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Messages - Pirotess

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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: vendredi 06 octobre 2023, 14:25:36 »
Les elfes noires n'étaient pas réputées pour leur talent de courtisanes. On ne passait pas une robe à une guerrière et on ne lui imposait pas des manières contraires à leur état. On ne trouvait pas non plus d'elfes noires dans les bordels, qu'ils soient de luxe ou des bas-fonds. Imposer une relation à une drow ou la prendre de force signifiait signer son arrêt de mort dans des conditions longues et douloureuses. En revanche, l'art de faire l'amour et de s'adonner aux joies du sexe entraient parfaitement dans les compétences de Pirotess. Tactile, physique, entreprenante, malicieuse, elle savait user de son corps à merveille pour son propre plaisir et celui de son partenaire. Il n'existait aucun secret qu'elle ignora dans ce domaine là. Il ne s'agissait pas pour elle de faire un gros effort pour transcender le désir de Vittorio ; il était semblable à tous les hommes et sans que cela soit commun, péjoratif ou rabaissant, elle savait qu'il n'y avait aucune chance qu'il la repousse comme il l'avait fait beaucoup plus tôt.

Elle avait ri quand il avait déversé sur elle sa semence, ouvrant exagérément la bouche et tirant la langue pour exacerber le plaisir et l'imagination de son amant. L'elfe ne s'était pas arrêté à cette simple douche. Bénéficiant toujours de son emprise sur le membre viril de Vittorio, elle l'avait tapoté contre sa poitrine trempée, en pressant l'extrémité pour s'assurer qu'elle ne manquerait aucune goutte ni perle de nectar. D'épaisses coulures blanchâtres dégoulinaient de ses joues et de son menton, terminant en longs filaments se balançant au rythme des mouvements de sa tête. De son index, elle en préleva quelqu'uns et les goûta, gourmande, sans pour autant cesser de fixer le beau blond de ses prunelles violine.

"Ton goût me plaît Vittorio.Je pourrais y revenir … souvent."

Une démone de femme terrifiante … Oh non, elle était une elfe noire de Marmo et représentait bien pire que cette allusion. Mais pour cela, il fallait être son ennemi et Vittorio en prenait assurément le chemin inverse. Son remarquable sens du partage couvrait Pirotess d'une pellicule odorante et l'elfe minaudait entre ses cuisses, prête à assurer la suite de leurs ébats. Oh, elle ne le laissait pas faner, loin de là et ses doigts agiles s'employaient à ne tolérer aucune mollesse mais, enivrée par cette première partie, elle ne voulait pas que l'entracte s'éternise. Aussi elle se redressa devant lui, liane sombre à la fleur éclatante, et se caressa le corps pour s'enduire de cette semence presqu'aphrodisiaque.

"Haaaannnnn Regarde Vittorio … ce contraste sur ma peau t'excite ?"

Il résistait le bougre mais leur petit jeu n'en était que plus délicieux. L'elfe creusait son ventre, comprimait sa poitrine, mimait un spasme de désir, et plus sincèrement, plongeait sa main entre ses cuisses pour se tourmenter en l'attendant. L'homme venait de la faire basculer sur le dos et elle se cambra, poussant sur ses épaules pour lui offrir son bassin. Ainsi, il lui était plus simple d'y plonger pour se délecter d'un fruit dont peu connaissaient le goût exquis. Pirotess exhala, juste avant d'hoqueter, les yeux révulsés et de plonger ses doigts dans la crinière d'or pour s'y agripper. Sa respiration s'emballa sous les caresses précises, les intrusions franches et les explorations intrépides. La guerrière, très égoïstement, ne permit pas à l'homme de prendre une éventuelle pause et l'obligea à la combler jusqu'à ce qu'elle explose de plaisir. Son orgasme fut brutal, intransigeant, dominateur, et tout son corps se crispa autour de la tête de Vittorio. La langue du magicien, ses lèvres et son aspiration perforèrent les défenses de la belle qui laissa échapper un râle expressif avant de s'effondrer dans ses draps et de relâcher son emprise. Sa poitrine se soulevait alors qu'elle reprenait son souffle puis se mettent à rire, satisfaite.

"Oh ça oui, je suis capable … Capable de tout …"

L'un comme l'autre s'étaient noyés dans leur douce luxure et ils n'avaient entamé que des préliminaires élémentaires. Sans effort, Pirotess parvint à son tour à basculer Vittorio sur le dos et lui fit don de sa bouche. Vorace, elle le pompa à le faire grimper au mur. Elle avalait son précieux membre jusqu'à la garde, venant en butée verrouiller ses lèvres à la base du sexe tendu. L'obstacle de sa luette n'en était pas un et elle le garda comprimé dans sa gorge jusqu'à ce qu'elle le sente craquer. Elle cherchait le point de rupture, le moment où il abdiquerait. S'il cherchait à réagir, elle le maintenait, le contraignait. Elle était plus forte que lui et sa débauche de perversité momentanée lui donnait un avantage certain. Sa fellation, non, sa gorge profonde , ne laissait aucune chance à Vittorio et elle se montra implacable dans son application. En elle, dans son gosier, le long membre subissait une activité débordante de compression et de déglutitions bruyantes. Encore une fois, l'elfe noire allait se régaler et si elle se montrait si tenace, c'est qu'en retour elle espérait bien subir des assauts rugueux.

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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: mercredi 02 août 2023, 17:11:24 »
Les rêveries de elfes n’étaient pas comparables au sommeil des humains. Un elfe ne dormait jamais, il laissait son esprit s’évader dans des strates de spiritualité qu’eux seuls pouvaient atteindre. Là, ils régénéraient leur conscience, berçaient leur âme, échangeaient avec leurs Dieux et autorisaient leur corps à se soulager du poids de la vie terrestre. C’est durant ces rêveries que les elfes prenaient les décisions les plus importantes et qu’ils confrontaient leurs doutes ou leurs peurs. Etres sages et réfléchis, ils faisaient confiance à cet instinct qui avait permis à leurs peuples de survivre aussi longtemps face à toutes les adversités du monde. Comme tous ceux de sa race, Pirotess ne fermait pas les yeux quand elle s’évadait ainsi. Son beau regard se parait d’UN voile trouble qui disparaissait dès qu’elle revenait de son voyage intérieur.

Cette fois-ci, ce ne fut pas elle qui décida de cesser son nécessaire repos mais des caresses prolongées et une délicate présence humide contre ses lèvres. Le brouillard de la rêverie s’évapora et ses prunelles iridescentes se plongèrent dans celles de feu de Vittorio. Elle ne le repoussa pas ni n’eut de geste de rejet. Au contraire, elle aussi se laissa aller à une exploration du torse du néréide et sa réponse au baiser fut aussi douce que celle donnée. Il régnait sous les draps une chaleur doucereuse et confortable. Leurs jambes étaient emmêlées et leurs corps s’imbriquaient à la perfection.

Elle sourit, un rien mutine, car elle tenait encore un objet précieux dans sa main et s’adonna encore à une caresse très personnelle qui provoqua un grossissement conséquent de l’objet de son attention. Elle était naturelle et décomplexée et s’était servie comme si elle prenait une pêche juteuse dans une coupe de fruit. Elle ne répondit pas tout de suite à Vittorio et prit le temps de le faire grandir entre ses doigts avant de repousser l’homme sur le dos et de s’agenouiller sur ses cuisses. Ainsi, il pouvait la regarder faire et elle, admirer le beau visage de son amant.

"Tu aimes mes caresses Vittorio ?"

La question n’était pas une provocation. Elle s’enquérait tout simplement du plaisir de l’homme parce que ça lui importait. Elle resta plusieurs minutes à le satisfaire ainsi, raffermissant sa prise à la remontée et la relâchant à la descente. Son pouce marquait de pressions et de stimulations la collerette du gland quand il y passait et elle n’hésitait pas si nécessaire à utiliser ses ongles. Elle n’était ni novice ni débutante et savait bien tout le plaisir qu’elle était capable de procurer. Mais sa question devait être posée car quand une elfe noire aimait, elle devait être rassurée.

En attendant qu’il lui réponde, elle se pencha sur lui et amena le sexe de l’homme au contact de sa peau, à la naissance du creux de sa poitrine, tout en continuant à le masturber. Elle voulait voir son visage de près et découvrir les détails qu’elle aurait pu manquer, bien qu’aucun ne lui ait échappé.

"J’ai envie de sentir ta semence sur ma peau."

L’invitation était claire et aucune catin n’aurait pu être plus érotique que l’elfe noire çà ce moment-là. Pirotess s’activa donc jusqu’à ce qu’elle obtienne satisfaction et laisse l’homme se tendre et lui offrir une abondante projection de nectar masculin. Elle soupira d’aise et passa le bout de son index dans la masse collante qui contrastait en couleur avec sa peau et y dessina des lignes, instinctivement, sans motifs particuliers, juste pour le plaisir de sentir cette part de Vittorio sur elle. Il ne s’agissait pas de perversion mais juste d’une envie comme elle pouvait en avoir. Certaines étaient beaucoup plus mignonnes et raisonnables, d’autres frôlaient le domaine de Lilith et de ses succubes.

"Ma vie n’est pas passionnante Vittorio. Je suis une elfe noire, ce qui signifie soumission et acceptation, parce que ce sont les traits de ma race. Je suis née à Marmo et n’en suis partie qu’une seule fois ; c’est là que tu m’as rencontrée. Nous ne sommes pas nombreux. Les miens vivent en solitaires ou en très petites communautés, au service d’un seigneur généralement. Je ne parlerai pas de mes parents. Nous ne sommes pas élevés comme le font les humains avec leurs enfants. Notre éducation est plus brutale puisque nous sommes amenés à tuer dès que nous le pouvons. Quand le jeune elfe noir est prêt, il cherche et trouve un maître qui le mérite. Nous sommes ainsi. Mon maitre se nommait Ashram. Il était juste et puissant, trop même puisque Beld de Marmo, l’empereur, en avait peur. Ma relation avec cet homme était fusionnelle et quand il a été assassiné sans que je puisse le protéger, une part de moi s’est volatilisée. La Maisonnée d’Ashram a dû fuir l’île maudite car Beld ne voulait laisser aucune trace de son acte odieux. Beaucoup sont morts sous les coups de ses spadassins mais j’ai pu quitter cette terre de malheur, et tu m’as trouvé … Reste à voir ce que tu vas faire d’une encombrante elfe noire qui ne passe pas inaperçue."

Elle acheva son récit ainsi sans mentionner la suite, ses projets de vengeance et son désir profond de rendre à Beld la monnaie de sa pièce accompagnée de tortures atroces et de tourments inhumains.

On disait l’empereur maudit immortel mais c’était exagéré. Simplement, il avait passé des alliances avec les cercles infernaux et des mages maudits qui amplifiaient ses pouvoirs et sa longévité. Pour l’affronter, Pirotess devait être encore plus mortelle qu’elle ne l’était.

Ashram était mort, Vittorio était vivant. De nouvelles règles s’érigeraient s’il l’acceptait pour ce qu’elle était et s’il comprenait les attentes de ses instincts raciaux. Etre un bon amant ne suffisait pas. Il lui faudrait être fort et implacable s’il la désirait, mais tout en laissant à l’elfe sa place et son autonomie, ce que beaucoup pensaient être inutiles. Une elfe noire contrainte n’hésitait pas à assassiner un maitre trop prompt à se croire supérieur…

Pirotess glissa à nouveau sur les cuisses de Vittorio et s’inclina jusqu’à ce que ses lèvres viennent happer la virilité de l’homme pour y délivrer une succion bruyante puis un baiser appuyé. Elle fit courir sa langue le long du membre revigoré tout en l’observant le regard du néréide intensément.

"Dis-moi que tu en as envie …"

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: jeudi 13 juillet 2023, 19:48:23 »
Verox croassa de frustration. Les humains étaient tellement étranges … Ils changeaient d’humeur ou de caractère sans réelle raison justifiable et laissaient souvent de côté les choses importantes pour des motifs futiles. Le corbeau connaissait Lenia depuis longtemps et à sa manière, il l’aimait beaucoup. Cette humaine était forte, impitoyable et il l’avait toujours connue comme une battante formidable. Elle ne s’embarrassait pas de contraintes et vivait simplement comme si tout était simple pour elle. Sa psychologie se résumait à être la plus forte e pour l’oiseau bagarreur, cet état d’esprit était parfait. Ils se ressemblaient un peu en fait. Et en plus, quand elle s’occupait de lui, il adorait qu’elle lui lisse les plumes et le gratte derrière la tête…
Le corbeau avait assisté au combat, perché sur un mât de bannières, loin au-dessus du sable de l’arène. Très vite, il avait compris que sa maitresse gagnerait son combat et les premières passes d’armes lui avaient donné raison. Lenia était au mieux de sa forme et la résistance de son adversaire n’était qu’une formalité dont elle s’acquitterait sans effort. Aussi, l’issue improbable du combat l’avait pétrifié. Il avait assisté avec horreur à la défaite de la flamboyante ashnardienne et son cœur s’était brisé quand il l’avait vu trainer inanimée dans le sable en laissant derrière elle un sillon sanglant. Il avait décelé dans les derniers instants de la confrontation l’hésitation dans les lames de la mercenaire, sans comprendre pourquoi ; et le grand final, lorsqu’elle avait offert sa vie à la Valkyrie avait été encore plus choquant. Pour le corbeau, il s’agissait alors d’une défaillance de l’esprit de son amie mais à présent, alors qu’ils étaient tous lotis confortablement dans la Tour de Céleste, il avait enfin la réponse à sa question. Les deux femmes se tournaient autour depuis un moment et la convalescence de l’une était prétexte à tout un tas de petites attentions exaspérantes.

Aujourd’hui, Céleste revenait d’une de ses absences nécessaires et Lenia avait franchi le cap d’avoir le courage d’affronter son handicap. C’était un grand jour car augurant un futur plus facile mais après le baiser de Lenia, les deux femmes s’étaient à nouveau murées derrière leur relation de façade. Mais pourquoi ne s’avouaient-elles pas finalement leurs sentiments ? Donc, le corbeau était bien frustré et s’attaqua à une oreille de Dagmar pour passer son mécontentement.

De son côté, Lenia suçotait encore ses lèvres après son baiser à Céleste. Personne n’aurait cru que ces deux-là s’étaient écharpées à mort en les voyant ainsi, comme deux jeunes pucelles timides en proies à leur premier amour. Le thé frais lui fit du bien, d’autant plus que porter à nouveau son attention visuelle sur son environnement lui donnait mal à la tête. Mais pour Céleste, elle prit le temps de parler et de répondre.

"Merci. C’est très bon." Puis … "Comment s’est passé ton combat ? Raconte-moi !"

Elle voulait tout savoir sur le déroulé des confrontations mais Céleste était une reine pour éluder toutes ces questions. Bien sûr que c’était dur, l’arène était exigeante et demandait un lourd tribut payé en sang et souffrances. Plus d’une fois, Lenia avait voulu envoyé Verox survolé le Grand Cirque pour qu’il lui raconte mais par respect et … autre chose, elle ne se l’était pas autorisé. Quand elles eurent bu, la mercenaire déchue se leva et tenta de caresser la joue de la Valkyrie. Elle la manqua et chancela, se rattrapant à une grosse tête velue qui se releva juste pour éviter qu’elle ne tombe. Sa vision trouble mettrait du temps à revenir mais l’essentiel était ce premier progrès. Lenia pouffa.

"Quand nous sortirons, ne t’éloigne pas de moi, je pourrais suivre le premier venu en croyant que c’est toi."

Il était peu probable que cela arrive. Lenia devinait tout de Céleste, reconnaissait le bruissement léger de ses pas, le rythme de sa respiration, son odeur délicieuse, et même le glissement de ses mouvements dans l’air frais du matin au réveil.

"Mais maintenant, tu dois dormir et te remettre. Moi, je dois sortir et je t’interdis de me suivre car je veux que tu sois bien reposée pour moi quand je reviendrais. Et ne t’inquiète pas, je ne sors pas seule. Tss tss tss ! Non ! Je n’autorise aucune forme de protestation ! Au lit !"

Évidemment, Lenia avait mis les couvertures à l’envers en voulant bien faire. Le feu qu’elle avait essayé d’allumer s’était éteint. Le rangement des pièces dont elle s’était occupé était un chaos absolu et elle avait confondu un très joli haut de Céleste avec une serpillère. Il pendait d’ailleurs au manche du balai près de la fenêtre pour bien sécher.

Lenia sortit et sur le pas de la porte de la Tour, inspira profondément. Enfin, l’air libre ! C’était bon de se faire dorloter mais elle ne voulait pas consommer tout le temps de Céleste qui avait une vie bien assez difficile comme ça. Pour sa sortie, Lenia avait passé une longue jupe flottante qui lui tombait aux chevilles, des sandales en cuir et un petit haut blanc avec des dentelles au col et aux poignets. Ses cheveux étaient noués en queue de cheval et ainsi elle ressemblait à une jeune paysanne se rendant à la fête du village. Verox voletait tout proche et Dagmar suivait à distance, discrète, gardienne bienveillante. Lenia ne marchait pas au hasard, elle suivait le froufrou des ailes de Verox qui savait où il devait guider sa maitresse ; car elle avait rendez-vous. Ils quittèrent l’esplanade de la Tour et prirent les rues marchandes. On siffla Lenia, elle entendit des commentaires salaces, des propositions indécentes, mais ne s’en occupa pas. Des hommes l’enviaient oui, mais les hommes l’avaient toujours envié, à leurs risques et périls. Très vite, elle avait pris de l’assurance et ses pas s’étaient affermis. Très vite, ils furent à l’auberge et quand elle en poussa la porte, elle attendit qu’on vienne la chercher.

"Ainsi donc, tu es venue. Je suis surpris qu’elle t’ait laissé sortir."

"J’ai fait une scène, je ne lui ai pas laissé le choix."

"Tu es dure. Elle s’est plus occupée de toi que d’elle-même."

"Je le sais. Tu me le répètes à chaque fois que tu me voies. N’aie crainte, à présent, c’est pour elle que je vis."

"Ne dis pas ça. Le bonheur qui arrive vous appartient à toutes les deux."

Lenia ne répondit pas. Le minotaure était un ami précieux et sage qu’elle avait mis peu de temps à apprécier. Et comme il était un peu le protecteur de Céleste aussi, elle lui en était immensément reconnaissante. Ils étaient installés près du comptoir en bois sombre, un peu à l’écart.

"Hé !!" cria un habitué attablé avec ses comparses "Depuis quand gardes-tu des beautés pareilles pour toi tout seul ? Présente-nous ! Nous sommes des citoyens respectables."

"Respectables mais imbibés, et cette belle demoiselle est sensible à la douceur. C’est bien pour cela qu’elle m’a choisi."

Tous rirent avant que Lenia ne reprenne.

"Tu les as trouvées ?"

"Oui … ça m’a coûté très cher"

Il sortit de sous le comptoir un tissu dans lequel était emballé deux objets. Lenia frémit en passant sa main dessus et en ouvrit les pans de velours. Elle les voyait floues mais entre mille, elle aurait reconnu ses lames, glacées et mortelles. Verox, posé sur le comptoir croassa de joie et Dagmar fut surprise de la dangereuse aura qui émanait de ces armes.

"Je te suis éternellement reconnaissante. Je te rembourserai, quel qu’en soit le prix."

"Nous n’en sommes pas là, petite femme de feu."

Lenia se hissa sur la pointe des pieds pour lui offrir un bisou mais manqua la joue et ses lèvres s’écrasèrent sur un gros naseau humide. Malvoyante ou pas, embrasser un minotaure était difficile. Puis elle ajouta encore …

"J’ai un dernier service à te demander …"



OoOoOoOoO


Au grand marché de la ville…

"Et ça ? Tu crois que ça lui irait ?"

Le puissant minotaure étouffa un bâillement épuisé.

"Comme les cents d’avant … oui !"

Ils écumaient les étalages de fripes, vêtements pour dames et autres boutiques pour femmes d’aristocrates. La présence du minotaure les faisait entrer partout. La dernière vendeuse était particulièrement gentille et avait reçu pour instruction de trouver quelque chose de très joli pour :
Citer
une jeune femme de ma taille, très belle, pâle et brune avec des yeux émeraudes magnifiques, fine et gracieuse, plus jolie qu’une princesse.
La vendeuse d’expérience avait vite compris qu’il fallait plus conforter Lenia dans sa démarche que rechercher la robe ultime. Aussi, après maintes présentations (elle avait compris un peu tard que Lenia ne voyait pas ce qu’elle lui montrait), le choix s’était porté sur une superbe robe noire, filée d’or et de perles rares, quasiment transparente et outrageusement révélatrice.

"Tu es sûr ? C’est bien la bonne ?"

La mercenaire inflexible était à des années lumières de la femme anxieuse qui palpait le tissu du bout des doigts.

"Lenia, c’est la bonne ! Il n’y en a qu’une et c’est pour elle. Jamais plus tu ne pourras trouver plus belle robe." Le minotaure n’en pouvait plus après des heures d'indecision …

La vendeuse confirma.

"Oui, oui ! Elle est unique et si j’en crois ce que vous dites, votre amie atteindra la beauté d’une déesse."

"Les déesses sont déjà jalouses d’elle ! Bon, d’accord ! Qu’elle est le prix ?"



OoOoOoOoO


De retour du marché …

"Merci !! Je te rembourserai, c’est promis !"



OoOoOoOoO


Lenia était fatiguée quand elle revint à la Tour. Elle trainait des pieds et sa concentration vacillait. Elle avait beaucoup donné mais était satisfaite de sa journée.

"Céleste ? Tu es là ?"

Une ombre sur la droite de Lenia ; la pièce est un peu sombre.  Elle tend son paquet des deux mains, heureuse et convaincue d’avoir fait le bon choix … même si elle ne fait pas vraiment face à son amie qui est un peu décalée.

"Je suis allée au marché toute seule ! J’ai un cadeau pour toi !"



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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: mardi 06 juin 2023, 17:53:39 »
A Marmo, la pierre dominait sur toute autre matière. La géologie naturelle de l’ile était celle de toutes les terres issues de la colère des grands volcans anciens. En des temps oubliés, ces monstres de fureur avaient façonné le monde tel qu’il était aujourd’hui. Les vestiges d’éruptions titanesques s’étaient tassés, masqués par des millénaires de calme et de sommeil de ces géants dont les noms n’étaient à présent connus que des dieux. Sur terre fertile poussait végétation luxuriante, comme sur l’île enchanteresse sur laquelle les deux héros s’étaient échoués. Mais à Marmo, l’île noire balayée par les vents, l’évolution de la terre semblait s’être figée depuis les grands cataclysmes. La végétation y était triste, dominée par un basalte noir, dur et tranchant. Le palais d’Ashram, l’ancien maitre de Pirotess, rappelait l’obscurité tant ses remparts, ses tours et ses murs sombres absorbaient la lumière. Même les feux magiques de puissants archimages ne permettaient pas d’illuminer l’architecture marmonéene. C’est dans cette antre déchirée par des pics acérés et des vallées déchiquetées qu’avait grandi Pirotess. Son âme était aussi dure que l’aspect minéral de son île et ses instincts primordiaux d’elfe, noire ou pas, n’avaient pas pu s’éveiller au contact de cette sécheresse visuelle.

Aussi, la création magique de Vittorio l’enchanta. Le fortin n’était pas une œuvre d’art comme les autres. Outre son aspect défensif, il alliait une réelle beauté végétale à laquelle l’elfe n’était pas insensible, à une architecture savante. Elle laissa le mage à sa créativité, s’interdisant de l’interrompre tant qu’il n’aurait pas terminé, admirant le jeu complexe des lignes thaumaturgiques maniées avec dextérité par son surprenant compagnon. Celui-ci termina alors que la dernière étincelle de luminosité s’éteignait loin à l’horizon. Aussitôt, la vision de Pirotess passa de normale à nocturne. Ses pupilles se dilatèrent à l’extrême en modifiant leurs capacités d’absorption et s’ouvrirent à un autre type de rayonnement. Ainsi, elle voyait comme en plein jour, seules les couleurs changeant pour s’harmoniser sur des tons sombres et clairs teintés d’un vert luminescent.

"C’est … très beau."

Peut-être l’entendit-il mais il s’effondra et elle le rattrapa de justesse, le pressant contre elle. L’homme avait tout donné et son corps le rappelait définitivement à l’ordre après qu’il eut pris le temps d’octroyer à l’hydre un abri à sa taille. Sa dernière affirmation fit frissonner la belle elfe noire. Vittorio ne posait pas de questions. Quand il parlait, il affirmait. Son assurance n’avait d’égale que celle de sa compagne qui ne doutait absolument pas de ses capacités à pouvoir s’acquitter de son destin … du destin qu’elle choisirait de suivre. C’est pourquoi elle frémit en le ressentant si fort et déterminé. Un seul homme dans sa vie avait eu cette puissante détermination : Ashram, son grand seigneur. Mais il était mort à présent et elle, était seule. Or, aussi indomptables, orgueilleux et mortels que pouvaient être les elfes noirs, ils avaient un besoin irrépressible et profond, racial, de trouver une force égale si ce n’ai supérieure à laquelle se soumettre. La nation elfe noire n’existait pas et n’avait jamais exister. Les drows étaient des individus servant un maitre et la logique s’arrêtait là, alors qu’ils auraient pu fonder le plus terrifiant des empires.

Cette ressemblance de force de caractère entre Vittorio et Ashram était évidente et quand elle le prit contre elle, Pirotess ressentit au plus profond d’elle ce long appel à la servilité aveugle qui pour beaucoup résonnait comme une tare de faiblesse. Elle en eut le souffle coupé et vacilla avant de se reprendre et de trouver définitivement la protection des murs du fortin. La tueuse était sonnée et elle peina à installer Vittorio dans l’une des chambres de l’édifice. Quand ce fut fait, elle resta longtemps agenouillée sur le lit à l’observer. Elle s’était occupée de lui et il apparaissait vulnérable, endormi, nu, lavé, presque fragile. La gravité du visage de l’elfe indiquait une profonde réflexion. Elle retraçait leur court parcours commun et la nature de l’homme lui apparaissait plus claire à présent. En tout cas, il n’était pas un homme au sens naturel du terme, c’était certain. Sa magie spéciale, liée à la nature, était bien différente de celle des druides mais pouvait y ressembler. Pirotess reprenait l’ensemble de ses connaissances du monde pour éliminer une à une les espèces connues jusqu’à n’en conserver plus que deux. L’une était hideuse et peu probable tandis que l’autre paraissait plus adéquate.

"Je sais qui tu es Vittorio … Quelle … étrange rencontre. Qu’est-ce qu’un néréide pourrait vouloir d’autre qu’un havre de paix végétal ? Qu’est-ce qui te rend si fort ?"

 Elle se pencha sur lui et laissa ses doigts suivre les arêtes de ce corps masculin. Elle s’attarda sur des muscles fatigués, palpa sans gêne des attributs qui la firent sourire, caressa des cheveux fins avant de se décider à quitter la chambre. Rien ne perturbait la quiétude de la nuit et elle sortit s’asseoir sur la margelle de marbre d’un bassin où foisonnaient de petits poissons multicolores dans une eau cristalline. L’elfe avait un objectif premier, celui de tuer Beld, l’empereur maléfique de Marmo, responsable de la mort d’Ashram. Mais, presque immortelle, comme ceux de sa race, elle avait le temps. Elle décida qu’elle développerait les arcanes de sa vengeance sur de longues années afin que, quand le moment viendrait, elle puisse s’extasier des supplices qu’elle infligerait au souverain maudit. D’ici là, la vie ne s’arrêtait pas et elle venait d’y trouver un nouveau sens.

Pirotess se dévêtit et entra dans le bassin sous le regard de statues figées. L’eau était glaciale et les oreilles de l’elfe frétillèrent adorablement. Elle s’immergea longuement, se débarrassant des miasmes de cette longue journée et ne s’extrait de l’eau que quand elle ne sentit plus ses doigts. Glacée et nue, elle rejoignit la chambre de Vittorio et se glissa sous les draps de satin, à ses côtés. Elle se colla à lui, ténébreuse et polaire, retrouvant en un geste indécent une prise qu’elle ne lâcha pas avant de plonger dans une reposante rêverie.

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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: mercredi 17 mai 2023, 16:36:37 »
Maudite courtisane des ténèbres? Cela sonnait comme un compliment pour n'importe quelle elfe noire. Venant de la bouche de Vittorio, cette tirade impliquait bien évidemment une part de vérité mais le ton employé, lourd de fatigue, impliquait déjà autre chose qu'un reproche ou qu'une moquerie. Pirotess releva l'esquisse de cette fissure mais n'en fit pas mention. Ce n'était ni l'instant ni l'endroit pour faire preuve d'une énième provocation et de toute manière, elle n'en avait pas envie. Encore une fois, la difficulté rapprochait malgré les antagonismes initiaux et la nécessité de rapidement mettre un terme à cet épisode sanglant coupait court à toute velléité de querelle. Aussi, l'elfe noire opina et se détourna du mage pour s'élancer derrière les fuyards, en prenant bien soin d'éviter la proximité immédiate de l'hydre, monstre toujours terrifiant malgré son attitude soumise. un coup d'œil par dessus son épaule permit à l'assassin sombre de voir un Vittorio se relâcher, au bord de l'épuisement.

La peur et leur instinct de survie donnaient des ailes aux deux derniers brigands, survivants d'une boucherie atroce qui hanteraient leur esprit jusqu'à leur trépas ... très proche, même s'ils ne s'en doutaient pas. Pour eux, le mage pincé et le fléau sombre étaient trop occupés pour s'attarder sur leur misérable condition. Ils courraient sans se retourner, leur avant poste ne se situait qu'à deux kilomètres du lieu du combat et ils pensaient avoir toutes les chances de l'atteindre pour prévenir la troupe de leur effroyable déroute. Avec un peu de bagou, ils pourraient même faire passer leur dérobade pour un acte de courage destiné à alerter le maitre-pirate et s'éviter de sévères représailles.

Le premier, un homme de grande taille à la peau brune et couturée de cicatrices, n'eut pas le temps d'exprimer sa surprise quand la lame aiguisée d'une rapière jaillit de son gosier en pointant devant ses yeux ronds. Il s'effondra après quelques pas maladroits et vomit un geyser de sang avant de s'étouffer, le corps secoué de spasmes. Le deuxième, plus petit et à l'aspect de fouine, fit aussitôt volte face, son coutelas brandit face à ... rien.

Un rire mauvais et acide le fit se retourner, et encore, et encore.

"Petit homme, il est vain de fuir quand la mort te talonne. Agenouille toi face à ta maitresse ..."

Pirotess apparut, sortant de l'ombre d'un grand saule que l'on ne trouvait que sous ses longitudes marines. Des gouttes écarlates perlaient encore de sa lame qu'elle tenait face à son adversaire. L'homme se sut condamné mais eut le courage de ne pas obéir à l'injonction de l'elfe. Au lieu de cela, il se rua sur elle en hurlant. Une simple rotation du poignet pour amener les lames à s'aimer et le coutelas tomba dans la poussière. Pirotess leva le coude en se désaxant légèrement et la pointe mortelle de son arme perça l'œil du manant, l'empalant jusqu'à la garde. Elle repoussa le cadavre du pied et laissa le vent rafraichir sa peau. D'ici, elle pouvait sentir l'odeur forte des humains, portée par la bise. ils étaient encore nombreux et assez proche. Peu de temps passeraient avant qu'ils n'envoient une patrouille voir ce qu'il était advenu de la première. L'elfe décida donc de rejoindre Vittorio plutôt que d'aller chercher du renseignement sur les pirates restants.

L'hydre n'avait pas bougé, elle semblait même dormir ... si ces monstres en étaient capables ... Le mage aussi était là, bien entendu. L'elfe s'approcha de lui, sombre courtisane des ténèbres, et elle en joua. Savait-il seulement ce qu'étaient les ténèbres? Elle lui en fit une démonstration qui magnifia en splendeur sa silhouette mortellement parfaite. Ses mouvements avaient l'assurance de la tueuse d'excellence et sa grâce, celle d'une créature façonnée par les dieux. Elle était Pirotess l'elfe noire et Vittorio avait le privilège d'être son compagnon. Elle n'eut pas besoin de mentionner la mort des deux fuyards, cela allait de soi.

L'assassin posa une main sur l'épaule de l'homme et l'y attarda volontairement, prolongeant ce contact honnête.

"Allons nous-en, emmène nous ailleurs, pour trouver un lieu où nous pourrons nous reposer et réfléchir à la suite."

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: lundi 24 avril 2023, 18:03:48 »
Si ça va bien ? Lenia ne sait pas trop. Elle bouge prudemment, remue les doigts, les orteils, se redresse sur ses coudes. L’épaisse fourrure qui la recouvre glisse et dévoile son corps, laissant apparaitre les cicatrices récentes suturées et boursouflées. Elle frissonne, exposée et nue, et est attentive à l’activité qui règne autour d’elle. Il flotte une odeur de cuisine particulièrement alléchante et son estomac lui rappelle qu’il serait peut-être temps de le remplir.

"Je veux bien boire oui, et manger aussi."

Avec l’aide de Céleste, elle s’assoit au bord du lit. Ses vêtements noirs irrécupérables, la valkyrie lui donne de quoi se changer. Le tissu porte son odeur, c’est agréable et la suite … tout autant. Comme un oisillon, elle reçoit la becquée, petit à petit pour ne pas brusquer son système digestif. C’est simple et bon et elle le fait savoir. Céleste est une parfaite maitresse de maison aux petits soins et elle recadre gentiment leurs amis qui sont tout joyeux de ce retour. Et dire qu’elles s’étaient presque entretuées sans même se connaitre. Quel gâchis cela aurait été…

Du repos, il en fallut pour que Lenia récupère et que son corps reprenne un semblant de vitalité. C’était long et frustrant et la mercenaire dut déployer des trésors de patience pour ne pas succomber à l’envie de sortir de cette tour qui bien que confortable, la maintenait cloitrée. Céleste lui faisait lecture, beaucoup, et plus d’une fois Lenia s’endormit sans entendre la fin du conte lut d’une voix douce et apaisante. Elle reprit aussi des forces en mangeant bien. L’ami dont elle apprit l’identité faisait livrer des plats délicieux auxquels elle faisait honneur. Elle apprit à connaitre les deux amis de Céleste et présenta enfin son corbeau qui s’avéra être le plus âgé d’eux cinq. Car ce n’était pas Lenia qui avait trouver un oisillon déplumé au bord du désespoir mais bien Verox l’ancien qui avait découvert une petite fillette effrayée aux cheveux flamboyants dans les décombres d’un chariot près d’un champ de bataille … Leur histoire n’appartenait qu’à eux et personne d’autre ne savait pourquoi ils s’étaient attachés l’un à l’autre. Tous les jours, elle prenait le temps de lisser ses plumes et de lui gratter le cou et pour ne pas faire de jaloux, elle eut aussi à s’occuper des lions.

Cela aurait vraiment pu être merveilleux si ce n’était son handicap visuel. La fière combattante craignait une perte définitive de sa vue et n’osait pas enlever son bandeau. Mais cela lui pesait aussi d’être un poids pour Céleste qui n’avait pas une minute pour elle. En effet, la valkyrie devait survenir à leur besoin et plus d’une fois, elle fut rappelée pour combattre dans l’arène. Elle en revint toujours, cherchant à cacher ses blessures dont elle se remettait très vite. Bien que se sentant inutile dans ces moment-là, Lenia l’aidait du mieux qu’elle pouvait, ayant bien assimilé a géographie de la tour. Elle s’y déplaçait facilement en comptant ses pas et de toute manière, il y avait toujours un lion, un corbeau ou une amoureuse pour l’aider un peu, beaucoup, passionnément …

Les choses ne s’étaient pas dites entre Céleste et Lenia. Leur lien sentimental se renforçait de jour en jour mais jusqu’à présent, hormis le bain et les nuits dans le lit commun, elles n’avaient pas osé s’aventurer plus loin. Pour Lenia, c’est bien parce qu’elle n’y voyait rien que cela la stoppait dans son élan. Aussi, un jour alors qu’elle était seule, elle s’assit sur un tabouret face au meuble où Céleste entreposait ses cosmétiques et autres ustensiles de beauté. Il y avait là un grand miroir, elle le savait et après une longue hésitation, elle dénoua le bandeau qui lui masquait les yeux et le posa sur ses genoux. Elle inspira un bon coup et ouvrit ses paupières. La violence de la luminosité les lui fit refermer aussitôt et elle cacha son visage dans ses mains. Au deuxième essai, elle fit plus attention et tout doucement, laissa l’éclat blanc irradier dans ses pupilles rouges sang. Elle fut surprise de constater que ce n’était pas le néant absolu et attendit de longues minutes avant de pouvoir regarder le miroir à travers ses doigts écartés. Elle aperçut une forme humaine, floue, dominée de rouge, sa propre crinière. Son environnement aussi n’était pas précis et la boule vaporeuse noire et les volutes fauves représentant Verox et les lions ne se densifièrent pas. Cependant, cela lui mit du baume au cœur. Tout n’était pas perdu et quand Céleste revint, elle fut accueillie par un immense sourire quand Lenia se leva en se retournant vers elle. En quelques pas maladroits, elle se dirigea vers elle, lui prit le visage à deux mains et l’embrassa passionnément. Elle souda ses lèvres aux siennes et lui rendit toute l’affection que la valkyrie lui avait porté durant tout ce temps.

"Je crois que je vois un peu mais … ça va aller, tu avais raison."

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: vendredi 10 mars 2023, 22:22:10 »
C'est Nikos. Lenia reconnait sa voix désagréable, identifiable entre mille. Le mercenaire n'a jamais été son ami mais ils ont combattu ensemble maintes fois. Sûr de la victoire du Corbeau de la compagnie, il avait misé une petite fortune sur Lenia. Il lui avait dit avant le combat. Cet homme était mauvais dans la défaite et venait chercher dans la vengeance la perte de son argent. Il n'était pas seul. Les anciens compagnons d'armes de Lenia comptaient parmi les hommes qui leur barraient le chemin. Le bruit ambiant de la ville ne permettait pas à Lenia de compenser son handicap visuel par l'utilisation de ses autres sens. Ils étaient là, c'était tout, elle le savait, rien d'autre. Un mouvement d'air, un bruissement de tissu et Céleste passait devant elle. Le Corneau tendit la main pour garder le contact et se rassurer de la présence de la Valkyrie. Sans elle, elle mourrait, c'était certain.

Un échange verbal bref suivi et Lenia perdit la contact de Céleste. Elle la chercha, les bras tendus, et pivota sur elle-même en s'efforçant de la retrouver et en essayant de se guider aux sons. Rien. Les coups pleuvaient et tout s'emmêlait dans la tête de Lenia. Elle n'avait plus de point de repère, entendait des grognements, des cris de souffrance, la rage de Céleste exploser, sa douleur aussi.

"Céleste! CÉLESTE!!?"

Elle retrouvait sa voix, la panique prenant le dessus. La fière mercenaire découvrait sa faiblesse ... Et elle n'arrivait même plus à se guider en suivant les cris de Verox. Le corbeau était furieux et faisait payer leurs outrages aux assaillants. Les hommes sentent fort, la vinasse, la transpiration. Ils sont nombreux mais ne représentent qu'une infime partie de la compagnie de Lenia. Lothard, le chef, n'a pas l'air d'être là ... Céleste prend des coups et la mercenaire déchue l'entend crier.

" CÉLESTE!!!"

Elles sont proches de la fin. Leur bonheur teinté de sang aura été de courte durée...

Et puis le vent tourne et c'est une odeur brute et féline qui s'insinue dans l'air. Elle est accompagnée des hurlements effrayés des hommes qui se heurtent à un obstacle inattendu. Des chocs sourds ponctuent l'arrivée de ... bêtes? et puis les doigts perdus de Lenia s'enfoncent dans une fourrure douce. Elle a un réflexe de survie et les retire aussitôt. Un bruissement d'ailes devant elle l'incite à recommencer et elle perçoit la respiration posée d'un gros animal couché à ses pieds. Il ronronne sereinement. Un tigre des montagnes apprivoisé? Puis la voix grave d'un ... ami, en tout cas d'une connaissance de Céleste. Son timbre inspire la puissance. Les lions dit-il? Peu communs. Lenia n'en a jamais vu. Peut être qu'elle ne pourra jamais.

"Cette fois... C'est la bonne..."

Que peut répondre Lenia à part faire un sourire qu'elle essaie de rendre joyeux, à perte. Et c'est à dos de lion qu'elles continuent leur chemin. D'habitude ce sont les morts qui sont portés à dos d'animaux... L'ami s'occupe du reste. Lenia lui doit la vie et elle n'oubliera pas de le remercier quand elle le pourra. Elle le grave dans son esprit.  Et puis le royaume de Céleste se referme sur elles. Il fait froid, elles montent. Les bruits de la cité disparaissent. Est-ce grand? Luxueux? A l''image de la Princesse de l'arène, raffiné et élégant? Le lit en tout cas est confortable. Son lion y a déposé Lenia, enfin ... la lionne car il s'agit bien d'une femelle prévenante.

"J'ai ... j'ai froid ..."

C'est vrai. Dans sa cape rapiécée, Lenia est transie de froid. Elle est pieds nus et son corps la fait souffrir plus que jamais. Mais elle n'est plus seule. Oh, verox a trouvé une lucarne par où entrer et le volatile s'amuse à pincer et tirer une oreille de la lionne, rare marque d'affection venant de sa part. Il y aussi les deux félins bien sûr qui elle le devine, deviendront ses amis. Et il y Céleste, sa Céleste ... Céleste qui l'aide à se dévêtir et la guide dans une autre pièce. Lenia est nue et se cache la poitrine et son intimité, par simple réflexe, sa cécité la complexant bien qu'il n'y ai aucune raison ici d'être gênée. La farouche tueuse est loin ... très loin ...

Bien que ce soit mauvais pour les blessures, un bain est nécessaire et Lenia manque défaillir de bonheur quand elle s'immerge dans l'eau chaude. Oh que Céleste s'occupe bien d'elle, comme d'un nouveau né. Plus d'une fois, elle s'endort, puis se réveille sous les caresses des mains douces de la Valkyrie.

"Merci ... de tout mon cœur, merci."

Elle se détend et la douleur se dissipe, s'endort encore et quand elle s'éveille à nouveau, elle est aux côtés de son amie, toutes deux enlacées sous une épaisse fourrure. La nuit qui suit est néanmoins chaotique, entrecoupée de gros accès de fièvre et de crises de douleur. Ce ne fut qu'à l'aube que Lenia trouva un sommeil profond, prostrée en position foetale, épuisée à l'extrême.

C'est la faim qui la réveilla, peut être quelques heures après, peut être des jours. Elle respirait sereinement mais n'osa pas retirer son bandeau. Elle savait qu'elle ne verrait pas ...

"Céleste? Verox?"

"Krââââ" lui répondit son compagnon avant de sautiller près de sa tête et de lui pincer l'oreille.

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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: vendredi 10 mars 2023, 18:06:02 »
La lame de Pirotess traçait de fins sillons sanglants, infligeait une mort précise, ciselant des gorges et perçant des cœurs flasques. Elle ne s'interrompait pas dans sa danse et aucun geste parasite ni une fausse note ne vint gâcher la grâce de ce ballet. Elle pivotait, s'abaissait pour se redresser plus vite en tournoyant tel un souffle de vent, inatteignable mais si vive que les pirates semblaient patauds et lents. Pourtant, les flibustiers n'étaient ni incompétents au combat, ni faibles physiquement. Ils ne faisaient tout simplement pas le poids face à une maitresse du meurtre. Ils s'effondraient l'un après l'autre et on pouvait leur reconnaitre une certaine forme de courage car pas un ne fuit.

Des renforts survinrent et engagèrent eux aussi un âpre combat face à l'elfe noire. Les coutelas des hommes fouettaient le vide, toujours avec un temps de retard sur l'agilité de la tueuse et ils ne s'apercevaient de leur infériorité qu'au moment où leur âme s'engageait sur le chemin de l'éternité. L'un d'eux, peut être un vétéran habitué aux coups durs, hurla un ordre de rappel et un cercle de baroudeurs se forma autour de Pirotess. Elle gardait sa rapière tendue, à bout de bras et tourna sur elle-même pour les désigner un par un. Même le sang des morts dont elle était partiellement couverte, ne parvenait pas à entacher sa beauté sombre. Elle souriait, sachant bien qu'aucun d'eux n'était en mesure de l'atteindre.

Une attaque coordonnée était bien évidemment la meilleure des tactiques à adopter mais les assaillants n'eurent pas le loisir de s'y essayer. Un rugissement terrifiant attira l'attention de tous, suivi de l'avertissement du mage.

"Pirotess ! Ecarte toi ! L'hydre prendra le relais !"

Et quelle hydre! La créature initiale n'était plus, disparue pour laisser la place à une monstruosité à l'aspect encore plus terrifiant. Le cauchemar écaillé qui s'élevait face à eux présentait des rangées de crocs aiguisés aussi longs que des cimeterres. Pirotess invoqua une nouvelle sphère d'obscurité dont elle s'enveloppa. Les pirates perdirent leur cohésion tandis que l'elfe en profitait pour rouler en dehors de leur cercle. L'homme près de qui elle passa s'évapora en hurlant, frappé par un geyser d'acide. Celui d'après n'eut pas le temps non plus de réagir que deux gueules se le disputèrent, propageant alentours des bouts de viande sanguinolents. Le sol tremblait sous les pas appuyés de la Bête qui sur terre, ne se déplaçait pas aussi souplement que dans l'eau croupie de ses marais puants. Sa queue aussi représentait une menace mortelle et dans sa fuite, Pirotess évita de justesse un retour cinglant de l'appendice. Le carnage était édifiant et les tentatives désespérées des marins de se défendre échouèrent toutes lamentablement. Les quelques projectiles qu'ils réussirent à lui lancer ne passèrent pas la muraille coriace de ses écailles épaisses.

Rapide, l'elfe noire contourna l'arène naturelle pour se placer aux côtés de Vittorio qui, virtuose de la survie, avait œuvré à la transformation de l'hydre. L'effort paraissait coûteux et Pirotess passa son bras sous le sien pour le soutenir. Il s'agissait peut être du premier geste sincère qu'ils échangeaient même si dans le feu du moment présent, ce ne fut que peu perceptible. Ils reculèrent de quelques pas.

"Tu as un contrôle total sur l'hydre? Que se passe t'il si tu relâches ta sphère de domination? Elle continuera à te considérer comme son maître où elle se retournera contre nous?"

Courir et s'éloigner n'était pas la meilleure des choses à faire, la concentration mystique du mage amenuisant son énergie physique. Dans cet état où force et vulnérabilité se frôlaient sur une tangente tellement fine que l'on en définissait pas le fil, il était beau, intensément. Cela, Pirotess ne put pas le manquer et elle affirma sa prise sur le jeune homme.

Il ne fallut pas plus de deux minutes pour que la créature les débarrasse de la bande d'écumeurs des mers dont seulement deux parvinrent à s'enfuir. Cela n'était pas bon, il aurait été préférable que tous meurent et emmènent avec eux les circonstances de leur mort. Là, si les fuyards retrouvaient d'autres pirates, la nouvelle de leur présence se transmettrait et des mesures adéquates seraient surement prises.

Mais cela viendrait après. L'hydre dont les gueules laissaient échapper des fumerolles acides se tournaient désormais vers eux et sa multitude d'yeux jaunes les fixait intensément.

"Si elle attaque, tu fuis. Je m'occupe d'elle et je te rejoindrais plus tard."

Le discours était maintenant différent. Il ne recelait pas d'une autorité protectrice mais il imposait une intonation plus ... impliquée dans l'éventuelle survie du mage.

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: lundi 06 mars 2023, 22:18:21 »
"Je… C’est moi !"

Oui c'est elle, la Valkyrie ... Céleste. Celle qui a été son adversaire le temps d'un combat mais qui ne l'est plus. C'est d'une petite voix qu'elle se présente et Lenia est rassurée par cette présence connue qui respire la gentillesse à son égard. Elles se sont battues à mort pour le plaisir d'un peuple assoiffé de sang alors que leur destinée était tout autre que de s'entretuer. Lenia leva faiblement une main et remua les doigts, comme si elle appelait Céleste à s'en saisir. Elle avait mal, de tout son corps. Ses sens aguerris s'étaient éteints. Seule l'audition restait et ... l'odorat aussi. Céleste sentait l'orc, bien trop. Une larme coula, débordant du bandeau masquant ses yeux. La mercenaire avait payé le prix du sang, mais Céleste aussi, à sa manière. Les lèvres de la femme meurtrie murmurèrent des excuses inaudibles.

"Tu vas mieux ? Le boucher est brut… Mais il fait généralement du bon boulot quand il y a de l’argent à la clé…"

Oh ça oui il faisait mal, très. Lenia pouvait encore sentir ses instruments torturer ses chairs et elle en frémit, sa peau se couvrant de chair de poule. Elle parvint à répondre un
"Oui" minuscule mais pdéjà plus vivant que ses derniers essais.

"Tu vas devoir garder ce bandage plusieurs jours… Je serais tes yeux en attendant…"

La réalité s'imposa à l'écoute de cette phrase. Qu'avait dit le boucher déjà? Aveugle? Lenia fut prise d'un sentiment de panique à l'idée de perdre la vue. La peur lui était inconnue, ou presque, jusqu'à présent, mais d'être diminuée de la sorte, handicapée peut être à vie, était terrifiant. Cet état de stress la réveilla complètement, sans que cela se voit vraiment. Elle avait l'esprit embrumé, toujours, et la douleur physique prédominait mais elle arrivait à penser maintenant que la jolie voix de Céleste occupait son espace sensoriel.


"Tu ... as mal."

C'était une évidence et cela peinait Lenia. Les bribes de souvenirs et de sensations qu'elle arrivait à assembler laissaient transparaitre une cruelle désillusion pour Céleste. Cette victoire qui aurait dû être la plus belle s'était transformée en une véritable horreur. Et si Lenia était vivante, c'était aussi parce que la Valkyrie avait payé le boucher. Elle avait sacrifié une part de son rêve qui était la liberté, ce n'était pas difficile de le deviner.

"Dis-moi quand tu peux te lever… On ira chez moi… En sécurité…"


Lenia voulait vivre à présent, pour elles, pour qu'elles construisent une vie, en paix, loin des violences, juste elles sans avoir à s'occuper du regard ou des avis des autres. Mais avant cela, il fallait guérir, redevenir fortes pour se venger. Une colère sourde embrasa l'ashnardienne aux cheveux rouges. Céleste était près d'elle et elle sentait le mâle, l'odeur était reconnaissable entre mille. Lenia fit un effort monumental pour se redresser et poser ses pieds sur le sol froid de la geôle. Elle crispait sa mâchoire tant la douleur irradiait dans son corps. Son univers était noir, vide et elle tendit les mains pour attraper le bras de Céleste. Elle hocha la tête.


"Chez toi ..."

N'importe qui aurait rit si on lui avait présenté Lenia comme étant le Corbeau tellement elle avait l'air misérable. Enveloppée dans sa couverte miteuse, échevelée, elle ressemblait à une mendiante. Ses premiers pas furent chancelants, elle hésitait et tâtonnait pour trouver un nouvel équilibre, s'appuyant sur sa nouvelle amie. Verox croassa son approbation et vint se percher sur son épaule, celle qui n'était pas en charpie ...

Elles sortirent de la cellule sous les regard curieux des autres gladiateurs. Eux savaient ce qu'il en coûtait de se battre dans l'arène et pas un commentaire désagréable ne fusa. L'un d'eux se leva même pour ouvrir une lourde grille devant elles.

"Vous avez été magnifiques tout à l'heure."
"Personne ne s'est jamais battu comme vous."
"Vous pouvez être fières."
"Courage pour la suite!"

Les liens du sable et du sang ...

Elles mirent un long moment à remonter les tunnels humides menant à lumière. Mais cette lumière, Lenia de la vit pas. Elle ne sentit que les rayons du soleil sur son visage et l'odeur putride des fosses de combat s'estomper alors qu'elles s'éloignaient. Les personnes qu'elles croisaient faisaient un détour pour éviter ces deux moribondes. Elles ressemblaient à des lépreuses et seule les miliciens d'une patrouille du guet les houspillèrent pour qu'elles dégagent leur carcasse pourrie de ce noble endroit.

Lenia s'accrochait au bras de Céleste comme à un fil d'Ariane. A petits pas, elles avancèrent. la mercenaire tentait de se repérer aux sons qu'elle entendait mais dès qu'elle se concentrait, sa tête lui faisait un mal de chien. Au dessus d'elles, Verox tournoyait en planant, attentif à ce qu'aucun importun de les perturbent plus qu'elles ne l'étaient déjà.

Sans savoir où elle était ni si on les épiait, Lenia s'arrêta. Elle devait souffler avant de reprendre. Elle en profita pour faire face à Céleste et chercha son visage du bout des doigts.


"Merci"

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: jeudi 23 février 2023, 16:47:48 »
La douleur. A présent il n'y a que ça. Des blessures critiques, Lenia en a déjà reçu, mais là, il s'agit d'autre chose. Quelqu'un qu'elle ne voie pas prend plaisir à fourailler dans ses chairs ...

Jetée inanimée dans les souterrains puants de l'arène, elle n'avait repris conscience que lorsque deux hommes l'avaient soulevés en la portant comme une morte. Il lui avait semblé entendre Verox croassé nerveusement mais la sensation dominante, alors qu'elle s'enfonçait à nouveau dans les limbes était la souffrance. Son corps meurtri lui faisait mal, très mal.

Elle s'éveilla encore, péniblement, quand on déversa sur son visage un baquet d'eau glacial. Elle toussa, cracha, s'étouffa mollement, provoquant le rire d'un individu qu'elle ne voyait pas. Il sentait le sang et une acre odeur de sueur. Un claquement d'aile reconnaissable entre mille lui indiqua que son corbeau était tout proche, veillant sur elle.

"Maudit piaf va! Saloperie! Me regarde pas de travers où je la crève pour de bon."

Un croassement courroucé lui répondit.

"T'as de la chance petite, la Valkyrie paye pour que tu vives. C'est moi qui vais te réparer mais tu comprends que je veuille en profiter. Faut que tu restes bien consciente pour moi hein?"

L'homme respirait la perversion. Il voulait se délecter de la sentir frémir sous ses outils ...

"Maintenant, si tu claques, j'y serai pour rien, on est bien d'accord."

Il restait dans son monologue pervers et aiguisait des outils qu'il jetait sur un plateau métallique près de la tête de la mercenaire. Lenia parvint à murmurer:

"Je ne vois rien."

"C'est normal, tu as du sang dans les yeux, va falloir que je nettoie la rétine avec du vinaigre. Avec un peu de chance, tu reverras un jour, j'peux pas garantir."

La torture commença ensuite. Il découpa ses vêtements et retira les cuissardes en tirant dessus. il ne prenait aucune précaution et ricanait quand la mercenaire se crispait. Lenia était faible et ses gestes limités. Quand il plongea ses doigts dans les plaies profondes de son épaule, elle gémit et parvint à lever sa main tremblante en signe de ... de quoi? L'homme rit aux éclats et ne cessa pas de tirer sur les chairs tant que ce ne fut pas couturé. Il utilisait un alcool de mauvaise qualité pour nettoyer et Lenia vomit plus d'une fois sous la douleur. Il la répara ainsi et cela dura longtemps. Elle hurla une fois, provoquant chez son tourmenteur un plaisir délicieux. Son esprit se perdait dans des limbes atroces et elle pria pour mourir, son corps souvent prit de spasmes sur la vulgaire planche de bois souillée sur laquelle elle reposait. Quand il ne distinguait plus la peau du sang, le boucher lui jetait un baquet d'eau glaciale puis reprenait son carnage. Lenia luttait, aveugle, contre une mort qui jubilait de la voir rejoindre son royaume. Mais à cette mort se superposait l'image de Céleste et Lenia s'y raccrocha. L'idée de mourir s'éloignait. Non, elle voulait vivre et quitter cette vie triste pour profiter des beautés de ce monde ... comme Céleste ... avec Céleste ... unies par le sang.

La cruauté de l'homme n'avait pas de limites, et Lenia eut droit à un supplément gratuit. Elle frémit, tendit les doigts à se les briser et se meurtrit les poignets et les chevilles contre les cerclages de fer qui l'immobilisait. La belle guerrière n'était plus rien d'autre qu'une loque brisée.

"Les yeux pour finir!"

Il lui ouvrit les paupières et les bloqua avec une sorte de cuillère. Les véritables hurlements que poussa Lenia furent ceux qui accompagnèrent le curage de ses orbites. Et elle perdit connaissance.

Elle dormit longtemps, ou peut être pas. Elle se réveilla enfouit sous une couverture râpeuse, sèche et nue. Ses yeux étaient couverts d'un bandeau occultant. Son corps n'était plus qu'une horrible meurtrissure et elle craignit de bouger. Près de sa tête, Verox veillait, elle le sentait.

"Tu me remercieras quand tu pourras parler. C'est toujours un plaisir d'aider les nécessiteux."

Lenia devina qu'il faisait sauter une bourse pleine dans le creux de sa main. Il s'adressa ensuite à quelqu'un d'autre.

"Tu peux la récupérer, j'ai fini. Attention aux sutures. C'est toujours un plaisir de traiter avec toi. Et si tu veux un conseil d'ami ma petite Valkyrie. Fais attention dehors. Votre petit combat a fait des mécontents qui pourraient avoir envie de vous le faire payer. Les amis de cette belle combattante par exemple ... qui ont perdu beaucoup d'argent."



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Les contrées du Chaos / Re : L'abîme de la dualité [Pv. Vittorio]
« le: mercredi 22 février 2023, 16:16:20 »
Marmo était un monde minéral. Les hautes falaises dominant les flots tumultueux entourant l'île n'avaient pour égales que les pics escarpés du centre du royaume. Ente eux ne s'étendaient que des plaines sèches, balayées par des vents froids et parsemées de citadelles aussi lugubres que la teinte des pierres noires utilisées pour leur édification. Aucune forêt, aussi sombre soit elle, ne venait égayer la tristesse de ces sols déserts et arides. Les habitants de l'île étaient aussi durs que l'omniprésent basalte et aussi tranchants que les cruels silex parsemant les chemins. Et parmi eux, les elfes noirs, trop peu nombreux pour représenter un peuple, étaient ceux auxquels cet univers géologique convenait le mieux. Ils évoluaient dans d'interminables galeries souterraines, utilisaient la noirceur minérale pour se camoufler de jour comme de nuit et entretenaient avec la pierre la même relation que les nains avec leurs joyaux; car le cœur des drows était aussi froid qu'un cristal de roche. On disait cette race frappée de malédiction et bannie des panthéons elfes bienheureux, adulant les lumières. Leur bannissement forcé dont la véritable raison avait depuis longtemps été oubliée les avait arraché à leurs racines sylvestres et leur amour initial du végétal s'était mué en une haine viscérale de l'esprit vert.

Pirotess n'y avait pas échappé puisqu'elle était née bien avant ce schisme et que les traits particuliers de sa race étaient ancrés dans ses gènes. Sa fuite de Marmo l'avait bien entendu arrachée à son environnement lunaire et dès les premières escales de son navire renégat sur des terres plus méridionales, elle avait été surprise de constater que la nature provoquait en elle un sentiment de bien-être qu'elle ignorait pouvoir ressentir. Bien entendu, elle restait une elfe noire, meurtrière et sans scrupules, et brûler du bois jeune pour se réchauffer ne la perturbait pas, mais avec le temps, elle s'était adoucie, comme enivrée par l'odeur palpitant d'une sève vigoureuse. De profonds changements s'opéraient en elle. Il fallait qu'elle les accepte et aussi qu'elle les comprenne car aussi âgée et sage soit elle, elle n'en restait pas moins un être considéré comme maléfique. Et inconsciemment, elle s'en persuadait toujours un peu malgré une évolution évidente.

A cet instant, loin des considérations inhérentes à son changement de cap racial, la paume de sa main était appuyée contre le tronc d'un arbre épais. Le végétal murmurait une incitation à la prudence. Pour lui, nul besoin de chercher à discerner une couleur de peau. Une elfe était une elfe, point! Donc, une alliée à préserver. Les racines de l'arbre s'étendaient sur une vaste superficie et captaient les présences indésirables. Il renseignait en bruissant sa nouvelle amie et lui indiquait la position des intrus et surtout de la chose immonde aux multiples têtes, erreur de la création.

Dissimulée dans les frondaisons, Pirotess suivit le déplacement de son compagnon, passant instinctivement en infravision quand il disparut de sa présence immédiate. Elle voyait son cœur battre sereinement, nullement inquiet de la tournure que pourraient prendre les évènements. Quel homme curieux et intriguant ... L'arbre le considérait comme un ami lui aussi, ce qui démêlait certains doutes le concernant mais en impliquait donc d'autres. Les rangers et les druides étaient bien évidemment considérés comme amis de la nature mais lui n'était ni l'un ni l'autre. Son comportement allait à l'opposé de ce que sa nature pouvait déterminer. Oui! Elle se figea ... sa nature. Rien n'indiquait qu'il put être autre chose qu'un humain mais il existait tant de races dans ce monde que rien ne put être impossible. Elle sourit. Il existait bien un moyen assez peu puritain de découvrir ce qu'il en était. Elle gloussa discrètement, s'imaginant putain de circonstance pour obtenir une information qui somme toute ne changerait pas le cours de sa vie.

Une brise légère venant de la mer passa le rempart des hauts branchages et diffusa l'odeur immonde de l'hydre et des pirates qui à leur tour, avaient rejoint la proximité du rivage et sûrs de leur force, encerclaient le mage arrogant. L'elfe noire courut le long d'une branche épaisse, bondit à son extrémité pour se rétablir sur une autre, s'élança dans le vide pour descendre d'un niveau et atteindre les basses ramures encore capables de supporter son poids. Elle dominait presque la scène en cours et pouvait entendre les explications de l'un et les accusations des autres.

Ainsi donc, ils se connaissaient. Vittorio choisissait bien ses compagnons ...; de vrais poètes à son image ... Quel plaisir devait-il tirer de leur proximité nauséabonde... Curieux mélange surement nécessaire pour lui mais oh combien déplacé. Que cherchais t'il à leur contact? Fortune? Exil forcé? Encore des confessions à recueillir sous l'oreiller puisque l'homme restait hostile à une conversation honnête avec sa nouvelle compagne.

Et puis, tout dérapa, ou plutôt, ce qui devait arriver arriva. Un mot de trop, une erreur de langage, une provocation inutile ...; le mage oriental paya de sa vie son excès de confiance et Vittorio surprit la bande de flibustiers par la violence mortelle de sa réaction. Un vent de panique balaya l'aplomb de la troupe qui s'égaya partiellement avant de se regrouper, lames au clair et presque prête à en découdre. L'hydre vrilla aussi, le sortilège de domination du thaumaturge mort se diluant dans son esprit primal. Elle hurla de toutes ses gueules et retrouvant sa liberté, et un appétit décuplé, elle se jeta sur Vittorio.

Une hydre était un adversaire redoutable mais ce jeune spécimen n'avait encore jamais eu à se mettre une drow sous les dents; elle en ignorait même l'odeur ou l'existence. Une sphère d'une noirceur insondable enveloppa la bête, lui intimant un arrêt sec, sa vision annihilée. La seconde d'après, une lame perçait le cerveau de sa tête principale tandis qu'une autre égorgeait l'aspérité voisine. L'elfe noire avait usé de cette capacité innée qu'elle avait d'invoquer les ténèbres sans que cela ne provoque plus qu'une cécité due à un plongeon dans la nuit. Puis elle avait bondi dans les airs et l'élan de ce saut lui avait permis d'embrocher l'hydre, perçant sa peau épaisse et poisseuse. Les lames de Marmo ne permettaient pas la régénération et quand Pirotess boula de côté et que la sphère se dissipa, le monstre avait perdu deux de ses arguments mortels.

Les pirates hoquetèrent, horrifiés devant l'apparition d'un monstre réputé aussi dangereux que le leur, voire plus, et le premier tomba sous les coups précis de Pirotess avant qu'ils puissent se ressaisirent. Avec une mimique amoureuse jetée à Vittorio, elle s'élança dans un gracieux ballet mortel avec les humains, le laissant aux prises avec la créature diminuée.


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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: lundi 20 février 2023, 18:32:50 »
L’ouverture n’échappa à Céleste qui, rapide comme l’éclair, arma pour frapper. Le coup serait fulgurant et Lenia ne se sentirait pas mourir. Mais ce ne furent pas des griffes acérées qui transpercèrent la mercenaire. La valkyrie se mua en une Bête redoutable, féline, effrayante, et une mâchoire puissante se referma sur l’épaule du Corbeau, la perçant de crocs redoutables. La douleur indicible fit vaciller Lenia autant que le coup de tête qui suivit. Elle recula, sonnée, le nez en sang, un œil marqué, blessée au point de perdre l’usage de ce bras. Elle perdit l’équilibre et tomba à genoux, essoufflée. Elle avait tout donné, même sa volonté de vivre, et cela n’avait pas suffi à les libérer toutes les deux.

Une clameur s’éleva des tribunes au moment de sa chute, les spectateurs horrifiés par la transformation de Céleste autant que surpris par la tournure du combat. Lenia, de son bras valide, planta une de ses lames dans le sol et prit appui sur la poignée. Elle ne parvint pas à se relever, provoquant les hurlements des parieurs qui voyaient leurs mises s’envoler. Elle voyait floue mais pour le peu qu’elle pouvait, la grosse tête de lion emplissait son champ de vision. La chose grognait mais ne l’achevait pas, jusqu’à ce qu’elle saisisse les bribes claires de la jolie voix de Céleste en arrière-plan. Quelle malédiction la jeune femme supportait-elle pour dégager autant d’empathie alors que tout était lié contre elle ? D’où ce monstre sortait-il, couvrant l’apparence de la Valkyrie ? Elle lui demandait de vivre, tout comme elle l’avait fait. Elles avaient donc en commun de vouloir le bonheur de l’autre et l’évidence de ce fait frappa Lenia. Elle n’était pas seule.

"Le combat est foutu, c’est de la merde !"

Le maître de l’arène serra les dents sous la remontrance de son invité de marque, ce noble bouffi représentant de l’empire.

"Je m’excuse Maître pour cet incident, je vais régler ce problème immédiatement."

Il était évident, à voir les combattantes, que les passes d’armes avaient vécu et qu’elles communiquaient. La foule grondait et le maître de l’arène se pencha à la balustrade du perron d’honneur.

"TUE !" … et toute l’arène reprit. "TUE ! TUE ! TUE ! TUE !"

Les ashnardiens voulaient du sang et un vainqueur à glorifier.

La lourde mélopée entêtante bourdonnait dans la tête de Lenia. C’est sa mort à elle que le peuple réclamait. Elle capta certains cris.

"Tu l’as laissé gagner !"
"Chiqué ! C’est truqué ! Le Corbeau gagnait !"
"Tu mérites pas de vivre !"
"Crève sale pute rousse !"


A présent elle ne voyait rien d’autre qu’un voile blanc. Elle sourit dans sa souffrance et lâcha sa lame qui tomba dans la poussière.

"J’a…ban…donne."

La stupeur frappa le public. Non ! Pas comme ça ! L’abandon signifiait qu’il n’y aurait pas de mise à mort. Céleste sortait vainqueur du combat mais les règles de l’arène étaient telles qu’un abandon stipulait bien ce que ça voulait dire. Lenia serait couverte de honte mais qu’importait … Au final et pour elles-mêmes, les deux gagnaient.

A genoux dans le sable, Lenia n’entendit pas le public s’insurger et tenté de descendre dans l’arène où les gardes réprimèrent sévèrement cette rébellion. Elle ne vit pas non plus les trois gros trolls rejoindre l’arène par une porte de service et se diriger vers elle. L’un d’eux, le plus gros, tenait une grosse massue en bois et quand il fut près d’elle, il lui colla un coup derrière la tête qui l’envoya bouler, inerte, un peu plus loin. L’un des deux autres la saisit par une cheville, nonchalamment, et la tira derrière lui pour l’entrainer dans les entrailles puantes de l’arène. Le dernier troll ordonna à Céleste de lui donner ses griffes. Le maitre de l’arène allait descendre pour la présenter au peuple comme grande gagnante. Nul doute qu’il allait cracher son venin et lui faire payer sa commisération.

Ah quel désordre ce scandale provoquait. Dans les gradins, les coups de dagues pleuvaient et tous essayaient ou de récupérer leurs gains, ou de conserver l’argent perdu.

Verox avait observé la scène sans bouger, des hauteurs des escarpements de l’immense arène. Le corbeau de Lenia aurait pu intervenir mais elle lui avait interdit. L’oiseau noir avait vu sa maitresse tomber et disparaitre de l’arène. Il s’envola et tournoya un peu avant de repérer ce qu’il cherchait. Il fondit sur une ouverture et s’engouffra dans les souterrains de l’édifice. Il n’eut pas à chercher longtemps pour trouver Lenia. Elle gisait sur un banc souillé de sang séché, une jambe et un bras pendants dans le vide. Elle était inanimée mais sa poitrine se soulevait à un rythme irrégulier. Au-dessus d’elle, un garde crasseux débouclait la ceinture de son pantalon qu’il laissa tomber sur ses chevilles.

"Autant en profiter tant qu’t’es chaude."

Il se coucha sur elle et chercha à lui écarter les jambes. C’était sans compter sur le volatile qui s’abattit comme une furie, lui lacérant le visage et lui crevant les yeux. L’homme hurla en se redressant en hurlant et en battant des bras pour éloigner le corbeau au bec sanguinolent.

Des prisonniers rirent de ce spectacle ; il était toujours bon de voir souffrir un de ces bâtards. Cependant, dans cette salle commune, aucun ne vint porter assistance à Lenia. Tous savaient qui elle était et personne ne voulait s’attirer le courroux des autorités de l’arène.

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Bon ... ben sans savoir de qui on parle et en respectant cet impressionnant personnage ... Bienvenue  ;D

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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: jeudi 16 février 2023, 18:36:40 »
Le degré de violence engendré par le combat relevait désormais du légendaire. Les hurlements de la foule s’étaient mués en un silence saisissant et tous les spectateurs suivaient, bouche bée, le peu de ce qu’ils arrivaient à percevoir. Les combattantes déployaient dans leurs passes d’armes des trésors de techniques rarissimes et difficilement analysables, même pour un œil expert. Certains bretteurs émérites découvraient qu’ils n’auraient aucunes chances fassent à ces deux-là s’ils devaient les rencontrer. En tout cas, l’une d’elle ne sortirait pas vivante d’ici. C’était un gâchis pour Ashnard car sur un champ de bataille, ces femmes-là feraient la différence.

Lenia se battait comme elle le faisait toujours, savant mélange de technique et d’observation. Elle ne fut pas surprise de voir les blessures de Céleste se refermer ; elle avait déjà presque tout vu dans sa vie. Cependant, cette capacité de la valkyrie à se régénérer posait problème et redéfinissait la manière de se battre du Corbeau. Il allait falloir que Lenia frappe plus durement et cherche à mutiler plutôt que d’enchainer les coups d’usure. Les corps à corps devenaient plus percutants, jusqu’à ce que Céleste parvienne à la saisir, exploit irréalisable jusqu’à présent, prouvant que la valkyrie valait sa réputation. De sa main libre, Lenia vint enchevêtrer sa lame dans les griffes libres de Céleste et verrouilla ses possibilités de mouvements. Elle s’imbriqua ensuite contre elle, neutralisant par-là les coups de griffes inférieurs. Céleste était forte, très forte, trop forte. Ce n’était pas naturel pour une humaine de son gabarit. Quelles surprises réservait-elle encore ?

Lenia lui assena un coup de tête surpuissant pour se libérer, puis un deuxième, en plein visage. La valkyrie ne voulait pas mourir, condamnée à e battre pour survivre ? Pourquoi se justifiait-elle de la sorte ? Etait-ce une excuse ou un appel, une exclamation venant du cœur. Un troisième coup de tête ne desserra pas l’étau et Lenia pesa de tout son poids pour déséquilibrer la gladiatrice qui résista. C’était une feinte et le Corbeau profita de cette résistance pour sauter et enrouler ses jambes autour de la taille de Céleste. Elle bascula en arrière en se tordant et infligeant à ses chairs les meurtrissures des griffes à son poignet. Elle entraina Céleste dans sa chute et la distance d’engagement se rétrécissant encore, ce furent les coudes et les genoux qui ensanglantèrent le sable par des percussions brutales. Le combat au sol taillait dans les réserves d’énergie, consommait une énorme quantité d’oxygène et saturait les muscles jusqu’à la tétanie. Sans succès rapide, il était préférable d’en sortir au plus vite et Lenia roula sur le côté, s’extrayant dans la souffrance. Elle saignait de multiples blessures et mit quelques pas de distance entre la Valkyrie et ses lames.

Elle avait l’avantage sur la princesse, ses compétences dépassant celles de la gladiatrice. Elle avait fait des dégâts et le corps de la poupée en portait les lourds stigmates. Mais Céleste gagnait sur un terrain : celui de la vie. Son regard scintillait d’une farouche envie de vivre. Elle n’abandonnerait pas, en aucun cas elle ne devait perdre. Quel triste sort ; dédiée aux plaisirs inhumains d’un peuple de sauvages et condamnée à mourir quoi qu’il arrive, sans espoir de recouvrer la liberté. Mais elle y croyait, c’était facile à deviner. Sa jeunesse lui permettait de croire en elle et malheureusement, Lenia allait y mettre un terme. Elle avait trouvé la faille dans la défense de Céleste et sa prochaine attaque trouverait le cœur de la championne, c’était ainsi.

Le peuple aurait son spectacle et le dieu de la Mort une nouvelle égérie à accueillir. Le Corbeau se mit en garde, son regard empli de tristesse. Quel gâchis à venir … Quel malheur … Quelle injustice … Et puis tout s’apaisa autour de Lenia. Un murmure tout proche lui fit tourner la tête et elle crut voir un être de lumière, mais porteur d’ailes noires. L’ange de la Mort lui sourit et lui tendit la main. Lenia avait toujours cru que sa fin serait douloureuse et solitaire mais l’être diffusait une chaleur agréable. Le Corbeau sourit pour la première fois depuis bien longtemps. Finalement, Ashnard verrait sa championne vaincre, et Céleste le méritait. La princesse avait raison en vérité d’espérer, de croire en elle ; ce que Lenia avait abandonné depuis longtemps. Elle méritait de vivre et Lenia lui souhaita de tout son cœur. Les traits de son visage s’adoucirent et elle se lança dans son dernier assaut, sa dernière danse mortelle, celle qui avait couté la vie à tant de personnes. Elle offrit au public une ultime révérence, illustra ce qu’on retiendrait d’elle d’une flamboyante attaque, poussa Céleste dans ses derniers retranchements, donnant à tous la vision d’une valkyrie perdante. Personne n’y verrait rien … A quelques centimètres de Céleste, alors qu’elle portait le coup de grâce, elle offrit à la valkyrie la seule ouverture qu’elle aurait. Lenia ne ferai jamais une erreur aussi grotesque. Le geste était délibéré et laissait libre l’accès à sa poitrine. Son élan ferait le reste face aux griffes et elle en était heureuse.

Et juste avant la fin de son existence, elle sourit à Céleste en lui murmurant :

"Vis … pour nous." ... parce qu'elle s'associait au futur de son adversaire et croyait sincèrement que sa force la tirerait de cette vie sordide. Et puis aussi un peu parce qu'elle ne voulait pas totalement être oubliée ....


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One Shot / Re : Du sable et du sang [Pv.]
« le: dimanche 29 janvier 2023, 19:21:46 »
Le combat au corps à corps ... il n'y avait pas de meilleur aphrodisiaque pour le public avide de sang. Dans cette configuration de mêlée, il était impossible de s'en sortir indemne. Accepter les blessures et la douleur était une nécessité que les spectateurs n'imaginaient même pas. Combien parmi eux s'étaient déjà retrouvés sur un champ de bataille ou à combattre dans une arène? Très peu ... Ceux qui savaient serraient les dents, analysaient le combat, appréciaient l'engagement. Ce serait une belle histoire à raconter à l'auberge ce soir, quelle qu'en soit l'issue. Le Corbeau contre la Valkyrie, qui aurait imaginer ce combat de légende? Rien que les premières secondes avaient marqué les esprits et même les nobles se prélassant sur le perron d'honneur avaient quitté leurs couches pour s'accouder au rebord et bien observer le combat.

Les premiers coups de Lenia avaient partiellement fait mouche et du sang tâchait ses lames. Elle n'espérait pas clôturer son duel tout de suite, son adversaire n'était pas une débutante mais bien une professionnelle aguerrie qui une fois le premier assaut passé, parvint à bloquer le deuxième en virevoltant par-dessus la mercenaire. Ses griffes entaillèrent l'épaule droite de Lenia jusqu'à l'omoplate et la guerrière suivit le mouvement circulaire de Céleste pour l'accompagner dans sa volte face. Elle n'eut qu'à fléchir les jambes et se projeter en arrière pour éviter que les griffes ne la laboure davantage. Son rétablissement fut suivit d'un violent coup de tête pour se dégager de la princesse qui menaçait de l'égorger. Le crissement d'un tissu ouvert lui indiqua que sa cape ne lui serait plus d'aucune utilité. Céleste était intelligente et éliminait les menaces dans l'ordre, et elle avait raison. Lenia pivota, son coude traçant un arc de cercle pour atteindre le visage de la Valkyrie qu'elle manqua mais cela lui permit de se dégager juste pour bondir en arrière dans un salto acrobatique alors qu'elle allait se faire faucher. Dans la micro seconde qui suivit, elle fut aveuglée, du sable pleins les yeux. Elle était toujours en l'air qu'elle détachait les lambeaux desa cape  et la lançait sur son adversaire comme un filet de rétiaire. Elle toucha le sol de l'arène, s'y agenouilla, regroupée, et de ses doigts agiles fusèrent des couteaux de lancé qu'elle sortait de ses multiples fourreaux. Elle les projetaient par trois, les récupérant dans des encoches de cuir sur ses cuisses, à ses bras, à sa ceinture. Ce fut une pluie de métal qui s'abattit sur la masse sombre de sa cape. Si elle ne touchait pas céleste, au moins, elle la gardait à distance.

C'était la première fois que le Corbeau apparaissait aux yeux du monde. Sa crinière rouge flamboya au soleil, contrastant avec le noir de sa tenue. Elle ne portait pas d'armure, seulement du cuir bardé de métal sombre par endroit sur sa tunique légère. Ses hautes cuissardes étaient dédiées au combat, les pointes des pieds étant aiguisées et les genoux renforcés. Belle et sexy, elle l'était à sa manière mais ce n'était pas l'objet de cette rencontre. Lenia cracha du sable et passa son avant-bras sur son visage. Elle n'en voulait pas à Céleste de cette passe; il était judicieux d'utiliser toutes les ressources à disposition pour vaincre. Elle tenait ses deux lames courtes, armes mortelles entre dague et épée courte. Elles étaient fines et leur tranchant indéniable.

C'était la première pause. Courte mais utile pour chacune d'elles. Les deux étaient souples, rapides et agiles et se valaient en réflexe. Ce serait donc sur l'endurance et la technique que la victoire se déterminerait.

Dans les gradins, les paris allaient bon train. La Valkyrie avait la côte mais beaucoup de combattants, contrairement aux civils, pariaient sur le Corbeau. Beaucoup d'argent changerait de mains aujourd'hui et les déçus seraient rancuniers, à n'en pas douter. Le service d'ordre veillait aussi à ce qu'il n'y ai pas de débordements. Certains misaient toute leur fortune sur ces combats et quand ils perdaient tout, ils étaient même prêts à descendre dans l'arène pour s'en prendre au vainqueur.

Lenia ne se laissait pas distraire; ce serait une erreur. Ses yeux la gênaient toujours mais elle ne devait pas perdre l'avantage de l'offensive. Céleste s'était bien défendue mais n'avait pas vraiment pu placer une attaque digne de ce nom. La mercenaire s'élança à nouveau comme une flèche et fit montre d'une célérité effarante dans le maniement de ses armes. Les coups pleuvaient à outrance, de pique, de taille ... Lenia utilisait autant son corps que l'acier, feintant, et mettant à contribution les pointes de ses cuissardes dans de coups de pieds retournés à peine décelables. Une véritable danse de la Mort!

Céleste avait le mérite de s'y opposer mais plus d'une fois, Lenia parvint à imbriquer ses griffes d'une lame pour frapper de l'autre.

"Tu es forte."

Les mots sortirent de sa bouche sans qu'elle en est conscience. C'était un constat personnel. Jamais personne ne lui avait résisté de la sorte.

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