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« le: mardi 15 décembre 2015, 08:38:07 »
Chroniques d’un mangeur de chair humaine débutant.
Le bruit de la clé tourne dans la serrure.
Comment en suis-je arrivé la ?
Une femme. Comme tous mes problèmes, ils viennent tous de là. Une femme est plus dangereuse qu’un pistolet chargé. Tellement vrai. Elle était belle, brune, de belles formes, un air de folie dans ses yeux, deux yeux bruns comme je les aime. J’aurais fait n’importe quoi pour elle, enfin presque...
Quitte à parler de la source de mes soucis, abordons les tous : mes contacts. Beaucoup de contacts, surtout dans le domaine de la défence, la police, aussi des militaires. Des gens qui avaient des accès à des ressources qui peuvent être utilisées, en grande quantité et donc facilement utilisable car peu contrôlées. Je vous explique : Une boite de munitions qui sort d’un entrepôt c’est comme une livraison d’une caisse de cigarettes, on les dépose dans son coffre et on roule, on donne un rendez-vous, on sort faire un tour après avoir déposé la voiture au parking. Le coffre est déverrouillé et on y revient après 10 min, on y retrouve de l'argent ou la clé d'une consigne.
Mon second soucis c'est elle : Elle est devant moi, ses grands yeux dans les miens, assis à une terrasse de restaurant. Dans la cour à l’arrière. Loin de tout le monde. Parce que nous sommes mariés mais pas ensemble. Elle me regarde en souriant et elle prend ma main .
Je déguste le moment dans le calme et la sérénité, le soleil brille et l'éclat de celui ci se reflete dans nos verres, Vita est bella.
Le serveur ne nous connait pas mais il sent que tout se passera très bien parce que la jolie femme qu’il a devant lui porte de beaux atours, l’homme un peu gras, le crâne rasé vient de lui offrir une belle parure de chez Gucci, malgré la réservation au nom de Durant qui sonne assez mal avec le physique de l'homme, rien n'est bizarre. Un jeune couple marié qui profite de la vie.. Rien de plus.
« J’organise une soirée pour mon anniversaire. On sera en comité restreint tu viens ? »
La question est évidement loin d’être innocente. Je serais là. Comme toujours depuis plusieurs années. Je m'organise toujours, je suis toujours la. De jour comme de nuit. Je trouve des solutions, c'est mon travail.
Comment est ce que tout à commencé ? Simplement avec une livraison d'un niveau supérieur. Je vous explique : La voiture tourne au ralenti, cette fois ce sont des armes. Dans le coffre de la Mercedes SLK d’un ami. Certaines armes fonctionnent, d’autres pas.
C’était je m’en rends compte aujourd’hui le début de mes soucis. Nous avions besoin de plus en plus d’argent que je dépensais aussi rapidement que j’avais gagné. Les hôtels, les restaurants, les sorties, les weekends. Une femme coute cher, quand cela n’est pas la sienne c’est pire encore.
Tout a commencé à merder quand un des flingues a explosé. Je me doutais que cela allait arriver. C’était le début de la merde parce que les gens de l’Est ça ne rigole pas trop, j’en suis un je sais comment cela se passe.
Un ami, un vrai, de la zone de flics m’avait prévenu :
« Va falloir que t’arrêtes la merde mec. Ça commence à remuer et tu vas avoir des soucis. »
Du coup, je me baladais avec un pare-balle dans la voiture, posé sous le siège arrière parce que je ne savais pas quand cela allait me tomber dessus. J’imaginais des scénarios les pires possible, comme si j’allais rentrer chez moi et retrouver la maison dévastée, ma femme, l’officielle, disparue, ma petite fille… pire encore… Voila, le bad trip complet. Tous les jours.
Oui, j’avais une petite fille, vous allez me dire que je suis une merde, de faire de la merde et d’avoir à côté de cela une vie de famille mais ca c’est mon problème pas le vôtre. Enfin, ça l’était, cela n’est plus.
Parlons du présent :
Il est 23h.
Je suis dans ma cellule.
Seul.
Personne ne vient me voir.
Parce que tout est parti en vrille.
Parce que ma vie entière est partie en vrille.
Seul responsable.
Je suis bloqué ici, dans un quartier réservé aux instables. Parce que oui, c'est ce que je suis devenu avec le temps.
Raccroche toute ta merde. C'est ce que j'avais fait jusqu'a ce coup de téléphone.
Il m’avait téléphoné alors que j’avais raccroché tout le buisness depuis un an, j’avais tout envoyé promener. J'avais rencontré une belle personne qui m'avait élevé vers le haut, qui m'avait motivé à laisser tomber tout ce qui était illégal pour enfin être heureux, pour ne plus avoir envie de me tirer une balle dans la tête tous les soirs. Mais le destin en avait décidé autrement, un dernier appel pour rencontrer une dernière personne, un an après. Je lui laissais scotché sur le frigo une petite note. Tout était indiqué si je ne rentrais pas, deux numéros de téléphones, des gens responsables de cela.
Le plan prévu tenait en quelques points :
- Je vois le gars.
- On s'explique.
- On se dispute un peu.
- Tout le monde rentre chez lui vivant.
Ce n’est pas comme cela que cela s’est passé. J’ai un sale caractère, il suffit de me parler avec un peu d’animosité pour que je cesse de prendre patience et que je voie rouge. Je n’y peux rien, c’est la vie qui m’a fait comme cela. C'est la vie qui m'a fait comme cela au fur et à mesure des épreuves de celle ci.
Un caractère des pays de l'Est. Les pays de l'Est c'est mon origine, ca laisse des traces. Ca m'a donné un physique imposant malgré un peu de graisse. Le genre de personne agréable et joviale à première vue, la personne que vous pourriez avoir comme client d'une boulangerie devant vous, une personne sympathique et calme quand tout va bien. Mais froid. Terriblement froid. Musclé par les années de détention ou les seuls loisirs sont :
- Fumer.
- Lire.
- Faire du sport.
Ca vous donne une personne taillée dans le rocher, recouvert d'écume de graisse, le regard percant mais froid, la toilette limitée au strict nécessaire. Un robinson crusoé de cellule. Le visage mangé par une barbe épaisse et drue qui ne semble obéir à aucune loi. Les volutes de mes gauloises sans filtres volent vers la lumière allumée H24 dans ma cellule pour me garder sous surveillance.
On me tend ma nourriture via une petite ouverture dans la porte, sans volonté de contact. J’entends des rires quand le plat contient de la viande. Ca me rends dingue d’être ici, je n’ai pas recu de visite et je suis un gars de la campagne. Pas un fermier mais un mec qui apprécie l’odeur de la terre retournée le matin, qui apprécie le calme de la nature, la brume qui se pose sur les champs. Enfin, c’est terminé. Mes mains fortes et musclées ne servent plus qu'a tourner des pages pour l'instant, a se serrer pour devenir des masses noueuses qui me permettent de me défouler dans un sac pendant la récréation. Je suis devenu une bête sauvage, j'y ressemble de plus en plus. Pourtant pour l'administration et le monde extérieur je suis Gregor « Ghion » Ouroumov. Prisonnier à la prison d’état pour meurtre.
Sur ma fiche d’identification, ils ont pris soin de tenir un compte rendu de mon état physique.
Age : 36 ans.
Poids : 99 kilos.
Taille : 1m89
Yeux vairons
Tatouages présents sur le dos, les bras, rien de visible au premier regard.
Connaissances : Munitions de guerre, matériel de guerre.
Contact : Etendu dans le milieu des armes clandestines.
Lieu de vie : Ville de Bergen. Incarcération à la prison de la même ville.
J’ignore si je verrais bientôt la lueur du jour mais cela me manque, comme de voir le soleil se lever sur la campagne. Comme l’odeur douce d’une femme couchée à ses côtés dans le lit.
Putain..