Lee retira son bandeau. Abaddon ne pensait pas qu’il allait essayer ce petit tour là aussi tôt. Il ferme les yeux très fort, un grand sourire aux lèvres… Il en rouvrit un. Regarda autour de lui. Puis deux. Regarda ses mains. Et eu un petit rire. En vérité, il n’avait pas été excessivement sûr d’être immunisé au regard de mort du mage errant. « Oh mais si tu es aveugle… Tu vois pas plus loin que ta propre connerie, mon enfant. » Il ne lui laissa pas le temps de finir et repartit à l’offensive, nom de lui-même, il perdait pas de temps. L’ange tenta de se décaler sur le côté mais, les pieds bloqués dans le sol pendant sa petite distraction, il se vautra sur le côté, esquivant plus ou moins intentionnellement le coup de de poing avant de riposter d’un gros coup de boule dans le torse qui le fit déraper en arrière sur une bonne distance. « Hah ! C’est moi qui t’ai donné ce truc, ça aurait été bizarre que ça marche ! »
L’humain s’épancha en questions, chacune arrachant un petit gloussement à l’individu qui tirait sur ses jambes en jurant pour essayer de se sortir de là. « Attends, je suis à toi dans deux secondes ! Putain de – » feinte, coup de pied dans les côté, tornade de flamme dans la gueule. Abaddon se prit tout en pleine poire, et même que ça lui fit un peu mal. La fumée dissipée, la forme humain de l’ange s’était retrouvée noircit de pied en cap, les cheveux explosé en arrière comme s’il sortait d’un cartoon. Un gros toussotement émit un petit nuage de fumée avant qu’il ne passe sa main devant son visage, dissipant suie et noirceur. Et Lee continuait à s’égosiller. A propos de sa donzelle cette fois. Abaddon fit un effort draconien pour se retenir de sourire.
Il réussit enfin à sortir ses pieds du sol en essayant un minimum. « Et merde… » Un de ses chaussons était resté coincé. « Attends, retiens ton chouinement deux secondes, j’ai plus important là. » Il plongea ses mains dans le trou laissé par son pied et creusa la terre pour en ressortir la charentaise. « Voilà. Désolé du dérangement. Tu sais ce que c’est, quand on a une brand, faut la défendre, sinon niveau marketing ça devient vite très compliqué. » Le temps qu’il la renfile, Lee avait sorti les gros canons, ses bras entourés de runes magiques. Ce fut un regard de grand intérêt qui passa sur le visage de l’enfant. « Oh, c’est joli ça. » Lee fut sur lui plus vite qu’il ne l’avait prévu, et lui envoya dans le museau un barrage de coups qui firent tous mouche, lui faisant pousser un petit « Aïe » sobre et laissant une trace noir sur son corps rabougri à chaque impact. Il le laissa se déchaîner. Et mine de rien, à force, ça finissait par piquer assez fort. Une corde apparu dans la main du punching-bag vivant, qui s’anima d’elle-même, s’enroulant en son extrémité dans un nœud massif et bien serré qui vint frapper Lee à la tempe, mettant fin à son assaut. Abaddon fut agité d’une espèce de grand frissonnement et commença une espèce de danse interprétative, comme un mec tellement remplit d’électricité statique qu’il ne pouvait tenir sur place. « Brrrr ! Ohohoh que ça picote ! Oh putain ! Salopiaud ! »
Il finit par se calmer et reprit son souffle, appuyé sur ses genoux. « Ooooh... C’était pas mal ça ! Joli petit tour ! T’as gagné des réponses en bonus ! » Il se releva, sembla statique un moment… Et s’élança vers Lee à une vitesse inhumaine, enroulant la corde autour de son cou pour tirer son visage à la rencontre de son genou, lui brisant le nez à l’impact avant de lui cueillir le menton d’un gros uppercut ponctué d’un petit « Shoryuken ! », l’envoyant en l’air avant de tirer sur la corde pour l’écraser au sol comme une grosse mouche sous une tapette. Très élégamment, il tira sur son pantalon pour s’accroupir en face de son adversaire éclaté par terre. « Tu crois que je suis juste un démon de base qui s’est fait pour mission de te pourrir la vie ? » Sa petite main osseuse attrapa le visage du prêtre pour que leurs trois yeux torves se rencontrent. « Faux, bonhomme. Je suis ton dieu. Tu es né de Ma volonté, tu as grandis sous Mon influence, tu es devenu fort via Ma bénédiction, et tu veux savoir le plus important de tout ? » Il exhala un petit rire, soufflant une haleine fétide d’entre ses dents rongés.
« Tu as été aimé sous Mon autorisation. » Il relâcha sa prise et se releva, observant dos à sa victime le paysage désolé qui s’étalait devant eux et qu’il désigna d’un large mouvement de bras. « Sans moi… Tu es ça. Vide. Rempli de caillasse. Parce que t’es un connard émo, Lee. C’est ça la triste vérité. Ouiiin, ma vie pue, ouiiiin, abandonné par mes parents, ouiiiin je tue les gens en les regardant… » Il s’assit sur une roche qui n’existait pas un quart de seconde auparavant. « Nan, j’ai vraiment sorti mon A-GAME sur celui-là. Un travail de wingman de qualité. » Il sortit un joint de la marque de brûlure sous sa chaussure et le lui tendit. « T’en veux ? Non, hein. Straight edge, tout ça. J’te jure... Mon propre enfant, être aussi chiant... » Il se mit à fumer son toncar, en toute détente. « Où j’en étais… Ah ouais, ta nana. Je lui ai bien vanté tes qualités. Le peu que t’en as. C’était pas facile. Ton corps de pierre, ton pouvoir inexploité, donné par Dieu lui-même, ton côté… pragmatique, ouvert d’esprit ! Ouais, je me suis démené. Pour toi, Lee, pour toi. Sans moi mon pote, tu serais resté seul et sans amour ta vie entière. Personne veut s’intéresser à quelqu’un qui passe son temps à s’apitoyer sur ton sort. » Il regarda derrière son épaule, pour voir s’il continuait à jouer la carpette. « Allez debout, je t’ai fait plus solide que ça. Qu’est-ce que je disais. Ah ouais, ta nana. Tu t’es barré, de ton plein gré (chapeau d’ailleurs, pleine preuve de volonté), elle il a fallu la pousser un peu. Mais vous avez été heureux. Pendant un temps. Tu connais la chanson, les histoires d’a, les histoires d’a… Et après, tu l’as tuée. » Il se releva et lui fit de nouveau face, mains dans le froc. « Mais je suppose que tu vas me mettre ça sur le dos aussi, garçon ? » Il le regarda de haut, son œil valide plissé par le soleil rasant, la tête légèrement penchée sur le côté.