Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Ike St. Cloud

Pages: [1] 2 3 ... 5
1
One Shot / Re : Earned run [Ike]
« le: dimanche 23 juin 2019, 16:32:22 »
Je te jure que je savais pas. T'es sûr que tu dis pas ça pour que je sois sympa avec toi si je gagne ?

Ike sourit de toutes ses dents blanches. Lors de ses premières apparitions TV, le jeune garçon avait un appareil dentaire. Le sourire n'était pas quelque-chose qu'on laissait au hasard lorsqu'on était chanteur. Malgré la dentition parfaite, il s'insinua dans les yeux plissés de la pop star quelque-chose d'inquiétant.

Parce qu'aucune chance.

Le jeune homme se leva brusquement et s'approcha du lycéen. Il avait beau être plus petit et considérablement plus maigre, il dégageait une énergie, une confiance qui pouvaient mettre mal à l'aise. Il passa rapidement la main dans ses cheveux pour rajuster sa mèche, sans enlever son bonnet à oreilles de chat. Il ne lâchait pas Andy du regard, faisant monter la tension. Calme, il poussa un peu sur son pantalon bleu marine – la coupe très serrée ne descendit que jusqu'à ses genoux.

Son sous-vêtement aussi était très étroit : c'était un jockstrap noir aux liserés violets, ouvert à l'arrière (à l'avant ce détail n'était pas visible). Ike était déjà en érection, et ça se voyait. Son pénis, maintenu vers le bas par le tissu élastique, ne formait qu'une grosse bosse ronde, sans indication précise de taille… si ce n'est que la compétition s'annonçait rude, c'était déjà certain.

Ike, même si sa victoire n'était pas assurée, savourait ce moment sur lequel il sentait avoir du contrôle. Andy n'était pas dans son élément, et, impitoyable, le chanteur décida d'en profiter pour lui mettre un nouveau coup de pression.

Ouep. Si je gagne, je vais t'obliger à me sucer. Genre tout de suite, et hm, avant ma douche.

Il tira la langue… mais son ton ne portait aucune dérision. Il s'était exprimé sans bégayer, sans même de stress perceptible. Il fit un pas de plus en direction d'Andy – ils ne pouvaient pas être beaucoup plus proches l'un de l'autre.

Sans gêne, il plongea sa main dans son sous-vêtement et, après une seconde où il le tint au creux de ses doigts, par goût du suspense, il fit émerger son sexe. L'origine de son assurance devint alors claire. Sur le chanteur frêle, la verge semblait anormale, presque comme s'il s'agissait d'une prothèse. Sa taille d'abord, puisqu'elle dépassait son nombril d'un bon pouce, mais aussi sa largeur qui était comparable à celle de son poignet. La couleur de la peau, légèrement plus sombre, renforçait le contraste avec le reste de son corps. Seul le prépuce, qui couvrait miraculeusement encore son gland en intégralité, venait apporter une touche juvénile à cette masse.

Hey, mais tu vas tellement être ma chienne pendant toute la soirée en fait ? fit Ike, presque menaçant.

Sa verge était tenue à la verticale par l'élastique du jockstrap, aussi tira-t-il légèrement sur le tissu pour lui donner plus de liberté. Aussitôt, le sexe fléchit sous son propre poids. À 45°, il frôlait alors le ventre d'Andy. Il aurait suffit au garçon de défaire encore un peu son vêtement pour qu'elle se mette à le toucher. Baissant puis relevant les yeux, il lança, insolant :

Allez, t'attends quoi ? C'est tout ce que t'as ? Mec, ta bouche va adorer ma queue… pt'être pas que ta bouche d'ailleurs.

2
One Shot / Re : Earned run [Ike]
« le: dimanche 17 février 2019, 00:50:25 »
Les garçons quittèrent la compagnie de Maddie, alors qu'Ike lui adressait discrètement signe de la main narquois. La garde du corps savait qu'elle avait perdu la manche, mais elle savait aussi que les dés étaient pipés dès le départ. Comme dans un jeu télévisé, son patron était presque certain de toujours avoir la main ; après tout, c'était le patron. S'il échouait en revanche, alors ce serait au tour de la québécoise de tenter le coup.

Hey, j'ai pas mis les pieds ici depuis presque quatre ans... C'est une éternité. Eh, sans vouloir la jouer superstar, t'as pas idée du nombre de salles que j'ai faites entre-temps. Et les douches sont toujours à un endroit différent. Tou-jours ! Mais t'inquiète mec, les amis c'est plus rare que les salles.

Il sourit et suivit les pas d'Andy. C'était sur ce genre de détail que la différence entre leurs deux parcours se faisait sentir. Le lycéen avait fréquenté le gymnase plusieurs fois par semaine, en continu, pendant des années, à la faveur de la routine... il aurait à n'en pas douter pu s'y déplacer toute lumière éteinte. Pour Ike, c'était un souvenir beaucoup plus diffus, perdu dans la confusion de sa vie agitée, souvent dénuée de tout repère fixe.

Ouais, je retrouve mes marques, affirma-t-il tout de même en s'asseyant sur un banc de vestiaire.

Il défit sa veste et la posa à côté de lui. Les casiers étaient inutiles, ils n'étaient que deux et ils ne s'éloigneraient pas. Puis il délassa les chaussures. Enfin, il entreprit de défaire un à un les boutons de sa chemise. Volontairement, il laissa son ami prendre de l'avance. Ce dernier laissait tomber son caleçon qu'Ike terminait à peine d'ouvrir son vêtement, révélant son torse fin et imberbe.

Les meufs japonaises ?

Il sourit et haussa les épaules. Il continua sur un ton badin à développer un propos qui se voulait d'un choquant mesuré. Il s'agissait de jouer au type sûr de lui, qui s'y connaît, et qui se permet donc d'être catégorique.

Elles se ressemblent un peu toutes. Je m'en suis trop tapé si ça se trouve, j'suis blasé. Si tu passes me voir un jour à Tokyo, je t'en présenterais une, ou deux, ou vingt-cinq... autant qu'tu veux en fait. Là-bas, y'a qu'à se baisser pour en ramasser : elles kiffent les blancs.

Il laissa doucement tomber sa chemise. Les rebords du tissu laissaient voir la marque nette de ses côtes, tandis que, même assis, ses muscles abdominaux saillaient de son ventre plat. En approchant de la vingtaine, le chanteur n'avait pas pris un gramme par rapport à l'adolescent maigre qu'il avait été. Sa silhouette était plus élancée et ses épaules étaient un peu plus larges, mais il paraissait toujours aussi fragile. La plaisanterie d'Andy réveilla d'ailleurs un souvenir un peu plus douloureux. Ike avait toujours été un garçon plutôt populaire, mais dans les douches, certains ne se gênaient pas pour le lui faire payer. Les douches, à cet âge, c'était impitoyable.

Y'a des choses qui changent jamais, pas vrai ? Franchement les concours de bite, longtemps c'était pas à mon avantage. Vous vous êtes bien marrés, bande de bâtards.

Amusé, il poussa un long soupire caricatural. Andy ne devait pas se sentir très concerné, car Ike ne s'en souvenait pas comme d'un ado trop prompt à se moquer des retards pubertaires.

J'ai commencé à muer qu'un an après avoir quitté l'école, t'sais. Heureusement, juste avant la première tournée de I-Kiss. Mais j'ai dû réenregistrer des pistes de mon premier disque parce que y'a des notes que je pouvais plus faire en live. Un petit sacrifice pour l'énorme queue que j'ai maintenant.

Le chanteur éclata de rire. Dans le même temps, il profita de la recherche du gel douche pour placer un regard appuyé sur l'entrejambe d'Andy. Quand il trouva finalement le flacon, Ike ne chercha cependant pas à se cacher. Assis en face de lui, il se permit même un bref mouvement de main dans sa direction.

Yep, t'as l'air d'en avoir bien profité aussi, avoue. Combien de pouces t'as au max. ?

Il défit sa braguette, puis s'arrêta soudainement, comme s'il venait d'avoir une idée. À la frivolité s'ajouta une pointe de défi.

Nan dis pas, j'suis sûr que je t'explose maintenant. Vas-y, ouais ouaais, meec, t'as la confiance je sens. Je sens. Hey, vas-y, si t'as la confiance, on fait un concours de bite, un vrai. Celui qui gagne est l'esclave de l'autre pour toute la soirée. Il doit exécuter tous les ordres. No limit. Chaud ou pas ?

Le regard bleu, vif et arrogant d'Ike vint saisir celui d'Andy. La tentative était certes un peu audacieuse, mais refuser aurait heurté l'ego de plus d'un jeune mâle. C'est là-dessus, autant que sur l'aspect déconne, que le chanteur misait. Même au repos, le pénis du lycéen était impressionnant ; mais si la popstar s'engageait sur cette route, c'est qu'il avait tout autant de bonnes raisons d'être confiant.

3
Les alentours de la ville / Au vertige et à ce qui suit [Pony Chu]
« le: mercredi 26 septembre 2018, 23:10:27 »
Your eyes like a Tornado
Took 'way my heart to the sky
This is no time for goobye
Please throw me back to vertigo
Your eyes like a Tornado…


La tête d'Ike lui faisait mal. Était-ce à cause de ce morceau – une reprise entraînante et forte, dont on avait amplifié les basses – qui passait dans le night club ? Ce morceau, c'était son morceau, à l'origine. Le premier single du deuxième album d'I-Kiss, en 2014… il y avait déjà quatre ans. Ça ne lui paraissait pas si loin, et pourtant… dans l'esprit des gens, c'était déjà un vieux tube. Assez pour être remixé, et puis passé en boîte pour un classique.

Le message du morceau, pourtant, était sombre – un type quitté par sa copine, qui décidait d'en finir. Tous ces gens sur la piste de danse réalisaient-ils sur quoi ils se trémoussaient ? Pas sûr – combien parlaient anglais correctement, déjà ? Et même ceux à qui le parlaient, ils devaient s'en foutre pas mal. Ike ne pouvait pas leur en vouloir. Quand il avait écrit ça, de toute façon, il n'avait aucune idée lui-même de ce dont il parlait. Oh, et en vérité, il n'en avait toujours aucune. Pas de relation stable, c'était l'assurance de ne jamais être déçu. Tous ses couples avaient été des projets de communication, orchestrés par son père.

Il détestait son père. Oh oui, c'était la personne qu'il haïssait le plus au monde. Ce vieux requin n'en avait rien à faire de lui : au mieux il l'exploitait, au pire il projetait ses regrets de musicien raté sur lui. Tout ce qu'il n'avait pas pu faire dans sa jeunesse, par manque de talent, par manque de courage – Ike n'en savait rien. Ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait pas eu de jeunesse, lui, entre les concerts, les interviews, les enregistrements, les photoshoots… Ce qu'il savait, c'est qu'il n'avait plus envie d'être ce que son père attendait de lui.

C'était une décision qu'il avait pris il y a un an déjà… dès sa majorité, en fait. Il avait essayé de monter un film – de la science-fiction, avec de la drogue, des aliens, des robots, des squats, des sangsues – mais ça c'était planté. L'acteur qui devait tenir l'affiche avec lui s'était tiré avant le tournage, les producteurs avaient lâché l'affaire. « Amateurs » qu'ils avaient dit. Qu'ils aillent se faire voir, pensait Ike. Premier projet hors musique, premier échec, et puis, l'inspiration depuis n'avait pas trop suivi.

Un autre please ? Ouais ? Merci.

Le musicien referma ses doigts sur le verre froid. Non, ce n'était définitivement pas son propre morceau, aussi mal remixé qu'il fut, qui lui faisait mal à la tête. C'était sûrement plutôt l'alcool. Il en avait déjà bu beaucoup pour l'heure. Son organisme, à force d'être sollicité de plus en plus souvent, finissait par s'habituer à l'éthanol. Le carré VIP du Black Hole, ce n'était pas le genre d'endroit où on lui refuserait un verre de plus… tant qu'il était encore en état d'en demander un. Enfin, quand il ne tiendrait plus debout, on le ramènerait gentiment chez-lui. Il commençait à avoir l'habitude.

Hey. Georgio. Rappelle moi… rappelle moi pourquoi tu passes cette merde ?
Parce que les gens l'aiment bien m'sieur StCloud.
Mmmh… les gens. The people…

Georgio était à l'image de l'établissement qu'il dirigeait. Jeune, branché, habillé dans une tenue noire brillante, presque latex, qui reflétait les nombreuses lumières mauves de la salle. Ambiance mi-espace mi-SM. Ike aimait bien parce qu'avec l'éclairage spécial, on ne le reconnaissait pas trop facilement. Il était attablé à un petit bar spécial, réservé aux personnalités et aux visiteurs qui avaient les moyens. Sauf qu'un soir de semaine, il était presque tout seul. Georgio était venu lui tenir compagnie par obligation professionnelle plus que par amitié.

Si je meurs, t'veux que je te lègue un truc en particulier Georgio ?
Dis pas ça, fit le gérant en lui tapotant l'épaule.
J'ai un harmonica qu'a appartenu à Jim Morisson… ça te parle yeah ?

L'heure commençait à tourner, et Georgio dut aller s'occuper de quelque-chose ailleurs. Ou peut-être était-ce juste une excuse pour filer. Ike commanda un troisième verre.

…Squeez' my throat with cold hands
This is a place for no men
Please throw me back to vertigo
Your eyes like a Tornado…

4
One Shot / Re : Earned run [Ike]
« le: lundi 30 avril 2018, 15:54:59 »
Ike haussa les épaules, avec un air mi-amusé, mi-contrarié.

Une garde du corps, eh ouais… C’est vraiment horrible, mais pas le choix, à cause des assurances, t’sais…
La vérité, boy, il m’aime bien. Il est trop petit pour se défendre tout seul.

La canadienne avait un accent assez prononcé, mais elle articulait suffisamment pour que ce soit parfaitement intelligible. Elle imagea ses propos en refermant son bras musclé sur le cou du chanteur, et en faisant mine de le tirer en arrière. Plaquant sans effort le dos du garçon collé contre sa poitrine, avec un grand sourire, elle répondit :

J’ai une ceinture noire en Silat… mais j’ai pas d’école spécifique… y’a pas autant de contact qu’on le pense dans ce job… sauf celui avec le patron…
Ouais, ouais, il a bien vu, allez… aaah… vas-y… yo… lâche-moi…

Elle desserra finalement sa prise, un peu impressionnante mais pas douloureuse. Ike ne s’était débattu que pour la forme. Ils étaient bien assez proches pour pouvoir se permettre ce genre de brusquerie amicales, même de la part de quelqu'un supposé le protéger. Il souffla et rajusta son bonnet sur ses oreilles.

Cool. Appelle des potes s’tu veux. On se fait le before, puis on pourrait se trouver une boîte après. Maddy peut nous conduire. Il baissa la voix : elle a pas le droit de picoler quand elle est avec moi.

La pop-star se délassa le cou en penchant alternativement la tête à gauche et à droite. Même s'il n'avait pas pris le temps de trop y réfléchir, il était maintenant à peu près sûr de ce qu'il voulait. Quant à la manière de l'obtenir, il aviserait, mais il avait quelques idées. Il n'était même pas encore sûr que ce soit possible, évidemment. Mais au moins, il pouvait déjà tenter quelque-chose.  

J’suis arrivé du Japon y’a deux heures. J’dirais pas non à une douche non-plus, en vrai. J’peux t’accompagner ? Y’a plus personne à cette heure de toute façon, pas vrai ? …eh… t’irais nous chercher de quoi boire, Mad’ ?

Maddy regarda l’adolescent avec un certain mécontentement, qui tenait davantage au fait d’être exclue de la compétition qu’à la requête elle-même. Elle n'était peut-être pas de taille pour le moment, mais elle se jura de prendre sa revanche. Elle soupira, avec un demi-sourire :

Alright boss.
Yes ! Se tournant vers Andy : Où sont les douches déjà ? Tu me montres ?

5
One Shot / Re : Earned run [Ike]
« le: samedi 17 février 2018, 22:58:46 »
Convention a posteriori : les dialogues en français sont en anglais. Les dialogues en anglais sont en français.

En pénétrant dans le gymnase, Ike sentit une odeur de parquet qui le ramena plusieurs années en arrière. Ses pieds avaient déjà foulé ce sol roux, peint de lignes rouges et bleues… Des cours d'éducation physique, il en avait subi plusieurs dans cette enceinte. Cependant, il lui semblait n'avoir jamais vu ce lieu vide de monde. En revanche, pour ce qui n'était pas à l'origine une salle de concert, l'installation était plutôt impressionnante.

Hey, Maddy, look at that. I didn't even know they had sooo many chairs. The must have empty all the classrooms, lol.
Next day, they take classes right on the ground!


Maddy était la nouvelle garde du corps de la pop star. C'était une jeune femme d'un mètre quatre-vingt cinq (soit 15 centimètres de plus qu'Ike), athlétique, le cheveux bleu foncé tressé en arrière. Il l'avait rencontrée lors d'une virée au Canada. Depuis, il insistait pour qu'elle la suive partout. Non pas qu'il tenait spécialement à sa sécurité, mais elle était au contraire beaucoup plus permissive que le vieux japonais qui lui servait de tuteur. Avec son look détendu, sportif, elle était aussi beaucoup plus sortable.

I haven't come back here since I did Top!PoP! you know. I never has been a good student o' anything. But even if I wanted to, I could'nt.
Too many people wanting your ass, right?
Yeah.


Ce n'était bien sûr pas un hasard s'il avait choisi une heure tardive pour inspecter le lieu de son prochain concert. Tous les élèves étaient supposés rentrés chez-eux, rendant l'endroit fréquentable. Pour l'occasion et poussant l'infiltration, il avait retrouvé son uniforme d'époque. Celui-ci était composé d'une veste sombre à boutons dorés, qu'il avait laissé ouverte, d'un pantalon bleu marine, et d'une chemise blanche légèrement trop courte. Il n'avait pas pu mettre la main sur la cravate. Enfin, il avait caché sa chevelure sous un bonnet noir décoré de deux petites oreilles de chat en son sommet. Le chanteur n'avait eu à signer que deux autographes sur la route, un bon score en matière de discrétion.

Son grand retour dans un établissement où il avait passé deux ans, et où il aurait encore l'âge d'étudier, ne se ferait néanmoins pas un sac à dos sur les épaules. Le lycée, qui se pâmait de sa réputation d'excellence, et surtout de l'opulence de ses occupants, avait mis le prix pour s'offrir une représentation d'un de ses plus célèbres anciens élèves. En pause dans ses tournées, Ike aurait peut-être refusé, s'il n'avait eu une certaine nostalgie de l'endroit, une espérance de croiser quelques visages connus… et une volonté de narguer les professeurs qui n'avaient pas cru en lui.

Le chanteur fit quelques pas enthousiastes qui résonnèrent dans le grand préau, avant de s'arrêter net. Il n'avait aperçu qu'au dernier moment le garçon qui s'apprêtait à quitter la salle par un couloir perpendiculaire. Il eut un bref moment d'hésitation.

Heh, I'm almost sure I know him, glissa-t-il à sa garde du corps. I should greet him.
I wouldn't mind. He's pretty sexy uh.
Well, yeah… suure… He grew up well…
It seems like…
If you steal him from me, you are sooo fired.


Le souci principal souci qu'avait Ike avec Maddy, c'était qu'elle s'intéressait souvent aux mêmes garçons que lui (et aux mêmes filles, d'ailleurs). Malgré la notoriété de son client, elle s'offrait même le luxe de parvenir parfois à lui soustraire quelques unes de ses proies. C'était trop tard pour l'éloigner, de toute façon, pensa le chanteur, avant de saluer son ex-camarade de la main.

Hep, Andr… Andy ! Ça faisait longtemps mec !


Tous les souvenirs ne lui revinrent pas immédiatement, et il fut déjà très satisfait de se rappeler du nom du jeune homme. Cela ne le gêna pas : une fois la conversation engagée, Ike fut aussitôt à l'aise. Un clignement d'yeux plus tard, il passait la main dans le dos d'Andy pour une accolade virile. Ce n'était pas très à la mode au Japon, mais le chanteur tentait de passer pour un vrai américain, tactile et chaleureux. Retenu par une odeur de sueur qui ne le laissa à vrai dire pas indifférent, il fit même en sorte de prolonger un peu le contact. Une fois dégagé, un grand sourire aux lèvres, il ne manqua pas de mettre à profit son observation olfactive.

Alors tu fais encore du… base-ball, c'est ça ? Hey, ça me manque un peu, je crois.

Le chanteur se tourna vers l'estrade.

Pas mal hein ? Tu seras là demain ? Je peux t'avoir une place où tu veux, premier rang. Pour toi ou pour ta copine… Si t'en as une ? Il leva un sourcil taquin, mais également intéressé par la réponse.
Hi boy.
Ouais, donc, Maddy. Ma garde du corps. Elle est québécoise. C'est une sorte de village au Canada où on parle pas un super anglais. Tu disais ?

6
Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: mardi 29 août 2017, 14:52:26 »
Ike regarda avec amusement Andrew brièvement hésiter quant aux limites de son implication dans le métier d'acteur. Mais les convictions du comédien semblaient étonnamment solides, et ne vacillèrent que très peu devant les tentatives de déstabilisation du chanteur. Ce dernier porta une nouvelle fois son cocktail à ses lèvres, avant de s'esclaffer en voyant l'adolescent avaler cul sec le shooter.

Doucement, conseilla gentiment Ike, se rendant compte qu'il avait certainement beaucoup moins l'habitude de l'alcool qu'il ne l'avait d'abord pensé.

Les shooters contenaient des eaux de vie plus ou moins aromatisées, dont la teneur en alcool allait d'environ 40 à 60°. Autant dire qu'ils étaient beaucoup plus agressifs que les autres boissons qu'Ike avait commandées, presque des sodas en comparaison. Le musicien connaissait très bien leur effet sur les organismes de sa carrure, ou de celle d'Andrew. À partir de trois verres, leur alcoolémie serait d'environ un gramme par litre de sang, sans compter ce qu'ils prenaient à côté. Largement de quoi s'amuser avec un buveur occasionnel. Bien qu'il fut un peu plus maigre, Ike s'attendait à rester davantage en maîtrise, n'étant pas à sa première soirée arrosée.

Sorry, y'avait un titre en espagnol sur Dust Supernova. Un truc un peu danse latino. Ça craint, mais fallait diversifier les tracks. Ah, et j'ai fait une tournée en chinois aussi avec une artiste de là-bas.

Andrew allait devoir encore boire. Cependant Ike n'était pas mauvais joueur, et il prit en même temps que lui un verre.

Allez, par solidarité, fit-il en l'absorbant d'un coup, sans difficulté apparente.

Il souffla, savourant tout de même la chaleur piquante de l'alcool coulant dans son œsophage. Puis il se décida sur une nouvelle proposition sans trop attendre. Le regard un peu bas mais directement dans celui d'Andrew, le sourire au visage, il lança :

J'ai jamais embrassé de garçon aussi mignon que toi.

L'affirmation tenait sans doute plus de la flatterie que de la vérité, le chanteur ayant eu tout de même beaucoup de relations, et ne se souvenait pas de toutes. Mais il y avait un fond de sincérité, du moins sur l'instant. D'autant qu'après tout, il embrassait moins facilement qu'il ne se livrait à d'autres activités pourtant souvent considérées comme plus intimes.

Évidemment, dans ton sens ça donne « tu n'as jamais embrassé de garçon aussi mignon que moi », précisa-t-il avec humour en se montrant du doigt.

Il appartenait à Andrew de trouver une dernière phrase, après quoi Ike mettrait sans doute fin au jeu. Il n'avait pas non-plus envie que son partenaire se retrouve saoul avant même le début de la soirée. Pendant ce temps, la salle se remplissait petit à petit, discrètement. Restait qu'il y avait quand même toujours assez peu de monde, par rapport à l'espace disponible. Les animations allaient bientôt débuter.

7
Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: vendredi 25 août 2017, 19:17:59 »
Ike tapota sur la table, d'un air distrait, en écoutant Andrew raconter ses problèmes de famille. Il n'avait pas l'air de vraiment comprendre.

Okay. Ils ont pas l'air cool tes vieux. Mais t'es conscient qu'on va voir ta tête partout very soon, eh ? À moins de vivre sur une île déserte avec Elvis, ils vont forcément entendre parler du film, et si c'est pas eux, même en meuf, quelqu'un va bien te reconnaître et aller leur cafter. Faut t'préparer à ça. Mais t'inquiète, quand ils vont voir le blé que ça rapporte ça va les calmer.

La serveuse revint, portant les breuvages commandés. Elle posa devant Andrew le cocktail que le musicien lui avait choisi. C'était un liquide rouge dans lequel flottaient des volutes oranges, servi à l'intérieur d'une grosse pomme partiellement évidée. La boisson d'Ike était servi dans la peau épaisse d'une mangue pareillement préparée, avec de petits pieds plantés dans le fruit pour la tenir en place. Enfin, elle plaça entre-eux le tableau de shooters multicolores, dans des petits verres plus classiques, disposés en étoile à cinq branches sur un plat doré.

Le chanteur la remercia d'un signe de tête, et elle s'éloigna.

T'as l'air d'être à fond dans l'acting, je respecte. Il marqua une pause, puis sourit : tu serais prêt à aller jusqu'où pour rentrer dans le personnage ? Si je te dis que y'a des scènes de sexe dans le film, et que je les veux non-simulées ?

Il laissa passer quelques secondes avant d'éclater de rire, et de porter une première fois son cocktail à ses lèvres.

Alors, ce Go On ?

La boisson servie à Andrew était supposée assez forte, mais elle compensait par un taux de sucre très élevé, un goût proche des boissons énergisantes les plus populaires, et un pétillant léger. Pensif, Ike lança :

Va falloir la jouer subtil si on veut pas que tous les magazines people pensent que je suis en couple avec toi. Dès qu'ils me voient avec un nouveau fille – ou un nouveau mec – ils font direct une couv' avec. Alors avec le rôle que tu vas jouer ils vont se déchaîner. C'est chaud de s'habituer au début. J'pourrais te prêter un appart au calme si tu veux. Enfin on verra.

Il reposa la mangue qui lui servait de verre, et se pencha au-dessus des shooters pour en humer les odeurs d'alcool. Considérant la carrure des adolescents, il y avait bien assez d'éthanol pour les faire tous les deux rouler sous la table s'ils abusaient.

Tu connais des jeux à boire ? Un J'ai jamais, ça te va ? Tu lances un truc que t'as jamais fait, en mode « j'ai jamais… » : si je l'ai jamais fait, je prends un shooter. Si je l'ai déjà fait, c'est toi qui bois. J'commence ? « J'ai jamais tourné dans un film. »

Ike tourna la tête, souriant. Il n'était plus sûr de se souvenir très bien de son CV. Si Andrew n'avait jamais tourné dans un film, alors ce serait au comédien de boire. Dans le cas contraire, le chanteur se ferait un plaisir d'avaler cul sec un premier shooter.

8
Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: dimanche 20 août 2017, 15:09:05 »
Dès qu'Andrew eut pris possession de sa tenue, Ike s'assit sur le banc, ne perdant pas une miette de son dos nus et de ses fesses. Le musicien eut un sourire crispé en voyant la technique utilisée par l'adolescent pour camoufler son entrejambe qui aurait été rendue trop apparente par le harnais. Il était impressionné par sa détermination, surtout.

Outch. J'espère que t'es épilé nickel. Sinon ça va tirer un peu au moment de le retirer, plaisanta-t-il. Je me sens un peu coupable, hee.

Bien sûr, en vérité, il ne regrettait rien du tout. Il regarda le comédien une bonne dizaine de secondes, les yeux brillants, et se félicitait de son propre choix. Il avait beau être du monde du spectacle, ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion de voir un jeune homme aussi mignon dans une tenue aussi fétichisante. Ses cheveux, maintenant au naturel, et son teint rosé n'enlevaient rien à son charme. Ike s'approcha pour rajuster une bretelle – une simple excuse pour effleurer son torse un instant.

Oh boy, tu vas faire une Zélie extra.

Il se recula pour le regarder encore un peu. Puis il se retourna et se concentra un moment. Il s'agissait maintenant de faire disparaître son érection un minimum, sinon il ne pourrait jamais sortir comme ça. L'adolescent se changea des idées en attrapant des découpées noires, ouvertes sur le côté, avec un léger talon. Malheureusement il n'y avait rien de plus féminin dans cette cabine plutôt réservée aux hommes. Il les passa à Andrew avant de se choisir pour lui-même et d'enfiler des bottines beatles.

Bon, ready ? Laisse tes affaires là, ils les redonnent à la sortie.

Une fois que le garçon eut confirmé, le chanteur lui attrapa doucement le bras, puis ouvrit la porte au miroir. Une lumière rouge tamisée pénétra alors dans le vestiaire, pendant qu'ils en sortaient. La pièce dans laquelle ils pénétrèrent était très vaste. Elle était traversée de tout son long par une scène en anneau. À l'exception de la zone ronde au milieu, plus éclairée et dédiée à la danse, des grands triangles de latex noir et blanc tombaient du plafond tels d'énormes boucles d'oreilles. Ils coupaient l'espace sans l'occulter complètement, et donnaient un peu plus d'intimité. Enfin, il y avait, bien disposés, de petits canapés ronds, tendus de latex rouge, autour de tables basses assorties. Une musique électro-wave assez reposante sortaient de haut-parleurs dissimulés dans le plafond et les murs. Elle était pour le moment plutôt faible et neutre, ne gênant pas les conversations.

Hey, donc, Welcome au Red Roses ! Viens, on se prend un sofa. On arrive un peu tôt, y'a pas encore masse de monde.

Ike désigna un des canapés et, tenant toujours la main d'Andrew comme on tenait celle de sa petite amie, l'y dirigea. À peine furent-ils assit qu'une silhouette féminine se dirigea vers eux. C'était une jeune femme mince mais aux formés très marquées, rendue grande par des talons hauts. Évidemment, elle portait du latex, même si son costume était moins provoquant que celui d'Andrew. Elle arborait également un serre-tête avec des petites oreilles de chat rouges.

Bonsoir mes chatons. Qu'est-ce que vous prendrez ce soir ?
J'vais prendre un matahi-vodka mangue.
Et la minette ?
Un Go On, renchérit Ike, sans laisser à Andrew le temps de répondre. On prend aussi un plateau de shooters.

La serveuse partie, il sourit au comédien :

C'est un cocktail : vodka, ginseng, gingembre, fruits de guarana. C'est un peu traître mais tu vas voir, ct'excellent. Son sourire s'élargit un peu, taquin. T'as l'air timide, alors j'compte te saouler un peu, obviously, haha. D'ailleurs j'y pense, comment tu vas aller aux toilettes avec ton truc ?  

L'adolescent s'étira en arrière, laissant le latex mouler ton buste, avant de jeter un regard autour de lui.

L'ambiance est plutôt détente. C'est très select mais les gens sont là pour se lâcher en étant sûrs que ça se retrouvera pas dans les tabloïds le lendemain. Y'a des stars de partout, Japon et ailleurs. Il pointa un doigt vers une autre table, côté opposé de la salle. J'crois que c'est Rihanna là-bas. J'te la présenterai, elle est cool. Fin' bref, mets toi à l'aise. Si tu me parlais de pourquoi ton vrai nom est un secret ?

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Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: samedi 19 août 2017, 02:58:59 »
Le musicien fit assez rapidement son choix, mais ne le révéla pas immédiatement. Il attendit qu'Andrew ait pris une décision pour regarder ce qu'il lui proposait. Les deux tenues apparaissaient de bon goût aux yeux d'Ike, qui appréciait de toute façon les vêtements très moulants. Il prit dans ses bras chacune des costumes, mais en vint à la conclusion que les deux matières étaient semblables. Sa décision se ferait uniquement sur la couleur et la coupe.

Après quelques secondes à hésiter, il brandit la combinaison bleue :

J'pense ça peut m'aller. C'est limite dans le thème de notre film, en plus.

Il sourit et commença à retirer son haut, le jetant négligemment sur le banc. Puis il s'accroupit pour défaire ses chaussures. Enfin, il se releva et baissa son pantalon. Il ne portait plus alors qu'un boxer rouge, alors que son collier peace-symbol en métal rose tombait sur son torse-nu. Son corps, au-delà de sa silhouette maigre, était plutôt musclé, avec des creux bien marqués. Ike baissa les yeux vers son dernier habit.

Mh, ça se porte sans sous-vêtement, ce truc, for sure.

Aussitôt, il se retourna, et fit glisser son caleçon le long de ses jambes. S'il ne détournait pas les yeux, Andrew pouvait avoir une vision sur son postérieur très blanc, et même – quand l'adolescent leva la jambe pour enfiler la tenue – un furtif aperçu de son anatomie intime.

Tu peux me filer un coup d'main ? demanda le chanteur.

Il attendait juste qu'on l'aide à remonter la fermeture éclair, dans le dos de la combinaison. Il aurait à vrai dire été assez souple pour la refermer lui-même, mais il n'était pas contre un peu de rapprochement. Quand ce fut fait, il attrapa le poignet du comédien et fit volte-face.

Alors, comment j'suis ?

Il avait eu le temps de se regarder un peu dans le miroir avant de poser la question. La combinaison était bien adaptée à sa morphologie, et se collait parfaitement aux contours de son corps. Un détail en particulier interpellait : une importante bosse déformait la rayure centrale noire, son entrejambe. Le latex moulait assez pour ne laisser aucun doute sur le fait que l'adolescent était en érection, soulignant avec une précision indécente les reliefs d'un membre par ailleurs très gros relativement à la taille de son propriétaire.

Aaaah. Ouais, lol. Sorry. C'est t'imaginer avec ce que je t'ai choisi qui doit m'exciter. Ike eut un sourire à la fois amusé et un peu inquiétant. J'espère que ça te gêne... ou que ça te complexe pas.

Le jeune homme était très libéré et assez à l'aise sur les questions relatives au sexe. Depuis qu'il était majeur, il ne cachait plus avoir en la matière des envies supérieures à la moyenne. Le monde du show-biz était connu entre autres pour ce genre d'excès, et il s'en accommodait très bien. Mais restait à voir comment Andrew réagissait… et comment il réagirait quand Ike lui montrerait sa tenue. Le musicien ne tarda d'ailleurs pas à le faire, se tournant vers le dressing pour transmettre son choix.

Qu'est-ce que t'en dis ?

Ike avait choisi un registre très différent de celui qu'on lui avait proposé… car la tenue qu'il déposa dans les mains du comédien avait plus l'air d'un sous-vêtement que d'une combinaison complète. C'était un harnais noir extrêmement léger, asymétrique, composé de nombreuses bandes fines de latex reliées par des anneaux en métal. Il laissait le dos presque nu et le ventre à peine plus couvert. Pire : il ressemblait même à un dessous féminin – le ruban de tissu qui servait de cache-sexe ne devait que très difficilement cacher correctement des organes génitaux masculins. Il était accompagné de gants qui remontaient au-dessus du coude et d'un haut de cuisse pour une seule jambe.

Le chanteur avait tout de suite repéré le vêtement, et pensait qu'il s'agissait probablement d'une erreur. Toutes les tenues de cette cabine étaient normalement masculines ou unisexes. Mais il avait poussé la perversion un peu plus loin encore, car normalement, le harnais allait de paire avec une jupe et un corset… qu'il avait discrètement laissé sur le dressing.

Ça va t'aller tellement bien, pouffa l'adolescent en reculant d'un pas pour laisser à Andrew la place pour se changer.

Il ne savait pas encore si son nouvel ami allait accepter. S'il refusait, il lui trouverait quelque-chose de moins osé. Dans tous les cas, observer sa réaction serait intéressant.

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Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: jeudi 17 août 2017, 19:08:17 »
Yeah… c'est un endroit… ouais, sympathique, t'inquiète.

Toujours sans se relever, Ike appuya distraitement sur un bouton placé au milieu de la cloison centrale. Bruit de moteur électrique : la vitre les séparant du chauffeur s'entrouvrit par le haut.

On est bientôt arrivé ?
Deux minutes monsieur.
Cool. Et le thème ?
Latex.
Lol. Il remonta la vitre de la même façon, puis s'adressa de nouveau à Andrew. T'es déjà allé en boîte au moins ?

Comme le conducteur l'avait annoncé, ils ne tardèrent pas à sentir que la voiture était à l'arrêt. Dans l'intervalle, Ike s'était redressé et était de nouveau assis normalement. Mais c'était la portière du comédien qui fut ouverte en premier, invité obligeant. Le musicien sortit peu après, de l'autre côté.

Ils se trouvaient dans une cours fermée par un haut mur gris. Il n'y avait pas de vis-à-vis sur la rue, même s'il était possible d'entendre un peu la circulation, derrière la palissade. Une dizaine d'autres voitures étaient garées là, noires et luxueuses pour la plupart, à l'exception notable de quelques sportives décapotables aux couleurs plus flamboyantes. Toutes appartenaient vraisemblablement à des gens riches, ou s'en donnant l'apparence.

Du côté opposé au mur se trouvait l'entrée de la boîte. D'apparence, elle était presque anodine. L'enseigne en néon – une rose, comme il fallait s'y attendre – brillait d'une lueur rouge, dans la nuit qui venait tout juste de tomber. L'établissement avait manifestement choisi la discrétion et la sobriété pour protéger la vie privée de sa prestigieuse clientèle. Côté rue, le bâtiment ne ressemblait d'ailleurs pas à un night club.

Yay, follow me indiqua Ike, laissant son chauffeur derrière eux.

Le jeune homme guida son invité vers l'entrée, poussant une lourde porte en bois sombre. Dès qu'elle fut ouverte, la véritable nature de l'endroit devint alors beaucoup plus évidente. Les murs du vestibules étaient couverts de tentures rouges vif brodées de motifs géométriques dorés. Un grand homme entre deux âges, habillé d'un costume tout blanc, le crâne rasé, les dévisagea alors qu'ils entraient. Puis il sourit posément.

Monsieur StCloud.
Yo Janus.
De quelle compagnie vous nous offrez le privilège ? fit le portier, en penchant la tête pour mieux distinguer les traits d'Andrew.
C'est euh… Sand… Bird. Il va jouer dans mon film.
Charmant ! C'est un plaisir monsieur Bird. Vous prendrez des cabines séparées ? – Ike répondit en secouant la tête. – Bien, alors, la cabine Mont Parnasse est disponible. Le thème est la…
Latex, yes.
Passez une bonne soirée !
Toi aussi vieux !

Ike attrapa la main du comédien, le tirant avec lui dans un couloir qui partait vers la gauche. Après un virage, ils arrivèrent dans une seconde pièce toute en longueur. Sur le mur qui leur faisait face, il y avait plusieurs portes. Sur chacune était peint, de façon très stylisé mais néanmoins reconnaissable, un paysage. La pièce qui les intéressait était une montagne bleue et blanc, sous laquelle était écrit en lettres d'or « Mont Parnasse ».

Ils entrèrent, et Ike referma la porte avec un loquet. La salle n'était pas très grande, et également en longueur. Longeait sur un côté un banc recouvert de cuir. À l'autre bout, une autre porte avec un grand miroir qui permettait de se voir des pieds à la tête.

Ah ouais, je t'ai pas dit…

Enfin, le dernier mur était en fait un dressing. Sur une barre en métal à environ un mètre vingt du sol étaient suspendus toutes sortes de costumes très divers… mais qui avaient tous en commun d'être pour totalité, ou du moins en grande partie, en latex. La majorité étaient très moulants, certains étaient noirs, d'autres abordaient des couleurs, voire des motifs. Quelques uns avaient même des dentelles, mélange plutôt étrange – d'autres étaient découpés selon des formes aux limites de la décence.

…le Red Rose fait que des soirées costumées. Mais ils fournissent les tenues. Gotta find something fun.

Ike commença à fouiller dans le dressing, avant de s'interrompre au bout de quelques secondes.

J'te choisi un truc, tu me choisis un truc ? proposa-t-il, avec un sourire.

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Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: mardi 15 août 2017, 12:43:29 »
Ike eut un grand sourire ravi. Il avait pensé devoir argumenter un peu, ne serait-ce que pour expliquer sa motivation à voir un homme dans ce rôle, mais le garçon n'était visiblement même pas surpris par l'idée. Il semblait simplement excité par les possibilités qui s'offraient à lui. Du coup, c'était le musicien qui était plutôt étonné. Il pencha la tête sur le côté, appréciateur.

Fiiine. J'suis sûr que tu vas être excellent. J'te raconte comment je vois le perso.

L'adolescent bascula alors complètement vers Andrew, s'allongeant de façon à faire reposer sa tête sur les genoux du comédien, alors que ses jambes s'étendaient de tout leur long sur la banquette, chaussures comprises. La position était possible seulement parce que la voiture était large, et Ike pas très grand. Ses cheveux blonds frottant sur le pantalon de son interlocuteur et ses yeux bleus regardant son visage en contre-plongée, il continua à s'expliquer comme si de rien n'était.

Zélie c'est une meuf qui vient d'une famille méga riche. Elle a fait une école seulement pour les mecs plein aux as. Mais elle est en sorte de crise d'ado perpétuelle. Fin' du point de vue de ses vieux, at least. Au début elle fait une école d'art, mais même ça, ça matche pas. Du coup elle les lourde pour aller vivre dans un squat. Là elle rencontre Joey, un mec à côté de la plaque qui joue dans l'hyperloop de New York. L'hyperloop c'est le truc qui remplace le métro dans le futur, mais c'pas important. Au début c'est juste un sex-friend, tu vois, mais il a un côté pommé dans la vie qui lui plaît bien, alors elle s'attache. Tu sais pas trop si c'est le fantasme du bad boy, de l'artiste maudit ou juste pour faire chier à max son daron, mais bon.

Il ferma les yeux et leva son bras gauche, le plus éloigné d'Andrew, et referma sa main sur le vide.

C'est une meuf libre, tu vois. Elle fait pas genre mais elle est vachement plus forte que Joey, en vrai. À un moment dans le film, y'a une descente des drones de la mécapolice – c'est une police qui est entièrement gérée par une IA, complètement automatique tu vois – et le squat est fermé. La plupart des autres junkies sont chopés et mis sous cure génique – c'est une sorte de lobotomie méga glauque avec des sangsues, enfin tu verras – mais elle, elle est pas là, parce qu'elle baise avec Joey sur le toit. Du coup elle fait chanter ses parents et elle récup un appart' pas trop dégueux. La condition à la base c'est que Joey vienne pas avec elle, mais elle s'en tape et il vient quand même. Enfin ça c'est avant que les aliens arrivent et qu'ils y foutent le feu, lol.

Ike rouvrit les yeux soudainement, les braquant dans ceux du comédien.

Yes, je sens que ça te parle. Hey, j'te préviens, t'es sûrement un meilleur acteur que moi. J'sais pas comment t'approche le truc. Moi, perso, je vais pas trop dans le rôle de composition. Joey c'est exactement moi, si j'avais une deuxième vie à crâmer.

Toujours sur les genoux de son interlocuteur, l'adolescent marqua une pause, pour lui permettre de répondre s'il le souhaitait. Il laissa même planer un peu plus de silence, après le déluge de mots qu'il venait de produire. Puis il vint avec une autre question.

Vas-y, assez parlé boulot. T'as déjà pris de l'acide ? Le Red Rose, ça te va ? C'est une boîte, hein. Pas une marque de LSD.

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Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: lundi 14 août 2017, 01:53:43 »
Le musicien ne fit pas attendre longtemps son invité. Il n'avait qu'à reprendre les escaliers en sens inverse et à franchir quelques portes pour accéder au parking et retrouver le garçon. Il lui sourit aussitôt qu'il le vit.

Oah, c'est à mon père, je pense, répondit-il au sujet du stylo, l'air indifférent, voire un peu gêné.

Il se débarrassa de l'objet en le donnant à son chauffeur – un grand japonais qui patientait, debout. Ike détailla le comédien de haut en bas, une lueur d'excitation dans le regard. L'adolescent androgyne lui plaisait beaucoup. Il se mordit légèrement la lèvre, mais ne fit pas de commentaire.

Vas-y, entre. Fais comme chez-toi, lol.

Le chauffeur lui ouvrit la portière et attendit qu'Andrew s'assoit sur la banquette en cuir, large et confortable, qui l'attendait à l'intérieur. Après avoir glissé quelques mots au conducteur, Ike le rejoignit, pénétrant de l'autre côté du véhicule. Il s'assit cependant sur la place centrale, réduisant l'espace qui les séparait à une demi-dizaine de centimètres. Le compartiment passager était dissocié de celui du chauffeur par une vitre teintée.

Du coup, « Sand Phénix », c'est joli, mais c'est un nickname j'suppose ? T'as un vrai prénom ? J'dois t'appeler comment ? Sand ?

Ike n'allait pas insister si son interlocuteur ne voulait pas donner son véritable patronyme, et respecterait ses préférences dans tous les cas. Même si, pour sa part, Ike était bien son nom de naissance, il comprenait que l'on puisse vouloir en changer et faire une distinction claire entre vie artistique et vie privée.

C'était qui la charmante personne avec toi ? Pas ta girlfriend j'espère ?

Il éclata d'un rire clair, essayant de détendre l'ambiance au maximum. Évidemment, il n'avait pas jugé bon de se présenter. Même s'il s'était fait un peu plus discret cette année, il était toujours l'un des adolescent les plus connus au Japon, et sa notoriété s'étendait à une bonne partie du monde. Surtout, il savait qu'un comédien venu passer des auditions pour son film devait s'être un minimum renseigné sur lui, alors inutile de redire des choses dont il avait déjà connaissance.

Super cool, le look, au fait. Franchement, on aurait pu le garder tel quel dans le film, je pense que ça l'aurait grave fait. Mais j'dois t'annoncer que t'auras pas l'occasion de l'enfiler pour le tournage. T'as pas le rôle.

Le jeune homme prit un air grave, comme s'il venait d'annoncer une très mauvaise nouvelle. Pendant ce temps, le chauffeur avait démarré la voiture, et sortait du parking. Ike, qui n'était pas attaché, inclina le buste vers Andrew, et tourna la tête, approchant ses lèvres de l'oreille de son interlocuteur.

J'ai grave mieux à te proposer. Ça te dérange pas de jouer une fille j'espère ? Parce que c'possible qu'on ait personne pour jouer Zélie… la girlfriend de Joey. Qu'est-ce t'en dis ?

Le musicien recula avec un sourire, haussant un sourcil d'un air joueur. Il se passa la main dans les cheveux, guettant la réaction du comédien. Cette idée, il l'avait gardé dans un coin depuis un moment. Il avait d'ailleurs pensé qu'il ne l'utiliserait finalement pas. Mais en voyant Andrew, elle avait ressurgit, et il y tenait à présent fortement : le plus important rôle féminin serait bien tenu par un homme.

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Le Seikusu Palace et cinéma / Re : Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: dimanche 13 août 2017, 22:16:14 »
Pendant toute la prestation du jeune acteur, le jury était resté presque parfaitement silencieux. Leur attention n'était pas parfaite, fin de journée obligeait, mais la scène jouée par Sand Phénix était assez particulière pour éveiller un peu leur curiosité et éviter qu'ils pianotent sur leur téléphone portable. Ils ne savaient pas si le sabotage avaient quoi que ce soit de réel et ne s'en préoccupaient à vrai dire pas vraiment. Ike trouva la prestation plutôt déconcertante : surtout, au moment de l'unique réplique, il sentit un frisson le parcourir. Les quelques mots l'avaient interpellé, et avaient sonné si vrai qu'il avait presque eu envie de répondre.

J'aime bien, glissa-t-il à l'attachée de production.
Il se la joue un peu, non ?
Ouais. J'aime bien.

Le directeur de casting, avec une moue difficile à décrypter, avait ensuite remercié l'artiste et lui avait signalé avec la formule habituelle qu'on le recontacterait s'il convenait pour le rôle. Lorsqu'il fut raccompagné à la porte, Ike profita des quelques secondes de battement avant le prochain candidat pour annoncer au reste du jury :

Yo, je sais pas vous, mais moi j'ai eu une idée. Vous finissez sans moi ?

Il n'attendit pas vraiment d'autorisation formelle. Il s'éclipsa par la sortie secondaire. Il connaissait bien le bâtiment, son père avait un bureau au deuxième étage. Il emprunta un escalier et se retrouva ainsi dans la pièce vide, mais possédant une fenêtre. De là il avait une vue plongeante sur tout ceux qui entraient et sortaient du bâtiment. Les candidats s'en allaient généralement un par un, à mesure que les formalités administratives étaient remplies. Aussi, il ne tarda pas à apercevoir en contrebas le dénommé Sand Phénix, accompagné d'une femme qu'Ike ne connaissait pas – sans doute son agent, ou sa mère, pensa-t-il.

Le musicien ouvrit alors la fenêtre, et lança sur le comédien la première chose qui lui passa sous la main. C'est donc un stylo plaqué or qui atterrit en tout impunité sur le crâne du garçon. Heureusement il n'était pas trop lourd.

Hey ! l’apostropha l'adolescent depuis sa position surélevée, avec un signe de la main. J'ai kiffé ton numéro. Ça te dit de prendre un verre ? Mon chauffeur attend derrière l'immeuble.

Il était volontairement évasif sur les raisons qui le poussaient à demander cet entretien informel supplémentaire. Mais de toute façon, il ne s'imaginait pas quelqu'un refuser de passer un moment avec lui. N'importe quand. Mais surtout lors de la phase de pré-production d'un long métrage. Il s'adressa ensuite à l'accompagnatrice, avec un sourire :

J'peux vous l'emprunter pour la soirée ? Je vous le rends demain.

Sur le parking privé à l'arrière du bâtiment, il y avait en effet une grosse berline noire qui attendait. Ike avait déjà prévenu le chauffeur par SMS qu'il y avait un passager supplémentaire à prendre. Le musicien ne tarderaient pas à les rejoindre.

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Le Seikusu Palace et cinéma / Cygnet Committee [Andrew Forest]
« le: dimanche 13 août 2017, 15:51:24 »
Depuis plusieurs mois, Ike subissait un vide créatif : aucun texte, aucune mélodie ne daignaient lui apparaître. Il noircissait des feuilles entière, sans renouer avec l'inspiration. Il ne s'en inquiétait pas plus que ça, il savait que sa carrière n'en pâtirait pas –  car, évidemment, il disposait de dizaines de professionnels de la musique qui auraient tué pour écrire pour lui (et surtout pour toucher les droits d'auteur associés). Mais la situation était quand même frustrante. Il sentait qu'il avait besoin de s'éloigner un peu de son univers habituel. Faire autre chose, pour, in fine, relancer sa motivation.

C'est en écoutant un vieil album de David Bowie, le populaire The rise and fall of Ziggy Stardust and the spiders from Mars, que l'idée germa dans son esprit : il n'y avait pas que de la musique dans Ziggy Stardust. Il y avait une histoire. Quarante-cinq ans s'étaient écoulés depuis la mort du personnage. C'était suffisant pour que son esthétique puisse réintégrer le perpétuel recommencement qu'était le monde de la mode, pour peu que des stylistes avisés la remettent au goût du jour. De quoi faire un film. Puis l'idée plairait sûrement à son père, qui avait travaillé avec Bowie au début des années 2000.

En une seule nuit, Ike écrivit le premier jet du scénario de The boy from after the fall. L'histoire, se déroulant dans un futur proche, racontait la quête d'un extraterrestre immatériel venu prévenir l'humanité d'une menace terrible. Pour cela, il tente de prendre possession d'un jeune musicien fantasque et autodestructeur, Joey. Malheureusement, le processus est troublé : alors que l'extraterrestre transfère sa conscience dans ce nouveau corps, le musicien, lui, est en plein trip. L'extraterreste se retrouve alors à lutter avec son hôte indocile et persuadé d'être schizophrène, pour faire passer son message dans le milieu marginal des night clubs.

Ike avait forcé pas mal sur le trash, pensant que les script doctors qui passeraient après lui édulcoreraient l'univers. Mais à sa grande surprise, il n'en fut rien. Son père avait même dit que la violence du propos serait excellente pour casser son image encore un peu lisse de chanteur issu d'un télé-crochet.

Deux mois plus tard, un réalisateur assistant avait été trouvé, une production nippo-américaine montée, et les premiers castings avaient commencé. Une partie de la distribution était déjà fixée. L'extraterrestre, qui ne serait présent qu'en voix-off et lors de quelques flashback, serait incarné par Benedict Cumberbatch. Joey, le musicien, bien sûr, serait incarné par Ike lui-même. Mais il y avait encore un bon nombre de rôles à attribuer.


♪               ♪

17h35, un studio de castings à l'ouest de Tokyo.

La journée était presque terminée, et une vingtaine d'aspirants comédiens étaient déjà passés pour le rôle du jour, Mike, un ami du personnage principal, avec qui il faisait de la musique. C'était un rôle assez secondaire, mais tous avaient été rejetés, pour une raison simple : Ike ne voulait pas d'un inconnu dans ce rôle. Il savait déjà qu'il allait le donner à DJ J4ckEyes, un ex-membre d'I-Kiss. Il faisait passer des castings juste pour contenter la production du film.

Mélissa, une stagiaire, tailleur gris, talons hauts, queue de cheval blonde tirée à l'arrière de la tête, raccompagna un autre acteur, lui assurant qu'ils le rappelleraient s'il était sélectionné. Puis elle rouvrit la porte de la salle d'attente. Il n'y avait plus grand-monde. Regardant sur sa tablette numérique, elle appela d'une voix claire :

Sand… Phénix, c'est ça ? C'est à vous.

La salle où se déroulait les auditions faisait environ quinze mètre carrés. Dans le fond, une rangée de chaises, sur laquelle sont assis, dans l'ordre, le directeur de casting (un homme d'une quarantaine d'année, chauve, une barbichette grisonnante), une chargée de production (petite femme brune, replète, en complet mauve), un technicien (environ trente ans, cheveux longs et bruns en catogan) et Ike en personne, habillé pour l'occasion d'un kimono léger noir et jaune, par-dessus un débardeur et un jean. L'ennui et la lassitude se lisait dans le regard de tout le monde, mais celui du jeune musicien restait de toute évidence le plus alerte. Il n'y avait rien d'autre de notable, à l'exception d'une caméra montée sur trépied au centre.

OK, « Sand Phénix », commença le directeur de casting.
C'est sûrement un pseudonyme, chuchota la chargée de production à Ike, en se penchant vers son oreille.
Sans rire, lui répondit, avec un sourire, ce dernier.
L'audition se déroule en deux parties. D'abord tu as environ une minute pour te présenter et parler de toi. Ensuite, tu as deux minutes max. pour jouer le texte que tu as préparé. Mélissa – il leva tout juste le bras pour désigner la stagiaire – peut te donner la réplique si tu veux.

Son ton était automatique, et comme on pouvait le déduire, il avait répété ces consignes beaucoup trop souvent dans sa vie. Le technicien appuya sur le bouton de la caméra, qui commença alors à filmer.

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J'sais que y'a Thowshend à la guitare. Mais vas-y, on s'en branle de la guitare. C'est un instrument de merde la guitare. Les instruments c'est de la merde. Travelator, c'est de la merde.

Ike leva les yeux au ciel, ou plus exactement au plafond. Cela faisait seulement vingt minutes qu'il était assis, et accepter la proposition de Monsieur K. – à savoir aller boire un verre dans un bar de centre-ville – lui semblait déjà une mauvaise décision. Monsieur K. était DJ, assez connu dans le secteur, mais de l'avis du chanteur, il n'était qu'un tourne-disque. Plus exactement, il songeait que si le DJ s'était contenté de tourner des disques sans chercher à parler musique, cela aurait probablement fait de lui une meilleure personne.

Mais bon. Oxygène II ça c'était…
Hep. J'vais – voir – par là OK ? J'pense que j'ai vu… quelqu'un…

L'adolescent ne se donna même pas la peine de terminer sa phrase avant de sauter du haut de son tabouret et de s'éloigner. Il ne se donna même pas la peine d'articuler les derniers mots, quoique, bien sûr, il n'avait vu personne de notable de l'autre côté du bar. Mais le plus évident des mensonges était encore à l'évidence préférable à la suite d'une conversation sur les mérites et l'évolution de la carrière de Jean-Michel Jarre. Lui, au moins, il l'avait rencontré pour de vrai.

L'établissement était assez peuplé pour qu'il puisse espérer perdre définitivement (ou, soyons réaliste, pour le reste de la soirée) son interlocuteur. Passée cette condition, il devrait être assez tranquille. Seules les quelques mèches roses qui tombaient sur son front auraient pu trahir son identité. Avec sa veste cyan et son jean noir, un bonnet bordeaux vissé sur la tête et des lunettes de soleil, avec ses bras maigres et son allure filiforme, il ressemblait à un gamin, voire à une gamine, qu'on aurait sans doute pas normalement laissé entrer dans une boîte. À moins qu'il ne ressemble précisément à une jeune pop star ne voulant pas être identifiée.

À vrai dire, il s'attendait à ce que même dans le cas où on le reconnaîtrait, on le laisserait en paix. Il y avait en effet beaucoup de distraction, et le principal point d'attraction semblait en être la scène. C'était là la zone la plus dense, et donc la plus apte à s'y dissimuler, aussi Ike s'en approcha, s'enfonçant dans le public.

Le spectacle était pour cause agréable. Une jeune femme ondoyait sur les planches, exposant à la vue des clients intéressés un corps qui ne laissa pas non-plus l'adolescent indifférent. Il était rare que des jeunes femmes il fasse beaucoup d'effet. C'était qu'à force de répondre généreusement aux attentes charnelles de ses trop nombreuses groupies, il en était devenu difficile, en particulier sur la gente féminine. Peut-être était-ce la lumière et toute cette agitation qui trompait son œil, faisant paraître la silhouette de la danseuse si harmonieuse et sa chorégraphie hypnotiquement souple ? Il n'en était pas encore certain, mais le garçon ne la quittait maintenant plus du regard.

Non-loin de lui, il vit un homme tendre à la jeune femme un billet. Était-ce comme ça qu'on attirait son attention ? Ike sentit que ce geste pourtant commun faisait naître en lui une colère froide. Ça ne lui plaisait pas. Si quelqu'un lui plaisait, alors elle devait être à sa disposition, pas à celle de quelqu'un d'autre, et encore moins à cette bande de singes bruyants et vicieux. La solution aurait été d'imiter les autres clients et d'agiter à son tour une petite coupure, il n'en manquait pas. Mais il lui semblait qu'il méritait mieux que quinze secondes d'attention – que ce qu'il avait à offrir valait bien plus que ça. Il était une fierté nationale, un génie de la musique, pas un simple rentier bouffi de thunes et sans talent.

Ravalant son énervement, l'adolescent renonça à assister à la fin du show et se glissa hors de la masse. Il prit le parti de converger vers le bar, où s'activait une femme grassouillette. Sa flétrissure marquait un terrible contraste avec le parangon des canons esthétiques féminins dont le jeune homme venait d'assister à l'exhibition, et qui était seulement tempéré par le fait que le meuble en bois en cachait la moitié inférieure de l'être.

Vous avez un manager, ou un responsable, ici ? l’interpella le musicien, avec un sourire, mais le ton sérieux ; un bras sur la surface du comptoir.

Il ne savait en vérité pas trop ce qu'il allait dire. S'il n'avait pas été d'un naturel aussi confiant, sans doute aurait-il déjà regretté sa parole.

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