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« le: vendredi 12 août 2016, 14:02:40 »
Soeur Diane, Katryn de son vrai prénom, est née le 23 juillet 1995, dans une pieuse et riche famille helvétique, cadette d'un aîné de quatre ans plus âgé. Ses parents, Marcellin et Béatrice Ottenmeier, étaient chacun héritiers de grands magnats de la finance, et leur mariage les avait mis à la tête d'un empire. Gustave, le fils, était prédestiné à reprendre le flambeau familial, tradition oblige. Et, toujours selon les us familiaux, Katryn devait être celle qui, de sa génération, entrerait dans les ordres.
C'est ainsi que, ignorant cela, elle partit en pension, dès ses quinze ans, à l'internat de Kleunsternhom, lui-même affilié au couvent de Santa Lucia, fief des Saintes Soeurs de la Divine Miséricorde. Et ce n'est qu'en entendant, en 2011, malgré elle, une conversation dans le bureau de la Mère Supérieure, que Katryn comprit la vie qui l'attendait ! Elle venait d'avoir seize ans, et était de facto condamnée à une vie de recluse.
Ce fut un choc, et ses résultats scolaires chutèrent aussitôt, sans qu'elle n'osât en avouer les raisons. Elle se prostra dans le silence et la solitude, jusqu'à être convoquée par la Directrice scolaire, Soeur Marie-Madeleine du Très-Haut, un soir d'août 2012. Elle pourrait bien lui raconter tout ce qu'elle voulait, cette vieille bique ; Katryn ne découvrirait pas soudain la vocation ! Mais la teneur de la conversation fut tout autre : la vieille femme acariâtre et autoritaire lui annonça froidement que ses parents étaient décédés, trois mois auparavant, dans un accident de voiture, que le notaire avait tout réglé, en confiant à son frère les destinées de l'empire familial, et en versant à l'Ordre une généreuse donation, qui permettrait à Katryn de rester ad vitam eternam glorifier le tout puissant.
Katryn craqua aussitôt, non pas en pleurant ces parents qui l'avaient écartée de leur amour, non pas en honnissant ce frère qu'elle souhaitait voir mort, mais en déversant toutes sortes d'insanités sur son interlocutrice, l'Ordre, le couvent, qu'elle clôtura par un blasphématoire « Je vais aller baiser avec Satan ; lui, au moins, il me fait prendre mon pied ! », juste avant de claquer la porte du bureau, et de courir s'enfermer dans sa chambre.
Les jours qui passèrent furent terribles. Katryn refusa de s'excuser, et encore moins de se confesser. Dans le huis clos de ce couvent au sommet d'un nid d'aigle, là d'où rien ni personne ne s'échappe, la sentence fut à la mesure de l'offense. Cloîtrée dans sa cellule, au pain sec et à l'eau, Katryn ne cédait pas, et balançait ses jurons à qui venait la voir. Elle ne céda pas davantage, lorsque des religieuses la traînèrent manu militari dans une cellule où, à travers sa triste tenue grise, elle reçut trente coups de badine sur le fessier, tout en vociférant ses blasphèmes. Mais il en aurait fallu davantage pour la faire céder ! Alors, lassée de ces excès qu'il fallait mater, la Mère Supérieure fit appel à un prêtre exorciste. Cette fois, Katryn fut conduite dans la petite chapelle des vêpres, où elle fut attachée sur l'autel. Resté seul avec elle, le prêtre y alla d'abord de quelques incantations sans succès, ne recueillant qu'insultes ponctuées d'un « Vieille lopette. Satan, lui, il a des couilles, et il sait sans servir, pas comme toi ! ». Il semble que ces mots firent oublier au saint homme ses préceptes car quittant sa sombre tenue et exhibant un pieu de chair visiblement déjà excité par les coups de badine dont il avait cinglé le fessier nu, il prit Katryn sans aucun ménagement, ni aucune parole de bonté. Elle hurla tant qu'elle put, déflorée sans ménagements, mais le prêtre ricanait, d'un rire presque diabolique. « Ah ouais, tu as vu, salope, voilà comment je les traite, moi, celles qui résistent » lui lança-t-il, juste avant que d'éjaculer, en ponctuant ses râles d'un « Au bon souvenir de Satan ! ». Il prit ensuite le temps de se rajuster, et glissa à l'oreille de Katryn : « Tes cris, tout le monde s'en foutais. Je dirai que ça faisait partie de mon exorcisme, pour faire fuir le Diable de ton corps. Et personne ne te croira, si tu dis que je t'ai baisée. N'empêche que, te dépuceler dans une chapelle, ça a été un pied d'enfer. Tu peux même le répéter à Satan ». Il détacha alors Katryn, qui s'écroula sur le sol de pierre glacée, et sortit, laissant aux religieuses le soin de la ramener dans sa cellule.
Katryn ne mangea pas de la soirée, et s'endormit dans un mélange de douleur et de haine, jusqu'à s'éveiller en sursaut, en plein cœur de la nuit. Quelqu'un ! Il y avait une présence dans sa cellule. Le prêtre était revenu ? Elle n'arrivait pas à matérialiser qui et quoi, jusqu'à ce qu'une voix se fasse enfin entendre. « Alors, Katryn, comment vas-tu, depuis que je t'ai dépucelée ? Tu en veux encore ? ». Aussi fanfaronne qu'elle soit, Katryn sentit son sang se glacer ; le prêtre était donc revenu. « Avoue que je t'ai bien eue, hein ! Tu as vraiment cru que c'était le duré qui te baisait. Eh bien non. ». A quoi jouait cet enfoiré ? Ca ne lui avait pas suffi de la violer, il voulait quoi encore ? « Ah oui, rassure-toi ; ce n'est pas un avorton aux ordre divins qui t'a culbutée, mais moi, moi-même Satan, le seul et l'unique ». Katryn ne comprenait plus rien. « Eh oui, c'est mon foutre que tu as en toi. Celui qui a percé ton hymen, celui qui a éjaculé en toi, c'est moi. Oh, pas pour te mettre enceinte, mais pour t'avoir à moi, Katryn ». Ca devenait de plus en plus incohérent ; le Diable qui se déguise en curé dans un couvent, il n'y avait que dans les histoires débiles qu'on lisait ça. Il fallait qu'elle se réveille ! « Tu me plais, tu es contre tous ces culs bénis, alrs je te propose un marché : tu me débarrasses d'eux, tu répands ma belle parole, et, en contrepartie, je te donne tous les pouvoirs, enfin presque. » Ca y est, c'était la version moderne de La damnation de Faust, sans doute un mauvais rêve ou un vrai cauchemar. « Si tu marches avec moi, je te fais sortir d'ici, mais toujours en bonne sœur hein. Et je te trouve un endroit sympa où tu pourras détourner toutes les âmes que tu veux. » Katryn était incrédule ; il y avat la voix, il y avait comme une sorte d'ombre, mais n'était-ce pas le fruit de son imagination ? « Allez, si tu te décides maintenant, je t'offre déjà la vengeance, et, dès que tu seras installée à mon service, je te donnerai quelques pouvoirs très utiles ». La vengeance, voilà ce qui était offert. Tentant tout ça. « Bon, tu réfléchis ; demain, à l'heure de la prière, il te suffira de dire « Satan, je suis à toi », et tu vas voir ce que tu vas voir ». A peine ces mots furent-ils prononcés que le silence revint et que l'ombre disparut.
Katryn resta dans sa stupéfaction, mais la vengeance commençait à lui suggérer bien des choses. Elle avait encore mal d'avoir perdu sa virginité quelques heures auparavant, que ça soit par un curé ou par le Diable d'ailleurs, et imaginer qu'elle portait en elle le sperme du démon la glaçait quand même un peu. Katryn ne se rendormit pas, et était parfaitement lucide lorsque sonna la coche du matin. Alors, froidement, elle prononça : « Satan, je suis à toi ». Mais rien ne se passa, le calme demeurait seulement troublé par les pas des religieuses se rendant à la prière, jusqu'à ce que s'entende le cliquetis de la serrure ; la porte était déverrouillée, Katryn se leva, ouvrit. Tout le monde était à la prière, elle était seule, moment idéal pour essayer de fuir. Trop beau ! Apparut soudain, au détour du couloir, Soeur Marie-Madeleine du Très Haut, quasiment nez à nez avec Katryn, qui ne comprit pas comment son chapelet sauta de sa poche jusqu'au cou de la religieuse, ni par quelle force il le serra jusqu'à ce que la vieille bigote rende son dernier soupir.
Satan ou pas, il fallait partir ! Là aussi, comme par miracle diabolique, la serrure de la porte du couvent n'était pas fermée à clef, et une voiture était garée devant. Surmontant sa peur, se remémorant de lointains essais de conduite, Katryn oublia réflexion et prudence. Le GPS était allumé, il indiquait la direction de l'aéroport de Berne. Sur le siège passager, il y avait un sac, avec le petit ruban d'identité au nom de Soeur Diane. A côté, un billet d'avion Swissair. Si c'était l'ouvre de Satan, il faut reconnaître qu'il était bien organisé ! Et ça continua ; Katryn était morte, et Soeur Diane franchit les contrôles d'aéroport, à Berne comme à Osaka, arrivant même à Seikusu, puisque telle était la destination indiquée sur le billet de car japonais.
Quitter les montagnes helvètes pour une petite ville japonaise, Satan avait de drôles d'idées. Mais, s'il avait choisi ça, c'est qu'il y avait du potentiel, et que, pour le remercier de cette liberté retrouvée, Soeur Diane saurait, derrière sa sainte compassion, lui amener toutes les âmes qu'elle pourrait. Oh, pas par la mort, mais en leur insufflant tant de tourments, qu'elles seraient à leur tour des vecteurs de la satanique parole.
Car c'est comme si Satan avait détourné toute bonté en Katryn, pour fare de Soeur Diane un être machiavélique, carrément prêt à tout pour retrouver cette jouissance connue dans la chapelle, et que, bien malgré elle, elle garde comme un fantasme. Elle sait autant sourire pour attirer la sympathie ou offrir sa pitié, qu'ainsi cacher ses sombres desseins, son désir de faire mal, sa jouissance à souiller. Pourtant, quand on voit Soeur Diane, on se dit d'abord qu'il est dommage qu'une telle beauté soit entrée dans les ordres. Son visage a gardé les traits fins de l'enfance, sa poitrine a pris les opulences de la féminité, ses fesses ont choisi les courbures affriolantes. Si ce n'était son genre de robe de bure, elle ferait craquer tous les hommes en portant débardeur et jupette. Si seulement ces baveux savaient que, lorsqu'elle officie pour le Diable, c'est moulée de cuir noir qu'elle extrait l'ultime part de bonté de ses victimes. Même sa voix, si douce d'ordinaire, devient rauque et glaçante. Même sa belle crinière brune ne vole plus au vent coquin, et est alors rassemblée en une queue de cheval stricte. Même ses beaux yeux noirs, si doux au quotidien, semblent se parer de rouge lorsque la douleur d'autrui lui procure une délicieuse extase. Sœur Diane est compatissante lorsqu'elle recueille les âmes perdues dans la ville, Soeur Diane est diabolique lorsqu'elle les tourmente jusqu'à livrer leur âme au Diable.
La petite chapelle de La Divine Miséricorde est un lieu idéal, et Soeur Diane est prête à chasser pour son Maître, en rêvant secrètement qu'il lui envoie encore les âmes perdues de Seikusu...