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« le: samedi 17 mai 2014, 15:29:48 »
Eyia suivit tous ses gestes du regard. Ainsi emmitouflée dans sa couette, les yeux brillants, muette, elle ressemblait à un petit chaton inoffensif. L'immortelle recula un peu, quand il vint s'asseoir à côté d'elle. Elle l'écoutait attentivement, hochant la tête silencieusement. Oui, elle le rencontrerait, ce pauvre connard qui avait volé ses pierres. Elle et son armée d'ombres lui feraient beaucoup de mal, elle se l'était jurée. Mille vengeances étaient déjà dessinées, dans son esprit, toutes violentes et sanglantes. Eyia ne vivait pour ces émotions vivaces, celles qui la terrassaient. C'était tout ce qu'elle avait réussi à sauver de l'éternité, si longue, si plate. Chaque époque avait eu son charme, sa façon de torturer, de venger, de mener à bien de petites guerres et d'asseoir son pouvoir. C'était ça, qu'elle aimait.
Eyia appuya sa tête contre l'épaule d'Arctos, posant une de ses mains dans son dos. Ses petits doigts se baladèrent sur sa peau.
- Je le rencontrerais. Je lui ferais regretter chacune de ses décisions. Il me rendra mes pierres, puis je le tuerais. Putain oui, je le tuerais.
Elle avait plantée ses ongles dans le dos du Russe, en prononçant ces derniers mots, poussée par un élan de rage. Dieu merci, malgré les années, la rage qui habitait Eyia n'avait pas bougé d'un cil. Elle restait cette petite reine-guerrière increvable, pleine de ressources. On lui reprochait d'être trop enflammée, mais elle préférait se dire qu'on ne l'était jamais trop. Ses doigts caressèrent la peau rougie par les griffures.
- Je te remercie de m'aider. Tu aurais pu me tuer dans mon sommeil, mais tu n'en as rien fait. Je trouve ça admirable.
Certes, ses ombres seraient intervenues, mais elle n'en fit pas mention. Il n'avait pas besoin de savoir qu'elle était suivie en permanence par sa petite armée.
Bougeant sur le côté, la jeune femme se plaça derrière lui, sa tête appuyée sur son épaule, ses mains glissant sur le ventre du Russe. Sa poitrine était plaquée contre son dos. Apaisée, elle respirait doucement. La souveraine se sentait parfaitement en confiance. C'était une sensation qu'elle ne connaissait que trop rarement. Elle le griffa à nouveau, cette fois de façon plus vive, joueuse.
- Ne t’inquiètes pas, cette nuit restera entre nous. Ce sera un secret. Les autres le seront aussi, je te le promets.
Les autres ? Oh. Ooooooooooh Eyia. Voilà qu'elle lui disait clairement qu'ils se reverraient - ce n'était ni une proposition, ni une question, mais bel et bien un ordre - comme si elle n'en avait pas eu assez. Enfin, dans son cas, elle n'en avait jamais assez. Elle en voulait encore, des nuits secrètes. Sur ce plan-là, l'éternité n'avait aucune emprise. Le temps passait mais elle restait, sur bien des points, toujours aussi vive. Et sexuellement, elle demeurait ... increvable, oui. Eyia.
- Quand le rencontrons-nous, dis-moi ?