Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Séraphina

Pages: [1] 2 3 ... 5
1
[Pour l’esclavagiste, l’idée, c’était d’invoquer un esprit à l’intérieur de son corps, au moment où mon perso lui attrape le poignet, et puis de le tuer de l’intérieur au bon moment. Ouai je sais ça fait un peu mauvais film d’horreur mais ia ni parasite qui sort du ventre, ni effusions de sang, donc ça va.
A part ça, la réplique sur le jeu de jambes, j’ai l’impression de l’avoir déjà entendue, c’est une citation ?]

A la remarque sur la tête lancée par sa chef, Séraphina eut un drôle de sourire pas du tout joyeux. Elle voulait bien trancher la tête, quoi que le chef des paladins devait être quelqu’un de bien redoutable. Mais le fait était que s’ils laissaient ses subordonnés en vie, ils le paieraient par un combat plus rude le moment venu, à moins que cet imbécile de Gabriel DiNevrin ne décide subitement qu’il en avait assez de combattre. Ce qui, somme toute, était aussi probable que de la voir battre des bras et s’envoler.
Séra observa Jessie tirer sa balle, mais il y avait dû avoir un malentendu quelque part, car notre ami le paladin au visage d’ange avait bondi à bonne distance de Jessie, si bien que son jeu de jambes n’eut pas grand-chose à avoir avec la façon l’attaque de la jeune chef ne le toucha pas, il en allait plutôt d’une force impressionnante issue d’un entraînement de longue haleine.
Ainsi, bien que Jessie ait évité le coup qu’il entendait lui porter, il se réceptionna lestement et se remit debout dans une roulade, avant de pivoter sur lui-même et de lancer sa dague vers Séraphina. La prêtresse défroquée la dévia d’un bras gainé de métal et riposta à coups de feu. Virevoltant et bondissant, le paladin tira un coutelas et vint au contact, portant un estoc vers la gorge de la jeune femme. Son armure ne la protégeait pas ici, et le moindre coup aurait été fatal. Sa gunblade dévia la lame et elle lança son poignard vers le visage de Gabriel.
« On vise la tête, on vise la tête…Facile à dire, mais c’est qu’il est collant ce salop ! »
Un rire grinçant aux lèvres, le paladin se rejeta en arrière, décochant un coup de pied vers le visage de Séra avant de faire un tour complet en l’air puis de repartir à l’assaut. La jeune femme bloqua sa lame, et lui saisit le poignet alors qu’il s’apprêtait à la frapper au visage, enfonçant pour de bon son casque cette fois, et lui donna un coup de genou dans les côtes. Il émit un sifflement endolori malgré sa protection, et l’ancienne prêtresse voulut recommencer, mais il saisit lui-même son poignet, et, retirant son arme, il pivota autour de la jeune femme, lui tordant le bras au passage pour lui enfoncer sa lame dans le dos. Mais une lame tekhane, avec assez de force, devait bien pouvoir traverser une armure ash. Séra décocha un coup de pied en arrière, dans une position qui aurait été comique en d’autres circonstances, déviant le bras armé du paladin, et elle pivota sur son autre jambe pour revenir dans une position acceptable pour son propre bras tordu, donnant un coup de taille vers le cou de son adversaire. Il se baissa et lui donna un coup de poing dans le thorax qui la fit partir en arrière, même avec la gangue de métal.

-Qu’est-ce qu’on s’amuse, pas vrai, Séraphina ? Tu sais, c’est dommage que tu sois partie, petite sorcière. Vraiment vraiment vraiment…

Il partit d’un grand et franc rire et se mit à donner des coups désordonnés et à dévier les attaques au poignard volant de Séra, malgré les angles toujours plus improbables selon lesquels elle le lui lançait dessus. Il semblait lire dans ses mouvements et anticiper ses feintes. Quant à ses coups, certains étaient tellement mal placés qu’elle était presque convaincue qu’il frappait réellement au hasard, mais ça ne devait pas marcher trop mal puisque plusieurs avaient déjà passé sa garde et ripé sur sa cuirasse, et un sur sa joue, lui faisant verser le premier sang. Pourtant, elle se doutait que si elle agissait pareillement, ce serait elle qui se ferait tuer. C’était des coups au hasard, mais un hasard travaillé. Presque collé à la jeune femme, il lui envoya un coup de coutelas qu’il évita de justesse, mais le revers, comme une gifle mais point fermé, la sonna. Le poing rencontra le métal qui rencontra sa chaire et elle sentit du sang couler.

-Dis-moi, Séra, est-ce que tu goûtes la saveur de la peur ? Est-ce que tu aimes l’idée de mourir ?

Ses mots étaient suaves, comme ceux d’un amant qui murmure à l’oreille de sa maîtresse, ce qui représentait en fait une idée d’une grande perversité.

-Je suppose que non, c’est trop subtil pour toi, pas vrai, Séraphina ? Moi, j’aime, j’aime te sentir offerte au bout de mes doigts, tu saisis ? Tu es à moi…à moi…

La jeune femme retenta de lui donner un coup de genou, mais il n’eut qu’à se décaler de quelques centimètres pour ne pas le subir. La jeune femme innova alors et lui donna un coup de crâne. DiNevrin poussa un râle et eut un mouvement de recul, mais pas assez pour lâcher prise. Il arma son coup de grâce, et plutôt que toute sa vie, ce fut un éclair blanchâtre que Séraphina vit défiler devant ses yeux. La tête du paladin tomba à la renverse et sa main armée suivit, n’atteignant jamais sa cible. L’homme aux sabres ne s’arrêta même pas, ne jeta pas un regard à son invokeuse. Elle-même, ne chercha pas à savoir ce que pouvaient bien avoir de particulier ces sabres pour couper comme du beurre dans les armures de conception tekhane. Elle suivit l’esprit du regard pendant quelques secondes, et quand elle le vit se faufiler entre trois ennemis, en décapiter un d’un sabre tout en empalant un de l’autre alors que le troisième s’effondrait, sa cage thoracique comme enfoncée par un poing surhumain sans même que le guerrier ne l’ait touché, elle jugea qu’il devait bien pouvoir se débrouiller seul. Elle ne savait pas qui elle avait invoqué ; elle avait choisi au hasard cette étincelle de vie dans un autre monde en prenant celle qui brillait le plus fort, et l’avait tirée à elle. Il n’y avait pas à regretter son choix…
Elle vit qu’autour de la zone où elle s’était battue avec le paladin gisaient une dizaine de cadavres. Les soldats dans le camp n’étaient pas plus de vingt ou trente [il me semble…], et nombre de ceux qui n’étaient pas allongés là l’étaient non loin de Jessie ou là où passait l’homme aux sabres.

-O’Keefe est mort ! cria-t-elle, avec un long temps de retard, à sa chef.

Elle comprit pourquoi elle n’avait pas pu venir l’aider en observant ses adversaires plus distinctement. On vise la tête, hein ? Bah elle l’avait trouvée, ne restait plus qu’à l’achever, car la tête, ce n’était pas un couard qui s’enfuyait, c’était un officier de l’ordre des paladins qui lui fonçait dessus, une épée double qui semblait sortir d’un conte pour enfants dans une main et un P90 beaucoup plus sérieux dans l’autre. Les paladins avaient cette habitude de mener avec eux au moins deux armes à feu et deux blanches, pour parer à toutes les situations. En tout cas, c’était ce qu’avait entendu dire la jeune femme, mais jusque là, il lui semblait que c’était vrai. Elle comprenait cependant difficilement comment certains qu’elle avait vus pouvaient se trimballer de l’armement lourd.
Le paladin qu’affrontait Jessie était plus grand et plus large qu’elle, avec la même armure étonnante que son confrère, que les balles magiques de la jeune pourraient sans doute entamer, mais contre laquelle le calibre de la gunblade de sa dernière recrue était inefficace.
Séra vit le paladin sauter derrière des tonneaux dont elle ignorait le contenu puis lui tirer une rafale de balles avant de bondir de nouveau pour éviter que les projectiles magiques ne l’atteignent, se rapprochant le plus vite possible de la jeune femme, mais il y avait des impacts de balle là où il n’y aurait pas dû en avoir, et Séra balaya le campement chaotique du regard pour trouver un autre paladin posté aux portes d’entrée fermées, tenant des deux mains un fusil, pour sa part, à accélération magnétique, le même genre que ceux des trois qui les avaient attaqués dans la plaine. Chaque balle, si elle ne touchait pas forcément sa cible, à cause du recul, elles faisaient la démonstration de leur puissance en traversant la palissade ainsi que tous les obstacles entre le tireur et elle. Séra le visa et fit feu, mais il se recula prestement, ce qui déstabilisa la jeune femme car elle s’attendait à ce qu’il ne l’ait pas vue.
C’est alors qu’elle remarqua une myriade de sphères colorées qui fusaient à toute allure de derrière le paladin. Il les vit du coin de l’œil, bondit de côté et plusieurs des sphérules percutèrent le mur de bois, faisant voler des copeaux de bois, mais d’autres infléchirent leur course  pour poursuivre le paladin qui n’eut d’autre choix que de courir. Les sphères le rattrapèrent en moins d’une seconde et plusieurs explosèrent dans son dos. Par chance pour lui, aucune ne toucha sa tête, mais quand il eut cessé son roulé boulé, la jeune femme put constater que du sang suintait des points d’impacte. Le paladin se releva, avisa l’auteur des sphérules de couleur et fit feu. A cette distance sur une cible qui se tenait immobile, il n’avait aucune chance de manquer son coup, pourtant, il le manqua et en quelques enjambées, l’homme aux sabres fut sur lui, décochant un coup de taille qu’il para avec son fusil. Ce dernier fut coupé en deux mais ralentit suffisamment l’arme pour lui permettre de rouler en arrière et de tirer le même pistolet mitrailleur que son collège mort décapité. Il fit feu, mais cette fois sur une ombre mouvante insaisissable. Un cimeterre dans l’autre main, il se retrouva lui aussi à combattre au contact, mais ayant appris sa leçon, il laissa parler ses années d’expériences et évita le tranchant des sabres de l’homme en noir. C’étaient des armes d’excellente facture comme on en fabriquait à l’ouest d’Ashnard, dans un pays lointain et gros exportateur d’armes. Ils les appelaient katanas et se vantaient de pouvoir dire que c’étaient les meilleurs armes blanches, mais ça ne justifiait pas le tranchant de celui-là en particulier !
Séraphina ne chercha pas à aider l’esprit, de ce qu’elle en avait vu, c’était surtout le paladin qui aurait eu besoin d’un coup de main, bien qu’elle ait du mal à le croire, car les mouvements de l’adversaire de son serviteur lui semblaient déjà à la limite de l’humain. Elle courut plutôt aider Jessie, sans trop savoir si cette dernière avait l’avantage ou pas, elle se contenta de repérer le dos du paladin et lui lancer son poignard dessus. Au-dehors, Sekhmet avait sans doute dû rencontrer des patrouilles pressées de rejoindre le camp, attirées comme des papillons de nuit par la lueur des flammes, et peut-être même un paladin en maraude qui jugeait que voir une tente prendre feu était une raison suffisante pour oublier son ordre de patrouiller non loin du campement.

2
Séraphina regarda, plus ou moins étonnée, sa chef tirer sa gunblade de l’étui qu’elle portait pour la lui pointer dessus. Payer un prix ? La jeune femme ne s’inquiéta pas vraiment, plutôt confiante en Jessie, elle ne voyait de toute façon aucune raison pour laquelle cette dernière lui aurait fait du mal. Il n’en était pas moins une légère note d’appréhension qui grandissait en elle tandis qu’elle se demandait ce que voulait dire la bandit. Et pourquoi est-ce qu’elle avait besoin d’une lame…

-Comment ça, payer un prix ? questionna la jeune femme avec circonspection.

Elle fut vite fixée. Elle eut presque les larmes aux yeux quand Jessie coupa ses longs cheveux patiemment entretenus à grands coups d’épée. C’est marrant, elle n’avait jamais remarqué à quel point elle tenait à sa chevelure. Bon, à la guerre à la guerre, comme on dit, il faut savoir faire des sacrifices.
Une demi-heure et une patrouille malchanceuse annihilée plus tard, deux soldats passaient les portes du campement. L’un avait l’air plutôt en bonne forme, mais le second était gravement blessé, du sang suintait de son gambison, et les mailles étaient défaites en plusieurs endroits.
Les hommes en poste aux portes qui les virent arriver furent pris d’incertitude. En temps normal, ils ne laissaient rentrer personne sans avoir pu clairement l’identifier, mais aux dires du mec en armure juste devant eux, la situation était cruciale, et ils avaient beaucoup à perdre si un des leurs avec des informations cruciales claquait pendant qu’ils piaillaient pour vérifier son identité.

-Suis-moi, fit un des hommes en faction.

D’un ample geste des bras accompagné d’un « du vent, asticots, retournez à vot’ poste ! » il fit dégager un passage jusqu’à l’infirmerie. Cependant, l’information selon laquelle on avait trouvé les salopes qui avaient tué au moins un ami, voire parfois un parent, de toutes les personnes en faction dans le camp, se répandit comme une trainée de poudre, et, presque dans la seconde, la moitié d’hommes qui auraient dû se trouver à surveiller les alentours de la citadelle de bois et de terre étaient agglutinés près de l’infirmerie.
Vesimir Viciens, pour sa part, restait en arrière. Il n’aimait pas les foules. Mais il n’aimait pas ça non plus, d’abord, parce qu’il trouvait étrange que ce soldat refuse de parler à quelqu’un d’autre qu’à un chef, ensuite, parce que ça venait presque corroborer ses soupçons ; en gros, ça sentait mauvais.

-Boma, appela-t-il dans son comlink. Reviens au camp, j’ai un foutu mauvais pressentiment.

Il attendit quelques secondes, mais seuls les parasites lui répondirent.

-Boma ? répéta-t-il. Tu me reçois ? Paz ? essaya-t-il ensuite. Paz, Boma, répondez !

Mais rien. Il eut une furieuse envie d’envoyer son comlink contre un mur quelconque, mais c’aurait été puéril, ce devait encore être une de ces coupures de réseau dont ils étaient parfois victimes quand ils partaient en campagne dans des régions trop peu fournies en relais. C’était dérangeant, mais il reviendrait bien à un moment.
Et a ce moment, malgré un long entrainement et sa suspicion naturelle, le paladin Viciens ne soupçonna pas une seconde que ses proies puissent avoir les compétences nécessaires pour brouiller son réseau. S’il avait seulement su qu’une Tekhane était dans le groupe, il aurait probablement été convaincu que ce prétendu blessé n’était qu’un leur, et les aurait fait abattre, et à ce moment là, seules au milieu de toute cette foule généreusement armée, même des ces sorcières n’auraient pas pu s’en tirer.
Mais voilà, il n’y pensa pas, alors, il se contenta d’aller chercher ses hommes restés au camp. Il dit, face-à-face, au premier d’aller surveiller ce blessé et celui qu’il accompagnait, et à l’autre de se poster à la porte et de ne laisser passer personne qui ne soit formellement identifié. Il pensa ensuite un instant à aller terminer le dîner qu’il s’était fait servir par le jeune page de l’esclavagiste, mais il jugea que ce serait injuste vis-à-vis de ses hommes. Quel gâchis tout de même : il n’avait même pas gouté au vin.
Dans l’hôpital de campagne, Séraphina se dit qu’elle aurait sans doute éclaté de rire si la situation avait été moins grave, tant les simagrées de Jessie étaient prenantes. Heureusement elle n’en fit rien, se contentant de pousser des gémissements et des râles aux moments qui lui semblaient opportuns.
Torturés de manière inhumaine ? Elle ne put cependant pas s’empêcher de sourire, se demandant si la chef des Black Fangs n’en faisait pas un peu trop, mais il s’avéra que non, les hommes étaient subjugués par le conte que débitait Jessie avec la conviction d’une actrice consommée. Comment est-ce qu’ils pouvaient croire des délires pareils ? Elle-même cependant était aux anges : tout fonctionnait comme prévu. C’était presque trop beau.
C’est alors qu’elle vit à travers les fentes de son heaume un visage connu. Elle sentit son cœur manquer un battement. Bien sûr, elle avait imaginé que l’Eglise pouvait être mêlée à l’affaire, mais les paladins…
Elle essaya de ne pas fixer trop longuement le guerrier au visage d’ange qui répondait au nom de Gabriel DiNevrin, elle craignait qu’il ne remarque son insistance, même si c’était peu probable. En revanche, contrairement à la bande de miliciens débauchés qui les entouraient, il ne semblait ni enthousiaste ni subjugué, juste blasé. Gabriel était le genre de personnes qui pouvait regarder le monde s’effondrer sans sourcilier. En revanche, pour peu qu’un supérieur lui donne un ordre, il n’abandonnait jamais avant de l’avoir réalisé ou d’être dans l’incapacité absolue de le faire, ce qui, somme toute, arrivait souvent, de ce que la jeune femme avait entendu : il passait pour avoir le sang chaud sous ses dehors impavides et pour chercher systématiquement l’affrontement. Elle l’avait déjà vu combattre quelques fois en de rares occasions. On avait l’impression que c’était le seul bonheur de sa vie…
Elle se rendit compte qu’elle avait oublié de gémir de douleur pendant que Jessie continuait de bluffer, et se rattrapa bien vite, espérant que ça ne paraisse pas suspect. La jeune chef des Fangs en était à la référence sur Aria, que je ne vis effectivement pas, et le docteur, qui n’inspirait absolument pas la confiance que certains de ses confrères pouvaient induire, était toujours pendu aux lèvres de la jeune femme déguisée en brave milicien d’Emilien O’Keefe.
Quand Jessie en arriva à la fin de sa tirade, Séraphina se prit la tête entre ses mains gantées de métal, se recroquevillant en position fœtale et poussant un râle rauque qui se mua en quinte de toux admirablement imitée.

-Ok, poussez-vous de là, je vais voir ce que j’peux faire, dit le médecin en écartant Jessie pour s’approcher de sa patiente.

Il mit un genoux à terre à côté d’elle et s’apprêta à l’ausculter de son mieux quand O’Keefe écarta le rabat de la tente, se frayant un passage à travers ses hommes, il se posta face aux deux miliciens.

-Vous êtes qui vous ? demanda-t-il brusquement. C’est vrai ? Vous savez où se terrent ces femmes ? Du vent, toubib, tu pourras l’achever quand j’aurai entendu ce qu’ils ont à dire.

Jessie expliqua à l’esclavagiste, avec la même emphase, comment Séraphina avait réchappé à ces sorcières et comment elle l’avait trouvée, blessée, remontant la route vers le campement. Elle lui dit que Séra savait où se trouvaient les femmes, mais qu’elle ne parlerait qu’en tête-à-tête avec lui, car il y avait des traîtres dans le campement. Elle ne savait pas qui, dit-elle, mais peut-être O’Keefe avait-il des soupçons.
Ce dernier se contenta de grogner. Il avait beau être pingre, prétentieux, cruel, froid, vénal, vil et retors, il n’était pas pour autant idiot ou naïf, et à la demande de s’entretenir en privé avec le milicien blessé, il dit non.

-Je devrais aller chercher mon chef, dit le paladin de sa voix atone coutumière. Il pourra l’interroger avec vous, au cas où.
-J’apprécie le geste, votre pureté DiNevrin, mais je préfère ne pas lui embrouiller l’esprit de fadaises, nous ne sommes même pas sûrs que ce soldat dise vrai, et il a déjà fort à faire par ailleurs, répondit l’esclavagiste avec un sourire amical.

Séra se sentit un gout de bile dans la bouche en repensant à ce que lui avait fait cet homme. Elle lui vouait une haine profonde, et qui ne s’éteindrait sans doute jamais. De fait, l’histoire qu’il avait contée à Viciens était partiellement fausse, et, plutôt que de se laisser capturer, elle s’était simplement effondrée de fatigue, vaincue par la faim et le manque de sommeil. Elle avait été emmenée, enfermée, et présentée à une vente aux enchères, pieds et poings liés, pendant que d’autres des « objets » d’O’Keefe livraient combat dans une arène improvisé pour divertir les acheteurs et témoigner de la bonne qualité de la marchandise.
Elle avait lâché la bride à sa magie quand trois soldats étaient entrés dans l’arène pour abattre deux esclaves qui refusaient de s’entretuer. Ce jour-là aussi, le sang avait coulé, et la rose sur son avant-bras avait grandi de quelques millimètres et viré à une teinte légèrement plus vive.

-Alors voilà ce qu’on va faire, reprit le marchand d’esclaves. Tu vas me dire ce que tu sais, et si on ne trouve pas ces femmes à l’endroit indiqué, c’est moi qui te ferai torturer à mort. Mais avant ça, tu vas m’enlever ce casque, que je vois ta jolie tête.

Jessie dut encore une fois intervenir pour expliquer que le casque était défoncé et qu’il était impossible de le retirer. Emilien O’Keefe retint un juron bien senti et s’apprêta à lui demander pourquoi, lui, il ne retirait pas son foutu casque en très bon état, quand le milicien allongé sur une couchette leva le bras, visiblement, au prix d’un effort colossal, et lui fit signe d’approcher.
O’Keefe jeta des regards suspicieux à droite et à gauche et s’accroupit à côté du lit. Séraphina lui prit la main, approchant l’oreille de l’esclavagiste de sa bouche, et murmura :

-44°36’ Nord 81°09’ Ouest…

L’esclavagiste essaya de visualiser rapidement une carte, mais c’était bien sûr impossible. Il voulut se relever, mais le blessé le serra un peu plus fort, et murmura encore :

-Tue-les…Quand viendra l’heure…tue-les.

Si O’Keefe s’étonna de se faire ainsi tutoyer, il n’en montra rien, pas plus qu’il ne sembla se formaliser de la précision étonnante des données de la jeune femme. Il se leva et marcha vers son propre pavillon pour étudier ses cartes. Quand il fut sorti, peu à peu, la troupe diminua, il ne resta bientôt plus que le médecin, quelques hommes et le paladin. Séra jura intérieurement. Elle avait espéré que DiNevrin s’en aille. Le médecin se pencha de nouveau sur elle :

-Allez mon vieux, calme-toi, essaye de ne pas faire de mouvement brusque, et tu seras vite tiré d’affaire.
-TUEZ-LES ! C’EST UN PIEGE TUEZ-LES !

Le cri retentit à travers le camp, surprenant même le paladin. Séra n’hésita pas beaucoup plus longtemps, de toute façon, il fallait bien passer aux actes à un moment. Son poing ganté de métal partit dans le visage du médecin ; son nez explosa comme un fruit trop mûr gorgé de sang et il tomba en arrière, sonné. Dans le même mouvement, elle envoya sa main dans sa besace, et en tira un poignard rattaché à un ruban sombre. Elle le lança vers la gorge du paladin, mais ce dernier avait déjà bondi en arrière, esquiva aisément le coup et dégainant d’un étui à sa ceinture deux pistolets-mitrailleurs qui crachèrent la mort sur le lit de camp. Séra bondit, attrapant ses affaires au passage, tirant sa gunblade de sa main libre, elle se réceptionna sur un genou, mais dut bien vite rouler de nouveau alors qu’une rafale déchiquetait la toile de la tente comme du papier.

-MAINTENANT ! cria-t-elle à son tour tandis que O’Keefe sortait de sa tente l’arme au poing.

Il s’effondra en pleine course, sans un bruit, sans même un cri, et une fumée sombre sembla suinter de son corps puis prendre forme ; la forme d’un homme grand et mince armé de deux sabres et d’un regard vert perçant sous sa chevelure raidie de crasse.
Ses lèvres remuèrent à peine tandis qu’il parlait, mais Séra eut tout de même l’impression de l’entendre distinctement :

-A tes ordres, jolie invokeuse, dit-il. Admire…

L’agitation se répandait dans le camp à la vitesse grand V. Le paladin eut un instant d’inattention en voyant l’esprit à allure humaine jaillir du corps de l’esclavagiste. Séra en profita et tira, mais, avec sa célérité inhumaine, il bondit en arrière, faisant une pirouette en l’air et retombant plus loin, puis éclata de rire.

-Belle performance petite ! jeta-t-il. Je ne pensais pas qu’on s’amuserait autant ici !

Il fonça vers l’E.S.P.er, l’abreuvant de balles, tandis que d’autres hommes se rassemblaient autour des deux femmes, et puis, au dernier moment, il obliqua vers Jessie en lâchant ses armes vides et plongea, un couteau à la main, dans un arc de cercle parfait et inhumainement allongé.

3
L'Art / Re : Carte Magic
« le: mardi 30 décembre 2008, 13:05:51 »
o_O J'ai oublié de lui mettre son attaque et défense^^
Mais le "13" c'est surtout pour la symbolique du chiffre, pas spécialement pour le jouer^^J'ai pas réussi à mettre les symboles des terrains, en revanche, ca aurait fait mieux.

Effectivement, désolé, je vais essayer de le refaire en mieux, mais faudrait que je trouve d'autres images, si quelqu'un en a qui se baladent :P

merci Vénus^^ Mais comment ca t'arrives pas à poster l'image ? T'arrives pas à l'héberger, ou à enregistrer l'image seule ?

4
L'Art / Re : Carte Magic
« le: mardi 30 décembre 2008, 02:55:49 »

Je sais, les mots ressortent pas, je vais changer.

Pour faire ces cartes, tu vas ici :
http://hentai.forum-rpg.net/index.php?topic=1119.0
tu suis le lien du 5ème post, donné par Muchuu, tu dl le logiciel, tu l'installes, tu le lances, et pour la suite là faut que tu voies avec Muchuu :P Mais tu peux faire le même genre de trucs basiques que moi sans qu'on t'explique grand chose^^

5
L'Art / Carte Magic
« le: mardi 30 décembre 2008, 00:18:20 »
Voila, I'm happy, Muchuu vient de m'expliquer comment on faisait des cartes magic, alors autant les caser quelque part^^
Merci Muchuu :P

Coup d'essai :

6
[Merci :P
Dis-moi, Ashnard, c’est aussi de Fire Emblem, ou j’me fais des idées ?]


Séraphina se fendit d’un très large sourire. Lancer une attaque surprise sur le campement de peut-être des dizaines ou des centaines d’hommes dotés de la technologie tekhane ? Ça ressemblait un peu trop à un baroud au goût de la prêtresse défroquée, et elle avait presque envie de ne pas être d’accord. Elle n’avait pas particulièrement envie de devenir célèbre, de laisser son nom dans les anales, à la différence de sa jeune chef. Tout ce qu’elle voulait, c’était être tranquille, mais ça, c’était définitivement impossible. Et pas tout à fait vrai, en fin de compte, elle voulait aussi se rappeler son passé. Briser ce foutu mur blanc dans son esprit.
Mais Jessie Wild était quelqu’un d’exception, avec ce petit quelque chose qui fait que les entreprises les plus folles deviennent soudain réalisables. Se lancer à l’assaut d’un camp probablement fortifié ? A trois contre le reste du monde ? Avec juste assez d’informations pour tomber dans un piège ? Ben ouai, qu’est-ce qu’on attend ?

-Bien dit, Jessie Wild, répondit-elle. On se lance à leurs trousses et on les encercle, puis on les achève un à un…

Entrer dans la légende… Effectivement, ce serait un beau coup d’éclat, la plus grande aberration stratégique de l’Histoire, on ne pouvait pas rêver de plus bel effet de surprise. Et entrer dans la légende ? Jessie ne l’avait pas dit à voix haute, mais c’était clairement sous-entendu. Entrer dans la légende, quel intérêt ? En revanche, leur apprendre la douleur, à ces bandits ? Ces connards qui entendaient les capturer ? Ou peut-être les tuer ? Séra sentit la colère bouillonner en elle, sensation rare pour une personne calme et posée comme elle, mais ô combien délectable, un doux nectar qui se répandait dans ses veines.

-Je n’ai aucune idée d’où ils se terrent, je ne sais même pas qui ils sont, Jessie. Ils sont juste à ne pas prendre à la légère, mais en même temps, ils meurent comme n’importe qui. Il faudra penser à en laisser un ou deux en vie, qu’ils puissent répandre la nouvelle. C’est comme ça que naissent les légendes et que s’écrivent les contes.

Et si ça ne venait pas à ce savoir, aucune d’entre elles n’avait quoi que ce soit à gagner. Quoi que Séra ne doutait pas que l’Eglise se débrouillerait pour avoir vent de cette aventure, si tant qu’ils n’y étaient pas impliqués. Mais c’était peu probable. Ils avaient bien d’autres sorcières à traquer, et autre chose à faire que de se lancer à la poursuite d’une unique jeune femme, un vagabond avec une rose sur le bras.
Séraphina écouta attentivement tout ce que lui disait sa chef sur son arme. Elle comprenait ce qu’elle voulait dire sur Ashnard pour y avoir vécu elle-même, et n’avoir pas trop apprécié le séjour. Ce n’était pas sa première visite en territoire Ash, et elle avait appris à connaître les us et coutumes locales. Trop de règles, trop de privilégiés et trop d’injustice à son goût. Ce pays était tel qu’elle était certaine d’être mieux n’importe où ailleurs. Mais elle y était quand même revenu, après tout. Elle se demandait presque pourquoi, même si la réponse sautait aux yeux, simplement parce qu’elle allait là où elle avait le moins de chance de se faire trouver. Un peu comme ce qu’était entrain de faire Jessie en ce moment même. Aller aux devants des ennuis, plutôt que de les éviter, ça pouvait être le meilleur moyen de se faire tuer, comme le meilleur moyen de leur faire la peau. Ou de leur arracher les couilles, c’était selon.

-Un marchand qui vendait une arme comme ça à l’étalage ? demanda-t-elle. J’ai du mal à le croire…

Elle se rendit compte de ce que sous-entendaient ses paroles presque en même temps qu’elle les disait, et précisa tout de suite :

-Je dis pas que tu mens, hein, juste que c’est étonnant. Tu devrais peut-être chercher à savoir d’où il vient, un de ces jours, nan ?

Quoi qu’il s’agissait plus de sa propre curiosité que de celle de sa chef, qui ne semblait pas plus intriguée que ça par la manière dont un revolver triant des boules de feu, une sacoche créant des balle et un gant les enchantant  atterrissaient chez un armurier Ash.

<><><><><>

-Vous pourriez envoyer vos hommes avec les miens, monseigneur, susurra l’esclavagiste. Ils nous seraient utiles. Vous le savez aussi bien que moi…
-Mais je l’ai fait, O’Keefe, dit le paladin Vesimir Viciens. J’ai envoyé deux de mes hommes traquer ces femmes. Cela ne vous suffit-il pas ?
-Ils sont seuls, et n’aident pas mes hommes, et en plus, il vous en reste deux, répondit le marchand d’esclaves. Et vous.
-Bien sûr, bien sûr…Je vais prendre votre opinion en compte. Vous devriez aller vous reposer, monsieur O’Keefe, la nuit va tomber bientôt.

Emilien O’Keefe laissa le paladin là, se rendant dans sa tente, au centre du petit campement. Il fit mander son page et un repas tandis qu’il passait les lourds rabats. Dés qu’il fut seul avec lui-même, son sourire avenant déserta son visage, remplacé par un rictus haineux.
« Putain de paladin de mes deux, ça te fait bander, connard, de te sentir au-dessus des gens ? Force et honneur, hein ? Et ces pauvres barbare ignorants, on les écrase, on les méprise, tout est tellement simple dans ton monde en noir et blanc. »
Il enrageait, mais bien entendu, il ne pouvait rien dire, l’Eglise avait le pouvoir. L’Eglise était toute-puissante.

-Monsieur, je peux entrer ?
-Ouai…

O’Keefe s’exhorta au calme tandis que le jeune page poussait les tentures, portant avec lui un plateau en argent qui supportait du fromage de chèvre, du pain (mais pas frai, il faudrait faire avec), de la viande grillée, une coupelle de noix, une de dates et un pichet de vin rouge. Il fit poser les mets sur une table, s’assit en face dans une chaise en bois inconfortable.

-Petit, tu veux gagner ta liberté ?

Le page ouvrit la bouche, mais ne dit rien, complètement soufflé. S’il avait un jour pensé qu’on lui ferait une offre pareille, après que les créanciers de son père l’aient emporté cinq ans plus tôt ! Il aurait juré que le soleil ne brillerait plus jamais. Mais son coucher, ce soir-là, était soudain plus étincelant, il en sentait la chaleur à travers l’épaisse toile de la tente.

-Réponds-moi quand j’te parle ! cracha l’esclavagiste. Tu veux, oui ou non ?!
-…oui monsieur.
-Bon. Approche-toi.

Le jeune page s’approcha pour écouter ce que son maître avait à lui dire. Pendant ce temps au-dehors, Vesimir entendait un rapport de situation de ses deux hommes envoyés patrouiller. Comme de bien entendu, ils n’avaient rien trouvé sur leurs proies, si sur leurs auxiliaires, d’ailleurs.

-Continuez à ouvrir l’œil. On ne sait jamais ce qu’ils peuvent tenter. C’est compris ? leur dit-il par son comlink.
-A vos ordres.

Viciens marcha à travers le camp, peu rassuré. Il avait un mauvais pressentiment. Comme Jessie qui s’était sentie observée beaucoup plus tôt dans la journée, lui-même, en vieux chien de guerre, sentait venir les emmerdes comme d’autres sentaient venir les orages.

-Paz, Boma, toujours rien ? demanda le paladin.
-Rien chef, répondirent les deux hommes. On continue de patrouiller.

Le paladin ne dit rien de plus. Il demandait un rapport si fréquemment qu’il n’écoutait presque plus les réponses. Il s’assit, dans le jour mourant, face à une table sur tréteaux, et mordit dans un bout de fromage jaune et dur laissé là. Il le mâchouilla sans entrain en passant la journée en revue. D’abord, il trouve quelqu’un capable de l’aider pour capturer sa cible. Puis cette dernière vient obligeamment lui signaler sa présence dans la même ville que lui. Alors, ni une ni deux, il se lance à sa poursuite, et là retournement de situation ! Après les avoir trimballés sur des lieues et des lieues, la sorcière se débrouille pour trouver deux congénères et tuer trois de ses hommes, et cinquante de cet esclavagiste. Puis elles s’envolent. Elles partent d’un côté, brouillent les pistes, et…ensuite ? Partent de l’autre ? Possible, même si les hommes d’O’Keefe avaient ratissé toute la zone, elles pouvaient s’être cachées très facilement. Mais ça déboucherait sur un cache-cache sans fin. D’un côté, il y avait leur point de départ, de l’autre, la passe du diable, et là où ils voulaient faire croire qu’ils étaient allés, d’un troisième, il y avait la majorité des miliciens qui patrouillaient, et enfin, il y avait eux.
C’était un raisonnement très simpliste, il y avait mille moyens de passer par d’autres chemins que ceux-là, mais en fait, il était sûr que ça se remmenait à ça. Il n’y avait vraisemblablement que deux destinations viables.

-Paz ! appela-t-il dans son comlink.
-On a toujours rien…
-C’est pas pour ça, le coupa-t-il. On a eu des nouvelles des gus en direction de la passe du Diable ?
-Aucune chef, mais ça veut rien dire, le temps de se rendre assez loin pour pouvoir revenir le cœur léger, ils en auront pour un moment.
-Rattrape-les et fais leur boulot.
-Vous aviez pas dit qu’elles n’ont pas pu aller là-bas ?
-Je n’en suis plus aussi sûr, rétorqua le paladin. Boma ? Tu balayes les alentours du camp. Oublie les hommes d’O’Keefe, concentre-toi sur les femmes, maintenant.
-Ok chef, vous pensez quand même pas qu’elles pourraient attaquer ?
-Non, aucune chance…

Il coupa la communication, et passa en revue les défenses du campement. O’Keefe n’y avait laissé que vingt hommes, et ils étaient trois paladins sur place, plus deux dans la nature, dans un proche. Mais intellectuellement, il était convaincu qu’elles n’attaqueraient pas. C’était juste une impression désagréable que ses directives occultaient.
Il y avait une palissade, mais pas de fossé, et des sentinelles, ainsi qu’une porte pratiquée dans l’enceinte. La relève devait être entrain de se faire, la prochaine serait dans trois heures, et ainsi de suite. Mais même si ces hommes étaient de bons combattants – ils l’avaient prouvé – ils n’étaient pas des soldats et c’est ce qui inquiétait le paladin.

<><><><><>

-Bien vu Jessie, souffla Séra dans la nuit.

Il n’y avait pas de vent, mais il faisait quand même froid, et elle frissonna, allongée dans l’herbe, sous les arbres, encore assez loin du camp. Mais ils ne pouvaient pas s’approcher. Il avait été dressé dans une clairière et les hommes avaient passé la journée à déboiser un maximum. Il y avait cinq cent mètres de terrain dégagé jusqu’au campement, non loin d’une rivière qui avait dû fournir leur eau aux bandits qui avaient attaqué les trois femmes.

-Une tactique ? demanda celle aux cheveux couleur de neige. Ou on fonce dans le tas ?

Cinq cent mètres, ça faisait beaucoup, même quand on ne combattait que des flèches et des carreaux, or ce n’était pas le cas ici. Il y avait une palissade, mais Jessie pourrait la faire brûler, cependant, ça dévoilerait à coup sûr leur position. En revanche, ça sèmerait la confusion, mais il y avait sans doute des patrouilles hors du camp, ils n’avaient aucune raison de s’attendre à être attaqués. En même temps, ils pouvaient espérer semer la zizanie, prendre la place avant que les renforts n’arrivent, puis la défendre, mais des hommes avec des armes tekhanes avaient sans doute aussi leurs moyens de communications.
Elles pouvaient aussi utiliser la rivière, la nuit était encore jeune, et elles pourraient s’approcher de la palissade bien avant que le soleil ne se lève de nouveau, mais ça avait dû être pensé, et la surveillance à cet endroit était probablement doublée par rapport à celle du reste du camp, de même qu’à la porte. Mais en même temps, ils étaient en effectifs limités, à tous les coups, car la plupart des hommes devaient être à leur recherche. Ce qui impliquait soit une surveillance générale relâchée, soit des tours de garde plus longs, donc plus éprouvants. Savoir quand se faisait la relève pourrait les aider, mais en même temps, plus elles restaient cachées ici, plus elles courraient le risque de se faire repérer par une patrouille.

7
Zoli^^ Comment on fait ça ? Tu prends une image de carte préexistante ou tu crées tout ? Tu peux m'expliquer rapidement ? xD

(Sinon, ia une tite faute d'orthographe "aimait ses représentantes sur etc" ; "des proies [...] intéressantes.")

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Les landes dévastées / Re : La grande aventure chap. 2 (g2)
« le: lundi 29 décembre 2008, 14:51:35 »
Il fallait reconnaître à Shaeg comme à Hibari qu’ils ne se répandaient pas en paroles inutiles. Ils étaient même plutôt d’un genre taciturnes, à ne pas dire grand-chose, ils semblaient absorbés par d’autres pensées, loin de l’instant présent et de la réalité. En fait, seule Victoria avait l’air d’avoir la tête à leurs problèmes actuels. Etonnant, quand on savait qu’elle était une morte-vivante, et qu’elle ne craignait donc rien de ce qui pouvait leur arriver. Elle souffrait comme tout le monde, mais elle ne mourrait pas, quoi qu’il advienne.
En tout cas, ce fut la seule qui répondit à la jeune femme aux cheveux de neige, lui intimant de descendre de son canasson. Séra obéit, s’approchant de la vampire, cherchant la carte des yeux. Elle se doutait que le petit objet qu’elle tenait dans la main, de quelques centimètres à peine, devait avoir son utilité, cependant, elle était incapable de dire laquelle. C’est pourquoi, quand une image parfaite de la région apparut, reprenant chaque dénivellation avec des indications précises au mètre près, agrémentée de lignes de niveau et de figurés représentatifs du type de terrain, le tout parfaitement clair, elle eut comme un sursaut à moitié réprimé. La technologie tekhane, bien sûr. Elle ne s’y ferait jamais… Elle observa cependant en détails la carte holographique, renonçant à essayer de comprendre le fonctionnement de cet objet. Quelqu’un avait dit un jour quelque chose du genre « passé un certain seuil, la technologie est indiscernable de la magie ». Ce type ne devait pas imaginer à quel point il avait raison…
Quand Victoria parla à la jeune femme, c’était d’une manière tout à fait normale, cependant,  la jeune femme avait l’impression qu’on lui chuchotait à l’oreille. Sans doute à cause de la teneur de ce que lui racontait la vampire. Il fallait avouer que ce n’était pas très gai. Mais ils savaient dans quoi ils s’engageaient dés le début. Enfin, vaguement…

-Effectivement, rien de tout ça n’est très engageant, convint la jeune femme. Tu as raison, pour l’itinéraire, inutile de nous faire remarquer plus que nécessaire, et surtout, inutile de risquer nos vies pour la beauté du geste. De toute façon, je te suis, tu as plus d’expérience de la guerre que moi.

Séra observa leur site de campement. En regardant sur la carte qu’elle faisait zoomer ou dézoomer d’un geste des doigts, elle put s’assurer qu’ils ne trouveraient pas mieux avant la tombée du jour. La nuit avait l’avantage d’être la période de prédilection de Seras Victoria, ce qui les sécuriserait grandement, car la nuit était toujours une condition favorable pour une attaque surprise. Avec un vampire parmi eux, ce serait au contraire le plus mauvais moment. Surtout quand on voyait ce qu’elle portait sur le dos.
Capitaine ? Séra eut un petit sourire. Elle ne s’était pas vraiment vue prendre la tête des opérations, même si d’un côté, c’est ce qu’elle avait fait, plus ou moins sciemment. De toute façon, elle doutait que les autres acceptent son autorité tranquillement. Et en fait, elle s’en fichait, elle n’avait pas l’âme d’une meneuse d’hommes, elle n’avait pas de vrai sens de la tactique, plutôt un fort instinct de survie.
Mais on verrait bien. Cependant, elle était en désaccord avec la vampire. Leurs frères d’armes en devenir avaient peut-être l’air de guerriers prétentieux qui pétaient plus haut que leur cul, il n’en empêchait qu’ils devaient tous avoir un certain potentiel. Séra ne leur faisait pas confiance. Mais Stag le Vampire lui avait fait bonne impression, et il n’avait pas dû choisir une bande de ballerines pour se lancer dans une entreprise suicidaire comme ça.

-Je pense que tu te trompes sur leur compte. Le gamin aux oiseaux a l’air de taper fort, même s’il manque un peu de retenue, je le verrais bien en berserk, et le misanthrope doit se valoir aussi. Mais bon, c’est pas faux, le nombre nous fait cruellement défaut. Bon… On repart ?

Tandis que Seras rangeait sa carte, Séra vérifia que sa gunblade coulissait bien.

-Au fait, merci de t’inquiéter pour moi, dit-elle avec un franc sourire.

Elle sauta en selle et reprit la marche vers leur futur campement. Elle s’étonnait sans cesse de sembler être la seule à avoir pris un cheval. Elle transportait avec elle, outre une épée, une gunblade, un jeu de poignards, des balles, un violon, une flute, plusieurs cartes et du matériel de calligraphie, elle avait donc bien besoin des bâts d’un cheval pour l’aider à porter tout ça. Quoi que Seras se baladait avec ses cent kilos habituels de barda, et ne s’en plaignait pas plus que ça.
Elle lui proposa de porter un peu de ses affaires tandis qu’elles marchaient.

<><><><><>

-Bon, on campe ici ?

Il ne faisait pas encore nuit, il leur restait assez de temps de soleil pour chasser et ramasser du bois pour le feu. Le plus gros inconvénient était qu’il n’y avait pas l’ombre d’une forêt à perte de vue, et que le plus gros gibier du coin devait être le crotale. Les bêtes gigantesques qui avaient laissé ces squelettes grandioses étaient disparues depuis des lustres.
Peut-être n’avaient-elles jamais existé ? Cette pensée étonnante traversa Séra comme un éclair, et disparut aussi vite, sans qu’elle puisse déterminer ce qui l’avait motivé. En effet, c’était stupide : comment auraient-ils pu arriver là ?
La jeune femme descendit de son cheval, guère étonnée de ne pas entendre des conversations enjouées entre ses compagnons. Elle défit le paquetage de sa monture grise, et les posa au sol. Leur campement était en fait un unique rocher jaillissant du sol, il formait une cavité trop petite pour être qualifiée de grotte sur un de ses flancs, elle était creusée en son centre d’un canal, lit asséché d’une rivière ancienne qui débutait au fond de la cavité. Il n’y avait plus que de la poussière. Le sol était recouvert d’une matière qui ressemblait à
de la poudre d’os
du sable blanc mais avait une consistance  plus proche de celle de la farine. Un crâne était posé au sommet du rocher, comme une ancienne sentinelle oubliée. Il avait une forme étrangement humaine, mais en bien plus grand, avec un front court et une mâchoire au contraire très longue, un menton bas. Il fixait l’horizon, ce
crâne de titan
vestige de temps anciens, aux orbites vides, et il ne voyait rien. Il était relié à une colonne vertébrale qui descendait sur toute la longueur du rocher et s’enfonçait dans le sol, mais on ne voyait aucun autre os, et elle était brisée en son milieu, dévoilant un intérieur creux, depuis longtemps dépourvu de toute moelle. On pouvait aisément y enfoncer le poing.

-Je propose de prendre le premier tour de garde, Seras le second, Shaeg le troisième, et Hibari le dernier, ça vous va ?

Elle avait dit ça tout en cherchant des yeux du bois, n’importe où, qui pourrait leur permettre de se réchauffer. Les températures étaient acceptables le jour, ni très hautes ni très basses, mais elle avait le sentiment que la nuit serait glaciale.
Quant aux tours de garde, ils n’avaient pas été choisis au hasard. Simplement, le premier et le dernier étaient les plus agréables, car permettant de faire son sommeil d’une traite. Seras étant une vampire, il semblait normale de considérer qu’elle se sentirait aussi bien à n’importe quel moment, et Shaeg avait l’air solide. Et puis, Seras en première, car ça lui ferait une plus longue tranche de sommeil avant le départ sous un soleil qui l’affaiblissait légèrement.

-Je me demande ce qui a pu créer cette cavité…dit-elle finalement. Trop régulier pour être naturel, mais qui irait creuser ici dans du granit ?

9
Archives / Re : Une idée qui sort de mon petit cerveau, besoin de candidats.
« le: mercredi 24 décembre 2008, 00:02:12 »
Oh tu sais, ia pas que forumactif dans la vie :P Malheureusement, j'ai plus de noms en tête, mais je sais qu'il y a es hébergeurs qui acceptent tout à fait les forums hentai. Ouai, faudrait chercher quoi, bon, c'est sûr qu'il y aura pas la palanquée de jolis thémes par défaut de forumactif, mais tfason, les thèmes par défaut, ca a aucune personnalité :P

A part ca, je compte pas spécialement m'impliquer dans la création d'un fofo, mais à titre de suggestion, je pense qu'un petit univers steam-punk serait plus original qu'un médiéval, et XIXè, je vois pas trop ce qu'il y a d'exploitable à cette époque. Mais d'un autre côté, moi et l'histoire...Je crois que c'est l'époque de la première révolution industrielle ? Mais c'est pas aussi pratique qu'une bonne guerre médiévale ou une relation serf/seigneur, selon le genre qu'on recherche.


10
Archives / Re : Une sugestion pour les point de kamasutras
« le: mardi 23 décembre 2008, 18:21:39 »
Personnellement m'en fous un peu de savoir qui donne des points et pourquoi, en revanche, quitte à instaurer ce système, il faut demander une explication pour les points tant négatifs que positifs, c'est pas la peine sinon.

11
L'Art / Re : Demande de sign pour Honey-chan ~
« le: mardi 23 décembre 2008, 02:10:12 »
Le problème vient peut-etre de moi mais je vois un lien mort et 3 images bannies xD En espérant que ca vienne pas de moi, parce que ca me ferait bien chier, tu devrais essayer en changeant d'hébergeur, c'étaient des images nues ?

12
Il ne lui arriva rien, car, s’il restait des poursuivants des trois femmes maintenant lancées à une allure folle sur les routes poussiéreuses des contrées du Chaos, ils n’avaient apparemment pas eu le temps de se remettre de leur cuisante déroute. Mais Séra en doutait. D’une, parce qu’ils n’avaient aucune raison de supposer qu’une attaque bien pensée, avec une supériorité numérique et technologique pareille, puisse échouer. Ensuite, parce qu’ils ne pouvaient pas être une armée non plus, et la route était encombrée de dizaines de cadavres là où ils avaient livré bataille. Du coup, la jeune chef des Fangs put réarmer son colt en toute quiétude, sans doute tout en s’inquiétant, mais sans que ses craintes ne se révèlent fondées.
Jessie fermait la voie et Sekhmet l’ouvrait. Séraphina se laissait guider, elle ne savait pas par où elles se rendaient. Sa plaie au flanc, juste bandée, s’était remise à saigner, et la douleur revenait. Elle regrettait d’avoir refusé des antalgiques que lui avait proposés la terranide sous la tente, et en plus, les points de suture à son front n’avaient pas tenu, et ce dernier se remettait à cracher du sang, qui lui masquait régulièrement la vue, si bien qu’elle devait souvent se nettoyer le visage.

-Tu peux me dire où est-ce qu’on va ? lança-t-elle en criant à Jessie.

Parce que bon, « à l’opposé de la passe du Diable », c’est bien beau, mais ça manque sensiblement de précision. Et puis, bon, elle était terriblement curieuse. Cependant, elle n’en restait pas moins sur le qui-vive, d’autant que la région devenait progressivement plus verdoyante tandis qu’elles s’éloignaient des terres dévastées, mais elle ne repérait rien de menaçant. Il n’y avait définitivement rien alentours.

-Jessie, comment tu as eu ton arme ? demanda-t-elle finalement. Si je suis pas folle, tu nous as tiré des boules de feu, avec ce truc, or, même les meilleurs artisans ne savent pas faire des balles de ce genre. C’est une arme tekhane ?

Au passage, celle de Sekhmet ne lui semblait pas beaucoup plus nexane, ou ash, mais elle jugeait celle de sa chef beaucoup plus intéressante.

.-.-.-.

-Alors ? Où elle est ?!

Le page semblait sr le point de défaillir. Il avait les yeux exorbités et ses genoux s’entrechoquaient. En cet instant, il regretta presque d’être le dernier survivant, se disant qu’il aurait sans doute été plus simple qu’il succombe, plutôt que de rapporter ce qu’il avait vu à sire Viciens et O’Keefe.

-Elle s’est enfuie, m’sieur O’Keefe, répondit-il. Malgré l’aide des hommes de sieur Viciens, nous n’avons pas réussi à les arrêter.
-Crétin ! s’emporta l’esclavagiste.

Il donna une violente claque du revers de la main qui envoya bouler le jeune page quelques pas plus loin. A ses côtés, le paladin de l’Ordre immaculé Vesimir Viciens ne broncha pas, gardant son regard impassible, son masque d’homme froid et détaché qu’il ne quittait jamais, même dans sa plus stricte intimité, de peur d’y instiller une défaillance, si bien qu’il était devenu sa véritable nature, et l’ancien « lui » avait purement disparu.
Le page, un jeune garçon de quatorze printemps tout au plus, avait des larmes plein les yeux, mais se retenait de pleurer. Il savait que ça ne servirait à rien devant son maître, en fait, il devait même s’estimer heureux, pour un esclave, il était plutôt bien traité. C’était parce qu’il courait vite, savait se faire discret et était doté d’une humilité qui confinait à la soumission.

-Je suis désolé monsieur, vraiment, mais c’est une démone ! Une E.S.P.er ! Et l’autre femme, celle qui dirige les Black Fangs, elle tirait des trucs insensés avec un revolver ! Elle tirait du feu, et de la glace, et moi j’…

Un coup de pied qu’il reçut au creux de l’estomac lui coupa la parole et il toussa plusieurs secondes en essayant de retrouver son souffle, ses larmes coulant cette fois franchement.

-Arrête de me prendre pour un con, esclave, je me demande vraiment pourquoi j’essaye d’être bon avec toi, si je ne peux même pas compter sur ta franchise !
-Mais maître, je ne…
-Suffit ! le coupa de nouveau l’esclavagiste. Et cesse de me donner du « maître » quand tu veux me concilier, petit hypocrite, et maintenant, retourne dans ton chariot et nettoies la cage de Gillot, il a claqué.

Cette fois, le page ne protesta pas et se leva pour partir en courant vaquer à sa tâche. Il savait ce qu’il avait vu, assurément, quoi qu’en dise O’Keefe. La mort de Gillot fit redoubler le torrent de larmes qui trempait sa chemise crasseuse. Il aimait ce bonhomme, un des rares esclaves cultivés, qui lui avait appris à lire et écrire en traçant les lettres dans la poussière. Il vrai sage, et qu’il ait été réduit à la servitude était une perte pour l’humanité toute entière, le jeune page en était convaincu.
De son côté, O’Keefe fit quelque pas en compagnie du paladin de l’Ordre.

-Monseigneur, je suis désolé pour les propos du garçon, il a dû être abusé par ses sens, mais je ne comprends pas du tout comment nos hommes ont pu être vaincus par ces trois femmes.
-Non, je ne crois pas qu’il mentait. La femme que je recherche est une sorcière, et il ne serait pas étonnant qu’elle en ait trouvé d’autres pour l’aider. Le mal s’attire, O’Keefe, c’est comme ça qu’il devient puissant et dangereux, et c’est pourquoi des gens comme moi doivent intervenir. Elles sont tout de même étonnantes, n’est-ce pas ? L’attaque était bien pensée, je suis assez content de la coordination de nos unités, si votre précédent messager nous a rapporté l’exacte vérité. La caravane, c’était prévu à l’avance, pour avancer discrètement, mais les encercler comme cela, faire diversion, et ensuite s’approcher presque au contact…Votre milice est au-dessus de ce à quoi je m’attendais venant d’Ashs.
-Grand merci, votre pureté. Je serais aussi heureux que vous de voir cette femme tombe, elle sera parfaite un collier autour du cou, et un homme au bout de sa chaîne pour la mâter, pas vrai ? J’ai entendu dire qu’elle avait tué des hommes d’Eglise, est-ce bien vrai ? Comment ça s’est passé ?

Le paladin lui narra brièvement comment la sorcière avait abusé ceux qui s’occupaient d’elle au couvent, et avait abattu froidement les hommes et femmes qui avaient tenté depuis sa naissance de la préserver du Malin et de purifier son âme. Comment elle avait usé de sa magie infâme pour faire des dizaines et des dizaines de mort, et fuir ensuite come une lâche, refusant d’affronter la responsabilité de ses actes. Le marchand d’esclaves ne fut pas plus choqué que ça. Il n’était pas étonné, venant de la femme qu’il traquait, et en même temps, il s’en fichait, tout ce qui comptait, c’était que l’Eglise l’aidait, et l’Eglise avait la technologie Tekhane. Pour sa part, il lui expliqua comment elle avait abattu des hommes à lui qui voulaient la capturer, avant de se laisser faire pour, une fois dans une cage, en abattre un plus grand nombre encore tout en libérant ses propriétés. Elle avait même tenté de le tuer ! Il enrageait rien qu’à ce souvenir, et à la peur qui lui avait étreint la poitrine tandis qu’il craignait pour sa vie, malgré les paroles bravaches qu’il avait alors lancées, et l’épée qu’il avait eu en main.
Mais elle avait fini par faire une erreur, et se faire repérer par la garde dans sa propre ville de résidence. Il était un marchand prospère, et il avait de bonnes relations, l’information lui était vite parvenue. Ça n’aurait peut-être pas suffi à le lancer à sa poursuite, mais il recevait justement chez lui une section de huit paladins qui traquaient la femme. Ils s’étaient donc lancés conjointement sur ses pas.

-Comment allons-nous procéder maintenant ? demanda l’esclavagiste. Il me reste une cinquantaine d’hommes, et je crois que vous avez encore quatre paladins, n’est-ce pas ?
-C’est exact. Attendez-voir.

Viciens héla un de ses hommes et lui demanda une carte qu’ils posèrent à plat sur une table du campement qu’ils avaient monté, au-delà de la limite des landes dévastées.
Les cartes dont disposait l’Ordre impressionnaient sincèrement O’Keefe. En fait, même le papier l’impressionnait, parfaitement rectangulaire  et plus solide que celui qu’on trouvait en Ashnard, il était lisse au toucher et ne craignait pas l’eau, un des paladins s’était amusé à en verser dessus pour l’impressionner. Ça avait marché.

-Nous sommes ici, dit Viciens en désignant un point de la carte précise au mètre près. Algul a suivi cette route depuis Ashnard à travers les landes dévastées, et a probablement rencontré l’autre femme autour de cette zone (il désigna du doigt une portion de la route). Ensuite, elles sont sorties des landes, et ont fait un arrêt, sans doute pour soigner des blessures, dans les champs de blé, par ici. Puis nous avons attaqué, arrivant d’Ashnard. Les chevaliers de la garde qui nous précédaient ont dû abandonner la poursuite je suppose ?
-Je ne sais pas trop, répondit O’Keefe. Nous ne les avons pas croisés, mais ils auraient forcément dû tomber sur les fugitives en continuant tout droit. On peut supposer qu’ils se sont perdus, peu probable, ou qu’ils ont rencontré un monstre quelconque et ont été décimés, beaucoup plus envisageable.
-Hum hum…Bon, d’après vos informations, elles auraient pris la direction de la passe du Diable, c’est ça ?
-Oui.
-ça me parait étonnant. Regardez, elles n’ont pas pris l’itinéraire le plus direct en se rendant dans ces champs de blé. Je comprends l’avantage tactique qu’il leur octroyait, mais est-ce que ça justifiait un détour de plusieurs heures ? Il doit y avoir d’autres lieux comme ça dans le coin…
-Pas sûr, répondit le marchand d’esclaves.
-Admettons. La passe est un endroit inhospitalier au possible. Personne ne la traverse, les rares explorateurs qui ont dû réussir l’exploit étaient accompagnés de petites armées, et ils y ont laissé du monde. Aussi fortes soient-elles, ce serait de la folie que d’agir ainsi. Non, je ne pense pas qu’elles aillent là-bas, mais dans le doute, nous devrions quand même y envoyer une patrouille. Je n’ai guère d’espoir, mais que donnent leurs traces ?
-Elles partent vers la passe sur une courte distance, mais elles finissent par disparaître, elles les ont masquées.

Le paladin hocha la tête. Une patrouille partit vers la passe mais sans grand espoir, tandis que des groupes d’éclaireurs tentaient de couvrir la région de la manière la plus efficace possible. Il n’y avait guère de chance de retrouver un groupe aussi restreint de personnes aussi futées, à moins qu’elles ne perdent subitement de leur jugeote et n’empruntent les grandes routes, mais tout méritait d’être tenté. Les cinq paladins, en comptant leur chef, se mêlèrent à la chasse. A eux seuls, ils représentaient le meilleur atout des traqueurs. La milice d’Emilien O’Keefe ne suffirait jamais à arrêter les femmes.

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Les landes dévastées / Re : La grande aventure chap. 2 (g2)
« le: lundi 22 décembre 2008, 21:03:13 »
Séraphina observa l’horizon, une main en visière, cherchant à discerner quelque point de repère pour se situer sur sa carte. Mais il n’y avait rien, les landes dévastées n’étaient qu’une morne étendue infinie parcourue d’éminences rocheuses, un vaste désert tantôt brûlant, tantôt glacial et toujours inhospitalier, balisé de squelettes gigantesques de monstres gargantuesques qui n’étaient plus depuis longtemps, polis par le soleil et récurés par les charognards.
Dans ce monde mort, le bruit des pas du hongre gris de la femme aux cheveux de neige résonnaient sinistrement. C’était peut-être le fait de l’atmosphère lugubre, ou alors parce que les membres du groupe ne se connaissaient presque pas, mais depuis leur départ des trois fusillés, quelques heures plus tôt, ils n’avaient presque pas parlé.
Le petit groupe avait passé les deux journées vacantes à diverses occupations. Séra n’avait pas fait grand-chose. Elle avait demandé quelques renseignements sur ce Bélial à leur employeur, et avait repris des annotations de la carte de ce dernier sur la sienne, plus récente mais néanmoins un peu imprécise car achetée à bas prix. Les meilleurs cartographes faisaient payer leurs œuvres une fortune, et elle évitait Tekhos, même s’ils étaient de loin les meilleurs, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, elle avait entendu dire que c’étaient des machines qui faisaient leurs cartes avec une précision inégalable.
Elle avait aussi quelque peu fait connaissance avec ses compagnons de voyage, mais beaucoup n’étaient guère loquace. L’homme aux oiseaux se nommait Hibari, et le grand à l’air pas commode, Shaeg. Les deux étaient sans doute de bons combattants, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir mal à l’aise en leur présence, peut-être justement à cause de leur talent : s’ils décidaient de toucher la prime sur sa tête…
En revanche, avec Seras, ça allait mieux, elle la connaissait un peu et ne doutait pas d’elle. Bon, elle ne se sentait pas exceptionnellement proche de la vampire, mais c’était son alliée la plus sûre. Elle sentit un malaise lui étreindre le cœur. Avait-elle bien fait de se lancer dans cette aventure ? Elle en doutait un peu. Elle allait risquer sa vie, et si la récompense serait à la hauteur de ses efforts, si Stag le Vampire était à la hauteur de ses espérances, elle n’était cependant plus sûre d’avoir réellement envie de faire ce qu’elle allait faire. L’excitation de l’instant, attisée par la curiosité et le mystère consciencieusement entretenus par son employeur, avait disparu. L’éclipse s’était terminée et le jour était revenu, et elle avait eu deux jours pour cogiter.
De ses bâts, elle tira une boussole et vérifia qu’ils suivaient toujours le bon itinéraire, à défaut de pouvoir se repérer précisément. Plein est vers Bélial et ses hordes.
Au loin, elle discerna un début de vallonnement du terrain, avec l’apparition de formations rocheuses plus importantes que ce qu’ils voyaient depuis un moment. Cela leur offrirait une protection contre le vent qui soufflait par ici, même s’ils y arriveraient avant la nuit. Elle estimait qu’il leur faudrait cheminer encore deux à quatre heures, selon leur rythme. Mais s’il n’y avait rien d’autre de viable à la ronde, et étant donné que le temps ne pressait pas excessivement, il leur faudrait sans doute camper là-bas. Par ailleurs, l’éminence rocheuse offrirait un bon point de vue au guet.

-On a des provisions pour combien de temps ? demanda-t-elle au groupe. Quelqu’un sait précisément où on est ?

L’idée de se perdre dans ces vastes étendues mortes l’angoissait, bien qu’elle se refusât à l’avouer, et elle aurait été heureuse de pouvoir laisser le soin de se repérer à quelqu’un d’autre, si quelqu’un se proposait de la relever.

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L'Art / Re : Commentaires sur "Et ils firent boom" de Seraphina
« le: samedi 20 décembre 2008, 14:07:31 »
Merci^^

Pour la météorite, c'est un peu ce que ca va etre en effet.

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L'Art / Et ils firent boom
« le: samedi 20 décembre 2008, 13:40:14 »
Bon, voilà un début de nouvelle, qui avance bien lentement, sur le premier contact Tekhans/fourmilière, en espérant que ça plaira.

[Je donne aux Tekhans 120 ans d’espérance de vie, donc 120 ans pour eux c’est 80 pour une femme française et 75 pour un homme (il me semble), et 60 ans pour un Tekhan, ça nous fait 40 ans chez nous, mais bon, c’est des estimations au pifomètre ça hein, prenez pas au sérieux surtout :P ]


Nouveau jeu, nouveaux ennemis, nouvelle guerre

-Commandant de la réserve Duncan Idaho ?

Le vieil homme leva les yeux de sa tasse de thé. Il se gratta le front du bout d’un ongle en observant, un sourcil levé en signe de perplexité, celui qui venait de le déranger. Duncan Idaho, c’était bien lui, il pouvait en jurer, mais « commandant de la réserve » ? Cela faisait bien des années qu’on ne l’avait pas appelé ainsi. Commandant Idaho, officier navigateur sur gear d’assaut, comme on disait, ce qui se traduisait en langage profane par « pilote d’une armure assistée de combat ». Une grosse armure assistée, le genre qui faisait dix mètres de haut, et tirait avec des armes de poing l’équivalent de ce que pouvait balancer un fusil anti-matériel.

-C’est bien moi sergent. Que me veut l’armée ? Ça doit bien faire trente ans que je n’ai pas fait mon mois réglementaire, ça me parait étonnant qu’on se souvienne subitement de moi.
-Hé bien…

Le sergent, un petit jeune qui n’avait pas dû sortir du rang depuis bien longtemps, semblait gêné. Duncan eut un sourire. Il avait la réputation d’une légende vivante. C’étaient des conneries, il le savait, et tous ceux qui le connaissaient le savaient aussi ; il n’était plus grand-chose aux yeux du matriarcat.

-Crachez le morceau, sergent, je ne vais pas vous manger.
-Mon commandant, je suis mandaté par le général de brigade Galice Ganida. Sur sa demande, veuillez réintégrer les forces régulières, avec le grade et la prime qui correspond à votre grade et un commandement de deux escadrons de gears.
-Ce qui nous fait deux cent quatre-vingt gears ? demanda l’ancien militaire d’un air pensif. C’est une lourde responsabilité. Et vous n’avez toujours pas répondu à ma question, sergent, pourquoi désire-t-on me réintégrer à l’armée ? Vous avez l’air d’un garçon intelligent, vous n’êtes pas venu sans jeter un œil à mon dossier, si ?
-J’ai effectivement parcouru votre dossier, mon commandant, et il est exemplaire, si l’on omet l’incident qui vous a valu votre…euh…mutation.

Duncan eut un petit rire. Il s’enfonça plus profondément dans le fauteuil ne plus confortable de son appartement au cent treizième étage d’une tour de la périphérie de Tekhos. Le sergent Styx, avec qui il devisait, avait accepté de s’asseoir, mais même dans un siège confortable, il était raide comme au garde-à-vous. Il suffisait de le voir pour que l’ancien combattant ne regrette pas sa vie de militaire. Mais il avait soixante ans maintenant, et même sans cette rigueur qui semblait appartenir à une autre époque, l’idée de réintégrer le personnel navigant ne l’emballait guère, même pour son ancien grade.

-Vous savez donc que je n’ai aucune raison de ressentir la fibre patriotique. Et de plus, votre supérieure n’a pas spécialement de raisons non plus de ressentir le besoin de m’avoir près d’elle. En fait, j’aurais tendance à croire qu’elle ne m’aime pas trop.
-Nous avons besoin de vos capacités, mon commandant. Je ne suis pas habilité à nous en dire plus, principalement parce qu’il s’agit là de tout ce que je sais. Aussi, si vous voulez bien me suivre, vous serez tenu au courant de tout ce que vous avez besoin de savoir quand nous serons entrés en contact avec le général Ganida. Elle vous briefera elle-même.

_~°~_

-Nous avons été témoins d’un événement inattendu sur nos terres. Il y a quatre jours, treize heures et quarante-cinq minutes, nous avons détecté l’approche d’un objet volant non-identifié, une entité extraterrane arrivant selon un vecteur tellement improbable que nous n’avions aucun moyen de le détecter avant qu’il ne nous rentre quasiment dedans : il arrivait à notre verticale, et nous ne l’avons découvert que quand un vaisseau de la spatiale marchande qui revenait de la troisième lune l’a aperçu sur ses écrans radar, à deux cent mille kilomètres à notre verticale, à une vélocité de trois cent kilomètres par seconde en décélération constante. Vingt minutes plus tard, l’entité pénétrait la stratosphère, à une allure réduite de un kilomètre par seconde. Cet objet inconnu aurait un diamètre d’environ cent kilomètres pour une masse de un milliard de milliards de kilogrammes. Ça, c’est les estimations de nos équipes scientifiques d’après l’observation radar de notre cargo et de quelques autres engins après lui, et l’énergie dégagée lors de l’impact avec le sol. Pourquoi un tel mastodonte n’a pas provoqué une catastrophe de grande ampleur ? Parce qu’au moment de l’impact, ce truc n’allait pas à plus de cinquante kilomètres à l’heure. Ça nous faisait quand même une énergie cinétique de cent exajoules, la végétation alentours a pas apprécié.
Cet objet volant n’a pas donné signe de vie, pourtant, nous pouvons affirmer avec certitude qu’il s’agit d’un véhicule ou d’une entité vivante, car rien ne peut expliquer la fabuleuse décélération qu’il a subie. Cependant depuis qu’il a touché terre, on a trois oiseaux dessus.

Les oiseaux désignaient des satellites géostationnaires en orbite basse. Ceux-là avaient été réaffectés à la position où l’improbable vaisseau spatial avait percuté le sol. La cuve holo afficha les prises de vue des satellites, montrant successivement un large nuage de poussière, puis – sur une photo prise dix heures plus tard – quelque chose qui ressemblait à un gros rocher qui suintait par endroits une substance liquide inidentifiable.

-Comme vous pouvez le constater, une matière s’écoule de notre géocroiseur. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’il s’agit d’un fluide organique, notamment du fait de son effet sur la faune et la flore indigène. Comme vous pouvez le voir sur cette prise de vue, elle a commencé à subir une mutation dont nous ne saisissons pas bien le fonctionnement, mais qui est très virulente. Des espèces inconnues sont déjà apparues depuis quatre jours.
Mais à part ce fluide, il n’y a eu aucune évacuation de matière. Nous ne savons donc pour ainsi dire rien du tout sur cet objet, et nous avons besoin d’un soldat aguerri pour mener une équipe de reconnaissance sur les lieux. Il nous faut un vétéran capable de supporter de lourdes responsabilités et doté d’un grand sang-froid, une personne habilitée à commander et piloter des gears, qui soit au fait des équipements de son engin et sache en tirer profit, efficace et raisonnée et surtout pouvant se débrouiller par elle-même en possible territoire ennemi sans soutien allié. En gros, commandant Idaho, il nous faut une personne comme vous pour mener le premier escadron de SPAR.

Duncan avait mis un uniforme militaire en entrant à la base Cigédon-un. Dans l’amphithéâtre où il était assis au premier rang, et où il était quasiment seul, il ne put s’empêcher de se demander s’il avait bien entendu. Après l’incident qui l’avait fait se faire reléguer comme réserviste trente ans plus tôt, il avait progressivement abandonné l’armée, et en quelques années, était redevenu un civil, même si officiellement, il devait un mois de sa vie chaque année à l’Etat.
Personne ne lui avait tenu rigueur de son désistement, connaissant son dossier, mais maintenant, le général de brigade Galice Ganida, celle-là même qui l’avait trainé en cour martiale, lui expliquait posément qu’elle avait besoin de son aide.

-Et je suis le seul à savoir faire tout ça ? demanda-t-il, dubitatif. Vous allez me dire que depuis trente, vous n’avez pas formé un seul officier des forces spéciales ?

SPAR, c’était Sections sPéciales d’Assaut et de Reconnaissance, une section de gears rattachée au commandement des forces spéciales qui représentait l’élite des troupes terrestres motorisées.

-J’ai plus de soixante-ans aujourd’hui, reprit le commandant. Je suis vieux, et je suis un homme. Je n’ai pas suivi les dernières innovations technologiques, et il me faudrait une remise à niveau pour être capable de maîtriser un gear et une autre pour reprendre mes marques en tant que chef de groupe.
-A soixante-ans, vous êtes aussi vigoureux que la plupart de nos soldats en fin de carrière, ce qui est bien suffisant, on ne vous demande pas de mener une guerre, mais de remplir une mission courte. Et bien qu’étant un homme, vous êtes notre meilleur élément, vous l’avez toujours été, et il se passera sans doute longtemps avant que l’on trouve un officier plus doué que vous, et ça, vous le savez pertinemment, comme vous savez pertinemment que vous avez suivi toutes les évolutions relatives aux armures assistées. Et, est-ce que vous n’êtes plus capable de piloter ? Je ne le crois pas non plus. Je vous demande donc, Duncan Idaho : voulez-vous intégrer les forces spéciales en tant que commandant des SPAR ?

_~°~_

On l’avait envoyé sur place pour vérifier si l’étrange astéroïde sans doute pas naturel était habité ou pas, et si oui, s’il était hostile ou pas. Duncan Idaho avait été un militaire d’exception avant l’incident qui lui avait valu sa rétrogradation, qui équivalait à une radiation masquée, ce qu’il avait bien compris.
Il était maintenant fixé sur la question, il ne lui restait plus qu’à contacter des supérieurs pour leur expliquer la situation. Mais on se demandera peut-être ce qui l’avait emmené à ses conclusions. On remonte un brin en arrière…
La nuit était tombée depuis longtemps, mais elle n’était pas dérangeante pour le groupe d’intervention. Les gears étaient équipés pour voir dans le noir le plus total. Ils avançaient dans un silence exemplaire pour un groupe de géants d’acier de dix mètres, mais il n’empêchait qu’il était facile de les repérer pour un observateur humain. Par ailleurs, le sol était spongieux, ce qui n’était pas normal en ces lieux, normalement, des terres plutôt sèches.

-Mon commandant, j’ai un mouvement à deux heures. Impossible à confirmer, il a disparu.
-Quelle taille ça faisait, Jais ? demanda Idaho.

La jeune femme sembla se concentrer avant de répondre à son supérieur. Idaho ne doutait pas qu’elle dise vrai ; de ce qu’il en avait vu jusque là, elle était excellente dans tout ce qui la concernait, tant la théorie du combat que la pratique, en fait, elle était l’élément le plus prometteur du groupe, et avait été promue caporal des SPAR dés sa sortie de l’école militaire.
Cependant, il n’était dans les cordes de personne de pouvoir noter avec précision les caractéristiques d’une forme mouvante en pleine nuit, que l’on n’aurait même pas détectée sans l’assistance électronique.

-Je ne sais pas, commandant, finit-elle par avouer. Impossible de discerner. Ça n’était sans doute rien, un animal nocturne nouveau, comme on dans la zone mutée…
-Mouai…

Justement, ils étaient dans la zone mutée, un nouveau monde en leur monde, et ils n’avaient aucune idée de ce que pouvait receler cet endroit. Peut-être apparaitrait-il de nouvelles espèces de papillons, et peut-être que l’on trouverait des monstres grands comme un immeuble et capables de ravager son peloton.

-Carring, Enola, Sapiens, allez explorer le coin, vérifiez qu’il ne s’y cache rien de dangereux, ordonna-t-il.

-Halte ! On est arrivés !

Le peloton de gears stoppa net. Ils se trouvaient au pied de quelque chose d’immense et d’entièrement inconnu. Ils pataugeaient dans une vase organique dont aucun de leurs senseurs ne pouvait dire la composition depuis presque une heure déjà, et maintenant, ils étaient au pied de leur objectif. Il était partiellement enfoncé dans le sol, et se perdait dans les ténèbres sur la droite et la gauche des soldats. C’était une petite lune, on leur avait dit que l’objet faisait cent kilomètres de diamètre. Une estimation leur indiqua que l’objet était plutôt régulier dans l’ensemble, malgré une surface recouverte de poussières spatiales très crevassée.
La terre remuée par l’impact formait comme une succession de bourrelets, on aurait dit qu’elle s’était transformée en une mer brune l’espace d’une seconde, sa surface parcourue de vagues, puis s’était figée de nouveau. Les arbres, qui n’avaient plus rien à voir avec la faune locale originelle, semblaient avoir été ballotés par une forte houle, renversés ou penchés.

-Enola, prends cinq hommes et fais le tour, puis reviens, tu m’envoies un rapport toutes les cinq minutes, dit-il dans le comlink de son engin.
-Chef, à vos ordres, dit la jeune femme avant de se lancer dans l’aventure, contournant l’imposant aérolithe.

Elle avait à peine disparu au-delà de la courbe de ce dernier que des parasites se mirent à grésiller dans les haut-parleurs des pilotes. Puis ce fut le silence, et le retour à la normale. La voix qui retentit ensuite était calme et posée, sans être mielleuse. Mais elle n’était celle d’aucun d’entre eux. C’était un des habitants du vaisseau, et contrairement à ce que tout le monde attendait, ils parlaient de paix et d’entente mutuelle.

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