Les terres sauvages / Une rencontre prédestinée. [Shad]
« le: lundi 26 mars 2018, 17:56:08 »Deux carreaux d'arbalètes sifflèrent près de mes oreilles venant se planter dans l'herbe quelques mètres devant moi. Blessée, je courrais difficilement, pour échapper à une bande d'esclavagistes enragés. La mort de trois de leurs compagnons, moi responsable, devait certainement être la raison de leur colère, si l'on rajoute le fait qu'ils aient perdu toutes leur "marchandises", encore à cause de moi, ces humains avaient de bonnes raisons de m'en vouloir et de me pourchasser ainsi.
Tout avait commencé une heure à peine plus tôt. Nous étions en fin de mâtiné, le soleil était resplendissant et la chaleur de ses rayons m'avaient donné l'envie de paresser un peu auprès d'un cours d'eau, à l'ombre d'un hêtre solitaire. Ces moments de calme et de solitude me plaisent, loin des gens. Je ne dirais pas que je suis misanthrope mais, les personnes que j'ai rencontrer jusqu’à maintenant n'était que des ennemis ou des poids. Assise contre l'arbre, je laissais mon corps et mon esprit se détendre au son de l'eau s'écoulant et du vent sifflant dans les feuilles au dessus de moi, alors que la brise caressait mon visage.. mais ce "moment" n'était que de courte durée.
" C'est toujours à moi de faire leurs corvées.. Jaskar fait-ci, Jaskar fait-ça! "
C'était un humain, un jeune. Il ne m'avait pas remarqué sur le moment, s'approchant de l'eau avec un sceau dans chaque main. En temps normal, j'aurais ignorer cet humain, mais celui-ci était armé. Son équipement ou son allure n'étaient en rien celles d'un chevalier errant ou même d'un soldat, c'est sa cravache à la ceinture qui m'intrigua. Un cavalier, peut-être, mais ses bottes et son pantalon étaient bien trop sales pour un cavalier. Alors qu'il faisait beau depuis plusieurs jours, seul la poussière de longues heures de marches aurait pu le salir autant, pourquoi donc un homme à pied aurait-il besoin d'une cravache, lui servant à faire obéir une "bête", à moins que cette bête ne soit pas un cheval, mais un esclave.
Tout en songeant, je m'approchais à pas de loup de l'homme, ce dernier à genoux remplissais ses deux sceaux avec l'eau du ruisseau, sans se douter de ma présence. Arrivée à son niveau, je le saisis d'un geste vif avec la main sur sa gorge, le tirant vers moi, je lui présenta le bout de ma lame devant les yeux. Il était paniqué et chercha à se saisir de son épée à sa ceinture mais abandonna très vite l'idée dans la douleur, en sentant mes doigts faire pression sur sa gorge.
" Doucement.. Ne m'oblige pas à te tuer." Lui glissais-je dans l'oreille.
" Jaskar, c'est ça.. Lui demandais-je, en dessinant des courbes sur sa joue avec le bout ma lame. Laisse-moi un peu entendre ce que tu as à dire."
En desserrent ma poigne au niveau de son cou, je laissais une chance à ce garçon de s'expliquer. J'avais déjà une petite idée de ce qu'il était, mais je voulais savoir avec qui il était et surtout, s'il y avait des esclaves. Après tout, c'était la raison principale de mon intervention, je ne tue pas toujours par simple plaisir. Et aussi facilement, il se mit à table, il se pissait presque dessus, à croire qu'il n'était vraiment qu'un gamin, à peine dix-huit ans, mais au moins, il n'échappa à un jugement d'adulte. le rouge de son sang était venu colorer le ruisseau, son corps gisant au sol, gorge tranchée. J'essuya ma dague sur sa tunique, sans le moindre remords et je m’apprêtais à en faire de même avec son compagnon.
Le chariot dont Jaskar m'avait parlé se trouvait à quelques centaines de mètres après le bosquet nous séparant du ruisseau, son compagnon fut tout aussi facile à tuer et la dizaine d'esclaves, la majorité Terranides, étaient à présent libre, je me fichais d'où ils allaient et comment il s'en sortiraient, j'avais fais le plus gros du travail. Mais il y avait une chose à laquelle je ne m'attendais pas; que l'ennemi soit l'un des esclaves. Un excès de confiance ou maladresse de ma part, après leur avoir donné le sac de provision et tourner le dos aux esclaves et l'un d'eux en profita pour me planter un surin dans les côtes.
Certains esclavagistes professionnels avaient recourt à cette technique d'infiltrer l'un des leurs parmi les esclaves; pour les dresser plus facilement, en brisant toutes leurs idées de fuite ou de révolte, tout ça depuis l'intérieur. Un rôle efficace, mais difficile à mettre en pratique.
" Ça c'est pour Romu et Jaskar, sale pute! "
Avant même que l'homme n'ait le temps de retirer son surin pour porter un nouveau coup, ma main saisissa son poignet, serrant de toutes mes forces jusqu'à entendre un craquement et un cri de douleur. L'esclavagiste lâchant prise, j'en profita pour poignarder mon agresseur avec sa propre arme, plantant l'extrémité pointue dans son oeil, l’enfonçant violemment le plus loin possible. L'homme s’effondra au sol, du sang s'écoulant de sa bouche et giclant de son orbite, son corps convulsant sous le choc, sous le regard apeuré des autres esclaves.
" Barrez-vous... DÉGAGEZ! "
Prenant quelques minutes pour penser ma plaie et reprendre mon souffle, assise à l'arrière du chariot d'esclave, des éclats de voix au loin vinrent vite me sortir de ma torpeur. L'adrénaline reprit vite le dessus, lorsqu'un carreau d'arbalète vint se planter dans le bois du chariot, à quelques centimètres de ma tête. Une bonne quinzaine d'hommes armés, deux non-humains dans le lot, des hommes-bêtes, ressemblant plus à des monstres en armure que des Terranides, tous très énervés. Ils arrivaient dans ma direction, au pas de course. Et c'est là qu'on en arriva, moi fuyant une bande d'esclavagistes en colère, peinant à courir à cause d'une stupide blessure, pas très grave, peu profonde, mais suffisamment pour qu’elle soit handicapante. Leurs tirs semblaient de plus en plus précis et malgré leurs paquetages, ils auraient tôt fait de me rattraper...