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« le: vendredi 10 septembre 2010, 17:26:22 »
A la manière d’un rituel minutieux et pourtant évident dont les débuts s’étaient produits dans le bar pour se parachever dans cet appartement, les gestes et les mots qu’ils avaient partagés avaient tissé sans cesse de nouveaux fils d’une magie puissante et unique. Rares sont les pratiquants d’un tel sortilège dont les mérites sont bien souvent chantés ou narrés, mais tous deux en étaient les bénéficiaires, baignant dans les trames bienheureuses de cette chape enchantée. Encore à présent, toute leur gestuelle se déroulait dans l’esprit d’une symbiose si parfaite, si instinctivement coordonnée, que l’on aurait pu croire à la concrétisation de quelque chimère rêvée par beaucoup et réalisée uniquement dans une secrète intimité, de façon complètement retranchée au monde extérieur qui, en l’occurrence, n’importait définitivement plus.
Pour un moment d’idyllique harmonie charnelle délicieuse, ils n’avaient plus à se soucier de qui ils étaient, de ce qu’ils avaient pu faire dans leur vie et de ce qu’ils en feraient. Il n’y avait plus ni profession, ni origine, ni allégeances ; tout cela leur avait lentement été retiré pour qu’ils ne constituassent désormais plus qu’en Lui et Elle, chacun se donnant à l’autre dans la plus entière complétude de son être. « Demain », « hier » ou même simplement « plus tard » n’étaient devenus que des concepts abstraits dont la notion s’était faite de plus en plus floue pour finir par ne se réduire qu’à un « ici et maintenant ».
Bien sûr, une partie de Saïl était bien consciente qu’il faudrait tôt ou tard envisager leur futur de manière plus réaliste, mais celle-ci, sous la mélodie rayonnante de confiance de son cœur, avait été doucement bercée et dormait paisiblement pour laisser aux deux tourtereaux la pleine jouissance de leur compagnie. Il y aurait bien le temps de se faire du mouron pour l’avenir ; dans l’immédiat, la seule chose dont il voulait et devait se préoccuper était du plaisir d’Aya, ainsi que le prouvaient ses mouvements tendres à l’égard de cette demoiselle qu’il traitait comme si le moindre geste trop brusque de sa part avait pu la blesser ou la faire s’envoler en fumée.
Mais de toute évidence, la belle ne s’en contenterait pas indéfiniment, car déjà, alors même que l’ardeur suave de leurs baisers ne diminuait pas, elle le serrait si fort contre elle qu’il pouvait sentir jusqu’à la moindre parcelle de sa peau s’imprimer contre la sienne. Promesse muette mais bien éloquente que jamais il ne l’abandonnerait, il se laissa aller dans ce câlin hardi et l’accompagna même en l’étreignant plus étroitement encore, savourant cette embrassade passionnée si acharnée qu’elle en était presque merveilleusement douloureuse.
Oui, il ne cesserait jamais d’être son chevalier, son compagnon, son amant, répondant à ces attributions avec toute la dévotion qui conviendrait, toujours prêt à répondre à la moindre de ses envies, au moindre de ses besoins, quels qu’ils dussent être. Si elle avait froid, il la réchaufferait, si elle se blessait, il la soignerait, si elle pleurait, il essuierait ses larmes ; et même s’il n’en avait pas encore conscience tant de tels sentiments étaient nouveaux et désorganisés, il serait prêt à risquer de périr pour elle. Quoi qu’il faudrait faire pour la rendre heureuse, il le ferait.
Mais pour l’heure, il ne s’agissait nullement de réfléchir à la mort, mais bien au contraire de célébrer la vie, comme l’indiquait son cœur qui battait sans doute avec plus de force qu’il ne l’avait jamais fait, tant la présence d’Aya l’exaltait à un point presque étourdissant. Et il manqua d’ailleurs un battement lorsque l’adolescente, interrompant leurs baisers, se rapprocha doucement de son oreille, prenant le ton d’un complice et langoureux secret pour lui murmurer trois mots décisifs, presque foudroyants.
Un instant, il se demanda s’il avait bien entendu, mais les yeux presque vitreux de désir de sa partenaire lui assurèrent bien vite qu’il ne se trompait pas, celle-ci se faisant même plus entreprenante, répondant elle-même à sa propre demande pour l’inciter à en faire autant avec d’autant plus de fougue. De fait, il ne se rebiffa nullement lorsqu’elle le ligota littéralement de son corps, s’enserrant contre lui sans cesser ses caresses dont la tendresse libidineuse le décida rapidement à agir. Non pas qu’il eût réellement le choix, car sous un tel apport de prodigalité charnelle, il eut l’impression que s’il ne faisait pas quelque chose pour décharger l’ardeur qui l’envahissait, il finirait vite par éclater !
Ainsi, délicatement, il interrompit les gestes de l’adolescente, lui prenant les deux mains pour les embrasser avec une affection débordante. Certes, l’attention n’était pas des plus sensuelle, mais elle reflétait toute la dévotion qu’il lui vouait, à quel point il la respectait ; comme une assurance de plus avant que les dernières barrières qui dissimulaient leur chair ne tombassent. Un moment, un dernier moment de tranquillité avant de s’abandonner définitivement à la passion, il la regarda dans les yeux, ces yeux dont la lueur couleur d’espérance s’était faite si vive, si brillante, si inextinguible, qu’il aurait cru pouvoir finir évaporé sous leur rayonnement, et ce, sans regrets. Quelques secondes accompagnées du ruminement léger de la pluie s’écoulèrent, puis il articula comme de lui-même des mots enfiévrés d’amour en un chuchotis adorateur :
« Tu es magnifique. »
Puis il s’approcha d’elle, posant ses lèvres contre les siennes, à la fois pour sceller à jamais ces paroles, et à la fois pour commencer à répondre à la demande qu’elle venait de lui faire. Langoureusement, avec une diligence instinctive et affriolée, il se mit alors à descendre peu à peu, passant sous le menton pour glisser son visage entre la poitrine d’Aya dont il baisa le centre, s’émerveillant sans cesse de la texture et du goût de cette peau juvénile dont le délice ne faisait que le rendre plus pressant encore. Les lèvres papillonnaient, de haut en bas, suivant la courbe abdominale du corps de la jeune fille, finissant par se nicher au creux de son nombril qu’elles tétèrent un instant consciencieusement avant de reprendre leur course lascive.
Ce fut ainsi qu’elles parvinrent à l’ultime obstacle qui restait entre lui et elle, obstacle dont il se saisit sans précipitation, faisant glisser le fin morceau de tissu le long des jambes de sa partenaire dans un bruissement feutré qui s’acheva lorsqu’elle s’en vit définitivement débarrassée, se révélant ainsi dans toute sa splendide nudité. Ne s’interrompant pas en si bonne voie, Saïl, enveloppant les hanches de l’adolescente de ses grandes mains chaleureuses, vint à la rencontre de ce creux de chair élastique humide doucement rosé environné d’une légère toison brune et surmonté d’une petite perle qui s’offrait à lui.
Ce fut sur cette dernière qu’il s’affaira, y déposant un tendre baiser longuement prolongé dans un bruit de succion aigu avant d’en administrer d’autres, les entrecoupant de coups de langue d’abord rapides et légers, et ensuite plus prolongés, jouant avec adresse de ce bouton de chair. Oui, l’allure de leur passion n’était désormais guère platonique, mais elle n’était que la concrétisation des sentiments d’immense attachement qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ils se désiraient sans l’ombre d’un doute et tiraient tous deux une grande joie de ces manifestations d’affection, alors pourquoi ressentir désormais quoi que ce fût tel que de la honte, de l’embarras ou de la timidité tandis que ce qu’ils faisaient n’était que la conséquence logique de ce qu’ils éprouvaient ?
N’étant pas quelqu’un avec une expérience considérable du sexe, il ne pouvait pas être rigoureusement certain que ses attouchements étaient les plus efficaces en la matière, mais il se consacrait néanmoins avec toute son application à susciter le plaisir d’Aya. Descendant d’ailleurs un peu plus bas, il lapa par à-coups les lèvres de la demoiselle, s’attardant progressivement de plus en plus sur ces mouvements, dardant entièrement son muscle lingual qu’il utilisa pour parcourir les parois mouillées qu’il rencontrait. Puis il insinua carrément sa bouche aventureuse à l’intérieur de cette cavité amoureuse, en explorant le contenu consciencieusement, faisant en sorte de n’en laisser aucune parcelle inexplorée de manière à ne pas priver se partenaire de la moindre once de jouissance.
Mais encore une fois, il mit ses prévenantes pattes à contribution, celles-ci flattant de bas en haut le ventre de l’adolescente avec la douceur, la fermeté et l’habileté d’un masseur professionnel pleinement dévoué à connaître jusqu’au moindre recoin de ce corps voluptueux. S’il l’avait pu, il l’aurait ainsi embrassée tout entière d’une unique caresse, explorant son être de fond en comble pour y laisser partout sa tendre marque, mais devant l’impossibilité d’une telle manœuvre, il prenait son temps pour découvrir en toute délicatesse celle qui était pour lui la plus belle.
Pour le moment, donc, il remonta le long de son torse, de ses mains si grandes que ses doigts se touchaient presque, éprouvant sur leur passage le contact de ces côtes presque tristement trop apparentes, parvenant de la sorte jusqu’à une poitrine souple et ferme. Englobant ces appétissantes protubérances mammaires de ses larges paumes, il les laissa reposer là un petit instant, communiquant leur chaleur aux seins de la jeune fille. Puis, d’abord lentement puis avec une insistance langoureuse grandissante, il dessina des cercles sur ces rotondités féminines, pressant avec finesse la chair nue de façon à maximiser les sensations de plaisir ressenties.