Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sujets - SSiegfried

Pages: [1]
1
Dictature d'Ashnard / Ein reines Gewissen.
« le: dimanche 28 janvier 2018, 01:15:44 »
Aujourd'hui, nulle sensation froide d'un froid lit de neige, nul crissement de la blanche couette d'un sol d'hiver. Lorsque Siegfried ouvre les yeux, pesamment, il ne met qu'une seconde à comprendre que son éternel paternel l'a encore envoyé dans l'un de ses rêves trop matériels.

C'est l'odeur d'humus qui le saisit en premier lieu, bien avant qu'il n'ait découvert le monde. Vient ensuite le contact des feuilles humides sur sa joue, et entre ses lèvres. Quand n'apparaissent les iris, l'obscurité et la solide le rassurent. Une simple forêt, sombre, sans artifice, sans dangers alentours. Alors qu'il se meut pour la première fois, le contact de la terre imprégnée de pluie sur sa peau le secoue : Il est nu comme un ver, et sale, et cette réalisation le renforce dans son idée que le Père est un sadique sans nom, un enfant à l'imagination débordante qui ne cesse de trouver de nouvelles idées afin de génocider une pauvre fourmilière qui ne lui a pourtant rien demandé.

Il tente de se rappeler, difficilement, des dernières escapades de son esprit : Tantôt des collines de sables et un vent étouffant, tantôt une énième plaine neigeuse et sa brise mordante. La forêt est un paysage rare. Il se surprend à apprécier. Lorsqu'il se relève, constatant sa tenue d'Adam, c'est pour se rassurer de l'absence de vie alentour, car même s'il n'est pas connu pour sa pudeur, il n'a pas hâte de devoir expliquer sa présence ici, dans ce parfait dénuement.

-Oh !

Il se retient de sursauter. Respire calmement. Se retourne, sans se brusquer. En face, un soldat, d'une relative petite taille, une hachette à la main. Siegfried écarte les bras.

-Je ne suis pas une menace, dit-il.

Le fantassin ne semble pas le croire. Il fait quelques pas en sa direction, l'arme prête à être assénée au moindre geste.

-Qui es-tu ?
-Anton von Königsberg. Un pauvre hère perdu, dépouillé de ses oripeaux par un malfrat à la longue barbe.


Froncement de sourcils du soudard. Il trouve que l'homme a un langage trop soutenu pour ne pas être suspect. Alors qu'il allait le menacer, Siegfried trouve la distance entre eux assez réduite : Il se jette d'un bond sur son adversaire, lui attrape les poignets en le serrant contre lui, puis lui mord la joue, si fort qu'il lui arrache la moitié de la peau. Stratégique : Il aurait été inutile de tenter le coup de boule avec le fer qui ceint le crâne du soldat, et un éventuel coup de genou dans le ventre ou les parties aurait pu être plus préjudiciable pour le Prussien si l'ennemi était protégé. Aussi, lui dépecer le visage lui semblait être une meilleure idée. Et ça fonctionne : La douleur lui fait lâcher prise sur son arme, et le hurlement qu'il pousse sera vite interrompu par le coup de hache dans les cordes vocales – et le reste de la gorge, d'ailleurs – que Siegfried envoie après s'être vivement reculé.

Le corps s'écroule, secoué de spasmes, tentant stupidement de survivre alors que la moitié de son cou est sectionné du reste. Pas poulet pour un sou, le soudard crève en quelques secondes après s'être tortillé misérablement, sans un bruit plus fort que celui des feuilles qu'il froisse en piétinant nerveusement.

Lorsque son compagnon, alerté par le bruit, apparaît à portée de vue de Siegfried, le tableau est singulier : un homme aux cheveux noirs, nu, une hachette le long du corps, du sang coulant de sa bouche comme s'il en avait bu à même une artère, et son ami, gisant au sol, le cou ouvert. Au premier coup d'oeil, il prend peur, mais se ressaisit vite, et se jette sur l'Allemand afin de lui planter son épée dans le corps. Siegfried, craignant qu'ils ne soient plusieurs, pas spécialement rompus aux joutes chevaleresques et sachant qu'il ne dispose d'aucune protection si un coup ne viendrait altérer son corps parfait, décide de courir. Le sol ne le gêne aucunement : Hermès, il semble voler au-dessus des branches et des feuilles comme s'il courait sur un parquet parfaitement lisse, saute comme un cabri au-dessus des buissons, et ne compte pas les secondes, fixant les obstacles devant lui, sans jamais se retourner, jusqu'à... percuter violemment une silhouette.

Il est déséquilibré, emporté dans sa vitesse, titube en courant encore à moitié, pivote, s'écroule, roule sur lui-même. Sa chute est violente. Il met quelques secondes à retrouver ses esprits, mais une fois pleinement conscient, il se jette sur sa hache et se relève, la brandit, le plus sûr possible de lui, prêt à tuer froidement la personne qui venait d'interrompre sa course.

2
Les contrées du Chaos / Krieg ohne Hass
« le: dimanche 10 avril 2016, 23:46:09 »
Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

Ce putain de sable.

Il doit admettre qu'il n'en avait pas l'habitude. Lorsqu'il débarquait dans l'une de ses hallucinations oniriques où l'emmenait le Père de tous les Hommes, il lui arrivait d'ouvrir les yeux la gueule à terre, et invariablement, dans ces moments-là, sa joue baignait dans une neige tiède, poudreuse dont il ne sentait pas le froid. Il ouvrait lentement les yeux ; le blanc frappait ses pupilles, il devait parfois cracher la glace fondue au bord de ses lèvres. Insipide et douce, c'était une pure formalité de son réveil illusionnel, avant que ne commencent les tortures que son Seigneur lui imposait dans ses rêves.

Aujourd'hui, point de neige ; point d'étendue blanche, point d'arbres morts et de hautes plaines venteuses.

Aujourd'hui, ce putain de sable.

Il crache avec insistance afin de l'expulser de sa bouche, à quatre pattes dans le désert. Sa présence ici lui semble inédite. Prokhorovka est-elle donc devenue has-been aux yeux du Père ? Il semblerait. Terminé, l'Ukraine et la douleur de la défaite. Alors qu'il se dresse difficilement, son cerveau battant une mesure anarchique qui met à mal son équilibre, il sait qu'il est dans un paysage jamais visité auparavant.

Des dunes à pertes de vue. Elles tracent des milliers de vagues immobiles, rayonnances grège, ocre et alézane, et sur cette mer figée, il se sent volontiers comme le Christ, les deux pieds sur les flots sans couler. Qu'aurait fait le prédicateur largué au milieu de l'Atlantique ? Vers où prêcher la bonne parole ? Sans doute s'en serait-il référé à Dieu pour savoir où doivent le mener ses pas, et c'est précisément ce que fait Siegfried : Un regard direct vers le soleil, de longues secondes, avant que les larmes ne surgissent et qu'il soit contraint de mettre son bras devant son visage. Le bandeau du Sicherheitsdienst sur sa manche est la première chose qui le frappe quand il parvient à rouvrir les paupières. Il est donc en uniforme. Sa casquette, comme d'habitude dans la neige, est à terre. Il la ramasse pour l'enfiler.

Et le chemin est alors tracé. Autour de lui, les cadavres des Panzers forment une longue traînée, colonne divisionnelle sans doute frappée par un bombardement massif. Il manque les cratères formés par les bombes, mais son imagination n'est jamais exhaustive, et il ne relève qu'à peine ce genre d'incohérence. Il constate cependant en s'approchant d'un char que celui-ci est détruit depuis des jours, peut-être bien plus. La peinture, par endroit, a commencé à s'écailler. Il trouve au pied du véhicule, à l'ombre, un corps de soldat dans son uniforme safran frappé du sceau du palmier et de la croix gammée. L'aspect momifié du mort confirme ses craintes : Le bataillon a été écrasé il y a un bon bout de temps.

-Père ?

Pas un bruit. Au loin, point d'écho, mais un sifflement. Il reconnaît immédiatement l'air du Korps.

-33ème division, 33ème bataillon, 3ème régiment,. Commandant... Heraucourt ? Pourquoi eux ? Je n'ai aucun rapport avec eux. C'est le 3, c'est ça ? Ca a un rapport avec le 3 ? Pourquoi l'Afrika Korps ?... Bon, très bien...

Sans réponse, le SS décide alors de remonter la colonne de blindés en sens inverse, celle-ci semblant d'étendre sur des kilomètres.


Lorsqu'il se réveille dans le froid de l'Ukraine, il ne ressent pas la température. Son rêve décide d'en faire abstraction. Ici, point : La chaleur l'assaille, fait coller son uniforme à sa peau, ralentit ses mouvements, assèche sa gorge. Pourquoi ? Pourquoi, Père, être aussi cruel ? Tu sais que Siegfried déteste le chaud plus que tout. Il s'accommode très bien des frimas de l'hiver, il est fait pour explorer la Norvège et la Suède comme tu as pu le faire toi-même. Pourquoi lui infliger le soleil et la soif ? Affame-le plutôt !

Des heures qu'il suit le sifflement de l'Afrika Korps. Il n'en peut plus de cette putain de mélodie militaire. Il a tenté de la chanter pour se donner du courage, mais en a vite été tanné. Pourquoi continue-t-elle de se jouer, au loin ? Voilà des heures qu'il marche, et les carcasses de chars déchirées par les bombes sont derrière lui. Il aurait pleuré sur les milliers de cadavres de bons allemands morts tués par les rats du Commonwealth s'il avait un cœur. Heureusement, tout est derrière lui.

Et le soleil lui porte un dernier coup dans la nuque, et il s'écroule en ayant oublié qu'il était toujours dans une hallucination.

-De l'eau...

La première parole qui lui vient lorsqu'on le réveille. Deux paires d'yeux qui lui font de l'ombre. Le teint bistre, la lame au côté. Il ne comprend pas leur langue. Lorsque l'un saisit un poignard courbé à la ceinture, son sang ne fait qu'un tour : Il lui prend le bras et, la semelle dans le ventre, le fait basculer sur son copain, les deux s'écrasant lourdement au sol. Il veut dégainer son arme, toujours à la ceinture dans ses rêves, mais elle brillera aujourd'hui par son absence. Il jure en allemand et veut se jeter de nouveau sur le premier à tenter de se relever.

Et de nouveau, le noir complet.

3
Les alentours de la ville / L'Illusion de l'Idéal.
« le: lundi 01 février 2016, 02:51:30 »
Ces temps-ci, Siegfried avait de sales sautes d'humeur. Il attribuait ça à son médicament, qui semblait mal contrôler les merdes qui tournaient dans son organisme. Son sommeil était particulièrement mauvais (plus que d'habitude), ses muscles se montraient souvent aléatoirement douloureux. Il lui arrivait d'avoir des nausées impromptues, ou des maux de têtes violents.

Il faisait tout pour ne pas décharger la colère dans laquelle il baignait en permanence sur ses étudiants, mais ce n'était pas la tâche la plus facile du monde – surtout quand ils se montraient particulièrement exaspérants.

Aujourd'hui, la classe entière avait écopé d'une punition à cause de trois seulement qui n'avaient pas rendus le devoir de ce jour. Les lycéens ne comprennent pas ce genre de sanctions, qu'ils trouvent injustes – surtout quand le reste de la classe a remarquablement travaillé. Peu importe. Ca lui a fait du bien sur le coup. En sortant de la salle, en revanche, il a commencé à avoir des remords, et ceux-ci perdurent sur le chemin du retour. Dans le bus, son dos et ses bras le tiraillent. Il déteste ressasser ses échecs. Il voudrait ne pas avoir agi sur une impulsion stupide, mais le mal est fait. Comme à l'armée : Lorsqu'elle est individuelle, la sentence est bien souvent inutile, mais collective, elle fait craindre à chacun le regard des autres, et personne n'ose plus fauter consciemment sous peine de se voir attirer les foudres du groupe. Peut-être a-t-il bien fait. Il ne sait pas. Il voudrait penser à autre chose.

Il n'était pas rare qu'il croise ses voisins. Habitant au rez-de-chaussée d'une petite résidence de trois autres étages dans le quartier européen, lorsqu'il sortait ses clés pour entrer chez lui, ils passaient souvent derrière lui et le saluaient. Le dernier locataire au-dessus de lui, un vieil homme plutôt sympathique, a déménagé il y a quelques semaines. L'allemand pensait être tranquille un moment pour faire gueuler ses partenaires. Il a rapidement déchanté : Dans ce quartier plutôt huppé, très calme et convivial, les places partent vite dès lors que des candidats ont les moyens. Et l'arrivée d'une petite métisse a terni sa fantaisie, et a ravivé au contraire certaines humeurs. Elle était indéniablement mignonne et il imaginait sans peine en faire un trophée.

Pourtant, aujourd'hui, elle tenta de se faire discrète lorsqu'elle passa derrière lui pour rentrer chez elle. En cause : Les cheveux humides, le maillot de bain sous le t-shirt, une serviette autour du cou, elle rentrait probablement de la piscine non-loin et ne voulait pas que son voisin la voit ainsi, ce qui est compréhensible. Ce sera à lui de faire le premier pas. La petite, gênée, répond timidement à l'appel, rougissante, et s'éloigne en pressant le pas.

Putain de japonaises. Leur attitude l'énerve autant que ça l'excite.

Il commence toujours par se préparer un thé, et pendant que l'eau bout, enlève son costume et allume les chaînes d'information. C'est sa petite pause avant de corriger les devoirs, de préparer les cours du lendemain. Il ouvre son porte-document en cuir afin d'en extraire un magazine érotique confisqué à un élève. Un petit con de 14 ans qui regardait ça en cours avec ses amis, se massant le plus discrètement la nouille à l'intérieur du froc. Siegfried n'est pas du genre à humilier devant toute la classe : Il a attendu la fin du cours pour lui signaler qu'il l'avait vu, confisque ainsi l'objet délictueux et le laisse partir sans punition, permettant de le tenir sous sa coupe « pour une prochaine fois ». En feuilletant les pages, il se trouve plutôt déçu : Rien de porno, juste des images, la plupart fort excitantes, de jeunes japonaises dans diverses tenues et positions, avec beaucoup de parlottes autour. Un dossier sur les « nouvelles starlettes venues d'ailleurs » retient son attention. Il va tout de suite voir la première concernée, centre même de l'étude.

Une métisse.
Une métisse qu'il semble connaître.

Son esprit cruellement terre-à-terre refuse d'y voir sa voisine, ce qui serait une coïncidence beaucoup trop absurde pour être vraie. Mais sa mémoire est infaillible. Malgré les maux qui égratignent son écorce, il est toujours sûr de lui.

Il réfléchit. La petite modèle sur papier glacé semble vouée à exciter son lecteur. Les mots qui entourent sa plastique le conforte dans cette idée. Loin de l'image que sa connaissance donne. Il se croit en train d'halluciner. Il se demande si son esprit ne mélange pas tout, simplement.

Il frappe à la porte.

Il n'a rien trouvé de mieux pour en être sûr. En chemise, pantalon et chaussettes, il aura grimpé les escaliers pour aller au premier étage, toquer à l'appartement de sa cible.

-Du miel.

C'est la première chose qu'il dira quand elle ouvrira la porte. Ca change du sucre.

-J'ai un affreux mal de gorge et je me demandais si vous auriez du miel. Le St John's est en rupture depuis une semaine et je n'ai pas envie d'aller loin.

4
L'Art / Threesome Sauvage
« le: mercredi 04 mars 2015, 00:37:05 »
C'est l'histoire écrite par une personne anonyme, qui tient à recueillir des avis. Premier texte érotique. Toutes les critiques sont bienvenues : Ce n'est pas mon texte & la personne n'est pas sur ce forum, je ne ferais que transmettre ce que j'y lis (et ce que je voudrais bien lui dire), donc n'hésitez pas.

Les noms ont été changés pour être neutre, j'ai donc pris trois noms de la bible au pif.


   On était assez tranquillement posés dans le salon de Caïn. Seth était assis juste à coté de moi à table. Comme à notre habitude, nous nous chamaillions puérilement. Caïn nous regardait, de l'autre coté de la grande table en bois vernis. Il mangeait assez tranquillement son gâteau. Il nous scrutait du regard impassiblement.
   Comme toujours, lorsque nous nous battions avec Seth, vint un moment où ce petit salopard me prit la main, me tordit le poignet de toute sa force et me bloqua le bras dans le dos. Il n'avait guère apprécié ma dernière remarque quant à ses capacités d'endurance au lit. Il me fessa. Pas trop méchamment au début, puis recommença, bien plus fort. Je me mordit la lèvre inférieure. Ce salopard me faisait mal, mais j'avoue ne pas totalement détester cela.
   En tentant de me débattre de ma main libre, je happai alors son manche. Il commençait à bander. Le fait que je lui tienne la bite le stoppa net dans son élan pour ma troisième claque. Je serai le poing. Il cria en traitant de guenon malpropre. Il se dégagea de mon emprise, remonta largement mon bras dans mon dis, m'arrachant un cri de douleur et me plaqua de tout son poids sur le ventre contre la table.
   Mes seins se pressait contre le meuble à travers mes vêtements. J'avais mal jusque dans l'épaule, mais surtout, j'avais envie de sexe. J'avais une furieuse envie de baiser. Tout le bas de mon ventre irradiait de cette chaleur caractéristique du désir. Cela faisait une bonne semaine que je ne l'avais pas fait. Ce petit diable de Seth m'avait échauffé avec ses claques et ce que j'avais senti en serrant ma main n'avait pas l'air décevant du tout. Je sentais d'ailleurs sa demi-molle contre ma fesse à travers mon legging et son jean.
   Caïn s'arrêta de mâcher. Il avala lentement son morceau de gâteau et dit en me regardant droit dans les yeux « Baise-là ». Seth comme moi même furent choqué. Caïn était d'habitude d'une mesure sans égal à l'égard des actes de chair. Il se leva lentement. « Baise-là comme une grosse brute, moi je regarde ». Il partit vers son placard à chaussure, et revint avec une chaîne avec des maillons assez plats. « C'est un collier étrangleur pour chien ». Il fit une boucle avec la chaîne et me la passa autour du cou. Il tira sèchement sur le bout qu'il avait dans la main. Il me brisa ainsi la gorge, je ne pouvais plus respirer, ça me faisait incroyablement mal. Puis il relâcha la chaîne et partit se rasseoir sur sa chaise en face de moi, tout replié sur lui même en tailleur. Il ne me lâchait pas des yeux.
   Seth, qui avait certes hésité un moment, repris le cour de son action. De sa main libre il m'agrippa le seins droit, et me le malaxa avec force. Il se pencha encore plus sur moi et me mordit l’oreille. Caïn avait raison, j'avais envie que ce petit diable barbu me prenne comme une chienne, là contre cette table vernie. Et j'avais envie qu'il ne rate rien de la scène. Je me rendit compte alors que je creusais déjà les reins pour qu'il me saute comme une pute. Il arrêta de me tripoter les seins et passa sa main directement dans ma culotte. Il n'eut pas longtemps à chercher pour me planter le majeur dans la vulve et à commencer à jouer avec mon clitoris. Je laissai échapper une petit cri lascif, fixant Caïn avec des yeux de salope. Je lui en voulais presque de ne vouloir seulement me regarder me faire troncher par son ami. Après tout, peut-être que lui aussi n'était pas mal foutu.
    Après avoir joué avec mes lèvres et mon clitoris et fait quelques mouvement de va et vient avec son doigts, je commençais à mouiller. Il me lâcha donc le poignet, pris mon collant avec ses deux mains et me mis cul nu. Il se baissa, passa ses épaules sous mes cuisses et commença son cunnilingus. Sa barbe me piquait légèrement l'intérieur des cuisses. Pendant qu'il titillait ainsi de sa langue agile mon intimité, je commençais déjà à sentir de léger spasmes dans mon bas ventre. Pendant qu'il commençait déjà à faire monter mon plaisir, il me pétrissait généreusement les miches des deux mains en les humant ou les mordillant parfois.
   Alors que je commençais à jouir pour la première fois, il s'arrêta juste avant, pour me frustrer le plus possible. Le salopard se releva, me repris le poignet, et me plaqua encore plus fort contre la table. Mes seins étaient pressés dans mon soutien-gorge contre le meuble. Et je continuais de regarder droit dans les yeux notre hôte. Il me fessa alors les fesses nues à pleine-main. Le claquement fit sourire Caïn. Il fit le revers. Il frappait durement. Je sentais déjà ma peau chauffer et rougir. Je grognais à chaque fois qu'il faisait claquer mes fesses. Il pressa son bassin contre mes fesses et je sentit alors qu'il bandait comme un cerf. Il défit sa braguette de sa main libre, sortit son vit et le planta en moi. Il me prit en levrette contre cette table. Et alors qu'il me faisait sentir la violence de ses premiers coups de rein, il commença à dégrafer mon soutien-gorge. Puis il m'arracha mon t-shirt et mon sous-vêtement. Il se saisit alors de la chaîne et commença alors à m'étrangler doucement alors qu'il continuait de me travailler de plus en plus fort de ses coups de boutoirs. L'animal était clairement bien monté. Je commençais à suffoquer. Je sentais toutes les veines de mon visage se gonfler et mes traits se crisper, j’allai bientôt manquer d'air. Le métal contre la peau de mon cou était encore froid. Puis il relâcha son étreinte, m'agrippa les fesses de plus belles et m’éreinta toujours de plus en plus fort. Je suffoquais. Mais surtout je n'avais toujours pas quitté le regard de mon ami qui épiait de l'autre coté de la table.
   Ne pouvant plus me contenir je commençai à geindre de plaisir. C'était vraiment une bonne baise bien bestiale comme je les aime. N’appréciant pas trop le bruit, Seth pris la chaîne de nouveau et recommença à m'étrangler. Je continuait à pousser de petit cris à travers le métal qui me sciait le cou. Il me gifla la fesse gauche et ria bruyamment. Il commença à m'insulter. « T'as vraiment un gros cul de truie, je kiff trop ça. C'est énorme les vagues que ça fait quand je te gifle comme une petite pute ». Je tentai de me cabrer et de me débattre, mais le plaisir l'emporta. Il relâcha à nouveau la chaîne et je commençai à beugler. Putain ce que c'était bon. Mon ventre entier était parcouru de spasmes. Je sentais ma mouille couler à flots le long de mes cuisses. Et il continuait encore toujours plus fort de baiser. J'adorais ça.
   Alors que je commençais à reprendre mon souffle après mon orgasme, il repris la chaîne. C'était trop tôt, je n'allais pas tenir aussi longtemps que la dernière fois. Alors que je commençais à m'étouffer, à battre des poings, il me fessa de nouveau, le plus fort possible. Je criai de douleur malgré le manque d'air, puis il relâcha le chaînon. « C'est moi qui décide quand tu respires sale garce, déjà que je t'ai laissé jouir ». Et il continua inlassablement de battre la mesure avec ses reins contre mon cul. C'était une vrai machine, il était inépuisable. J'avais l'impression qu'il ne s’arrêterait jamais. Il accélérait, puis s'arrêtait, recommençait plus fort. Ces différents changements de rythmes n'étaient là que pour me donner encore et toujours plus de plaisir. Je n'avais quasiment plus de voie tellement j'avais crié, mais aussi en partie à la chaîne qui m'avait cassé le larynx.
   Caïn continuait de me regarder fixement avec ses petits yeux de chat. Il souriait légèrement mais surtout ne perdait aucune miette. Il regardait assez souvent mes seins écrasés par mon poids contre la table.
   Puis Seth commença à accélérer encore de nouveau. C'était le sprint final. Il allait tellement fort contre moi qu'il m'en faisait presque mal. Il commençait à grogner, à suer. Il avait lui aussi du mal à respirer. Puis d'un coup il me souleva complètement à la seule force des reins. Mes pieds ne touchaient plus le sol. Et il gueula lui aussi de plaisir avec un son guttural. Ses vocalises d'homme préhistorique que me faisaient frissonner de plaisir. Il m'avait complètement rempli la chatte de son sperme, je dégoulinais de partout. Cela faisait une bonne demi-heure que nous baisions. Je me sentais incroyablement bien. Mais j'étais encore excitée. Je voulais encore jouir. Et j'avais encore une bite prête à l'emploi sous la main …
   Caïn se leva alors calmement. Et pendant que Seth se vidait encore en moi bruyamment, m’agrippant sauvagement les fesses, il s'approcha. Il s'arrêta juste devant moi, son sexe à quelques centimètres de mon nez. Il défit alors son pantalon à son tour. Il bandait déjà sec et il était vraiment bien monté. Et alors que je soufflais encore assez lourdement, il enfila son engin de ma bouche avec force. Un peu surprise au départ j’eus un haut le cœur. Et il commença des mouvements de va et vient dans ma bouche. Il fit entrer totalement son vit dans ma gueule, m'empêchant encore plus de respirer que la chaîne. J'étais bloquée, je ne pouvais plus rien faire, j'étouffais déjà, mon cœur battait la chamade. Puis il sortit enfin son engin de ma bouche. Un long filet de bave me liait encore à son sexe. Bien que légèrement courbé, il était vraiment bien plus long que la moyenne. Alors que Seth se rassit lourdement dans sa chaise, cherchant encore à récupérer son souffle, Caïn me contourna. Il se mit derrière moi se pencha et me susurra à l'oreille : « Je me réserve la voie des rois ». Et alors, il commença à me caresser l'anus avec son gland. Sa main sur ma nuque il jouait avec les maillons de la chaîne pendant qu'il continuait à frotter sa bite entre mes fesses. Seth se releva. « Attend mec, je te la prépare, laisse-sucer en attendant ». Caïn céda donc sa place et Seth me ficha sa langue dans mon anus et commença à en parcourir le contour. Je criai.
   C'était la première fois qu'on me faisait un anulingus juste après une baise aussi sauvage. Et j'avoue que le plan à trois prouvait des avantages que la vie à deux. ne permettait pas. Caïn revint devant moi, et cette fois-ci je m’emparai de son dard avec ma main commençai moi aussi à jouer de ma langue. Je passai et repassai contre son gland rapidement, puis engloutissait le plus possible sa bite, histoire de la lubrifier un peu avant ce qui allait suivre. Je n'étais pas particulièrement fan de la sodomie, mais là j'avais vraiment envie qu'il me ruine le cul comme la dernière des catins.
   Alors que je gobais ses testicules en passant ma langue sur le fameux point prostatique entre le pénis et le rectum, il commença à me prendre le visage à deux mains : « Continue de me regarder dans les yeux, Eve, c'est important tout de même ». Pendant ce temps là, Seth continuait inlassablement de tourner sa langue dans mon cul. Il devait avoir au moins triplé de volume. Il commençait à y mettre deux doigts en même temps que ça langue. Il finit par s'arrêter. « C'est bon là je crois ».
   Caïn, commença donc à ramener ses mains dans mes cheveux, à les mettre en une queue-de-cheval. Il me contourna et sans sommation aucune, s'engouffra dans mon fondement, tout en continuant de me tenir les cheveux. Il avait vraiment une grosse queue. C'était presque douloureux. Il laissait assez facilement aller des soupirs de satisfaction. Et je commençai moi aussi à aimer cela.
   Seth, lui se mettre devant moi et me mettre des petites claques sur le visage. Mais je n'en avait que faire. Je me faisait limer le cul comme une grosse salope, et j'adorais cela. Il m’agrippait les cheveux de plus en plus fort, donnant une légère torsion de temps à autre pour me faire crier. Et je criais volontiers. J'étais en extase la plus totale. Il me limait le fion comme on ne me l'avait jamais fait. Je sentais qu'il allait de plus en loin, mon anus cédant à chaque coup de boutoir de plus en plus de terrain à son pénis.
   Je commençai moi aussi à me livrer à quelques vocalises incontrôlées, tapant du poing contre la table. Je ne savais pas si je souffrais de cette sodomie, quelque peu brutale, ou si je n'en jouissais pas encore plus fort. Mon troisième orgasme de la soirée fut très différents. Tous les muscles de mes jambes se contractaient et se décontractaient en rythme avec ses coups de rein contre mon cul, tandis que Seth continuait de me mettre de petites gifles, de me pincer le nez, de me mettre ses doigts dans ma bouches.
   Puis lorsque la fin venait pour mon deuxième amant aussi, il quitta mon anus, me contourna à nouveau et se planta devant. Il ne masturba d'une main, m'agrippait toujours les cheveux de l'autre. Et il eut sa jouissance sur mon visage, là aussi en criant, mais en me regardant encore et toujours droit dans les yeux.
   Je n'arrivais plus à bouger. Ces deux salopards m'avaient complètement ruiné l'arrière train. Du sperme dégoulinait encore de mon visage et de ma vulve et pourtant je resté là, vautrée contre cette table à rire comme une débile et à continuer de souffler.

5
Les alentours de la ville / Sturm und Drang
« le: dimanche 03 août 2014, 21:57:28 »
Citer
[Notice : Le mouvement Sturm und Drang, né au XVIIIème siècle, est la critique des romantiques allemands à la période des Lumières, appelées Aufklärung. Si les Lumières allemandes théorisaient la raison et le savoir comme fin de l'homme, le SuD avance plutôt une supériorité des passions, des sentiments et des instincts réfléchis sur tout le reste. Là où Nietzsche explique que l'homme supérieur est celui qui s'est débarrassé de ses passions, Goethe avance plutôt que l'homme supérieur est celui qui s'accomplit dans l'exaltation.

L'âme allemande en restera définitivement marquée : Jusqu'aux années 40, l'allemand sera cette créature rigide, éprise de poésie, de littérature et de philosophie, mais profondément réaliste et terre-à-terre malgré tout.]


La campagne de Russie évoque à bien des oreilles néophytes l'hiver mordant, tenace, glacial ; une dame cruelle qui abat son manteau de nacre en un claquement de doigt, au moment même où les allemands s'y attendaient le moins, pour geler les chenilles de leurs chars, enrayer leur logistique et briser leur moral.

Mais Siegfried suait. Il s'était astreint au bel uniforme, parce que du beau monde était censé passer, et même si toute l'unité sortait d'un combat, il ne pouvait pas se présenter dans le treillis d'officier tâché de boue et de sang utilisé la veille. Le soleil était à son zénith, et tapait sévèrement. L'air était humide et assez irrespirable.

Contemplation. Il n'avait que ça à faire, de toute façon. Sous ses pieds s'étendait une plaine dévastée. Au milieu de centaines de cadavres, humains et métalliques, des campements de fortune étaient dressés. Derrière lui, un peu plus d'une vingtaine de chars quasiment intacts étaient nettoyés et inspectés, respectivement par des punis et des sapeurs. Perché sur ce petit monticule, il avait pleine vue jusqu'aux renflements désordonnés des collines éloignés, derrière lesquels se terraient les rats soviétiques.

Des pas non-loin à sa droite, progressant vers lui, le font se retourner. Son aide de camp, son adjoint personnel, sa béquille de toute circonstances, administratives et militaires, approche. Salut vite-fait, comme il en a l'habitude, parce qu'il est pété à ras bord d'outrecuidance.

-Heil, mein Herr. L'adj...
-Donnez-moi la carte.


Le lieutenant plisse les yeux, puis sort le document de l'intérieur de sa vareuse, la tendant à son commandant. Celui-ci en déplie et replie les pans à plusieurs reprises, cherchant sur ce vaste bout de papier où il se trouvait. De nombreuses annotations brouillaient sa perception du terrain.

-... L'adjoint du général est en chemin. Il devrait atterrir là-bas.

Panntreffe lève l'index vers un plateau un peu en avant, à l'extrême-gauche de Siegfried. Celui-ci considère la chose, avant de faire une petite moue désapprobatrice.

-Pas de meilleur terrain ?
-La DCA soviétique est censée être à l'opposée, et la zone nord est encore tenue par la deuxième SS, c'est probablement l'endroit le plus sûr.


Siegfried vient enfin de trouver Belgorod sur la carte. Il lui suffit de remonter pour saisir le terrain où il se trouve. Ah, voilà : Prokhorovka. Il repère les collines, les chemins, puis remarque un double X tracé au crayon à papier.

-Ca, c'est quoi ?
-Euh ? Oh... Aucune idée. Probablement une... erreur. Peut-être le t...
-Peu importe. Cette carte doit être corrigée. On ne gagne pas avec des cartes fausses. Venez, on va traverser par-là.
-Mein Herr, je me dois de vous informer que j'ai laissé mes bottes de jardinage à la maison.


Siegfried, alors en train de descendre son monticule, s'arrête pour regarder les bottes de combat de Panntreffe maculées de terre séchée, puis redresse sa face vers lui, l'air incrédule.




-Vous devriez savoir quand vous arrêter de plaisanter.
-Désolé, Mein Herr, mais si on commence à établir une hiérarchie dans les moments où l'on peut rire et ceux où l'on ne peut pas, quand les temps les plus durs arrivent, on ne peut plus rire de rien... .


Siegfried essaie de garder une marche droite malgré le terrain relativement impraticable. La pluie est tombée en torrent pendant un court instant, avant de laisser place à un vent puissant qui dispersait des minuscules gouttes sur un champ de bataille déjà trop humide. L'alchimie ayant fait son œuvre, la terre était devenue boue, et les nombreux chars n'ont pas eu de mal à massacrer le sol par de profonds sillons défigurant le paysage. Ajouté à cela les bombes, les grenades et les piétinements de l'infanterie soutenant les chars, et voilà un beau terrain de merde pour y faire sa randonnée.

-Les hommes se plaignent de la défaite ?
-Non. De l'odeur, oui.


Parce que ça puait pas mal, en effet. La plaine, frappée par les rayons solaires en cette après-midi sévère, évacuait toute l'eau et le sang qu'elle avait épongé la veille, ainsi que le fer dispersé en paillettes et copeaux, déjà rouillés par l'atmosphère peu clément, semaillé comme on le ferait de l'avoine et de l'orge en début d'avril, sans oublier d'y passer les bœufs pour aérer la terre, ici remplacés par les allées et venues des chars de combat. Se dégage alors un air lourd, oxygéné par la mort et l'oxyde, par les restes encore fumants de véhicules de guerre, par le pourrissement des cadavres qu'on entasse en tumulus pendant que d'autres creusent les tombes.

-C'est une défaite selon vous, Mein Herr ?
-On verra.
-On verra quoi ?
-La suite donnée à cette opération.


Il faisait toujours chaud, et son uniforme le pesait. Il voudrait arracher la croix de fer qui ceint le col pour se libérer. Il n'a pas dormi, il fait de la fièvre, le soleil l'agresse toujours, l'odeur le dérange, il n'arrive pas à marcher droit, et moralement, bon, c'est pas tip top tendance.

Un avion les survole. Ses ordres viennent d'arriver. Il presse le pas, sans faire attention à ses hommes qui se lèvent sur son chemin pour le saluer.



-C'est pas possible !... Pourquoi !?
-C'est comme ça, Hauptsturmführer.
-... Attendez ! On a quatre divisions SS prêtes à servir, il suffirait d'une poussée au Nord pour prendre en étau la cinquième garde soviétique !
-Ce n'est pas à moi qu'il faut le dire.
-Dites-leur ! Au moins 200 chars sont encore en état de fonctionner !
-C'est une décision du Führer. Vous connaissez le proverbe, Führerworte haben Gesetzeskraft, et c'est le commandant suprême de notre armée, point. Vos réclamations sont à adresser au commandement, pas à moi, je ne suis qu'un messager.


Il remonte dans son avion, et décolle.

-Mein Herr ? Quelles sont les ordres ?
-On se replie sur la sixième ligne. On nous envoie en position de défense. Ils estiment que nos forces ne sont pas suffisantes pour porter une nouvelle attaque.




Chaque officier allemand s'est un moment dit que la guerre était perdue. Certains l'ont fait à Stalingrad, d'autres seulement à la bataille de Berlin.

Pour Siegfried, c'était à ce moment-là.




Comme un animal de Pavlov, Siegfried avait des automatismes mentaux tenaces. Ce n'était pas tant du conditionnement que des traumatismes remontant à la surface. Par exemple, lorsqu'il empruntait une petite ruelle tard le soir, il repensait à son suicide. La neige lui ramenait systématiquement le souvenir de la Russie, que ce soit un paysage rural ou urbain, sous ses yeux défilaient les chars, les soldats, les crevasses apparaissaient et les bâtiments tombaient en ruine. Le baron – et probablement aucun homme – n'était vraiment préparé à ce qu'il a vécu... d'où sa personnalité dérangée d'aujourd'hui, et ce depuis plus de soixante ans, réagissant selon des mécaniques presque irrémédiables, telle la machine de guerre que les instances du Reich voulaient qu'il soit.


Et cette période de chaleur était insoutenable. En période d'examen, il était astreint à un costume impeccable pour bien paraître devant les élèves, et le rythme intensif de correction des copies l'empêchait d'avoir un repos convenable. Il cumulait deux matières au lycée et trois à la fac... Une torture quotidienne. Mais le pire étant son col et sa cravate. Quand, de la main gauche (toujours!) il enfonçait l'index et le majeur entre le tissu raide et son cou pour dégager un peu de la chaleur (geste parfaitement inutile en pratique, notons-le), c'est la déception de Prokhorovka qui revenait dans sa tête. Alors il faisait un instant la gueule, se pinçait les lèvres, se rappelait des cadavres, des chars, de l'avion de l'Oberst, des quatre types qui sont morts coincés dans leur char pendant que leur moteur s'emballait, cuits pochés dans le métal, et de tous les autres qui ont succombé aux obus et aux balles, et peut-être deux - trois de maladies un peu sales à cause de l'eau stagnante. Alors il se disait qu'il fallait qu'il arrête de faire ce geste, râlait, et recommençait dix minutes plus tard.


Le professeur Takagi l'avait arrêté dans un couloir. Après quelques compliments sur un article posté récemment – article que Siegfried avouera avoir écrit il y a cinq ans, mais publié seulement au début de l'année – il lui demande s'il peut l'assister pour son oral de bioéthique.

-Bioéthique ?
-Vous n'avez pas écrit dessus ?
-Si... Il y a quelques temps maintenant. J'ai étudié le droit de la bioéthique avec le professeur Suu-Jin, de Seoul, à l'université d'Osaka, et quelques articles ont suivi... Mais j'ai peur d'être rouillé sur le sujet.
-J'ai besoin de gens sérieux et pédagogue pour mes étudiants. Ce sont des biologistes, ils ne vous connaissent pas, c'est parfait.



Il s'était donc plongé dans presque deux-cent pages sur la bioéthique. Il lui avait fallu deux jours pour raviver les souvenirs, apprendre quelques nouvelles notions, s'être approprié la doctrine du professeur. La semaine d'après, il était prêt.

… théoriquement. Parce qu'en pratique, ça allait être une autre paire de manches.

La chaleur, tout d'abord. L'attente, ensuite. Commencer à 13h (pas le choix avant) est une mauvaise idée, parce que le temps que tout le groupe passe, il était encore dans cette salle de classe à 21h. Ceux qui devaient partir pourraient repasser avec le professeur Takagi un autre jour. Siegfried, lui, ne pouvait pas se défiler.

Jambes engourdis, chaleur, sueur, regret d'avoir choisi de mettre un costume cravate, les deux doigts dans le col qui lui rappellent ses souvenirs, les élèves qui arrivent en ne sachant pas la moitié du cours, et une sensation de manque tenace dans les veines.

-... et c'est en quelques sortes l'argument le plus solide en défaveur de la procréation médicalement assistée.
-Hmm... Et la liberté individuelle ?
-L'éthique n'en est pas tellement une composante, si ? Enfin je veux dire... Le principe est d'abord de savoir ce qu'il est bon de faire ou pas, la volonté de l'individu vient après...
-Vous pensez vraiment ?
-Et bien... Enfin...
-Non, c'est bon, j'arrête de vous torturer. C'était très bien, ne vous en faites pas. Merci, Miss Wadamoto. Il reste quelqu'un ?
-Une dernière, oui.
-Oui, je vois ça sur ma liste... Dites-lui de patienter quelques instants dehors.
-Bien, monsieur. Au revoir, merci beaucoup.


Sourire de rigueur. La porte se referme. Il fait le calcul : Quinze minutes d'oral, cinq à dix minutes pour réorganiser ses affaires et sortir de la fac, quinze minutes pour rentrer chez lui à rythme normal. Il aura son injection dans quarante minutes. Non, il ne tiendra pas le coup. Il faut qu'il la fasse maintenant... et, le temps que ça agisse, autant la faire maintenant.

Il sort alors une petite boîte de métal de l'intérieur de sa veste, genre étui à cigarette, et en sort une minuscule seringue, qu'il cherchera à s'enfoncer dans le poignet, manche retroussée.

La porte s'ouvre.

-DEHORS ! Attendez !

Et se referme. Il soupire. Projette le liquide dans ses veines. Prend une grande inspiration. Il s'agit maintenant de maîtriser les milliers de pulsions qui vont le saisir dans les minutes à venir. Il serre et desserre son poing pour faire circuler le sang et éviter l'engourdissement, avant de tout ranger.

-Entrez !

Il regarde sur son téléphone les sujets qu'il n'a pas fait depuis un bail. C'est son dernier, se dit-il, il peut se faire plaisir... Et boum, l'un d'eux lui saute aux yeux.

-Miss... Walker, c'est ça ? Signez la feuille d'émargement. Votre sujet sera... « Les expérimentations sur humains non-volontaires ». Je vous laisse dix minutes.

Et hop démerde toi avec ça. Il s'appuie ensuite sur son dossier, met deux doigts dans son col, fait une grimace, puis se lève pour aller devant la fenêtre ouverte, et faire les cent pas autour d'elle, pour se dégourdir les jambes.

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Archives / Si les nazis avaient gagné...
« le: jeudi 22 mai 2014, 14:55:40 »
Heil.

L'idée m'est venu en écoutant ceci. C'est l'OST de Wolfenstein, qui reprend des classiques des années '60 notamment, à la sauce allemande.

' Es gibt ein Haus im neu-Berlin,
Man nennt es "Haus Abendrot" '

Reprise d'une chanson nommée House of the Rising Sun, par The Animals. Ce morceau a été porté en France par notre Johnny national, sous le titre "Le pénitencier". L'air vous est donc forcément familier.

D'où est venu un long délire... "Et si les nazis avaient gagné ?"

Si les nazis avaient gagné, il n'y aurait pas eu de révolution sexuelle. Pas de LGJ, donc. ... Ou alors on devrait faire approuver nos posts par le ministère de la culture & de la propagande.

On s'est dit d'ailleurs qu'il n'y aurait pas de podcasters tels qu'Usul, Karim Debbache ou JDG... Avant de se dire que, si, peut-être, mais alors ça ressemblerait à ça :


"Heil à tous, c'est Gunther von Bach pour un nouvel épisode de Kreuzed [prononcez "Kroytzt"], et aujourd'hui, on va encore parler de l'une de mes réalisateurs préférés : Leni Riefenstahl.
-Mein Gott, Gunther von Bach, tu veux dire qu'on va encore voir un bon film !?
-Richtig, mon bon ami !
-Mais quelle chance que notre industrie cinématographique soit si pleine de chefs-d'oeuvres !"


Oh putain c'est laid... Ca me fait rire mais qu'est ce que ce serait affreux :x
[Ce montage vous est offert par les adorateurs de Paint]
[Gloire à Paint]


Bref, du coup, je vous propose un post de joie, de bonne humeur, et de soulagement parce que les nazis ont perdu :3


Allez, go.


Si les nazis avaient gagné, l'enfant kinder serait blond aux yeux b...
... Non oubliez.
Si les nazis avaient gagné, Mireille Mathieu & Michel Sardou chanteraient le Deutschland über Alles.

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One Shot / Im Rot Und Schwarz
« le: mercredi 21 mai 2014, 22:29:17 »
1954.

L'Allemagne s'enlise dans une guerre interminable.

Après la mort du Reichskanzler Hitler en 1944, les processus de paix se sont accélérés. La diplomatie mourrante semblait revivre d'un nouveau souffle, et beaucoup pensaient que le nouveau chancelier Himmler et ses conseillers étaient prêts à une Allemagne qui serait de nouveau démilitarisée et dont plus personne n'aurait à craindre, revenue dans ses frontières originelles. Les américains ont contraint les russes à un statu quo dans la progression vers l'Allemagne. Les discutions de paix, ça prend du temps, d'autant plus que des attentats récurrents ralentissent gravement le processus d'apaisement.

Janvier 1945. Une série de missiles atomiques à très longue portée s'abat sur les Etats-Unis. Menacée par la puissance nucléaire, le Royaume-Uni est paralysé, n'ose pas reprendre les hostilités, se retranche sur son île, et en décembre 1946, les nouvelles armes allemandes mettent à terre la Couronne, qui s'incline devant le Reich.

Pour l'URSS, c'est une autre histoire. Si les bombes nucléaires ont bien été s'écraser dans la profonde Russie, il serait bien trop dangereux de tirer trop près du front, ce qui serait dommageable à l'Allemagne pour les décennies à venir. Il faut donc en venir à la guerre conventionnelle.

Mais les technologies allemandes les plus récents finissent vite aux mains des soviétiques, qui se mettent au niveau. Et en novembre 1953, le front n'a pas progressé depuis trois mois, ni d'un côté ni de l'autre.


Marienburg.

L'endroit était d'importance pour la SS, symboliquement surtout. L'ordre des chevaliers teutoniques, soldats d'élite en armure assistée représentant les commandos les plus efficaces du Reich, y était envoyé pour la tenir.



Cadre d'hiver, vent, neige, brouillard, obscurité. Il ne devait pas être plus de cinq heures de l'après-midi, et les hélicoptères volaient à plein régime vers la ville en ruine.

« Herr Kommandant. Le pilote dit que nous arrivons à Hogenberg dans deux minutes.
-Verstanden. »


Il faisait signe à ses hommes de finir de se préparer. Les soldats sur les bancs de l'hélico enfilent d'abord l'écouteur solide qui entourait l'oreille, puis le masque intégral sur le visage, et le casque ensuite. Le tout se clipsait, une sangle à l'arrière se serrait pour s'assurer que rien ne bougerait lors des combats. Ils mettaient ensuite leurs gants de cuir blindés sur le dessus, les fixaient d'une façon similaire, et vérifiaient que tout le reste de l'équipement était en place.

Siegfried se levait, assurait son équilibre en se tenant aux poignées fixées au plafond. Il passait devant chaque soldat, checkait l'armure, que les transmissions passaient, et ce genre de choses.


L'hélicoptère atterrit enfin. Chaque homme descend. Ils sont accueillis par un lieutenant SS qui, malgré le léger blizzard, se permet les manières militaires et fait un impeccable salut à Siegfried.

« -Heil, Herr Kommandant.
-Heil. Alors, dites-moi tout.
-Il reste moi et mes douze hommes.
-Douze ?
-Ja, Herr Kommandant. Marienburg est par-là, il faut emprunter cette route. Pfeildorf est au sud, la plupart de nos hommes y sont allés pour contrer l'armée rouge.
-Et vous ?
-On attend des éléments isolés. On a eu une attaque il y a trois jours.
-Sehr gut. On débarque notre matériel et on s'installe avec vous. »



Le lendemain, même heure.

Les hommes de Siegfried patrouillaient dans les rues d'Hogenberg, sous un froid glacial. Au centre du village, les hommes s'étaient massés autour d'un feu, dans une auberge à la façade défoncée et à l'unique étage rasé, le plafond tenant lieu de toit de fortune pour des hommes gelés qui ne supportaient plus la neige.


« -Heil, Hauptsturmführer.
-Heil.
-Tenez, un peu de café.
-Danke, schütze. »


L'homme en armure retirait la sangle pour déclipser le masque de métal qui couvrait son visage, et prenait la timbale brûlante que lui tendait le simple SS.

« -Pas trop froid ?
-Nein, nein. On a une combinaison sous l'armure. Et comme tout est relié ensemble, ça tient chaud.
-D'accord... Et euh...
-Ja ?
-Comment on devient chevalier ? Je veux dire, c'est dur ?


Un regard, au passage, sur l'affiche du film de propagande placardée au mur, représentant le héros : Le Ritter, "chevalier", qui protégeait une jolie aryenne contre les hordes communistes.


-Il n'y a pas de secret. Il faut faire ses preuves au combat. Les officiers de toutes les armées ont pour consigne de faire remonter les dossiers des meilleurs soldats, qui finissent sur le bureau du commandant. Après, il faut voir. Sachez cependant qu'on a tous la croix de chevalier de la croix de fer.
-Logique... Et, vous pensez qu'il est possible de glisser un mot au commandant, un de ces quatre ?
-Faites vos preuves devant lui. Je pense, que justement notre présence ici à vos côtés est un moyen de vous surpasser.
-Vous p... »


Bang. L'homme en armure fait un bond d'un mètre sur le côté et s'écrase lourdement dans la neige. Le soldat en face est paralysé de terreur un instant.

« -SCHARFSCHÜTZEEEEEEEEE !!
-Scharfschütze !? »


Sniper, en allemand. Branle-bas de combat. Tous se lèvent et empoignent leurs armes, courant vers l'endroit d'où venait le cri. Le soldat s'est réfugié contre un mur. Siegfried sprint jusqu'à lui, et s'assied contre le mur.

« -D'où venait le tir !?
-Là-bas, je crois.
-Il va regretter ce qu'il a fait. Gerhard, ça va ? »


Le capitaine en armure, allongé au sol, soulève de peu sa main. Sa voix est faible. Du café chaud tâche la neige. Du café perdu. Un gâchis incroyable pour les soldats.

« -Je vais bien, Herr Kommandant. J'ai... très mal à la tête.
-Tu saignes ?
-Nein, Herr Kommandant.
-Bouge pas. J'arrive. »


Il saisit le pistolet mitrailleur du soldat et tire une longue rafale dans la neige épaisse, qui projette dans l'air une épaisse brume d'un blanc pur, faisant écran de fumée entre le tireur embusqué et son subordonné. Il court ensuite au milieu de la rue pour le saisir par l'armure, dans le dos, et le traîner à l'abri. Il avise ensuite le médecin, qui l'examine : Il lui retire son casque, et constate qu'il n'a aucun blessure crânienne. Le lourd couvre-chef a stoppé net la balle.

« -Bon sang, c'est en quoi votre armure ?
-Deutsches Qualität. Ca coûte cher, c'est pas pour rien. Chevaliers, on part à l'assaut, allez ! »




13 minutes plus tard, un tireur soviétique était criblé de balles, et son corps était jeté par la fenêtre du troisième étage d'un manoir. Une simple formalité. Aucune perte allemande.

« -Espérons qu'il soit seul. »

Espérons.




Armée allemande : Selon les informations transmises par le sniper soviétique avant sa mort, il y a une douzaine de SS bénéficiant de quelques canons aux abords, des mitrailleuses installées aux fenêtres du centre de la ville. Hier sont arrivés en hélicoptère les commandos d'élite, 9 hommes lourdement armés, les « chevaliers » que la propagande prétend invincible. Ces chevaliers ont un impact sur le moral des soldats classiques.

Armée soviétique : Trois groupements d'une trentaine de fantassins. Ils sont accompagnés de trois ours du sixième commando « Otec Narodov ».

   

Les ours sont la réponse des soviétiques à l'ordre des chevaliers. Dans l'impossibilité matérielle et intellectuelle de développer un équivalent technologique aux allemands, le maréchal Biriuzov eut l'idée de développer un autre genre de soldats d'élite : Des hommes sans peur, drogués jusqu'à l'os, prototype même de la sauvagerie russe. Ces hommes ne ressentent pas le froid, ni la solitude. Ils peuvent passer des dizaines de jours dans la neige, parcourant les steppes, dormant dans des trous dans la terre, paquetage dans le dos. Ils sont furtifs, ne ressentent pas la douleur, et assassinent les soldats isolés, mutilant leurs corps pour donner une bonne leçon à ceux qui trouveront le cadavre. Ils n'utilisent que très rarement les armes à feu : Les deux lames constituant le prolongement de leur bras, comme une unique griffe géante, est leur arme principale.

Vous contrôlez la petite centaine de soviétiques, et tentez de mettre une branlée aux allemands.

http://nsa33.casimages.com/img/2014/05/21/140521100959255629.jpg

Triangle : Là où se trouvait le sniper.
Croix : Là où a été touché le chevalier. Il est déjà debout.
Rond : Là où sont établis les soldats allemands.
Flèches : Vos angles d'attaque.

MP si vous voulez participer :3

8
L'Art / Götterdämmerung
« le: dimanche 27 avril 2014, 00:22:31 »
Citer
Je n'écris pas pour la performance, juste pour le fun... Donc la qualité littéraire n'est pas exceptionnelle.

La biographie de Siegfried est un sujet qui me tient à cœur. Aux éléments inventés se mêlent la réalité, après quelques recherches, etc. Première partie, donc. Je verrais si j'enchaîne avec une deuxième.

Y a pas de cul. C'est pas prévu
.


Personnages :

Anton von Königsberg, qui deviendra Siegfried. Noble allemand, descendant de famille Prussienne. Futur SS.
Dieter von Königsberg, son père, chef de famille, baron et général de la Herr.
Helena von Königsberg, née von Schenck, sa mère.
Christian von Schenck, frère de la précédente, ancien capitaine de la Herr.
Hilde Kasner, la bonne.
Maria von Königsberg, née von Hartnung, future femme.
Paul von Hausser, baron, l'un des fondateurs de la SS.
Walter Schellenberg, SS, membre du RSHA/SD.


Abréviations & Lexique :

SD : Sicherheitsdienst, service de renseignement du Reich.
RSHA : Riechsicherhauptamt, organisme des services secrets allemands, auquel appartenait le SD ainsi que les Einsatzgruppen. Dirigé par Heydrich, un sale FDP.
SS : Les méchants nazis.
Waffen-SS : Branche armée des SS. Un SS n'est pas forcément un soldat, mais un Waffen-SS oui.
Nazi : Euh...
Wehrmacht : Armée allemande.
Herr : Armée de terre.
Luftwaffe : Armée de l'air.
Kriegsmarine : Armée de mer (si si).
Herr : "Monsieur", peut avoir l'équivalent de "Sir" en Angleterre pour souligner la noblitude.
Freiherr : Baron.
Freikorps : "Corps Franc", milices de citoyens qui menaient des combats au nom de l'Allemagne sans avoir le soutien de leur gouvernement. En fonction des périodes, ils étaient tantôt acceptés, tantôt criminalisés. La majeure partie d'entre eux a fini dans les rangs nazis.
Prinz-Albrecht-Strasse : "Rue du Prince Albrecht".
Quatsch ! : "Conneries !"
Nicht wahr ? : "Pas vrai ?"
& d'autres choses que j'ai zappé.





Le futur papa fumait, beaucoup. Sale habitude qu'il transmettra à son unique descendant. Il avait ses raisons - il était dans la nerveuse attente dudit héritier, et, un homme de camp à ses côtés, c'était bien la première fois depuis une année qu'il ne faisait plus attention au front.

On pouvait reprocher beaucoup de choses au baron Von Königsberg, mais pas celui d'être négligent avec sa famille. Il aimait profondément sa femme, comme nul autre n'aimait dans toute l'Allemagne. Ses colères récurrentes, son sens de l'honneur et de la décence qui occupaient constamment son esprit et façonnaient ses manières de noble comme les plus dérangeantes des obsessions, sa fidélité exacerbée au Kaiser et l'impression irritante que le socialisme et toutes les autres formes de progressisme plongeraient l'Allemagne dans une décadence fatale, tout cela en constituaient un personnage assez classique dans le paysage courtisan teuton.

Mais plus rien maintenant n'importait. À côté de son télégraphe, le général attendait des nouvelles.

Il n'avait pas de fils. À son âge, ça lui pesait beaucoup. Son nom valait quelque chose en Allemagne, et il refusait de mourir au front sans avoir transmis de quoi transmettre l'héritage de sa noblesse. Fils de Wilhelm von Königsberg, ministre du précédent Kaiser, petit-fils d'Anton von Königsberg, héros prussien de la guerre contre les français et compagnon de Bismarck dans la fondation de l'Empire Allemand, et il pourrait continuer ainsi et remonter jusqu'à Henri l'Oiseleur, mythique souverain de Bohème du XIIIème siècle. Et tout pourrait s'arrêter. Si il devait être fauché par un obus anglais, sans fils, sans frère, son nom s'éteindrait simplement, et son sang avec.

Ses réflexions sont interrompues par le cliquetis du télégraphe. L'opérateur de penche sur sa feuille et retranscrit en toutes lettres le message passant sur le canal de l'armée. Il ne peut réprimer un sourire avant même d'avoir fini, puis lève les yeux vers son commandant.

-C'est un garçon.

Le général exulte. Il a envie de sauter, de courir, de hurler. Sa dignité prussienne l'en empêche évidemment, et il se contente de poser une main sur l'épaule du soldat.

-Anton. Qu'on le nomme Anton.



Écrire la bio d'un perso qu'on aime, c'est un régal. Enfin, je trouve. C'est un peu l'aboutissement du travail du joueur. Une fiche perso c'est assez restrictif, et, pardon, mais je ne me gêne pas pour critiquer les trucs faits à la va-vite. Cinq lignes de caractère, 15 d'histoire. C'est un minimum minimal. Je ne peux pas me contenter de ça.
On voit des biographies de célébrités historiques qui arrivent à sortir en plusieurs volumes. Chaque année, des révélations apparaissent sur Napoléon, Jeanne d'Arc et Henri IV. Et encore, des mystères demeurent, sur lesquels on glose pas mal. Et si on savait la vérité, si on savait tout sur tout, de combien de centaines de pages se gonfleraient les récits ?
Et encore - il y a la limite du réel. La vérité se borne parfois à manquer de romanesque. Cette sale terre-à-terre, pire que moi, s'obstine à rendre certains actes, certaines morts, pire que vulgaires. Nous, nous pouvons nous permettre d'inventer, d'en rajouter à outrance, jusqu'à ce que la vulgarité change de sens, et que l'obscène vienne par l'abus quasi pornographique d'effets de manche, d'irréel et de clichés, plutôt que par le nu grossier offert par le vrai.
Et malgré tout cela, certains pensent que 15 lignes, c'est trop.
Mouai.





La récession. La remise en question de la noblesse. Le socialisme. La république. L'inflation. La défaite. Les tributs de guerre. Le bolchevisme russe. Les freikorps d'extrême-droite. Le parlementarisme. L'anti-militarisme. Et tous ces maux qui secouent la famille von Königsberg. Tout le monde s'en fout. Le petit Anton, plus jeune de sa fratrie, joue dans les neiges de Bavière avec ses deux plus grandes cousines, et un oncle - qui a pourtant presque son âge. Les aléas des générations.

Ses parents lui offrent ses premières vacances, et son premier hiver blanc. Comme un chat le ferait, il découvre la sensation des pas s'enfonçant dans la neige crissante - avec appréhension d'abord, puis avec un intérêt manifeste. Il y marche un peu, y plonge sa main, sous le regard attendri du baron, de la baronne, et du reste de la famille. Il constate l'étrange froideur de la chose, se questionnant sur la nature d'une si étrange substance. N'a-t-il jamais vu la neige, demande une tante ? Non, répond le père. Le jeune Anton est assez souvent malade. Faible constitution, paraît-il. Il passait ses hivers, souffrant, dans un lit, et ne sortait que très peu lorsque la pluie de coton tombait sur le fief paternel.
Une cousine s'avance, prend un peu de neige et lui met sur le nez. Le baronnet fronce les sourcils, se frotte les naseaux, puis éternue. Et tout le monde rit.



Deux livres achetés en plus. L'un sur Napoléon, l'autre sur Auschwitz.
À part ça, j'ai pas de thunes.

Mais merde, les livres quoi. Disons que ça me fera de la matière pour écrire...

Ahah. J'aime bien imaginer Siegfried en gosse, n'empêche. Petit garçon frêle, naïf et influençable.




-Danke, Hilde.

Le jeune Anton était l'un des seuls à dire merci à la bonne. Son père levait les yeux au ciel en l'entendant faire... Il baissait alors aussitôt la tête, pris de honte. Il recevait aussitôt le sourire complice de sa mère, qui elle-même démontrait sa gratitude envers les employés, et un coup de coude de son oncle, qui lui faisait signe de relever la tête.

-Tu es un Von Königsberg. Tu ne baisses pas la tête.

Lui n'en était pas un. Il n'était que le frère de la maîtresse de maison, et portait le noble nom de Von Schenck - bien moins réputé que celui de l'hôte du repas.

Anton remplit son assiette de la fumante potée de légumes apportée devant lui avec un certain appétit. L'austère pater familias lui reproche souvent de trop manger à table, et de manquer de retenue : Il se sait protégé en ce jour, car il est habituellement moins rabroué lorsque des invités sont présents.

-Au final, cette histoire aura servi de leçons aux rouges.
-Les rouges ne retiennent aucune leçon, Christian. Ils sont aussi bornés que des animaux sauvages.


Même en énonçant des reproches, la mère d'Anton était d'une douceur infinie. Elle restera à ses yeux comme un modèle de bonté.

-Fanatisés. Tout ce qu'on gagnera à être tendre avec eux, c'est qu'ils prolifèrent. Ils se posent en victime, ils deviennent plus violents, rallient le peuple avec leur mensonge, et on laisse faire ça. Heureusement que certains osent s'opposer à eux...

Le père ne disait rien depuis plusieurs minutes, tut dans un mutisme commun chez lui. Son beau-frère, plus loquace, en profitait pour le prendre à parti, amusé.

-Dieter ! As-tu décidé de fermer les yeux sur le sombre avenir de ton pays ?
-J'ai décidé de ne pas me mêler de la démocratie. Elle est l'ennemie affichée de nos rangs... Et l'ennemie déguisée du peuple.


Anton écoute attentivement, sans jamais s'exprimer, bien trop jeune pour avoir le droit au chapitre.

-Tu sais que ça ne marche pas comme ça. Les agitateurs communistes sont partout, ils cherchent à faire faiblir la République pour nous rendre esclaves de la Russie. Si tu ne bouges pas, tu es complice.
-Tu fais de la politique, Christian ?
-Je fais don de mon argent à ceux qui nous aident à lutter contre les rouges.


Les couverts du vieux général s'écroulent sur la porcelaine de son assiette, il fixe son parent par alliance avec stupeur. La maison des Von Königsberg est frappée d'un long moment de flottement, pendant lequel personne n'osera bouger. Même Anton, qui ne comprend pas bien la portée de la chose, ne fait pas un geste.

-Tu es de ceux qui financent les nationaux-socialistes ?

Christian sourit, et reprendra tranquillement son repas en haussant les épaules.

-J'en suis.

L'âgé essuie sa bouche avec sa serviette avant de la jeter au sol, sa femme soupirant, sachant que le débordement n'était pas loin.

-Dois-je te rappeler que le Kaiser lui-même a désavoué Herr Hitler ?
-Quel Kaiser ? Nous n'avons plus de Kaiser.
-Comment, quel Kaiser ? J'ai juré fidélité au Kaiser, pas à la République. Wilhelm est toujours en vie.
-Quatsch ! Moi, cher Dieter, je me suis contenté de servir la Nation. Et celle-ci est en péril, tu te souviens ? Tu préfères que l'Allemagne soit aux mains des rouges ? Avec des socialistes au pouvoir, la porte leur est grande ouverte ! 
-Je n'ai pas à faire de choix ! Ni les rouges ni Hitler ! Ce garçon est dangereux, tu m'entends ? Je préfère les modérés actuellement au pouvoir plutôt que ceux qui ont juré de nous égorger !
-Que lisais-tu quand tu étais petit, Dieter ?


Le Baron est pris de court. Ses yeux s'ouvrent grand, et il ne sait que répondre. Son interlocuteur reprend aussitôt :

-Avec ta femme, ma soeur, nous lisions les exploits de Bismarck. Il parlait de la grandeur de l'Allemagne, d'une Europe unifiée, rassemblée, d'une économie prospère, et de la peur que nous inspirions au monde entier avec une armée qui balaierai tous nos voisins. Qui nous parle de ça, hm ? Qui ? Qui mieux qu'Herr Hitler ?
-Il nous pendra. Comme les communistes, comme les français, comme les autres.
-Tu es trop pessimiste, Dieter.


Son ton péremptoire imposait la vérité. Tout le monde se taisait, à commencer par le jeune Anton, qui se renconcentrait sur son assiette, avant d'être interpellé par son oncle.

-Et toi, mon garçon ?
-Quoi donc, mon oncle ?
-Christian, n'embête pas mon fils.
-Taaatata ! Il est en âge de raisonner, je crois ? Je disais, et toi, mon garçon ? Comment vois-tu l'avenir ?


Pour une fois qu'on lui demandait son avis sur un sujet sérieux, il ne savait que dire.

-Je suppose... que l'avenir sera mieux. Qu'on aura de nouveau du travail et du pain dans notre pays. Et que nous serons de nouveau une grande nation.
-Nous n'avons jamais cessé d'être une grande nation, Anton. Simplement, certains l'oublient, comme tu viens de le faire. Alors, toi, tu es du genre optimiste ? Mais comment peux-tu être sûr de cet avenir ?
-J'ai l'impression... non, c'est bête.
-Non, nous t'écoutons, parle.
-J'ai cette image... d'une roue. Comme si les Empires étaient tous situés sur la roue d'une charrette. Parfois, nous sommes l'Empire au sommet, et quand la charrette avance, nous sommes en déclin, jusqu'à être en bas, et d'autres empires sont en haut à notre place.
-Comment t'es venu cette idée ?
-En lisant, mon oncle. Des livres d'histoire. Les histoires des empires ne sont qu'apogées, déclins et crises, avant une nouvelle apogée. Une roue.
-Et bien, tu as une intelligence qui me plaît. Mais dis-moi, selon toi, tous les empires nous sont un jour supérieurs ?
-Non, non, parce que certains n'arrivent pas à arrêter la charrette, leur chance leur passe dessus. Nous, allemands, sommes le seul à savoir comment stopper la marche des choses, pour rester le peuple au sommet.
-Bon garçon. Votre fils est malin. Je reconnais bien là cette vivacité propre aux Von Schenck
.

Dieter savait que c'était une pique dirigée à son encontre. Il reprenait.

-Et celle des Von Königsberg ?
-Oh, non, pas du tout. Vous êtes des stratèges, nicht wahr ? Votre truc, ce sont les plans, les organisations, les murailles, les rouages. Nous sommes des gens de bataille, nous comblons les trous que vous laissez dans vos rangs, et nous adaptons à l'alea du combat.
-C'est pour cela que tu n'es que Capitaine et que je suis Général.
-Je suis fier d'avoir servi en tant que Capitaine, Dieter.  Anton, mon grand, c'est une autre leçon que je te laisse : Sois fier de tout ce que tu fais. Même si la chose paraît dérisoire aux autres, il faut que tu saches apprécier ce qui te paraît, à toi, être un exploit. Regarde ton père : Il a bâti une maison, a épousé ma sœur, a mené des batailles, et a fait naître un fils remarquable. Et regarde moi : Sans famille, sans travail. Mais j'ai la chance de ne pas être un vieil aigri coincé dans le passé comme lui. Nous sommes tous différents. C'est l'agrégation de toutes ces différences qui forment une grande nation, unie et puissante. Finis tes haricots. On reparlera des nationaux-socialistes après.





Si ça peut tous vous rassurer, Siegfried a fini ses haricots.

Son oncle Christian est une figure d'admiration, il fait plus « officier fougueux » que le paternel. Sa figure sert d'inspiration à un Siegfried qui veut ressembler à son père tout en étant différent. Il tentera tout au long de sa carrière d'être le meilleur officier possible – sans le savoir, cela passera par être la synthèse entre le papa et le tonton.




-Baron ?

Le jeune homme, tout juste sorti de l'adolescence, lève les yeux de son formulaire. À l'arrivée de celui qui l'apostrophait, tous les uniformes dans la petite salle se dressent en un garde-à-vous bien orchestré.

-Paul Hausser, instructeur dans la Waffen-SS.
-Anton von Königsberg. Je suis honoré, Herr Hausser.
-Moi de même, baron, moi de même... Je connais bien votre père.
-Oh. Il ne sait pas que je suis ici, vous savez. Je ne demande pas de traitement de faveur.
-C'est honorable à vous mais... Enfin, soyons clair, baron : Devenir officier dans la SS demande deux ans de service dans le rang, en tant que simple soldat. Peut-être plus si vous n'êtes pas éligible à la charge d'officier d'ici-là.
-Vous êtes venus me dissuader d'appartenir à ce corps d'élite ?
-Je suis venu vous dire que, peut-être, vous devriez réfléchir à l'éventualité de tenter la Wehrmacht. L'armée de notre beau pays vous offre un plan de carrière tout tracé...
-C'est mon père qui vous a demandé de me dire cela ?
-Non. Vous l'avez dit vous-même : Il ne semble pas au courant. Je vous dis ce qu'il vous dirait s'il était là... Quoique j'imagine bien le vieux Dieter le faire avec plus de véhémence, si vous me permettez de m'exprimer ainsi.
-Écoutez, je viens dans la SS justement pour me faire un nom sans devoir subir l'influence de mon ascendant. Je viens cueillir ce que mes ancêtres ont dû prendre par leur sang... Vous comprendrez donc que je refuse de changer d'avis. Je veux entrer dans la SS.
-Bien. Peut-être puis-je néanmoins m'arranger pour vous éviter les deux ans de service dans le rang.
-Non, Herr Hausser. Je ferais le temps nécessaire sans traitement de faveur. Je ne veux rien devoir à personne.


Paul sait qu'il a affaire à un têtu. Un vrai prussien, d'ailleurs : malgré son jeune âge - 19 ans, lit-il aussitôt sur son dossier - il a la tenue noble des gens de son rang, le port altier dans son costume, ses cheveux courts sur le côté, coiffés raide en arrière, une douce arrogance dans le ton et un calme mépris dans le regard, tout pour signifier qu'il est un seigneur.

Au final, il décèle un sacré potentiel chez ce baronnet, hautain et fermé.

-Herr von Königsberg, savez-vous quel est l'intérêt des années obligatoires comme soldat pour tout officier ?
-Pour développer un esprit de corps. Pour que les officiers ne restent pas cruellement enfermés dans leur mentalité de capitaines et de généraux, détachés des réalités du terrain. Et pour que chaque soldat sache que leur officier est passé là où il est passé. Je me trompe ?
-Et qu'en pensez-vous ?
-Que je préfère avoir des subordonnés qui ont confiance en moi, et que ça me paraît être une bonne solution. Si ils m'ont vu suer et saigner avec eux, d'instinct, leur commander deviendra plus facile.


Hausser regardait le secrétaire militaire chargé d'enregistrer la candidature. Il acquiesce.

-Ravi de vous compter parmi nos rangs.




Oui, j'ai ce gros avantage sur le biographe : Je romance. J'invente des dialogues. Je me fais plaisir.
Cependant, je me demande si tout ça n'est pas inutile. D'autant que je ne connais pas vraiment le caractère de Hausser : Juste qu'il était noble, comme Siegfried. Mes recherches à son sujet n'ont pas mené à grand-chose quant à ce que je cherchais.
Je vais peut-être devoir me concentrer, à mon grand dam, sur des personnages dont le caractère est plus publiquement connu, pour plus de réalisme.
...Ou j'invente des persos... Hm.




Le hall de l'hôtel continental écrasait ses visiteurs d'une pompeuse lourdeur : Les lambris d'une terne dorure de disputaient avec le velours sombre sur les murs, les lumières tamisées donnaient un effet sombre mal convenu, et l'espace censément grandiose qui séparait les murs aux autres murs et le sol au plafond donnait l'impression aux visiteurs d'être perdus dans un grand rien ; ou un grand tout, peut-être, mais en tout cas, quelque chose auquel l'esprit commun ne peut s'accommoder, et ne considère qu'avec perplexité et gêne.

Anton laissait ses yeux vagabonder vers le gratin du Reich renaissant : À un diplomate hagard aux yeux de basset triste, Au corps massif engoncé dans un trois pièces presque trop serré, un jeune colonel (ou du moins, de loin, ses galons y ressemblait) de la Kriegsmarine, enjoué et jovial, tendait la main pour lui serrer énergiquement. Les deux hommes devisaient au milieu du hall, statiques dans un paysage en mouvement : Telles des pierres installées sur la ligne médiane d'un fleuve, tout autour d'eux se mouvait, l'employé et son chariot de valise, le couple bourgeois traînant une petite fille en robe princière, le soldat aux sourcils froncés qui tripotait avec nervosité une montre qui ne tiquait plus, tous coulaient autour d'eux, obstacles qui pourtant n'existaient pour personne. Pas même pour eux : Tandis que le colonel parle, l'air pédant et satisfait, parlant presque pour lui-même, le diplomate à l'oeil ailleurs, vers une jeune fille de bonne famille, puis ce qui semble être son fiancé, puis les parents du fiancé, s'échappe vers le lustre très fourni en ampoules, détaillant la verrerie qui y pend et tente sans succès d'en propager l'éclat, jusqu'à revenir cet son interlocuteur, se rendant compte qu'il n'a pas écouté la moitié de son discours. Peu importe : Sourire convenu, parole légère, l'illusion est sauve, et il l'emmène vers le bar de l'hôtel.

Anton, plongé dans sa contemplation sociologique, ne voit pas paraître à ses côtés le Untersturmführer Schellenberg, sommité au sein de l'appareil nazi. Tout étonné, il se lève brusquement, cafouillé un vague salut romain, avant de saisir la main qui lui était tendue. Walter, un sacré type... sur qui il ne savait rien. Siegfried n'était pas encore au courant des subtilités de la bureaucratie allemande, et beaucoup de noms qu'on disait célèbre lui échappaient totalement. Peu importe : Quand on lui a dit que Schellenberg voulait le rencontrer, il a dit oui sans même réfléchir.

Pendant une bonne demie heure, le rieur officier s'amuse à le questionner, l'interrogeant parfois sur des matières très privées. Le jeune baron n'est pas habitué à une telle intrusivité, qui plus est de la part d'un autre SS. Il répond cependant le plus honnêtement possible.

L'interlocuteur finit par se lever, abandonne quelques billets pour payer les consommations, et commence à s'éloigner.

-Attendez, je ne sais toujours pas pourquoi je suis venu, ni pourquoi je vous réponds.

Moqueur, Schellenberg lui tend une carte en riant.

-Rendez-vous à cette adresse dans une semaine. Vous avez été recommandé pour entrer dans les services secrets de votre pays, et je ne vois jusque là aucun obstacle à cela. À moins que vous ne soyez une pédale ou que vous ayez du sang juif, présentez-vous ici et demandez votre nouvelle affectation. Nos locaux sont petits, vous devrez partager votre bureau avec une dizaine d'autres personnes.



OK, c'est court, j'aurais pu faire beaucoup plus, mais j'avais deux solutions : Soit me taper une bio de Schellenberg, voire simplement mater ses interrogatoires à Nuremberg pour me renseigner sur le caractère du personnage, soit me contenter d'un passage sans trop de détails pour éviter de déborder.

Sachez simplement que c'était l'un des meilleurs agents secrets de sa génération, qu'il a balancé tous ses potes à Nuremberg, et qu'il s'est tapé Coco Chanel.




Trois hommes sortent d'un large bâtiment art nouveau, sur la Prinz-Albrecht-Strasse, au beau milieu de la nuit. Un calme étonnant dans la petite rue paisible, à la veille de la guerre. Trois uniformes noirs, ceux de la SS, dont l'officier, très détendu, plaisante avec ses subordonnées en leur offrant une cigarette à chacun, avant de s'en allumer une à son tour. Ils plaisantent et rient à quelques mètres du perron.

La porte s'ouvre de nouveau. Ils s'attendent à être réprimandés pour le bruit à une heure si tardive, mais ce n'est qu'un soldat qui en sort, rigide dans sa tenue sombre comme la nuit. Le gradé l'appelle aussi, le nommant sur le ton de la moquerie "baron", avant de l'inviter à sortir avec lui. Anton décline poliment, prétextant la nécessité d'aller se coucher au vu de l'horaire bien avancée déjà pour pouvoir accomplir quelques prétendues tâches importantes le lendemain. L'officier insiste, à plusieurs reprises, les hommes de rang font de même, et, finalement, le noble se voit contraint d'accepter. Bien qu'il soit du genre borné, il ne peut éternellement refuser les avances d'un officier.

Sauf que cette invitation était un traquenard - du moins, ça y ressemblait pour lui. Un bordel. Un bordel de Berlin. "C'est la SS qui paie !" lui lance gaiement son supérieur. Raison de plus pour ne pas consommer, dirait Anton. Il doit maintenant trouver un nouveau panel d'excuses - mon honneur de baron me l'interdit, je suis bientôt marié, je refuse de prendre du plaisir sur le compte du Reich. Mais rien n'y fait. Il manque de conviction. Le raide prussien peine à faire plier son supérieur, et ceux qui le connaissent en général ne le reconnaîtrai pas : Il balbutie, paraît gêné, hésitant. Loin de l'image de roc qu'on lui attribue.

Arrive alors celle qu'on lui a désigné. Une perle. La meilleure, paraît-il - mais il n'est pas dupe, et pense bien que la patronne dit ça de toutes. Il faut bien valoriser sa marchandise.
Lorsqu'elle apparaît, écartant le rideau de la petite salle d'attente où ils s'étaient assis, il est subjugué par sa beauté. À cette époque, Anton se pâmait devant les demoiselles, et perdait ses armes face aux plus jolies. Il ne sait pas encore que Siegfried fera tomber toutes les têtes, et que ce sera à elles de baver. Une revanche sur la vie, donc.

L'araignée l'attrape, la mène a lui. Présentation. Accent français. Il se souvient soudain que le nom de l'établissement est en français... Ce qui signifierait donc que les putes le sont aussi ? Pourquoi pas. De quoi éprouver sa connaissance des langues. Son enseignement l'a rendu trilingue. Il enchaîne dans la langue de Corneille, avec un sourire qui se veut assuré.

L'instant d'après, il sera dans une chambre, à déblatérer de nouveau des excuses dans l'optique de s'en sortir. Mais il est pris dans la toile, elle ne le laissera pas s'en aller. Peut-être a-t-elle l'habitude de ce genre de client, pour qui c'est la première fois qu'ils ont recours à ce genre de service, qu'ils sont encore trop hésitants. Et c'est sa charge à elle de devoir le faire plier.

Ultime argument. Je suis vierge. Aussi, c'est à elle de s'étonner. Un SS, un noble, pas mal fichu, apparemment passé sa vingtaine, qui n'a jamais rien fait ? Non. Que dalle. Et il se sent con comme pas possible. Il veut se tirer de là. Les bases théoriques qu'il possède ne sont pas suffisantes. Il voudrait être ailleurs, loin. Au combat, pourquoi pas, c'est plus simple de se battre que de faire... ça.

Mais elle achève de le convaincre. Les jupons ont raison de sa raison. Dans la foulée, il prend une décision : Quitte à être le meilleur en tout, il sera aussi le meilleur dans ce domaine.



Plus j'écris, moins je vois le bout. Chaque nouveau paragraphe me donne de nouvelles idées. Des trucs que je voudrais intercaler entre d'autres précédents paragraphes.

J'ai déjà une dizaine de bouts de texte listés dans un gros brouillon. Je vais devoir en supprimer... Ou abandonner tout de suite la rédaction. Y a trop de taf. J'pense pas avoir les épaules pour ça.




-Na ja. Mon sang est aryen.
-Le mien de même.
-Hm hm. Y en a ici qui n'ont pas cette chance.


Anton arrête de cirer ses bottes. Assis sur son lit, il lève les yeux vers le groupe de soldat, à trois mètres de lui, qui discutent paisiblement. Tous le regardent.

-T'insinues quoi, Karl ?
-J'insinue rien. T'as les cheveux noirs, et tes parents habitent tout proche de la Pologne... T'aurais pas du sang slave par hasard ?


Il jette ses bottes et se dresse, saisissant une dague pour s'approcher de l'accusateur.

-Wo, calme-toi !

Ledit Karl est saisi par le col, jeté contre le mur, et le fil de la lame appuie brusquement sur sa gorge.

-Redis ça.
-Attends, attends, Kö...
-Ose redire que mon sang n'est pas pur.
-Calme, Anton !
-Alors dis que mon sang est pur.
-Ton sang est pur, Anton, lâche-moi putain !
-Mon sang est purement allemand.
-Ton sang est purement allemand, pur comme de l'eau claire, arrête !
-Sicher, sicher...


Il attendra quelques secondes, avant de le relâcher pour retourner, calmement, cirer ses bottes.

-Que personne ici ne doute de mon ascendance allemande.




Presque un an de différence entre la rédaction de la présente note et la toute première phrase du récit, celle de la naissance de Siegfried pendant que son père est au front.

Ah, oui, on ne comprend pas forcément, mais le papa est en campagne, dans un camp couvert à l'arrière des tranchées. En relisant, je me suis dit que c'était flou, avant de comprendre que je l'avais fait exprès : Je ne sais toujours pas en quelle année Siegfried est né, donc je n'ai aucune idée quant à savoir si il est né pendant la première guerre mondiale ou après. Les potentiels obus sont peut-être en train de tomber mais ça ne peut être qu'une prévision de sa part. Quoique... le fait qu'il éventualise l'Angleterre plutôt que la France signifie qu'ils sont en guerre effectivement. Mouai. Je modifierai ça à l'occasion.

J'ai tendance à faire mes personnages de plus en plus vieux... Il est même possible qu'il soit né avant la guerre, donc.

Voyez comme je suis organisé. Les prénoms changent tout le temps, les lieux aussi. Wao. Professionnel.




D'accord, elle était jolie, c'était incontestable. Une petite blonde dans une robe blanche, innocente, au visage en amande, aux lèvres fines et aux beaux yeux bleus. Aryenne, à ne pas en douter.

Un grand repas de famille chez les von Königsberg. Les extensions de table avaient été déployées, on attendait une cinquantaine de convives. Tous des nobles : D'une part, la famille d'Anton, les von Königsberg évidemment, les von Schenck, von Ziegler et von Sibel ; D'autre part, la famille de l'heureuse élue, les von Lagerei, les Sack et les von Hartnung.

Car il était décidé qu'il devait se marier. Maria von Hartnung était considérée comme un parti tout à fait acceptable : 17 ans, certifiée vierge, famille riche, proche du pouvoir sans trop l'être, ascendance militaire, et belle. Le mariage avait été acté sans demander l'accord des deux partenaires ; tout juste en avaient-ils été informés deux semaines avant.

En guise de défi, et puisque tous les officiers étaient venus dans leurs beaux uniformes de la Wehrmacht, lui-même était venu paré de son costume noir de SS. Engueulade entre les père et le fils dans une chambre, sous les soupirs appuyés de la mère. Finalement, ils étaient descendus à la réception sans se parler.

Il était assis face à elle. Elle ne cessait de le regarder. Il était nerveux. Il voyait bien qu'elle tentait de lui envoyer des signes de sympathie, pour établir un contact, mais il n'arrivait pas à se détendre. Ils parlaient peu tous les deux. Entre deux plats, il se levait pour aller fumer une clope, entraînant du regard l'un de ses compagnons du SD. Alors qu'il filait vers la sortie, la mère de sa fiancée l'interceptait.

-Jeune homme... je vous sens... perplexe. Ma fille ne vous plaît pas ?
-Si, si, Frau von Hartnung. Excusez-moi, je dois prendre l'air.



-Anton, fais un effort.
-Tu ne comprends pas. J'ai pas envie. Donnerwetter...


Le SS sourit.

-Quoi ?
-Tes jurons. Ils me font penser à mon père.


Dans la nuit de l'automne, un mouvement. Une dame blanche. Ce n'est pas une servante, c'est sa promise. Le SS écrase sa cigarette au sol, tape sur l'épaule d'Anton, et retourne dans le manoir.

Moment gênant. Bientôt mariés, et c'est la première fois qu'ils se parlent. La jeune femme s'approche, s'incline, murmure un « Mein Herr » en guise de salutations. Siegfried tire sur son bâton de tabac, et souffle la fumée en l'air. La blonde baisse la tête.

-Je... je ne vous plaît pas ?
-Si, si.
-Alors... pourquoi avez-vous l'air si... embêté ?
-Himmel... Je ne vous ai pas choisi. Pardon, mais ça me gêne.
-Je suis désolée, Mein Herr.
-Ne m'appelez pas ainsi.
-Comment, alors ?
-Peu m'importe. Pas comme ça. Anton suffira.
-Bien, Anton.


Long silence.

-Désolé, je fume beaucoup depuis quelques temps. Ca aide à la détente.
-Ca ne me dérange pas.


Il hausse un sourcil.

-Vous commencez déjà à me mentir.
-Pardonnez-moi. Je veux dire... Enfin, vous faites ce que vous voulez.
-Non, écoutez. Si quelque chose vous dérange chez moi, dites-le. Autant que ce soit clair. Vous ne me ferez pas quitter la SS, mais si vous voulez que je ne fume pas en votre présence, vous pouvez vous permettre.
-Bien.


Une légère bise les entoure. Elle frissonne.

-J'ai froid, Anton.
-Je n'ai pas envie de retourner à l'intérieur.
-Moi non plus.


Il écrase à son tour sa cigarette, puis défait sa veste pour la poser sur les épaules de sa compagne. Il ne sait pas que ce geste était déjà cliché, et le sera encore plus bien plus tard.

-La lune nous éclaire assez... Voudriez-vous que je vous fasse faire le tour du parc ?
-Avec plaisir.


Il lui tendait le bras, qu'elle saisissait avec plaisir. Elle découvrait enfin le contact avec son promis, bien que ce soit à travers le tissu de sa chemise. Une chaleur bienvenue. De la même façon, le baron se surprenait à sourire en la sentant s'appuyer contre lui.

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Complexe d'études secondaires et supérieures / Schönheit der Arbeit.
« le: samedi 23 novembre 2013, 13:33:28 »
Maniaque.

C'était l'un des mots qui définissaient le mieux Siegfried. Un extrémiste de l'ordre et de la propreté. Il fallait que tout soit récuré, droit, rangé. Rien ne traînait jamais avec lui, pas une assiette sale, pas un stylo sans trousse, pas même un poil de barbe qui, ô malheur, dépasserait de la longueur requise, quand il se décide à garder un bouc. Quand il rase, on peut imaginer que rien ne reste : Tel l'esprit d'une bimbo, sa peau reste lisse ; ainsi ses vêtements, ainsi ses gestes, maîtrisés et précis.

Une fois n'est pas coutume, on va mettre ça sur le compte de son éducation prussienne. Le rigide paternel, Wilhelmiste et Bismarckien, avait de cette rigidité qui faisait toute la légende des héritiers du chevaleresque ordre teutonique. Comme son père, et le père de son père, et ainsi de suite jusqu'à Henri l'Oiseleur. Pas pour rien que sa famille dirigeait Königsberg, "la montagne royale", la forteresse contre les envahisseurs. Il fallait du militaire, du pur dans l'âme. Ça devait être à moitié dans le sang, le reste étant inculqué à coups de trique.

Aussi, lorsqu'il aperçoit un fil qui dépasse sur la manche de son costume, sa vie s'en trouve bouleversée. Pendant le quart d'heure restant de son cours d'histoire, le détail est devenu obsession - comme souvent avec lui - et il ne cessait de jeter un coup d'oeil menaçant sur lui... comme si le centimètre de lin en viendrait à disparaître, par peur, pouf. Mais non, il était toujours là. Infernal, accusateur. Alors qu'il annonce la fin du cours, son regard croise celui d'une lycéenne qui se lève. Et ça apparaît à son esprit : il était maintenant persuadé que ce fil était la conséquence d'un coup d'ongle malheureux pendant un acte copulatoire.

Ai-je précisé que, ces derniers temps, ses coups de sang devenaient fréquents ?

Il l'interpelle discrètement. Elle attend alors que tous soient sortis. Sans doute appréhende-t-elle, avec un peu de désir, que le beau professeur s'amuse un peu avec elle de nouveau. Il est tard, les gens rentrent chez eux, il n'y a pas de cours après. Pourtant, il ne va pas fermer la porte, comme il est de coutume avec lui. Non. Juste quelques secondes que le couloir, devant, se vide un peu. Il la regarde fixement... et lui en colle une. Chtac. On imagine bien la puissance qu'il y met, vu qu'elle fera quelques pas en arrière, secouée, abasourdie. Elle se tient la joue et des larmes apprêtent ses jolis iris. Pauvre petite. Il lui montre la manche, l'accuse. Elle ne saurait nier, elle ne sait plus, peut-être, ou pas, et quelle importance, de toute façon elle a mal, elle le hait, elle a envie de riposter, de courir, mais ce serait vain, son emprise est grande, il la toise, elle pleure, veut gémir, hurler, inutile, il la prend par le poignet, la tire vers lui, enchaîne en saisissant son cou, non, mon souffle, pas mon souffle, pas ma vie, tout mais pas ça, elle agrippe son bras, tente de lui faire lâcher du lest... ce qu'il fera après quelques secondes, tout en la tenant toujours.

La prochaine fois, tu feras attention à mes affaires. Je ne supporte pas qu'on abîme mes possessions. Ce fil qui dépasse, c'est un désordre inexcusable que j'affiche sur ma personne. Je compte sur toi pour te faire pardonner. À la semaine prochaine.

Il file aussitôt aux toilettes, croisant encore quelques élèves sur son chemin. Personne n'a rien vu, il l'espère. Peu importe. Une fois devant un miroir, au-dessus d'un lavabo, il prendra quelques minutes pour se recoiffer, arranger sa chemise, sa cravate, sa ceinture, se laver les mains pendant une bonne minute, grattant avec rage une trace de stylo sur son index. Ca vire presque au TOC. Il ne coupe pas l'imperfection sur sa manche. Il supportera ce poids jusqu'à chez lui, où il fera œuvre de couture. Un chez-lui comme il l'aime : Sans poussière, bien rangé, et sans putain de fil qui dépasse. 

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Complexe d'études secondaires et supérieures / ... So Brauch' Ich Gewalt
« le: dimanche 28 avril 2013, 20:00:40 »
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Notice Titrale : Le titre est une référence aux oeuvres de Goethe et Schubert "Der Erlkönig", soit "Le Roi des Aulnes" (Ou roi des Elfes selon une étymologie discutée). L'Erlkönig est un personnage folklorique germanique et surtout scandinave. Lui (ou sa fille, selon les versions) est une version boisée de la sirène : Il attire par ses mots doux, sa voix enjôleuse et ses promesses, avant de tuer violemment.

Le Erlkönig est un personnage que le grand Goethe a placé dans l'un de ses poèmes, qui fut adapté en Lied par Schubert (Un Lied (signifiant "chant" en teuton) étant l'ancêtre de la chanson moderne : Formation musicale d'une voix à cinq, très peu d'instrument, et une chanson de 3 à 10 minutes alternant strophe et refrain. Schubert et Strauss excellaient dans l'art d'écrire des Lieder.). Dans ce Lied, donc, un père chevauche avec son enfant, celui-ci commençant à céder à une maladie. Plus il se sent mal, plus il voit le Erlkönig, qui semble n'être qu'une hallucination due à son mal.

"So Brauch' Ich Gewalt !" signifie "Je vais devoir être violent !" C'est la dernière parole du Erlkönig, après avoir passé toute la chanson à chercher à le charmer, il fini en le menaçant, avec un crescendo "Si tu n'es pas consentant... Alors, je vais devoir être violent !". C'est l'aboutissement de l'Erlkönig, après avoir laissé pensé qu'il était un type super sympa, referme son piège sur lui.

Le gosse meurt dans les bras de son père en arrivant au village, alors même que son père refusait d'entendre ses suppliques.


-Répertoriez tout. Ne laissez rien.

Siegfried poussait violemment une table sur son chemin, renversant sans vergogne les documents qui s'y trouvaient. Ses soldats investissaient le lieu comme un cancer rongeait un corps. C'était un capharnaüm monstrueux. A l'annonce de l'arrivée des SS, les bibliothécaires et les lecteurs s'étaient vus donner l'ordre de déguerpir du lieu, d'où la désorganisation manifeste de tout les ouvrages, abandonnés sur les plans de travail, en vrac, avec des tas de blocs-notes, de feuilles volantes, et de livres plus ou moins anciens, avec du matériel de lecture et quelques lampes douces.
Le nazi s'arrête devant un bureau où trônaient trois volumes d'un manifeste d'agriculture et de pêche, dont l'un était ouvert sur une page légèrement illustrée. Siegfried se penche dessus, tentant de lire l'écriture fine et effacée, lorsque survient un vieil homme en complet brun, lui ôtant la main de la page.
-Ce livre a 800 ans ! Et que font vos hommes !?
Du danois. La pratique du norvégien et du suédois de Siegfried lui serviront pour pratiquer ce langage dont il n'a que quelques bases. Loin de relever l'affront consistant à le toucher, le baron répond sans se démonter.
-Ordre du Reich. Tous les livres sont à nous désormais. Requisition. (C'est de l'allemand, oui oui.)
Le papier tendu par le nazi est attrapé par le gestionnaire, qui prend un air outré.
-Mais... C'est en allemand !
-Considérez-vous en Allemagne désormais. Willkommen, Herr Thorning. Vous feriez bien d'apprendre ma noble langue au plus tôt. Erik !

Un soldat lève la tête, redresse son calot, et accourt vers son supérieur comme un clébard qu'on aurait sifflé.
-Traduis pour le monsieur. Mes félicitations : Le Reich a besoin de vous. Tous ces livres vont être enregistrés et certains iront tout droit dans nos archives. Et votre travail, c'est de rendre la tâche plus facile. Je compte sur vous et vos employés pour aider ma troupe. Rajoute que je ne suis pas du genre à économiser mes balles parce que je suis dans une bibliothèque : Les réfractaires seront fusillés sur l'instant.
Il lui tapote sur l'épaule et s'éloigne tandis que l'autre fini de transmettre l'invective dans la langue du vieux bibliothécaire.

-Alors ?
-C'est une mine d'or, Hauptsturmführer. C'est exactement ce que le Reichsministerium nous demande.
-Servez-vous alors. Les bateaux partent demain pour Kiel. Chargez-les au maximum, ils s'occuperont de tout trier à Berlin.

L'ancien en costume revient vers Siegfried, pensant avoir un responsable avec lequel il peut parlementer, sans se rendre compte qu'il est l'archétype du soldat qui obéit aux ordres d'en-haut.
-Monsieur... Vous ne pouvez pas faire ça ! Ces livres sont la propriété de l'Etat Danois ! Ils sont notre patrimoine !
Siegfried n'a jamais été très Lüger©, contrairement au stéréotype du soldat allemand basique. Depuis son incorporation, il se reconnaît plus dans la fiabilité et la robustesse du Walther©.
… dont le canon échoue sur la tempe du bibliothécaire, après que celui-ci ait été saisi par le col, et la face écrasée contre son bureau.
-Erik, dis au monsieur que c'est mon seul avertissement, et que cela vaut pour lui et tout ceux dont il a la charge. Rajoute qu'en jouant les héros, ils se mettent en danger eux, mais aussi leurs précieux livres, leur patrie, et, bien entendu... leur famille. Et rajoute aussi que je suis quelqu'un avec bien peu de patience.
Silence mortel après que le soldat eut fini de déclamer son texte en danois, un bref sourire aux lèvres, amusé du sadisme de son supérieur, dont les habitudes commencent à être coutumières pour toute la troupe.
-... Verstanden ?
-Ja... Ja.
-Mes amis, il se met à parler allemand ! Comme quoi, avec une arme, on fini toujours par obtenir du résultat.

Il lâche la flanelle douce qu'il tient entre ses doigts, et, la chemise libre, le documentaliste peut se redresser, visiblement paniqué. Siegfried lui assène un coup de crosse à la joue, l'envoyant valser sur quelques mètres avant de misérablement s'écrouler sur une table, emportant avec lui ses inestimables pièces de collection octocentenaires de chasse et de pêche.
-Pardon, mais je déteste sortir mon Walther© pour rien.
La bête est rangée, et Siegfried s'éloigne vers l'extérieur. Une petite cigarette est de rigueur.


ᛋᛋ


Entrez, entrez, allez-y...

Le professeur était là bien avant eux. Pour une fois, il faisait son cours dans un amphithéâtre plutôt qu'en classe. 30 élèves, à qui il demandait de s'installer aux deux premiers rangs, juste devant le tableau. Sur son bureau, très large, étaient disposés plusieurs livres d'un autre âge. Archaïsme fascinant. Ces grimoires, extraits d'archives séculaires, millénaires parfois, sentaient bon la poussière et l'âge. Par les pages jaunies, usées, aux bords élimés, c'est toute l'histoire du monde qu'on effleurait. Les couvertures étaient parfois complètement détachées. Pour éprouver la sagesse de ses pages, il suffisait de connaître leurs petites sensibilités : un air de mauvaise qualité, une lumière trop puissante, ou simplement, le toucher de la peau, impure, dont les pores dégagent une toxicité nocive à ces parchemins témoins de la mémoire du temps.
D'où les précautions prises par le nazi : L'intensité des néons a été baissée, comme pour la projection d'un film, et, détail amusant supplémentaire, il porte des gants en fin coton blanc, qui font franchement tâche avec le costume-cravate hyper classe.
Siegfried ferme la porte derrière eux, puis descend les escaliers pour aller s'installer. Une classe qu'il appréciait généralement. Calme et sérieuse. En tant que professeur de Droit (entre autres matières qu'il enseigne dans l'établissement), il appréciait particulièrement la discipline et l'ordre. En tant que SS, aussi, remarquez.

Bonjour à tous. Aujourd'hui... Je vais profiter que l'on soit en avance sur votre programme pour vous faire un petit cours qui n'est pas développé dans vos livres. Je suis un immigré, vous savez tous que je ne suis pas né ici. Et je souhaite à beaucoup d'entre vous de pouvoir vous expatrier, temporairement ou définitivement. Le problème, c'est qu'en étudiant votre pays, beaucoup en viennent à oublier que le monde ne fonctionne pas pareil que vous. Aussi, je vous ferais aujourd'hui un cours sur les différents systèmes de droit généralement considérés comme mineurs, ce qui est une aberration.

Certains ont amenés des amis avec eux. À ce qu'il parait, un cours avec Siegfried est toujours intéressant, mais quand il demande à une classe de venir spécialement en Amphi, c'est qu'il a quelque chose de spécial à montrer. C'est presque une attraction. Un petit groupe de 3 apparaît même au sommet de l'immense salle pour s'installer en haut, mais le professeur leur fait signe de descendre et de s'installer au niveau de sa classe. Ils s'exécutent. Par rapport aux autres profs psychorigides, l'européen à l'accent teuton fait figure de légende de l'université.

À l'image du droit asiatique, notamment le droit japonais, le système de droit romano-germanique a pondu nombre d'enfants bâtards. Un peu comme un conquérant coureur de jupon. Beaucoup de pays étaient fascinés par l'Europe et, comme l'a fait votre pays au sortir de l'ère Meiji, des nations en ont fait appel aux juristes occidentaux pour codifier leur droit, ce qui nous mène à une sorte de monstre hybride entre un droit coutumier local et un droit écrit romain. C'est ainsi qu'ont procédé les scandinaves. D'où les ouvrages que j'ai amené.

Il ouvre un à un les livres étalés sur la table, précautionneusement, découvrant une langue que beaucoup ne connaissent pas ici. Des... Runes ? Ha. Faites comprendre à des japonais les origines de l'Allemagne, des invasions barbares, des frontières permanentes entre les peuplades romaines et les teutonnes à l'intérieur même d'un continent qui semble pourtant homogène d'un œil externe.
Un texte était même écrit à la fois en futhark et en latin. On remerciera certains traducteurs du bas-moyen-âge.

Ces ouvrages ont une grande valeur historique, aussi, ne les abîmez pas. Vous pouvez vous approcher. Cette page, par exemple, est une recopie du XIIIeme siècle d'un texte plus vieux qui a été perdu désormais. Il relate le règne de Harald du Danemark, de son fils Sven, et de leurs conquêtes. Il faut savoir que chez les vikings, les lois sur la conquête et la propriété étaient très strictes. Pour faire simple, dans les familles seigneuriales, l'aîné héritait des terres, et tous les fils suivants ne possédaient rien. On leur donnait un bateau, une armée, et allez conquérir ! Le règne d'Harald a été marquée par plusieurs guerres, la conversion de son royaume au christianisme et, bien évidemment, des modifications territoriales importantes. Je vous laisse tenter de déchiffrer l'écriture, pour ceux qui y reconnaîtrait quelques mots en fonction de l'écriture latine à côté...

Il s'écarte tandis que certains se rapprochent. C'est un cours de droit ou un prétexte pour faire passer un moment sympa à ses élèves ? Parler de Scandinavie, pourquoi pas, s'était-il dit. Il a dû batailler avec les responsables municipaux pour obtenir la faveur de pouvoir sortir ces livres. Il a dû négocier avec certains, faire pression sur d'autres. Il fait même chanter un membre du conseil de la ville. Chacun son truc.

Bref sourire en voyant les étudiants essayer d'assimiler les runes. Ses yeux se froncent. Une chevelure... pas noire du tout. Une face singulière, qu'il n'avait jamais vu. Un physique entièrement particulier. Beauté froide et pure. Il en est soudain gelé de l'intérieur, la fixant bêtement. Un élève lui pose une question, et il n'entend pas. Siegfried, surhomme, mythe du Reich, vient de prendre une claque.

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Les alentours de la ville / Ein Tausendjähriges Reich !
« le: dimanche 13 janvier 2013, 21:13:57 »
Wenn vooooor uns ein feiiiiiindlicher Panzeeeer erscheint !...

Musique militaire de rigueur. Et quelle voix ! L'homme aurait pu être ténor dans un opéra. Une gravité de ton qui s'accorde parfaitement avec son air austère et sévère. Pourtant, le chant militaire lui donne du cœur, le remplis de joie. C'en est presque surnaturel. C'est probablement ce qui lui permet de garder son fanatisme depuis toutes ces années, alors qu'il n'a pas vu un aigle, une croix ou un bras tendu depuis des années.

Wird Vooooollgas gegeeeeeben, und ran an den Feind !...

Ah mes aïeux, quelle voix. Et quelle prestance. Non seulement il est naturellement charmant, qu'il soit calme ou déchaîné comme à l'instant (oui, il chante : C'est la folie complète, vous comprenez, le pétage de câble!), mais en plus, il a une tenue altière, fière et droite, un charisme naturel... Et imaginez : Il porte un costard Hugo Boss. Précision : Plus qu'un simple smoking, c'est carrément un uniforme SS qu'il revêt. Oui, quand il est seul chez lui, c'est ce qu'il porte. Il ouvre la porte de sa chambre pour laisser l'air saturé en fumée de clope se mêler un peu à l'atmosphère pleine de gaz d'échappement de la ville – c'est tellement plus sain – quitte à laisser le froid rentrer. Il jette ladite cigarette par la fenêtre, puis passe devant son manteau de la Waffen, accroché à une sorte de mannequin. Magnifique... Et il sort de là, laissant la fenêtre ouverte, pour partir vers la cuisine.

Was gilt denn unser Leben, für unsres Reiches Heer !? JA REICHES HEER !

Une fois dans la cuisine, tout en hurlant son chant de guerre, il sort un couteau de cuisine... non, ce n'est pas sa dague frappée à la garde par la swastika !... Et saisit un gros morceau de pain, dont il fend la chair blanche en deux parts égales. Ouvrant le frigidaire, il garnira le poitrail de la miche avec ce qu'il faut pour rester en forme : deux longueurs de jambon fumé, quelques plumes de salade, des disques d'une tomate tout juste débités, un peu de beurre sur l'une des deux faces intérieures, et on referme le tout.

Für Deuuuuutschland zu steeeeerben ist uuuuuns höchste Ehr !!

Il s'apprête à aller dans le salon pour voir ce qu'il y a à la télé ce soir... Et fait demi-tour. La sauce. Ca manque toujours de sauce. Il avance vers le frigo, et y cherche ce qui pourrait alléger, ou alourdir, selon le point de vue, son sandwich improvisé.


{Ce chant est le Panzerlied, « chant des blindés », encore dans le répertoire de très nombreuses armées.}
{ Traduction en cadeau :
« Quand des blindés ennemis apparaissent devant nous,
on met plein gaz et on fonce vers l'adversaire,
Que vaut alors notre vie comparé à l'armée de notre Reich ?
Mourir pour l'Allemagne est notre honneur le plus grand.
»}

12
Le coin du chalant / Siegfried Über Alles
« le: samedi 12 janvier 2013, 23:25:03 »
{Demandes par MP je vous prie !}

Nummer 1 : « Back in the 40's »

[Réservé à un dieu/une déesse]

Pendant les grandes heures de la guerre, vous tomber sur un Anton blessé, acculé dans une planque en attendant de retourner à l'assaut. Vous décidez de vous immiscer près de lui. Quel sera votre but ? L'aider pour récompenser sa bravoure ? Vous opposer à lui ? Lui faire la morale pour qu'il change d'idéologie ?... Autre ?


Nummer 2 : « Treu, Tapfer, Gehorsam ! »

[Réservé à quelqu'un du lycée, personnel ou élève]

Un beau gosse en costard se présente à l'entrée du lycée ou à l'intérieur. L'un de vous engage la conversation : Il se trouve qu'il vient donner quelques cours, et vous vous proposez pour lui faire la visite.


Nummer 3 : « In Feindesland »

[Terrien uniquement, ou terranien empruntant un passage]

Vous avez le malheur de bousculer Siegfried, ou de vous montrer impertinente, ou de l'énerver d'une manière ou d'une autre. Il va vous faire un remix de Guantanamo Bay, à la sauce allemande. Torture et viol au programme.


Nummer 4 : « Rittergermania »

[Terrien de même]

La légende d'un véritable SS vivant au Japon parvient à vos oreilles. Or, vous avez toujours soupçonné ce type, avec ses origines allemandes, d'être pas clair. Infiltration chez lui de rigueur. Apprêtez-vous à devoir affronter un homme en uniforme des années 40, qui ne vous laissera partir sous aucun prétexte. Baston sévère, humiliation, et chantage pour que vous gardiez le silence... entre autre.


Nummer 5 : « Ein Tausendjähriges Reich !! »

[Etudiante, voire professeure à la limite, mais plutôt étudiante]

Vous avez critiqué le Reich plus que de raison en cours. Il ne laissera pas ça impuni, oh non. Il va tenter de vous infliger une sanction scolaire, mais celle-ci s'intensifiera, jusqu'à devenir franchement malsaine...


Nummer 6 : « Für das Vaterland ! »

[Terranien(ne)]

Siegfried est chez lui, en uniforme, comme souvent... Et atterrit miraculeusement sur Terra. Vous tombez dessus. Quel sera votre but ? Quel sera le sien ?

13
{Les paroles du perso sont en rouge, les autres... non. Sa fiche est à la fin si vous ne voulez pas vous taper les histoires sans intérêt. Je n'ai traduit que les paroles en Japonais puisque nous sommes au Japon : Le reste est en allemand ou en anglais. Si vous ne comprenez pas... dommage. Bonne lecture et bon courage !}


Szene nr 1.                             

Un homme, affalé sur une bête chaise. Le soleil ne s'est pas encore levé, qu'il savoure déjà l'un de ses petits plaisirs favoris.
-Hmmm... Oui...
Cette chaise est d'ailleurs fort laide. Enfin, classique. Oui, tellement classique qu'elle en est laide, à force de la voir partout. Squelette de métal teint en noir, et renforts de tissu bleu bourrés de mousse pour supporter le postérieur et soutenir la fragile paroi dorsale. Devant lui, un bureau.
-C'est bien, Sheena... Continue...
Le bureau n'est pas laid, lui, il est simplement d'une affligeante banalité. Un grand bureau carré, s'étendant de plus de 6 mètres de large, un bloc absolu, que des coins, pas un gramme de fantaisie.
-Continue... Tu l'auras, ton semestre, ma petite pute...
Quoique l'absence de fantaisie pourrait être considéré comme une fantaisie en soit. Bref. Ce bureau est pleinement couvert de tous les côtés, sauf du côté de l'homme, ce qui permet d'ailleurs de cacher l'étudiante agenouillée entre ses cuisses, muette de ce qu'elle a entre les lèvres, s'appliquant à servir son professeur.
-J'adore te voir me m...
Deux jeunes entrent par les portes supérieures de l'amphi. L'homme ne sursaute même pas, il s'interrompt simplement. Son calme olympien n'est pas perturbé. Il se redresse simplement, posant ses deux coudes sur le bureau, de part et d'autre du livre ouvert à une page au hasard.
-Bonjour monsieur !
-Bonjour à vous deux.
Il sent la bouche de sa soumise qui se crispe, qui n'ose plus bouger. Il fait alors mine de prendre son téléphone laissé près de l'ouvrage pour le mettre sous le bureau et faire semblant de taper dessus. En vérité, il fait ça pour regarder son élève. Il sourit, et murmure.
-Tu hésites n'est-ce pas... Entre sortir en vitesse et ramper pour te mettre ailleurs ou me finir...
Il emmène une main derrière sa nuque pour la faire s'enfoncer sur lui, empalant littéralement sa gorge qui n'oppose pas la moindre résistance. Il pousse un léger râle de satisfaction, mais reste néanmoins digne. Si ses étudiants le regardaient, ils ne s'apercevraient de rien.
-Je sais que ça t'excite de bouffer mon foutre... Alors suce-moi, suce jusqu'à ce que tu puisses avoir ta ration, ma chienne...
Elle n'hésite alors plus, et redouble d'effort en retenant ses gémissements. Son sourire s'élargit, il se reporte sur son livre, le plus sérieux du monde. Quelques secondes plus tard, son orgasme poind, il s'épand longuement dans la bouche estudiantine, sans laisser paraître quoi que ce soit.



                              Szene nr 2.

Le léger sifflement divin résonne dans l'oreille des hommes en noir, et l'un prend aussitôt deux de ses compères pour les projeter au sol, faisant de même pour lui.
« WURFGRANATE !! »
Une explosion les sonne tous. L'officier se relève, digne, continuant son avancée le pistolet en main. Sa troupe le suit, certains vont même jusqu'à le dépasser. Une seconde explosion les fait tous se coucher, sauf leur commandant, qui n'a que plié les genoux en cachant son visage de son bras. L'obus est tombé loin. Ils reprennent l'avancée, et, alors qu'ils parviennent au sommet d'un petit monticule, la salve d'une mitrailleuse perchée au premier étage d'un pavillon en ruine les fait se stopper, et ils s'asseyent en catastrophe sur le flanc de leur montée, espérant être couverts. Le capitaine s'est calmement assis, sortant de sa poche une cigarette, inconscient du danger provoqué au combat par ce simple objet, et de l'interdiction formelle de la hiérarchie de cramer sa clope pendant le service actif. Il empoigne ensuite plus fermement son pistolet et se dresse en tirant dans le tas.
-Flucht nach vorn ! Kein Rückzug !
Les paroles sont approximatives à cause de sa tige de tabac, mais les hommes comprennent. Ils s'allongent au sommet du monticule et tirent à vue sur l'arme lourde qui les arrose, tandis qu'une nouvelle charge explosive venue du ciel saute, non loin d'eux, le souffle de l'explosion et le vent russe s'occupant de projeter la terre soulevée par la poudre sur eux. Un soldat, impressionné, pétrifié de terreur, se voit sauter en arrière, et tente de partir à reculons. Son casque glisse, il le récupère dans sa main, tremble comme une feuille. Sa progression arrière est vite stoppée, son talon trébuche sur le terrain en charpie et il s'écroule les quatre fers en l'air. Nullement impressionné, le lieutenant se dresse sur ses deux jambes, et avance pour le chercher.
-Ich hab gesagt : Kein Rückzug. Verstanden, Schütze !?
Le soldat est pétrifié. Son supérieur le tient par le col de sa poigne gauche, et lui balance une mandale, grande claque si forte qu'elle est résonne malgré le bruit ambiant des balles.
-VERSTANDEN, SCHÜTZE !?
-J... Jawohl mein Herr !
Le lieutenant le prend par le bras et le fait se soulever, pour le balancer vers le monticule. Le soldat se précipite arme en main, ayant un regain de courage, et vide son chargeur sur l'opposant planqué dans son bâtiment délabré.

Là où tous, sur la ligne de front, sont couverts, lui reste debout, quitte à ne pas être à l'abri de la moindre balle. Il ferait une cible parfaite pour un sniper, lui, sous-officier dressé au milieu de ses hommes couchés et tirant à vue.
-Wir sind die SS ! Ihre Kugeln werden uns nicht erreichen ! Unser Schild heißt Ehre ! Für das Vaterland !!
La patrie, oui. La patrie et son dirigeant, le couple en qui ces guerriers en uniformes ont remis leur cœur. Leur corps, en revanche, il est entre les mains de leur commandant, et celui-ci n'a pas peur : Droit comme un i, fier comme le sont tous les allemands de la plus pure race, il s'élance en marchant d'un pas décidé vers l'ennemi, vidant calmement son Walther en direction des adversaires. Il ne les touche pas, non, ceux-ci sont retranchés à bien plus de 50 mètres, la portée utile du pistolet est largement dépassée. C'est pour le symbole : Il charge sans peur, insufflant une nécessaire bravoure à ses hommes, et ceux-ci respirent à plein poumon cette bouffée de zèle et d'audace, s'élançant alors à la suite de leur lieutenant, l'entourant. Cette petite troupe qui se jette front devant vers le feu inspire ensuite les autres soldats sur la ligne de front, et leurs chefs leur font signe de s'élancer aussi en avant. Plus de deux centaines se soulèvent et plongent vers la mort, droit devant. L'armée russe en face d'eux rase leurs rangs, mais ils sont trop peu nombreux, face à cette marée qui se grossit d'un peu plus à chaque instant. Un stuka passe, hurle en faisant son piqué, largue une salve de bombes qui font trembler et s'écrouler les retranchements soviétiques. Quand les chapkas se relèvent, les SS ont avancés, le Lieutenant à leur tête. Ils fuient alors. De par le courage d'un seul homme, d'une seule volonté plus forte que toutes les autres, les allemands viennent de remporter une nouvelle victoire.



Szene nr 3.                             

« Et tout cela nous fait remonter aux révolutions arabes de l'année dernière. En fait, l'ochlocratie est probablement l'une des formes les plus... contestable, disons, de gouvernement. Déjà, dans la théorie pure, ce ne peut être un gouvernement. Les grecs disaient que si, remontez à Aristote ou à Polybe, ils consacrent le gouvernement de la masse comme le pire des régimes. Aujourd'hui, on voit la masse comme une force de pression ponctuelle, informe, et donc forcément malsaine. C'est néanmoins une notion que l'extrême-gauche apprécie, et considère légitime.
-Mais monsieur, c'est quoi la différence avec la démocratie, en fait ?
-La démocratie c'est le pouvoir du peuple. Cette notion de peuple a beaucoup évolué, chez les athéniens, le « dèmos », c'était uniquement les hommes, affranchis, à partir d'un certain âge de conscience. C'est ce qu'on pourrait appeler aujourd'hui l'électorat. Aujourd'hui on considère que le dèmos, c'est tout le monde à partir de la majorité. Le concept d'ochlocratie en revanche considère que, qu'ils soient 2 000 ou 40 millions, c'est une masse qui impose son pouvoir au mépris, parfois, des lois. Majorité ou pas, il faut la notion de ponctualité et de pression.
-On a pas ça parfois ?
-Développez.
-Ben par exemple quand on fait une grosse manif et que le gouvernement décide d'annuler un projet de loi, c'est un peu ça non ?
-Intéressant. Oui, en quelques sortes. Et c'est bien là la justification utile de l'extrême-gauche dont je vous parlais, puisque c'est souvent par ce moyen que cette aile politique, à défaut de posséder le pouvoir, fait entendre sa voix. Je ne dénigre pas l'idéologie communiste pour autant, attention. J'expose une réalité. Ce n'était pas un jugement de valeur.
-Mais du coup ce n'est pas légitime ! Je veux dire, on a élit un gouvernement à la majorité et une minorité s'oppose et gagne.
-Miss Shiru est en forme... Et bien, c'est là tout le débat à propos de cette notion. N'est-ce pas l'expression du peuple, quand il manifeste ? Et on ne peut pas organiser un référendum à chaque fois qu'une manifestation contre un projet de lui est autorisé. Alors comment passe-t-on d'une pression de l'ochlos à l'expression de la dèmos ? Quels sont les critères qui donnent la légitimité ?
-Le nombre ?
-Pourquoi le nombre ?
-Ben plus ils sont nombreux à manifester, plus c'est l'expression du peuple.
-Oui mais tant qu'ils n'atteignent pas la majorité, et il paraît impossible que plus de la moitié du peuple manifeste, quelle majorité ont-ils ?... Autre chose ?... Non ? Bon. Il va être l'heure, je vous laisse sortir. N'oubliez pas votre devoir pour la semaine prochaine. Miss Shiru, venez me voir, je vais vous rendre votre devoir vu que vous étiez absente la dernière fois. … Alors... Oui, voilà. Bon, c'était un devoir correct. Ca manquait de substance cela dit. Mais on sent une intelligence vive chez vous, autant à l'écrit qu'à l'oral. Vous avez du mal à vous montrer posée, rigoureuse. C'est votre grand défaut, je dirais, si on peut considérer que c'en est un. Vous devez vous appliquer, réfléchir moins vite, vous comprenez ? Moins vite et plus en profondeur. Vous avez d'extraordinaire capacité, ne laissez pas la hâte vous gagner. Allez... Je vais vous mettre la moyenne, finalement. Tout juste. Je serais à la bibliothèque à 5 heures, je réserve une salle pour travailler, si vous voulez que je vous fasse votre correction en détail, n'hésitez pas à venir me voir.



                              Szene nr 4.

Une heure qu'il attendait avec cette perf dans le bras. Il se sentait dans le gaz, prêt à s'endormir. Il n'était pourtant pas fatigué. C'était comme une lassitude du corps.
Il comptait : C'était la 16ème fois qu'on lui infligeait ce traitement, à raison d'une fois tous les 3 jours. Le calcul était vite fait dans sa tête. Les tests étaient donc commencés depuis 48 jours, soit presque 7 semaines. Autant de temps passé dans Berlin, à attendre. Avait-il eu raison de s'engager dans cet enfer morne ? Et encore, il y a du mieux : Au début, les médecins l'avaient obligé à garder le lit. Maintenant, entre chaque perfusion, il a permission de sortie... Mais être dans une chambre ou dans une caserne, c'est du pareil au même pour lui. Il veut être au combat. Il veut affronter le danger et la mort, et soutenir ses hommes qui comptent sur lui. Il a l'impression d'avoir abandonné toute sa section, voire même la division entière, à rester le cul vissé sur ce siège d'hôpital high-tech.
Le médecin passe, lui retire lentement l'aiguille, puis lui colle un coton. Il lui signifie que c'est bientôt fini. Bientôt, il sera l'avenir de l'Allemagne.

Projet Götteraurora. Il porte un badge doré, frappé d'un « SF3 ». 3ème Siegfried. C'est le nom de code donné aux sujets de test. Il est, de l'aveu d'une infirmière, de celui qui réagit le mieux au traitement. On a déjà eu un mort, a-t-elle confié, sans qu'elle n'y soit autorisé. Il faut dire... Après quelques orgasmes, les femmes sont tout de suite plus loquaces. Les hommes aussi en général, mais il fait exception à la règle. Il sait raison garder, et ne perd jamais ses moyens. Son but est de servir l'Empire, jusqu'au bout.

Première bouffée d'air. Faisons un tour près du café Pyrrhus sur l'Alexanderplatz – les jolies bourgeoises qui y traînent sont souvent impressionnées par l'uniforme noir.



Szene nr 5.                             

Un bâillement de trois pieds de long s'affiche inopinément sur sa belle face. La nuit est tombée, et lui se dirige vers sa voiture. Vu l'heure très tardive, et vu qu'il a fait la fermeture de la bibliothèque, il ne fait aucun doute qu'il doit être l'un des derniers dans les environs de l'université. Il frotte ses yeux, puis soulève sa main tenant sa mallette pour constater l'heure sur sa montre. Il ne voit rien, et doit s'approcher d'un lampadaire en penchant la tête pour voir les aiguilles. Des sons attirent vite son attention. Entre deux hauts murs de béton, corridor d'une sortie de garage coincé entre la fac et un immeuble de bureau, trois hommes tiennent entre leurs poignes une étudiante, qui se débat du mieux qu'elle le peut, sans vraiment y pouvoir quelque chose.
-Hey !
Les trois s'arrêtent.
-Casse-toi connard !
-Non.
Le professeur se tient à 3 mètres d'eux, droit, en les regardant. Dans les yeux de l'étudiante, une lueur d'espoir qui peine à se concrétiser dans son esprit. Comment pourrait-il tenir tête à trois brutasses comme eux.
L'un de la bande se détache des autres, s'approche de l'enseignant en sortant une lame papillon de sa poche, qu'il déploie en un éclair en menaçant son opposant avec.
-Range ça ou je vais devoir être violent.
L'autre n'obéit pas, il allait prononcer une parole inutile de plus, et le prof' ne le laisse pas enchaîner, utilisant la mallette pour frapper son poignet, et enchaîne en lui enfonçant son poing au visage. Le type trébuche et s'écroule, et il n'hésite pas à le tabasser avec sa chaussure de luxe, et lui calant la semelle plusieurs fois au visage.
Les autres agresseurs lâchent la fille, qui tombe au sol et peut remettre sa culotte qu'ils avaient abandonné au milieu de ses cuisses. Ils se jettent sur lui. Une excellente leçon de « l'habit ne fait pas le moine », car malgré son costume cravate et sa classe grand-bourgeoise, le savant leur met une leçon de street fight. L'un d'eux décide de prendre la fuite, l'autre reste à terre. Le premier a s'être fait taper est évanoui. Il n'en reste un qui traîne sur le bitume, conscient mais sonné.
Le professeur pose un délicat genou à terre.
« -Regarde-la.
Sa voix est calme, posée. Elle porte un certain respect, celui de l'adversaire que l'on vient de vaincre. Il pose sa main sur sa mâchoire et l'oblige à tourner la tête pour regarder la demoiselle qui s'est assise contre le mur, n'osant pas bouger, se sentant plus en sécurité à côté de l'homme, véritable héros des temps moderne.
-Regarde-la bien. Regarde ses yeux. Tu arrives à lire la détresse ? Figure-toi que tu ressembles à ça. Pour avoir voulu assouvir l'un de tes bas instincts, tu as semé le malheur. Par ta faute, elle n'osera plus sortir de chez elle sans regarder chaque seconde derrière soi, la peur au ventre. Quand la nuit tombera, et elle finira par tomber de plus en plus tôt, elle pleurera intérieurement en appréhendant que des types comme toi lui tombent dessus.
Une pause. Il prend le couteau papillon que le premier a abandonné, et le tend vers la jeune fille.
-Vous voulez vous venger, mademoiselle ? C'est le moment. Il est impuissant, il ne fera plus rien, je m'en assure. Emasculez-le si vous voulez, je ne vous arrêterai pas.
La victime fait « non » vivement de la tête. Elle est encore en position de faiblesse et n'ose pas bouger, même si l'envie de revanche envers l'un de ses trois emmerdeurs est très fort, et lui ferait probablement le plus grand bien.
-Tu as de la chance. Elle a assez de pitié pour toi. Quand on voit comme tu es pathétique... Aussi bien généralement que dans l'instant présent... Dommage, je n'aurais pas cette clémence. »
Il laisse tomber l'arme et ses coups pleuvront comme des météores, son poing s'abat avec régularité et puissante, si fort qu'il pourrait lui fendre le crâne. Le type fini par perdre connaissance, le nez brisé, la mâchoire déboîtée, le sang partout sur son visage.

Il se relève finalement, sort un mouchoir pour nettoyer ses doigts endoloris, puis se les masse. Son prochain geste sera de s'agenouiller près de la jeune fille.
« -Je vous invite au restaurant ?... Oh, on va porter plainte d'abord. Ce n'est pas une option, c'est un ordre. Je vous emmène au poste de police. Je suis un peu juriste, je ne peux pas laisser impuni ce qu'il vient de se passer envers vous. Vous êtes libre de raconter toute la vérité, quitte à dénoncer ma cruauté envers eux. Désormais vous êtes tranquille. N'empêche qu'après, je vous paie le restaurant, et ça non plus c'est pas négociable. »

Sourire. Elle est déjà conquise.



                              Szene nr 6.

« -On m'a dit que vous parliez très bien le japonais. Je ne suis pas déçu.
-On m'a dit que vous saviez recevoir, et je ne suis pas déçu non plus. »

Dans la longue allée ouverte, couloir extérieur en balcon qui ceignait la demeure traditionnelle, un SS discutait avec un officier nippon, lorgnant sur la petite cascade en contrebas.

« -Les britanniques ont découvert que vous cherchez des choses ici. Ils doivent déjà avoir transmis à leurs amis américains. Bientôt, la terre entière saura que l'Allemagne vient creuser au Japon.
-Peu importe, colonel. Nos communications ne renseignent rien de la nature de ce que nous venons chercher. Nous en prenons le plus grand soin.
-J'ai grande confiance en vous, vous savez. Et je respecte votre Führer. J'ose espérer que ces promesses de nous laisser profiter de vos Wunderwaffen ne sont pas des paroles en l'air.
-Ma simple présence à vos côtés le prouve. Je suis une Wunderwaffe.
-Et quelle arme ! 900 soviétiques décimés par vos simple talents !
-Sur trois jours, colonel, sur trois jours.
-Ah, si seulement j'avais un soldat comme vous, capitaine...
-Vous en aurez bientôt. C'est une question de temps.
-Je l'espère.
-On vous a mis au courant ? Je vais bientôt devoir vous quitter, le Reich a besoin de moi. Depuis que les américains ont posé le pied sur notre sol, ma Vaterland est en danger... Mais je reviendrais dès que la situation sera calmée.
-J'ai entendu ça, oui. Ca me peine. Quand partez-vous ?
-Le 20. Je vais d'abord passer sur nos trois derniers sites de fouille. Il n'y a que ceux-là que je n'ai pas encore inspecté...
-Quels sont-ils ?
-Kokura... Hiroshima... Seikusu. Quoique le télégramme me dit d'essayer Kyōto aussi...
-Votre champ de recherche serait trop grand. Il l'est déjà bien assez.
-C'est vrai. Nous reverrons ça une fois les américains décimés, n'est-ce pas ?



Szene nr 7.                             

« -Misérable...
La fille bâillonnée se débattait mollement, tandis que lui tirait sur sa cigarette,
 bien installé dans son fauteuil style empire, le velours caressant sa peau, le corps entièrement nu.
Dans son autre main, celle qui n'était pas occupée avec sa clope, se trouvait une très longue bande de tissu d'un noir des plus purs. Enroulé autour de sa paume et de ses doigts comme les bandages d'un boxeur, c'était sa protection contre le monde entier.
-Tu n'as pas vu ce qu'il y avait de pire en moi. Tout juste un bref aperçu.
Tapi dans l'ombre, il la regardait souffrir en souriant. Les liens la tiraillaient. Elle était suspendue au mur, les bras en l'air, les jambes largement écartées, cuisses liées sur les mollets. Elle gémit tandis que les vibrations du sextoy se font interminables dans son entrejambe. Elle coule littéralement sur le tabouret qu'il lui laisse pour s'asseoir. Sa liberté de mouvement est restreinte, de même que sa parole. La pauvresse est bâillonnée, un bâillon humide, de sa salive parce qu'elle s'obstine à garder la bouche ouverte pour hurler et geindre sa jouissance, ainsi que de ses pleurs qui ne tarissent pas.
-Tu sens, cet abandon de soi ? Ce sentiment que ta vie n'est plus entre tes mains ? Tu sens, ce désespoir... Et ce confort ?
Elle sanglote un peu plus. Il lui retire lentement son bâillon, et s'accroupit face à elle, défaisant le nœud de la cordelette qui retenait le gode vibrant, qu'il retire lentement.
-Qu'est ce que tu en penses ?
-Je... Je... Je n'ai jamais été aussi heureuse...
-Je sais.
Il embrasse son pubis avec une infinie douceur, et se redresse. Son érection naissait de nouveau, mais il se contrôlait, et réprimait son envie. Il se mettait maintenant face à un miroir, dans la pénombre, éclairé par une unique bougie, dont la flamme dansait entre lui et son reflet. Il entrepris alors d'entourer l'ensemble de sa tête avec le bandage dans sa main.
-Ta vie m'appartient. Et elle n'a aucune importance pour moi. Pas plus que celle des autres. Tu n'es rien de plus que ce qui me sers à assouvir mes envies... Qu'en dis-tu, Gabrielle ?
-J'adore ça... Je me sens bien... Avec vous... Faites de moi ce que vous voulez...
Pourtant, elle n'en finissait pas de pleurer.
-Je dois me couvrir pour sortir. Il ne faudrait pas que l'on me voit.
Quelques minutes plus tard, il sera rhabillé, et sort. Il ne reparaîtra pas dans l'appartement le lendemain.



                              Szene nr 8.

Les soldats américains débarquaient en masse par leurs camions, envahissaient la ville par groupe de 100, se jetant dans les rues contre un ennemi qui leur tenait tête.
Un seul. Un monstre de guerre. Il surgissait de nulle part, se confondant dans la nuit, et ce malgré les projecteurs disposés partout dans le centre-ville. Les véhicules tournaient à plein régime, défilaient sur les avenues, phares allumés pour tenter de voir un mouvement. Les hauts parleurs chantaient leur litanie en nippon, ordonnant aux habitants de rester cloîtré chez eux et de se barricader.
Dans une allée sombre, une ombre se jette sur une escouade. Le type en uniforme noir arrache de ses mains seules la gorge du sergent, puis enchaîne en maltraitant la bande de soudards yankees à coup de pied et de poing. Il récupère in extremis une Thomson et en arrose deux. Une autre escouade, alertée par le bruit, débarque dans la ruelle, et alors qu'ils épaulent pour mitrailler l'assaillant à feu nourri, l'ombre disparaît derrière un tas de poubelle. Les balles fusent, percent le fin métal, puis un grand silence survient, pendant que les américains rechargent.
-Yo'r Reich is over, man ! Constitute yo'self as a prisoner of war, we'll be clement !
Pas un bruit.
-Hitler's dead ! Germany has signed the armistice ! The war is over !
-Meine Ehre heißt Treue !!
-What ?... What did he say ?
-Meine Ehre heißt Treue, du Schweine Yankee !
-He's shouting the SS motto. « My honor is called fidelity. »
-Like ours ? « Semper Fidelis » ?
-Something like that.
-Hey, boy. If you're loyal to your country, then you must drop your weapon. Your generals signed the peace. The Geneva convention protects you from torture, you can expect a good treatment from us ! Do you understand that !?

Un coup de feu. Il n'y aura pas de réponse.


Citer
Hauptsturmführer Anton, Freiherr von Königsberg, dict « Siegfried ».


Nom originel : Anton, baron de Königsberg.
Nom acquis : Siegfried.
Grade : Capitaine.
Arme : Schutzstaffel.
Proches : Maria, sa femme. Tuée dans un bombardement. Elisabeth, sa fille. Tuée avec sa mère.

Caractère :
En public : Agréable, sympathique. Innocemment charmeur. Habile de ses mots, cherchant à aider., pédagogue, bienveillant. Parfois timide.
En privé : Froid, distant, cynique, dénigrant, voire même sadique sur les bords, manipulateur de premier ordre. Il sait jouer de son image pour obtenir ce qu'il veut.
Ses deux facettes sont diamétralement opposé, la première est une image « sociale », qui endort la confiance, d'autant plus qu'il fait montre d'une érudition plaisante et simple dans ses mots. La deuxième est sa véritable personnalité : Un homme glacial, sans pitié.

Physique :
Un peu plus d'1 mètre 80. Il eut l'habitude de porter des cheveux longs et une forte barbe, le tout d'un noir profond. Depuis quelques temps, il est rasé de près, porte un bouc élégant, ses cheveux sont mi-longs et bien coiffés. Il est bien bâti. Son sourire est charmeur, ses yeux sont rieurs mais perçants quand il soutient le regard. Il est toujours en costume complet, qui lui sied comme un gant, et n'hésite pas à se parer de gants, d'un chapeau et d'une écharpe, même quand le temps n'est pas si frais que ça.

Histoire :
Le jeune baron, héritier d'un grand nom, s'est engagé dans la SS à 21 ans, par totale conviction nationale-socialiste. Après avoir brillamment terminé le cursus militaire le plus rigoureux d'Allemagne, il sera bientôt engagé comme Untersturmführer pour envahir les nouvelles prétentions du Reich. Il fait montre d'un courage et d'une détermination qui étonnent et ses subordonnés et ses supérieurs. Kriegsverdienstkreuz, Eisernes Kreuz, Infanterie Sturmabzeichen, Verwundetenabzeichen, il collectionne les médailles à une vitesse impressionnante.

Bien avant lui fut créé le projet Götteraurora. L'Allemagne, dans le cadre de son programme secret d'amélioration de l'armée, cherche à se doter de super-soldats invincibles. En 38, un sérum considéré comme viable sort de laboratoire, et le Reich choisit une cinquantaine de soldats dont la fidélité et la force d'âme ne sont plus à prouver. Anton en fait partie. Sujet n°3, il est donc régulièrement soumis à des injections qui l'améliorent sur de nombreux points. Les tests ne sont pas aussi concluants que ce qu'auraient voulu le Parti, mais les performances d'Anton sont à la hauteur de ce qu'ils désiraient : La possibilité d'espérer une victoire rapide.

Début 1944, Anton est envoyé au Japon. Il doit prouver aux japonais que les Wunderwaffen, les « armes miracles » sont une réalité. En échange de laisser les scientifiques nazis fouiller des lieux dits « mystiques » par des vieux textes déterrés par les savants du Reich, les japonais demandent à ce que les technologies que découvrent l'Allemagne soient partagés avec eux.

Entre le débarquement allié et les bombardements nucléaires, Anton faisait des allers-retours réguliers entre l'Allemagne et le Japon.

Mi-mars 1945, tous les avions sont à terre. Anton est bloqué à Seikusu, ville où se déroulaient certaines des recherches allemandes. Il participera lui-même aux études en attendant de pouvoir rentrer au pays.

Après la capitulation allemande, puis celle du Japon, il refuse d'abandonner. Sa rage est totale, et il massacrera de son propre fait plus d'un milliers d'américains qui tentaient de l'arrêter. Tombé en embuscade, et sachant bien qu'il ne pourrait vaincre l'armée américaine à lui seul, il préféra se tirer une balle dans la tête plutôt que de vivre plus longtemps, emportant avec lui, il l'espère, les secrets du programme Aurora.

Bien mal lui en pris. 133 jours plus tard, le gus se réveille dans le noir total. Comprenant bien vite qu'il est dans un cercueil, il entreprit, pendant 7 longues heures, de percer sa prison de bois pour ensuite se débattre dans la masse de terre écroulée sur lui. Harassant, long, déchirant ses muscles, le souffle lui manquant le faisant s'évanouir toutes les 5 minutes, ce travail le fit s'extirper du sol, et il se retrouva en plein milieu d'une prairie nippone, sa tombe n'étant indiquée par aucune stèle. Il se sentait faible, marchait comme un zombie, plein de terre sur lui. Le Freiherr Von Königsberg ? Il n'en restait rien.

Il dû se cacher. Pendant des mois, il vécu en paria, mendiant, volant, se cachant des autorités. Il fit un peu de prison, jamais bien longtemps... Puis décida de reprendre son destin en main. Fini l'aspect hirsute, décharné, sale et hagard. Il allait se refaire une vie entière. D'abord, retrouver son uniforme et ses médailles. Pour ça, il entra par effraction chez quelqu'un, se fit le plus propre du monde, vola un costume un poil trop petit pour lui, et rapina un peu d'argent à droite à gauche pour soudoyer des soldats américains, et trouver qui lui avait pris. Il pista l'adresse d'un officier qui, chance, se trouvait en base en bordure de Tokyo. Il entra dans le camp après avoir égorgé un garde et volé son uniforme, et pénétra dans les quartiers du commandant avec ruse. Il trouva son uniforme et tout son attirail avec, intacts, dans un carton qui leur était réservés. Miracle. Il dévalisa littéralement le lieu, embarquant tout ce qu'il pouvait prendre sur lui, surtout des objets de valeur. Sorti aussi sec, il se mit enfin à l'ouvrage de sa reconstruction personnelle, ses compétences d'adaptation furent mises à rude épreuve pour obtenir de nouveau un toit, un emploi et les revenus réguliers qui vont avec. Les années passant, il découvrit à cet égard qu'il ne vieillissait plus - du moins, il n'en percevait pas les effets physiques ou mentaux.

Il se passionna pour les sciences politiques, le droit, l'économie, la finance. Sa capacité à assimiler des connaissances était dopée par son sérum. Il n'eut aucun mal à obtenir un travail de prof dans la fac de Seikusu. Secrètement, il rêvait de la résurgence de son Reich. Il ruminait sa haine de la démocratie, de la paix et de la bonté d'âme, et assouvissait son besoin de haine et de violence en secret, et comptait bien continuer jusqu'à pouvoir réunir une armée pour marcher sur les impies, décimant dans une folie meurtrière tous les traîtres à sa patrie. La terre coulera du sang des faibles, des lâches, des superficiels, et tous ces pacificateurs retrouveront le sens du mot « Guerre ».


ᛋᛋ

« (…) Parce que la race allemande est celle qui surpasse toutes les autres, sur le plan intellectuel, sur le plan physique, et sur le plan culturel, nous seuls sommes, et ça paraît naturel et essentiel, susceptibles de disposer d'une armée puissante, supérieure à toutes les autres. Nous créerons des hommes forts, supérieurs, et chacun de nos militaires pourra en tuer dix autres, cent autres, mille autres ! L'homme du futur résistera à toutes les tempêtes, à tous les fléaux, et l'apocalypse que nous prévoient nos adversaires, prétendant que le Reich sera englouti par le capitalisme, le bolchévisme, ou par Dieu lui-même, tout cela n'aura aucun impact sur l'aryen de l'avenir, celui qui labourera nos champs, travaillera dans nos usines, et servira dans nos armées (…) L'Übermensch sera allemand ou ne sera pas. »

          ~ Discours du Reichskanzler, le 22 mars 1937.


Götteraurora Projekt


Le projet « Aube des Dieux » est né d'une extrémisation de l'eugénisme nazie, couplée au militarisme exacerbé du Reich. Le complexe militaro-industriel allemand s'étant lancé dans la création d'armes futuristes, capables de surmonter les défis du siècle à venir. Le régime avait compris que la qualité valait mieux que la quantité ; et, dans cette optique, les dirigeants nazis ont voulu voir jusqu'où la science pouvait aller : Repoussant le simple concept des stéroïdes, ils ont cherché ce qui pourrait faire changer durablement, voire définitivement, le métabolisme et la constitution d'un homme.

Il ne fallut que trois ans aux docteurs Hoffmanstahl, Becker et Weingart pour développer, avec une équipe des plus talentueuses, loin des fantasmes raciaux, une série de composés capables d'augmenter la masse musculaire d'un homme, le rendre plus sensible aux entraînements physiques, à le rendre plus vif intellectuellement, et rendre ses réflexes et sa mémoire supérieurs à l'entendement humain. Ils ont aussi travaillé sur l'amélioration de la santé des hommes, la régénération des anticorps, du sang et d'autres facteurs permettant à un soldat blessé de se remettre plus vite.

Le projet fut une réussite partielle. Les dirigeants du Reich attendaient la création d'un homme invincible, semblable à un demi-dieu, un héros de mythologie nordique, d'où la volonté d'appeler les sujets de test par le nom de code « Siegfried ». Là où la plupart des cobayes moururent consécutivement à l'injection des produits, une poignée survécut. L'un d'eux, particulièrement, répondait bien au traitement. Il est vite devenu les espoirs de tous les membres du parti au courant du projet. Un jeune baron, engagé volontaire dans la SS, et, à ce que l'on dit, totalement fanatisé, comme la plupart de ceux ayant été sélectionnés pour les expériences.



Sicherheitsdienst des Reichsführers-SS
Für : Obergruppenführer Heydrich

Standartenführer Becker, Waffen-SS


     Obergruppenführer,

     Après concertation avec ses supérieurs, nous recommandons l’élévation de l'Obersturmführer Anton von Königsberg, division A, au grade d'Hauptsturmführer. Sa détermination et son courage sont un exemple pour ses pairs. Il insuffle à ses hommes des qualités qu'ils ne soupçonnent pas chez eux, et aucun officier de la division A n'a à sa plaindre de son comportement.

     Cette requête fait suite à la recommandation émise par la missive N° 03872, datée du 5 janvier de cette année, et signée par le Reichsführer-SS en personne, mandant une faveur spéciale en reconnaissance des grands services rendus par l'Obersturmführer von Schwangau au Reich, notamment par sa participation dans le projet Götteraurora et le zèle dont il fait preuve au combat.

      Jure sur l'honneur avoir rédigé cela de mon plein gré.


      Hans Becker, Standartenführer





Berlin, 1943. Une année froide. Près de l'âtre, un uniforme se réchauffait après avoir passé plusieurs heures dehors. Dedans, son propriétaire fixait les flammes jusqu'à sentir une larme poindre au coin de ses paupières ; il détourne alors le regard, et sa main gantée de cuir vient effacer la perle témoignant de la souffrance de son iris. Au même moment, des pas se font entendre. Un homme en uniforme est à la tête d'une petite troupe, tous en complets noir, gris, marron.

« -Heil, Herr Kommandant !
-Heil, Hauptsturmführer. allons, pas de manières militaires ici. Laissez-moi vous présenter nos amis : Le docteur Becker, dont nous avons déjà parlé, monsieur Alden, monsieur Nevski, et monsieur Oliver. Je vous présente celui que l'on appelle désormais chez nous l'Hauptsturmführer Siegfried.
-Enchanté, messieurs.
-Monsieur Nevski, voulez-vous bien montrer à notre ami ce que vous nous avez préparé ? »


Le type, visiblement mal à l'aise, avec ses rouleaux sous le bras, hésitant en approchant du massif SS, puis se décidait à lui tendre une main sans être sûr qu'il en fera de même. Courtois, Siegfried lui rend son salut, se demandant si il est si impressionnant que ça maintenant pour que l'autre soit presque pétrifié de sa présence.

« -Alors, voilà ce que nous avons pour vous... Les premiers plans de votre armure seront ceux-ci. »

Silence.

« -Le casque avec le masque, c'est nécessaire ?
-C'est sur la feuille de route des autorités, oui.] »


Nouveau silence. Gros malaise qui s'installe.

« -Mon projet ne vous plaît pas ?
-Elle me plaît. Mais je ne porterai pas ça. Je refuse d'aller au combat sans uniforme. En revanche, je serais content que mes subordonnés puissent être protégés avec ça.
-Mais... C'est d'abord pour vous...
-Vous êtes notre Übermensch. Cette armure vous protège de ce qui pourrait vous tuer, et vous donne une dimension symbolique supplémentaire.
-Et Himmler a dit qu'il avait hâte de vous voir au combat avec ça.

-... J'obéirais si on me l'ordonne. Mais à contrecoeur. »




Armure « Germania » (Aussi nommée « Armure du Ritter »).


Le Rittergermania, le « Cavalier de la Germanie », est l'objet suprême de la propagande nazie. Trois films en préparation, des tas d'affiches commandées et de toutes nouvelles techniques de marketing à faire pâlir les publicitaires du XXIème siècle : Tel était le projet pour relancer l'adhésion des citoyens allemands à leur puissante armée. Tout se cristallisait autour d'un homme : Le Ritter. Jusque là tenu secret, ce soldat idéal serait l'incarnation du héros nazi dans toute sa splendeur. Doté d'une armure puissante, boosté par des capacités dépassant l'entendement humain, il était fort, il était intelligent, et il luttait pour le national-socialisme, contre les ennemis du Reich. Il fallait une personne capable de supporter aussi bien moralement que physiquement ce rôle, qui ne serait pas qu'un rôle de représentation (non, il y avait des acteurs pour cela) mais bien un rôle au front, le soldat d'élite, cavalier solitaire qui massacrerait des divisions à lui seul, parsemant les rangs ennemis pour faciliter le travail du reste de l'armée, et divinisant une entité impersonnelle qui terrifierait les adversaires et donnerait du courage aux SS et à la Wehrmacht. C'était déjà un rôle-test dévolu à Siegfried sur le front russe.

On lui présenta le projet en septembre 44. Siegfried ne fut pas emballé par la perspective de porter une armure intégrale en-dehors de son uniforme, mais se plia aux tests sans broncher. Il montra vite une aptitude particulière à s'y faire. Sa dextérité s'en trouvant réduite, une fois en tenue, il faisait preuve d'une force brute accrue qui allait tout à fait avec son rôle. Sa présence sur le terrain galvanisant les troupes, et malgré le coût de cette armure, fruit de la technologie nazie, on commença déjà à parler d'en produire en masse pour en doter une division SS de taille réduite.





Joachim Stadler, le Brad Pitt de l'époque, dans une armure de Ritter.
Autour, village en ruine, en flamme.
Au sol, Zarah Leander, la Scarlett Johansson de l'époque.
Blonde, belle, aryenne, la robe déchirée et sale, mais elle reste chaste.
Le Ritter s'approche. Son bouclier est défoncé. Son armure avec. On sent qu'un combat épique vient de se dérouler.
Il laisse tomber le bouclier au sol, qui s'écrase dans un lourd bruit métallique, puis s'accroupit avec difficulté. Ses blessures le handicapent, mais il parvient à lutter contre.
Il retire le masque qui couvre entièrement son visage, et le casque qui y est accroché avec
Sourire de cinéma.
-La Wehrmacht arrive, Katharine. Nous avons tenu bon.
Katharine se redresse, fatiguée, s'accrochant aux épaules de son héros.
-Restez près de moi, chevalier. Restez.
Elle passe une main dans les beaux cheveux blonds bien coiffés du soldat.
-Non, dame. Je dois avancer. Le Rittergermania ne s'arrête jamais. Je vais rattraper ces rats bolchéviques. Les repousser jusqu'à Moscou, pour les punir d'avoir posé le pied sur ma belle nation. Pour les punir de vous avoir touché."
-Dites-moi votre nom... enfin...

Il l'embrasse. Baiser de cinéma des années 40.
-Siegfried.
Et il reprend son bouclier, se relève, et repart en courant vers le combat. La mort, peut-être. Qui sait ce qui attend ce fier guerrier.

-Coupé !

-Alors, Hauptsturmführer... Vous le trouvez comment, votre double ?
-Il est blond.
-Aaaah ça ! Il fallait un aryen-type. Excusez-moi, mais vos cheveux... Je ne doute pas de la pureté de votre sang, personne n'en doute, mais il vaudrait mieux un blond, pour le public, vous comprenez.
-Rien à redire. Si ce n'est que... Je ne fais pas ça sur le front. Ce genre de choses, là."
-Allons, il faut de la romance ! Vous êtes sans cœur avec vos ennemis, mais vous êtes un héros, un vrai chevalier pour les allemands !

Siegfried qui regarde son supérieur, puis décampe, remettant sa casquette de SS. La réalité de la propagande le consterne.





La fin de la guerre effaca ces ambitions. Comme tout le projet Götteraurora et beaucoup d'autres Wunderwaffen, on cacha l'armure dans un bunker enterré, et on en oublia l'existence.





Ce prof était troooop cool. Assis en tailleur sur son bureau, il avait décidé de consacrer le dernier quart d'heure de son cours à animer un débat, comme il le faisait souvent, sur un thème qui se voulait plus ou moins d'actualité. Il laissait les élèves parler entre eux, intervenant ponctuellement pour compléter une pensée, la commenter, ou la mettre face à sa contradiction, amenant à la réflexion personnelle et globale. L'émulation... Quel bonheur.

Le portable vibrait dans sa poche. Il faisait signe à ses élèves de continuer, et portait l'appareil à son oreille. Il connaissait le numéro, venant d'Europe, qui l'appelait. Il parlait immédiatement allemand.

« -On a trouvé un bunker. On est en train de l'ouvrir.
-Où ?
-Aux environs de Wolfsburg.
-Je ne vois pas.
-A côté de Brunswick, en Niedersachsen. C'est là où a habité Nevski sur la fin de sa vie.
-Ce vieux malade aurait été au courant ?
-Je ne sais pas. Peut-être que c'est une coïncidence, il a dû travailler dans le coin et a voulu finir sa vie là où il a vécu les grandes heures du régime, sans savoir que quelque chose était planqué là.
-Bon. Je prends mon billet pour Berlin et j'arriverai samedi matin. Je te tiens au courant. »

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