Complexe d'études secondaires et supérieures / Re : Au secours de sa ou son camarade? [PV Ange Gabriel]
« le: mardi 30 septembre 2025, 00:21:31 »Ses yeux turquoise restaient fixés sur lui, mi-clos, m-ilumineux, comme si elle voyait à travers lui sans vraiment le juger.
-Tu dis n’avoir rien... rien à prouver... soupira-t-elle, la lumière autour d’elle tremblant comme une flamme.
Mais regarde tout ce que tu fais... pour te prouver que tu existes. Regarde... tout ce malheur... que tu laisses derrière toi.
Sa voix se brisait parfois en soupirs qui avaient quelque chose d’étrangement caressant. L’étreinte était réelle, chaude, et pourtant son regard restait clair. Elle sentait son corps, ses gestes, la pression qui la prenait comme une vague ; elle sentait aussi son propre sang battre dans ses tempes, cette maîtrise qu’elle refusait de lâcher. Elle comprenait qu’il puisse être frustré : rares devaient être les filles capables de supporter pareille intensité sans se briser... ou alors il y avait en lui quelque chose de plus, une magie qui réparait ce qu’il abîmait sans jamais réparer ce qu’il était. Ou encore qui renforçait ses partenaires, les rendant apte à enciasser bien plus qu'une humaine normale.
-Si tu arrêtes, si tu m’aides... je peux te montrer ce qu’est le vrai plaisir, reprit-elle doucement.
Celui d’aider son prochain, et peut-être d’être aimé pour ça. Pas celui qui te vide de ton humanité.
Elle ne l’avait pas repoussé violemment. Elle ne l’avait pas foudroyé. Mais ses mots, ses yeux, sa présence changeaient l’air. Même dans ce contact brûlant, même dans cette tension, il pouvait sentir que quelque chose de plus vaste, de plus lourd que lui, était en train de s’infiltrer dans ses veines comme une promesse.
-Choisis maintenant, Tani ... souffla-t-elle. Ou continue... et vois ce qui arrive quand on ose toucher ce qui brûle.
Ses lèvres furent capturées par celles de Tani. L’assaut était brut, presque animal, mais sous ses paupières mi-closes il n’y avait ni panique ni dégoût. Juste ce souffle qui l’enveloppait, ce mélange d’odeur de craie et de chaleur humaine, ce goût d’instinct. Elle laissa passer une seconde. Deux. Puis, lentement, elle répondit. Pas par soumission, mais par un souffle qui calmait au lieu d’énerver. Sa bouche, douce, rendait au baiser une autre texture, comme une eau tiède sur un fer brûlant. Elle se laissa glisser plus près, ses mains contre ses épaules, sa poitrine contre son torse, un contact ferme mais qui n’avait rien de servile : un lien, pas une reddition.
Du coin de l’œil, elle aperçut l’horloge. Peu de temps. Elle ne jouirait, ce qui était probablement pour le mieux, quoiqu'elle ne put se départir d'une légère déception. Elle espérait qu'il en irait différemment pour lui. Elle inspira profondément et murmura encore, sa bouche effleurant son oreille :
-Tout peut changer ici, Tani... si tu veux. Mais je ne serai pas juste une ombre de plus à consumer.
Le halo discret qui émanait de sa peau vacillait comme un cœur qui bat. Dans ce couloir où le temps paraissait suspendu, Gabriel sentait la poussière de craie, le vernis usé du parquet, la froideur du mur dans son dos… et malgré tout, elle y déposait sa chaleur. Elle pensa à l’élève qu’elle avait sauvée, aux regards vides qu’elle avait croisés ces dernières semaines, à l’ombre du culte qui rôdait encore derrière ces murs. Peut‑être que Tani n’était qu’un pion, peut‑être qu’il pouvait devenir autre chose. Elle voulait lui tendre cette possibilité, pas lui arracher son instinct, mais le guider vers un élan plus grand. Son souffle se fit plus lent, presque caressant, et sa lumière trembla encore, comme une promesse qu’il pouvait saisir s’il le voulait.








