Les bas fonds / Re : Mauvaises circonstances [Pv]
« le: mercredi 02 juillet 2008, 15:28:30 »À genoux, les bras légèrement levés pour qu’elle ait mal au moindre de ses mouvements, le découragement gagnait lentement son cœur. Au moment même où elle se décida à utiliser l’une des techniques des espions pour se sortir de cette situation –technique qu’elle avait promis de n’utiliser qu’en dernier recours-, Elore stoppa toutes ces pensées au son d’un patalon qui s’ouvrait. Elle ne retint pas la grimace de pur dégoût à la vue du membre de l’homme en face d’elle. Puis un sourire des plus machiavélique s’afficha : qu’il approche encore un peu et elle pourrait lui enlever à jamais tout plaisir ressenti durant l’acte sexuel… il faisait encore un pas et il serait assez proche de ses dents.
Mais l’homme qu’elle avait soi-disant volé ne profiterait pas longtemps de l’acte qu’il osait perpétrer. Elore eut les yeux agrandis de peur en découvrant derrière celui-ci une masse énorme, même colossale. La terreur disputa au soulagement en voyant le torse de son agresseur traversé de part en part par un bras. Elle s’écarta tout de suite des hommes, plus par instinct qu’autre chose. Le sang dégoulinant de la bouche de l’homme volé avait constellé de taches son compagnon qui semblait voir venir sa fin. Elore ne disait rien, tétanisée par ce qu’elle voyait. Elle sursauta au craquement sonore que fit la nuque brisée du deuxième homme. Elle le traita d’idiot intérieurement : ne jamais tourner le dos à un ennemi était l’une des premières règles dans un combat. Même un violeur aurait dû savoir ça.
Ce ne fut que le self-control légendaire d’Elore qui l’empêcha d’hurler comme une gamine effrayée tandis que la bête s’approchait à grands pas d’elle. La gorge nouée d’appréhension, la jeune fille craignait que les deux hommes maintenant morts, ce ne soit à son tour de succomber à la force bestiale du loup-garou. Car oui, elle était là en présence d’une de ces créatures vivant habituellement dans les Contrées du Chaos et si elle ne l’avait pas entendu parler, elle aurait même pu douter de son espèce d’humanité. Le loup-garou était très grand –comparé à lui Elore se sentit toute petite et fragile-, mais de cette taille se dégageait non seulement une impression de puissance, mais aussi un réconfort rassurant, comme protecteur. Il avait des poils… partout. Oui ça peut sembler stupide dit comme ça, mais voir deux mètres cinquante complètement poilu c’était quand même un choc pour le pauvre cœur d’Elore qu’elle avait récemment découvert cardiaque –du moins en avait-elle eu l’impression en le sentant cogner à du deux cent à l’heure dans sa poitrine. Alors voilà donc à quoi ressemblait ces mythiques hommes… Ni tout à fait humain, ni tout à fait animal, un puissant mélange des deux.
Il s’adressa à elle, demandant si elle allait bien, mais Elore ne put que bredouiller quelques intelligibles paroles dans le genre « j’vais bien » ou « j’sens rien », au point où elle se demanda ce qu’elle avait bien pu dire. Elle aurait voulu lui expliquer qu’il avait bien fait de les exécuter, que de telles pourritures ne méritaient pas de vivre, mais devant ce léger abattement du personnage, elle ne déclara toujours rien. Ses yeux caressaient les muscles dessinés du Lycaon. Elle sentit naturellement une attirance physique pour son sauveur. Décidément, elle devait avoir passé plus de temps qu’elle ne le croyait dans ce bordel !
Il s’accroupit pour qu’elle puisse voir son visage. Appréciant l’effort, elle le détailla longuement, notant la pupille noire de ses yeux et les crocs impressionnants dont il était pourvu. Secouant doucement la tête et plissant adorablement ses yeux couleur de la terre, Elore murmura d’une voix douce :
« Je serai la pire des ingrates si je criais alors que vous venez de m’aider… »
Sa voix était celle d’une jeune fille à moitié effrayée, mais tout de même reconnaissante envers celui qui l’avait sauvée. Elore se releva un peu et massa ses poignets qui avaient été quelque peu malmenés durant ces dernières minutes. L’intérêt qui brûlât un instant dans ses yeux prouvait qu’elle s’était trouvé une nouvelle source d’informations pour la soirée. Elle voulut faire un pas, mais une douleur traversa soudainement sa cheville. Un sourire penaud naquit sur ses lèvres.
« Je crois avoir été un peu optimiste sur mon état… Il va falloir que je retourne chez moi… Mais avec cette cheville foulée, je crains de vite me retrouver dans la même situation que tout à l’heure… »
Son ton désespéré était à moitié feint, car elle avait réellement peur de devoir faire le chemin seule dans les bas-fonds de Nexus. À moins de ne pas tenir à la vie, cette solution était impossible. Alors qu’elle se tenait sur le mur, elle tourna ses yeux plein d’espérance vers le Lycaon.
« Monsieur mon sauveur, serait-il trop présumer de votre bonté pour me raccompagner jusque chez moi ? » demanda-t-elle avec candeur.
« J’en oublie presque les convenances : je m’appelle Mia. »