L'Enfer / Re : C'est déjà l'épilogue ? [Mjoll]
« le: jeudi 02 octobre 2014, 21:23:49 »Un soupir à peine audible quitte la gorge de l'écuyer interloqué qui assiste à la boucherie, quelque part entre la peur et le déni. Daundelyon a perdu ? Impossible, Daundelyon n'a jamais perdu. A sa décharge, on pourrait arguer qu'il s'agit là d'une égalité, car la mercenaire semble elle aussi condamnée par la blessure à son abdomen. Ignorant les cris stridents de Prospérine qui lui agressent les oreilles, Pélaguet s'approche d'un pas mal assuré des deux combattants qui restent debout, l'un contre l'autre, dans une immobilité parfaite, comme s'ils avaient décidé de mourir ainsi et de s'ériger en monument au milieu de ce désert morne.
"Maître ?..."
Sa question semble réveiller le colosse, qui pivote pour caler son épaule contre la poitrine de son adversaire et retire sa lame dans un mouvement sauvage, taillant au passage les chairs de la mercenaire et élargissant encore sa plaie ; il se recule d'un pas et lance un regard ahuris autour de lui. L'abdomen de Mjoll est maintenant gratifié d'une profonde entaille diagonale commençant sous les côtes et s'arrêtant sur le nombril. Une bouche de traviole qui vomit du sang entre ses lèvres inégales.
Daundelyon tente de parler, mais ne parvient qu'à produire un étrange gargouillis. Sa main se porte à sa gorge, et commence à tâtonner la hampe qui lui traverse le gosier. Plus que l'objet lui-même, c'est le liquide qui emplit sa gorge qui l'étouffe. Des ruisseaux chauds et poisseux s'invitent sur son torse et dégoulinent lentement sur son corps nu, empruntant la voie facile de son entre-cuisses et de ses jambes pour finir sous ses pieds, ou s'accumulant dans la pilosité de son pubis et gouttant ensuite de dessous son matériel.
Fichtre. Les deux combattants perdent une quantité de sang impressionnante, jusqu'à en être à demi couverts. Aucun des deux, pourtant, ne semble résigné à s'effondrer - comme l'exige la coutume lorsqu'on est blessé si gravement. Cette attitude aurait au moins le mérite de la pudeur : n'est-il pas pénible de voir des être humains agoniser et lutter ainsi contre une mort certaine ? Comment croiser le regard de ces gens là ? Pélaguet s'en trouve terriblement gêné. Prospérine, elle, a cessé de hurlé pour s'évanouir lourdement sur son flanc. En voilà une qui a le sens des bonnes manières. Pélaguet voudrait bien s'évanouir, lui aussi, ça lui donnerait une contenance. Oh Seigneur, pourvu qu'on attende pas de lui qu'il sache quoi faire !... Un pas en avant, un pas en arrière ;
"Euh... vous... hm. Ça va ?"
Question bête, ou peut être pas tant que ça. Parce qu'étrangement, il a l'air de se porter pas mal, le chevalier. Il va jusqu'à saisir la pointe de la flèche qui ressort par sa nuque et la briser entre ses mains, puis à tirer sur la hampe pour l'extraire - le tout avec force grimaces. Le projectile retiré de la plaie, le sang jaillit à nouveau avec abondance, au point que ne torse et les jambes du guerrier se trouvent très vite repeints en rouge sombre. Le guerrier se plie en deux, tousse et crache le fluide qui encombre sa trachée. Une dizaine de secondes plus tard, il patauge littéralement dans la marre de son propre sang.
L'enfer, c'est vraiment dégoutant.