Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sujets - Hypocras

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Les alentours de la ville / Brave Moreau [Lucie Moreau]
« le: jeudi 11 octobre 2012, 15:39:28 »
Un bien beau temps pour se promener ! Les auspices météorologiques se prêtaient harmonieusement à la joie, au bonheur et au plaisir, un soleil presque trop ardent brillant avec enthousiasme dans un ciel d'une pureté rare, fournissant un éclairage utopique sur la ville de Seikusu, qui paraissait presque par moments perdre son statut de cité désespérément industrialisée pour devenir une charmante petite bourgade idéale pour se faire oublier et s'oublier ; se perdre dans des instants de béate relaxation sans se soucier d'autre chose que de l'agréable chaleur ambiante qui se signalait autant par son toucher céleste que par les odeurs qu'elle faisait exhaler au paysage environnant. Depuis celui du bitume chauffé jusqu'aux fleurs en pétulance en passant l'aigre transpiration, les parfums se mêlaient outrageusement pour former une véritable symphonie marquant indéniablement ce simple fait : c'était l'été.

Période de réjouissance entre toutes, synonyme pour beaucoup de repos, de vacances, de congés, de la relégation délectable des obligations quotidiennes au rang de soucis à remettre à plus tard ! Une atmosphère de détente, mais aussi d'alacrité fiévreuse avait pris corps dans l'agglomération, et plus d'un se sentait pour l'occasion d'humeur à sourire, à gambader, à chanter, les esprits pénétrés de cette exhilarante joie de vivre qu'ont pour propriété de susciter les bienfaisants rayons de l'astre apollinien, comme les partisans de la luminothérapie n'ont de cesse de le faire valoir. Oui, c'était une ambiance propice aux rendez-vous emplis de camaraderie, aux retrouvailles, aux rabibochages en tous genres, la nature même semblant crier à la cantonade de jeter ses rancœurs et ses idées noires au feu pour embrasser purement la joie enfantine d'être vivant.


Point n'était toutefois besoin de tels rappels à l'ordre pour pousser le vieil Hypocras à la félicité, celui-ci étant toujours pénétré d'une sorte d'optimiste crâneur qui paraissait toujours le pousser à prendre les choses du bon côté et à toujours faire un glorieux pied de nez à l'adversité. Ce n'était tout de même pas avec indifférence qu'il accueillait cette circonstance béatifiante, goûtant sans modération à ce temps d'exception : sa bouche était déformée en un « o » laissant filer les notes de l'air de Brave Margot en un sifflement au volume élevé presque déplaisant, et sa foulée était enthousiaste et sautillante à un tel point qu'elle menaçait de trahir son absence de jambes humaines malgré les atours précautionneux dont il s'était drapé comme à l'accoutumée. Un chapeau de paille à l'ancienne mode vissé sur le cap, une chemise de lin ample à moitié déboutonnée sur le torse, et un pantalon de chanvre bouffant sur les cuissots, sans compter ses habituelles bottes ; il donnait l'impression confondante d'être tout droit sorti d'un tableau de Monet, sensation renforcée par le paysage en fête des bois de Seikusu dans lequel il évoluait.


Mais qu'allait-il donc faire dans ces parages dont il était devenu si coutumier au fur et à mesure des années ? Un raisonnement sensé aurait voulu qu'il fût simplement en vadrouille, le vagabond appréciant effectivement les promenades impromptues, mais pour une fois, c'était bien vers un but prédéterminé qu'il était dirigé, en route pour une visite. Bien entendu, il n'aurait pas été possible de dire que le sieur Crasier avait un carnet d'adresses très chargé, étant donné qu'il n'en tenait aucun à jour, par indifférence et par spontanéité autant que par paresse, mais le fait était qu'il connaissait énormément de gens, avec lesquels il renouait lorsque l'occasion se présentait. En l'occurrence, le souvenir de la chanson qu'il fredonnait en ce moment même lui avait précédemment ramené à l'esprit le souvenir relativement lointain d'une famille française qu'il avait côtoyée et grandement appréciée, les Moreau, et sur une sorte de petit caprice d'humeur, il leur avait téléphoné, sa mémoire lui ayant fait l'incroyable faveur de se souvenir de leur numéro... après quelques essais infructueux, certes, mais baste.

Quoi qu'il en fût, il avait pu discuter à bâtons rompus pendant quelques bonnes minutes avec le Père Moreau dont les tempes devaient désormais commencer à grisonner, et ce dernier, apprenant la situation présente d'Hyppolite (puisque c'était ainsi qu'il le connaissait, comme de bien entendu), s'était empressé de lui révéler que sa fille, Lucie, était justement installée dans les parages de la ville, lui recommandant chaudement d'aller lui rendre visite en dépit du temps qui avait passé. L'idée de renouer plus directement avec eux n'ayant pas été pour lui déplaire, Hypocras avait manifesté son assentiment en la matière, et la location plus ou moins approximative du logis de l'enfant lui avait été donnée, celui-ci se situant à quelque distance des bois qu'il achevait présentement de franchir.

Peste, c'était maintenant à une petite trentaine d'années que remontaient les instants qu'ils avaient partagé ; comme le temps passait vite, et comme la petiote devait avoir bien grandi depuis ! Lorsqu'il l'avait vue, elle n'était alors qu'un marmot rondouillard avec à peine quelques mèches rougeoyantes sur le caillou qui vagissait et s'agitait étourdiment ; il était bien curieux de savoir comment cette petite chose avait évolué. Bien évidemment, lui n'avait pour ainsi dire pas changé malgré le passage des ans, et cela n'allait possiblement pas manquer d'interloquer sa future hôte, mais comme d'habitude, le satyre ne se laissa pas démonter par cette éventualité, étant une fois de plus homme à ne se soucier des problèmes que lorsque ceux-ci survenaient. L'essentiel était qu'il allait rencontrer quelqu'un qui avait toutes les chances d'être une crème, et c'était sur cela qu'il se concentrait, la perspective ne faisant qu'agrémenter encore sa joie.


Promptement, il lui apparut au détour d'un mur de pierre vieillissant ce qui était de toute évidence un corps de ferme, cela concordant avec les indication qui lui avaient été données et piquant de nouveau sa curiosité, tant il était étonnant, voire incongru, de voir une infrastructure aussi agricole à une telle proximité de Seikusu. Il n'était pas impossible, et même fort probable, qu'une telle installation eût été encouragée par le gouvernement local dans un effort pour s'écarter de la caricature de pays surindustrialisé dont le Japon traînait la réputation... et Hypocras avait de surcroît dans l'idée qu'il devait y avoir là le résultat de quelque menu caprice de la part de la Grande Patronne !

En tout cas, il ne laissa pas la surprise l'arrêter, et continua de s'avancer avec le même allant que précédemment, entendant au loin l'écho d'un mugissement bovin qui témoignait de l'activité ayant cours en ce lieu. Toutefois, au fur et à mesure qu'il se rapprocha, il ne put distinguer personne aux alentours, quand bien même des signes d'activité humaine étaient aisément visibles, aussi se décida-t-il à simplement appeler, car si la possibilité de se mettre à explorer tout de go ne lui posait pas de problème, il pressentait qu'être surpris à rôder comme un maraudeur n'allait pas l'aider à faire une bonne première impression. Ainsi, promptement, l'air résonna d'une voix de baryton bien caractéristique qui lâcha en un bon français prosaïque, honneur à l'hôte :

« Holà ! Il y a quelqu'un ici ? »

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Les alentours de la ville / Go home, you're drunk! [Charlene/Vilma]
« le: jeudi 11 octobre 2012, 14:14:34 »
La tombée de la nuit signe la fin des affaires officielles pour laisser libre cours aux activités frauduleuses, illégales, dangereuses, donnant aux turbulents qui n'ont que faire des règles l'opportunité de déchaîner leurs passions et de se laisser aller aux débordements qui leur sied, cela avec les tristes conséquences que l'on connaît. Oui, lorsque le soleil n'est plus là, les pourris dansent, et c'est pourquoi le soir, avec ses incertitudes, ses zones d'ombre et sa faune peu recommandable, est si aisément associé au risque, au sordide et à l'inavouable, laissant dans la sagesse populaire la marque d'une infamie gravant profondément dans la mentalité du commun des mortels l'impératif de ne laisser ni eux-mêmes ni leurs proches s'aventurer dans des eaux si troubles. L'imagination fertile peuple alors en effet les moindres recoins de dealers infâmes, de truands cruels et de prostituées vulgaires, se dressant un tableau de cauchemar digne du plus écœurant nid de criminalité, et l'esprit manquant d'audace frappe d'ostracisme ces heures tardives, préférant les passer dans l'abri sûr et retranché de son foyer.

Pourtant, que de merveilles se dévoilent sous le regard complice des étoiles ! Voilà qui marque en effet là également la fin d'une journée de dur labeur, et pour tous, écoliers comme ouvriers ou PDG, l'heure est maintenant venue de pouvoir goûter suavement à la goulée d'air rafraîchissante d'une période de relâche, moment de répit bienvenu entre le travail tout juste passé et celui à venir. Bars, brasseries, snacks, tripots, cafés, pubs, restaurants, diners et autres tavernes se peuplent alors d'une populace en quête de relaxation, venant dissoudre les soucis du quotidien dans un bon verre, au sein de l'atmosphère chaleureusement confinée de l'un ou l'autre lieu de restauration. Ah, certes, pour l'aventurier imprudent ou tête brûlée, une telle expédition peut tourner fort mal : amarrant son navire à un port d'attache mal famé, l'étourdi peut se retrouver facilement piégé dans quelque bouge louche, mais que voulez-vous ; les chemins de la vie ne peuvent pas toujours être parsemés de pétales de rose !


Quoi qu'il en fût, Hypocras aimait ce genre d'endroits entre tous : au-delà même de la consommation de liqueurs diverses dont ces établissements faisaient plus ou moins leur activité de prédilection, il appréciait la scène de théâtre qu'ils offraient, où des acteurs de tous poils et à la provenance parfois inattendue se mêlaient pour offrir un spectacle peu banal qui avait de quoi rester dans les mémoires comme un véritable morceau de bravoure. Lui-même se positionnait dans un tel cadre selon son envie et son humeur du moment, pouvant tout aussi bien se faire cabaretier tapageur et racoleur que spectateur discret et contemplatif, furtivement retranché derrière sa table en guettant d'un œil acéré les tribulations locales. Pour l'heure, il paraissait s'être voué à ce second rôle, sirotant tranquillement et doucement une chope d'un Irish coffee malheureusement plutôt médiocre, laissant l'ardeur envahissante du whisky et la chaleur énergisante de café l'envahir progressivement alors qu'il observait la faune présente avec un demi-sourire amène aux lèvres.

Pour l'occasion, il avait choisi de se vêtir d'une façon pas spécialement extravagante, sa tête coiffée d'un galurin brun légèrement fatigué dont s'échappaient tous azimuts quelques mèches de ses cheveux roux. Plus bas, il arborait avec une dignité classieuse que seuls peuvent se permettre les hommes d'âge mur une veste en tweed beige, avec en dessous une cravate d'un beau bordeaux et enfin une chemise blanche, classique indémodable s'il en est. Enfin, bouclé par une bonne ceinture, un confortable pantalon de flanelle vert-de-gris masquait ses jambes pas banales, dont l'extrémité était engoncée comme on aura pu s'en douter dans une paire de bonnes bottes. Point de bagage visible pour ce bon sire, si ce n'était celui que pouvaient receler les poches de son costume et qui incluaient, espérons-le pour lui, de quoi régler sa commande présente.


Telles que les choses étaient, la soirée ne promettait pas d'être particulièrement mémorable. Plaisante, certes, mais bien que l'ambiance fût dans l'ensemble cordiale et plutôt animée, il ne semblait pas y avoir dans l'air cet amas d'étincelles électrisantes qui ne demandent qu'à former un véritable orage propre à repousser les limites de toutes les bonnes gens présentes et à décaper l'imagination des buveurs divers. Il y avait de l'animation à cette table-ci ou parmi ce groupe-là, mais rien de bien exceptionnel, et si plus d'une personne parmi l'aimable assistance capta le regard du vieux satyre comme un partenaire potentiellement fort agréable, il n'avait jusqu'ici pas l'impression que cela pouvait réellement valoir le coup de bouger de son siège douillet d'où il avait un poste d'observation des plus serein. Il appréciait après tout aussi de temps à autre de tout bonnement rester en coulisses, la position de spectateur présentant elle aussi ses agréments après tout, même s'il ne demandait à une occasion que de se présenter pour la saisir au bond...


Il en était là de ses réflexions quand, tout à coup, comme en réponse à ses pensées, un bruit aussi sec que soudain se fit entendre, caractéristique d'un verre brisé, et vers la source duquel l'attention du faune, à l'instar de celle de bien des consommateurs, se dirigea immédiatement, en un réflexe bien connu. Qui était donc le fautif ? Était-ce donc là un signe suscité par quelque caprice du destin pour lui signaler un être digne d'intérêt vers lequel le sort le poussait ?

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Le parc et son sous-bois / État Crépusculaire [Amaluna Ékastra]
« le: jeudi 27 septembre 2012, 15:06:42 »
L'air était vif, humide, froid, envahi de cette pétulance sourde et sournoise qui signale un redoux de printemps poussif et laborieux suivant les rigueurs hivernales : se déparant de sa lourde cape glacée et gluante, la nature paraît s'étirer et bâiller avec une lenteur chthonienne, grondant immémorialement et muettement d'un son situé à une telle échelle que se simples oreilles mortelles ne peuvent l'ouïr. Il se fait toutefois sentir dans l'atmosphère comme un appel primal qui tonne sans bruit à travers les oreilles de chaque être vivant, pareil au claquements dans le vent d'un grand oriflamme battant le rappel de troupes colossales. Alors, inconsciemment, il naît dans tous les esprits un instinct de renaissance, de réveil, appelant chacun à mêmement se secouer de sa torpeur et à rappeler à lui toute la vivacité qui sied aux beaux jours à venir.

Ces instants incomparables, morceaux choisis dans la grande gamme sans cesse renouvelée des jours de l'année, se prêtent à la rêverie, aux contemplations, aux promenades solitaires, que l'on exécute d'un pas sans hâte et qui paraissent pouvoir se prolonger à l'infini, plongeant le badaud égaré dans des abysses cotonneux d'introspection dont seul le sort un rappel aux réalités de l'existence semblable à une main secouant l'épaule d'un dormeur béât. Le paysage, se nimbant de mystiques brumes glauques, voit ses détails s'estomper et ses contours s'évanouir, retirant à l'existence son caractère tranché d'objectivité et lui conférant un glamour propice aux rencontres fantastiques, une simple silhouette aperçue au sein d'un banc de bruine prenant alors un caractère de féerie venue du fond des âges.

De surcroît, le charme se voyait en l'occurrence renforcé par l'heure tardive : le soleil couché, sa sœur d'argent prenait son essor dans les cieux, et semblait se prêter avec complicité aux ensorcellements et aux enchantements là où son homologue d'or dardait un regard vigilant et intransigeant jetant paradoxalement une clarté froide et crue. Ainsi, sous le patronage céleste de la lune, le parc paraissait inviter au surnaturel, à l'irréaliste, à l'absurde, véritable décor de théâtre apte à faire perdre la raison et à plonger les âmes sensibles dans des océans de délectable délire, sans égards pour les lois de l'entendement ou de la vraisemblance.


Et sur cette scène, point ne jurait la silhouette un chouïa courtaude mais indubitablement altière qui arpentait ces étendues forestières habillées de magie, traçant sur son passage un sillon léger d'empreintes de bottes et ne laissant résonner qu'un léger son de froufrou diffus. Vêtu de cuirs et de fourrures aux tons brunâtres, il avait par moments presque l'air de se fondre dans la masse de verdure pas encore tout à fait verte, sa présence se marquant toutefois par les nuages de fumée parfumée que laissait échapper sa pipe, ses émanations aux senteurs de bergamote survolant la chapka du baroudeur pour aller se noyer dans les faîtes sylvestres. Vagabond sans but, baguenaudier sans bagage, promeneur sans propos, il allait de la démarche bondissante qui le caractérisait, plongé dans on ne pouvait savoir quels réflexions personnelles et voyant des choses que lui seul sans doute pouvait voir dans ce cadre transfiguré. Voyageur sans comptes à rendre, il allait simplement sans souci apprécier ces instants de tranquillité magistrale, durant lesquels son imagination ancestrale pouvait à loisir s'étendre et se relaxer, s'évanouir et s'ébattre au sein des ultimes traces de poudreuse en fusion sous les assauts incessants de la nouvelle saison.

Or donc, se décidant au bout d'un moment à observer une brève pause, il s'accouda nonchalamment au bras offert d'un chêne distordu, tapotant pensivement son outil à fumer dont s'échappèrent quelques giclées de cendre qui churent sans bruit. Levant la tête, redressant machinalement le bord de son chapeau, il laissa voir ses yeux couleur de bois qui se portèrent rêveusement vers les cieux zébrés de traînées nuageuses, perdu dans quelques réminiscences fugitives ou dans quelque prière muette, dont il ne sortit qu'en fermant les paupières d'un air fataliste, laissant échapper un soupir auquel il coupa vite court en calant de nouveau dans sa bouche la bouffarde brune. Il alla alors pour reprendre son chemin, lorsque soudainement son oreille se dressa, telle un chien entraîné en position d'arrêt, tendu vers un nouvel élément plus que digne d'attention.


Oui, au milieu de ce quasi-silence sylvain, il crut – non, put – entendre un mugissement plaintif, dont la note aiguë sinua à travers les ramages pour venir susurrer à son oreille, figeant l'espace d'un instant ses traits dans une expression de saisissement. Un instant seulement, car bien vite, les lèvres du plus que mélomane se relevèrent autour du tuyau de la pipe qui laissa échapper quelques enthousiastes panaches, tandis que son possesseur se mettait déjà et sans hésitation en route vers la source de ce son si inattendu en ces parages et en cette heure. L'intérêt piqué, aiguillonné, c'est comme suivant la trace d'un fil d'Ariane que, les sens aux aguets, il remonta la trace de cette mélodie indubitablement instrumentale, pénétré d'un mélange d'excitation et de curiosité.

Quoi, enfin, les rôles étaient-ils donc inversés ? Lui, qui était habituellement et à l'occasion le musicien nocturne et mystérieux, se voyait maintenant la proie d'enjôleurs élans venant vraisemblablement d'un violon, avivé présentement par la main d'un inconnu en quête d'un cadre propice à une impromptue représentation. Nullement pénétré d'inquiétude ou de crainte, le satyre laissait comme il en avait souvent coutume le désir de savoir et de voir prendre le dessus sur tout esprit de précaution cauteleux, s'avançant sans ciller, suivant le grincement couinant et virevoltant dont il percevait à présent la proximité, pouvant presque sentir les vibrations aériennes musicales se répercuter contre son corps.

Marchant, bondissant parfois, il progressa à travers branches, brisées et broussailles, jusqu'à ce qu'enfin, il parvînt à l'origine des sonorités qui ne cessaient de le titiller : quelques pas, un talus à contourner, et déjà il pouvait commencer à distinguer une silhouette, noyau des exhalaisons puissantes qui résonnaient dans ce grand amphithéâtre végétal.

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Le parc et son sous-bois / La Princesse et le Croque-notes [Hela]
« le: dimanche 09 septembre 2012, 16:16:24 »
Ravissement nocturne de la nature sauvage, qui à l'heure où l'astre apollinien prend son repos, des forêts entières paraissent se parer d'un mystérieux manteau d'ombre, tirant à soi un peu de cette obscure couverture céleste pour se faire une robe de soirée à la mesure du corps immense et impérissable de Gaïa ! A l'approche de cette inconnue au sourire de lune et aux yeux d'étoiles que l'on nomme la nuit, le règne animal entier paraît subir un irrépressible frisson et file se réfugier dans ses abris respectifs. Alors, une autre faune s'éveille à la lumière du firmament, et c'est toute une autre branche des enfants de Diane qui s'ébroue et s'ébat, prenant doucement son envol ou galopant furtivement pour faire sienne cette heure propice aux secrets et au silence...

Pourtant, ce silence, quelqu'un, cornu, poilu, et un brin mafflu, se plaisait à le transgresser, tressant des trilles tremblantes qui s'entortillaient pour se démêler doucement en s'élevant, certaines doucereuses et d'autres délicates, intruses virevoltantes qui vrillaient suavement l'air. Ce musicien solitaire, s'agissait-il là d'un certain iconoclaste ennemi de la sérénité de soie qui s'était installée sur ce parc sagement logé au creux de la cité ? Avait-il là, par dépit, par orgueil, par fatuité, l'intention de manifester sa présence, son engouement, par quelque remue-ménage, quelque tapage ? Certes non : amoureux profond et incurable de la beauté sous toutes ses formes, il était mélomane jusqu'au bout de l'âme, et ne souhaitait que rehausser la splendeur de ce vespéral tableau en y apportant ses propres morceaux.

Ce joueur, penchons nous sur lui pour saisir sa teneur.


Véritable représentation issue de l'imagination d'un romantique allemand, on pouvait le trouver niché au sein d'une embouchure précédée d'un entrelacs d'arbres, de buissons et de fourrés, sa silhouette paraissait comme par une sorte d'ensorcellement hisser ce modeste sous-bois à la position de sylve ancestrale. Niché confortablement sur un siège improvisé que lui avait présenté un rocher, il avait pour seuls projecteurs les lointaines lueurs de Seikusu et du ciel strié de nuages entortillés. Nu comme à la naissance, comme à l'ère de cette Grèce antique dont il était si nostalgique, il arborait fièrement ses cornes et ses sabots, ainsi que sa fourrure brune brasillante, le tout se découpant comme une ombre chinoise sous la faible luminosité. C'était ainsi sa manière d'honorer les joyeusetés passées qui l'avaient vu à la vie se hisser, et perpétuer ces rassemblement bruissant de sonorités susurrantes qui n'avaient tristement plus de raisons désormais d'exister, puisque plus n'existaient Bacchus, Pan, et toutes ces autres divinités qui avaient jadis eu à cœur de se sentir célébrées.

Ainsi, suivant son humeur douce-amère, l'air que sifflait le satyre se faisait tantôt triomphal, tantôt festif, et tantôt triste, voire funeste, retraçant la trame tourmentée de son existence troublée. Pour vecteur de ses pensées, c'était un instrument sifflotant que le trouvère avait emporté, se munissant d'une simple flûte traversière de cuivre, humble soutien mais solide associé qui laissait circuler sans broncher le souffle exercé de son peu courant propriétaire. Ses yeux, mi-clos, semblent observer une scène distante et transparente, se concentrant sur des notions fugaces peuplant son imagination vivace et se reflétant dans le mouvement dansant de ses doigts agiles, qui s'agitent d'une gigue gaillarde sur le tuyau droit transmettant les émotions transies du flûtiste.

Digne, pas tout à fait droit mais entièrement dévoué à son jeu de doigts, le drille se dressait tel un pâtre solitaire, avec pour seul troupeau les touffes forestières, et seuls compagnons les habitants animaux locaux qui s'ébattaient de-ci de-là, faisant bruire de leurs mouvements la végétation foisonnante, mais se montrant étrangement feutrés à proximité du faune fredonneur, comme étrangement captivés et respectueux de la présence de cet être antique qui troublait la paix de ces pénates sans la piétiner. Sa présence se posait, modeste mais bien tangible, au sein de ce coin tranquille de la bruyante ville, s'accordant temporairement la propriété de ce bout de terrain pour cette représentation improvisée.


Et ainsi donc, sans cesser, sans jamais atermoyer, la mélodie aérienne se poursuivait sans discontinuer, serpentant alentour à l'adresse de toute personne souhaitant stopper sa promenade pour tendre l'oreille et profiter de ce morceau unique et bien maîtrisé. D'ailleurs, à n'en pas douter, dans les perturbations un peu distantes mais bien présentes que l'on peut sentir dans le feuillage, on distingue une approche et une arrivée imminente. Quel inconnu, anonyme sous le nimbe nocturne qui nappait la nature, avait répondu à l'appel implicite du bon Hypolite, et venait maintenant mirer les merveilles musicales qui s'extirpaient de ce bosquet ; mélomane amoureux des arts, ou curieux venu ici par hasard ?

Quoi qu'il en fût, le satyre, pas le moins du monde perturbé, continua sans paraître avoir rien remarqué : soit qu'il fût à ce point absorbé dans ses pensées qu'il n'eût tout bonnement pas moufté, soit qu'il fît semblant de ne pas sentir s'avancer l'invité pour ne pas l'intimider, il demeura presque sans bouger, continuant imperturbablement de souffler.

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Ville-Etat de Nexus / Intrusion ! [Yan]
« le: vendredi 07 septembre 2012, 19:52:30 »
L'abord sans peur, l'air penseur, le regard inquisiteur, Hypocras contemplait avec une perplexité amusée ce qui à ses sens s'offrait. Devant lui, rien de plus extraordinaire qu'un entrecroisement d'arbres amoureusement entremêlés, au sein d'un petit parc comme l'on en voit tant de par le Japon, où se situe l'action. Le temps est doux, et l'ambiance nocturne vespérale jette sur le tableau un rien de quelque chose de romantique qui envahit l'air et ne doit pas manquer de rendre quelques couples particulièrement câlins à cette heure avancée de la journée.

Mais baste, ce ne sont (pour une rare fois ?) point des amourettes frivoles qui attirent l'attention du vieux satyre, mais quelque chose qui taquine sa curiosité, et pourrait bien, si la nature l'avait doté de davantage de responsabilité, l'inquiéter. Car dans ce tableau banal, il n'y a rien moins qu'un portail ; un portail comme il s'en manifeste beaucoup chaque jour, plus ou moins à l'insu de la populace alentour ! Jusqu'ici, pas de quoi casser trois pattes à un canard, pour un vieux briscard. Oui mais voilà, ce portail, il résonne, fredonne, sonne, d'un timbre particulier qui ne manque pas de titiller ses perceptions exercées. Tout bon voyageur interplanaire (quel grand mot !) entre Terra et la Terre sait se familiariser avec les vibrations qu'émettent ces ponts et ainsi avoir une notion de leur destination. Et celle de ce goulet, notre ami la connaît, car ce n'est pas la première fois qu'il l'oit, et cela lui fait se demander : où cela va ?


Voici le propos de sa présence, de pied en cap vêtu avec la prestance de ceux sans prétention, à l'assurance éprouvée. Un borsalino de paille sur le crâne, un pardessus léger de couleur beige aux multiples et amples poches, une chemise blanche un peu défraîchie, un large pantalon de coton marron, et ses sempiternelles bottes brunes, voici son appareil d'exploration... sans omettre une large sacoche contenant divers produits de première nécessité tels que blague à tabac ou bouteille de  bonne vodka. Au premier abord, une sorte de  combinaison entre un humble professeur d'école et un archéologue de terrain. C'est justement le dernier objet mentionné qu'il réintègre à son bagage après une bonne goulée pour la route. L'allure insouciante et irréductible, le satyre lance un baiser aux étoiles pour la bonne fortune, puis, ne se laissant pas arrêter par quelque incertitude inopportune, s'avance crânement vers sa destination, laissant les curieuses sensations de la transition faire craqueler leurs vibrations. Un chuintement presqu'inaudible, une sarabande indicible, et en un instant, ce n'est plus le même environnement...

Et quel changement ! D'un parc bucolique, un souterrain horrifique ! Noirceur tous azimuts, mais, caprice de l'étrange nature de ces manifestations, le conduit qui vient de transporter notre compère éclaire les lieux d'une lueur iridescente, révélant un spectacle qu'on pourrait croire digne de Dante. Dans l'air flotte une odeur mi-putrescente ; relents de chair et d'ossements qui sinuent dans l'air, annonçant un hôte peu clément. Serait-ce l'antre d'un ogre, s'engraissant de chair ? Est-ce la cachette d'une cabale de cultistes fous ? De ci de là, ce sont des signes cabalistiques que l'on voit, des arcanes obscurs attirant peut-être à répétition ce portail, sans compter pinceaux, brosses, peintures et autres, traînant dans une couche de poussière révélant un esprit malsain, délétère... ou simplement célibataire, hé hé.

Et là ! L'odeur du métal se mêle à celle de la viande, s'élevant en une vile fétidité apte à faire tourner de l’œil les moins aguerris ; une senteur âcre et agressive que les narines du baroudeur reconnaissent comme étant celle des armes à feu, cette odieuse invention qui ont tendance à rendre leur possesseur si odieux ! Ces balles, qui sont la panacée des trous du même nom, remplissent à ras-bord de grosses caisses à moitié moisies, des cartouchières pareilles à des serpents replets perfides sinuant aux côtés de répugnants suppositoire de plomb. Fi, fait le faune devant cette félonie meurtrière, s'en détournant en grinçant des dents pour se concentrer sur le fond de la pièce, où trône un barrage imposant lui aussi peinturluré d'un charabia occulte indéchiffrable, un lourd panneau de métal qui semble darder un œil invisible en direction des intrus pénétrant dans cet antre secret, et sur le pourtour duquel on pourrait s'attendre à lire « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » ! Vers quels autres terriers de terreur passive cette porte massive conduit-elle ? De quoi faire défaillir les plus hardis !


Mais qu'on se le dise, Hypocras n'est pas une péronnelle poltronne, et ne perdra pas son peps pour si peu ! Reste que la situation n'est certainement pas rassurante, car qui sait qui rôde dans ces pénates peu accueillantes ? Sur l'air matois de l'homme mâtiné de bouc se dessine un air de défi, alors qu'il reste sans se mouvoir sur son point d'arrivée, observant, réfléchissant, se tâtant. Or ça, qu'à cela ne tienne, si le sort est contre lui, à sa chance, il confie sa vie ! C'est ainsi que le gaillard dégourdi, de la prudence faisant fi, se décide à s'attarder, pour voir ce qui se passe ici ! Car son imagination, ses expectations, s'embrasent, s'excitent, à la pensée de ce qui peut se découvrir dans cet endroit si pittoresque, digne de figurer dans un récit apte à faire trembler tout un cercle d'auditeurs attentifs, leurs visages transfigurés d'angoisse et d'attente, figés devant les lèvres narratrice d'un conteur loquace ! Que voilà un portrait qui a tôt fait de gonfler le cœur téméraire de cet incorrigible satyre d'une flamme attisée par son incurable curiosité !

Et comme grondant inaudiblement d'une approbation fatidique, l'ouverture derrière lui s'estompe, disparaissant telle une bulle de savon, laissant le hardi hidalgo dans l'obscurité désormais complète de cette grotte sordide, l'oreille tendue et l'allure alerte, tâtant le terrain avant de se décider à faire ses premiers pas sur ses ergots légers que l'habitude rend à peine encombrés par les godillots qu'il a enfilés. S'acheminant de la démarche sautillante qui lui est propre, c'est avec un délectable mélange d'appréhension et d'impatience qu'Hypocras traverse les lieux, prenant garde de ne rien heurter,  se mouvant en des pas qu'il serait excessif de comparer à ceux d'un loup, mais qui valent bien la furtivité d'un fugitif mouflet. Arrivé à la porte, le sort lui jette un gant sous la forme de ce frappant pentacle plaqué sur le portail permettant de partir de ce piège : qui sait quels cataclysmes il pourrait déchaîner ? Mais aux craintes, le satyre fait un sabot de nez, et sans sourciller active la poignée, faisant grincer sans cérémonie le lourd pan d'acier, et ouvrant vers une nouvelle scène qui à la précédente n'a rien à envier !

Car dans un léger mouvement d'air, le nez creux de l'explorateur est de nouveau assailli par le relent de chair crue qui racle contre ses narines, tandis que ses yeux lui révèlent un véritable garde-manger de prédateur : suspendus, pendouillant, pourrissants, des pièces de viande peuplent ce placard à peine réfrigéré ! Ne pouvant refréner un jugement impitoyable contre cette hygiène délabrée, c'est sans pitié que notre ami se fend d'un :

« Berk... »

Mais sitôt, il fait de nouveau silence, car dans un bruit de plume, dans un froufrou léger, soudain...

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Prélude / Hypocras, Satyre ancien. Serviteur ! (Valithé)
« le: jeudi 06 septembre 2012, 12:56:00 »
Nom : Hypocras
Identité « humaine » : Hippolyte Crasier

Age : Vingt cinq siècles, à une vache près. Excusez du peu !

Sexe : Voyons !

Race : Satyre.

Orientation sexuelle: Omnisexuel… est-ce que ça se dit ? En tout cas ça convient bien.


Description physique :


Hypocras a l'apparence d'un homme bien portant d'une quarantaine d'années bien tassées, plutôt court sur pattes (1m70 environ lorsqu'il est bien dressé dessus), et légèrement ventripotent, un témoignage de son amour inconditionnel de la bonne chère qui le fait généralement tourner autour des 70 kilos. Ses membres sont un peu courtauds, voire légèrement boudinés, montrant une musculature somme toute assez peu développée, le tout dégageant néanmoins une impression globale de bonne santé et de robustesse. Sa peau, dont le grain n'a rien d'éphébique, arbore un teint globalement hâlé qui tire par endroits sur le rubicond, en particulier au niveau de son nez, qui ne cache une fois de plus pas l'affection qu'il porte à la bonne boisson.

Sa pilosité, plutôt abondante sur tout son être, est d'une belle couleur rouille changeante selon l'éclairage, et s'épanouit sur son crâne en une épaisse masse de touffes capillaires exubérantes, ou en une coiffure proprement ordonnée, selon son humeur et l'occasion. Plus bas, saillant de son menton et du dessus de ses lèvres, une courte mais foisonnante barbe lui encadre le bas du visage, ses mèches serpentant tous azimuts. Ses yeux, d'un brun profond, dardent des regards matois et empreints d'une roublardise pétillante, que soulignent d'épais sourcils, et qui surmontent un nez grec assez fort, lui-même positionné au-dessus d'une paire de lèvres charnues pouvant s'écarter bien grand et montrer de bonnes dents ; tout ce qu'il faut pour bien boire et bien manger !


Pas forcément très gracieux de prime abord, le satyre dégage cependant une sorte d'assurance emplie de chien qui attire facilement un regard favorable. En effet, si son aspect peut dans un premier instant ne laisser qu'une impression assez peu marquante, Hypocras rehausse cela par des manières franches et détonantes, dont la gestuelle laisse transparaître un physique bien plus agile qu'on l'aurait pu croire, le vieux renard sachant se servir de son corps avec une habileté et une dextérité parfois confondantes. De plus, s'il y a une chose qu'il a su cultiver, c'est bien l'art de l'apparence. Que cela soit pour s'adapter aux circonstances ou à ses caprices, il sait se vêtir et porter toutes sortes d'habits avec la même prestance qu'un comédien en costume de scène. Tenue de soirée, habillage formel, vêtements passe-partout, vêture religieuse, etc. tout y passe selon ses besoins et sa fantaisie... même si, de son propre aveu, la tenue qu'il préfère encore est celle d'Adam. Cependant, il prend bien garde de ne pas arborer cette dernière à la légère, et de se parer d'une façon qui masque ses peu communs atours.

Car en effet, deux éléments de son physique qui n'ont pas été cités jusque là passeraient pourtant difficilement inaperçus. Pour commencer, une paire de petites cornes grandes d'une douzaine de centimètres, pareilles à des andouillers, saille de son front pour partir vers l'arrière. Secondement, à partir de la mi-cuisse, ses jambes deviennent d'une pilosité proprement animale, et prennent graduellement l'aspect de cuissots de bouc, finissant par s'achever par des sabots caprins. Sans ambiguïté, notre bonhomme est un satyre ! L'expérience lui ayant appris à faire preuve de prudence, il sait se munir d'un bon chapeau et d'un bon pantalon pour déguiser ces attributs, tandis que des chaussures ad hoc (généralement des bottes), combinées à un jeu de scène suffisamment adroit de sa part, masquent son absence de pieds. Toutefois, depuis la création de Terra par Aphrodite, le diable s'est vu de moins en moins soumis à l'obligation de faire profil bas, pour son plus grand bonheur !


Caractère :

Comme le montre son apparence, Hypocras est un être aux tendances débonnaires, gaies, joyeuses, sensuelles, lascives... en un mot, jouissives.

Car le bougre ne va nullement à l'encontre de sa nature de satyre, et se complaît par conséquent dans tous les plaisirs qu'un esprit puisse concevoir, la longue liste de ses expérimentations et de ses hobbys allant de A comme alcool à Z comme zen (mais moins souvent, curieusement). Quel que soit le lieu, le moment ou les personnes, du moment qu'on est parti pour s'amuser, notre bon ami en est, son humeur cabaretière étant disposée à se manifester à pleine puissance à tout moment, pour boire sec et manger comme un trou, chanter fort comme un sourd, et baiser comme un Turc. Il est d'ailleurs étonnant, presque sidérant, de voir l'énergie qu'est capable de déployer cet être qui a pourtant l'apparence d'être père, voire grand-père. C'est que niveau vigueur, il ne s'en laisse pas facilement remontrer, et côté prouesses athlétiques, ce n'est pas à un vieux singe comme lui qu'on apprendra à faire des cabrioles, ou à relever le défi d'une épreuve d'endurance !

Cependant, l'âge ne venant pas sans son lot de leçons, le satyre a glané au fur et à mesure des années une certaine sagesse qui lui évite le plus souvent de se laisser aller au pire, autant physiquement que moralement. Il est volontiers ouvert à toutes sortes d'expériences, mais n'ira pas jusqu'à faire n'importe quoi, car il n'a de surcroît qu'une affinité très limitée avec la violence, et s'il est braillard, vantard, fêtard, cabochard, il est aussi... un peu trouillard ? Et oui, qu'on se le dise, le gaillard n'a rien d'un héros, et ne prétendra jamais vouloir se hisser à pareil niveau. Il a vu, chanté, et parfois même tâté de la furie guerrière, et s'il en a retiré une certitude, c'est que son affinité se situe bel et bien au niveau des domaines de Bacchus, et certainement pas de ceux d'Arès ! Hypocras est audacieux, téméraire, parfois impulsif et quelquefois même casse-cou, mais généralement pas courageux, et on ne le verra pas voler vaillamment au secours d'une demoiselle en détresse... encore que tout dépend de la demoiselle...


Plaisanterie à part, en ce qui concerne toute possibilité de confrontation, il n'éprouve nulle mauvaise conscience à faire usage d'un minimum de fourberie ou de manque d'esprit sportif pour s'en sortir. Au besoin, ses cornes, bien qu'aussi perçantes qu'un couteau à beurre, peuvent administrer une méchante ruade, et il a le crâne suffisamment dur pour supporter l'impact ! Il a également perfectionné, à l'aide de ses sabots, une manœuvre de prédilection pour se sortir des mauvaises passes, qui a reçu le doux nom de dégonadification, et dont les détails devraient probablement être laissés à l'imagination.

Tout bien compté, ce gars n'est pas un mauvais bougre, n'a jamais fait le mal purement par plaisir, et est toujours disposé à faire en sorte que les autres s'amusent. Toutefois, il est loin d'être un saint, et s'est déjà plusieurs fois laissé aller à des pulsions mesquines, des farces parfois de mauvais goût, ou des entourloupes blessantes. Généralement rien qui ne porte réellement à conséquence, mais cela ne l'a jamais empêché de dormir la nuit, preuve qu'il développe rarement des scrupules, surtout quand il s'agit de satisfaire une envie.

Niveau attitude, la façon dont il s'affiche est aussi changeante que ses humeurs : sage énigmatique, obsédé lubrique, poète inspiré, galant flamboyant... tous ces aspects, et bien d'autres, il est capable de les revêtir. Mêmement, il peut adopter un éventail impressionnant de registres et de modes d'expression, et possède un vocabulaire considérable lui permettant de s'exprimer comme le plus ordurier des charretiers aussi bien que comme le plus raffiné des gentlemans. Rimeur, beau parleur, baratineur, il aime à causer de façon fleurie, imagée, chamarré, que ce soit dans sa diction, dans le rythme de ses phrases ou dans le choix de ses mots.


Les goûts d'Hypocras sont éclectiques, et ce d'autant plus qu'il a au fil des années accumulé un impressionnant bagage de connaissances qui le rendent capable d'au moins toucher un peu à tout. Évidemment, n'ayant pas vraiment la fibre d'un érudit, tout cela a constitué une sorte de soupe de données plutôt qu'une banque, mais cela n'empêche qu'il est très instruit, et toujours disposé à expérimenter de nouvelles choses ou à partager son vécu. Et si l'on doit lui choisir un domaine de compétence entre tous, on pourrait choisir sans hésitation les arts du spectacle. Digne enfant de Bacchus, il sait chanter à merveille, jouer de la musique divinement, danser comme un beau diable, jouer la comédie sans égal, et s'exprimer de mille et une autre façons différentes. D'ailleurs, à l'écouter, il serait un véritable don du ciel en la matière, et même s'il est vrai qu'il combine un talent indubitable à une immense expérience, un certain orgueil n'est pas pour rien dans cette prétention. Reste qu'il a une fort belle voix bien travaillée, et maîtrise tout un panel d'instruments, ses préférés restant sans conteste la cithare et la lyre.

Précisons par ailleurs que si incliné à rechercher le plaisir qu'il puisse être, il sait, comme il l'a été mentionné plus haut, tempérer les ardeurs qui peuvent lui venir, et rechercher la satisfaction et l'épanouissement dans des méthodes tout ce qu'il y a de plus délicates et subtiles. Quelqu'un de son âge serait bien indigne de ne pas savoir faire montre de patience, même s'il est vrai qu'il peut lui arriver d'avoir des accès de mauvais caractère qui lui font commettre des impairs.

Bref, dans l'ensemble, Hypocras est, en deux mots, purement et simplement un bon vivant.


Histoire :

« Ah, j'ai raconté bien des histoires, et j'en raconterai bien d'autres, mais entre toutes, j'ai pour la mienne une sensibilité bien particulière ! Qu'a-t-il fallu, en effet, pour que du fond des âges remonte un individu tel que votre serviteur ? Par quel caprice du destin ai-je louvoyé entre la périssabilité, esquivé les coups du sort, trompé la mort ? Allons, je ne vous assommerai pas d'effets de scène à deux sous. Prenons un verre, voulez-vous, de quoi me rafraîchir le sifflet, et je commencerai. Vous m'excuserez, mais je me contenterai de la prose, ayant estimé que mon humble épopée ne méritait ni Odyssée, ni Edda. De même, je ferai en sorte d'être bref. Rien de plus pénible et pitoyable, ça oui, qu'un vieil homme ressassant le passé.

Commençons donc.


Je naquis, si j'ai bonne souvenance, vers 500 avant Jésus-Christ. Ah, la belle époque que c'était ! Je me rappellerai toujours ces temps d'insouciance avec affection ; cette époque où les hommes savaient vivre en harmonie avec les fruits des dieux, et où nous-mêmes, satyres, centaures, dryades, nymphes et que sais-je encore, nous ébattions dans une insouciance délectable, sous la tutelle bienveillante de nos divinités paternelles ! Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et il advint qu'un mal rongea insidieusement les entrailles de cette belle civilisation, vampirisant les honorables cultes que les gens de ce temps-là vouaient aux dieux de ce temps-là, pour alimenter la ferveur en une seule et unique divinité. Ah, et quel triste dieu ! Mes yeux s'embuent de larmes à penser que nos temples furent mis à bas au nom de ce dieu unique, qui exigeait constance, tempérance, pénitence, souffrance... ah, gibiers de potence !

Imaginez un peu le déchirement que ce fut de voir l'auguste Bacchus déchoir de son trône, et le sauvage Pan pousser son chant du cygne ! Le désespoir, la douleur, la démence, s'emparèrent de tous ceux qui comme moi étaient les enfants des divinités que l'on poignardait outrageusement, et moi-même je crus devenir fou. Je suis un des seuls qui ait réchappé de cette période ô combien funeste, et si j'ai survécu là où d'autres ont péri, c'est, je l'avoue avec honte, car je ne restai pas aussi étroitement lié à mes géniteurs que d'autres, raison pour laquelle je ne les suivis pas dans le néant.

Que le Liber Patis et le Grand Faune me pardonnent s'ils peuvent m'entendre ; je fis cavalier seul, et, poursuivant en solo le prêche des vertus dont ils avaient été investis, assurai ma propre subsistance, grappillant par-ci par-là quelques brins de ferveur qui m'apportèrent l'étincelle dont j'avais humblement besoin. Car si les dieux se nourrissent de dévotion, nous-mêmes, leurs progénitures, avons besoin que l'on croie un peu en nous pour que nous vivions. Ainsi, voyant la fin arriver, je coupai pour ainsi dire le cordon, et assurai égoïstement ma propre alimentation. Je n'en suis pas fier, mais les freudiens disent bien qu'il faut savoir tuer symboliquement son père. Ah...


Mais enfin, je soutins solitairement le choc des années, me faisant en quelque sorte à la fois mon dieu et mon prêtre. Je ne m'étendrai pas sur les siècles que je parcourus, car mon récit se muerait là en une véritable saga... je vois en effet qu'au rythme où nous buvons, vos oreilles ne vaudront bientôt pas mieux que celle d'un sourd ou d'un nourrisson. Toujours est il qu'un jour, comble de la stupeur ! Ce fut lors de cette époque mémorable que furent les années soixante, si empreintes d'un sentiment général d'exaltation, de libération, et j'oserais même dire de libations : Woodstock, Armstrong, Mai 68 ! Tant de noms qui encore aujourd'hui sont comme bruissants d'un enchantement !

Mais je m'égare. Pour en revenir à l'essence de mon récit, ce fut avec incrédulité que je croisai nulle autre qu'Aphrodite ! Tudieu, la bougresse avait survécu tout ce temps, et même si elle voulut garder le secret de sa recette pour elle, je crus comprendre qu'elle avait de son côté pris la poudre d'escampette, et avait passé un bon moment à reprendre son souffle en cachette. La voilà désormais qui revenait incognito faire gronder le vent de la passion, et attirer à elle tout l'enthousiasme qu'elle suscitait sur son divin passage ! A mon crédit, je dois bien dire qu'elle ne fut pas non plus peu surprise de se retrouver face à moi, relique d'un âge qu'elle croyait entièrement révolu, et son émoi n'eut, je crois, rien à envier au mien. Ah, c'est qu'elle l'aimait bien le bon Bacchus, elle l'aimait bien ; et j'étais, je pense, le seul de ses enfants qui eût subsisté ! J'étais un souvenir original qu'elle se prit, peut-être malgré elle, à chérir ; réminiscence d'une époque bénie hélas révolue.

J'eus le privilège de me voir confier quelques-uns de ses projets, sur lesquels, humblement, je lui donnai mon avis. Je ne briserai d'ailleurs pas la confidentialité que je promis en ce temps d'observer ; je crains en avoir déjà trop dit ! Il reste qu'au fil des ans, je la revis plusieurs fois, agissant à son égard en tant qu'une sorte de conseiller, jamais, je suppose, bien influent, mais toujours vaillant, toujours causant, toujours contribuant. En ma qualité de peu banal consultant, je me vis d'ailleurs détenteur de connaissances et de privilèges bien modestes, mais plaisamment uniques, et au fil des ans, je m'émerveillai et me délectai de ce que cette ribaude d'Aphrodite fut capable d'accomplir : quel exploit en effet que d'avoir fait Terra ! Je ne sus et ne sais toujours pas où donner de la tête dans un terrain de jeu si immense à explorer... même si je dois bien avouer que je conserve pour ma Terre natale une tendresse spéciale.

...

Et bien je crois avoir narré l'essentiel de ce qui fut mon destin, le reste se ramifiant en une infinité de détails. Il est bon de temps en temps de se décharger de paroles aux implications si magistrales, même si de telles informations ne doivent pas tomber dans n'importe quelles oreilles. Heureusement, je reste assuré que l'alcool fera bien son office, et qu'au réveil du sommeil éthylique dans lequel vous êtes prêt à tomber, tout ce qui vient d'être dit se confondra dans les brumes de ce Léthé.

Or donc maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je vais prendre congé. Vale !

Oh, et ne vous en faites pas, la note est pour moi. »


Situation de départ :

Pour résumer, il y a fort à parier que tout ce qui finit par « -philie », Hypocras en a fait l'expérience. Cela ne l'a pour autant nullement rendu blasé, et il est toujours d'attaque pour tenter ou retenter quelque chose.

Autres :

Même s'il ne la côtoie désormais plus aussi activement que par le passé, Hypocras reste sous la bénédiction d'Aphrodite. Cela ne lui apporte pas de pouvoirs particuliers, mais lui assure de façon virtuellement certaine, et plus ou moins à son insu, de ne pas mourir, que ce soit de vieillesse ou d'autre chose, le sort se chargeant toujours d'épargne ce modeste favori. Il possède également une connaissance en coulisses assez avancé de Terra, et, en particulier, connaît le secret des portails entre les deux mondes.

Étrangement, il est aussi doté d'une sorte de sixième sens qui l'oriente de temps en temps vers les bonnes occasions, qu'il s'agisse d'un objet à trouver, d'un spectacle à admirer, ou encore d'une personne à rencontrer. L'instinct qui vient avec l'expérience peut-être...

Enfin, le seul réel pouvoir qu'il possède, si l'on peut qualifier cela de pouvoir, est de toujours pouvoir mettre la main sur de l'alcool où qu'il se trouve. Curieux en effet que quelqu'un ait perdu cette bouteille de bon vin au bord de cette route... Hypocras ne sait pas si cela provient de sa nature légèrement surnaturelle, ou est un petit cadeau de la grande patronne, mais il a toujours assumé ce talent avec contentement, n'allant pas chercher plus loin.

Comment avez vous connu le forum : Un ancien membre qui fait son retour.

Avez vous des moyens de faire connaître le site autour de vous ? Si oui lesquels : Le bouche à oreille, comme tout le monde !

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