Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Kami Kato

Pages: [1] 2
1
C'est vrai, l'idée que ce palais eût été bâti par les elfes ajoutait à sa majesté une aura féérique ; on en regardait les pierres différemment, se disant de chacune : elle a pu être taillée par des bras non humains, dont la vie révolue depuis longtemps. Des centaines de bras non humains, aujourd'hui tous poussière, qui vivaient sous un ciel dont on ignore la couleur.

"Je tâcherai de vous en trouver une qui ne soit pas trop compliquée... Et à jour.
- Merci, madame. Elle peut être complexe, ça n'est pas un problème."
répondit humblement l'horlogère. Elle n'avait pas l'habitude d'être complaisante avec son intellect. Si la carte était compliquée, elle devrait apprendre à la manipuler, voilà tout.

Les deux femmes marchèrent ensuite en silence, et l'attention de Kami se détacha quelque peu de l'instant présent, pour laisser place à la vision d'ouvriers elfes qui taillaient et, sur rondins, déplaçaient de massifs blocs de pierres, au sommet de la falaise encore vierge, posant les fondations de ce qui serait le plus haut édifice connu de Nexus, un palais labyrinthique et luxueux où Elena, reine du monde civilisé, se cacherait de ses ennemis et promènerait ses seins. Sur lesquels Kami s’efforcerait de ne plus poser les yeux. Elena avançait, les mains dans le dos, un reste de sourire sur les lèvres, et semblait occupée à ses propres pensées.

Lorsque les deux femmes arrivèrent devant l'escalier, l'attention de Kami fut de nouveau captivée par la richesse du décors. Les vitraux, illuminés par le jour, projetaient des formes colorées sur toutes les surfaces et, lorsqu'elles passèrent, sur la serrurière et sa souveraine. Celles-ci passèrent deux portes successives et leurs paires de gardes, jusqu'à pénétrer dans un nouveau salon. L'endroit était spacieux et divisé en deux, et possédait... un lit. Mais après tout, pourquoi pas. Kami était entrée à la suite d'Elena, mais en restant légèrement en retrait, ne s’engouffrant que de quelques pas dans le salon et laissait une distance de quelques pas se reformer entre elles.

"Vous avez vu ces deux portes que nous venons de traverser, n’est-ce pas ? Ce sont elles que vous devrez examiner.
- Oh ?..."

Kami pivota brievement pour les observer à nouveau.

"Très bien."

C'était en fait un peu étrange de vouloir encore renforcer l'entrée principale de ces appartements. Si Kami avait voulu assassiner la reine, elle aurait plutôt tenté sa chance au salon de lecture, ou lorsque qu'elle se promenait seule dans les couloirs du palais. À moins que les serrures n'aient pour but de remplacer les gardes, Langley avait une manière très étrange de déterminer ses priorités.

"Vous voyez, quand Nexus a été sous forte influence religieuse, le Roi et la Reine avaient une chambre séparée. Et, ensuite, une même chambre... Puis mes parents ont déplacé le lit au fond du salon. C’est une question d’éclairage. Mon père, m’a-t-on dit, aimait voir au petit matin les rayons du soleil éclairer le corps de ma mère... Et on ne pouvait les voir qu’ici."

Kami jeta un regard de biais à la souveraine de Nexus. Une lumière chaude traversait les carreaux et l'auréolait à contre-jour, ajoutant à la difficulté de deviner ses émotions. Fidèle à son tempérament, Kami resta muette.

"Vous n’êtes pas trop fatiguée, au moins ?
- Les muscles un peu raides, seulement, à cause du voyage. J'ai beaucoup dormi cette nuit. Mes yeux sont grands ouverts, madame."


Elle avait répondu doucement, en s'accordant au ton d'Elena. Son regard se porta vers une fenêtre par laquelle, de sa position, elle apercevait un petit bout d'horizon marin. Elle n'était pas trop tendue, bien que toujours plus étonné de la tournure que prenaient ses entretients.

"J'ai absorbé beaucoup de lumière aujourd'hui, de quoi être éveillée pour un moment."


Son regard revint à la reine et descendit rapidement sur sa robe.

"Je pensais à une clé à 4 pannetons, au début, mais si vous devez toujours l'avoir sur vous, il vaut mieux qu'elle soit plate et fine. Cela signifie deux pannetons au maximum." ajouta-t-elle, dans une tentative de ramener la discussion dans sa zone de confort.

2
"Eh bien, votre rôle étant de veiller à ma sécurité, il me semble important que nous sympathisions."

Kami se retint de répliquer qu'elle ne voyait pas le rapport, puisqu'elle n'allait pas servir de garde du corps, a priori, et que s'occuper des serrures n'impliquait pas une proximité de tous les instants. Bref. À sa grande surprise, la reine s'éloigna des livres pour ne plus y prêter attention. La jeune horlogère lança un regard de regret sur les rayons. Si elle avait su, elle aurait manifesté son envie avec un peu moins de retenue. Pourtant, il lui semblait évident que la tiédeur qu'elle avait affichée était avant tout une forme de politesse. Peut être ne comprenait-elle pas bien les manières des gens de Nexus, ou du moins de leurs dirigeants. En tout cas, les comportements de la reine et de son intendant ne cessaient de la déstabiliser.

Comme Elena quittait le salon en lui faisant signe, elle la suivit et marcha à son côté, légèrement en retrait, comme elle l'avait fait avec Langley. La souveraine l'entraina à travers le palais et ses nombreux couloirs, jusqu'à une immense galerie flamboyante. Chaque mur y était de verre, de marbre ou d'or, et où le plafond, recouvert d'une immense fresque peinte, soutenait d'énormes lustres de crystal. La lumière blanche du matin inondait l'endroit en créant un éblouissant spectacle de reflets et de diffractions.

"Voici l’un des plus beaux couloirs du Palais d’Ivoire, expliqua Elena. Jadis, la Galerie de Cristal a servi à accueillir des réfugiés en cas d’épidémies ou de famines."

Kami était un peu à la traine, captivée par l'harmonieuse débauche de richesses qui l'entourait. Son regard se perdait de sculpture en reflet et son cœur s'emballait. Très vite la reine passa une nouvelle porte, et Kami dût s'engouffrer à sa suite dans un couloir plus modeste, bien sombre en comparaison, et bien moins exaltant. Elle poussa un soupir silencieux, déçue de n'avoir pu observer la grande galerie plus longtemps, mais soulagée de retrouver un lieu aux dimensions moins écrasantes.

Les deux femmes en croisèrent une troisième, visiblement une domestique ; lorsque la reine s'arrêta pour lui adresser la parole, Kami s'arrêta également et resta légèrement en retrait. La servante semblait intimidée, et répondait avec maints formules de politesse à sa souveraine, qui menait la conversation avec une autorité bienveillance.

"Eh bien, c’est un Nexusien, et je suis sa Reine. C’est donc mon rôle de veiller à ce que mes sujets ne soient pas malades, non ?"

Kami se retint de rouler des yeux, tandis que la servante acquiesçait, visiblement peu convaincue par cette justification de haute volée. Au moins, je ne suis pas la seule à être troublée par son comportement, pensa Kami en se remettant en route à la suite d'Elena. Cette dernière semblait vouloir s'adresser à ses subalternes comme à des amis ; restait à savoir quel comportement elle attendait en retour. Rien n'assurait qu'elle attende qu'on lui retourne ses familiarités.

"Navrée de vous faire passer par là, mais les grands couloirs diplomatiques du Palais continuent à m’impressionner. Je préfère ceux des domestiques, ils sont de dimension humaine, et plus conformes à ce que j’ai connu au monastère."


La réflexion fit sourire l'horlogère. La grande galerie était effectivement trop impressionnante pour qu'on puisse y déambuler à la légère. Le faire aurait été une sorte de sacrilège.

"Et vous ? Vous n’êtes pas trop impressionnée par la taille du Palais ? Je pense qu’il faudra qu’on vous donne une carte... Même moi, j’arrive encore à me perdre dans ce palais !"

La chaleur lui monta au visage ; ses impressions depuis hier étaient si fortes que la question avait quelque chose d'intime. Mais elle brûlait de livrer ses sentiments à quelqu'un, et la reine semblait pour sa part bien déterminée à engager une discussion simple et informelle. Kami força donc la barrière de sa timidité.

"Le palais, Nexus... tout est immense, et c'est... c'est comme si des force surnaturelles avaient fait tout ça, et,... pfffiou. Ça..." du poing, elle tapota sa poitrine au rythme d'un battement de cœur. "C'est impressionnant."

Ses mains étaient un peu fébriles et son regard brillait d'admiration devant les visions qu'elle évoquait. Sa manière de formuler les choses n'était peut être pas très claire. Elle se racla la gorge.

"Je veux dire que je n'ai pas l'habitude de voir des constructions aussi imposantes, c'est sûr. Je trouve ça très beau. Mais vous avez raison, une carte me serait bien utile, madame. Le sens de l'orientation n'a jamais fait partie de mes qualités."

3
Génuflexion - chevilles. Habile !

Obéissante, la jeune horlogère se releva et fit face à la reine qui persistait dans son sourire bienveillant. Elle semblait bien modeste et bien fluette, elle qui était la tête et le coeur de la grande Nexus. Elle s'avança à nouveau et Kami fit un pas rapide de côté pour lui faire de la place, préservant la distance de sécurité qui la séparait de la souveraine. Cette dernière parcourut les rayons des yeux.

"Je suppose que vous ignorez que vous vous trouvez dans mon salon de lecture ? C’est un peu grand pour lire, j’en conviens, mais la pièce est facile à protéger...
- Je l'ignorais, madame."


Elle ignorait aussi en quoi cette pièce pouvait être plus facile à protéger qu'une autre. Un détail technique qui nécessitait d'avoir un plan du palais sous la main pour être compris, sans doute. La tête de la reine penchait légèrement de côté tandis qu'elle lisait les tranches des ouvrages. C'est amusant, comme je pourrais facilement lui briser le cou, se dit Kami. En quelques secondes, elle aurait pu mettre fin à la lignée royale et plonger toute la région dans la guerre civile. La reine était bien trop fine pour opposer une résistance.

Il était amusant de se dire que, si elle avait été plus vigoureuse, elle aurait pu ressembler à l'horlogère. Bien sûr, la reine affichait une douce fragilité qui manquait à Kami. Mais à quelques détails près, on aurait pu les dire faites selon le même modèle, dans deux bois différents. Kami se surprit à penser qu'elle avait sans doute sous les yeux le type de femme qu'elle serait si, au lieu de soumettre son adolescence à la discipline des horlogers, elle avait passé son temps à lire des romans à l'eau de rose.

"Vous savez que c’est un livre érotique ? Je suis sûre qu’Adamante le savait en me l’offrant. C’est le premier livre de ce genre que j’ai lu."


Le visage de Kami trahit son incrédulité.

"Euh... j'ignorais qu'il existait des livres... sur ce sujet. Madame."

Pourquoi la reine se sentait-elle obligée de lui raconter une chose pareille ? Kami préférait ne pas relever. Ni s'enquérir du nombre de livres du même type que la reine avait pu feuilleter par la suite. Non pas que la curiosité lui manquât ; apprendre que la reine avait ce genre de lecture était pour le moins croustillant. Le terme de "livre érotique", en lui même, était plutôt intriguant, car il ne révélait pas vraiment le contenu de l'ouvrage. S'agissait-il de dessins, d'histoires ? Autre chose ? La reine semblait vouloir détendre l'atmosphère, par sa désinvolture. Pourquoi se donner cette peine ? Il aurait été bien plus aisé pour Kami de s'entendre donner des instruction, plutôt que... tout ceci. Elena Ivory narrait-elle sa biographie à chacun de ses nouveaux sujets ? Ou alors, sa serrurière personnelle avait-elle un statut à part ? En tout cas, Kami hochait la tête en signe d'attention.

"Vous pouvez les prendre si vous voulez... Mais à la condition de me les rendre !"

Elle jeta un regard zigzagant sur tous ces livres dont elle ne connaissait que les titres. Un jour peut-être, si elle osait, elle en emprunterait un.

"Y-en-a-t-il un qui vous ferait plaisir ? Ne me dites pas que vous les avez déjà tous lu !"


Kami eut un rire un peu nerveux et se gratta l'arrière de la tête d'un air pensif. Bien sûr qu'elle aurait aimé en ouvrir un. Et un refus aurait été impoli de sa part. Mais faire un choix était plutôt difficile, à moins de s'en remettre totalement au hasard - ou à l'érotisme.

"Je ... je n'en ai aucune idée, madame. Je n'en ai lu aucun, pour être honnête. Je crois que vous devriez choisir pour moi. Mais..."


Elle fit une pause en cherchant ses mots. L'étrangeté de cette discussion l'embarassait et demandait à être résolue. Pour autant, elle ne pouvait exprimer ses questionnements dans leur forme brute.

"C'est beaucoup de générosité que vous accordez à une simple travailleuse."

4
L'intendant descendit de cheval le premier. Kami l'imita, et un jeune adolescent aux vêtements distingués vint vers elle, non sans descendre un regard indiscret sur la silhouette inhabituellement vêtue. En la regardant à nouveau en face, il lui parla d'une voix fluette mais assurée.

"Madame, voulez vous qu'on s'occupe de votre monture ?"

Kami hocha la tête et désigna de la main ses bagages et son épée, toujours fixés à la selle.

"Je laisses mes... sur le cheval ?
- On s'en occupe également."


Elle hocha la tête et le garçon prit la bride avec un air solennel et conduisit l'animal en direction des écuries.

"Bon... Suivez-moi, Kami."

Celle-ci obéit à l'injonction et suivit Langley dans le hall, dont les dimensions étaient en congruence avec celles du palais du entier. Sous son haut plafond et à la lumière de ses grandes fenêtres, un léger brouaha résonnait. Kami talonna son guide et le suivit jusqu'à quitter le hall. Ils empruntèrent un couloir à l'aspect luxueux, et Kami remonta à la hauteur de Langley pour marcher à sa gauche, quoi que légèrement en retrait. Les couloirs étaient nombreux et richement décorés. Alors qu'ils progressaient, la jeune horlogère était de nouveau la proie d'une incertitude qui pesait sur sa poitrine.

Finalement, Langley emprunta une double porte et il pénétra une salle à l'air confortable, où plusieurs étagères faisaient étalage de leurs impressionnantes collections de livres. En entrant à son tour, Kami regarda ces rangées d'ouvrages avec une curiosité envieuse. Quel savoir ces livres pouvaient-ils donc renfermer ?

"Je vous en prie, installez-vous. Vous devez avoir froid, non ? Les vents qui sont ici surprennent toujours nos invités.
- Euh, un peu, merci."


Elle posa son regard sur un fauteuil cossu ; son allure rebondie promettait un moelleux des plus agréables, mais Kami était bien trop tendue pour être tentée. Un petit crépitement lui fit tourner à nouveau la tête vers l'intendant. Dans l'âtre, un feu crépitait ; un air d'incompréhension passa un instant sur son visage.

"Je vais aller la chercher, faites comme chez vous."

Kami hocha machinalement la tête et attendit, immobile, que Langley quitte la pièce. Lorsqu'il eut refermé la porte derrière lui, elle poussa un petit soupir, soulagée de bénéficier d'un peu de répis. Elle jeta un nouveau regard en direction du feu ; comment avait-elle pu ne pas le remarquer en entrant ? Il fallait vraiment qu'elle se mette à faire attention au monde autour d'elle, sinon elle allait passer pour une idiote.

L'intendant était donc parti chercher une femme. S'agissait-il de la reine ? Il aurait été étrange qu'elle se déplace pour rencontrer sa future serrurière : elle avait certainement bien mieux à faire. Et d'un autre côté, Langley et Kami n'avaient évoqué qu'une seule femme depuis leur rencontre. La jeune horlogère poussa un deuxième soupire et tapota nerveusement sur ses cuisses en se dirigeant vers l'une des bibliothèques qui avaient piqué sa curiosité. Elle lu quelques titres : de toute évidence, il ne s'agissait pas de littérature sérieuse, mais plutôt de romans ou de poésie. Elle en aurait bien ouvert un, mais elle s'abstint. Elle n'était peut être pas autorisée à toucher. Elle continua donc à lire les titres inscrits sur les tranches, en passant d'un livre à l'autre.

Trois couronnes,... Les serpents d'Ashard, ... Les tresses de la princesse Violène,... Chroniques des iles mortes,... Le miroir noir,... Le monde de l'ouest, ...

Chaque titre faisait naitre sa propre image ouvrait un petit monde de spéculation. Cette activité d'exploration était était étrangement prenante, si bien que, un quart d'heure plus tard, Kami avait fini une étagère et s'attaquait à la deuxième.

Le bruit de la porte s'ouvrant à nouveau la fit sursauter. Elle se retourna vivement pour accueillir la nouvelle arrivante. Une jolie jeune femme en robe fit son entrée et la salua. Elle avait le visage doux et un regard étrange : ses yeux étaient vairons. Comprenant qu'elle était bien face à la reine, la jeune horlogère fut soudain effrayée, et elle posa un genoux au sol en s'inclinant.

"Madame !"

Elle n'avait que vaguement réfléchi à comment saluer la reine en la rencontrant, n'imaginant pas y être confrontée si tôt. Elle improvisa donc à sa manière.

"Veuillez accepter tout mon respect, et la promesse de mes loyaux services."

Après avoir parlé, elle resta immobile, attendant qu'on l'autorise à se redresser de manière explicite.

5
L'entrainement des Horlogers n'était pas une simple formation artisanale et technique. L'ordre avait toujours voulu façonner ses disciples pour en faire des hommes totalement accomplis, aussi bien sur le plan intellectuel que physique. C'est pourquoi chaque apprenti était, dès son plus jeune age, confronté à divers champs de connaissance : l'écriture et les mathématiques, bien sûr, mais également des rudiments de géographie, de dialectique et de philosophie de la nature. L'entrainement physique reposait, d'une part, sur les arts martiaux, et d'autre part, sur une multitudes d'exercices comme la course, la natation ou la randonnée.

Chaque été, les apprentis de plus de quinze ans et quelques horlogers accomplis réalisaient l'ascension du pic qui surplombait la forteresse. Pour réaliser l'aller-retour dans la journée, ils se levaient avec le soleil et commençaient le voyage dans le jour naissant. La montée était rude, mais les novices avançaient toujours sans plainte, ne s'arrêtant que lorsque leurs tuteurs décidaient une pause. Cette randonnée, bien qu'épuisante, ne représentait pas un vrai défi pour eux. Autant que sportif, son objectif était symbolique et esthétique. Elle se justifiait par la récompense finale qui attendait les grimpeurs. En arrivant près du sommet, ils peinaient sur un sol escarpé et et rocheux, couvert de neige. Derrière eux s'étiraient la plaine, le ciel et un bout d'océan. La forteresse semblait bien plus petite, et la ville de Nuretashi évoquait à un petit lichen beige et ocre poussant contre la rive. Lorsque enfin la troupe passait les derniers obstacles, la vue se dégageait. Se dévoilait alors le massif dans son entièreté, et ses immenses blocs noirs et anguleux qui pointaient vers le ciel, couronnés de blanc par les neiges éternelles.

Lors de son premier face à face avec ce paysage, Kami avait laissé ses genoux se dérober. Haletante, elle avait contemplé l'écrasant spectacle en haletant sans un mot. Le vent aidant peut être, ses yeux avaient débordé et inondé son visage. La troupe entière s'était tous arrêtée pendant plusieurs dizaines de minutes, jusqu'à ce que le froid ne les pénètre à force d’immobilité, et que les plus vieux ne décide qu'il était temps d'entamer le retour. Effectuer le retour dans la nuit aurait pu être dangereux. Et le lendemain, l'enseignement reprenait au matin.

Si l'entrainement des novice était exigeant, ceux-ci n'avaient pas à subir une discipline trop exigeante. Plus que des vertus personnelles, leurs mentors mettait en avant l'excellence dans les domaines qui leur étaient enseignés. Certains traits de caractère tendaient cependant à être mal vus. C'était le cas de l'impatience, difficilement compatible avec les études. Très vite, les apprentis s'habituaient à ne pas manifester ce trait.

Kami resta donc sans voix face à la question de Langley, qui lui demandait d'exprimer ce qu'elle avait pris l'habitude de garder pour elle. Il ne lui semblait pas exister de bonne réponse à cette question : "non" aurait sûrement été la pire. Elle haussa les épaule d'un air embarrassé.

"Hm... je suis prête, en tout cas."

Lorsque Langley se leva elle fit de même et, tandis qu'il s'activait, fit mine de s'intéresser à la pièce autour d'elle, les bras croisés. Puis elle le suivi aux écurie, et monta en selle à ses côtés.

Tout en chevauchant, elle l'écouta avec attention, hochant la tête à ses explications. La tâche n'était pas aisée, car la rue était agitée et détournait sans cesse son attention. Enfin, au détour d'une rue, ils arrivèrent face à leur destination. Kami fut un instant éblouie et plissa les yeux. Le gigantesque palais royal, qu'elle n'avait aperçu que de loin, scintillait dans tout son gigantisme.

A mesure que leurs chevaux les amenaient vers le rempart, les façades du palais se présentaient sous un autre angle, et ne réfléchissaient plus le soleil directement dans les yeux de Kami. Alors qu'ils arrivaient près du premier rempart, elle put enfin lever son regard sans être éblouie, et observer l'édifice dont les tours massives et rectilignes s'élevaient à n'en plus finir. Une petite troupe de cavaliers passait la porte du second rempart, en haut de la falaise. De si loin, ils étaient semblables à des fourmis, et donnaient à la jeune horlogère la mesure du gigantisme des bâtiments où ils se rendaient. Elle passa la première porte aux côtés de l'intendant. Ses mains tremblaient tandis qu'ils s'approchaient en suivant la route. Le géant de pierre qui les surplombait ne pouvait être de main d'homme : il semblait avoir été sculpté par un géant.

Langley guida sa nouvelle recrue sur un chemin qui montait à flanc de falaise ; depuis là, le palais n'était plus visible. Kami se remit à respirer plus profondément, réalisant qu'elle manquait d'air. Une bourrasque de vent frais lui fouetta le visage, et elle dû se frotter les yeux pour essuyer des larmes.

"Il y a du vent."
commenta-t-elle simplement.

Après quelques minutes, ils atteignirent le second rempart et sa grande porte. Sous l'arche, des soldats attendaient au garde à vous. Un plus haut gradé s'approcha des deux cavaliers et les salua. Ceux-ci pénétrèrent enfin au cœur du domaine royal. Devant eux et tout autour du palais s'étendait maintenant la grande cours pavée et ses imposantes fontaines de pierre sculptée, qui baignait encore dans l'ombre projetée par le rempart. Au dessus du niveau des créneaux, l'édifice royale flamboyait face au soleil matinal. Au dessous, ses murs de pierres pâles baignaient dans l'ombre. De part et d'autre de la porte encore nappée d'obscurité s'alignaient les grandes hampes des bannières. Elles s'élevaient jusqu'à percer dans la lumière, où les couleurs du blason des Ivory ondulaient, portées par le vent d'un jour naissant.

6
Cette entrevue savait décidément attirer la convoitise de la jeune horlogère. Cela faisait un moment qu'elle rêvait d'un grand atelier où travailler tranquilement, sans limitation de matériel. Dans la forteresse des horlogers, les apprentis travaillaient à plusieurs dans la même pièce, et cela n'avait jamais été de son goût. Le silence était la règle dans ces ateliers communs, le bruit des conversations suffisant à entraver la pratique de la télékinésie. Et bien que les apprentis aient été observant de ses règles, Kami ne savourait jamais autant de travailler que lorsqu'elle était totalement seule. Le matériel d'étude, également, était parfois limité, et les étudiants n'avaient pas toujours accès aux pièces et outils qu'ils désiraient, hors des séances d'exercice. Etre au service de la Reine de Nexus - en ayant apparemment carte blanche - était sans doute la garantie de ne plus rencontrer ce genre de problèmes.

Il faudrait qu'elle fasse une liste, une fois sur place, se tout ce dont elle avait besoin. Elle avait déjà quelques outils en tête. Il y'aurait sûrement moyen de se faire fournir une de ces grandes tables inclinées et du papier en grande quantité. Ça allait être bien.

"Pardonnez du reste mon inculture, mais que voulez-vous dire par la taille ? Enfin... La taille de la serrure correspond nécessairement au trou fait dans la porte pour y mettre la serrure, non ? Donc... Comment comptez-vous modifier la taille ?
- Eh bien, ça dépend déjà du type de serrure."
commença-t-elle en illustrant son propos avec les mains : "Si c'est un loquet fixé à l'extérieur, ça peut être aussi gros qu'on veut, si c'est dans la porte, on peut découper en fonction... enfin justement, s'il ne faut pas abimer la porte, euh, c'est un paramètre."

Elle acheva sa réponse avec un sourire gêné. A bien y réfléchir... on n'attendait peut être pas d'elle qu'elle découpe dans les portes. Il serait certainement mal vu qu'elle ruine les boisures par excès de zèle. Et au fait, pourquoi donc Langley avait-il rebondi sur ce sujet, puisqu'il ne semblait pas s'intéresser aux détails techniques ? Cela ressemblait à une tentative pour prolonger la conversation de manière plus détendue. A vrai dire, si Kami répondait maintenant calmement, elle ne pouvait se départir d'une certaine tension et aurait été soulagée de pouvoir prendre congé.

"En fait, je pense que j'aurais un certain nombre de question à poser quand je commencerait, mais cela sera plus facile quand je serais sur place pour me rendre compte." ajouta-t-elle, avec un mouvement évasif de la main.


7
One Shot / Re : Les hurlements de Terra [Une brave équipe d'aventurier]
« le: lundi 22 janvier 2018, 02:18:39 »
Restée seule dans le cloitre, Kami se tenait accroupie et tentait de repérer une parcelle de sens à travers les régularités de la glyphe, lorsque des sons inquiétants lui parvinrent. Des cris, visiblement pas festifs, venant de dehors. Elle tendit l'oreille. Des bruits sourds lui émanaient de l’intérieur du monastère. Des cris, au deuxième étage. Elle se leva en frémissant. On martelait une porte. On hurlait. Elle remit à la hâte son sac sur ses épaules et posa la main gauche sur le manche de son épée pour la stabiliser, prête à détaler. Mais elle hésitait ; suivre ses "compagnons" ? Elle ignorait si elle les retrouverait facilement. Porter secours ? Par où rejoindre les cris ?

Elle était indécise lorsqu'une porte du deuxième étage s'ouvrit avec fracas pour laisser passer un jeune prêtre. Derrière lui, un monstre difforme de chair de lianes qui gagnait rapidement du terrain. En quelques instants elle fut assez proche pour plonger sur lui ; il se déroba vivement, la réduisant à le dépasser sans l'effleurer. Sans lui laisser de répit elle se rua à nouveau sur lui, qui se dérobait sans cesse. Finalement, une ultime charge fit mouche, et le jeune homme fut saisi à la taille et arraché au sol. Il se débattait en rugissant tandis que, emportée par sa furie, la bête heurta la rambarde en pierre et le projeta dans le vide.

Un bref cri alors que son corps était tiré vers le bas, et il s'écrasa dans une haie touffue. Kami ne voyait plus que ses jambes, pointant dans sa direction, qui se débattaient alors qu'il cherchait à se dépêtrer des branchages.

Kami retrouva soudain le contrôle de ses jambes et s'élança dans sa direction. A peine eut-elle amorcé sa course, qu'elle vit la silhouette de la bête s'élancer à son tour et atterrir lourdement sur sa proie, l'enfonçant plus profondément dans la végétation et lui arrachant un hurlement. La jeune femme stoppa nette sa course, pétrifiée par la vision de la créature qui lui faisait face. Ce qui avait été un visage d'homme la regardait à travers deux orifice béants d'où les yeux avaient été délogés. Une bouche ouverte, figée dans une position évoquant la surprise, complétait le masque obscène de la créature, dont la chair bourgeonnait de parasites végétaux. La chose se remit tranquillement en mouvement et descendit du corps de sa victime, puis la saisit et l'arracha au buisson où elle était piégé. Le prêtre gémissait de douleur, réduit à l'impuissance par ses blessures et par la force supérieur de son adversaire.

Kami fit jaillir sa lame et la leva devant elle. La terreur l'imprégnait toute entière. Elle avança vers la créature, qui retenait toujours dans ses larges mains acérées le jeune prêtre. Ce dernier avait abandonné la lutte et pendait immobile dans la poigne de son bourreau, retenu par un poignet et par la chevelure. Son visage ensanglanté exprimait l'effroi le plus total et contemplait la jeune horlogère d'un air hagard, lui interdisant catégoriquement la fuite. Kami ne voyait plus que la créature difforme qui lui faisait face. Elle doutait de pouvoir amputer les membres d'une telle chose avec son épée. Il faudrait bien. Incapable d'approcher plus, elle s'était arrêtée à quatre mètres. Ses bras et ses jambes vibraient nerveusement tandis qu'elle maintenait sa garde haute, prête à frapper et à bondir, sensible au moindre mouvement de son adversaire.

8
L'intendant ne se laissa heureusement pas perturber par les objections de Kami, qu'il balaya avec une pointe d'ironie. La jeune horlogère s'en sentit soulagée. Immédiatement, Langley capta à nouveau son intérêt. Elle n'avait jamais convoité particulièrement le luxe ou la richesse ; mais habiter dans un palais - dans LE palais de Nexus, c'était autre chose ; l'idée n'était pas sans attrait. Elle n'était pas totalement rassurante, non plus. Les palais, ça n'était pas son monde. Mais enfin, c'était la curiosité qui l'emportait sur tout le reste. Sûr qu'elle ne se ferait pas prier pour essayer ces salles de bain "modernes", dont elle imaginait mal quels systèmes elles pouvaient contenir.

"Et un salaire plus que décent, cela va sans dire. Pour le reste... Honnêtement, votre rôle se résumera à vérifier des serrures et des verrous. La sécurité de la Reine, à proprement parler, ne relève que de moi."

Elle hôcha la tête d'un air pensif.

"Aurais-je un atelier pour travailler ?"


Elle se posait déjà bien d'autres questions ; où pourrait-elle faire forger les pièces dont elle avait besoin, y'avait-il un coût à ne pas dépasser, les serrures devaient-elles privilégier la solidité ou la résistance au crochetage, la taille et l'esthétique étaient-ils à prendre en compte ?... Mais de telles préoccupations étaient encore un peu prématurées : elle s'efforça donc de les garder pour elle.

Une pointe de fierté la fit sourire brièvement lorsque Langley évoqua le choix de Raito de l'envoyer, elle. Il est vrai que certains jeunes horlogers étaient plus prometteurs qu'elle : pourtant il avait juger qu'elle était la plus digne de participer à la sécurité de la Reine de Nexus. L'intendant savait trouver les mots pour la faire passer d'une émotion à une autre. Était-ce volontaire de sa part ? Il sous entendait qu'elle était digne de confiance. Comment pouvait-il en être sûr ?

"Surtout que, si vous acceptez ce poste, je vous confierai la révision des serrures de la zone la plus dangereuse de tout le Palais..."

Kami cessa de respirer pendant un instant.

"Les appartements privés de la Reine. Ce sera terrible, vous n’avez pas idée..."

Une seconde d'incompréhension passa en silence, avant que Kami ne réalise qu'il s'agissait d'une blague.

"Ha ! Haha..." Elle baissa le front et secoua la tête avec un rire nerveux. "D'accord..." Elle redressa son visage pour faire face à Langley et reprendre sur un ton solennel qui était tempéré par son sourire subsistant : "Quel que soit l'endroit où vous m'enverrez, je serais toujours loyale et honnête, Monsieur."

Elle avait fait cette promesse sans difficulté, ayant toujours eu en horreur les doubles jeux et les trahisons. Elle se convainquait facilement d'être incorruptible. En revanche, elle gardait, à tort ou à raison, une certaine méfiance envers l'intendant. Les gens qui s'exprimaient, comme lui, avec aisance la troublaient, au point qu'elle se sente incapable d'identifier chez eux la sincérité ou le mensonge.

"Faudra-t-il que les serrures respectent certaines normes en terme de taille ou d'esthétique ?"


Bon, ça lui avait échappé, finalement.

9
La plupart de ces informations étaient nouvelles pour la jeune horlogère, et pour le moins désenchantantes. Si on lui avait déjà compté les talents du roi au maniement de l'épée, elle ne s'était jamais posée de questions sur l'état de sa lance. Elle n'avait jamais non plus entendu parler de l'animosité (ou le mépris ?) que les Nexusiens nourrissaient envers les Mélisains.

Chez les horlogers, on vantait plutôt Nexus et son Roi ou sa Reine, quels qu'ils soient. On avait tout intérêt à ce que l'empire reste puissant et uni, et qu'à sa tête règne une famille forte et à la parole solide. Les dernières générations de monarques avaient permis à la terre des Horlogers d'être relativement paisible, Nexus portant la guerre chez quiconque s'en prenait à ses alliés. A quelques kilomètre de la forteresse des Horlogers, dans la ville marchande de Nuretashi, les intérêts étaient peu ou prou les mêmes, et l'on était pas avares d'émissaires et de cadeaux lors des événements importants. Là bas, on évoquait pas les soulèvement d'esclaves, et on croyait peu à l'histoire des hommes porcs, qui circulait comme un ragot fantaisiste. On craignait un peu, mais on ne l'envisageait pas vraiment, que Nexus puisse éclater, mettant du même coup la stabilité de la région en péril.

Kami acquiesçait en fronçant les sourcils d'un air attentif. La Reine devait vivre et régner, c'était une évidence qu'on lui avait suffisamment enseignée. L'idée de Nexus chutant réveilla en elle l'angoisse larvée d'un futur incertain, pour elle et pour les siens. Pourquoi lui expliquer toutes ces choses, à elle, maintenant ? Langley attendait-il un réaction de sa part ?

L'annonce de sa mission la fit pâlir de peur. Donc, on voulait la charger de la sécurité de la Reine. Elle, entre la Reine et les couteaux de ses ennemis. L'avenir de Nexus, de l'empire, de tout, sur ses épaules. Paniquée, elle passa en revue tous les mécanismes qu'elle connaissais mal, tous les livres qu'elle n'avait pas lus. Toutes les erreurs qu'elle pourrait faire, qui pourraient mener à la catastrophe.

"Et ça, il n’est pas question que cela arrive, n’est-ce pas ?
Euh, je..."


Mais c'était aussi une porte qui s'ouvrait. La chance d'être une pièce de l'échiquier, et de faire quelque chose qui compte. La chance que son nom soit inscrit dans un de ces livres qui racontent l'histoire des royaumes. Un sourire voulut naitre sur ses lèvres, mais elle le réprima.

"Monsieur, je ne crois pas être la meilleure parmi mon ordre et je...", dit-elle d'une voix trop forte et qui tremblait un peu, avant de reprendre un peu plus calmement : "je ne saurais trop vous conseiller un artisan plus expérimenté pour une tâche de cette importance... mais si vous jugez que, si... si vous ne changez pas d'avis malgré tout, je ferais tout ce que mon talent permet pour que vos portes soient inviolables."

Tout en parlant elle s'était penchée en avant. Elle déglutit et recula un peu sur sa chaise, tentant de reprendre un position plus naturelle. Tandis que son cœur effrayé frappait sa poitrine à grand coup, elle guettait les réactions de Langley. A présent, elle se prenait à craindre qu'il retire son offre. Elle se maudirait d'avoir été si froussarde. Le palais et ses serrures, elle les voulait. Et son désir transparaissait malgré elle : ses yeux d'enfant suppliaient l'intendant de balayer ses objections.

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One Shot / Re : Les hurlements de Terra [Une brave équipe d'aventurier]
« le: samedi 13 janvier 2018, 18:44:07 »
Le monastère lui-même n'était que l'épicentre d'un petite communauté de gens très pieux. Autour de lui s'organisait tout un village où vivaient, en majorité, les familles des moines. Tous se rendaient au monastère de manière régulière, généralement pour prier, parfois pour effectuer des services ou déposer des vivres. Les moines, eux, passaient le plus clair de leur temps dans le monastère - ce qui ne les empêchaient pas de participer, dans une moindre mesure, aux tâches indispensables au bon fonctionnement du village comme la culture de la terre. C'était ainsi que vivait le monastère en temps normal. Depuis plusieurs jours, cependant, les villageois ne s'y rendaient plus qu'au compte goûte, et une partie des moines eux-même avaient déserté.

L'abbaye était un bâtiment trapu de deux étages, constitué de grosses pierres taillées dans une roche calcaire qui lui donnaient une teinte grise claire. Les toits étaient faits de petites tuiles agencées comme des écailles qui faisaient se côtoyer l'orange pâle et le presque noir. Le tout semblait être une fusion de bâtisses rectangulaires de tailles diverses et s'organisait autour d'un cloitre de forme carré. Ce dernier mesurait une cinquantaine de mètres de côté et renfermait un jardin, où le rituel avait eu lieu. La façade l'entourant était percée à chaque étage par une série d'arches, formant ainsi deux préaux superposés sous lesquels moines et visiteurs pouvaient déambuler et faire le tour du cloitre. De là, des portes en bois offraient des passages vers le couloir principal et ses courtes ramifications. Présent à l'identique aux deux étages, il traversait les trois quarts du bâtiment en formant un C, parallèlement aux enceintes du cloitre, et débouchait à chaque extrémité sur l'intérieur de l'église, qui occupait de sa longue forme rectangulaire un flanc entier du monastère. Il desservait ainsi les différentes salles dédiées aux aspects pratiques et intellectuels de la vie des religieux qui incluaient, au rez de chaussée : chambres, réfectoire, cuisine et dépôts, et à l'étage : bureaux, bibliothèque, salles de délibérations collectives et de méditations individuelles.

Si, vue de l'extérieur, l'église était relativement discrète, elle restait clairement reconnaissable de par les grandes fenêtres en ogives qui ouvraient ses murs à mi-hauteur et de par sa forme typique du culte de Moln : un long bâtiment rectangulaire avec une extrémité en demi-cercle.
A l'intérieur, quelques colonnes massives régulièrement disposées soutenaient un plafond en voute. Tout au long de la salle, des bancs bien alignés faisaient face au mur courbe, où une estrade de chêne richement sculptée attendait son prêcheur. Comme dans toutes les églises de Moln, des bacs de terres étaient disposés aux pieds des murs, et on y cultivait un lierre jaune, qui poussait bien malgré la pénombre et qui, en étant taillé tous les jours, devait décorer les murs d'arabesques religieuses. Mais le lierre avait crû monstrueusement, et recouvrait maintenant murs, sol, voutes et fenêtres de ses tentacules végétaux . Dorénavant l'église était vide, et ses portes étaient closes.  

Certains moines avaient tout simplement quitté l'abbaye pour rejoindre leurs familles au village. En cet instant, ceux qui restaient étaient pour la plupart groupés dans une salle de réunion. Quelques uns, enfin, s'aventuraient silencieusement aux portes donnant sur le préau, pour observer la scène se déroulant dans le jardin à l'aspect sauvage.


La jeune horlogère faisait face à un trio bien étrange ; mais c'est le reptile qui captait la plus grande par de son attention. Lorsqu'elle le vit faire un pas en arrière, sa frayeur retomba à un niveau maitrisable. Aussi incongru que cela fût, il semblait pacifique, et il semblait vouloir le montrer. L'autre créature s'exprimait sur un ton trivialement désagréable. Celle-là ressemblait suffisamment à un humain chétif pour ne pas être effrayant de prime abord. Le dernier était de loin le plus rassurant. Tandis qu'il se présentait, Kami prit conscience qu'elle avait toujours la main sur le manche de son épée et le corps en position d'attente. Elle desserra les doigts, ramena ses pieds au même niveau et resta un instant hébétée. Elle n'avait que vaguement écouté ce que lui racontait le jeune homme, et il continuait à parler. Elle laissa échapper un long soupir silencieux qui l'aida à retrouver son calme. Elle n'avait jamais entendu parler du culte de Moln, mais elle avait déjà vu des monastères, et croyait bien volontiers se trouver dans l'un d'entre eux.

- Me laisseriez-vous vous faire la visite des lieux pendant que mes compagnons préparent notre voyage vers Storstaden ?
- Euh, non.

Elle fit deux pas légèrement titubants pour ramasser son sac et le remit sur son épaule. Ses mains tremblaient un peu.

- Enfin, ça dépend, on est censés rester ici longtemps ?

Elle fit une petite pose et se racla doucement la gorge. Je m'appelle Kami Kato. Son regard passa d'un inconnu à l'autre. Désolée, c'est allé un peu trop vite pour moi.

Elle se passa la manche sur le front pour éponger quelques gouttes de sueurs.

- C'est quoi vos prénoms déjà ?

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Kami attrapa sa tasse avec précaution et l'approcha d'elle pour en sentir humer l'odeur.

"... votre mentor, Maître Raito Oshiba, qui, d’après sa lettre, vous a formé depuis votre enfance... Ce qui est plutôt rare venant de sa part. J’ignorais qu’il avait encore la patience d’éduquer de jeunes enfants. J’espère qu’il ne vous en pas a trop fait baver... Ou inversement.
- Euh..."


Son visage s'empourpra. Elle n'avait jamais considéré sa relation avec le maitre horloger comme si particulière, bien qu'il lui ait souvent consacré un temps supplémentaire lorsqu'il le jugeait nécessaire. Elle n'était cependant pas la seule apprentie dans ce cas.

"Il est notre professeur à tous. Enfin, l'un de nos professeur."

Précisa-t-elle simplement, et laissa volontairement la dernière remarque sans réponse.

"Vous venez d’une région reculée..."

Elle leva sa tasse jusqu'à ses lèvres en repensant aux heures passées sous la tutelle de Raito Oshiba. C'était un professeur patient et, à l'occasion, une oreille attentive, qui avait su la remettre sur les rails en jouant de didactique et de fermeté. Mais la place qu'il lui accordait ne correspondait pas à ce que Langley semblait s'imaginer. Aurait-elle du mentir, ou tout simplement se retenir de rectifier l'erreur ? Le maitre horloger l'en aurait informée. Qu'avait-il pu écrire dans sa lettre ?... Elle souffla sur la surface du liquide, avant d'en prendre une gorgée. Un gout intense et écœurant envahi toute sa bouche, lui intimant de cracher sur sur le champs. Le goût du breuvage rappelait vaguement un fond de casserole brulé. Kami resta stoïque et déglutit.

"...  et dernière héritière à ce jour de la dynastie millénaire des Ivory.
- Hmhm..."
répondit-elle en hochant la tête en signe d'attention.

On lui avait déjà dit qu'elle aurait affaire avec l'intendant, mais elle n'avait pas pensé le rencontrer si tôt. Le goût du café semblait s'être imprimé sur sa langue. Mortifiée, elle baissa les yeux sur sa tasse encore pleine et se maudit intérieurement.

"Si je vous ai fait venir dans un tel secret, c’est pour des raisons bien précises, mais je peux vous assurer que le voyage en vaudra la chandelle."


La dernière phrase piqua son intérêt et lui fit hausser les sourcils d'un air interrogatif. Elle aurait bien aimé qu'on lui confie la construction de catapultes, mais cela aurait été trop beau. Une situation plus plausible était qu'on lui donne à réparer des horloges, des serrures, ou des systèmes à poulies quelconques.

"Avant d’aller plus loin, dites-moi... Que savez-vous de la situation politique actuelle à Nexus ? Qu’est-ce qu’on dit sur la cité-État depuis votre forteresse ?
- Hem...
commença-t-elle en réfléchissant,  je crois que nous avons une vue d'ensemble. La famille royale est en grande partie décédée, ce qui a provoqué une crise il y a quelques années, mais la situation est désormais stable - enfin, je crois. Beaucoup attendent avec impatience un mari et un héritier pour la Reine Elena. Là d'où je viens, les gens se sentent plus en sécurité si... enfin, s'il arrivait malheur à la reine, ils craignent que cela pose des problèmes à Nexus, qui est notre principal allié."

Elle avait parlé d'un air pensif, et jetant des regards réguliers à l'intendant pour guetter ses réactions. Elle soupçonnait cette question d'être une sorte de test. Mais peut être était elle paranoïaque.

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One Shot / Re : Les hurlements de Terra [Une brave équipe d'aventurier]
« le: jeudi 11 janvier 2018, 01:05:01 »
A l'exact même moment, dans la cave déserte d'une auberge de Nexus, un jeune homme et une jeune femme chuchotaient à la lumière d'une lampe à huile. La fille, Kami, portait un manteau rouge sombre et un sac sur l'épaule. Elle s'était préparée en hâte pour un voyage d'une durée indéterminée, vers un lieu mal défini, et portait des bottes et un pantalon marron, ainsi qu'un pull de laine grise. A l'arrière de son manteau était tracé le symbole des horlogers : un cercle noir, muni d'un trait de même couleur montant à la vertical depuis le centre jusqu'à la bordure. En tenant nerveusement le pommeau de l'épée à sa ceinture, la jeune femme regardait l'autre qui déroulait un grand parchemin sur le sol. Ce dernier mesurait plus d'un mètre de côté ; dessus était dessiné un cercle aux allures ésotériques.

"J'ignorais qu'on pouvait faire comme ça. fit-elle remarquer à voix basse.
- Ce n'est pas vraiment conseillé en fait. Mais dans certaines circonstances... je voudrais pas t'envoyer trop loin du lieu cible, tu vois ?"

Elle hocha la tête et fit un pas pour surplomber le cercle. A côté du parchemin se trouvaient quatre cales de bois, qu'il avait trouvées sur place.

"C'est mon professeur qui l'a tracé. Si je le faisais moi même, ça serait sûrement moins bien."

A genoux, il prit les cales une par une et les disposa sur les angles du parchemin, de manière à l'aplanir autant que possible.

"Bon, je pense que c'est bien... hm, enfin attends. Je dois répéter dans ma tête. Alors le truc... quand je te dirais, places toi au milieu du cercle. Fais en sortes d'être bien à l'intérieur. D'ailleurs... si tu pouvais léviter. Sinon ça va déformer le truc.
- Ok."

Il toucha le parchemin du bout des doigts et ferma les yeux en marmonnant pour lui même pendant une bonne minute. Elle attendait en tapotant de la semelle.

"Ouai, ça va le faire. Vas y viens."

Sans un mot, Kami quitta doucement la terre et flotta à un pied du sol, jusqu'au centre du cercle d'incantation. Le jeune magicien prit un long soupire et ferma les yeux. Lentement, mécaniquement, il commença à réciter d'incompréhensibles suites de syllabes. Une à une, les runes sous Kami se mirent à rougeoyer. Elle gardait les mains sur les cuisses, respirait lentement. Bien que son cœur cognât de plus en plus fort, sa conscience restait ferme et imperturbable, la maintenant dans un état d'immobilité totale.

Un coup de tonnerre assourdissant secoua tout autour d'elle, et un lumière blanche l'aveugla. Ses pieds heurtèrent le sol, froissant le parchemin sous elle. Les bouchons des tonneaux avaient jailli, emmenant avec eux des geyser d'alcool.

"MERDE !!"

Des fontaines de vins se déversaient autour d'eux et entre les bottes de Kami, imbibant le parchemin qui répondit par un sifflement colérique. Un deuxième flash lui fouetta les yeux. La sensation de poids disparu. La lumière se dissipa, laissant place à une obscurité totale. Kami poussa un cri mais sa gorge ne vibra pas. Pendant un instant, le silence et la nuit l’enveloppèrent intimement. Elle ne pouvait dire si elle bougeait ou non, s'il faisait froid ou chaud. Puis le sol et la lumière du jour la frappèrent de concert. Elle trébucha et s'affala à quatre pattes sur un sol de pierre grise, suivant son sac d'une seconde. Devant elle s'élevait la végétation d'un jardin abandonné ; elle se releva en haletant. Personne.

"Ben... ?"

Elle voulu faire un tour sur elle-même, et le vit ; un monstre gigantesque l'observait. Elle hurla et bondit en arrière, pour se retrouver acculée à une haie, la main cramponnée à la garde de son arme.

Deux personnes étaient là. Et le monstre, lui, était vêtu. Elle tenta de reprendre son calme et d'articuler :

"L-loc... Locmirail ?"

13
Drôle d'endroit ; ce n'était pas vraiment ce à quoi Kami s'attendait. La grande maison venait, apparemment d'être délaissée récemment. Des meubles témoins d'une vie passée attendaient dans le hall, couvert d'un voile blanc. La jeune femme attendit une ptite minute avec eux. Pour tromper sa nervosité et son impatience, elle tapota du bout du doigt l'un des fantômes, cherchant les parties de la boiserie les plus résonnantes. Elle se stoppa des que les bruit de pas revinrent vers elle.

"Venez, Madame."

Elle emboita le pas à l'homme, et sourit en douce. Madame. Quelle drôle d'idée. Il s'arrêta devant une porte et l'ouvrit pour elle, l'invitant à pénétrer dans le bureau où on l'attendait. Derrière une table massive, assis dans un fauteil, se tenait un homme élégant et mince, à la crinière noire et au visage lacéré. Il se leva alors qu'elle avançait vers lui, et lui tendit la main.

"Bonjour, Madame Kato. Bienvenue à Nexus.
- Bonjour. Merci Monsieur."
dit-elle en répondant à la poignée de main qui lui était offerte.
- Un peu de café, peut-être ? Je m’appelle Ronald Langley. C’est la première fois que vous venez à Nexus ?"

L'homme s'était rassis, et tenait dans sa main une cruche dont le dessus était fermé, rappelant à Kami les récipients utilisés pour thé. Elle n'avait jamais goûté au café. Dans sa ville natale, on le décrivait comme un brevage noir, au goût unique et fort, difficile à apprécier. Autrement dit, un brevage qu'elle voulait goûter. Elle s'autorisa à s'assoire:

"Oui, je veux bien, merci. Oui, en fait, c'est la première fois que je quitte ma région."


Elle fixa le filet de liquide sombre qui s'écoulait du bec du récipient et remplissait les tasses.

"Je m'appelle Kami Kato"
, se sentit-elle obliger de préciser, "mais j'imagine que vous le savez déjà", ajouta-t-elle encore, craignant de passer pour une idiote.

Bien que l'ambiance ne fut pas pesante et que son hôte semblât vouloir se montrer amical, Kami s'attendait à être, sinon mise à l'épreuve, jaugée et jugée. Elle pianota nerveusement sur son genou. Une tasse serait bienvenue pour s'occuper les mains.

14
Un large soleil rouge s'enfonçait dans l'horizon, diffusant dans l'obscurité naissante du ciel nuageux ses panaches orangés. A contre-jour, devant les voyageurs tournés vers l'ouest, se découpait la longue silhouette sombre des remparts de Nexus. Sur leurs cheveux qui soufflaient en marchant, Kami et son compagnon ne disaient mot, deux semaines de voyage ayant déjà épuisé leurs paroles. Et tandis qu'ils avançaient dans la nuit tombante, la puissante Nexus, enracinée comme un lierre sur chaque aspérité de la côté inégale, déployait devant eux ses murs, ses tours et ses forteresses.

La jeune horlogère se sentait soudain faiblir. Ses muscles étaient lourds fatigués et son souffle court. L'immensité de la ville qui s'étendait maintenant à l'infini devant elle. Cet endroit est trop grand pour nous, lui disaient ses entrailles. Pour la première fois depuis le commencement de son voyage, elle avait peur. Une terreur sourde la tétanisait. Elle aurait bien fait une pause, mais ne dit mot ; et le cheval l'entrainait. Les murs se firent plus hauts, plus massifs et plus sombre. Dans l'obscurité qui se faisait plus dense, les torches s'allumèrent au dessus des créneaux. Suivant le chemin, les deux cavaliers s'approchèrent d'une grande porte de bois massif qui, béante, laissait passer les quelques voyageurs qui arrivaient encore à cette heure. Kami et son guide arrêtèrent leurs chevaux sur le côté, au pied de la voute de pierre, et se tournèrent l'un vers l'autre.

"Bon, eh bien, c'est l'heure de te souhaiter bonne chance, gamine."


La gorge nouée, la jeune femme hocha la tête.

"Merci. De m'avoir accompagnée. Et tout ça."

Le trentenaire lui répondit par un sourire et fit faire quelques pas à son cheval pour rapprocher leurs montures.

"Tu ne restes pas dormir à Nexus ?"

Il fit non de la tête avec un sourire d'excuse et leva la main. Elle déglutit et leva la sienne : ils entrechoquèrent leurs paumes avec bruit, et chacun referma les doigts sur la main de l'autre, dans une étreinte ferme.

"Trop cher, et puis on m'attend."

Avec un ultime signe de la main, il fit pivoter son cheval et s'éloigna au trot. Elle, après un instant d'immobilité, soupira et remit son cheval au pas en direction des entrailles de la ville.

La tête lui tournait un peu tandis que son cheval la portait d'un pas tranquille et régulier sur le pavé des rues, où des passants déambulaient encore à cette heure tardive. Kami possédait une carte approximative de la ville - peut être pas à jour - qui lui permettrait de rejoindre l'endroit où elle était attendue, le lendemain. Il était trop tard pour se présenter à son nouvel employeur : elle se laissa donc porter jusqu'à la première auberge qui croisa son chemin. "Le gîte et la couverture". Très drôle.

Un adolescent, adossé au mur portant un grand manteau jaune pâle et usé, la regarda s'arrêter. Voyant qu'elle mettait pied à terre, il se redressa et vint vers elle.

"Bonsoir. Vous voulez qu'on s'occupe de votre cheval ?"


* * * * *
* * *
* *
*

*

Le lendemain, en milieu d'après midi, Kami se présenta au lieu du rendez-vous, vêtue d'un pantalon beige de grosse toile et une chemise blanche. Le pantalon, étroit, taillé sur mesure pour elle, remontait jusqu'à hauteur de nombril, hauteur à laquelle la chemise, plus ample, passait sous le pantalon et une épaisse ceinture marron cintrait les vêtements autour de la taille. Aux pieds, elle portait deux bottes de cuir montant jusqu'à mi-mollet, qu'elle avait chaussées durant tout son trajet. Le manteau rouge foncé des Horlogers reposait sur ses épaules et lui descendait à hauteur de genoux. Dans son dos était dessiné le symbole de son ordre : un cercle noir, affublé d'un rayon montant verticalement depuis son centre jusqu'à sa bordure.

La veille, fatiguée par ces deux semaines de voyage passées à chevaucher et à dormir dans des abris de fortune, elle s'était effondrée dans le sommeil dès son arrivée, et ne s'était réveillée qu'au milieu du jour. Elle avait payé un supplément à son hôte, afin de pouvoir prendre un bain, et s'était vêtue des rares vêtements non usés qu'elle avait apportés avec elle. Il lui avait ensuite fallu deux bonnes heures pour trouver l'adresse rendez-vous.

A présent elle y était, et son cœur battait à nouveau d'anxiété. Le lieu du rendez-vous était une grande bâtisse, dont la façade aux pierres régulières et aux voutes sculptées authentifiait l'importance du propriétaire. La porte d'entrée, surélevée par quelques marches, était close. Kami s'arrêta au pied de l'escalier et posa ses yeux sur le lourd heurtoirs de fer. Celui-ci se souleva en grinçant, et frappa plusieurs fois.

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On est sœurs de bandages *contracte son biceps*.

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