en indiquant qu’ils étaient secondaires, et qu’elle seule comptait. On ne pouvait tout simplement pas, dans une société de droit respectant le principe de la séparation des pouvoirs, accepter qu’une souveraine daigne agir ainsi. On lui argua qu’il s’agissait de violations aux obligations protocolaires et diplomatiques, à la hiérarchie, et on invoqua également d’autres griefs... Autant de choses que les conseillers royaux et les nobles n’auraient jamais osé envisager prononcer à l’époque du Lion... Non pas que son père eût été un tyran, mais il y avait tout simplement, à cette époque, le respect de la Couronne, le respect de l’État, le sentiment que le Souverain avait vocation à s’intéresser à tous les problèmes de son peuple, et pas d’en délaisser une partie, sous prétexte qu’ils étaient trop insignifiants pour lui. Car, pour Elena, ce qui se passait à Zon’Da était tout, sauf anecdotique. C’était tout, sauf le signe qu’elle ne devait pas intervenir.

Il y a quelques semaines, Nexus avait envoyé un régiment près de Zon’Da, en réponse à l’envoi de troupes, par les Ashnardiens, pour appliquer la politique de la terre brûlée, et pulvériser le Royaume terranide sous son autorité. Infructueusement, les Ashnardiens avaient tenté d’obtenir l’aide des Sylvandins, et des précieux dragons dorés de Sylvandell, afin que leurs souffles mortels ravagent Zon’Da, mais Sylvandell avait indiqué ne pas être prêt à mener un autre assaut, devant panser ses plaies suite à l’insurrection de Mälrunn, et au siège de Kor-Tarath. Les troupes ashnardiennes au sol peinaient à attaquer Zon’Da, car le royaume était protégé par un corridor de montagnes, ce qui faisait que l’armée devait passer à travers des gorges et des canyons. En rajoutant à ça le froid extrême qu’il faisait, les premières incursions ashnardiennes avaient échoué, mais l’Empire ne manquait  pas de ressources, et voyait d’un très mauvais œil l’instauration d’une nation entièrement vouée à ce qui, aux yeux des Impériaux, apparaissait comme des esclaves. Les Ashnardiens étaient en train de cartographier la région, résistant aux embuscades des défenseurs, comme les clans miqo’tes installés dans la région, afin de s’étaler sur les terres gelées, face à Zon’Da, et pouvoir enfin assiéger l’épaisse ville.

C’est dans ce contexte que les troupes nexusiennes étaient arrivées, à l’autre bout de la zone de conflit.

Bien que Nexus soit en guerre contre Ashnard, les Nexusiens n’appréciaient également pas beaucoup l’indépendance d’un royaume entendant offrir un havre de paix aux Terranides, surtout quand il était dirigé par un individu qui avait la réputation d’être un terroriste et un agitateur public : Loki. Deux théories s’étaient affrontées :

  • Soutenir les Ashnardiens en ouvrant un second front pour raser Zon’Da, et, à partir de là, se partager les bénéfices ;
  • Soutenir Zon’Da contre les Ashnardiens.



En politique internationale, il fallait savoir faire abstraction des considérations morales, en se référant uniquement à cette simple notion : choisir le plus grand mal. C’est ce qu’Elena avait fait. Oui, Loki était effectivement un criminel, mais, à bien y réfléchir, l’information judiciaire ouverte à son encontre n’avait réuni aucune réelle preuve de sa « sauvagerie », et les allégations avancées par les enquêteurs pouvaient donc très bien apparaître comme des mensonges et des affabulations pour justifier d’en faire un ennemi public d’importance. Loki, cependant, avait une certaine image de marque auprès du peuple Terranide, auprès des couches populaires de Nexus. L’avoir comme allié serait aussi un bon moyen de temporiser les conflits sociaux en cours d’explosion dans ces parties du royaume. De plus, et ce n’était pas un argument négligeable, l’armée de Zon’Da était, pour ainsi dire, inexistante. Sans les rudes conditions météorologiques et environnementales, Ashnard aurait sans aucun doute pu prendre la ville. Loki devait donc vraisemblablement savoir qu’il ne pourrait pas tenir éternellement, surtout si les Ashnardiens arrivaient à encercler tout le corridor, et ainsi à couper l’approvisionnement en ressources du royaume naissant.

Pour toutes ces raisons, Elena avait décidé de rejoindre le front. Elle était accompagnée de Ronald Langley, ainsi que du Maréchal John S. Lambert, qui avait en charge la gestion du camp nexusien. Ses éclaireurs avaient d’ores et déjà croisé quelques Terranides dans la région, mais n’avaient pas déclenché les hostilités.

« Pour le moment, avait-il dit, conformément à vos instructions, Majesté, nous attendons. »

Elena réfléchit quelques jours, pesant le pour et le contre, et en référa à son éternelle amie, Adamante. Cette dernière lui suggéra d’envisager la diplomatie. Il y avait beaucoup plus à gagner en s’alliant avec Loki, plutôt qu’en rejoignant les Ashnardiens. C’était, tout simplement, un simple bilan « coût/avantages » qui devint décisif, et Elena choisit d’envoyer un courrier à Zon’Da.

Un messager le déposa près de Terranides locales, en indiquant qu’il était de la plus haute importance, et qu’il devait être confié à leur Roi « en personne ».

La teneur du message était la suivante, rédigée de la belle main d’Elena :

Citer
Roi de Zon’Da,

Je vous écris cette missive alors que votre jeune royaume, naissant, se retrouve face à un ennemi qui vous est supérieur en nombres, en années, et en expérience militaire. La plupart de mes conseillers m’enjoignent de prêter concours aux Ashnardiens, afin de renforcer nos chances d’éliminer ce qui, à leurs yeux, apparaît comme une hérésie. Ils m’enjoignent ainsi de voir en vous, non pas un jeune souverain, mais un terroriste, un provocateur politique. Je comprends l’argument de ces gens, mais ce n’est pas la solution que j’envisage.

Je suis la fille de Liam Ivory et de Nöly Ivory, deux dirigeants qui prônaient autant la nécessité du recours à la force légitime que celle de la diplomatie internationale. Deux dirigeants qui ont entendu lutter contre des pratiques sociales et commerciales qu’ils estimaient païennes, insupportables, et intolérables dans un État moderne. Je n’ai pas une opinion différente d’eux. Je crois en l’égalité dignité de tous les êtres vivants, je crois en la nécessité de la concertation, en la nécessité de l’union, en la force des mots et en la puissance du dialogue.

Vous exercez au sein de mon royaume des débats contradictoires, mais il est établi que les plus démunis de mes sujets voient en vous un exemple, un exemple d’intégrité et d’honnêteté, quelqu’un qui a su se soulever contre un régime qu’ils estiment illégitime. J’entends ces arguments, et je les vis. Chaque jour, l’affliction qui divise la terre de mes ancêtres est comme une épée plantée en mon âme. À votre manière, vous avez essayé de lutter contre des pratiques qui ne sont pas tolérables.

Vous exercez maintenant une certaine influence, une certaine importance. Un peuple s’est ligué autour de vous, et des personnes sont prêtes à mourir pour votre cause. Je vous demande le droit à une négociation entre vous et moi. Tant que mes troupes seront là, et qu’elles n’auront pas choisi leur camp, les Ashnardiens ne prendront pas le risque de vous attaquer, de peur de devoir se battre simultanément sur deux fronts. Vous avez le loisir de la réflexion, mais pas le luxe. La guerre contre vous et votre peuple n’est pas ce que je recherche.

Si vous entendez mes arguments, et si vous les partagez, je vous encourage à promouvoir la paix, et à prendre les diligences nécessaires pour que nous puissions nous rencontrer.


Elena Ivory,
Reine de Nexus

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Les bas fonds / [FINI] A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]
« le: vendredi 21 février 2014, 12:12:57 »
30 ans plus tôt
Jungle de Zerrikania


Il coupa la dernière branche, et releva la tête en le voyant. Le temple. Un sourire de joie étira ses lèvres, et il l’observa silencieusement, sans rien dire, pendant de longues secondes. C’était la contemplation d’une vie, la réussite de toute une expédition qui lui avait coûté des hommes, du temps, et beaucoup d’argent... Mais, face aux passions, l’argent n’était pas vraiment un problème. Le temple était là, devant lui, vestige d’une civilisation reculée. Dans son dos, les indigènes qui l’avaient accompagné jusqu’ici refusaient d’avancer, ce qui l’amusa. Ils vivaient à Zerrikania, l’une des jungles les plus dangereuses du monde, ils affrontaient continuellement des mouches qui pondaient des œufs dans leurs cerveaux, des araignées si géantes qu’elles vous avalaient la tête entière d’une morsure, des tigres féroces, des ours capables de résister à une pluie de flèches, et, pourtant, ils tremblaient comme des feuilles devant un temple abandonné.

« La superstition, se dit-il alors, voilà bien une chose étrange... Mais qu’importe. »

L’homme se retourna, et épongea son front, couvert de sueur, avant de quitter l’orée de la jungle, sortant des arbres. Le temple était en forme de pyramide, avec plusieurs escaliers qui se rejoignaient à son sommet, et il y avait, à sa base, plusieurs statues sinistres. Les Zerrikaniens lui avaient dit qu’ils l’amèneraient devant le temple, mais sûrement pas au-delà, leur guide répétant sans cesse le même mot : « ok’hba », « ok’hba »... Le mauvais œil. Pour lui, c’était tout, sauf un mauvais présage. Il attrapa sa gourde d’eau, et y trempa ses lèvres, puis commença à grimper les marches.



Période actuelle
Bas-fonds de Nexus


« Non, non... »

Le ciel était là, si près, avec les étoiles qui brillaient sur le manteau noir. Le malheureux s’acharna encore un peu sur la grille, mais cette dernière avait beau être rouillée, elle tenait bon. Ses lèvres desséchées tremblaient nerveusement, de même que ses doigts rachitiques, et la faim, terrifiante, le tenaillait. Il était en sueur, sa vision était floue, et il voyait des formes dans l’obscurité de l’égout. Il Les entendait, il savait qu’Ils étaient là, qu’Ils le pourchassaient, et que leur sort qu’Ils lui réservait n’était pas des plus préférables. Fuir, revoir les étoiles, en cesser avec les bruits, les machines, les jets de vapeur, et les aiguilles... Oh, en finir enfin avec les aiguilles ! C’était là tout ce qu’il demandait, mais la grille était fermée. Devant cette dernière, il y avait la sortie de la bouche, et il dut se replier, avançant lentement, à tâtons, dans l’obscurité sinistre, ses mains heurtant le rebord humide et trempé du mur, heurtant de la mousse. Il ne s’en rendait pas compte, et, tandis qu’il avançait, titubant à moitié, son corps faible et malingre heurtant le mur, il revoyait les séances... Attaché, retenu par les sangles, sous une lumière éblouissante, et il revoyait les seringues... Toutes ces seringues, tant de seringues, et la douleur, la douleur... Le sang, son sang, qui filait dans les tubes, et disparaissait, avant qu’il ne soit ramené dans sa cellule, faible, cadavérique...

Il avait réussi à s’échapper, il avait réussi à fuir les contremaîtres, mais les porcs, eux... Les porcs le retrouveraient, ils avaient leur flair, ils étaient les gardiens et les ouvriers. Tout en s’avançant, l’homme sentit alors le mur disparaître le long de ses doigts, et s’avança. Il secoua à nouveau la tête en entendant un scintillement, une intense vibration dans sa tête. Le trouble fut si fort qu’il se mit à hurler en tombant sur le sol, portant ses mains à ses tempes, hurlant silencieusement.

« Tais-toi ! Tais-toi ! Tais-toi ! Pas la sonnerie, pas la sonnerie, non, non, non, non, pas la sonnerie, pas la sonnerie... »

L’être n’avait pas conscience qu’il pleurait, et se releva alors, se mettant à courir, haletant comme un fou. Ses poumons lui faisaient mal, et il avait chaud, terriblement chaud, une chaleur insoutenable, qui le faisait crever. Il courut le long des marches, un étroit escalier carré qui lui semblait interminable. Était-il en train de quitter l’Enfer ? C’était clairement le cas. Il vit une porte, et la poussa sauvagement, tout en heurtant le marchepied derrière. L’homme s’affala lourdement sur le sol, s’ouvrant le genou, mais atterrit dans ce qui était indéniablement une ruelle. En se retournant, malgré sa vision floue, il vit des points brillants dans le firmament, et tendit lentement sa main, en essayant de les attraper.

« Les é... Les étoiles, les étoiles... »

Était-ce un rêve ? Non, cette sensation de froid sur le bout de ses doigts... Ces glissements sur son nez... Non, non, rien de cela n’était faux ! Tout était vrai, tout était authentique. Il était sorti. Sorti ! Sorti ! Sorti ! Il sentit son cœur s’emballer, mais ne put guère rester longtemps couché sur le dos. Les trous dans son corps lui faisaient mal, les empreintes des innombrables seringues qu’il avait reçu. Ilse retourna alors, et commença à marcher. Il ne fit pas attention à l’affiche grandement étalée sur le mur, à sa gauche, et qui montrait une rangée de porcs, avec l’inscription suivante :

« Abattoir Mandus
Du travail pour tous ceux qui en ont besoin !
»

Il s’avança vers une grille en fer forgée au fond de la ruelle pavée, et essaya de la pousser, mais elle se contenta de grincer. Dans son dos, de grands entrepôts avec des cours et des bureaux, la lumière de chandelles s’échappant de certaines fenêtres. Il regarda autour de lui, et entreprit alors d’escalader la grille de fer. Soulever son corps chétif n’était pas bien difficile, il était d’une anorexie affolante. De plus, ne portant sur lui aucun vêtement, on pouvait voir tous ses os, qui sortaient le long de sa peau. Quand ses jambes heurtèrent le sol, il était si faible qu’elles ne le soutinrent pas, et il s’écrasa sur le ventre, son menton heurtant le sol, laissant de nouvelles traces de sang sur les pavés. Quoi qu’il arrive, il réussirait à sortir de là.

L’homme entreprit de se relever, et entendit alors, très distinctement, un grognement.

« Groooonnkk… »

Il sursauta, et se retourna, mais ne voyait rien d’autre que sa tête qui lui tournait, ainsi que des bâtiments noirs. Il se mit alors à courir, pensant aller vite, alors que, en réalité, il trottinait laborieusement. Il essayait d’appeler à l’aide, mais il n’était plus capable d’aucune pensée rationnelle, haletant rapidement, alors qu’il entendait les bruits de pas se rapprocher. Sa respiration s’accélérait de plus en plus, ses poumons hurlaient, et une masse noire le saisit, l’envoyant s’étaler contre le mur. Son hurlement fut bref, et le peu de sang qu’il lui restait vint tâcher la tête d’une créature semblant issue de l’imagination tortueuse d’un malade mental. Le porc humanoïde s’essuya les lèvres en grognant.

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