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« le: mercredi 08 octobre 2008, 16:03:07 »
Ses petits pieds, habillés de chaussettes, reposaient sur de hautes sandales. Les épaisses semelles de celles-ci avaient une forme tout à fait particulière : elles s'amenuisaient sur le devant et faisaient penser à la coque d'une barque. Sayuri naviguait ainsi, ondulant frénétiquement des jambes pour avancer jusqu'à l'église.
Elle s'était reposé au village le jour d'avant et avait demandé son chemin vers le temple le plus proche. Ce haut édifice n'avait rien d'un temple, mais c'était le lieu de culte et de prière de la région.
Soulevant son kimono, rouge et fleuri, de quelques centimètres seulement, laissant apercevoir ses chevilles, Sayuri gravit les quelques marches qui la séparait de l'entrée.
Elle fit un pas vers l'intérieur et se retrouva plongée dans une atmosphère fraîche qui s'engouffrait jusque sous son habit. Sayuri lâcha les plis de son kimono qui retombèrent soyeusement contre ses jambes fines et les couvrirent d'un peu de chaleur artificielle.
Sayuri sortit de petits chaussons du sac qu'elle tenait en bandoulière. Elle les déposa sur le sol, repliant légèrement les genoux afin de se rapprocher de celui-ci afin de respecter le silence des lieux. Une fois les chaussons posés à terre, elle souleva son pied droit, le sortit de la sandale et le glissa dans un chausson. Elle fit de même avec l'autre pied. Puis elle s'accroupit gracieusement, saisit les sandales et les plongea dans son sac. Ceci fait elle retrouva sa position initiale.
Resserant ses mains l'une contre l'autre devant sa poitrine, elle avança lentement à travers la nef. Ses manches étaient si amples qu'elles recouvraient la totalité de la peau de ses bras jusqu'à ses doigts. On aurait pu la prendre pour une femme venue du Nord glaciale avec sa façon de rejoindre ses mains, si Sayuri n'avait pas porté de kimono traditionel japonais, avec un immense ruban doré autour de la taille, terminé par un noeud en son dos.
Tout en marchant, la jeune geisha susurrait entre ses lèvres à peine entre-ouvertes, des prières pour sa grande soeur.
"Grande soeur, j'ai trouvé ici une ville où il n'y a pas de geishas. J'espère me montrer digne de ton enseignement en honorant ces lieux de ma présence. Puisses-tu aller bien et que ton danna prenne soin de toi. Je chercherai le mien en ces terres. Mon long voyage s'arrête ici."
A ces mots, Sayuri s'arrêta, et, s'agenouillant, elle continua sa prière, la tête baissée. Elle venant d'effectuer un long périple et elle était fatiguée de voir la terre s'écouler sous ses pas. Sa vie continuera ici, c'était son choix.