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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: vendredi 12 avril 2024, 23:55:18 »
Et la nunaat sombra.

Attendez, est-ce que je suis dans un rêve ? J'ai cette sensation d'être là sans l'être, de voir mon corps comme si j'étais quelqu'un d'autre, d'être en face de moi sans pouvoir me contrôler. Est-ce que je suis...morte ? Non, s'il-vous-plaît...Je ne peux pas partir ainsi. Miuggrayd...Je n'ai pas encore accompli ma mission. Je...Je devais venger les miens. Je suis désolée, Père. Je n'apporte que le déshonneur sur notre famille. Déjà de par ma survie, d'avoir été la seule et unique encore debout, mais surtout, de n'avoir pas réussi à vous rendre hommage, ni fier comme il se doit...

Tout est sombre autour de moi. Pas même une étoile ne vient éclairer mon chemin dans ce désert obscur baigné d'une aura mystique impalpable. Mes lèvres s'entrouvrent comme pour crier, mais aucun son ne sort. Rien ne vient troubler ce silence de mort. Je me laisse happer par cette force invisible qui m'attire comme un aimant dans un sommeil qui me semble infini, ce sommeil que je ne veux pourtant pas du tout...

___***___

Aujourd'hui, je suis descendue dans les plaines. Ce n'est pas un fait rare, mais il est pourtant important de le noter. J'ai prévenu mon père que je partais cueillir quelques plantes pour célébrer la future union de Mebe et Drom. Ils se connaissent depuis si longtemps mais, étant de grands timides tous les deux, ils ne se sont déclarés qu'il y a quelques mois. Il n'a pas fallu longtemps pour que ça finisse par un mariage. Cela m'arrache un sourire. Certes, c'est un peu niais mais ça reste mignon. Ce n'est pas à moi que cela arriverait. Il est vrai que je suis toute jeune encore et que je ne connais rien à l'amour, mais je ne m'y suis jamais intéressée et j'ai cette sensation que c'est quelque chose qui n'est pas fait pour moi. Mon père me rabâche que ma mère m'aurait dit qu'il y a de l'amour pour toute personne sur Terra, même pour une bourrue comme moi, mais ces paroles sonnent creuses. Non pas que mon père est un menteur mais vu mon caractère, le garçon manqué que je suis, j'émets de réels doutes. C'est aussi cela de vivre dans une grande fratrie composée que de garçons, mis à part ma personne. Mais je ne m'en plains pas. Malgré l'absence de ma mère, j'ai toujours été heureuse. Et c'était tout ce que je souhaitais aux futurs jeunes mariés !

L'air est si agréable, plus doux que dans les hauteurs du village. Il faut dire que les plaines ne subissent pas les blizzards violents, ni même les tombées de neige incessantes. Ici, cela respire le printemps ou même l'humidité des forêts. La végétation y pousse joyeusement, et ce n'est pas pour rien que je me retrouve ici aujourd'hui.  C'est un sourire aux lèvres que j'avance vers la lisière pour y récupérer de la digitale pourpre. À l'aide de ma serpe, je cueille quelques plantes supplémentaires pour faire des guirlandes afin de décorer la scène, mais aussi quelques petites choses en plus pour préparer de succulentes boissons. Ce soir, c'est plus qu'une simple fête ! C'est l'amour qu'on célèbre ! ...Ergh. J'ai eu un léger dégoût dans le fond de la gorge, qui m'est remonté. Un frisson me prend un instant dans le dos. Bon, faisons vite. Je dois encore faire le chemin retour, la besace pleine, jusqu'au village, et préparer tout ce que j'ai ramené. Personne ne pourra résister à mes cocktails !

Adieu le printemps, en route vers les glaces éternelles ! Le vent se met doucement à hurler à travers les montagnes, soulevant des tourbillons de poudreuse, obscurcissant le ciel déjà bien gris. La tempête fait rage, engloutissant tout sur son passage, mais je reste debout. J'avance péniblement à travers ce chaos blanc, mes sabots marquant à peine le sol balayé par une épaisse couche de neige fraîche. Je n'ai pas froid. Les Nunaats ne le craignent pas. Des légendes disent que c'est pour cela que nous avons la peau bleutée, voire violacée. Je sais, par des échos, qu'on nous dit sauvages, mais surtout très cruels. Comment peut-on nous décrire ainsi alors que ma mère était une crème ? Alors que nous vivons principalement reclus dans les montagnes. Il n'y a quasiment aucun étranger qui ose s'aventurer à travers les glaces pour rejoindre le village et échanger avec nous. Mais les Nunaats n'ont que faire de ces paroles.

Les yeux plissés pour éviter le vent qui me fouettait le visage, je scrute l'horizon. À mesure que j'avance, la neige craquant sous chacun de mes pas, les ombres des bâtiments du village se dessinent faiblement à travers la tempête. C'est le sourire aux lèvres que je me dirige vers ma maison, accélérant le rythme, histoire de mettre à l'abri mes plantes, durement récoltées à la sueur de mon front.

Cependant, alors que j'approche du village, un frisson étrange me travers l'échine. C'est désagréable. J'ai un très mauvais pressentiment. Une atmosphère sinistre s'installe assez rapidement. Pourtant, c'est censé être un jour de fête, non ? Mis à part le vent qui crie sa présence, pas un bruit. Où sont les chants d'amour ? Où sont les gens qui crient pour installer les tables ? Où sont les cuistots qui hèlent pour terminer le repas ? Aucun son. Aucune lumière. Rien ne venait briser ce silence qui me rend nauséeuse. Difficilement, j'avale ma salive, m'arrachant la gorge comme si j'avalais des rasoirs...

Je...Je ne sais décrire ce que je vois devant moi. La neige...est rouge. Le vent hurle, interrompant uniquement le silence pesant au sein du village. Celui que j'avais laissé si animé est désormais un énorme tombeau taiseux. Les portes des maisons étaient ouvertes, non pas pour accueillir les invités, mais pour démontrer les scènes sanglantes qui s'y sont déroulées. Mon père ? Mes frères ? Tous éparpillés autour du village, ils ont dû se battre pour protéger tout le monde mais...Des corps gisent ici et là, dans des positions...Un peu comme s'ils avaient été des marionnettes. Ils sont désormais les témoins muets du massacre qui m'a rendue orpheline.

Je sombre. Ce doit être un mauvais rêve. Je vous en prie...À bout, je m'effondre à genoux, des larmes gelant sur mes joues. Ma gorge se noue. J'ai beau hurlé, personne n'entend ma peine. La tempête ne cesse de battre la poudreuse qui recouvre petit à petit le corps de mes proches, faisant disparaître à jamais les Nunaats. Le blizzard étouffe mes pleurs, mes cris de désespoir, lui si indifférent à ma douleur...Lui qui ne fait qu'accroître ma solitude. Lui qui fera cesser d'exister...

Je ferme doucement les yeux. À quoi bon vivre maintenant ? Qu'est-ce qui m'attend ? Je m'allonge dans ce lit de glace. La mort me paraît être une bonne amie. Neige, absorbe-moi. Nourris-toi de moi, comme tu l'as fait de mes frères, de mes pères...Une douce lueur caresse mon visage. Je sens même mon corps se chauffer un peu. Serait-ce la délivrance ?

___***___

- Miuggrayd...

Un son, comme un bourdonnement, résonne dans ma tête. Je sens mon corps si lourd que même mes paupières peinent à s'ouvrir. Une légère lumière m'éblouit mais rapidement, une ombre semble approcher de moi. Ma vision est trouble et je ne parviens pas à distinguer le visage de ce compagnon, si cela en est un. Suis-je encore en train de rêver ? J'essaie tant bien que mal à me redresser, grimaçant à la douleur qui me lancine le corps.

J'ai l'impression d'être plongée en plein brouillard. Le peu de formes que j'arrive à distinguer sont comme vaporeuses, pour le peu que je puisse voir. C'est...Cette sensation ne m'est pas agréable DU TOUT ! Je dois être plongée dans un songe. J'ai comme un nœud dans la gorge, comme si les mots ne voulaient pas que je les prononce. Cette interdiction m'indique-t-elle qu'on m'a arrachée la langue ? Ou alors, suis-je beaucoup trop faible pour dire le moindre mot ?

Un souvenir vient me faire grimacer, un peu comme si un rayon de soleil m'aveuglait, à l'instant. Ah oui, c'est vrai...J'étais en plein combat et j'ai perdu connaissance. Hin...Je crois qu'il me prend de sourire, à moins que ce ne soit une grimace. Je ne saurai dire. Cette sensation que mon corps ne m'appartient plus, putain, que j'la déteste !

Cette ombre qui s'approche, est-ce Zorro ou bien un ennemi ? Je prends le temps de réfléchir deux secondes, et ne sentant pas un coup de dague dans ma gorge, mon flanc, ou mon cœur, c'est qu'il s'agit de cet idiot. Un grondement rauque fait vibrer ma langue contre mon palais, essayant de retrouver ne serait-ce qu'un peu de parole. Je dois lui répondre. Il m'a appelée « belle demoiselle », après tout !

- Bâ...tard..Tu p...p-perds rien p...pour at-attendre...

Bordel, c'que ça a été compliqué ! Un léger rire me secoue un peu, mais j'ai sacrément mal, putain. Je suis lessivée ! Comme si je m'étais faite piétiner par une horde de chevaux sauvages. Au moins, je suis avec quelqu'un que je connais un peu. Bon, depuis deux jours mais ce n'est pas un total inconnu ! Ce n'est pas un ami mais je suis encore en vie ici, c'est bien grâce à lui. Je devrais le remercier...Mes sourcils se froncent légèrement, accompagnant mes dires.

- M...Grmph...M-merci...

Argh, ma gorge, bordel de merde ! J'ai avalé du sable ou quoi ? À moins que ce ne soit des cendres...Cela n'en reste pas moins dégueulasse. J'essaie de lever un peu mon tronc, d'appuyer sur mes bras, mais je n'ai pas de force...J'dois tirer une de ces gueules...En même temps, avec la douleur pulsante dans ma tête, y'a peu de moyen pour que je sois divine. Et puis en fait, qu'est-ce que je m'en tamponne le coquillard, moi ? Depuis quand je pense à ça ? C'est le malaise qui m'a fait perdre la ciboulette ? Mh. Mh ? Y'a quelque chose qui me gêne...Baissant ma tête, toujours les yeux dans la brume, j'observe mon corps, recouvert d'une sorte de chemise, en peu trempée, et des bandages. Où est mon armure ? Attends, ça veut dire que...Je grogne un peu plus, sentant que je m'enflamme, mais mon état général me rappelle vite à la réalité, soufflant de douleur au moindre soubresaut de colère.

- J'espère pour toi que t'en as pas profité ! Putain...

Un frisson de gêne me parcourt l'échine alors que je jetais un regard confus autour de moi. Dans la précipitation, je croise le regard de Zorro puis grimace une nouvelle fois, ressentant comme de la confusion...Mêlée à de l'inconfort. Argh, il a dû voir tout ce que je cache...À quand remonte le dernier homme qui m'a vue ainsi ? Sans compter Miuggrayd, bien sûr...La honte, putain. Est-ce que je rougis ? Je n'espère pas. Putain, faites que non.

La nunaat se sentait encore engourdie et désorientée. Faible et honteuse.

- Q-qu'est-ce qu'il...s'est p-passé ?

Bordel, on dirait une vierge, gênée de faire sa première fois ! Je le vois bien qu'il est conscient de la situation délicate dans laquelle on se trouve, mais il ne prend aucun détour pour m'expliquer tout ce qu'il s'est passé depuis que je suis tombée dans les pommes. Elle est belle, la guerrière nunaat, n'est-ce pas ? PUTAIN ! J'enrage ! Même si je lui en suis très reconnaissante d'avoir pris soin de moi alors qu'il aurait pu me laisser pourrir sur le champ de bataille et me faire dévorer par les flammes, je me sens trop vulnérable. C'est désagréable d'être autant exposée à une personne qu'on apprécie, même si on vient de la rencontrer...Je me retrouve dans une situation inhabituelle qui me perturbe au plus haut point. C'est comme si...Comme si on m'avait mis du poil à gratter sur tout le corps et je n'avais aucune possibilité de pouvoir me soulager. C'est très TRÈS frustrant !

___***___

Il m'a fallu quelques heures de plus pour me remettre un peu plus sur pieds. Nous avons décidé de partir du lendemain, malgré les légères remontrances de Zorro par rapport à mon état. Je crois m'être suffisamment reposée pour reprendre la route vers l'académie. Un long voyage nous attend. Il nous faudra probablement plus d'une semaine pour atteindre les sommets enneigés de Lenwë, dans mon état. Je ne suis pas totalement requinquée mais on s'en suffira. 

Forêts de conifères et chemins rocheux ont été sur notre trajet pendant un bon moment, avant de finalement s'engouffrer dans les hauteurs enneigées. C'est au bout d'un long périple, un peu sur les rotules, que Lenwë se dessine enfin devant nous. L'Académie est une école de magie trônant majestueusement sur des sommets presque inaccessibles pour ceux qui manquaient de courage. C'est en quelque sorte un rite de passage pour pouvoir bénéficier du droit à l'étude de la magie.

L'Académie était facilement dissimulée par le blizzard balayant la montagne. Il servait généralement de barrière naturel la cachant des yeux d'autrui. Il pouvait arriver qu'un sort d'illusion ou d'invisibilité soit déployé pour masquer sa présence en cas de problème. Les tours élancées et les murs en pierres blanchâtres semblaient fusionner harmonieusement avec la nature environnante, créant une certaine atmosphère mystique autour d'elle. Les toits pointus des bâtiments étaient perpétuellement couverts de neige fraîche, reflétant les différentes lumières, solaires comme lunaires. Quelques sculptures telles que des gargouilles ou visages de grands mages prônaient sur le haut des tours et de l'entrée de l'école. Des fenêtres étroites et élégamment habillées de vitraux très clairs parsemaient les façades, émettant une lueur chaleureuse et discrète. D'ici, le jardin de l'Académie n'était pas visible mais il offrait un spectacle des plus bluffants, démontrant une nature figée dans le temps. L'ensemble créait une sensation de sûreté et de mystère bluffant, où le savoir mystique et les arts occultes sont enseignés et préservés dans un lieu d'une beauté enchanteresse.

Une fois à l'intérieur de Lenwë, l'atmosphère y était tout aussi envoûtante que son extérieur majestueux. Les vastes corridors en pierre sont éclairés par des chandeliers magiques qui projettent une lumière douce et vacillante, créant des ombres dansantes le long des murs ornés de tapisseries aux couleurs et symboles de différentes enseignements prodigués en ces lieux. Elle regorgeait d'un nombre incalculable de salles, aussi bien de cours, de bibliothèques, que de chambres pour les étudiants et professeurs.


- Bienvenue chez moi. Mais on attendra pour la visite complète. J'aimerais prendre un bain chaud et m'écrouler dans le lit. Et manger aussi. Enfin...Peut-être pas dans ce sens-là.

C'est au fin fond d'un couloir tranquille que je l'emmène. Et non, je ne vais pas le coincer contre le mur et...Bon, vous avez compris. J'ai besoin de cette paix propre à moi-même, y compris dans cette « maison ». Je m'arrête devant une lourde porte en bois sculpté. Certains ont dû nous voir sur le chemin jusqu'à ma chambre : ils vont sûrement parler de mon retour à Miuggrayd. Ouvrant ma main gauche, j'y condense de la glace pour former la clé de mon habitation, celle-ci disparaissant dans la serrure une fois la porte ouverte. Ma chambre me paraît basique...Enfin, je crois. La simplicité, c'est ce que je préfère.

La chambre de l'herboriste est un lieu aux multiples essences. Elle ressemblait à un sanctuaire mystique où quiconque passait le pas de la porte était accueilli par une explosion de couleurs et d'arômes envoûtants. Qui aurait pu croire que la propriétaire était une Nunaat belliqueuse et grognon ? L'habitation restait assez spacieuse. Des fioles scellées contenant des extraits de plantes rares reposent soigneusement sur des étagères spéciales, chacune étiquetée avec une écriture calligraphique. Des livres étaient éparpillés un peu partout, aussi bien dans les bibliothèques que par terre, sur les tables que sur le lit, certains encore ouverts sur les recherches de Yukka.

Au fond de la chambre se trouvait la seule fenêtre, dont les boiseries se voilaient de plantes au feuillage chatoyant. Des rideaux en soie fluide teintée de vert foncé encadrent la fenêtre, permettant à la lumière naturelle de filtrer délicatement à travers les feuilles des plantes magiques qui ornent le rebord. Des lampes aux teintes chaudes, semblables à des lucioles capturées, planent au-dessus du bureau se situant sous la fenêtre, créant une lueur douce qui accentue le caractère mystique de l'endroit. Le bureau est ce que l'on pourrait dire...en bordel monstrueux. Le bois foncé de celui-ci n'était visible que sur les pieds, le reste étant presque entièrement couvert par des grimoires anciens, fermés ou non, des mortiers en pierre, certains mêmes en marbre, accompagnés d'autres instruments d'alchimie et d'extraction.

Il faut dire que le vieux parquet était usé à certains endroits de la chambre, notamment autour du bureau et des étagères. Sûrement que les sabots de l'Edelweiss n'avait fait que maltraiter ce pauvre sol. Seul un tapis de fourrure reposait devant le lit. Celui-ci était assez grand pour y accueillir deux personnes massives. La Nunaat n'avait pas la folie des grandeurs, mais le confort, lorsqu'elle prenait le temps, ça lui faisait du bien.


Je dépose mon sac à dos non loin de mon bureau, en bordel comme je l'avais laissé. Malgré tout, la poussière n'avait pas pris place dans ma chambre. Je suis sûre que Miuggrayd y passait pour l'enlever et que celle-ci reste propre jusqu'à mon retour. Soupirant de fatigue, je me tourne vers Zorro.

- C'est pas l'grand luxe, mais voilà. S'tu veux, j'peux aller chercher de quoi grailler pendant que tu enlèves toute cette crasse accumulée.

Je pointe d'un doigt une porte entre deux étagères pleines, celle-ci menant vers un coin hygiène, idéal pour les petits besoins et les bains.

- Et j't'assure que toi comme moi, on en a besoin. Ou si tu veux, on prend un bain et on repart ensemble chercher d'la bouffe. Ça t'fera faire un p'tit tour du proprio, en plus d'être l'occas' pour demander une chambre pour toi.

Je baille un grand coup, soufflant ensuite fortement par mes narines. Et l'estomac chante...Ta gueule, deux minutes, ça va venir.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: dimanche 06 août 2023, 00:49:05 »
Mise en place de l'at-mos-phère.

___***___

Je n'aurais jamais pensé que ma journée se serait déroulée de la sorte. L'agréable chaleur du bain et du lit de l'auberge du Coucher de Lune me donnent la sensation d'être un si lointain souvenir...La douleur me rappelle à la réalité. Putain d'flèche de merde ! J'ai beau avoir cassé la flèche de mon épaule, il m'en reste un sacré bout dans la chair et ça me lance énormément. Puis merde, ça n'a pas suffi à ces enculés, je m'en suis prise une dans la queue aussi ! Vous allez le regretter, je le jure ! Et bon sang, ça me lance dans tout le bassin. Je ne dois pas flancher, le combat est loin d'être terminé. Je ne mourrai pas ici ! Yukka, ressaisis-toi !

Je serre les dents, faisant fi de cette douleur qui me lancine le corps petit à petit. Mes coups continuent de pleuvoir, et même si j'ai mal, ça ne fait que renforcer la puissance de mes attaques, comme si un feu me brûlait de l'intérieur, reflet insatiable de ma rage à l'instant même. Je me mets à psalmodier aussi des paroles dans ma langue maternelle pour reconstruire des murs gelés me servant de boucliers. Cela n'évite pas tout mais c'est déjà pas mal.

Je suis aux aguets. Je suis attentive à tout car je suis seule contre beaucoup d'entre eux, Zorro encore derrière pour évacuer les esclaves. Soudainement, je sens une présence dans mon dos. Je sursaute un peu et je suis prête à bondir sur la personne derrière moi...En plus de s'appuyer sur moi, putain, j'ai mal à l'épaule ! Les blessures réveillent la douleur, en particulier dans l'épaule mais aussi dans le bassin, faisant remonter un grognement du plus profond de ma gorge. C'est aussi pour montrer mon mécontentement. C'est lui, Zorro...Et tu m'demandes comment je vais ? Cette blague, putain !

- T'occupes et concentre-toi!

Même avec l'arrivée de Zorro à mes côtés, le nombre d'esclavagistes ne diminue pas. J'ai l'impression de me voir dans une fourmilière et que des milliers de soldats cherchent à défendre leur reine. Je ne me défile pas pourtant. Un coup, j'utilise ma magie pour les déstabiliser, de l'autre, je sais toujours agiter ma hache avec férocité, tranchant les chairs et brisant les os. La vue du sang ne me fait rien, celui des crapules de ce genre, tout du moins. Ils n'ont que ce qu'ils méritent : la mort. Mais je ne vais pas mentir, je sens la fatigue me gagner. Je n'ai pas pour habitude de comprendre autant d'hommes d'un seul coup, même si l'engouement du combat me grise énormément. C'est mauvais signe...

Alors que je vois d'autres hommes de main arriver sur le champ de bataille en flammes, Zorro fait face à ses propres ennemis et j'entends le métal de leurs armes s'entrechoquer. Alors que j'entends un arme s'abattre sur lui, Zorro me souffle l'idée d'échanger d'adversaires, chose que j'accepte de suite en hochant du chef. Il déstabilise la personne en face de lui et c'est ainsi qu'on échange de place.

Me voilà face à une femme, plutôt grande. Je dirais qu'elle a le même gabarit que moi, la connasse. Rouquine, je peux voir sur sa peau des muscles superbement dessinés, sa peau marquée par le soleil ici et là, aussi couverte de multiples cicatrices. Ses yeux d'un vert pâle me transpercent, son regard accentué par le maquillage blanc qui lui barre le visage à la verticale. On pourrait presque croire à une copie de moi, en version humaine. Elle transpire la force, maniant une hache avec un plus petit manche que la mienne. Je dois me méfier...

Un sourire carnassier illumine mon visage, heureuse d'avoir une telle adversaire. Il est rare que je combatte des femmes, alors je jubile. Cependant, je me refuse à me battre en utilisant davantage la magie. Si je continue à me servir de mes sortilèges, je vais finir à genoux, voire pire que ça...Et il faut dire qu'il y a un peu de mon ego qui souhaite mettre à mal cette guerrière par la seule force de mes bras.

Les frappes pleuvent, le bruit de métal s'entrechoquant fait vriller nos tympans. Alors qu'aucune de nous ne prend le dessus, la rouquine vient me taper dans l'épaule blessée, m'arrachant un cri de douleur. Prise de rage, je lui attrape le poignet qui cherche à me mutiler davantage, celui tripotant le reste de flèche transperçant ma chair, et d'un coup vif de mon sabot, je la renverse au sol en hurlant.

- Crève, salope !

J'abats ma hache avec force sur cette catin, mais elle roule sur le côté et en profite pour se redresser. Ma hache étant plus longue que la sienne, j'ai des mouvements légèrement plus lents que cette putain. Ce combat ne va mener à rien. Cela a beau être une humaine, une femme même, elle sait se battre. C'est grisant de combattre une telle personne. Mais, il faut dire que je commence sérieusement à fatiguer, la douleur dans l'épaule et le bassin me lancinant de plus en plus. À cette allure, je ne tiendrai pas longtemps. Je m'épuise...

Dans mon ras-le-bol, je tente le tout pour le tout. Enrageant de tout mon saoul une dernière fois, allant chercher la fureur au plus profond de mon âme, je frappe la lame de ma hache, la plantant dans le sol avec force. Psalmodiant des mots glaçants en nunaat, je fais apparaître une aura bleutée autour de mon arme ainsi que mon corps. Ma chevelure de jais se met à flotter dans les airs, mèche par mèche. Je hurle et une aura glaciale s'échappe de mon corps, en un coup fulgurant.

- Assez !

Des stalactites de glace sortent de terre, venant trouer les ennemis de part et autre, sur une quarantaine de mètres à la ronde, évitant Zorro de justesse. Ces pics bleutés se teignent d'une magnifique cascade rouge. Je n'entends plus rien, pas même ma propre respiration. Juste un puissant son strident me perforent les tympans. J'essaie de me redresser à l'aide de ma hache, mais mon corps se fait si lourd. Même ma tête pèse beaucoup. Ma vue se trouble. Les flammes s'éteignent, le monde devient blanc. Puis vient le néant...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: samedi 30 juillet 2022, 20:27:48 »
Je ne suis pas aveugle, mon cher Zorro. Crois-tu que je n'ai pas remarqué tes traits de visage se déformer quand je t'ai avoué les raisons de cette poursuite ? Il est vrai que je déteste les esclavagistes. Ce sont des déchets, des personnes qui se croient au dessus de tout le monde, parce qu'ils sont lisses de toute différence réellement visible. Et ce sont les gens comme moi qui en pâtissons. Nous qui devons payer le prix de cette différence. Nous sommes considérés comme des simples marchandises, bons à devenir de simples servants pour les biens-heureux d'entre nous, des sacs à foutre pour ceux encore destinés à vivre. D'autres encore serviront de cobayes pour je ne sais quelle expérience, et je ne veux pas l'imaginer.

Il m'est arrivée plus qu'une fois d'être poursuivie par ce genre d'ordures. La plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, j'arrive à m'en défaire. Mais parfois...J'ai pu être sauvée par quelques âmes bienveillantes, heureusement. Je pense qu'on ne pourra jamais les éliminer totalement. Ils sont comme de la vermine. On aura beau essayer de tous les défaire, il en refleurira de nouveau. Mais si je peux écraser quelques uns de ces insectes, je le ferai avec joie. Moins il y en aura, moins Lenwë risque d'être attaquée par ces enculés.

Suis-je trop lisible ? Ou as-tu appris à me comprendre plus rapidement que moi ? Mpf...Peu importe. Le chemin jusqu'au devant du camp se fit sans encombre. Mais quoi faire pour la suite ? Si j'y vais en rentrant dans le lard, les prisonniers seront tous exécutés, ou bien, ils seront emmenés autre part alors que nous serons occupés au combat. Et pour être totalement sincère, à part à la chasse où je suis plutôt discrète, lorsqu'il s'agit de combat, je ne suis pas des plus délicates. Peut-être est-ce le fort de Zorro ?

Je fais part de mes « compétences » à mon compagnon vengeur. Il me laisse alors prendre connaissance de son plan et je dois avouer que c'est le mieux que l'on pourrait faire. Que je fasse l'appât et que j'en profite pour faire le plus de bruit possible.

« Ça me va ». J'accompagne mes paroles d'un froncement de sourcils, démontrant que j'étais prête à rentrer dans le lard. Un « toi non plus » s'échappa de mes lèvres bleutées. Certes, il pouvait être énervant, à trop savoir me lire, mais ce n'était pas pour autant que je lui souhaitais la mort. Par contre, ce n'était pas le cas de ces esclavagistes...Maintenant, comptons...

Doucement, les nombres défilent dans mon esprit. Mes yeux fouillent la scène qui se passe un peu plus loin. Quelques hommes se trouvent autour du feu de camp, d'autres filant dans leurs tentes, voulant se reposer pour changer de rôle au milieu de la nuit pour monter la garde. Cela va être mon tour. Je délie mes jambes, fais quelques flexions pour m'échauffer et sors enfin du bosquet. Zorro voulait du spectacle, alors il va en avoir.

Avançant vers la lumière du grand feu, je me mets à siffloter un petit air qu'un homme de petite taille m'a apprise à Lenwë.

- La maison est derrière...Le monde est devant...Nombreux sentiers ainsi, je prends...

Ma voix n'est pas aussi belle que mon petit ami mais elle n'est pas horrible pour autant. Il m'avait racontée qu'il l'avait chantée pour un roi assez fou pour envoyer son dernier fils à la mort, sans l'ombre d'un remord.  Je chante assez fort pour être entendue, comme si je leur chantais déjà leur marche vers l'au-delà.

- À travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit...Jusqu'à la dernière étoile qui luit...

- C'est quoi ce bordel ?

- J'crois qu'on a d'la visite...

- Brumes et nuages, noyés dans l'obscurité...

C'est le cas, et pas des moindres. D'un mouvement ample, je dégaine ma hache. Alors que régnait l'obscurité, une brume légèrement bleutée semble gagner l'herbe. Une petite étincelle semble briller dans la nuit, se rapprochant davantage du camp éphémère d'esclavagistes. Dans les ténèbres de la nuit, ces connards ne peuvent voir que les volutes bleutées de magie qui se dégagent de mon armure, métamorphosant son allure, la renforçant. Il sera bien difficile de l'entailler. Un voile givré enveloppe doucement la lame de mon arme.

- Un feu-follet, tu crois ?

- Abruti, ça chante pas c'te conn'rie. À vos armes !

Dans mon esprit, c'est le foutoir. Tous ces sentiments qui s'entremêlent et se nouent...Amertume, colère, satisfaction, extase...

- Tout va se mêler...Ooooh, tout va se mêler...

En voilà quatre qui viennent sur moi, un cinquième allant dans l'obscurité du camp, sûrement pour prévenir le reste du groupe de mon attaque soudaine. J'espère que tu auras celui-ci en douce, très cher Zorro. Pour les autres, je ne vais pas me retenir. Aucune retenue est de mise avec de sombres merdes comme eux. Les mains tenant fermement ma hache enchantée, je les attends. Deux hommes en capes, munis de simples épées, se jettent sur moi, pensant m'avoir en sandwich. J'ai beau être une combattante avec une hache, cela ne m'empêche pas d'être plus rapide qu'eux dans mes mouvements. Quand ils me foncent dessus, je me baisse et me décale sur le côté. Les deux imbéciles...Leurs corps s'entrechoquent en un bruit sourd, tombant ensuite lourdement sur le sol. Je ne leur laisserai pas le temps de se relever. Plaquant ma main droite dans l'herbe, je murmure quelques mots dans une langue peu commune. Deux pics de glace se dressent vers les cieux, traversant les tripes des deux gus assommés à l'instant. Et de deux de moins. Je ne compte pas faire dans la dentelle...

Ceux encore présents s'arrêtent net et hurlent après des renforts de toute urgence. Au loin, j'entends des voix qui portent davantage. Je n'en connais pas le nombre mais il y en aura plus que quatre d'ici quelques secondes, et au mieux, quelques minutes...Mais devant moi, il en reste encore. Ils n'osent pas m'attaquer de front, de peur de finir comme leurs camarades, cloués au sol, et ils semblent attendre l'aide promise. Tss...Ils n'ont même pas les couilles de se lancer alors qu'ils sont déjà en supériorité numérique. À moi de leur rentrer dans le lard. Ils se mettent sur mes côtés, l'un à gauche, l'autre à droite. Encore un sandwich, sérieusement ? Levant les yeux au ciel le temps d'une seconde, je pousse un soupir las devant leur incroyable connerie, ou leur manque d'imagination. Ou même d'art du combat. Bref, je n'ai pas affaire à des lumières. Allez...

D'un bond sur ma droite, je surgis devant mon adversaire. Ce n'est pas la lame de ma hanche qui heurta son corps, mais bien l'extrémité de son manche qui rencontra élégamment son menton. Il me semble avoir vu, dans le feu de l'action, des dents volés. Bien fait, connard ! J'en profite qu'il soit désorienté, presque assommé, pour m'occuper de son ami. Claquant des sabots à chaque pas qui me rapproche de lui, j'émets un son guttural, comme une bête. Enragée ? Je le suis, je me laisse porter par mes pulsions et sûrement par cette furieuse envie de vengeance, comme une plaie toujours ouverte, qui me brûle jusque dans les tréfonds de mon âme. Ma petite « comédie » semble fonctionner, et le gars recule doucement, comme effrayé. Tu peux l'être, pourriture...Il est déstabilisé, alors j'en profite. Je fonce sur lui et lui assigne un coup tranchant sur son torse. Le sang gicle et j'en reçois un peu sur mon visage. Me voilà avec des peintures de guerre.

Alors que j'entends la cavalerie arriver, d'autres murmures s'échappent d'entre mes lèvres et un nouveau piquet de glace vient transpercer le connard encore dans les vapes. Deux autres en moins...Mais là, y'en a beaucoup qui se pointent. Zorro, t'as intérêt à te grouiller. J'ai beau être douée en combat, seule contre je sais pas combien, c'est un peu chaud, tout de même. Et je ne dois pas mourir ici, clairement pas.

Une dizaine d'ordures rappliquent, observant les morts au sol. Je grogne une nouvelle fois, prête à rentrer dans le lard. Un des esclavagistes, qui s'avère être une femme, s'approche du gars dernièrement abattu au sol. Elle touche son cou, cherchant un pouls, puis me fusille du regard, hurlant des ordres.

- Abattez-moi cette garce!

Plusieurs gars foncent dans ma direction. D'un coup de sabot puissant dans la terre, le sol se refroidit fortement jusqu'à se glacer totalement sous les pieds de ces enculés.  Un peu de patinage artistique, ça ne leur fera pas de mal ! Certains tentent de rester debout sur cette patinoire, mais d'autres les entraînent dans leur chute. Je ne fais pas attention sur le moment, trop concentrée sur ceux qui s'effondrent pour mieux profiter de cette dégringolade. Déshonneur sur moi. Des archers, arrivés ensuite, me visent et tirent leurs premières flèches. J'en esquive quelques unes, les faisant se planter dans des pics de glace mais l'une d'elle vient se nicher dans mon épaule droite. Celle qui n'est pas protégée, bien évidemment !

- Argh, merde !

Bordel...D'un mouvement brusque de la main, je casse la flèche, ne laissant que la pointe et un petit bout de bois dépassé de mon épaule. Du sang ruisselle sur ma peau et mon armure. Fait chier, putain ! Je dois me concentrer...Prise d'une forte colère, je me rue vers l'un des gaillards qui s'est pété la tronche pour lui planter le bout de flèche que je tiens en main, dans sa putain de gorge. Crève, fumier ! Cherchant à massacrer les autres abrutis au sol, je marmonne des paroles magiques pour faire dresser un mur de glace devant les archers pour éviter de me faire tirer comme du gibier. Un à un, je viens les achever au sol. Plus vite Yukka, plus vite...

Mais ces insectes sont toujours là. Une vraie fourmilière, il en arrive encore. Des bourrins viennent péter les  murs de glace, créant des failles. Une nouvelle volée de flèches. Je bouge aussi vite que je le peux. Une autre volée. J'esquive autant que je le peux. Encore une. Une autre flèche transperce ma queue, presque à sa base. Cela m'arrache un râle rauque.

- Enfoiré !

La douleur me lance jusque dans la chute de reins...Saloperie. J'essaie de donner un autre coup de sabot pour déstabiliser les archers. Espérons que ça fonctionne...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mercredi 07 juillet 2021, 19:58:49 »
Quand bien même ai-je décrassé mon corps avant-hier, dans la chambre de taverne, je ne rêve que d'une chose : un bain...Une délicieuse baignoire remplie d'eau chaude, sans avoir à rester sur mes gardes pour ne pas me faire voler mes affaires, ni même me faire attaquer par une bête ou des esclavagistes. J'aimerais pouvoir profiter enfin d'un moment de pure tranquillité, sans me soucier de rien. Me retrouver seule avec moi-même, trouver une véritable paix intérieure ne serait-ce que pour un court instant. Non pas que la crasse me dérange en soi. J'ai bien l'habitude de la vie en extérieur, d'être recouverte de boue assez longtemps qu'on pourrait se demander si quelqu'un ait déjà vu la véritable couleur de ma peau. Et cela, je pourrais sûrement en profiter quand je serais arrivée à Lenwë. Quand j'aurais livré le colis à l'Académie, là où il sera entre de bonnes mains, j'aurais tout le temps pour m'occuper enfin un peu de moi. L'idée de me baigner dans le point d'eau ne me dérange pas. Loin de là d'ailleurs...Mais il y a un énergumène qui pourrait se rincer l'oeil et je n'hésiterai pas à utiliser de force pour le castrer et ne plus lui donner envie de regarder mon corps nu. Quoique...

Hein ? Quoi ? Mais qu'est-ce que j'imagine moi, encore...Je dois avoir les hormones qui me travaillent...Je suis pathétique, encore une fois...C'est pourtant la voix de l'autre pervers là, qui me sort de mes pensées. Le paysage avait évolué autour de nous. Nous avions bien avancé dans la journée. Après avoir quitté les hauts arbres de la forêt qui nous avait servis d'abri pour la nuit, c'est une immense prairie qui s'étendait à perte de vue devant nous. Se dessinaient plus loin quelques champs où y travaillent de bien courageux paysans. Certains y labourent leurs terres, pendant que d'autres gardent leurs bêtes qui vagabondent ici et là...L'une d'elle vient s'approcher de moi. Un minuscule et ridicule agneau vient à mes côtés et me renifle les jambes. Je le chasse gentiment d'un léger coup de pied, le repoussant avec douceur alors que son berger le siffle pour l'ordonner à revenir à lui. Cette mignonne petite chose disparaît dans les hautes terres pour mon plus grand bien. Mais évidemment, il y a quelqu'un qui n'allait pas râter une occasion pour me taquiner.

- Il semblerait que tu ais un bon feeling avec les animaux.
- C'est peut-être pour cela que l'on s'entend si bien.

Tu voulais me tacler, bonhomme ? C'est raté ! Tu croyais que j'allais seulement grimacer comme à mon habitude ? Et bien non. Ras l'cul que tu m'balances des...Merde, je ne m'attendais pas à la suite. Il m'a prise par surprise, l'enculé ! Et puis, c'est assez rare d'entendre des compliments, ne serait-ce qu'un seul. C'est vrai que sa remarque ne sonnait pas comme une moquerie mais...

Bref, c'est rien. Je secoue brièvement la tête et j'entame de nouveau la marche. Je n'ai qu'une envie : rentrer à Lenwë, voir Miuggrayd me ferait le plus grand bien. Le ciel s'assombrit de quelques nuages et une odeur particulière me chatouille le nez. Je n'ai pas le temps d'en chercher la source que mon compagnon de route tourne la tête en sa direction. Le nez retroussé et les narines dilatées, j'en fronce les sourcils. Tout cela ne me dit rien qui vaille.

Et quand on parle du loup, on en voit toujours le bout de la queue. Mes tympans vrillent l'instant d'après. Un cri perçant accompagne la sortie d'une silhouette, apparemment chancelante, de la lisière du bois. Cela sent les ennuis à plein nez, mais étrangement, ça ne me dérange pas tant que ça. Pour faire bonne figure, j'émets un grognement comme si cela m'agaçait de voir Zorro filer à toute allure. Et bien, je n'ai pas le choix. Allons-y...Je ne vais tout de même pas laisser ce zigoto s'amuser tout seul. Je ne lui ai pas dit que j'aimais me battre, mais peut-être qu'il verra sur mon visage.

Une jeune fille accourt maladroitement vers nous, suivie de ses agresseurs : trois hommes, avec l'un d'eux qui se met alors en retrait. Un archer qui tend déjà sa corde pour finir sa chasse. Je ne serais jamais assez rapide pour éviter la mort à cette gamine, même avec ma magie ! Putain ! J'en serre les dents de rage devant mon impuissance du moment. Mais à peine ai-je le temps de cligner les yeux que j'aperçois Zorro foncer au devant du danger pour dévier la flèche de sa cible. Et le voilà qui fonce vers ce foutu merdeux. Bien, bien...À moi les deux autres. Je ne vais pas me gêner.

Un rictus déforme le coin de mes lèvres foncées et charnues alors que je continue ma course vers les deux lourdeaux. Attrapant fermement ma grande hache, j'en déploie toute la magie qu'elle renferme, recouvrant mon corps d'une toute nouvelle armure, ainsi que mon arme d'un halo glacial. Certes, la situation n'est pas la plus joyeuse au monde, mais au fond de moi, je la trouve très grisante. J'avais besoin de me défouler et j'ai trouvé deux personnes pour faire les cobayes.

Mon cœur bat un peu plus vite. Me propulsant en avant à l'aide de mes sabots, je fonce directement sur le premier assaillant laissé de côté par Zorro. D'un coup d'épaule, je le fais tomber en arrière. Un peu sonné, c'est son autre compagnon qui vient me faire la peau. Approche, le gueux, je sais qui va mourir aujourd'hui. Tenant avec fermeté et adresse ma lourde lame à deux mains, j'effectue quelques mouvements pour esquiver le tranchant de mon ennemi encore debout. J'ai beau être lente avec ce type d'armes, il semble l'être encore plus que moi. Adieu, fils de pute. Fendant l'air, ma hache vient tailler son ventre chaud, y restant un instant dedans. Oups, c'est coincé. Rendant son dernier soupir, je lui asseigne un coup de sabot dans le torse pour libérer ma lame. Son corps inerte tombe sur le dos, du sang ruisselant de ma hache. Inspirant longuement et bruyamment, je lui crache dessus. Et un gros porc en moins.

Le tout premier se relève, ayant retrouvé ses esprits. Il voit enfin l'horreur qui l'attend, mais la vengeance se lit dans son regard. Cela tombe bien : dans le mien aussi, ce sentiment doit briller. Il ne m'a clairement rien fait, mais il tente de me tuer et il a déjà fait assez de mal comme ça. Je fais sûrement une projection de mon traumatisme mais ça me soulagera quelques instants. Serrant les dents de rage, je n'attends pas qu'il m'attaque pour donner le premier coup. Ce manant esquive bien mais j'arrive à le déstabiliser en enchaînant une autre estocade, trop près de son corps. Il ne s'y attendait pas et tant mieux. Cela le fait tomber en arrière, du moins presque. Il perd l'équilibre et j'en profite pour le saisir autour de son cou. Il n'est pas si grand. Il n'est pas si fort. Ma poigne se serre alors que je le soulève, qu'il décolle du sol. Son visage rougit avant de prendre une teinte tirant plus vers le bleu ou le violet, alors qu'il essaie de dégager mes doigts. Dans un ultime soupir, il gargouille un mot.

- Pitié...

- Tu n'en as pas eu pour cette gamine. Et je n'en ai pas pour les enfoirés de ton espèce...

Mes doigts empoignent davantage la chair de son cou jusqu'à entendre un craquement.  Je laisse retomber son corps inerte au sol. Un fin sourire se dessine sur mon visage. Buter ses enculés était purement et simplement jouissif. Mes yeux sans pupille viennent fixer le cadavre, avant de trouver la silhouette de Zorro un peu plus loin. Il s'approche de la jeune fille encore allongée dans l'herbe, alors que je rengaine mon arme dans le dos, mon armure enchantée disparaissant dans une légère brume. À mon tour, je m'avance vers elle, tandis que mon compagnon la soulève très légèrement. Tout ce sang...C'en est fini pour elle, malheureusement. Même dans ses derniers instants, elle ne pense pas à elle. À quoi bon ? Si elle avait fini dans cet état, avec trois gros porcs à ses trousses, il ne reste probablement rien des villageois dont elle parlait. Cela me fatigue déjà, mais si ce sont des esclavagistes, on risque d'avoir des problèmes.

Je suis Zorro après qu'il est redéposée le corps glacé de la jeune femme. Il semble avoir un meilleur odorat que moi. C'est alors en de grandes enjambées que nous arrivons rapidement dans la forêt, sur les lieux du crime. Les quelques gourbis qui servaient d'habitations ne sont plus que ruines et cendres. Je laisse mon compagnon chercher des preuves ou des survivants, tandis que j'utilise très légèrement ma magie pour éteindre le peu de flammes et braises qu'il reste. Une fois cette infime chose finie, j'observe à mon tour ce que ces monstres ont laissé derrière eux : la désolation, la mort...et des putains d'empreintes qui vont dans la direction où nous devons aller. Un soupir exaspéré s'échappe de ma bouche sans que je ne cherche à le retenir.

- Ça pue...Mais c'est par là qu'on doit aller, alors autant faire d'une pierre deux coups, non ?

Je n'ai pas envie de laisser ces connards trouver nos traces et les guider à Lenwë. C'est une académie et non un camp de soldats, et bien qu'ils sachent en partie se défendre, je ne peux pas savoir combien il y a d'hommes. Faisant un signe de tête à Zorro, je suis minutieusement les traces de charrette qui mènent plus loin, vers l'aval de la montagne. Mes sabots se font lourds à chaque pas. J'espère que ce sont des esclavagistes, sincèrement, car cette rage qui monte en moi, j'ai besoin de la déverser. Je ne suis guère très bavarde, mais je crois que je dois lui expliquer les choses.

- N'y vois pas un quelconque sentiment de justice de ma part. Dans ce monde, c'est “marche ou crève”. C'est juste que je ne veux pas mener ce genre d'ordures là où on doit se rendre.

Un sifflement de narines m'échappe un peu. C'est la vérité ou une simple excuse ? Au fond, je ne saurais vraiment le dire, et peut-être bien que je n'ai pas envie de le savoir. Nous avançons toujours jusqu'à ce que la nuit voile le ciel de son tulle sombre, et que des points lumineux éclairent le bas de la montagne, à travers les arbres parsemés ici et là. Leur camp est donc là. Quelques tentes de toiles, une maisonnée de bois, un énorme feu de camp et surtout, une cage...Avec leurs prises, certainement, du village précédent ou d'autres rafts. D'un mouvement de main, je montre à mon compagnon de voyage que je m'accroupis et cherche à faire le moins de bruit possible. Avec ma grande taille, mais aussi simplement par ce que je suis, une Nunaat, je ne suis pas la mieux placée en terme de discrétion. Avant de trop s'approcher du camp, je me tourne vers Zorro.

- Une idée ? Parce que sinon, je fonce dans le tas. Je ne suis pas du genre à faire dans la finesse, ni même à porter secours aux autres.

Après, je pourrais toujours utiliser la glace pour les déstabiliser, et comme j'ai pu voir une partie de ce qu'il pouvait faire, notamment en terme de rapidité et de force, je ne crains en rien pour la vie de mon étranger. Ehm...”Mon étranger” n'est pas vraiment ce que je souhaitais dire...Pensées de merde.

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: mardi 30 mars 2021, 13:48:26 »
Boh, que t'arrive-t'il, ma petite Kõya ? :/

13h48  Bonjour, aujourd'hui, il y a un grand soleil. Nous comptons déjà 27°C, avec un léger vent frais sur la partie sud-ouest de la France...
Bordel, mais on n'est que fin mars. éè

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mercredi 14 octobre 2020, 00:54:28 »
Mes sourcils se froncent sombrement. Il fait si clair...Je ne peux être que dans un rêve. Rien autour ne me rappelle la forêt où je me suis arrêtée avec cet énergumène. Non. Je sais pertinemment que je rêve. Je suis cette Yukka, cette pauvre Nunaat, totalement seule au beau milieu de ce champ de bataille...Que dis-je ? Cela ne ressemble rien à une guerre. Je suis face à cette scène macabre que je connais par coeur, aujourd'hui. Cette neige, qui était immaculée jusqu'ici, est profondément souillée du sang de mes semblables, de mon père, de mes frères. Ils se sont défendus, c'est certain, mais il n'y a que mon souffle et le vent montant pour troubler le silence morbide de cette funèbre découverte.


Mes yeux se brouillent. Ma gorge se noue. Un hurlement cassé quitte, tant bien que mal, mon gosier, résonnant dans ce sinistre vide. Toute ma colère, toute ma détresse se perdent contre les parois glacées situées non loin de là. Pourquoi ? Pourquoi suis-je encore là ? Je n'ai plus de force. Mes jambes me lâchent, tombant à genoux près du corps sans vie de mon père. Le blizzard, qui s'était alors éteint comme s'il le faisait pour que je découvre tout ceci, revient plus qu'avant. J'ai presque l'impression qu'il essaie d'exprimer ma peine. Il fait terriblement froid, mais qu'importe, je resterai ici...Je ne veux pas me retrouver seule...


Tout est sombre autour de moi, comme si l'on m'avait bandée les yeux...Pourtant, je sais pertinemment que c'est parce que la vie me quitte. Le trépas me tend les bras et veut m'offrir à ce monde de ténèbres. C'est donc ça, la mort ? Vais-je revoir mes amis, mon père, mes frères ? ...Maman ? Une chaleur m'envahit alors, tendre, presque timidie au début. Réconfortante, j'ai l'impression qu'elle m'enferme dans une bulle pour me protéger...Peut-être suis-je à Lenwë, à l'abri du moindre danger ? J'entends une voix...Miuggrayd, c'est toi ? Cette voix...Elle m'appelle...


Dans un sursaut, j'ouvre les yeux. Tout en même temps et par instinct, je serre mon poing droigt, prête à cogner. Il me faut quelques secondes pour que mes yeux ne voient plus trouble, pour comprendre où je suis, en quelle compagnie et surtout le pourquoi de ce réveil brutal. Zorro...Toute cette neige, je le savais...Grmblr...Ce n'était qu'un rêve, ou un cauchemar. Desserrant les dents et le poing, je me détends un peu avant de soupirer. Je sens quelque chose d'inhabituel sur mon corps. C'est quoi ça ? Une couverture ? Sérieux ? Il a cru que j'étais une pauvre demoiselle qui avait facilement froid ? P'tit con, va. Plus vite qu'il ne le faut, je me redresse en étirant mon corps au passage. Je lui rends avec gentillesse sa couverture...Non, hein, je lui balance à la tronche, grognon.


- J't'ai rien d'mandé, gamin. J'connais pas l'froid.


Fouillant dans mon sac, je sors ma gourde et prends quelques gorgées d'eau. Je laisse le brun se foutre dans sa couverture et commencer à roupiller tranquillement. En balayant le campement des yeux, je remarque des copeaux de bois, ou tout du moins, des restes éparpillés ici et là. Mon regard se porte davantage sur un petit objet près de notre feu. M'accroupissant pour voir davantage cette chose, je prends enfin conscience qu'il s'agit d'une petite sculpture en bois, un loup plus précisemment. D'une légère moue sur le visage, je dois dire qu'il est plutôt doué, le bougre. Je jette un coup d'oeil vers lui, et remarque qu'il semble avoir du mal à s'endormir, mais j'vais rien dire. Cela m'arrive parfois. P'têtre qu'il ne me fait pas confiance aussi, et je ne peux pas lui en vouloir si c'est le cas. Délicatement, je me saisis du loup en bois, et vient l'y déposer dans mon sac en même temps que ma gourde, puis referme le tout.


D'un pas que je souhaite plus léger qu'à l'accoutumée, je fais le tour de notre campement. J'inspire profondément, et j'épie le moindre mouvement. Mes yeux laiteux  s'habituent à l'obscurité, ou du moins, la semi-pénombre qu'offre le feu de camp. Mon ouïe et mon odorat sont aussi en alerte au moindre son incongru, ou à la moindre odeur suspecte. Le reste de la nuit avance tranquillement. C'est limite si je ne m'ennuie pas à attendre le lever du jour, et que la belle au bois dormant daigne sortir de ses songes. Un coup d'oeil vers lui me fait remarquer qu'il est enfin dans un sommeil profond. Mh...À bien l'observer, il n'est pas...moche. Ses mâchoires assez carrées lui donnent un air de...En fait, je ne saurais pas dire, mais il est attirant. Je soupire, le temps de cette réflexion, et d'une autre encore.


- Tu as beau m'avoir racontée cette histoire capillotractée, que je crois d'ailleurs...Je sais pertinemment que tu ne m'as pas tout dit. Cette cicatrice qui barre ton beau visage, elle n'est pas arrivée là par hasard.


Je pense avoir parlé de manière bien trop basse pour qu'il ne m'entende, mais j'ai pensé tout ce que j'ai dit. Mes joues rougissent, je crois. J'ai une drôle de chaleur qui me prend la tête. Je n'aime pas les mensonges, mais je n'aime pas vraiment les secrets non plus. Pas que je ne comprends pas, puisque je garde moi-même des choses, je ne peux le nier, mais là où il y a des secrets, il ne peut y avoir totale confiance. Je te crois, M'sire Wolfen, mais je n'ai pas entièrement confiance. Tu es encore un inconnu pour moi, comme beaucoup de personnes. Je ne sais pas si tu gagneras ma confiance plus tard, si je saurais m'appuyer sur toi sur le chemin jusqu'à Lenwë. J'espère juste que tu ne me poignarderas pas dans le dos, car crois-moi, je saurais rester debout pour te démembrer et te transformer en glaçon.


Un son de branche cassée, de passage dans la végétation, vient me sortir de mes pensées. Je me redresse rapidement. Le corps tendu durant une seconde, je me saisis de ma hache, et tant pis si celle-ci est trop imposante. La magie de glace fait son effet et m'offre cette armure lorsque je déplois la hache pour le combat, elle-même recouverte par endroits de couches gelées. Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un éclaireur pour le compte d'un esclavagiste mais on n'est jamais trop prudent. Sur le qui-vive, j'avance vers le bruit, de plus en plus précis. Il n'a l'air très lourd. Les yeux plissés, je m'avance délicatement dans la forêt en direction du bruit et en écartant quelques feuilles, j'arrive à distinguer une touffe de fourrure...Un loir. Un putain de loir est en train de bouffer des champignons pour s'engraisser, bien que je le trouve assez gros comme ça. Il pourrait faire un repas...Non, même s'il est gras, je ne vais pas le tuer. Ce serait encore plus chiant à bouffer qu'un lapin. Reprenant une posture plus droite, je reviens au campement sous des pas lourds. La nuit passe et de temps à autre, je me surprends à chantonner sans sortir un mot. Le feu se meurt petit à petit...


L'aube se lève au loin, et les premières lueurs transpercent le toit feuillu de la forêt. J'en profite pour me lever et étirer mes membres, les bras en l'air jusqu'à obtenir un petit craquement qui me soulage de tout ce temps de garde. Attrapant un sabot, j'échauffe mes cuisses et genoux, les chevilles aussi, puis réitère les mêmes mouvements sur mon autre jambe. M'approchant de Zorro sous sa couverture, je me mets à son niveau pour venir le bousculer au niveau de l'épaule. Gentiment, mais quand même assez pour qu'il se réveille. Intérieurement, je me moque. Peut-être que cela se voit sur mon visage ?


- Debout, la belle au bois dormant ! R'mue ton cul, faut qu'on bouge.


Je me retourne pour prendre les pierres du contour de notre feu pour les balances au hasard plus loin. De coups de mes sabots, j'éteins ce qu'il peut rester du feu, puis gratte de sol de mes sabots pour labourer la moindre trace humaine qui pourrait conduire des esclavagistes à nous. D'un, ça me ferait bien chier. De l'autre, je ne voudrais pas conduire ces saloperies sur le chemin de l'Académie. Je me saisis de mon sac, y prend ma gourde et me délecte d'une gorgée d'eau. La rangeant, j'observe Zorro en lui disant quelques mots.


-  On va avancer jusqu'à un point d'eau. J'en connais un tranquille plus loin. On devrait y être en fin de journée. On pourra remplir nos gourdes et se décrasser aussi. Et oui...T'sens le fauve.


Je ne dois pas sentir la rose non plus, mais ça, je vais bien m'en passer de le signaler. Un bon bain, même s'il est frais, sera parfait. Surtout après une très longue journée de marche. J'attends que le bonhomme fasse son baluchon et en avant pour plusieurs heures à traîner les sabots pour avancer un peu plus vers Lenwë. Miuggrayd aura sûrement des réponses. Il en parlera avec les autres dirigeants et professeurs de l'Académie. Ils trouveront une solution pour l'étrange cas de notre ami...Mh. Notre inconnu.


*
**
***


Des hauts résineux aux plaines herbacées qui venaient leur chatouiller les genoux, les paysages défilèrent sous les yeux des deux compagnons. La route était des plus tranquilles. Par quelques fois, ils rencontrèrent des paysans en train de labourer leurs champs après la récolte, ou bien des bergers en train de guider leurs bêtes pour de plus verts pâturages. Il s'agissait pourtant de Yukka et de Zorro, deux mercenaires, marqués par les aléas de la vie, extérieurement, intérieurement aussi. Pensez-vous qu'un voyage comme le leur allait être des plus reposants ? Que neni. Si jusqu'ici, ils avaient eu la paix, elle ne durerait pas longtemps. Au loin se forme un petit nuage plus grisâtre que les autres, à la fois pas très épais mais à un point précis. Peut-être à neuf mille pieds ? Une odeur de bois brûlé vient chatouiller les narines de nos aventuriers. Quoi de plus normal ? Ne serait-ce qu'un simple feu de forêt...ou bien autre chose ?

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Blabla / Re : [Jeu] Le mot magique
« le: mercredi 22 juillet 2020, 14:06:29 »
Déjà, c'est " alambiqué "...  ::)    Puis, c'est ici !

Le prochain mot sera...*Roulements de tambour* : palinodique !

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mercredi 22 juillet 2020, 14:04:10 »
Cela faisait un moment que la nuit était tombée. Seules les flammes du feu que je venais d'allumer nous éclairaient. Des ondulations flamboyantes parsemaient nos corps, exhibant dessus une danse des plus agréables. Assise près du chêne, armée de mon bon long bâton, je remue les braises pour garder le feu correctement, afin de garantir la future cuisson de notre repas. Je reste muette. J'ai pas bien envie de parler. Je ne suis pas des plus bavardes et je crois, de toute façon, que le gamin l'a bien remarqué. Ce n'est pas bien grave. Cela doit se voir sur ma tronche, avec cette moue des plus...plates. Je hausse les épaules intérieurement, continuant de jouer avec ma branche, alors que mes yeux laiteux viennent le fixer en train de préparer les lapins. Il les aromatise avec ce que je lui ai déposé à côté de lui, et...Zorro utilise TOUTES les herbes dessus et dedans...Cela risque d'être assez...étrange comme mélange, mais soit. Je ne lui ai pas précisé quoi mettre. Moi qui le pensait doué en cuisine, j'ai des doutes à l'instant. À défaut d'avoir des récipients pour les faire mijoter, il a l'astuce de fourrer les lamelles de carottes dans la chair des lapins. Pas folle, la petite guêpe !

Pendant que le gringalet empale les lapins pour le mettre à rôtir, je prends soin de rouvrir mon sac à dos et d'y ranger les petits bocaux de condiments, refermant ma besace par la suite. Pour couper au silence, je lui renvoie sa propre question. Après tout, je ne le connais pas. Je ne sais pas comment il fonctionne, ni ce qu'il bouffe ou pas. Si ça se trouve, il est allergique aux cacahuètes...Enfin, si, je sais une chose : ce mec aime taquiner, et ça me gave. J'aime pas qu'on se foute de ma gueule. P'tain...Connard.

- “ Gngngn, c'est touchant ! “. Mon cul, ouais...

J'vais te faire manger tes dents, sale gamin ! Un long silence s'installe, et j'en ai rien à foutre. Mon regard est porté sur la viande qui cuit, mon odorat titillé par ce délicat fumet d'herbes aromatiques. Le temps de quelques secondes, je ferme les yeux, mon corps caressé par la fine brise, et je profite de ce silence comme si je me remettais d'une rude épreuve. Il faut dire que je n'ai guère l'habitude d'avoir de la compagnie, en particulier lors d'un voyage, et qui plus est, avec un homme à mes côtés. Il est charmant, c'est idéniable, mais je ne plierai pas, si c'est ça que tu attends, Zorro. Je peux me montrer patiente, quand il s'agit de débusquer la véritable personnalité des gens qui m'entourent. Ne me déçois pas.

D'ailleurs, je lui ai posé une question dont il ne semble pas voul...Ah si. J'ai parlé trop vite. Rouvrant les yeux pour les poser sur lui, je tique sur l'un de ses mots. “ Ma longue vie “ ? Serais-tu plus âgé que tu n'en as l'air ? Après tout, j'ai bien presque trois siècles à mon actif, alors il serait tout à fait possible qu'il en soit de même pour toi. Mais tu n'es pas Nunaat. Qu'es-tu réellement, Zorro ? Je me penche pour défaire les lapins de leur piquet en proie aux fortes braises, leur chair bien brûne désormais. J'en tends un au grand dadais, puis en garde un pour moi. J'attends quelques longues secondes, que la viande refroidisse très légèrement, avant d'arracher un bon morceau de chair de lapin avec mes dents. Je ne fais pas dans la dentelle. J'suis pas une de ces femmes au caractère alambiqué de la Haute de Nexus. J'ai vécu avec mes frères pendant longtemps, j'ai pris leurs habitudes, et puis, bordel, quel pied de pouvoir croquer à même la chair sans se soucier du bien-paraître. Et puis, ce mélange d'herbes et de carottes est finalement bon, surtout parfumé. Quand il n'y a plus assez de chair pour l'arracher à coups de dents, j'arrache des parties du lapin pour pouvoir en rogner les os. On ne peut pas gâcher un tel mets, surtout quand ce n'est pas moi qui suis allée le chasser.

Alors que je me délecte de mon repas, j'écoute avec attention ce que débite Zorro, et je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à ça. Je reste muette, aussi bien parce que je suis là à manger, concentrée sur ma tâche, et je ne voudrais pas l'arrêter en si belle lancée. Mais...Son histoire, sa vie, c'est un putain de bordel ! Haussant un sourcil, le fixant en train de déblaterrer de manière si passionnée, il me donne l'impression de faire face à un fou, un de ces hommes qui semblait avoir vu une créature divine, ou alors qui avait pris un sacré coup de soleil sur le haut du crâne. Ce qu'il me raconte me parait invraisemblable mais...Miuggrayd m'avait déjà parlée d'un monde parallèle au nôtre, avec beaucoup trop d'humains. Peut-être venait-il de là ?

- On pourrait croire à une mauvaise histoire juste pour m'impressionner...Mais j'ai envie de croire que tu me dis la vérité. Ils pourront peut-être quelque chose pour toi, à l'Académie.

Je récupère les os nus de la moindre trace de chair, les réunissant en un petit tas pour m'en séparer après. Attentive, je souris en coin. À mon tour de me moquer.

- Beaucoup trop bavard, gamin. J'ris si demain, tu n'as plus d'voix.

Je donne un léger coup de poing sur le haut de mon buste, lâchant un gros rot par la même occasion. C'était délicieux, et c'est ma façon de lui dire merci. Et si ça lui plait pas, bah, je l'emmerde. Je me redresse, me fichant éperduement d'avoir de l'herbe collée derrière mes cuisses ou mes mollets. Je prends les os de mon lapin et m'éloigne un peu pour gratter la terre au pied d'un buisson pour enfouir les os. Je rebouche le trou formé par mes doigts pour qu'il apparaisse le plus naturellement possible. Me redressant, j'époussette mes mains en les frottant l'une à l'autre, avant de revenir vers Zorro.

- J'te laisse faire la même chose avec ton r'pas. Le feu subira le même sort quand on partira. J'tiens pas à avoir des esclavagistes au cul durant not' voyage.  Et va pour qu'tu fasses la première ronde.

Les bras en l'air, je m'étire un long instant, faisant craquer mon dos. Un soupir satisfait s'échappe d'entre mes lèvres charnues. Haa, ça fait du bien. Fixant mon compagnon de voyage, je fais un petit geste du menton vers lui.

- Reste là et finis ton r'pas. J'vais pisser.

Sans attendre sa réponse, je m'éloigne de nouveau du camp, de plusieurs buissons et arbres. J'voudrais pas que ça sente l'urine alors qu'on est près du feu. Enfin à bonne distance, j'inspecte les environs de mes yeux laiteux, sur le qui-vive quant aux bruits qui m'entourent. Rien ne semble suspect. Alors je me déshabille et viens faire mon affaire. Une fois fait, je retourne alors au camp. Dans un mouvement lourd, je me laisse tomber au sol, le dos contre le chêne. Croisant les bras sous ma poitrine, je fixe cet homme qui me colle aux basques depuis Nexus.

- Fais pas le gentleman. Ne fais pas toute la garde pour faire genre, et réveille-moi quand c'est mon tour. Si tu l'fais pas, j'te pèterai les dents et c'est de la purée que tu devras bouffer.

Gesticulant un instant, roulant des épaules pour prendre place, toujours assise, je scelle mes paupières et décide de me plonger dans le monde du néant, ou des songes. Je sens mon nez piquer vers le sol, mais je n'ai plus la force de me relever.

*
*   *

Qu'avait-il dit, déjà ? Dans son histoire, Zorro disait qu'il y avait d'autres personnes comme moi. Ils ne s'appelaient pas Nunaat mais...Étaient-ils réellement identiques ? Est-ce que...Non, je ne dois pas. Non, ils ne sont plus. Ils sont tous morts. Il n'y avait aucun survivant. Cette neige, ce blizzard...Je m'en souviens comme si c'était hier. Ces rivières pourpres qui maculaient cette robe d'un blanc nacré. Celui de mes frères, de mes pairs...De tout mon clan. Je ressens encore ce froid ignoble me geler l'échine, alors que je suis une Nunaat. La seule et dernière des Nunaat...Des perles d'immense tristesse roulent sur mes joues pâles, alors que je sens ma gorge se serrer et pourtant hurler mon désespoir. Cette fois-ci, ce moment-là, tout est encore si frais en moi...Je ne dois pas. Alors pourquoi essaies-tu de raviver cette flamme d'espoir, gamin ? Pourquoi ?

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mardi 23 juin 2020, 03:17:45 »
Prenons notre mal en patience. Peut-être ai-je fait mes petites courses trop rapidement ? Peut-être aurais-je dû traîner des sabots un peu plus longtemps dans le marché, histoire de jouer les humaines, un peu comme ces petites bourgeoises agaçantes, et arriver en retard au point de rendez-vous ? Mais...Pourquoi je pense ainsi ? Ces pensées sont tellement ridicules. Tellement pas moi... Pourquoi irais-je changer ce que je suis pour quelqu'un que je viens à peine de rencontrer ? Qui plus est, un homme. Non pas que j'ai honte de moi, mais serais-je en train de réfléchir à tout ça car j'essaie de lui faire bonne impression ? C'est si...stupide. Je suis écoeurante...

Un grognement reste coincé dans le fond de ma gorge. Ce genre de réflexions me fait sourire jaune. C'est terrible. Il y a de quoi me faire perdre la tête à réfléchir de la sorte. Cela m'ennuie...Mes doigts finissent alors sur mon front, plus précisement sur mes sourcils, que je me mets à masser comme pour faire effacer toutes ces pensées puériles et sans fond. C'est là que je remarque que l'on me regarde. Haussant un sourcil, mes yeux laiteux fouillent autour de moi mais rien...Avant de baisser la tête et de tomber nez à nez avec un gamin. Ce n'est pas commun, à dire vrai. D'habitude, les enfants regardent de loin, avec leurs parents, souvent la mère, qui leur tirent le bras pour les éloigner de l'horreur que je suis. Pourtant, ce gamin, à la touffe blonde coiffée n'importe comment, se tient juste à côté de moi. J'en viendrai à me coincer la tête et me blesser la nuque tellement il est haut comme trois pommes. Il est presque...mignon, mais...Sa façon de me détailler me dérange. Certes, dans ses yeux innocents, je ne vois pas de dégoût, seulement de la curiosité. Mais est-ce qu'il va arrêter un peu, là ? Je croise les bras sous ma poitrine, histoire de l'impressionner et qu'il se tire enfin. Et ça a l'air de fonctionner...

- Gn !

Je sursaute alors, et par réflexe, je me retourne avec le poing serré et un peu levé, prête à frapper, avant de comprendre qu'il s'agit d'une mauvaise blague de ce nigaud. Quel fils de pute, putain. J'ai failli lui refaire le portrait ! J'ai la main qui picote à trop serrer les doigts, les dégourdissant peu de temps après. Quel abruti...Grognant vers lui, je lui fais un signe de tête pour qu'il me suive, et en avant l'aventure !

Haaa, que j'aime enfin partir de cette ville putride ! Les bois, les champs, les montagnes, il n'y a rien de mieux dans la vie. Ici, l'air est frais et sans aucune impureté. Le calme ambiant est une vraie source de bien-être, même le chant des oiseaux n'est pas dérangeant. Mes sabots battent les pavés des routes principales, puis la terre un peu rougeâtre des sentiers sinueux. Ils soulèvent la poussière sans jamais s'en soucier, sans jamais s'arrêter. La route se fait dans un silence presque de mort. Quelques mots sont échangés, mais sans plus. Tant mieux. Cela me fait des vacances. Mais bientôt, le Seigneur Fournaise s'éclipsa au loin pour laisser tendrement sa place à la demoiselle Crépuscule, accompagnant d'une douce main sa Majesté d'ombre.

- Arrêtons-nous là pour aujourd'hui. Y'a b'soin de grailler et d'se reposer.

Nous dérivons alors du chemin pour s'enfoncer un peu dans le bois et prendre place sous un chêne. Le gamin se décide alors à aller chasser. Bien. Je ne moufte pas. Ca lui fera les pieds, et puis, on va voir ce qu'il rapporte, ce con. En attendant, je vais m'occuper du feu. Je reviens vers le chemin pour prendre quelques pierres et dresser le contour de notre futur cuisine. C'est déjà un bon début, même si les pierres ne sont pas égales. Je pars ensuite à la recherche de branchages secs, de différentes tailles, ainsi que des branches de résineux. En effet, les épines prennent facilement feu. Je reviens, déposant ce que j'ai pu trouvé pour former l'ossature du feu et en laisser de côté pour l'entretenir pour plus tard dans la nuit. Me délestant de ma hache en la laissant au sol, j'ouvre mon sac et sors mon couteau et utilise une des pierres que j'ai pu ramené pour tenter de faire des étincelles. Y'a des moments, j'me dis que j'aurais dû aussi apprendre à manipuler la magie du feu. Cela pourrait m'éviter de longues minutes à allumer un peu, voire pire dans les montagnes enneigées. Je pourrais peut-être demander à Miuggrayd. C'est toujours bon d'apprendre.

Les flammes prenant enfin possession des épines puis des plus petits branchages, je le laisse faire sa vie, plantant sur deux extrémités du contour en pierres de branches plus longues, avec une troisième que je laisse de côté, ayant au préalable taillée une extrémité en pointe pour pouvoir cuire ce que Zorro ramènera. S'il ramène quelque chose ! Parce que c'pas dit, même s'il s'est proposé...En attendant, je m'assieds au sol, dos contre le tronc de ce chêne qui nous sert de toit. Inspectant mon sac, en plus de mon couteau que j'ai déjà en main, je cherche ce mouchoir en tissu que mon ami m'a offert lors d'un de mes précédents passages à Lenwë. Pliant la jambe droite, j'ai le visu sur le dessous de mon sabot. A l'aide de mon couteau, je viens gratter la terre incrustée, en plus des caillasses coincées. Faut bien que j'me cure les sabots. Il peut arriver que des choses bloquées en dessous me provoquent des blessures plus importantes. Je me souviens d'une fois où j'avais marché sur du verre brisé, sans le savoir, et qu'un bout avait fini par s'enfoncer dans ma chair, sans que je la sente réellement.

Alors que je m'occupe de moi, j'entends un bruit à côté. Aux aguets, je fais attention. J'ai toujours ma hache à côté, mais je suis déjà armée du couteau si jamais. Mais c'est le grand brun qui revient de sa chasse, avec deux lapins. C'est plutôt pas mal, surtout qu'il a pris des accompagnements avec la viande.

- C'pas mal. Ca f'ra de quoi rogner.

C'est plutôt bon, le lapin. Juste un peu chiant à déguster. Y'a peu de chair en général, alors il faut prendre le moindre morceau sur les os. J'ai pas à les nettoyer. Je lui montre le bâton taillé en piquet pour qu'il empale les lapins et les mette au dessus du feu, qui tient le coup. Par contre, je ne m'attendais pas à la suite. Vraiment ? Il me prend pour quoi, au juste ? Je grogne, finissant de nettoyer mon premier sabot, passant le mouchoir sur la partie sombre. Un fin sourire orne mes lèvres pulpeuses l'espace d'une seconde, et je viens lui répondre d'un ton tout à fait sérieux.

- J'mange d'tout, mais j'suis plutôt une viandarde. Quand j'peux, j'prends d'l'humaine, mais je l'aromatise avec quelques plantes, sinon, c'pas bon.

Gardant mon couteau, mon autre main fouille dans mon sac de voyage, en sortant quatre fioles. Puis, je reprends mes soins sur mon autre sabot encore dégueulassé. Sans même le regarder...

- Estragon, basilic, persil et laurier sauce. Si tu veux plus de goût dans t'bouffe.

Qu'il fasse aussi un peu la popote. J'suis pas d'humeur à la faire. Ah et...Puisque j'y suis.

- Et toi, t'as un régime particulier ? Ah, et aussi, tu as des pouvoirs, des capacités ? Enfin, des trucs qui pourraient t'être utile pour quand on atteindra les montagnes. Pas envie d'te retrouver façon glaçons là-haut, par exemple.

Je hausse les épaules. Pas que je m'en soucie réellement, mais ça me ferait chier de le perdre si près du but et d'avoir fait tout ce chemin pour rien finalement. Une fois le deuxième sabot curé et lustré, je repose le couteau dans mon sac, observant cet homme dont je ne sais pas grand-chose finalement. Croisant les bras sous la poitrine, mes yeux le détaillent un peu...Peut-être un peu trop, en réalité. Je me pince les lèvres, à moitié énervée et...troublée ?

- C'est quoi ces capacités dont t'as peur, parce que tu les maîtrises pas ? C'est histoire de savoir, d'pas être surprise durant le voyage, si tu vois c'que j'veux dire.

J'ai...Un peu plus chaud. C'est l'feu, ou bien...c'est le fait que je n'arrive pas à dévier mon regard de lui ? Conneries d'hormones, j'suis sûre.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: dimanche 17 mai 2020, 23:17:35 »
Cela risque d'être compliqué d'oublier sa compagnie alors que je suis en simple serviette dans la chambre, sans rien en dessous, mais je vais faire en sorte de me concentrer sur autre chose. Je ne veux pas qu'il croit qu'il va y avoir plus entre nous ce soir. Yerk, rien qu'à l'idée, j'en ai des frissons désagréables dans le dos. Assise sur un tabouret à côté du bureau, non loin du lit, j'ai pourtant tout le loisir de le voir se déshabiller et d'admirer ses cicatrices. Ce n'est pas nouveau pour moi d'en voir sur un corps mais...Donc toi aussi, ta vie ne se résume qu'à des voyages et des combats ? Nous ne sommes pas si différents, finalement ? Mmh...J'avais déjà remarqué cette cicatrice sur ton beau visage, et ça n'enlève rien de ton charme...Que...MERDE ! Putain, Yukka ! À quoi tu penses encore ? C'est sérieux ! Je me sens si honteuse de penser tout ça...Si honteuse que je sens le rouge me monter aux joues. Ce n'est qu'un homme, et les hommes sont tous les mêmes : ils ne sont là que pour chercher à amadouer et planter leur bite entre des cuisses. T'avais oublié ça, ma vieille ? T'es qu'une abrutie de Nunaat.

Je peste contre moi-même, la mâchoire serrée et les narines détendues pour expulser ma rage d'une certaine manière. Je dois me reprendre. Je me reconcentre alors sur le nettoyage de mon armure. Elle a beau ne pas être imposante et recouvrir tout mon corps, ce bout de métal n'en reste pas moins dégueulasse. Alors j'ai piqué une serviette de plus dans la salle de bain et je l'ai humidifiée pour retirer toute cette boue que j'ai accumulé lors de mon dernier voyage jusqu'à Nexus. J'en ai pris des trombes d'eau dans la figure et des terrains impraticables. On aurait pu croire à des sables mouvants à certains endroits, mais j'ai de bons yeux, et de bons réflexes. Je tombe pas facilement dans un piège. En plus de cette boue séchée sur mon armure, des gouttelettes de sang, pour ne pas dire quelques traînées. Un voyage n'est jamais tranquille. JE ne suis JAMAIS tranquille. Entre les hommes qui me prennent pour une curiosité à baiser, ou une femme sans défense, ceux qui me prennent pour une Terranide et qui pense pouvoir faire de moi un bon toutou à son pépère...C'est usant.

D'ailleurs, il est bien usé ce tas de ferrailles. Je demanderai à Miuggrayd de m'aider à trouver quelqu'un pour m'en confectionner une autre. Je me penche un peu pour attraper mon fameux compagnon de route, ce sac de cuir qui n'est pas à ses débuts malheureusement. Je l'entrouvre pour trouver cette petite fiole au liquide orangé, l'ouvrant puis en déversant un peu sur la pointe de la serviette humide. Avec précaution, je fais passer le tissu sur le métal en faisant des cercles, sans oublier le moindre recoin. Elle doit au moins tenir jusqu'à Lenwë, et elle tiendra.

Tiens, il est déjà là et propre ? Un de mes sourcils se hausse un peu plus au dessus de mes yeux, surprise de voir que j'étais autant prise dans mon nettoyage, que je n'ai même pas entendu ce bougre prendre une douche. Attends...Il est encore tout trempé ? Merde, il n'y avait que deux serviettes ? La conne que j'suis. Désolée, je n'ai pas fait attention...Mais impossible de t'en passer une désormais. L'une est dégueulasse, l'autre est sur moi, et tu peux toujours rêver pour que je l'enlève devant tes yeux. Ou alors, je te les crève avant...

À son tour de faire l'entretien de son armement. Continuant le mien, je lève parfois mon regard sur lui, en face de moi. Cette peau encore brillante de l'eau de la douche...Il a du charme, c'est indéniable, et il doit en faire tomber des minettes...Non, Yukka, arrête-toi ! Cela en devient ridicule. Je relève la tête, les cheveux qui sèchent en pagaille, quand Zorro s'approche de moi. Qu'est-ce qu'il va faire ? Ah. Un autre sourcil haussé et j'observe la pierre qu'il me tend puis qu'il laisse à côté de moi. Un geste appréciable mais pour le coup, pas nécessaire, du moins, pas pour ma hache. Arme dont je me saisis enfin, après avoir posé l'armure propre sur le bureau, et passe un coup de serviette humide dessus. Adieu gadou, adieu sang pourpre. Il ne manque plus qu'un peu de magie mais je vais m'abstenir. Je ne sais pas de quoi tu es capable, cher Zorro, et je ne voudrais pas que tu ai un avantage sur moi s'il s'avère que tu es un mécréant. Ce n'est qu'après que je dépose ma hache, pour farfouiller une nouvelle fois dans mon sac et sortir mon sécateur, utilisant enfin la pierre de Zorro pour affûter les bords tranchants, la tendant à son propriétaire une fois fini.

- Merci.

Je viens ranger mes affaires dans mon sac alors que Zorro semble vouloir me parler. Je lui lance un regard interrogatif, puis au final, lui réponds le plus simplement du monde.

- En effet, je ne te dirais pas où se trouve l'académie. Tu feras le chemin avec moi, c'est tout. Et je ne compte pas y amener un connard ou un manipulateur qui ferait des dégâts là-bas, compris?

Lenwë, c'était la seule maison qui me restait depuis des siècles. Zorro est sous ma responsabilité, et s'il n'est qu'un enculé de première qui veut du mal à ma maison, s'il en fait, je me sentirais...Comme cette fois-là. Un soupir s'échappe de mes lèvres alors que cet éphèbe continue de me harceler avec ses questions. Autant lui dire. Si je connais Lenwë, c'est parce que Miuggrayd m'y a amené alors que j'étais à l'article de la mort. Et pourquoi étais-je dans cet état ? Je ne peux avouer ça à un étranger. Cher Zorro, je ne fais que te tolérer, même si tu es beau comme pas possible, et même si tu as l'air honnête, c'est une blessure qu'il n'est pas bon d'ouvrir, surtout quand il s'agit d'une autre personne que mon sauveur et ami. Contente-toi de savoir que je suis une Nunaat, cette créature incroyable, grande et forte, qui pourrait t'apprendre bien des choses. J'en aurais presque un sourire sur le coin des lèvres, mais quand il me dit avoir vu des êtres similaires dans son pays, je peine à le croire. Bien des Nunaats ont traversé Terra. Certains ne sont jamais revenus, il est vrai, mais dans tous les cas, ils restaient de mon clan à l'origine, même après des siècles d'existence. C'était une fierté. Alors...D'où viens-tu ? Méfiance et curiosité se mêlent en mon âme.

Vient alors le moment d'aller dormir. Je grogne un peu, le temps de voir que cet homme s'installe dans le lit et se mette de dos. Je vérifie qu'il ne joue pas aux cons avec moi, puis fait tomber la serviette qui entourait mon corps nu, au sol, avant de finalement disparaître sous la couverture de notre couche. Dos à lui, je joue un instant avec ma queue pour qu'elle se retrouve entre nous, sans pour autant gêner personne. Je n'ai pas envie de me retrouver coincer sous son gros cul.

- Bonne nuit.

Puis, doucement, je ferme les yeux et mon esprit s'embrume...Un épais brouillard m'empêche de voir correctement autour de moi. Je peine à distinguer où mes sabots me portent. Aucun son. Où suis-je ? Je renifle fortement. Pas une odeur. Pas un brin de vent ne vient frotter sur mon visage, ni même agiter mes cheveux. Rien du tout. Que du vague autour de moi. Les bras en avant, je cherche à tâter quelque chose. En vain. Toujours rien. L'angoisse me monte. Je suis totalement seule au monde. Pas un insecte qui vole, ni d'oiseau qui chante. De fleurs qui poussent, ni même de pluie qui tombe...Encore toute seule, comme cette nuit-là. Je rêve, n'est-ce pas ? Ça ne peut être que ça...Pense à autre chose, Yukka, ou réveille-toi ! Rien ne change...Vite, je dois...Ah ! Je sursaute alors que j'entends un son parvenir de derrière moi. Pourtant, je me retourne et il n'y a rien. Une nouvelle fois, je l'entends derrière moi et encore une fois, rien. J'vais devenir folle ! Ce n'est qu'après plusieurs dizaines de secondes de silence que le son me parvient un peu mieux aux oreilles. Yukka...On m'appelle ? C'est...Un frisson parcourt mon dos, mais il est loin d'être désagréable. J'y ressens une douce chaleur, comme si on m'enveloppait, alors qu'à mon oreille, on susurre encore mon nom...

Mes yeux papillonnent un instant avant que je ne me rende compte que je délirais en plein rêve, et que je suis enfin revenue à la réalité. Bordel, c'était quoi ça ? Tiens, l'autre n'est plus dans le lit ? Je sens un courant d'air froid dans mon dos, comme une absence. Il s'est tiré, la queue entre les jambes ? Je me redresse dans le lit, gardant précieusement la couverture contre moi, vu que j'suis nue. On sait jamais, si l'autre barbu est enco...Merde, il est là. Il fait des exercices d'assouplissements, dirait-on. Je ricane un brin, le toisant de là où je suis.

- Tu t'entraînais à détaler le plus vite possible ? C'est raté, t'es vu, gamin. M'enfin, ça s'rait bien que t'ailles à la douche, juste histoire que je mette mon armure. J'ai pas envie qu'tu m'vois à poil, au risque que tu y perdes la vue.

Je crois que t'as compris, mon coco. J'attends qu'il se carapate dans l'autre pièce pour fouiller dans mon sac, et y trouver une culotte de coton, avant de mettre tout ce qui est mon armure, maintenant propre et brillante. Enfin, je réunis toutes mes affaires pour ne rien oublier. Mes cheveux qui vont dans tous les sens ? Je m'en fiche. D'une voix plus imposante -enfin je crois-, j'appelle Zorro.

- C'est bon ! Tu peux r'venir, le gringalet. Tu ne risques pas de perdre tes yeux.

Je l'attends patiemment, en profitant pour mettre mon sac sur le dos, ainsi ma hache. C'est bon ? Il est prêt. Allons-y. Nous avons du chemin à faire, mais avant ça, nous devons prendre quelques vivres. Sait-on jamais ! Descendant les escaliers, je jette un œil dans la taverne, observant s'il y a encore les deux guignols d'hier soir. Pas de cons en vue. Nous saluons le tavernier, avant de sortir d'ici. Il a beau y avoir du soleil à cette heure, je sens cette lourdeur dans l'air. Le ciel sera capricieux dans la journée, ou bien est-ce juste l'air infect de cette ville qui me titille les narines ? À voir les gens qui passent, j'en ai déjà mal au crâne, mais il faut bien se rendre sur le marché voisin et ses boutiques attenantes pour trouver ce que je souhaite. Ce qu'on souhaite.

C'est d'un pas lourd que je me suis une petite troupe, un essaim de commères avec des paniers à la main. Mes sabots claquent sur les pavés et je me fais facilement remarquer. J'en ai l'habitude. Je n'ai pas envie de faire attention, mais je garde mon air de grincheuse. Ça éloigne les connards et les emmerdeuses. Enfin, en temps normal, ça le fait. Mais ça n'a pas empêché les abrutis d'hier soir de me chercher des noises. Je reste muette. J'ai pas l'habitude d'avoir une compagnie. Tu vas devoir faire avec, mon cher éphèbe. Ah, nous arrivons au marché...Heureusement, il est tôt et il n'y a encore que peu de monde, et j'en remercie les dieux pour une fois. Cela m'évitera de vouloir éviscérer un tas de nigauds. Je pointe plusieurs étals à mon nouvel ami.

- Si tu veux acheter des trucs, vas-y. J'vais chercher ce qu'il me faut de mon côté. Si jamais, on se retrouve ici quand on a fini.

Qu'il soit d'accord ou non, dans tous les cas, j'avance sans lui vers un étal de maraîcher. Je guette les quelques fruits et légumes qu'il possède, d'un air dubitatif.

- Combien pour une tresse d'ail, et trois oignons jaunes ?

- Trente cuivrées pour la tresse et douze pour les oignons, ma p'tite dame!

- Vendu.

Fouillant dans mon sac puis dans ma bourse de cuir, je pars à la recherche des pièces de cuivre, et déleste le prix demandé au marchand, venant récupérer mon dû pour l'installer au chaud dans mon sac. Je regarde dans les allés, un peu plus grande que les autres, à la recherche de nourriture plus consistante. Ah ! Voilà d'la bonne bouffe : un charcutier. Avançant vers lui, j'inspecte ses biens un instant, histoire de voir si ça vaut le coup. Ses viandes n'ont pas l'air suspecte, je ne pense pas risquer une intoxication et de vomir partout. Ça serait con de vomir sur Zorro alors qu'il sent le propre !

- Trois allers-retours de votre saucisse de sanglier.

Je ne lui demande pas le prix. Je sais que ça va me coûter, mais on ne chasse pas des masses dans les neiges qui recouvrent les montagnes vers Lenwë. Ca sera de la saucisse de secours. Comme pour le maraîcher, je prends les cuivrées qu'il a besoin en échange de ses fameux mets, les rangeant avec soin dans mon sac. Et à dire vrai, à sentir la bonne odeur, j'ai bien envie de croquer un bout, mais on va se retenir. Il n'est pas question de céder à la tentation, comme avec Zorro...Putain ! Mais qu'est-ce que je viens de penser encore ?! Bordel, j'ai les hormones qui batifolent ou quoi ? Pff...Ridicule. Agacée, je m'en retourne au début du marché, patientant après le futur élève de l'Académie.

Mh...Les gens me regardent de travers, encore et toujours. Vous n'avez jamais vu une beauté pareille, je parie ! Et bien, moi aussi ! Je ricane toute seule de mon absurdité, les bras croisés sous ma poitrine. Attendons que le grand brun revienne ici, et espérons qu'on ne vienne pas me faire chier. Mh...Peut-être que j'aurais dû prendre aussi du romarin et de la sauge-ananas...Tant pis, je me débrouillerai avec ce que je vais trouver en forêt.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: samedi 25 avril 2020, 04:12:14 »
Il était rare que je me mette à discuter avec ne serait-ce qu'une seule personne quand je mettais un pied à Nexus. Le mutisme était ma discipline préférée dans ce genre de cas. Cette ville me donne envie de gerber...En plus de donner de l'herpès si on s'amusait à écarter les cuisses.  Mais bon, il fallait bien y aller pour trouver quelques fournitures que je trouvais nulle part ailleurs. Mais alors, comment expliquer que je vienne à parler de ce que je sais de la magie à un parfait inconnu ? Sincèrement, je n'en sais strictement rien. Peut-être qu'au fond, je cherchais réellement à l'aider ? Ou peut-être qu'il me rappelait une certaine Nunaat, jeune, qui ne savait que se battre, à l'ancienne, contre ses frères, comme on le lui avait appris dans sa tribu, et rien d'autre. Peut-être qu'au fond, elle se reconnaissait en lui, toute aussi perdue qu'elle a pu l'être. Ou que je le suis maintenant. Après tout, depuis la disparition des miens, je ne fais qu'errer entre Lenwë et le reste de Terra. Mais pourquoi ? Mon but a toujours été d'apprendre, toujours apprendre plus, pour mieux accomplir ma vengeance. Détruire ces monstres qui ont anéanti les miens...Rien que d'y penser, j'ai cette amertume qui me remonte de ma gorge, et me la serre un peu au passage. Mon repas ne me laisse qu'un goût âpre sous mon palais.

Tss...Tu n'es qu'un autre parmi tant d'autres, n'est-ce pas, Zorro ? Un autre homme avide de pouvoir afin de liquider ceux qui lui barrent la route ? Ou alors, tu cherches à être puissant juste pour t'attirer toutes les minettes du monde, que toutes les femmes soient à tes pieds ? Avoue-le. Dis-moi tout. Ça nous fera gagner du temps. Je n'aurais pas à être déçue, comme cela. Je n'aurais pas à te faire confiance plus qu'actuellement. Je pourrais faire le chemin du retour jusqu'à l'académie en solitaire. Comme d'habitude. Et je le vois ton sourire, ce petit sourire en coin que tu as alors que tu grailles. Tu penses l'avoir fait en douce ? Je ne suis pas idiote. Tu te moques de moi, n'est-ce pas ? Dommage. Tu pars avec un point en moins. Je me méfie de toi. Tu as beau être un homme plein de charme, on dit toujours de se méfier des belles gueules. Et cela, même si tu as l'air sincère, ou sans problème. Les hommes sont capables de cacher bien des choses, et on ne m'y prendra pas.

Mon sourcil se hausse au dessus de mon œil gauche. Lui venir de plus loin encore que Lenwë ? Tu m'intrigues, bougre d'âne. Mais...Ah. Moi qui pensait l'interroger davantage, j'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert, et je déteste ça...Dans un grognement, je lui prouve mon mécontentement, aussi signifié par mon nez plissé et mes sourcils froncés. Je t'ai à l'oeil, bonhomme. Comme ceux que tu as derrière toi, et qui font trop de bruit pour moi. J'suis venue dans une auberge pour me reposer, loin du brouhaha des ruelles. Je pensais, même si nous sommes à Nexus, qu'on n'entendrait pas des hommes se plaindre ou raconter ENCORE leurs fabuleux exploits avec les dames. Pauvres taches que vous êtes. Vous me dégoûtez...

Mon attention revient sur mon voisin de tablée. Au diable les péquenauds qui mesurent leurs queues. Au moins, celui à côté de moi a l'air plus finaud. Perspicace, ce Zorro. Venant finir ma chope dans une dernière gorgée, je l'écoute attentivement avant de prendre le temps de lui répliquer quelques mots, tout en hochant de la tête.

- Et bien, c'est vrai qu'on n'se fait pas confiance, et c'est normal. Ton idée me plaît bien. On f'ra le chemin, mais si en route, tu m'casses les noix, je t'abandonne. Ca s'ra notre contrat.

Je hausse les épaules. Pas besoin de poignées de mains pour qu'on soit d'accord. Je crois qu'il a compris et moi aussi. Nos paroles se suffisent à elles-mêmes. Mais je m'attendais pas à ce que les culs terreux de tout à l'heure se ramènent vers nous, un en particulier. Il fait le malin, ça commence. Et putain, il prend ses aises, le connard ! Et vas-y que j'écarte les assiettes et qu'il s'approche de moi. Les sourcils froncés, encore et encore...Et si mes yeux pouvaient changer de couleur, alors ils seraient d'un rouge vif. T'approches pas, mon gars, ou j'te jure que j'te fais la peau. Il ose. IL OSE ! Mon regard crie qu'il retire sa saleté de main de mon épaule. Et son souffle, j'prends de l'alcool dans le sang rien qu'en le reniflant.

Je bouillonne. Porc. PORC ! J'vais t'égorger et tu vas crier ! Tu vas hurler comme une tapette et répandre ton sang sur le parquet de cette taverne pour avoir osé me traiter de chaudasse, de bestiole et de biquette. J'vais sortir tes tripes et te pendre avec ! J'te pèlerai le jonc et donner des bouts aux chiens ! Je laisse tomber ma cuillère sur la table, mes doigts serrés à en former des poins d'acier, les veines saillantes et les jointures blanchissant sous la pression. J'vais l'envoyer valser à l'autre bout de la taverne et je...

Ah. Bordel, Zorro, tu m'as pourrie mon élan et ma joie de lui casser la gueule ! Ma surprise est tout autant visible que par mes sourcils haussés. J'allais lui broyer la main avant qu'il ne la plonge dans ma poitrine, ce gros dégueulasse. Mais il l'a arrêtée avant que je ne fasse quoique ce soit...Et il le dit de façon si...simple et légère ! Ca n'empêche pas à l'autre lourdeau de se ramener et de menacer le beau brun. Attends. Merde...J'ai dit « beau » en parlant de Zorro ? Chier...C'est pas l'moment ! J'dois me lever pour...Ah beh non, même pas besoin ! C'est qu'il est extrêmement rapide ! J'ai rien vu ! Et son regard...Woah. C'est...Je...Hum, reprends-toi un peu ! Je fais mine d'être naturelle, pas impressionnée, mes deux mains se joignant l'une l'autre pour donner un semblant d'applaudissements qui ne durent que quelques secondes, pour ne pas dire deux.

- Et bien, on peut dire qu't'es vif comme garçon. Et oui, j'aurais pu l'faire moi-même, avec plus de blessures et d'éclaboussures de sang par ci, par là. Mais l'tenancier m'aurait foutue dehors si ça avait été le cas. Tiens, en parlant du loup...

D'un geste du menton, j'indique à Jo la Castagne que l'aubergiste arrive vers nous...Soulagé, dirait-on. Ah bah, il peut l'être. Cela aurait été un véritable carnage avec moi. Remerciements et blabla, voilà ce que tient le tavernier pour Zorro. Une chambre ? Ah, pour moi aussi ? Bien sûr que j'veux ! Bon sang, un vrai lit, pour une fois, ça ne me fera pas de mal ! Une belle promesse ! J'en finis mon repas assez rapidement, même si je n'en ai plus trop l'appétit. On ne gaspille pas, et les journées seront bien longues et dures pour arriver jusqu'à Lenwë.

Ainsi se finit la soirée, avec l'aubergiste, nous grimpons à l'étage et à la fameuse chambre dont il nous fait cadeau. En y entrant, j'me sens un peu à l'étroit. Il est vrai que je suis plus grande que la moyenne, mais bon...On va faire avec ! Et...Merde. Je rêve. Un lit double. Un seul putain de lit double. Ahooon...Je me masse les tempes quelques secondes. Il a cru qu'on allait se sauter dessus ou qu'on était ensemble.

- Tu m'as pris pour une catin, l'tavernier?

Je grogne un peu, mais bon, il veut être gentil, et il se sent redevable pour les deux péquenauds, surtout envers Zorro. Et Zorro doit me suivre demain pour prendre la route. Peut-être aussi qu'il veut s'excuser pour les lourdingues. Je ne sais pas. Je soupire fortement. J'ferais avec. L'aubergiste s'excuse de n'avoir qu'une chambre de libre, puis nous laisse en nous souhaitant la bonne soirée. Zorro, lui, se tourne vers moi pour dire qu'il dormira par terre. Autant, j'suis pas une catin, autant, j'suis pas une sans-coeur. C'est d'un ton neutre que je lui balance des mots doux.

- C'est bon. C'est ta dernière nuit dans un véritable lit avant un long moment, alors profites-en. Tu prends un coin, et j'prends l'autre. Mais attention...

Je me tourne vers lui. J'me montre peut-être plus sèche, mais au moins...

- Mais attention à toi. Si tu fais un truc de travers, j'te jette contre l'mur à coups d'sabots.

Un bref sourire en coin, mais au fond, je n'en rigole pas. Une main baladeuse, ou même tout son corps, et ça sera un gros coup dans son cul et il ira voler à l'autre bout de la pièce. Il est prévenu.

J'en dépose mon sac à dos dans un coin proche du lit. Je vérifie que tout y est et puis je me redresse en étirant tout mon corps.

- J'vais en profiter pour me décrasser. Même avertissement. Pas d'yeux qui viennent en douce, ou tu d'viendras aveugle. Gabiche ?

Direction cette petite pièce attenante. L'eau qui coule, moi qui me défait de mon armure et de mon arme que je laisse, malgré tout, à portée. Ces gouttes qui ruissellent sur mon corps dessinent des sillons, marquant ma peau de sa crasse présente. Le bloc de savon dans les mains, je le passe dans mes cheveux, contre mes cornes, sur mes courbes, jusqu'à atteindre mes sabots. L'eau n'est plus très nette et c'est bon signe. Adieu nuits dans la paille, journées à patauger dans la boue, fatigue de semaines à vagabonder. Bonjour à une Nunaat toute fraîche, prête à passer une nuit des plus paisibles. Je sors de sous l'eau, m'ébrouant un peu avant de passer une serviette et me défaire de l'humidité sur mon corps. Je m'enroule dedans et me redirige vers la chambre.

- C'est libre, si t'as b'soin. Mais t'as l'air tout propre. Ah, au fait, avant de partir d'main, on fera des réserves. En tant normal, je n'en fais pas des masses, mais je préfère être prévoyante. J'sais pas si t'es un estomac à quatre pattes ou pas.

Je retourne vite fait dans la salle d'eau, prenant mon armure et une autre serviette que j'humidifie. Revenant dans la chambre, je les dépose sur le bureau, m'installant sur la chaise, et toujours enroulée dans ma serviette, je nettoie mes protections avec le tissu humide. C'est toujours mieux que rien. J'suis pas bien bavarde, mais si l'autre veut jacasser, je peux toujours lui répondre.

- Ah oui ! Et choisis ton côté de lit aussi.

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: vendredi 19 juillet 2019, 18:15:37 »
Ne crois pas que je ne vois pas ton regard, humain...Ou quoique tu sois d'autre. Je comprends bien que tu me détailles. Ces yeux, je les reconnais. Ce sont ceux qui me dévisagent, ceux qui me voit comme une curiosité. Ce n'est pas nouveau. J'ai l'habitude de ce genre de choses, et cela continuera encore et encore. Je finis par hausser les épaules, mentalement, lasse de voir que ça ne changera jamais.

Pour quelle raison lui ai-je finalement adressé la parole ? Ce n'est pas dans mon habitude de tailler le bout de gras avec des personnes de cette ville, ou même autre part d'ailleurs. Je suis une solitaire. C'est mon train-train quotidien de rester muette, ou de me parler à moi-même, penser tout haut, ce genre de choses...Je ferme un instant mes paupières, plus longuement que si elles battaient l'air naturellement, puis mon regard se repose sur mon interlocuteur. Je balaie mes pensées de grognon d'un revers de la main imaginaire, puis me concentre de nouveau sur lui.

S'il a piqué ma curiosité, ce n'est que parce que mes fines oreilles ont tiqué sur les mots « école de magie ». Lenwë n'est pas un endroit comme les autres. Cette académie repliée dans le fin fond des montagnes de glace regorge de livres et d'hommes savants, prêts à tendre la main à ceux qui le souhaitent, ceux qui en ont besoin. Miuggrayd avait pris bien soin de moi quand j'ai perdu tous mes êtres chers, que j'étais animée par une vengeance folle. Je le suis toujours mais comme l'on dit, c'est un plat qui se mange froid. Je sais prendre mon temps pour ce genre de choses. Un siècle de plus ou non, cela viendra tôt ou tard.

Mais revenons à nos moutons. Le gaillard m'explique qu'il s'est découvert des pouvoirs mais ne voudrait pas que cela impacte sur les autres, et surtout, ne les blesse. Le croire ou non, dans tous les cas, il souhaite apprendre à les maîtriser, au moins pour son propre bien. Mais si c'est pour une mauvaise cause...À moi d'y déceler la vérité. Et quoi de mieux que d'apprendre à se connaître ? Un fin rictus étire le coin de mes lèvres un instant, un si bref moment, puis s'efface quand je le vois approcher avec sa nourriture. Et merde...

Au moins, il a la courtoisie de se tenir à distance. Mes jambes restent à leur place, allongées pour que je puisse me reposer de la longue marche que j'ai eu à faire pour arriver jusqu'ici. Qu'importe sa présence, cela ne changera pas ce que je suis, et comment j'agis.

Il se présente et me tend sa main. Je l'observe, grogne puis laisse échapper un soupir. Sois polie, Yukka, pour une fois. Je lui attrape la main, la secouant avant de me retirer de cette étreinte. D'un simplement mouvement, j'approche la cuillère en bois de mes lèvres et avale une bouchée de mon ragoût, répondant en mastiquant, un brin sèche.

- Yukka. Enchantée, tout ça...

Je finis ma bouchée et me lèche brièvement la lèvre supérieure, attentive à ses gestes et ses mots. Je refuse gentiment d'un geste de main lorsqu'il me propose un peu de sa boisson. J'en ai déjà assez avec la mienne. Autant qu'il la garde pour lui. Après tout, il a payé pour ça.

Je l'inspecte. Il a cette allure de l'homme à qui on peut faire confiance, mais méfiance. L'habit ne fait pas le moine, et lui...Il semble avoir vécu plus qu'il ne laisse paraître. Le corps qui dit cela, ou peut-être cette aura sage que je ressens étrangement. Oui, voilà...Il est étrange.

- Tu n'as pas l'air de connaître vraiment Nexus. Ni d'être un homme de ville.

Mon nez frise, brièvement mécontente. Il serait mercenaire, cela ne m'étonnerait même pas. Je ne compte plus les hommes qui s'en vont à la recherche de contrats ici et là, allant trouver le moindre petit sou, afin de concrétiser leur rêve d'une vie légèrement plus confortable...Ou autre chose.

J'inspire profondément, avant de répondre à ses questions.

- On dit que les écoles de Nexus ne sont réservées qu'à l'élite. J'veux pas dire que t'as l'air d'un plouc. Juste d'un type paumé.

Je m'ose un léger sourire. Une simple moquerie, rien de méchant en soi. Il disparaît quand je reprends mon sérieux.

- Je connais une école, lointaine, dans les montagnes glacées. Mais je n'aimerais pas y emmener une mauvaise personne. Tu comprends?

Je me saisis de ma chope, prenant une grosse lampée et d'en sortir un magnifique rôt. Je n'ai pas été élevée comme une dame. Je ne suis pas une dame.

- Je ne te connais pas. Je ne sais pas si je peux avoir confiance ou non. Mais si tu veux prendre la route avec moi pour y aller, ça sera long, très long. Et dur aussi. Autant dire que ce sera une première étape pour savoir si tu es digne de cette école.

Moi, tenter de le dégoûter ? Peut-être...Même si Lenwë pourrait être l'endroit qu'il lui faut, Wolfen pourrait très bien être une pourriture. Autant se méfier...

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Ville-Etat de Nexus / Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie
« le: mardi 30 avril 2019, 16:51:57 »
J'expire fortement par le nez, pas réellement ravie de me tenir devant l'une des grandes entrées de la ville. Si j'avais été un taureau en colère, ou encore un démon, pour sûr, de la fumée sortirait de mes narines. Cela ne me ravit pas d'être ici, pas le moins du monde. Nexus n'est en rien plaisante pour la Nunaat solitaire que je suis. Une véritable termitière, aux allées bondées, aux races variées, avec son lot d'esclavagistes et de machos en tout genre. Là où je vais, je ne passe pas inaperçue, à mon plus grand regret. Aussi bien par ma peau bleutée, ma grande et forte allure, ma longue queue, qu'avec le bruit de mes sabots claquants sur les pavés. Les regards peuvent bien se retourner sur moi, tant que l'on ne vient pas m'ennuyer, rien n'arrivera. Mais...Suis-je bête ? Je suis à Nexus.

Cette foule m'irrite. J'ai du mal à supporter les autres, à force de vivre seule. Mais ce n'est pas plus mal ainsi, quand je vois les immondices qui déambulent les rues de la ville, encore plus dans les tavernes. Je me suis fait violence pour venir jusqu'ici. Non pas que j'en avais extrêmement besoin, mais il me faut parfois monnayer mes services de mercenaire, ainsi que mes potions et onguents. J'ai passé mon après-midi sur ce marché, empli de personnes de ma trempe, herboristes, ainsi que de petits alchimistes. J'ai pu y échanger des plantes, qu'il est rare de trouver à Nexus, et ai pu ainsi remplir un peu plus ma bourse de cuir. Voilà qui faisait plaisir.

Le ciel avait pris de magnifiques teintes, de cuivre et de sang. Oui, j'ai tendance à voir du sang partout. Mh. Je ne vais pas faire de vieux os et profiter d'être en ville et d'avoir la bourse pleine pour prendre une chambre. Encore non loin du marché, mes yeux, sans iris ni pupille, cherchent après les enseignes présentes tout autour. Et ils sont irrémédiablement attirés par celle du Cochon Doré. Les narines dilatés, j'essaie d'en percevoir des odeurs. J'espère que la nourriture y est bonne, et qu'il y aura une chambre de libre. Et aussi qu'on ne viendra pas m'ennuyer.

D'un pas décidé, je m'y dirige et franchis la porte, grimaçant lorsque j'entends tinter ce carillon au niveau de mes oreilles, juste au dessus de l'entrée dorée. Moi qui voulait passer inaperçue, c'est raté...Détendant mes jambes pour paraître plus grande, j'essaie d'être impressionnante. C'est une barrière : être craint plutôt que d'attirer les emmerdeurs, ça m'a aidée plus d'une fois. Aux grands maux, les grands remèdes. Mais mes sabots claquant sur le parquet, je suis aux antipodes de la discrétion. Je soupire fortement. Tant pis. Foutu pour foutu...

Quelques personnes sont présentes dans l'auberge. Certains scellent leurs lèvres pour taire leurs paroles, quand d'autres les ourlent comme si j'étais leur prochaine proie. Allez vous faire foutre. Comme si des mâles comme vous pouvaient me toucher. Dans vos rêves. La mine sévère, le nez retroussé, j'avance jusqu'au comptoir pour commander à manger, ainsi qu'une bonne chope de bière brune, et une chambre pour la nuit. Je ne compte pas m'éterniser dans ce taudis qu'est Nexus, mais je veux bien profiter d'une bonne couchette et d'un putain de bain. J'ai quatre, cinq couches de crasse à dégager de ma curieuse peau.

L'aubergiste, pas bien épais, me désigne une table libre, dans le fond de la pièce, me promettant de rapporter mon repas. Je lui dépose les quelques écus pour payer ce que je dois, avant de rejoindre cette table lointaine, les regards suivant ma course, et les langues se déliant pour s'échanger des murmures. Lourdement, je me laisse tomber sur la chaise, alors que la serveuse m'apporte mon repas et ma bière dans un plateau.

- Merci.

C'est loin d'être dit de façon agréable, mais je ne vais pas la bouffer. C'est une serveuse, elle a probablement l'habitude des clients grognons, autant que les pervers. Entamant mon ragoût à l'aide de ma cuillère en bois, je m'affale quelque peu sur ma chaise, en profitant pour délacer mes jambes. L'endroit est plutôt calme, malgré les regards incessants et les petits murmures. Je les vois, je les entends, mais je fais comme si je n'y prêtais pas attention, bien qu'intérieurement, j'ai bien envie de hurler un coup pour que cela cesse.

Mon envie est arrêtée net par l'arrivée d'un grand brun, le paquetage sous le bras, propre...Commun en cette ville, j'imagine. Mes yeux d'un blanc immaculé se dérobent de cette vision, retournant à mon plat, sans vraiment grande faim. Une grognement traverse mes lèvres à peine entrouvertes. Le bougre s'est installée au plus près de moi, et même si je parais de mauvaise foi car c'est la seule table libre qu'il reste, j'aurais préféré ne pas être embêtée de trop près. Et ce, même s'il n'a pas l'air...

J'arque un sourcil, la cuillère au bec. Qu'est-ce que j'entends ? Il semblerait que mon voisin cherche une école de magie. Celles qu'on peut trouver à Nexus sont...Je ne saurais dire, en vérité, car je n'y ai pas mis les pieds mais, de ce qu'on en raconte, elles sont excessivement chères et réservées à l'élite. Il est loin d'être l'élite, le gaillard. Mph. D'un souffle des narines, je ferme un instant les yeux, rouvrant les paupières pour mieux l'observer. Je retire cette cuillère en bois et l'agite vers lui, d'un geste nonchalant.

- Pour quelle raison cherches-tu une école de magie?

Ma question sera peut-être sans réponse, mais sait-on jamais. Après tout, il n'a pas l'air d'être une mauvaise personne, mais les apparences sont souvent trompeuses. Croisant les jambes, je viens prendre une bouchée, agitant une nouvelle fois ma cuillère vide vers lui, parlant la bouche pleine.

- Y'a de sales rumeurs qui tournent sur les écoles de magie de la ville. Je n'irai pas, à ta place. Mais justement, je n'suis pas un foutu bonhomme. J'pourrais possiblement t'en conseiller une, mais cela dépend de ce que tu recherches exactement.

Je hausse les épaules, perplexe. Je ne lui fais pas confiance, et si je devais l'amener à Lenwë, je devrais faire attention à mes arrières...Mais je ne suis pas encore à ce point-là, alors calme-toi, Yukka.

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Il boit. C’est au moins cela de gagné. Je n’aurais pas voulu le forcer à boire davantage en lui basculant la tête en arrière, la bouche ouverte. Enfin, s’il avait fallu faire cela pour qu’il survive, je l’aurais fait. Mais je n’en suis plus là désormais. Il se réhydrate un peu, c’est un petit pas pour qu’il reprenne des forces. Il avait encore la force d’avaler, et de parler, assez du moins pour me répondre, se présenter.

- Enchantée, blondinet.

Lamnard. Je saurais m’en souvenir, quand les âges auront passé, ou le jour où je me retrouverai coincée, avec des problèmes aux fesses, même si je ne pense pas que cela arrivera. Je fais bien trop attention à tout cela. On ne vit pas près de trois siècles, sans apprendre à survivre et à échapper à ceux qui nous veulent du mal. Pas sans savoir se battre, se défendre. À l’écoute de tout ce qu’il y a autour de nous, j’arrive à ne plus faire attention au souffle du jeune humain, et encore moins à son rythme cardiaque. Mes paupières scellent mon regard, et concentrée, j’essaie d’entendre ce que nous réserve le temps, en dehors de la grotte. La tempête est encore là, moindre, certes, mais toujours là. Je souffle un peu par le nez, essayant de rester patiente. Ce n’est pas tout de suite que nous allons bouger.

Enfin, lui décide de se mouvoir un peu pour se coller davantage à moi, comme pour profiter de ma chaleur. Ou d’un peu de réconfort ? Je sens ma peau brunir au niveau de mes joues, sans que je puisse le contrôler. En réalité, ça me met un peu mal à l’aise, surtout parce qu’il m’a pris par surprise. Je ne m’y attendais vraiment pas. Petit con. Retiens-toi, Yukka…Tu ne vas pas faire voler un blessé, tout de même. Et puis, il ne doit pas être conscient de ce qu’il est en train de faire, du moins, pas entièrement. Petite chose blessée et curieuse…Tss. Je ne t’en veux pas. Si j’étais humaine, moi aussi, je demanderai de quelle race est la créature qui m’a sauvée. C’est d’un ton neutre que je lui réponds.

- C’est normal. Je suis la dernière des Nunaat.

Mmh…Je pourrais lui expliquer davantage, mais pour le coup, je n’en ai pas vraiment l’envie. Cette histoire est assez vieille, d’une autre époque, même ancienne par rapport à l’âge que j’ai aujourd’hui, mais…La blessure est toujours là. Ma soif de vengeance n’est toujours pas satisfaite. Elle me brûle. Ça fait mal. Je fixe l’éphèbe blond, qui ressemble un peu moins à un cadavre. Tu remues bien des choses, Lamnard, par cette simple question. Curiosité, quand tu nous tiens.

Une de mes mains se détache de son corps pour aller fouiller dans mon sac, que j’ai laissé à côté de moi. Concentrée, je suis à la recherche de…Ah ! Trouvé. Enfin, je sors ma dextre agrippant une petite bourse. Avec dextérité, j’arrive à l’ouvrir et en sortir quelques petites baies, mais en premier lieu des framboises et des mûres. J’approche une framboise près des lèvres du survivant.

- Essaie de manger, sinon, tu ne regagneras jamais des forces. Et tu ne sortiras jamais d’ici.

S’il arrive à les manger, j’essaierais de lui donner de la viande séchée. Les baies sont bien assez molles pour qu’il puisse les ingérer et ne pas se fatiguer à mastiquer comme un fou. Et…J’espère le faire réagir aussi. Je pourrais le porter et le faire sortir de cette caverne quand la tempête sera terminée, mais je sais aussi que l’instinct de survie peut pousser les âmes à trouver une autre force au plus profond d’eux-mêmes.

~~~

Tout est encore sombre autour de moi. « Sombre »…Je devrais dire d’un blanc laiteux, comme si je baignais dans un bain au lait d’ânesse. J’ai beau papillonner des paupières ainsi, pour tenter de mieux voir ce qui m’entoure, pour l’instant, rien. Je sens aussi que mon corps est lourd. Bien que je sais être sur Lamnard, entre ses bras ou son dos, je sais qu’il prend soin de moi. Je n’arrive pas à parler. Mes lèvres semblent s’entrouvrir mais rien ne s’en échappe, mis à part mon souffle qui est lourd et ronfle dans le brouhaha de notre avancée.

Je mets du temps avant de voir la silhouette du blondinet, enfin, d’en distinguer les traits flous. Ma respiration encore profonde, je reprends peu à peu mes esprits, ou plutôt ma mâchoire semble vouloir articuler quelques mots pour me faire comprendre de ma compagnie masculine.

- Putain d’me…

La douleur au niveau de ma taille me tiraille subitement et m’arrache une grimace. Au moins, il avait réussi à se défaire de mes chasseurs, et je l’en remercierai jamais assez pour cela. On peut dire qu’il était tombé à point nommé. À croire, peut-être, qu’il y a une bonne étoile qui veille sur moi et qui ne souhaite pas me voir mourir. Pas encore. Ce surnom qu’il me donne m’aurait fait grogner si j’avais été en pleine possession de ma personne, mais cela ne m’arrache qu’un petit rire, sachant parfaitement qu’il en profite, le salaud. Je le fixe, son profil trouble, de mes yeux sans pupille ni iris.

- Tu as de la chance que je sois dans…Cet état…

Je grogne l’espace d’un instant, retenant un ricanement pour ne pas souffrir davantage.

- Sinon je ne me serais pas gênée pour te foutre un pain dans les valseuses pour ce surnom débile.

Mais l’heure n’était plus à la plaisanterie. Si je continue de saigner, je ne vais pas m’en sortir. Avec ce qu’il me reste de force, j’arrive à bouger mes bras pour plaquer mes mains sur la blessure et appuyer, retenant ma douleur de par ma mâchoire serrée. Putain que ça fait mal…J’observe Lamnard un moment, avant de me remettre à parler. Correctement, je l’espère.

- De l’eau…Du thym pour nettoyer…Puis du miel, et des feuilles de choux en cataplasme…Et un bandage pour tenir tout ça…J’avais…Dans mon sac…

Mais à dire vrai, je ne sais même pas si je l’ai encore sur le dos. La seule chose que je ressens là, c’est ma taille et ma cuisse…Il faut dire que j’ai failli servir de viande à brochettes pour un futur feu de joie.

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Les terres sauvages / Re : Te souviens-tu de notre chant ? [Lamnard & Yukka]
« le: vendredi 14 septembre 2018, 16:36:39 »
Les humains me surprendront toujours. Ces êtres, à l’apparence si faible, si chétive, pouvaient endurer bien des choses avant de s’en retourner six pieds sous terre. Était-ce leur génétique qui en avait fait de profonds résistants ? Je ne saurais dire, mais ils avaient beau avoir ce pouvoir, ils n’en restaient pas moins bêtes, pour la grande majorité. Celui que je tenais dans mes bras en était un. Il n’avait pas l’air très épais entre mes bras de Nunaat. Et s’il y avait eu à faire un comparatif entre nos peaux, je crois qu’il pourrait s’en approcher doucement de la mienne. En essayant de le réchauffer avec mon corps, je me surprends à observer ses traits. Ce n’en était pas moins qu’un humain, un homme qui plus est, mais il y avait quelque chose qui se dégageait de lui. Une aura de…Je ne sais pas, mystère.

- Mphr…

Un grognement s’étouffe dans le fond de ma gorge. Qu’il ne crève pas, pas après les efforts que je suis en train de faire pour toi, inconnu. Mes mains bleutées s’attardent à le frictionner un peu partout, sur ses bras, ses épaules, son torse, ventre, cuisse et jambes. Il devait se réchauffer. Et je crois que cela fonctionne enfin. Je le sens bouger contre moi, même si ce n’est que quelques millimètres. Mes yeux sans pupilles le fixent, à la recherche d’un quelconque signe qui me dirait qu’il va mieux. Lui avoir donné de l’eau semble l’avoir un peu éveillé, mais ce n’est pas encore ça.

Il commence à me toucher. Sa main, tremblante, presque sans vie, se mit à dessiner ma bouche charnue, mes lèvres à l’aspect identique à des crocus à safran, de cette couleur qui devait lui faire peur peut-être. Pense-t’il que j’ai froid également ? Je ne souris qu’intérieurement. Extérieurement, mon visage ne montre rien, ne décrit rien. Qu’il voit que je suis toujours sur mes gardes, qu’il voit aussi que je ne suis pas son ennemi. Sur ce dernier point, il doit bien en avoir conscience car le voilà en train de me toucher un peu plus, en particulier mes cornes. Sale petit humain de merde. J’étouffe un grognement, mes narines se dilatant en expirant un souffle fort. Je me retiens parce que tu es faible, mais sache que je pourrais te casser en deux comme on brise un cure-dent ou une allumette.

- Tu me remercieras quand tu seras en pleine forme.

Je ne me défais pas de lui. Entre mes bras, contre mon corps, il n’y a qu’ainsi qu’il reprendra des couleurs, et je ne parle pas de celles d’un Nunaat. Je lui approche de nouveau ma gourde, qu’il prenne un peu à boire en premier lieu. Qu’il se réhydrate d’abord, et quand il se sentira ne serait-ce qu’un peu mieux, je pourrais lui donner à manger quelque chose de plus consistant.

- Je suis Yukka. Et toi, humain ?

Je me tais l’espace de quelques secondes tout en l’observant d’un air curieux. Je cherche à voir s’il va arriver à boire et me répondre.

- Ne t’inquiètes pas, je m’occupe de toi.

Il pouvait s’endormir s’il le souhaitait. Je serais encore là à son réveil.

~~~

Tout est uni autour de moi. Un coup, je vois tout noir, tout est aussi sombre que dans le cul d’un ogre qui a pris son bain le jour-même. Une autre fois, tout apparaît d’une blancheur immaculée, qui me donne l’impression d’avoir atterri dans ce monde que les humains appellent le Paradis. Y suis-je ? Un bruit tambourine dans ma boîte crânienne. C’en est insoutenable, cette sensation que tout est proche et loin à la fois. Ah oui…Ces grognements que j’entends, ce ne sont pas les miens. Les chiens ? On dirait…Ou des loups ? Suis-je en train de mourir ? Non ! Je ne peux pas, je suis la dernière ! Je me dois de continuer ! Je dois me relever ! Allez l’Edelweiss, debout !

Mais rien n’y fait. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. Je ne sens plus mon corps. Est-on en train de me dévorer ? Je…Je n’arrive pas à me concentrer. Les…Les esclavagistes ! Ces enflures…Je me suis faite avoir comme une abrutie. Si minable…Je sens mon être en feu. Une douleur brutale semble vouloir me ramener à la réalité, et me déchire littéralement le flanc. L’instant d’après, je me sens flotter mais pourtant si lourde, comme si mon corps ne me répondait plus. C’était le cas mais…

Je papillonne des yeux. Le monde ne semble pas être différent que lorsque je scelle mes paupières. Pourtant, un flou artistique se retire enfin de ma vue et laisse apparaître petit à petit le bois où je m’étais écroulée. Ainsi qu’un dos et une chevelure blonde qui me rappelait étrangement…

- Blon…dinet ?

Le bruit de mes sabots cognant le sol martèle l’air et le calme des bois. Je suis faible, et je déteste ça.

- Les…chiens…Esclavagistes…

Où sont-ils passés ? Et s’il se mettait à attaquer aussi Blondinet ? Je…Non. Yukka, debout !

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