Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Sujets - Félicia Hardy

Pages: [1] 2
1
Centre-ville de Seikusu / Triathlon [Syndra Bathory]
« le: lundi 30 octobre 2017, 01:03:49 »

Le Grand Triathlon de Seikusu était, comme à chaque édition, bien rempli. Il y avait beaucoup de sponsors qui avaient installé leurs tentes le long de la plage. Chaque année, la commune organisait, en partenariat avec d’autres villes, notamment Yosano et Miyasu, les deux plus grandes villes proches de Seikusu, un grand triathlon, qui se déroulait dans le nord de la préfecture de Kyoto, environnement très verdoyant et montagneux. Le triathlon était organisé en réalité par une fondation sportive caritative, mais la commune soutenait activement ce projet, de sorte qu’elle se mettait volontiers en avant. C’était un projet plutôt efficace, qui attirait généralement son lot de touristes.

Aujourd’hui, la première épreuve allait commencer. Le triathlon était, comme tout triathlon, divisé en trois épreuves : une épreuve de natation, une épreuve de cyclisme, et une épreuve de course à pied. La natation commençait par traverser la baie de Seikusu, afin de rejoindre la route 178, une route qui longeait la mer et les montagnes, et qui menait tout droit à Yosano. C’est là que la troisième épreuve avait lieu, une course à pied pour aller de Yosano à Miyazu, deux villes jumelées, afin de se terminer sur une baie naturelle d’où on pouvait voir Seikusu.

Il y avait des stands, vendant des goodies, présentant l’historique du triathlon. Cette compétition avait été développée au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Seikusu avait été rasée en quasi-intégralité, et, suite à ce désastre, la nouvelle commune avait décidé de se rapprocher des autres communes proches. Cette compétition était née au sein de ce programme de collaboration économique et sociale. Félicia, qui connaissait l’histoire, était ravie d’y participer. Même avec ses capacités surhumaines, un triathlon nécessitait de l’entraînement, et, ces dernières semaines, elle avait fait beaucoup de jogging, tout en passant beaucoup de temps à la piscine olympique.

Elle était donc prête, et avait enfilé une swimsuit noire assez moulante, surtout que, en prenant son apparence de « Chatte Noire », elle gagnait légèrement en muscles et en ossature. Ainsi habillée, elle se préparait, observant la baie. On avait balisé le chemin à l’aide de bouées, et elle fut questionnée par plusieurs journalistes.

« Ainsi donc, vous participez en étant professeur de sport ?
 -  Pour moi, c’est une manière de mettre en valeur la ville, et c’est un excellent exercice. »

Pour encourager les participants, les trois communes avaient prévu des récompenses. La personne qui gagnait toucherait surtout la coquette somme de 10 millions de yens, soit environ 75 000 €. Une somme considérable, et qui ne laissait pas Félicia indifférente. Un tel montant justifiait amplement sa participation à cette épreuve, mais elle était face à de multiples sportifs professionnels.

La compétition promettait d’être rude !

2
Les alentours de la ville / L'Antre Du Dragon [Shany Twain]
« le: dimanche 22 janvier 2017, 22:16:21 »

Située sur l’île d’Hokkaidō, l’une des quatre grandes îles du Japon, celle située au nord, la villa était un summum de modernité et de sécurité. Juchée au sommet d’une montagne, c’était la demeure de Kazuri Tochihō, une femme redoutable. Kazuri, en effet, était l’héritière surdouée de Soyuchi, un puissant keiretsu japonais, vaste conglomérat international, qui lui fournissait une fortune considérable. Son empire commercial avait été fondé par ses parents, mais, depuis la mort de son père, Kazuri avait hérité de cet empire. Étant une femme à la tête d’un conglomérat industriel japonais, pays connu pour son sexisme patenté, Kazuri était rapidement devenue une figure médiatique. Ses parents étaient morts dans un accident de la circulation, mais, ce que les gens ignoraient, c’était que cet accident n’en était pas un. Kazuri avait embauché des gens pour tuer ses propres parents. Sous ses airs rebelles, la femme était aussi belle que redoutable, et avait été élevée dans une famille très stricte, avec un père qui n’avait jamais pardonné à sa mère de lui avoir offert une fille, et non un fils. Kazuri avait grandi en étant envoyée dans des pensionnats, des internats, et, quand elle avait appris que son père envisageait de mettre en place une procédure visant à la déshériter, Kazuri avait pris les devants.

Maintenant, la femme était richissime, et en affaire avec les Guramu, un puissant clan yakuza. C’était en effet eux qui avaient organisé la mort du père de Kazuri, et qui avaient arrangé les angles pour que l’enquête de police conclue bien à un accident. Depuis lors, Kazuri avait construit ce manoir, où elle y prenait refuge. C’était une femme dangereuse, qui avait passé son adolescence à Seikusu, et avait découvert l’existence de Terra. Elle y était revenue puissante, et avait utilisé sa puissance, couplée à son ambition, pour s’emparer de Soyuchi. Pour l’aider, elle disposait de l’aide de Shinku, son amante, sa garde du corps, et sa tueuse personnelle, une femme implacable.

Sa villa était extrêmement bien sécurisée, et, aujourd’hui, Kazuri organisait une réception en compagnie des actionnaires et des membres influents de Soyuchi. C’était une réception censée marquer officiellement sa prise de pouvoir, mais aussi convaincre les membres les plus réticents du conseil d’administration qu’elle était bien à sa place ici. Pour les convaincre, elle n’avait pas hésité à faire exécuter les membres qui lui étaient les plus hostiles, et à menacer les autres. Kazuri était prête à tout pour asseoir son emprise sur Soyuchi, et n’avait aucun respect pour ces individus hautains et arrogants.

Tout ça, Félicia le savait. Elle s’était renseignée sur ce manoir, qu’elle observait avec ses jumelles depuis une corniche, suspendue à côté. La jeune femme n’était évidemment pas invitée à la petite fête, mais ça ne l’empêcherait pas d’y aller. L’’endroit était immense, et tout était sécurisé. Il y avait des caméras partout, mais, surtout, chaque porte était électroniquement verrouillé, ne s’ouvrant que grâce à des badges spécifiques. Les invités avaient droit à un badge n’ouvrant qu’une certaine partie, tout comme les agents de sécurité, les serveurs...

*Mais bon, ça ne peut pas être plus terrible que l’Hélicarrier du S.H.I.E.L.D...*

La villa comprenait un grand héliport, un restaurant, un SPA, une piscine intégrée, des salles de sport, quantité de chambres luxueuses... Et un laboratoire souterrain.

*Et c’est ça que je recherche...*

Kazuri avait été sur Terra, et elle n’en était pas revenue les mains vides. Elle y avait appris qu’elle disposait de pouvoirs magiques, les avait perfectionnés, et utilisait un laboratoire pour faire des recherches sur la magie. La jeune femme avait notamment ramené, de Terra, une gemme violette très puissante. C’était cette gemme que Félicia recherchait. Elle était, d’après ce qu’elle savait, faite à partir de la magie rose, et Kazuri l’utilisait pour contrôler les gens... Du moins, ceux qu’elle ne tuait pas. Le S.H.I.E.L.D. voulait cette gemme, tout comme Félicia... Même si, pour le reste, ce que l’organisation comptait en faire différait des intentions de la Chatte Noire.

Néanmoins, pour l’heure, il lui fallait donc :

  • 1°) S’infiltrer dans la villa ;
  • 2°) S’infiltrer dans le laboratoire ;
  • 3°) Récupérer la gemme ;
  • 4°) Repartir.



Autant dire que la tâche serait laborieuse, car la Chatte Noire n’avait que peu d’informations sur cette villa. Elle n’avait pas les plans, et, pour l’heure, sa stratégie était de rejoindre les appartements des invités, afin de récupérer un badge, et pouvoir, ensuite, s’infiltrer.

Autrement dit, sa soirée ne risquait pas d’être de tout repos...

3
One Shot / What If... They had declared their Love in Paris ?
« le: jeudi 02 juin 2016, 21:05:58 »

Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris


Le soleil s’était poliment couché, et c’était l’heure du Chat Noir. C’était comme ça, derrière cette maxime, qu’on connaissait le père de Félicia Hardy, Walter Hardy. Jadis, l’homme avait été l’un des plus célèbres voleurs qui soit, un cambrioleur tout en élégance, qu’on appelait le Chat Noir, et qui disposait d’une mémoire eidétique. Félicia en savait quelque chose, car, quand il était jeune, Walter avait infiltré un laboratoire américain pendant la Seconde Guerre Mondiale, un laboratoire situé à New York, et qui, en marge du Projet Manhattan, avait accueilli plusieurs scientifiques allemands ayant fui le Reich, et mis à contribution leur cerveau pour inventer une formule qui améliorait sensiblement les capacités de son porteur : le sérum du Super-Soldat. Hélas, l’équipe scientifique ayant inventé la formule avait été tuée par des espions nazis envoyés par le futur Crâne Rouge, et le secret de la formule s’était perdu... Jusqu’à ce qu’on apprenne, bien plus tard, que Walter Hardy avait espionné les scientifiques, et avait mémorisé la formule. Cependant, ce n’était pas HYDRA qui avait utilisé cette formule, mais un ennemi bien plus proche : Wilson Fisk. Le Caïd.

Félicia s’était rapprochée de Fisk, et avait servi de cobaye aux petites expériences du Caïd. On lui avait inoculé une variante du Super-Soldat, et elle avait fait tout ça dans un seul but... Se rapprocher de son aimé, et cesser d’être un poids pour lui. Et maintenant... Maintenant, elle l’attendait, en étant là, juchée sur le toit de la cathédrale de Notre-Dame, en prenant des vacances bien méritées avec lui.

Il y a de cela neuf mois, Spider-Man avait perdu la femme qu’il considérait comme l’amour de sa vie... Gwen Stacy. Une fille qu’il connaissait depuis le lycée, sa grande amie, et son premier amour. Elle avait été tuée entre les mains d’un psychopathe, Norma Osborn, alias le Bouffon Vert. Osborn avait balancé Gwen depuis le Brooklyn Bridge. En tentant de la récupérer, Peter l’avait tué, un filament de toile ayant attrapé Gwen au cou, lui brisant brutalement les cervicales. Cet acte avait profondément ébranlé Peter, qui, après avoir neutralisé Osborn, avait déprimé. Et même, « déprimé » était un euphémisme. Peter avait fait une vraie dépression, et Félicia s’était rapprochée de lui. Norman ayant tué son propre fils, Peter n’avait eu personne d’autre pour se rapprocher de lui... Personne, sauf Félicia.

Ensemble, ils avaient eu une aventure il y a un an de cela, alors qu’elle était une cambrioleuse en herbe,  et que lui était un justicier. Ils avaient flirté ensemble, mais l’amour de Peter pour Gwen avait été le plus fort. Quand elle était morte, l’homme avait renoncé à tout, et avait commencé à sombrer. Il s’était même mis à boire, et Félicia, pourtant la plus insouciante des deux, avait veillé sur lui. Elle était venue le voir presque tous les jours dans son appartement, sans jamais tenter de critiquer Gwen. Le fait est que Félicia savait que Gwen était une femme d’exception, et, même si elle avait toujours été jalouse d’elle, elle avait été sincèrement peinée par sa mort.

Cependant, le crime n’attendait pas le deuil de Spider-Man, et, pendant que Peter déprimait, ses ennemis en profitaient... Félicia avait tenté de les repousser, et une guerre des gangs avait éclaté entre deux super-vilains : le Hibou d’un côté, et Docteur Octopus de l’autre. Félicia s’était retrouvée prise entre deux feus, affrontant les deux dans la volière du Hibou, un refuge souterrain, et Docteur Octopus l’avait massacré. Félicia avait bien failli mourir ce jour-là, et, au dernier moment, Spider-Man avait fini par intervenir, et, devant la situation, se refusant à la perdre, avait usé de sa force surpuissante pour arracher les tentacules d’Octopus, puis avait conduit Félicia à l’hôpital.

Il avait veillé sur elle pendant toute sa convalescence, et, quand elle était revenue à elle, elle lui avait expliqué pourquoi elle faisait ça, pourquoi elle était la Chatte Noire. Son plus grand secret.

*Et il est le seul à savoir...*

Avant d’être la Chatte Noire, Félicia avait été une étudiante à l’Empire State University. C’est là qu’elle avait connu son premier rapport sexuel... En étant violée. Ce viol l’avait profondément marqué, et avait cassé quelque chose en elle. On avait volé sa virginité, et elle, elle avait décidé que, en retour, elle volerait aussi aux salauds leurs biens les plus précieux. Sa kleptomanie était née de là, comme un moyen de se venger de l’homme qui l’avait violé, ainsi que le fait qu’elle avait toujours aimé plus Spider-Man que Peter Parker.

Les deux s’étaient beaucoup rapprochés en se confiant mutuellement, et Peter l’avait embrassé sur son lit d’hôpital. Elle, ensuite, son passé lointain était revenu faire surface : son père, le Caïd... Elle était devenue plus forte, plus endurante, dotée de pouvoirs surnaturels, et, avec l’aide de Peter, ils avaient sauvé son père des griffes du Caïd, et sévèrement ébranlé l’organisation de ce dernier. Mais, après cela, Félicia avait décrété qu’il était temps de quitter un peu New York. Peter commençait à retrouver le sourire, et elle avait proposé de passer des vacances à Paris.

Le moment était idéal, et, aujourd’hui, on était le 31 Décembre, à quelques heures du Nouvel An. De la neige tombait doucement, mais, même malgré ça, il ne faisait pas trop froid... Et puis, Félicia et Peter étaient plutôt résistants contre le froid, à force de grimper sur des gratte-ciel. Ils logeaient à un grand hôtel, mais elle lui avait donné rendez-vous ici. La Tour Eiffel était visible depuis le toit de la cathédrale.

Ce soir, Félicia portait sa combinaison, mais elle était aussi bien décidée à ce que Peter oublie pour de bon Gwen, et la laisse reposer en paix... Pour s’occuper d’elle. Elle le sentait fébrile, et, régulièrement, quand ils dormaient ensemble, elle pouvait le sentir avoir une érection.

Alors, elle attendait avec impatience qu’il arrive...

4
Centre-ville de Seikusu / La Guerre des Symbiotes [Venom]
« le: vendredi 01 avril 2016, 12:57:06 »
Irak
Avant


« Ouais, c’est eux… Felicity et Gene. C’est pour eux que je me bats, tu sais, que j’ai décidé de m’engager. »

Le long de la Jeep, les deux soldats discutaient entre eux, et l’homme rangea, dans son armure, la photographie froissée de ses deux filles, en train de jouer dans le jardin de sa maison de banlieue.

« C’est une guerre perdue d’avance, se confia alors le soldat. Le Président l’a annoncé ; le retrait des troupes commence. »

Il regarda silencieusement par la fenêtre, avisant les landes désertiques. Le sable du désert… Une poussière dans laquelle il pataugeait depuis des mois. L’homme n’avait pas fait ça par sens du devoir, ou par patriotisme aigu envers son patrie. Non… En réalité, il lui suffisait de fermer les yeux pour savoir ce qu’il était. Un ancien quaterback turbulent, qui prenait plaisir à harceler et à brutaliser les autres adolescents du lycée, noyant sa jalousie de ne pas être intelligent comme eux derrière ses poings et ses muscles. Il avait toujours été un idiot, il l’avait été en perdant, peu à peu, toutes les femmes qui comptaient pour lui… Gwen, dont il n’avait jamais pu oublier le décès, Mary Jane, Sha Shan… Et Félicia Hardy.

Il voulait léguer à ses filles autre chose que le spectacle désabusé d’un professeur de sport passant ses journées à siffler, il voulait… Il voulait qu’elles soient autant inspirées par lui que lui l’avait été face à Spider-Man. En repensant à lui, il se disait que c’était grâce à lui, à ce que l’Homme-Araignée symbolisait, qu’il avait été aussi loin. Dieu, il s’était même engagé ! Gene et Felicity étaient gardées par sa sœur pendant qu’il se prouvait à lui-même qu’il valait mieux que ce que son père avait fait de lui.

C’est ainsi qu’il se trouvait dans une Jeep, au sein d’un petit convoi militaire qui retournait vers la caserne. Un trajet normal, déjà fait à de nombreuses reprises…

Lorsque les missiles plurent, et que les balles fusèrent

C’est ce jour-là que Flash Thompson perdit ses jambes.



Seikusu
Maintenant


La ville était plongée dans l’obscurité, ce qui permettait à la solitaire silhouette de se déplacer bien plus facilement. Sa vie était actuellement en grand changement. Félicia avait décidé de quitter le studio miteux dans lequel elle vivait, et venait d’acheter une grande et immense suite, véritable penthouse, qui se tenait au cœur de la ville, au sommet d’un gratte-ciel. Un investissement inconsidéré, très largement au-dessus de ses moyens, pour lequel elle avait contracté un prêt. Heureusement qu’elle était une voleuse, mais, depuis quelques jours, la Chatte Noire ne volait plus grand-chose.

Car ce changement de domicile n’était pas le seul changement dans sa vie. Un autre était arrivé, toquant à sa porte, et l’avait changé dans les profondeurs. Plus agile et rapide que jamais, la jeune femme se perdit au sein du Quartier de la Toussaint, et rejoignit une ancienne station de métro abandonnée. Une station insalubre, qui avait été remplacée par une autre, mais on pouvait encore y accéder. Il y avait généralement des tags, des capotes usagées, ou des toxicomanes, voire des squatteurs ou des clochards. L’envers de Seikusu, cette grande ville où pauvreté et richesse se côtoyaient à quelques kilomètres d’écart.

Nulle proie intéressante ici, et elle avançait le long des couloirs abandonnés, jusqu’à rejoindre l’ancien quai de tram, reconvertie en dortoir, avec des tentes, des couchettes, des barils vides permettant de faire quelques flammes. Elle évitait de se mélanger à cette fange grouillante. Pour rejoindre la zone, Félicia aurait pu prendre un autre endroit, mais celui-ci présentait l’avantage d’être direct.

S’agrippant au plafond, elle rejoignit le rail, et le remonta. Il y a des années, un arrêté municipal avait interdit l’exploitation de cette ligne. Les rails étaient rongés par le temps, et menaçaient de se rompre à cause des secousses et des vibrations engendrées par les trains circulant dessus.

Elle se laissa descendre près d’une porte de maintenance. La serrure avait été arrachée, et la femme l’ouvrit, puis s’avança dans un ancien couloir, faisant fuir quelques rats. Adoptant une démarche naturellement sensuelle, la créature s’avança encore, jusqu’à descendre des escaliers en fer, rouillés, qui l’amenèrent près d’une crevasse. Une fissure suffisamment grande pour la laisser passer.

Félicia passa à travers, et atterrit dans un décor plus naturel. À l’époque, quand la municipalité avait réalisé qu’il y avait tout un réseau de grottes et de cavernes sous Seikusu, on avait, à fort juste titre, décidé de construire un métro. Mais beaucoup de grottes étaient encore accessibles, comme celle-ci.

La Chatte Noire se mit à sourire en sentant une odeur qu’elle reconnaissait bien. Il était .

Elle délaissa le couloir pour rejoindre le cœur de la grotte, qui commençait à être aménagé. Il y avait quelques bougies, des tables, et des lits, que Félicia avait volé. Elle était maintenant dans la forêt entourant Seikusu, et sourit devant Venom.

« Bonsoir, Venom… Navrée de ne venir que si tardivement malgré ton appel, je ne souhaite pas attirer les soupçons du SHIELD sur le cadeau que tu m’as offert, mon aimé… »

Ce soir, Félicia portait en effet son symbiote, ce qui lui donnait un look assez atypique… Et, devant elle, Venom était là.

En conséquence, Félicia se mit à frissonner.

5
« …Et le pire, c’est que je sois obligé de me déplacer en personne le jour de mon anniversaire. Vous le croyez, ça, les gars ?
 -  Ouais, Boss, une vraie tragédie.
 -  Alors que le gâteau est en train de chauffer…
 -  Et que la petite voulait son câlin…
 -  Et que j’ai mis un costume. Putain ! Il vient juste de sortir du pressing ! Même ses saloperies de pompes, tu sais combien j’en ai pris, à les cirer ?! Tu crois que l’argent se trouve dans le cul des vaches, ou quoi ?! »

Il avait envie de se faire dessus… Non, il allait se faire dessus. L’homme devant lui était énervé, et, en un sens, on pouvait le comprendre. Toshirō Guramu fêtait aujourd’hui son anniversaire, et il comptait bien le célébrer en paix. Il avait fait venir un traiteur depuis Tokyo, un traiteur français, il avait mis les petits plats dans les grands. Toute sa famille était venue, et même Akihiro devait passer ce soir. Après tout, Toshirō n’était pas n’importe qui au sein de la Famille. Alors, forcément, quand, en plein milieu de la fête, alors que les petits rigolaient aux éclats et qu’on voyait leurs yeux émerveillés devant le jeu des ombres chinoises, les hommes de Toshirō venaient lui dire que Sadaharu avait été retrouvé, Toshirō avait compris que sa fête allait devoir s’écourter. Il avait senti le regard de reproche de sa femme. Ne jamais mélanger les affaires personnelles et le business, comme disait les Corleone. Un principe simple, comme une règle de vie, une conduite que Toshirō essayait, dans la mesure du possible, d’appliquer. Mais, comme ses études en droit le lui avaient appris, il n’y avait pas de bons principes sans exceptions.

« Alors, que je récapitule un peu, Sadaharu… Toi, tu fournis la drogue qu’on nous envoie depuis les Rook Islands, tu vois ? T’es un peu le genre d’intermédiaires, le… Euh…
 -  Le fournisseur, Boss.
 -  Voilà! C’est ça ! Le fournisseur ! Le putain d’enfoiré de fournisseur à la con ! Donc, donc, donc… On obtient, tu fournis aux distributeurs, et eux distillent cette saloperie hallucinogène dans les boîtes de nuit, les bars, et tout autre endroit de bonheur. On… On me suit, là, hein ? C’est quand même pas très compliqué ce que je dis, si ?
 -  Limpide, Boss, limpide.
 -  J’aime quand c’est comme ça, quand les choses sont… Limpides. Parce que j’aime les choses simples et claires. C’est admis. Fournisseur. Distributeur. La hiérarchie normale et simple… Malheureusement, y a toujours des petits cons pour croire qu’ils peuvent changer les règles, hein ? Tu sais comment on appelle ça ? Ce qui arrive aux abrutis qui pensent qu’ils peuvent bouleverser le circuit, et tricher ? Hum ? »

Sadaharu avait eu une mission très facile à accomplir, quelque chose de simple… Mais il avait estimé que les profits qu’il reversait au clan n’étaient pas assez élevés. Il avait donc été voir ailleurs, voir d’autres familles… La Mafia russe. Pendant un temps, ça avait marché. Il se faisait plus de fric que ce qu’il déclarait aux Guramu, ceux qui lui fournissaient sa dope, et il refourguait le surplus aux Ruskofs. Un marché très simple, un biz’ efficace… Mais il avait fini par se faire coincer. Le jour de l’anniversaire du Boss.

Pour le coup, c’était vraiment pas de bol.

Toshirō n’avait jamais aimé les traîtres. Il croyait en des valeurs simples comme la loyauté, la confiance… Des valeurs indispensables au sein d’une famille, au sein d’un clan, surtout quand le clan était aussi important et aussi influent que les Guramu. La tradition voulait qu’on coupe un doigt aux traîtres, à ceux qui avaient déçu le clan, et qu’on leur offre le pardon. En théorie, c’était aussi ce que Toshirō devrait faire… Mais, ce soir, il avait une fête d’anniversaire, et aucune envie de s’emmerder avec un mec comme Sadaharu. Nu comme un ver, attaché à sa cave par des chaînes reliées à des tuyaux, l’homme était pathétique. Les hommes de Toshirō l’avaient déjà câliné un peu avant qu’il ne descende s’occuper de lui.

Et, pendant ce temps, dehors, tout autour de cette villa japonaise traditionnelle, il y avait de multiples gardes. Au sein du clan, Toshirō était ce qu’on appelait communément un wakagashira, l’un des premiers lieutenants du clan, le genre à déjeuner le Dimanche en compagnie d’Akihiro Guramu, l’Oyabun du clan. Sa villa japonaise se situait dans la forêt entourant Seikusu, dans les hauteurs de la ville. Il y avait une grande piscine intérieure, plusieurs jardins, l’ensemble étant entouré par un mur avec des gardes. Ils avaient tous es costumes sombres avec des cravates et lunettes noires, dissimulant leurs armes sous leurs costumes.

C’est sur le toit d’une des maisons que la femme observa en détail la zone. Ce jour-ci était le jour parfait pour que la Chatte Noire sorte ses griffes. Engoncée dans sa combinaison moulante en cuir, furtive comme une ombre, la redoutable cambrioleuse s’avançait lentement, furtive comme un chat. Le bureau de Toshirō abritait des objets de valeur, comme de riches tableaux, et, surtout, un coffre-fort abritant un trésor inestimable : des relevés de compte, des documents comptables… Et quelques bijoux précieux. Avec la venue d’Akihiro, Félicia voulait leur offrir une belle surprise…

Ça, c’était la théorie.

En pratique, s’infiltrer dans la maison de Toshirō n’était pas une mince affaire. Caméras de sécurité, détecteurs de mouvement, sans parler des gardes. La fête d’anniversaire avait lieu dans le grand salon du manoir, et Félicia évitait autant que possible cette zone. Les gosses s’étaient amusés toute la journée, et les autres enfants étaient repartis, ne laissant plus que la famille de Toshirō… Et les autres lieutenants. La police de Seikusu avait l’occasion de faire un joli coup de filet ce soir, mais les Guramu avaient depuis longtemps quelques assurances judiciaires bien pratiques. Il était donc temps que la Chatte Noire mette son grain de sel dans cette histoire.

En théorie, elle était aussi censée être la seule à vouloir s’emparer du magot de Toshirō.

Mais, ça, c’est en théorie…

6
Les alentours de la ville / Redrum [Dwight Lazarus]
« le: mercredi 28 janvier 2015, 02:06:41 »

Citer
« LA TUERIE DU PIC : UN SUSPECT POTENTIEL »

« Communiquée aujourd’hui par le Ministère de l’Intérieur, l’information judiciaire évoquée hier par le Premier Ministre, Fukuda-sama, lors de son discours, mentionne qu’un individu a été appréhendé par les forces de l’ordre, et est depuis lors placé en garde-à-vue. Les forces de police ont appréhendé hier matin un individu vivant reclus dans une cabane, et qui, d’après nos sources, serait un chasseur. ‘‘Il nous est pour l’heure impossible de faire la moindre déclaration officielle, a nuancé le capitaine de police Kuruma-sama. Tout ce que l’on peut vous dire, c’est que nous avons de forts soupçons sur la présence de cet individu au sein des locaux de l’Hôtel du Pic lors de cette triste agression’’. Nos sources mentionnent l’existence d’empreintes de sang relevées près de la cabane du chasseur, dont l’identité ne nous a pas encore été divulguée... »

[...]

« Le Directeur de l’établissement a par ailleurs affirmé, lors de ses vœux en l’honneur des victimes de ce sinistre crime, qu’il se battrait pour empêcher la fermeture de l’Hôtel du Pic, dans laquelle il a tout mis en œuvre. ‘‘J’ai fondé cet hôtel en étant un parfait étranger, et je pense qu’il sera à même de surmonter cet évènement sinistre, nous a-t-il indiqué, sans toutefois vouloir s’expliquer davantage sur l’ampleur du chantier à venir. ‘‘Je suis venu au Japon avec ma famille par goût du risque, pour relever un défi personnel, et dans le but de rapprocher davantage nos civilisations. Je pense que nous pourrons surmonter cet évènement tragique, et, encore une fois, je tiens à rappeler que, à aucun moment, la direction de l’hôtel ne peut être tenue pour responsable des sinistres évènements qui ont eu lieu’’. Par cette phrase, le Directeur entendait peut-être réagir à certaines critiques émises contre les mesures de sécurité établies au sein de l’Hôtel du Pic, qui se seraient révélées insuffisantes. Il est bon de signaler, à ce sujet, qu’une information judiciaire a également été ouverte, mais, après avoir pris contact avec les forces de police en charge de cet aspect-ci de l’enquête, ils n’ont pas daigné nous communiquer la moindre information... »



Dans les années 1960’s, Hans Moreau, un Anglais qui vivait à Berlin, avait réussi à prendre la tangente, avant que les Russes ne choisissent de mettre un mur autour de la ville pour empêcher les réfugiés de fuir par wagons entiers dans le bloc ouest. Il n’avait, de fait, dû son salut qu’à la grossesse de sa sœur, à Londres. Il était parti le 11 Août 1961. Le lendemain, les Soviétiques transformaient une ville entière en prison. Hans y avait vu comme un signe, et avait utilisé l’argent de la famille pour aller au Japon, et avait acheté plusieurs hectares de terre dans les profondeurs du Japon, afin d’y implanter un hôtel. L’Hôtel du Pic était ainsi né. Coupé du monde, de style occidental, il avait tout pour plaire, et, en seulement quelques années, son chiffre d’affaires avait explosé. L’histoire glorieuse d’une success story qui avait dégénéré au cauchemar, quand, en 1973, un individu avait massacré la majeure partie des clients et du personnel, profitant alors d’une forte tempête qui avait rendu les routes impraticables. Un massacre sinistre... On avait retrouvé des hommes décapités, des servantes découpées en morceaux et jetés dans les lave-vaisselles. Un état de siège qui avait duré plusieurs jours, avant que plusieurs personnes ne parviennent à s’enfuir, et ne préviennent les autorités.

Le résultat final avait été affreux. Des familles entières avaient été tuées, incluant les enfants. Le crime le plus atroce avait été celui d’un jeune couple qui était venu ici pour profiter de la sérénité de la nature, afin de célébrer la naissance de leur nouveau-né. Il n’avait même pas un mois avant d’être transpercé par un couteau de cuisine. Le carnage avait rapidement emmené des milliers de policiers dans la région. L’Hôtel de Pic avait été ratiboisé de fond en comble, et on avait relevé des traces de sperme sur certains cadavres, les autopsies ayant permis de montrer que les dépôts avaient été réalisés après la mort. Malheureusement, quand la police était arrivée, le tueur s’était enfui, et une immense battue avait été lancée dans la forêt. Le seul suspect avait été un braconnier de la forêt, un chasseur japonais qui avait déjà été condamné pour escroquerie en vendant à prix prohibitif du lapin avarié, Takashi Jujö. On avait retrouvé chez lui des bottes avec des semelles ensanglantées. Le chasseur avait toujours certifié être innocent, et les expertises psychiatriques avaient réalisé un sujet désœuvré, asocial, et désaxé. On avait retrouvé dans la cabane de nombreux mangas, incluant des mangas pornographiques violents, que Jujö achetait au marché du proche village à proximité. Jamais marié, et sans aucun parent connu (son père était mort durant la guerre, et sa mère n’était pas connue), son attirance pour les mangas avait lancé un débat de société sur la nocivité de ces produits culturels, similaire à celui qui avait animé le pays lors de l’arrestation de Tsutomu Miyazaki, un tueur en série fan de mangas, ou sur l’impact des jeux vidéos lors du massacre du lycée Columbine. Très rapidement, la question de la culpabilité de Takashi avait été noyée à travers des débats connexes, mais l’homme avait toujours proclamé son innocence. Ses avocats avaient tenté de soulever l’irrecevabilité de plusieurs expertises psychiatriques, en vain. Condamné, Jujö avait été exécuté, et l’enquête avait été officiellement résolue. Il sortait encore régulièrement des livres sur l’Hôtel du Pic, ainsi que sur le « Boucher du Pic », surnom donné par les médias, puis repris par tous, pour désigner le psychopathe ayant massacré tout l’hôtel.

Suite à ce désastre, Hans n’avait jamais réussi à relancer l’activité de l’hôtel, et l’avait mis en vente. Le reste se perdait dans les méandres d’une procédure interminable entre acheteurs et potentiels acquéreurs. La procédure était d’autant plus difficile à suivre qu’elle n’était même pas officiellement terminée, se poursuivant par le biais de négociations secrètes et de transactions. En attendant, l’Hôtel du Pic avait progressivement dépéri, et n’était maintenant plus qu’un hôtel abandonné, désaffecté depuis des années. Il appartenait toujours à la famille Moreau, aux héritiers d’Hans, et leur coûtait de plus en plus cher.

Cinquante ans après, l’Hôtel du Pic revenait à nouveau dans l’actualité. L’OVNI, un petit journal spécialisé dans l’ufologie, organisait chaque année un tirage spécial de photographies à l’occasion de la fête des morts. Ils avaient réussi, cette année, à organiser un concours, dont la finale aurait lieu dans l’Hôtel du Pic. Deux femmes avaient réussi à remporter ce concours.

Félicia Hardy et Natalia Romanov.



« En 1992, Rummel a écrit un ouvrage sur un phénomène qu’il appelait la ‘‘mort gouvernementale’’. Par ce biais, il essayait de livrer une étude consistant à déterminer le nombre total de personnes qui avaient été tuées à l’occasion d’une décision gouvernementale de guerre. Bien qu’il soit difficile d’établir un chiffre précis, et que le chiffre final puisse toujours être contesté, Rummel a établi, entre 1900 et 1989, un chiffre d’approximativement 200 millions de morts. »

La visite du Docteur Stephen Strange était rarement une visite de bonne augure, et avait été à l’origine de la décision d’envoyer la Chatte Noire et Black Widow participer à un concours de photographies érotiques. Versé dans les arts mystiques, ancien Sorcier Suprême avant de donner son titre au Docteur Vaudou, Strange restait un spécialiste des arts occultes.

« Il y a eu trop de morts en trop peu de temps. Tous ces morts sur un seul siècle ont fragilisé les barrières de notre monde. Les frontières sont devenues poreuses, trouées, sensibles... Sensibles à d’autres forces. Seikusu est un point d’orgue dans ces failles, un point d’inquiétude et de perturbation de la réalité. Et, en m’intéressant à cette ville, j’ai repéré d’autres failles, d’autres perturbations qui sont sur le point de s’aggraver. Des endroits où les morts ne sont pas totalement morts, et où ils sont en colère. »

Strange leur avait désigné un endroit...

L’Hôtel du Pic.



C’est ce qui faisait que Félicia et Natalia attendaient, ensemble, la venue de leur chauffeur. Elles avaient été les deux finalistes du concours, sans savoir si elles avaient gagné pour les photos qu’elles avaient proposé, ou parce que les informaticiens de l’agence avaient agi pour leur permettre de gagner. Quoiqu’il en soit, la Rousse et la femme aux longs cheveux blancs avaient toutes les deux gagné, et attendaient leurs chauffeurs, dans de simples tenues civiles, chacune arborant des lunettes de soleil.

« Je suis inquiète... Et nerveuse. Je n’ai jamais appris à battre des fantômes... Nous aurions dû demander à Valkyrie de participer. »

Félicia se contenta d’hausser les épaules.

« Si j’avais pu invité mes proches, je l’aurais fait. Honnêtement, je ne crois pas à toutes ces conneries mystiques. Ça passionne les Japonais. Mes élèves tiraient des têtes pas possibles quand je leur ai dit que j’allais à l’Hôtel du Pic. Certains pensent que je ne reviendrais jamais... Je ne sais pas si ça les ravit ou non...
 -  Ça ferait moins de visites impromptues aux toilettes en pleine séance de basket...
 -  Hum... Pour ça, il aurait fallu que ce soit Pamela qui participe à ce concours.
 -  Deux Rousses dans un van... Je n’ai pas envie que ça finisse en orgie au bout d’une heure... Surtout avec un ficus. »

Félicia acquiesça lentement. Le soleil était levé, c’était le matin, une agréable bise fraîche venait de la mer, faisant virevolter leurs longs cheveux.

Dans quelle histoire de dingue est-ce que Félicia s’embarquait encore ? Voilà ce qu’elle se demandait...

7
Les alentours de la ville / Une nuit à l'Iceberg Lounge [Le Pingouin]
« le: lundi 28 avril 2014, 02:31:14 »
Elles se roulaient une sacrée pelle depuis plusieurs minutes lorsque le téléphone de Tracy se mit à sonner. C’était un beau téléphone rose dernier cri, une touche d’exotisme et de sensualité pour cette fille. À contrecœur, elle rompit le baiser qu’elle était en train d’administrer depuis plusieurs minutes à la belle femme noire se tenant contre le mur, Candy. Candy restait avec une délicieuse impression sur le bord des lèvres, un léger frisson. Elle était contre le mur, près d’un élégant tableau, dans un luxueux couloir menant tout droit vers les quartiers du patron.

« Quoi ? s’exclama Tracy dans le téléphone. Ah... Et il a parlé ? »

Candy frissonnait en voyant Tracy devant elle. Ce n’était pas la première fois que les deux femmes s’embrassaient, ou même se faisaient l’amour sur leur lieu de travail. Le patron n’était pas contre, et les deux femmes n’allaient pas se gêner. Sur ce point, Candy était beaucoup plus coquine que Tracy, et, tandis que la femme parlait dans le téléphone, elle retourna à l’assaut, l’embrassant dans le cou, mordillant cette dernière. Les deux femmes portaient d’élégantes tenues, des costumes qui étaient à la fois sexy et impressionnants. Elles étaient très proches entre elles, comme on pouvait le voir... Et étaient également potentiellement des psychopathes. Après tout, quand on travaillait pour Le Pingouin, il ne fallait pas s’attendre à être sain d’esprit.

Tracy discutait au téléphone avec un homme qui était dans les parties inférieures du Salon de l’Iceberg, en train de câliner un Yakuza. Récemment, l’organisation du Pingouin avait souffert de la concurrence émanant d’un clan yakuza, et le patron avait décidé de réagir. Ses hommes avaient capturé un kyodai, et étaient en train de l’interroger pour savoir où la cargaison du patron se trouvait. Tracy avait en personne commencé à l’interroger, et avait hésité à appeler Candy. Si Tracy était la « rigide » du duo, Candy, elle, était la « détendue ». Elle mouillait quand elle torturait ses victimes, et le faisait toujours avec un certain régal. Elle l’aurait bien fait, si on ne lui avait pas dit que le patron voudrait les voir.

« Et bien, continuez à le cuisiner ! Vous tenez vraiment à ce que je dise au patron que vous n’arrivez pas à le faire parler ?... Alors, allez-y franchement, y en a marre que je sois toujours derrière vous pour vous forcer à vous remuer le cul ! »

Candy adorait quand Tracy hurlait, ou la voir torturer les gens. Les deux femmes étaient faites pour s’entendre, et l’avaient senti dès qu’elles s’étaient vues. Malgré leur sadisme, elles étaient très professionnelles, et obéissaient scrupuleusement aux ordres du patron. Candy recommençait à l’embrasser, et Tracy dut la pousser.

« Mmmhhmm... ronronna la belle panthère.
 -  Le patron veut nous voir, Candy. »

Un sourire pervers éclaira les lèvres de Candy, mais elle remisa tout de même sa coiffure, avant de suivre Tracy vers la double porte menant au bureau du patron. Tracy appuya sur le bouton de l’interphone. Elle ne voulait pas déranger le patron, et attendit que le voyant passe au vert, que la porte se déverrouille, pour entrer.

Elle supposait que le patron voulait les voir pour ce Yakuza récalcitrant... Ou bien pour satisfaire ses envies. L’une dans l’autre, Tracy et Candy étaient des employées dévouées.



Il y avait plusieurs entrées dans l’Iceberg Lounge, cœur économique des activités légales et illégales d’Oswald Cobblepot, alias « Le Pingouin ». L’un de ces entrées se trouvait à l’arrière le long d’une ruelle où les employés vidaient les poubelles du restaurant, ou accueillaient la nourriture... Et d’autres choses. Un camion était justement là, déchargeant des caisses remplies de bouteilles de vins, de morceaux de poissons et de crustacés. Au Japon, il fallait aimer le poisson. On déchargeait les caisses dans les entrepôts du salon, se dépêchant, car chacun savait que le patron n’aimait pas quand les choses traînaient.

Un homme était dans un coin, en train de fumer en douceur. Il savait que la législation antitabac était particulièrement sévère au Japon, et il ne voulait pas se faire surprendre en train de s’en griller une. Il se détendait donc, en se disant qu’il aurait bientôt fini sa soirée, qu’il pourrait rentrer chez lui. Sa copine serait encore réveillée, avec un peu de chance. Il pensait à la folle nuit d’amour qu’il allait passer quand une silhouette sombre s’écrasa sur lui, l’assommant sur le coup, dans un léger soupir.

Félicia Hardy, enroulée dans sa combinaison noirâtre, traîna discrètement le corps inanimé à côté des poubelles. Elle aurait bien aimé ne pas avoir à l’assommer, mais le temps lui manquait. Elle se cacha contre un pilier, regardant en coin le camion de transport de marchandises.

*À nous deux, Cobblepot...* se dit-elle alors.

8
Les alentours de la ville / Fast & Furious [Ash Toriiwa]
« le: lundi 25 novembre 2013, 02:18:01 »
[HR – Petite musique d’ambiance qui donne le ton.]



Il y avait douze motos. Douze motos de courses, des motos élégantes aux courbes raffinées, esthétiques, sur le départ. Les moteurs commençaient à rugir, alors que les embrassades entre les pilotes et les supporters se terminaient. Ici, Akiji Homen, qui avait déjà remporté trois courses, terminait de rouler une pelle à sa copine, avant de mettre son casque, et de se préparer. Chacun avait en tête la cible de la course : le port de la ville. La course se terminerait au port, à l’autre côté de Seikusu, puisque le groupe se tenait dans les hauteurs de la ville. Libre à chacun de choisir la route de son choix. L’autoroute urbaine apparaissait néanmoins comme le moyen le plus rapide d’aller vers le port, dans la mesure où une bretelle était à proximité. Il suffisait ensuite de rouler le long du trafic pour rejoindre la sortie du port. Le gagnant de la course recevrait la somme coquette de quinze millions de yens, ce qui, concrètement, équivalait à une somme d’un peu plus de 100 000 €. Le yen n’était pas une monnaie très forte.

Félicia faisait partie des coureurs, se tenait sur la piste, ses fesses posées sur sa belle moto noire. Elle avait mis un casque qui permettait juste d’apercevoir sa longue chevelure argentée, et, le dos courbé, la femme attendait le signal du départ. Cette course de rues était évidemment illégale, et Félicia mentirait en disant qu’elle s’y inscrivait uniquement dans l’optique de faire tomber le clan de Yakuzas qui se chargeait de son organisation. Elle le faisait surtout pour l’excitation, le plaisir de rouler vite, l’adrénaline... Parce qu’elle était la Chatte Noire, parce qu’elle était une femme insouciante qui aimait sentir le frisson du danger caresser son échine. Avait-elle besoin d’une autre raison ? C’était la deuxième course de rues illégale à laquelle elle participait avec sa moto. Elle avait fini troisième lors de la première. Aikiji Homen, lui, avait fini premier. C’était un type extrêmement doué, très rapide, et qui avait le mérite de bien connaître toute la ville. Dans ces courses très libres, où il n’y avait pas de parcours précis à suivre, Akeji s’en sortait plutôt bien. Félicia espérait donc bien venir à bout de lui.

Les motos avaient toujours été un truc qui lui avaient réchauffé les ovaires, et ce même avant qu’elle ne soit la Chatte Noire, cette sulfureuse cambrioleuse de talent amatrice de cuir, de latex, et de combinaisons moulantes. Quand elle n’était encore qu’une étudiante, elle avait déjà participé, en tant que spectatrice, à ce genre de courses. Elle était alors en première année de faculté, et y allait le soir, avec des amis. Elle avait surtout vu des courses de voitures, des bolides magnifiques qui s’élançaient en pleine nuit le long du périphérique autoroutier de New York. Elle y voyait une certaine forme de liberté, très appréciable pour elle, jeune femme timide et enfermée dans ses études, sous la férule d’une redoutable mère, une businesswoman travaillant pour le compte d’une puissante société, Oscorp, et qui n’avait jamais vraiment su lui témoigner son amour. L’un des fantasmes d’adolescentes de Félicia avait été de faire l’amour dans ce genre de petits bolides. Maintenant qu’elle avait grandi, elle devait bien admettre qu’elle préférait, et de loin, les motos. Ça allait beaucoup plus vite, l’accélération était jouissive, et sentir le vent sur ses cheveux alors qu’on dépassait la barre des deux cents kilomètres à l’heure n’avait pas de prix. La sensation de pénétration dans l’air était extrêmement libératrice. Défier les conventions sociales, les normales, était en soi jouissif, mais, quand ça se couplait avec celle de se heurter à l’air, de briser le mur du son... Ça en devenait orgasmique.

La main de Félicia se crispait sur les gaz, prêtes à accélérer. Tournant la tête sur la gauche, elle vit plusieurs hommes en costume en train de fumer, leur allure sobre et élégante  trahissant les Yakuzas. Ceux qui organisaient la course. Ils discutaient entre eux. Félicia s’en doutait bien, les Yakuzas devaient craindre une intervention policière. Il fut un temps où la police ne se préoccupait guère des courses de rues, estimant que, dès lors qu’elles étaient pratiquées tard le soir, et ne menaçaient pas les citoyens, de jeunes individus avaient bien le droit de se lancer dans des courses à la mort. Cet état d’esprit avait évidemment évolué, mais la police avait encore bien du mal à mettre fin aux courses de rues. Les Yakuzas communiquaient entre eux par talkies-walkies.L’un d’eux finit par faire signe à une femme que c’était bon. Une superbe Japonaise, avec un débardeur qui lui collait au corps, et un minishort noir moulant, s’avança alors, tenant deux drapeaux.

Les motos se mirent à grincer, et la femme leva les drapeaux, avant de les avancer.

« GOOOOOOOOOOOOO !!! » hurla-t-elmle dans la cacophonie rugissante des moteurs se mettant à rugir.

*VRAAAAAAA-GGGGOOOOUUUUUUUUUMMMM !!!*

Les motos filèrent à toute allure, roues avant soulevées pour les plus petites. Félicia avait une moto qui n’avait pas la plus belle des accélérations, mais qui avait la meilleure tenue de route.

9
Les alentours de la ville / [FINI] Miaou ? [Kanone Eden]
« le: lundi 20 mai 2013, 11:06:48 »
« Allez, dépêchez-vous ! »

Félicia tourna légèrement la tête, en fronçant les sourcils... Mais non, personne ne l’avait repéré. Tant mieux. Elle reporta son attention sur les carnets de compte qu’elle avait trouvé dans cette chambre décrépie. Ils appartenaient à un dealer consciencieux, un homme qui sortait toujours en costume, et qui prenait grand soin de dresser une comptabilité impeccable de ses transactions. Autant dire que, si jamais il voulait rejoindre la mafia, il allait devoir abandonner sa manie de tout noter. L’écrit était une preuve, et les Yakuzas n’autorisaient l’écrit que pour certaines personnes.

*A moins qu’il ne cherche à devenir un saiki-komon...*

Elle écarta le fauteuil rouge de l’homme, et s’intéressa un peu plus à ces feuilles. Félicia était sur la piste d’un trafic de drogues impliquant un clan yakuza, et, d’après ses pistes, l’appartement appartenait à un dealer, qui savait apparemment pas mal de choses sur cette nouvelle drogue. La Chatte Noire était donc sortie cette nuit, et s’était rendue à l’appartement de l’homme, dans la Toussaint. Il n’était visiblement pas là, probablement de sortie, et elle en avait profité pour rentrer, inspectant les lieux. Elle avait rapidement trouvé, dans le bureau de l’homme, plusieurs petits carnets, qui correspondaient à chacune des « transactions » qu’il faisait. Il devait probablement les emmener avec lui, et notait dedans chaque « transaction ». Elle vit ainsi, sur une page, une transaction concernant la vente de 500 grammes d’héroïne à un client. Elle feuilleta les pages, et trouva, à plusieurs reprises, une drogue qui revenait fréquemment : l’osmix. L’osmix était une curieuse drogue qui était apparue dans la ville il y a quelques semaines, et qui se répandait partout. La police pensait qu’elle était fabriquée par un laboratoire en particulier, et Félicia avait mené son enquête.

La Chatte Noire fouilla un peu l’appartement, un minable petit studio avec un balcon donnant sur une cour intérieure avec un terrain de basket et un grand mur protégeant de l’accès à la rue. Elle trouva l’ordinateur portable de l’homme, et l’alluma. Il n’avait pas pris la peine de mettre un mot de passe. Les doigts gantés de Félicia glissaient joyeusement sur les touches, et elle trouva un fichier intitulé « Contacts ».

*J’aimerais que mes investigations soient aussi simples...*

Elle ouvrit le fichier, et vit une série de noms, avec des numéros, dans des tableaux. Il y avait un tableau « Clients réguliers », et un tableau « Fournisseurs », avec des numéros de portables. Elle trouva une case « Osmix », et nota le numéro, glissant le bout de papier dans sa combinaison, puis alla voir ailleurs. Elle ne trouva toutefois rien de bien intéressant : des photos numériques montrant la vie du dealer, une chouette nana qui revenait fréquemment, et un dossier en .PDF sur l’osmix. Elle l’ouvrit, mais ne vit rien de plus que des informations figurant rapidement sur Google, et dans les sites spécialisés du gouvernement. Félicia referma l’ordinateur, quand la porte de l’appartement s’ouvrit rapidement.

En entendant la clef tourner dans la serrure, Félicia releva rapidement la tête.

« Mais oui, Akira, ne t’en fais pas, je... »

L’homme s’interrompit en voyant Félicia. Il avait une main sur son téléphone portable, contre son oreille, et l’autre sur la poignée de la porte.

« Mais... T’es qui, toi ?! »

Félicia bondit sur le bureau, fléchissant les genoux, et lui fit un léger sourire.

« Tu dois être Toji, non ?
 -  Putain, mais qu’est-ce que... ?! Fous le camp d’ici ! »

Félicia n’avait plus rien à faire là, et lui fit un clin d’œil.

« A la prochaine, tombeur ! »

Elle bondit en arrière, se reçut sur les bras, et fila vers la terrasse. Elle passa par-dessus la rambarde, et tomba en contrebas, tournoyant légèrement dans les airs, tandis que Toji filait vers le balcon. Félicia atterrit sur le panier de basket, qui trembla sous son poids, et elle s’en servit pour bondir à nouveau, atterrissant sur le sol. Elle se mit ensuite à courir, et fila dans une espèce de porche sous l’immeuble. C’était une sorte de propriété résidentielle avec plusieurs immeubles. Elle arriva dans une cour au centre, avec plusieurs rangées de voitures, et courut le long de ces dernières... Quand un bruit suspect, près des poubelles, attira son attention.

Félicia s’arrêta brusquement, et tourna la tête vers l’origine du bruit.

*Trop petit et trop discret pour appartenir à un individu...*

Qui donc pouvait être par là ?

10
Les alentours de la ville / La nuit des félins [Cécile Lacroix]
« le: mardi 30 avril 2013, 17:46:52 »
« Allez, allez, on se dépêche ! »

Les camions entraient et sortaient, leurs phares éclairant l’entrepôt sinistre, plongé dans l’obscurité. Les Yakuzas étaient nerveux, et se dépêchaient. Ils savaient qu’ils avaient la police aux fesses, et que ces derniers ne tarderaient pas à faire craquer Tatsuhiro, le kaikei qui avait avec lui toutes les informations dont la police avait besoin. Les flics avaient récemment effectué une descente dans l’appartement de Tatsuhiro, et avaient réussi à capturer, avec l’aide de ces individus costumés qui se baladaient dans la ville, et qui constituaient un problème supplémentaire. La police forçait le puissant clan yakuza des Guramu à se dépêcher. Cet entrepôt abritait une petite fortune, et les Guramu étaient en train de l’évacuer vers d’autres planques. Les fourgons étaient remplis de caisses comprenant bon nombre d’objets divers et variés : armes, stupéfiants, argent, et quantité d’objets de contrebande. On allait d’ordinateurs portables derniers cri à de simples vases factices. On brûlait dans les hauts-fourneaux de cet entrepôt toutes les preuves compromettantes, qui permettraient à la police de remonter vers les autres planques des Guramu. Cependant, outre les stupéfiants et les armes, cet entrepôt abritait aussi des objets plus intéressants, qui justifiaient la présence d’une petite chatte noire dans une combinaison moulante en cuir.

La Chatte Noire se tenait dans l’un des bureaux de l’entrepôt, et avait neutralisé les Guramu se trouvant à l’intérieur. Elle avait ensuite récupéré différents papiers sur un mystérieux projet dont elle avait entendu parler depuis quelques semaines, et qui impliquait la coopération des laboratoires pharmaceutiques Soshojô. Elle espérait que ces documents permettraient d’en savoir plus, et elle les enfilait dans un sac à dos qu’elle avait ramené pour l’occasion.

*Toutefois, je ne me suis pas amusée à venir jusqu’ici pour repartir bredouille...*

Un tel service nécessitait bien une petite compensation, non ? Félicia Hardy avait donc aussi forcé le coffre-fort du bureau, et y avait trouvé de quoi rendre heureuse n’importe quelle femme en ce monde : de nombreux billets, et aussi plusieurs coffrets renfermant des bijoux. Elle savait que les Guramu avaient la mainmise sur tout un réseau de joaillerie, et ce qu’il y avait dans ces petits coffrets n’était pas du toc. De magnifiques colliers. Félicia en aurait presque jouir en les observant. Elle était entrée dans l’entrepôt en passant par le toit, et comptait bien repartir de la même manière. La femme était en train de tout mettre dans son sac à dos, quand elle entendit du bruit.

Toute cette partie du port était contrôlée par les Guramu. S’infiltrer dans ce grand entrepôt avait été difficile, car elle avait du éviter les patrouilles de Guramu, mais aussi les nombreuses sentinelles postées sur les grues, ou sur des points d’observation. Elle chercha rapidement une planque des yeux, mais la porte s’ouvrit alors en grand, et deux hommes armés entrèrent. En voyant les Guramu assommés, ils clignèrent des yeux, surpris, et Félicia profita de leur surprise pour bondir. Ses deux jambes s’enfoncèrent dans le ventre d’un homme, l’envoyant s’écraser contre le mur. Ses griffes jaillirent ensuite, et elle griffa à la joue un autre Yakuza, qui poussa un hurlement, avant de se recevoir un coup de pied dans les joyeuses, puis un autre en pleine tête, l’assommant pour le compte.

« T’en fais pas, les filles adorent les cicatrices. Bonne nuit, les gars ! »

Joueuse, Félicia avait laissé un petit mot dans le coffre-fort :

« Merci d’avoir amassé toute cette somme.
Je me suis permis d’en faire la collecte.
Bisoux !
»

Elle s’avança dans le couloir. Ce dernier longeait une série de vitres permettant de voir l’essentiel de l’entrepôt. Il y avait de nombreux Yakuzas, d’énormes étagères industrielles. Elle s’avançait, quand d’autres Guramu débarquèrent, sortant depuis une salle de réunion.

« Et moi, je maintiens qu’on s’inquiète pour... Hey ! T’es qui, toi ?! »

Ils étaient rapides à la détente. Félicia leur sourit.

« Moi ? Personne. Rien d’autre qu’une petite chatte égarée. Soyez gentils, les gars, laissez-moi pa...
 -  C’est la salope en cuir ! Flinguez cette pute ! »

La « salope en cuir » ?! Clairement, voilà qui n’était pas très distingué. Les Guramu firent feu, et Félicia bondit en hauteur, les balles sifflant sur le sol.

« Mes chers amis, je crois que votre mère aurait du... »

Elle s’écrasa sur un Guramu, posa ses mains sur son col, pliant ses jambes sur son torse, et se laissa tomber sur le sol. Elle se servit de la vitesse accumulée par son saut pour rouler par terre, emmenant l’homme avec elle, et détendit les jambes, l’envoyant heurter le plafond, où il heurta la lampe qui éclairait le couloir.

« ...Vous apprendre la galanterie ! »

Elle se redressa rapidement, et allait courir dans le couloir, quand des Guramu débarquèrent également de l’escalier. Pestant, Félicia opta donc pour la seule position de repli qu’elle voyait, et sauta à travers les carreaux, qui l’amenèrent dans l’entrepôt, en contrebas. Les Guramu cessèrent immédiatement leurs activités, en se tournant vers elles. Pieds-de-biches, chaînes en fer, poings américains, ils étaient bien armés, et étaient au moins une trentaine.

« On va s’occuper de toi, le minou ! »

Félicia laissa tomber son sac à dos sur le sol, et remua ses doigts, montrant ses griffes.

« Très bien, boys. Vous voulez m’entendre miauler ? Alors, approchez, et je vous ferais écouter ma chansonnette. »

11
Les alentours de la ville / Black Web - I - Premier contact [Stéphanie Marshall]
« le: vendredi 04 janvier 2013, 01:19:19 »
« P’tain, on est riches !
 -  Super ! Merde, ça s’est encore mieux passé que ce que j’espérais !
 -  Et toi qui flippais pour rien !
 -  On est pas encore à l’abri, les flics peuvent débarquer d’un instant à l’autre...
 -  D’la merde, j’te dis ! s’énerva l’un des braqueurs. Y’a pas un putain de flic à la ronde ! »

On entendait les alarmes de la bijouterie résonner. Depuis la corniche, discrètement posée sur un toit, Félicia voyait les quatre braqueurs courir à toute allure, portant des gants, des cagoules, et des pistolets automatiques. Ils avaient attaqué une bijouterie sous la protection d’un clan de Yakuzas. Leur supérieur leur avait donné pour mission de braquer la bijouterie, de voler les bijoux, et de molester un peu le propriétaire, afin qu’il soit plus enclin à payer le montant de la protection par la suite. Ils avaient utilisé des battes de base-ball, balançant des parpaings dans la vitre, brisant ses vitres avec leurs battes. L’homme avait été frappé, et les braqueurs avaient ensuite foutu le camp. Une scène classique dans le petit monde des Yakuzas. Félicia, dans sa belle combinaison noir moulante en cuir, les regardait se diriger vers une rue, où leur voiture les attendrait probablement.

Elle pouvait les appréhender, et attendre la venue des flics pour qu’ils soient incarcérés. Néanmoins, elle savait que le propriétaire ne témoignerait jamais contre eux, et que la police ne les cuisinerait pas plus que nécessaire. Ils n’étaient que de vulgaires sous-fifres, des larbins sans intérêt. La Chatte Noire hésitait donc. Bien sûr, elle pouvait intervenir, les neutraliser, et rendre au propriétaire ses bijoux, mais il fallait bien la rémunérer pour ce qu’elle avait fait... Les gens, généralement, avaient tendance à croire que tous les super-héros agissaient de manière totalement désintéressée. Et ce n’est pas avec un salaire de prof’ qu’elle allait pouvoir réparer cette tenue si sexy.

*Et puis, ça me fera un peu d’exercice...*

Se redressant, Félicia longea le toit, suivant les quatre loubards qui enjambèrent le grillage d’une petite cour de basket, remontant une ruelle remplie de poubelles. Elle les suivait lentement, ombre dans la nuit. Aucun de ces quatre imbéciles ne pensaient à regarder en l’air. La Chatte Noire regardait autour d’elle, ayant la curieuse impression que quelqu’un l’observait, mais sans réussir à voir quoi que ce soit... Elle devait devenir paranoïaque. Quoiqu’il en soit, elle se rapprocha du bord de l’immeuble, et se laissa descendre. Elle sauta en l’air, ses jambes passant au-dessus de sa tête, afin de mieux se propulser, et atterrit sur le rebord d’un balcon, puis se laissa tomber en s’accrochant à une gouttière. Elle fila ainsi vers le sol, et s’appuya sur le mur, se catapultant pour débarquer juste devant les quatre hommes.

« Mais qu’est-ce que... ?!
 -  T’es qui, toi ?! »

Félicia leur fit un sourire.

« Une femme qui aime tout ce qui brille. Vous avez le choix, Messieurs. Soit vous optez pour la manière forte, soit vous optez pour ma manière... Ce qui, dans le fond, revient au même.
 -  C’est qui, cette pute ?! Fous le camp, sal... ! »

Il avait brandi son arme, mais le pied Félicia décolla pour le frapper à la main, faisant sauter son arme. Elle tournoya ensuite sur elle-même, envoyant un coup de pied retourné qui balança l’homme contre le mur. Félicia vit ensuite un Yakuza foncer vers elle. Elle fut plus rapide, l’attrapant par les rebords de sa veste, et se laissa balancer sur le sol. Elle enfonça un pied dans l’entre-jambes de l’homme, et s’en servit comme appui pour le balancer en arrière. Il heurta le rebord d’une voiture. Sur le sol, la Chatte Noire se releva vite, et bondit en l’air. Sa jambe gauche s’appuya sur le mur, et elle s’en servit pour s’envoler dans les airs, atterrissant au-dessus des deux Yakuzas restants. La tête en bas par rapport à ses jambes, ses mains s’agrippèrent à leurs visages, les griffant douloureusement. Ils tombèrent au sol, et elle récupéra le sac contenant une série de bijoux.

« Miam ! Merci beaucoup, les gars ! »

Félicia Hardy rebroussa alors chemin, revenant dans la ruelle, et enjamba le grillage, s’élançant dans la cour de basket, puis grimpa rapidement le long d’un immeuble, se retrouvant sur le toit. Voilà une soirée qui, pour le coup, était plutôt bien gagnée !

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Le parc et son sous-bois / La rétribution d'une héroïne [Sarah Jane]
« le: jeudi 18 octobre 2012, 16:47:38 »
Il faisait beau ce soir. Des étoiles brillaient délicatement dans un ciel noir, et un vent frais remuait les cheveux blanchâtres de la Chatte Noire. Allongée sur un toit, dans sa combinaison noire moulante, cette dernière réfléchissait. Elle songeait à ce qu’elle allait pouvoir dévaliser cette nuit. La moitié des commerces et des boutiques de cette ville appartenaient aux Yakuzas, alors elle n’avait aucun scrupule à dévaliser une bijouterie, et à les revendre à prix d’or au marché noir. Félicia avait ses entrées, et l’argent qu’elle récupérait lui servait à payer ses factures... A moins qu’elle ne les porte juste pour elle. La femme avait toujours eu un goût prononcé pour la luxure, et aimait se parer de bijoux... Quand elle avait une soirée, par exemple. Sur le toit, allongée, elle y réfléchissait, tout en caressant d’une main absente un chat errant qui ronronnait sur son ventre, sa tête se frottant contre le cou de la femme. Les chats étaient naturellement attirés vers cette femme aux propriétés félines, et elle était naturellement attirée par eux.

*Profite-en, il va falloir te mettre en chasse...*

Elle soupira, et étouffa un bâillement, avant de lentement se redresser. Le chat miaula en signe de protestation, appréciant beaucoup le câlin de la femme, et atterrit entre les longues jambes noires de Félicia. Il hésita, et se frotta contre ses jambes, sa queue se dressant fièrement à l’arrière. Un sourire sur les lèvres, Félicia l’attrapa par une malin en se soulevant, et s’approcha du rebord du toit, caressant la tête du chat, qui ronronna de plus belle. Elle observa le parc depuis sa position, de légères bourrasques faisant remuer ses cheveux. Elle allait devoir passer par là pour rejoindre la bijouterie.  Il n’était pas encore très tard, mais, l’été se terminant, la nuit tombait plus vite. Il y avait encore des gens qui se promenaient à la lisière du parc, des promeneurs, mais les promenades nocturnes étaient de plus en plus rares.

« Je vais devoir t’abandonner, minou... »

Le chaton ronronna en levant sa tête vers Félicia, avec ses grands yeux innocents. Félicia soupira. Difficile de se séparer d’un félin, mais elle allait devoir se forcer. Elle le déposa sur le toit, sachant que ce dernier saurait très bien comment descendre, vu qu’il était monté tout seul, et descendit par une échelle. Sa moto était dans une ruelle, derrière des poubelles, afin qu’on ne tente pas de la lui voler. Elle s’aventura ensuite dans le parc, traversant rapidement la rue. Dommage qu’elle ne soit pas Superman, impossible de voler pour rejoindre l’autre partie de la ville. Elle se faufila rapidement dans un arbre, et se promena ainsi, d’arbre en arbre, ce qui était un peu plus discret que se promener avec sa tenue noire moulante au milieu des badauds. La discrétion était essentielle pour elle.

Elle se rendit ainsi loin des sentiers, dans les profondeurs du parc, quand elle entendit des bruits qui lui firent comprendre qu’elle allait devoir remiser au fin fond de son esprit le cambriolage dans la bijouterie...

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Les alentours de la ville / Ad litem [Nancy Callahan]
« le: samedi 22 septembre 2012, 17:05:48 »
« Enfin, vous comprenez bien que ce n’est pas raisonnable, ce que vous avez fait... Oui, je sais, mais... Le gars est toujours à l’hôpital, oui, et... Il y a eu un dépôt de plainte, oui... Non... Ce n’est pas mon rôle de dire si vous avez bien fait ou non, mais vous n’arrangez pas les choses... Non, c’est sûr... Il faut aller voir votre psy’, Monsieur Konichimura... Je sais, mais vous devez bien admettre qu’il n’est pas très raisonnable d’attaquer avec une barre de fer un individu qui embrasse votre ex-femme dans sa voiture... »

Norman discuta encore pendant plusieurs minutes, avant de refermer le téléphone, et de soupirer longuement dans son bureau. On disait bien des choses des avocats. Qu’ils étaient crapuleux, qu’ils défendaient les pires salauds pour se faire du fric, qu’ils n’attendaient qu’on leur fasse un petit chèque, qu’ils étaient trop payés... On ignorait la vertu principale de l’avocat : l’art et la manière de savoir être patient. L’avocat resta dans son siège, avant de se lever, et d’aller dans le bureau adjacent, juste en face du sien, abritant celui de sa secrétaire, Kyoko. Il avait bien besoin d’un café, et vit, dans le couloir, que la cafetière était prête. Il attrapa le café chaud brouillant se tenant à l’intérieur, et entra dans le bureau. La secrétaire, qu’il connaissait depuis maintenant une année, leva la tête vers lui.

« Alors ?
 -  Il regrette, bien évidemment, et m’a dit qu’il irait voir son psy’... Putain, ça nous fout dans la merde, ça...
 -  Et comment va la victime ?
 -  Une dizaine de points et sutures. La femme a porté plainte, naturellement. »

C’était une affaire qui risquait donc de rejoindre le pénal. A l’origine, un divorce. Celui des Konichimura. Mariés depuis quinze ans. Leur relation s’était progressivement dégradée, ils avaient eu deux gosses, le premier ayant neuf ans, et le second sept ans. Outre le divorce en lui-même, la question de la garde s’était posée. Le juge avait prononcé une garde conjointe, en fixant le domicile des enfants chez la mère, mais en accordant au père un droit de visite et d’hébergement. Cependant, le père, qui était le client de Norman, était toujours amoureux de son ex-femme, au point de toujours la considérer comme sa femme, et de la suivre dans la rue, à la limite du harcèlement. Il la suivait à pied quand il l’avait vu avec un autre homme, en train de s’embrasser.

La matinée de Norman commençait bien, et il vida son café. L’homme portait un costume, mais avait retiré sa cravate, ainsi que le bouton du haut de sa chemise. Il faisait chaud ce matin.

Norman Jayden était un avocat de Seikusu, spécialisé dans le droit privé, essentiellement le droit pénal, mais aussi le droit de la famille, et parfois dans du droit des affaires, même s’il reléguait généralement tous les dossiers concernant les affaires à l’un de ses associés, Mishimo. Norman était aussi, outre être un simple avocat qui s’était fait détester des services policiers en poursuivant des flics abusifs, et en parvenant à obtenir la condamnation de certains d’entre eux, un agent de liaison au sein d’un organise onusien, le S.H.I.E.L.D. Sa position d’avocat lui permettait d’avoir de nombreuses informations à Seikusu, et il surveillait notamment une New-Yorkaise appelée Félicia Hardy, qui l’aidait parfois quand sa double profession l’exigeait.

« N’oubliez pas que vous avez un entretien d’embauche ce matin, Monsieur... »

Il hocha la tête. Kyoko était une bonne secrétaire, qui était secrétaire juridique dans ce cabinet depuis quinze ans. Norman avait remplacé un avocat qui partait à la retraite, et avait conservé Kyoko. Lors de leur première rencontre, elle avait été aussi nerveuse qu’une étudiante un soir d’examen, mais elle connaissait bien les ficelles du métier, en faisant un auxiliaire très utile. Norman faillit ajouter quelque chose, lorsqu’il sentit une boule de poils se frotter à sa jambe. Il baissa la tête, et remarqua la silhouette endormie de Cassiopée, la chatte de Kyoko.

Bien qu’il soit réputé, l’avocat dans lequel travaillait Norman était petit, avec une bonne ambiance... C’était suffisant pour autoriser une secrétaire à amener son chat le matin, afin de le nourrir. Cassiopée était discret, et Norman, en s’asseyant sur une chaise devant Kyoko, embarqua le chat, lui offrant quelques caresses.

« Mlle Callahan, c’est ça ? J’ai consulté son CV hier... Un parcours étonnant... Elle vient de loin...
 -  Comme vous, non ?
 -  Je n’ai pas grandi à Sin City, moi... Et la ville n’a pas une très bonne réputation, loin de là... »

Le cabinet avait reçu il y a quelques jours une lettre pour une demande d’embauche de la part de Nancy Callahan. Une belle jeune femme, qui avait donné, comme l’usage l’exigeait, un CV et une lettre de motivation. La secrétaire principale du cabinet, en lisant la lettre, l’avait renvoyé à Norman, puisqu’il était pénaliste, et que Mlle Callahan indiquait dans sa lettre rechercher un poste en tant que pénaliste. Norman étant le pénaliste de la boîte, la demande s’était retrouvée sur son bureau. Le cabinet, normalement, ne recrutait pas de nouvelles personnes, mais Norman mentirait en prétendant ne pas avoir une surcharge de dossiers. Les autres associés avaient réfléchi, puis, après quelques jours, avaient indiqué qu’on pouvait effectivement pouvoir faire de la place pour une nouvelle personne, si Norman l’estimait bonne pour l’assister.

En d’autres termes, l’entretien d’embauche de Mlle Callahan serait en huis clos, dans le bureau de Norman. Pas d’autres avocats, les associés lui faisaient confiance, depuis l’affaire Toshihiro. Nancy devait venir vers 10h, et Norman en profita pour consulter un peu ses dossiers dans son bureau. Il ignorait si Callahan connaissait son passé. Noran, avant d’être avocat, avait été un agent du FBI, et était même passé à la télévision quand il avait arrêté un tueur en série qui s’en prenait à des enfants, le fameux tueur aux origamis. Cette arrestation avait sonné le début de sa brillante gloire, à tel point qu’il avait reçu une offre qu’on ne pouvait pas refuser : la possibilité de rejoindre le S.H.I.E.L.D.

Dès que Nancy se présenterait à la secrétaire principale, cette dernière l’appellerait, et Norman irait l’accueillir.

Norman Jayden.

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Les alentours de la ville / Les veines de Seikusu [Bruce Wayne]
« le: mercredi 01 août 2012, 15:58:46 »
Introduction

« Oui... Hum... Oh, Thomas va venir, alors ? Mais c’est formidable, ça ! Oui, oui, bien sûr que je serais là... Allons, chérie, tu sais que je ne louperai l’anniversaire de Lisa pour rien au monde !... Oui, surtout vu tout l’argent que ça m’a coûté, en effet ! Mais tu sais que rien n’est jamais assez pour vous... Je suis tellement désolé de ne pas pouvoir être là en ce moment, mais, tu sais ce que sont les affaires... Ouais, tout à fait, oui... Je te le promets, oui... Oui, bien sûr que je serais là, ne t’en fais pas... Vous me manquez à moi aussi... Bon... Écoute, je suis vraiment désolé, et j’aurais vraiment aimé continuer à discuter avec toi, mais la réunion va commencer, et... Chérie. Chérie, écoute, je... Je t’aime, vraiment, et... Tu sais, j’ai parlé au conseil d’administration pour un aménagement de mes horaires... Y aura une perte de salaire, mais assez minime, alors... Hum... Je voulais conserver ça pour l’anniversaire de Lisa, mais... Je ne peux rien vous cacher, après tout ! ... Oui, tout à fait ! Encore plus terrible que des hommes d’affaires japonais ! Oui... Oui... Oui... Mais non, bien sûr... Bon, il faut vraiment que je te laisse, ma puce... Okay... Embrasse Kate et Lisa de ma part, tu veux bien ? Je vous aime ! »

Patrick Norah Milton, ou Norah Milton, ou M. Milton, éteignit son téléphone portable sans l’ombre d’un sourire. Il le rangea dans la poche intérieure de son élégant costume, et s’avança le long du blanchâtre couloir. A gauche et à droite, il y avait des fauteuils en cuir, des plantes, et des tables basses avec quelques magazines d’actualité. Norah Milton s’intéressa au Times, et alla à la rubrique « INTERNATIONAL », où il esquissa un léger sourire amusé en voyant le titre de l’article principal :

« ÉRYTHRÉE – ÉTHIOPIE : UNE SITUATION EXPLOSIVE »

L’article était éloquent, et Norah, toujours avec un très léger sourire, se contenta de lire la brève accroche :

« Amnesty International fait état d’une escalade de la violence dangereuse dans certaines zones de l’Éthiopie. Le gouvernement éthiopien accuse son voisin, l’Érythrée, d’armer, avec l’accord du Soudan, le Front national de libération de l’Ogaden, au risque de déclencher une guerre civile. »

Norah referma le journal, espérant qu’Amnesty International ferait correctement son boulot, et que le contribuable américain se régalerait le soir en voyant des images télévisées où des macaques taperaient sur d’autres macaques Il se voyait déjà raconter ça à sa chère fille le matin, alors qu’elle prenait son bol de céréales pour aller en cours, où elle n’avait aucun autre problème que se demander si Thomas allait sortir avec elle ou non. Regarde, Lisa, tu sais que, pendant que tu te plains de Thomas, des gosses qui ont ton âge ont éparpillé la cervelle de types qui ont le mien ? Hey, ce n’est pas une blague, ne me regarde pas avec ses yeux, je les ai vus en personne le faire ! Tu aurais vu comme c’était marrant, de voir cette cervelle exploser. J’en ai même eu un bout sur ma chaussure. Rien à voir avec tous ces jeux vidéos, ils manquent affreusement de réalisme. Norah ne pouvait qu’admettre une chose.

Il kiffait les humains. Yep. Et plutôt deux fois qu’une, même ! Il reposa le Times en entendant des pas feutrés s’approcher derrière lui.

« Ah ! s’exclama l’homme. La climatisation remarche, non ?
 -  Il était temps, en effet... » reconnut Norah.

L’individu remarqua alors le journal que Norah lisait, et le contempla. L’individu se fendit d’un large sourire sur les lèvres.

« Les actualités sont réjouissantes, huhu.
 -  Méfie-toi, Deacon, le Révérend n’aimerait pas te voir te laisser aller à de tels débordements de joie.
 -  Haha ! répliqua le dénommé Deacon. Ne t’en fais pas pour ça, le Révérend prend autant son pied que moi à lire toutes ces joyeusetés ! »

Norah ne dit rien, ne voulant pas s’interposer entre eux.

« Mais la réunion a déjà commencé, je ne voudrais pas que nous arrivions en retard... »

Les deux hommes traversèrent alors le couloir. Deacon entra le premier dans une espèce de grande salle futuriste. Il y avait une table de réunion au centre, un écran plasma géant dans un coin, et, tout autour, des vitres holographiques montrant la Terre. Tout le monde était déjà là, ou presque. Jim Walters Grey, alias le Révérend Grey, se tourna vers Deacon, et les deux discutèrent brièvement... En attendant que le dernier invité se présente. Ou la dernière invitée, en l’occurrence. Norah, comme la plupart des membres présents, tourna la tête en la sentant arriver. Son parfum était subtil, élégant, et elle était toujours aussi belle, dans son élégante robe noire. Bianca Messonne, la femme à la voix de velours, s’avança lentement, ses talons claquant délicieusement sur le sol.

« Formidable ! s’exclama Jim. Asseyons-nous, je vous prie, nous avons beaucoup à faire. »

On hocha la tête, et les différents hommes costumés allèrent chacun s’asseoir à leur place. Bianca s’assit en bout de table.

« Je vous prie de me pardonner pour mon retard, Messieurs. J’avais mon agent en ligne.
 -  L’essentiel est que vous soyez là, ma chère. »

Bianca hocha lentement la tête.

« Et maintenant... Au travail, Messieurs ! »

N’ayant dès lors plus besoin d’être sous leur apparence humaine, les différents membres de ce petit comité changèrent de forme, révélant leur apparence démoniaque. La réunion pouvait commencer !

« Qu’en est-il de la situation en Éthiopie ? demanda le Révérend Grey.
 -  Très encourageante, répliqua Milton. J’ai vendu aux rebelles toute une cargaison d’armes perfectionnées. Quand le gouvernement éthiopien réalisera que leurs chars d’assauts ne peuvent rien faire contre les lance-missiles des rebelles, ils se tourneront vers mon entreprise. Les différents éléments que j’ai laissé sur place devraient conduire les Éthiopiens à attaquer les Érythréens d’ici les prochaines années, et ces derniers seront également armés par nos soins.
 -  Et l’ONU ?
 -  Les inspecteurs de l’ONU en sont encore à émettre des spéculations. Malheureusement, ce genre d’activités ne permet pas d’être aussi discret qu’on le souhaiterait, quand on voit tous les services secrets qui y sont mêlés. La CIA sait que Milton Industries a vendu des armes, mais est incapable de le prouver. Et, le temps que les Américains se sortent les doigts du cul, la guerre aura déjà éclaté. »

Jim hocha lentement la tête.

« Ceci nous amène donc directement au problème chinois...
 -  De ce point de vue-là enchaîna un autre homme, il y a de nettes améliorations. Les crises écologiques et économiques qui ont lieu dans tout le pays font monter la grogne sociale. Nous nous débrouillons du mieux que nous pouvons pour vanter le rêve occidental par Internet aux Chinois désœuvrés. Une guerre civile éclatera très certainement d’ici plusieurs années...
 -  ...Et mes armes, naturellement, seront prêtes à temps.
 -  Alléluïa ! s’exclama Jim avec un franc sourire. Et pour votre campagne, M. Akira ?
 -  Conformément à ce que nous avions convenu, j’ai une famille exemplaire. Tikari est une étudiante douée, qui a obtenu une mention à ses derniers examens, et Hazua est un jeune garçon dynamique et plein de vie. Ma campagne, axée sur l’insécurité régnante au Japon, et la lutte contre le crime organisé, est pour le moment assez impopulaire. Pour le peuple, j’apparais juste comme un vulgaire agitateur politique, et ce bien que j’ai été Ministre de la Justice sous le précédent gouvernement.
 -  Ce qui devrait changer lorsque votre famille sera victime d’un regrettable accident...
 -  Ne jouons pas avec les mots, ma chère s’exclama Deacon. Ce sera un véritable carnage, j’y assisterai personnellement. J’ai vu des photos de Tikari, elle est... Raah ! Elle et moi allons beaucoup nous amuser, je peux vous le garantir !
 -  Je vous prierai de nous éviter ces débordements intempestifs de joie, mon cher. C’est... Tellement humain...
 -  Allons, allons Grey, vous éprouvez la même joie que moi quand vous faites griller vos pêcheurs sur la chaise électrique en récitant vos speechs à la télé !
 -  Je puis vous assurer que je n’y prends aucun plaisir... J’accomplis ce que le Maître attend de nous, tout simplement. »

A cette idée, un léger silence s’instaura, que Bianca finit par rompre.

« En parlant de lui... Il serait peut-être temps de se pencher sur la question de Seikusu...
 -  Les femmes... Toujours aussi impatientes, mais tellement désirables ! Soit... Général Ramsay ?
 -  Pour l’heure, tout se passe pour le mieux... Nous avons transféré des prisonniers depuis des Supermax un peu partout dans le territoire américain, prétextant d’importants travaux de rénovation. Ryker’s Island, Arkham Asylum, l’ADX Florence... Ils seront regroupés dans le camp militaire de Seikusu. Les derniers transferts auront lieu dans la semaine.
 -  A la bonne heure ! Nous pourrons ainsi enfin commencer les opérations ! »

[Pour une meilleure compréhension, voici une brève présentation de certains membres du « comité démoniaque » :

 - Patrick Norah Milton, PDG de Milton Industries. C’est un homme d’affaires ambitieux qui est aussi marchand de mort, vendant des armes à des milices, des mafias, et des tribus rebelles dans des pays sous-développés. Le FBI enquête sur Milton, mais n’a pas grand-chose contre lui.
 - Deacon est un terroriste international pourchassé par de nombreux États, et par de nombreuses polices internationales. Il est lié au crime organisé, entretient des contacts avec des mafias, des cartels, des juntes militaires, et est un spécialiste de la torture.
 -  Jim Walters Grey est un ancien révérend devenu télévangéliste dans un État américain, et qui a connu un tel succès qu’il est devenu Gouverneur. Il a réintroduit la peine de mort, et prêche la bonne parole lors d’une émission très réputée, « Redemption », dans laquelle le Révérend exhorte à la croyance de toutes les divinités. Il participe lui-même à l’exécution des peines capitales.
 -  Bianca Messonne est une célèbre cantatrice qui se représente dans de nombreux opéras.
 -  Akira Matsuda est un sénateur japonais qui organise une campagne pour devenir Premier Ministre. Celle-ci repose essentiellement sur un programme très répressif, et hostile à l’immigration.
 -  James Ramsay est un général américain noir qui a de hautes responsabilités au Pentagone.]

*
*  *

Tandis que, le long de l’océan, des hélicoptères militaires amenaient des prisonniers lourdement enchaînés vers la base militaire proche de Seikusu, dans la ville, une silencieuse silhouette féminine était en train de ressortir de la maison d’un individu assez riche, dont la femme avait eu la bonne idée de mettre dans un coffre-fort ses bijoux. C’était un coup facile pour Félicia, mais elle n’allait pas s’en plaindre. Le gars était un avocat d’affaires, du genre à se retrouver mêlé dans de grosses histoires impliquant des multinationales. Il avait amplement de quoi racheter à sa femme des bijoux supplémentaires, à supposer qu’elle remarque qu’ils aient disparu. Félicia, elle, savait à qui les revendre pour se faire de l’argent.

Elle se tenait sur le toit d’une maison, sentant le vent remuer dans ses cheveux. Félicia s’étira, ayant regroupé les bijoux dans son sac à dos, et descendit hors du toit en s’agrippant à une gouttière, glissant le long du mur pour atteindre une petite ruelle. De là, il ne fut pas bien difficile de rejoindre le parking où elle avait garé sa moto. La Chatte Noire s’y aventura. Il n’y avait personne. C’était un quartier résidentiel dans les hauteurs de Seikusu, et le parking était devant un petit restaurant de quartier. Elle contempla les bijoux, avec un sourire sur les lèvres.

*Il est temps de rentrer chez moi et de me reposer !*

La Chatte Noire n’avait alors pas remarqué, en ayant quitté la maison, qu’elle n’était pas toute seule, et que quelqu’un l’avait vu.

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Les alentours de la ville / Locking Up The Sun [Spider-Man]
« le: lundi 30 juillet 2012, 03:00:15 »
« La récente libération de Tony D. Marshall a provoqué la fureur du peuple. Rappelons que le suspect était poursuivi pour le meurtre de sa femme, et pour avoir tenté de tuer sa fille, avant d’être arrêté par un justicier inconnu, qui n’a laissé aucune trace de son passage. Son procès a abouti sur sa relaxe, faute de preuves pour le condamner. En effet, les réquisitoires du Ministère public se fondaient uniquement sur le témoignage de la jeune fille, dont la défense a rappelé son statut d’incapable, à l’aide d’une expertise psychiatrique. Des manifestations ont eu lieu devant le tribunal pour condamner cette décision. Le ministère public a indiqué qu’il comptait faire appel de cette... » (BS NTV)

KRRRRRRRR...

« Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces prétendus justiciers ne sont rien de plus qu’une solution simpliste à un problème complexe. Rien de plus. Toute interprétation contraire serait erronée. On ne lutte pas contre la criminalité et les trafics organisés avec des raisons manichéens dignes du Far West en tapant sur tout ce qui bouge. » (Neil Jordan, avocat pénaliste, lors du talk-show noctune Les étoiles nocturnes)

KRRRRRRR...

« Drame dans la banlieue de Tokyo cette nuit. Un adolescent se serait déguisé en justicier pour, selon les rapports de l’enquête de flagrance, faire justice contre un individu qui aurait agressé sexuellement une camarade. Le jeune aurait été tué lors d’un accident. (AXN Japan)

KRRRRRRR...

« Grande manifestation à Tokyo aujourd’hui. Elle aurait été organisée sur des réseaux sociaux contre l’influence néfaste des super-héros dans l’archipel japonais. La police a dénombré des dizaines de milliers de manifestants dans les rues. La manifestation a par la suite dégénéré en émeutes, et à un affrontement entre les forces de l’ordre et... » (Fox Japan)

KRRRRRR...

« Vous savez, mon fils a toujours adoré les super-héros. On ne peut pas lui en vouloir. Si les enfants étaient intelligents, il ne faudrait pas les éduquer. Et donc, il m’a toujours dit qu’il rêverait d’être comme Superman, de pouvoir voler dans le ciel, et venir en aide aux plus démunis, sauver la veuve et l’oprhelin... Mais mon fils n’est pas Superman, et, si j’avais Superman en face de moi, je lui dirais que la voie menant à l’enfer est pavée de bonnes intentions, et qu’il n’est rien de plus qu’une menace pour la société ! Nous ne saurions tolérer que le Japon devienne une terre d’asile pour des délinquants costumés qui se croient au-dessus de nos lois, décrédibilisant la légitimité des pouvoirs publics, et satisfassent leur égo démesuré en faisant ce que personne ne leur a demandé de faire. Voilà pourquoi je m’engage solennellement à faire voter au gouvernement une loi de recensement similaire à ce qui a été fait aux États-Unis. Je ne tiens pas à ce que nous vivions un nouvel Hamford, et je tiens à dire à tous ces clowns costumés que, s’ils ont envie de servir leur pays, ils n’ont qu’à le faire avec un badge ! » (Hitari Tenshi, candidat aux élections législatives, lors d’un meeting).

KRRRRRR...

Les actualités n’étaient guère rassurantes pour les super-héros costumés ces temps-ci. Félicia les suivait de loin, distante. Elle n’avait jamais vraiment été une super-héroïne, de toute façon. Mais c’est vrai qu’un véritable festival commençait à avoir lieu à Seikusu... Entre ce clone de Superman qu’on croyait mort, la Torche, et d’autres types, la concurrence était rude. Certaines rumeurs affirmaient même que Spider-Man était en ville ! Quand Félicia avait appris ça, elle avait senti tout un tas d’émotions contradictoires. La colère, la gêne, mais aussi l’excitation, et une certaine forme de nostalgie. Ces rumeurs, avérées ou non, lui avaient rappelé son passé... Quand elle n’était pas encore une mère de famille, et qu’elle n’avait pas des pensions alimentaires à payer, et que le Caïd n’avait pas manqué la tuer de peu. A une époque où les citoyens étaient suffisamment crédules pour croire que des justiciers masqués agissaient uniquement de matière désintéressée. Les super-héros avaient le vent en poupe depuis quelques années, et tout avait réellement explosé lors de la stratégie d’Hamford, où les agissements irréfléchis des New Avengers avaient mené à la destruction de toute une ville.

Tout avait été très compliqué ensuite. Félicia était partie dans la foulée, alors que le gouvernement lançait le projet Initiative, consistant à former des équipes d’anciens super-héros devenus des super-agents gouvernementaux pour défendre tous les États, le tout sous la direction du S.H.I.E.L.D. Tony Stark avait dirigé ce dernier, avant d’être remplacé par Norman Osborn ( ?), qui avait dissous le S.H.I.E.L.D. pour créer le H.A.M.M.E.R., et qui avait finalement été disgracié. Le S.H.I.E.L.D. avait finalement été reconstruit, et était, aux dernières nouvelles, dirigé par Steve Rogers, plus connu sous le nom de Captain America. Quand Félicia avait appris tout ça de la part de son agent de liaison, un avocat nommé Norman Jayden, elle avait froncé les sourcils.

« Captain America est pas censé être mort ? » avait-elle dit.

Elle n’avait pas compris grand-chose, si ce n’est qu’elle était bien contente d’être au Japon, où ses problèmes se résumaient désormais à :

1°) Choisir quelle tenue mettre pour son rendez-vous avec Aoki. La tenue en cuir noire, ou la guêpière blanche avec une robe de mariée ?
2°) Trouver un riche Yakuza à dérober dans la semaine pour avoir de quoi payer les pensions alimentaires, la fin du mois approchant, et Félicia ayant fait quelques petites folies pour emménager dans son nouveau studio ;
3°) Préparer ses fiches pour les conseils de classe à venir.

La sauvegarde du monde contre des envahisseurs Skrulls, ou des robots géants à trois têtes, attendrait donc un peu. Hors de sa suite luxueuse dans l’un des gratte-ciel de Seikusu, Félicia roulait rapidement sur sa moto, se rendant dans le quartier de la Toussaint.

*Les mauvaises habitudes ont la vie dure, et je sais que j’ai tort, mais c’est plus fort que moi !*

Entre tout le buzz médiatique sur les super-héros, elle avait appris que la police était sur le qui-vive. Seikusu appartenait aux Yakuzas depuis une époque ancestrale, mais une guerre des gangs risquait d’éclater avec quelques rivaux, à savoir des Triades. Les Chinois entendaient s’emparer de leur part du gâteau, et tout cela annonçait naturellement une guerre des gangs, que la police tenait à éviter. Félicia avait décidé de s’y mêler depuis sa dernière entrevue avec Norman dans son appartement.

Norman Jayden était un ancien X-Men. Il était connu sous le sobriquet de « Knowledge », car il avait la faculté, avec ses yeux, de pouvoir voir les secrets des gens qui les entouraient, de lire dans leurs âmes. Ce pouvoir était terriblement efficace, mais provoquait des effets secondaires redoutables. Outre des saignements dans ses yeux, des lésions cérébrales étaient également à craindre. Partant de là, Jayden avait quitté les X-Men, choisi une carrière d’avocat, avait rejoint le S.H.I.E.L.D., et était maintenant à Seikusu. Au début, Félicia l’avait pris pour un vulgaire planqué, mais avait vite compris que Seikusu était pour le S.H.I.E.L.D., en raison de ses Portails, une zone d’importance stratégique prioritaire. De temps en temps, Félicia et Norman se voyaient. Lors de leur dernière entrevue, elle avait ainsi vu que Norman s’intéressait à la venue des Triades et à une guerre des gangs. Il avait prétexté qu’il avait un dossier traitant de la situation, un gangster à défendre, mais Félicia ne l’avait pas cru.

*Si Norman s’y intéresse, c’est qu’il s’agit de tout, sauf d’une simple histoire entre gangs... Que me caches-tu donc, mon petit Norman ?*

Félicia arrêta sa moto près d’une poissonnerie perdue dans le quartier de la Toussaint, la laissant dans une ruelle, et grimpa le long du mur, atteignant le toit. Elle avait travaillé pour le Caïd, après tout, et savait comment obtenir des informations. La Chatte Noire s’avança le long d’un toit longeant une poissonnerie qui faisait office de restaurant, et qui comprenait deux bâtiments triangulaires reliés par une plus petite structure, où les fourgons entraient et ressortaient. Plusieurs sentinelles avançaient solitairement sur les toits, montant la garde. Elle resta là, voyant des camionnettes de pêcheurs approcher. Elle consulta sa montre.

*Hum... Voilà des routiers qui ont l’air de vouloir faire des heures-sup’... Je suis sûre que ces caisses contiennent à peu près tout et n’importe quoi, sauf du tofu et du saumon...*

Elle se serait presque crue dans un vieux film. La poissonnerie servant de plaque tournante pour le trafic de drogue. En regardant dans les immeubles alentours, elle était sûre que deux flics devaient être en planque, et attendre que le gros poisson se pointe. Félicia s’avança lentement le long de la toiture, prit son élan, et sauta dans les airs. Elle atterrit avec élégance sur le toit, ombre noire dans la nuit. Elle s’aventura le long de cette structure, et trouva une trappe par laquelle se faufiler. Félicia débarqua ainsi dans un petit couloir, et avança lentement, se dissimulant dans les recoins quand des individus passaient. Elle vit des hommes armés avec des tatouages, certains en forme de dragons. Voilà au moins qui confirmait la planque de Chinois...

La Chatte Noire reprit sa route, prudente et attentive. Elle trouva rapidement un escalier, et commença à le descendre, entendant des hommes parler entre eux. Ils étaient assez nerveux et agités. Est-ce que c’était normal ? Ou est-ce qu’il y avait une raison particulière ? Félicia, malheureusement, ne parlait pas un mot de mandarin. Elle atteignit ainsi le garage, dans une discrétion absolue, se sentant à la place Sam Fisher dans Splinter Cell (le fait d’être professeur dans un lycée amenait à revoir sa culture). Le garage présentait plusieurs portails, dont l’un était ouvert, ainsi que plusieurs hommes affairés. Certains fumaient, et d’autres portaient des caisses dans des réserves.

*Ce n’est pas ici qu’ils doivent couper et préparer la drogue... Peut-être que les flics cherchent leur laboratoire... Ce n’est qu’une zone de stockage à partir de laquelle ils redistribuent aux dealers de la région la drogue des Triades...*

Elle entendit alors le ronronnement d’une voiture. Félicia était dans le grand garage, cachée derrière de grosses caisses, et aperçut une superbe voiture noire entrer. C’était une berline noire qui avait l’air de valoir une fortune. Pas le genre de voiture qu’un vulgaire employé porterait. Restant dans son coin, Félicia vit un homme en costume, une espèce d’armoire à glace, sortir du côté passager, et ouvrir la porte à l’arrière, livrant passage à un vieil homme dans une longue robe. Elle ne vit que peu son visage, mais comprit qu’il avait l’air important, et décida de le suivre. Ce devait être le gros poisson. L’homme était entouré par deux gardes du corps, et s’aventura à travers un couloir gardé par deux Chinois armés de Kalachnikov.

Il en fallait plus pour décourager la Chatte Noire. Cette dernière sortit par une grande fenêtre. Elle grimpa rapidement sur le toit du garage, et avança vers la pyramide en face, rentrant à nouveau dans le bâtiment. Elle pénétra dans une petite pièce sombre, et assomma un Chinois se tenant dans le couloir, et qui semblait monter le garde. Retrouver le vieux et les deux gardes du corps ne fut ensuite pas très compliqué, et Félicia reprit sa discrète filature. Cette dernière se termina assez rapidement. Elle se trouvait un étage au-dessus du vieux, et atterrit dans une espèce de grand salon. Elle se tenait sur les balcons, et dut neutraliser plusieurs autres Chinois qui l’empêchaient de parler, tandis que sa cible semblait discuter avec quelqu’un. Quatre Triades se baladaient en hauteur, faisant des rondes périodiques. Elle fondit sur l’un d’entre eux, et envoya discrètement sa tête s’écraser contre le mur. Préférant ne prendre aucun risque, elle s’occupa des trois autres, les neutralisant, et poursuivit ensuite sa cible.

Ce dernier finit par se rendre dans une espèce de chambre forte capitonnée au fond d’un couloir, avec, là encore, deux gardes. Impossible d’entrer par un autre passage. La Chatte Noire pesa le pour et le contre. Tôt ou tard, on finirait par remarquer les gardes assommés. Et elle pouvait facilement s’occuper des deux Chinois postés à l’entrée de la chambre forte, ainsi que des deux colosses.

*Bon... Autant sortir mes griffes !*

Félicia se tenait alors en hauteur, sur des poutres apparentes en bois. Elle tomba alors rapidement, pieds joints en avant, et s’écrasa sur l’un des deux Triades. Le second eut à peine le temps de réagir qu’il se reçut un puissant coup de pied retourné en plein visage. Sa tête rencontra le mur. La Chatte Noire les observa brièvement, puis s’avança vers la chambre forte. Elle porta son oreille contre la porte, mais n’entendit absolument rien. Elle contempla alors la serrure de la porte blindée, qui, fort heureusement, n’était pas très compliquée. Elle fonctionnait par le biais d’une carte magnétique. Félicia Hardy sortit une carte spéciale, conçue par les ingénieurs du S.H.I.E.L.D., et la passa. La serrure électronique s’ouvrit, et la porte se déverrouilla.

La Chatte Noire entra, et entendit une voix forte, émanant probablement du vieillard, avant que ce dernier ne se retourne. Félicia remarqua alors qu’il y avait une femme qui était attachée, et qui était visiblement torturée par l’un des deux molosses. En la voyant, le vieux se mit à parler, surpris. Il tenait une canne, et avait de longs ongles noirs, qui ressemblaient en réalité plus à des griffes qu’à des ongles. Ne comprenant rien à ce qu’il disait, la Chatte Noire lâcha, espiègle :

« Et ben, Messieurs, je vois qu’on s’amuse ici ! »

Les deux gardes du corps, qui faisaient bien dans les deux mètres se regardèrent, mutuellement.

« Une gaijin lâcha alors le vieux.
 -  Tu ne dois pas être si sénile que ça, l’ancêtre. Mais je pense quand même que je pourrais te montrer un truc ou deux en te bottant les fesses. C’est pas parce que tu es une antiquité que tu peux te permettre de taper sur les femmes. »

L’homme fronça les sourcils, et leva sa main. Une boule de feu sembla se former, et Félicia vit une espèce de dragon oriental, un ryu de feu, jaillir vers elle. Surprise, elle se baissa de justesse, évitant le dragon enflammé qui alla se perdre dans le couloir, explosant en une série de violentes flammes incandescentes. Visiblement, le vieux était un brin sorcier.

« J’ai d’autres chats à fouetter. Genkyô-01, Genkyô-02, occupez-vous de cette gêneuse. »

Les deux hommes réagirent en s’avançant vers Félicia. La Chatte Noire attaqua la première, bondissant vers l’un des deux types, et le frappa d’un violent coup de pied au ventre. Il y eut un violent *BING* qui surprit Félicia.

*Depuis quand ça fait BING quand je tape là ?!*

L’homme ne broncha pas, et arma le poing, s’apprêtant à l’abattre sur Félicia.

*Ho-oh ! Ça, c’est pas bon !*

Félicia bondit de justesse en arrière. Le poing de l’homme s’explosa contre le sol, pulvérisant ce dernier, provoquant de violentes vibrations. Il y avait un trou dans le sol, et la Chatte Noire comprit alors qu’elle devait avoir affaire à des sortes d’androïdes de combat perfectionnés.

Dehors, un bus de transport en commun longeait la poissonnerie. Le chauffeur, un vieil homme, écoutait tranquillement de la musique en s’ennuyant. Sa soirée allait tout d’un coup devenir nettement plus intéressante quand quelque chose heurta violemment le flanc de son bus. Il pila sec, et se retourna, se demandant s’il n’avait pas heurté une voiture. Il commençait en effet à s’endormir, et tenta de sortir. Il vit alors qu’il y avait un trou dans le mur de la poissonnerie, et qu’un homme en costume, une vraie montagne, se tenait là. Une femme avait heurté son bus. Une femme vêtue de noir, qui se redressait lentement en grinçant des dents.

Félicia avait été balancée à travers un mur pour heurter un bus, ce dernier ayant servi d’airbag. Le plus miraculeux, c’est qu’elle n’avait aucun os de pété. Par contre, ça faisait un mal de chien.

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