2
« le: dimanche 13 octobre 2013, 20:59:29 »
31 décembre 2008, Seattle.
Brighid se passa la langue sur ses lèvres andrinoples. Son sourire avait quelque chose d'effrayant, de déplaisant. Mais personne ne la voyait, de toute manière. Qui aurait regardé par sa fenêtre en ce soir de nouvel an, mm ? Qui se serait demandé ce que faisait une grande jeune femme brune armée de poings américains en pleine rue ? Personne ne voulait voir ce qui se cachait dans la sombre nuit. On préférait se dire que tout était beau, que la vie était superbe, gaie, pleine de joie, et que personne ne voulait vous faire de mal. Non, personne ne vous veut de mal...Tant de bêtise. Ces humains étaient tous plus naïfs les uns que les autres, voilà ce qu'elle en pensait.
Elle passa un doigt sur une porte fermée, poussant avec un léger mouvement. Elle avait traversé la rue de ce quartier mal famé, pour se mettre devant cette porte qui l'intéressait. Pourquoi celle-là ? Pourquoi eux ? C'était sans doute ce qu'allaient se demander la famille, les parents en essayant de sauver leurs bambins, les bambins en pleurant. Tous se demanderaient pourquoi c'était tombé sur eux. Mais même Brighid n'en avait aucune idée. Cette porte lui plaisait. Elle ferma ses yeux. Elle caressait du bout des doigts le bois de la porte, ses mains gantées de mitaines noires virent s'arrêter sur la poignée en fer. Elle y posa toute sa paume, ses grands yeux se rouvrirent, jetèrent un regard provocateur à cette barrière de bois, cette infime petite protection qu'ils croyaient importante, qu'ils croyaient utile. Mais contre un tel danger, rien n'était utile. Pauvres agneaux immatures, pauvres adultes totalement bêtes. Petites choses naïves, petits corps inoffensifs. Le froid venait grignoter la peau de Brighid, posant des suçons glacés sur son cou, brulant ses pommettes nues. Elle ferma de nouveau ses yeux, et disparut du pas de la porte.
"-Paaaapaaaa ! Il est bientôt minuit !" La jolie petite fille blonde sauta dans les bras de son père qui avançait d'un pas lourd vers la famille attablée. La Maman souriait à ses deux autres enfants, un mignon petit garçon d'une dizaines d'années et sa petite soeur qui courait autour de la table. Le Papa gardait sa petite fille entre ses bras musclés. Il était aussi blond que sa progéniture. Il s'assit à table, et posa sa petite sur une autre chaise.
"-Alors, vos vœux pour cette nouvelle année, mes amours ?" Le petit garçon se leva un peu de sa chaise, un sourire étincelant sur son visage d'angelot. Le sapin de Noël était toujours en place, plus loin dans la pièce, rouge, or, ocre, argenté, les boules de différentes couleurs envoyant des éclats de lumières colorés, petits miroirs amoureux.
"-Moi, je ne vais plus prononcer de mensonge !
-'apa..!" La petite dernière riait en regardant sa famille heureuse. Elle jouait à essayer d'attraper son père, au bas de sa chaise, ses petits bras gras levait vers le Papa. Quelle famille heureuse. Le Papa la monta au dessus de sa tête avant de redescendre son nez face au sien, en jouant à câliner son nez contre le sien.
Il reposa la petite sur ses genoux, lançant un sourire ravie à sa petite épouse, une jeune femme d'une trentaine d'année, blonde, elle aussi. Elle mâchait en riant une part d'un gâteau. Son regard ocre vint se balader sur sa maisonnée et elle passa une main dans les cheveux de son fils assis à côté d'elle qui mâchouillait fièrement sa part de tarte-tatin.
"-Et puis je cuisinerai aussi bien que Papa !" Un éclat de rire parcouru la blonde assemblée
Brighid était rentrée dans la maison. Elle entendait résonner les paroles des différents membres de la maison, elles résonnaient entre les limbes de son cerveau se répercutant contre ses parois effritées par l'envie de tuer. Toujours tuer. Le sang qui coule le long des murs, les cris, les hurlements de douleur, les supplications, la pitié...Quel sentiment humain. Lamentable, ce sentiment.
Elle était entrée sans un bruit, sans un souffle, sans un mot, utilisant son pouvoir de téléportation pour pénétrer dans la maison joyeuse. Elle fit craquer son poing, remit en place son arme sur son coude, celle sur son poing, aussi. Elle aimait être présentable devant ses victimes. En ce soir de 21 Janvier, qui pourrait l'arrêter ? Qui serait assez bête pour venir dans une maison, déranger une honnête famille ? Une jolie famille en train de se faire éliminer, torturer, tuer, sans une once de pitié de la part de leur tortionnaire. Personne ne viendrait les aider. Personne ne vérifierait si tout va bien.
"-Papa ! Ze veux zouer avec vous..!" La petite tête blonde hurlait à s'en crever les poumons, pour jouer avec Papa, Maman et ses frères et soeurs. La partie de Monopoly était déjà bien avancée et la Maman la prit dans ses bras pour murmurer sa stratégie à sa cadette, d'un air amusé. Elle susurra quelques mots à l'oreille de sa petite, prenant un air de conspiratrice. Elles sourirent, la petite jetant les dès.
D'un coup Papa se retourna. Il jetait un regard hagard devant lui, se relevant. Le petit blond vint se cacher derrière sa maman, qui prirent leurs mains, les collant à son corps.
"-Bonsoir..."Brighid avait pénétré dans la lumière, ses longs cheveux noirs s'éparpillant sur son passage. Son sourire n'avait rien de méchant, il était déjà perverti par le bonheur de trucider cette jolie famille.
"-Que nous voulez vous ?" Papa ramena sa famille derrière lui, prêt à protéger sa descendance et la femme de sa vie. Il tira la petite dernière qui papillonnait joyeusement avec le dès du monopoly. Il la mit dans les bras de son épouse blonde, alors qu'il avançait vers l'intruse, sévère. Mais au vue des poings américains et de son regard hypnotique, il recula de nouveau, tremblant.
"-Que voulez-vous à ma famille..?" Sa voix était tellement faible, il était si près de lâcher prise.
Quels idiots. Des faibles, tellement faibles. Une famille à protéger, comme si c'était important ! Brighid sourit encore plus largement. Elle approcha et d'un coup dans le ventre de son poing américain, blessa le père de famille, qui ne s'y était pas attendu. Tant de violence dans un si beau p'tit bout de femme. Il se tint le ventre avec un grognement de douleur.
"-Laissez ma famille tranquille !" Il poussa son épouse vers les chambres, mais Brighid eut un mouvement de rage, de colère. Elle n'aimait pas qu'on ne l'écoute pas. Elle n'avait encore rien dit, qu'ils ne bougent plus.
"-Nous allons voir ce qu'on peut faire. Ne bougez pas, ma jolie mignonne..." Elle s'adressait à la jeune femme qui tenait ses trois bouts de choux entre ses bras. Elle restait immobile,comme ancrée dans un bloc de marbre, ses enfants collés à elle, sculptés dans le même bloc, taillé par le même ouvrir, dans la même pierre noble. Brighid approcha encore, en utilisant son pouvoir de téléportation pour être à coté de la mère. Elle caressa les épaules de la mère qui laissa échapper un cri quand elle lui donna un coup de poing américain dans la poitrine et retira un des gamins des bras de la mère. Elle sourit au bout de choux totalement effrayé, qui frissonnait sous les gestes peu doux de la demoiselle.
"-Très bien, mes amours...Cet enfant va se vider lentement de son sang, douloureusement, en hurlant comme un petit agneau qu'on égorge, si vous ne faites pas ce que je veux." Le père eut une grimace de colère. Son enfant ! Il approcha mais le petit couteau contre la cariatide de son enfant le ralentit dans son mouvement. Ils hochèrent la tête alors que le père venait prendre sa femme et ses deux autres enfants entre ses bras.
"-Monsieur...étranglez votre femme. Ou sinon, votre enfant va souffrir, pareil pour les deux autres bouts de choux avant que je ne fasse de même pour vous. Vous avez exactement..."Elle jeta un coup d'oeil à la grande pendule. "Cinq minutes."
Ils tremblaient. Mais les yeux de Brighid les obligeaient à ne pas faire de mouvements brusques. Obéissez, petits humains...
-Nous...nous ne pouvons pas faire ça...Je vous en supplie !" La voie de la mère montait dans les aigus d'une manière terrible. Son cri devait traverser les murs. brigid appuya le couteau contre la gorge du minot.
Une goutte andrinople perla doucement du cou pour couler contre la poitrine de l'enfant.
Brighid souriait.