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« le: mercredi 30 avril 2014, 23:16:57 »
Un léger sourire se dessinait sur mes lèvres. Cet homme avait du cran, peut être pensait il être vraiment en sécurité avec cette femme? Ce gosse m'amusait également, il semblait ne même pas avoir vu mon visage une seule fois depuis le début... Ah ça y est, il se rend compte qu'au dessus de ma poitrine il y a des yeux. Bon, alors comment vais je lui expliquer cela?
-Il est vrai que les histoires sont souvent imaginées à partir d'autres histoires, le genre d'histoire qui sont dans le double fond de votre malle par exemple, sont souvent issus de contes déjà existants.
Je me délectais de l'air passant sur leurs visages à tout les deux. Et oui, toute histoire est connue de Lago, et ce, dès qu'elle est lue ou racontée. Alors les histoires de cul que lisait ce gosse chaque soir, vous pensez bien que ça allumerait une lumière rouge sur son écran s'il en avait un.;;
-Cependant, il y a modifier et modifier. Lorsqu'une histoire est suffisamment modifiée, celle ci devient une autre histoire, et elle ne cause aucun problème. Il arrive cependant d'autres modifications qui font juste disparaitre une histoire, au profit de sa modification. C'est d'ailleurs ce qui est en train d'arriver avec votre version. Et maitre Lago ne souhaite pas revoir une autre arrivée en masse dans son plan.
Comment expliquer ce qu'il se passait sans enfreindre la loi de Lago concernant le mutisme de sa fonction? Oh, on lui avait dit de ne pas le dire, mais si je les amenait à le deviner... Je pris rapidement la main de Cirillia et du vieil homme, avant de les plonger dans ma propre histoire. Devant eux, une obscurité infinie s'étendait. Au centre de ceci, une femme ressemblant trait pour trait à ce que je suis se tenait.
-Regardez et taisez vous. Si vous me blessez ou me tuez, nous serons tout trois morts, piégés dans cette réalité. Patientez, cela ne dure que peu de temps.
Peu à peu, d'autres personnes apparurent. Tous, ou plutôt toutes, étaient vétues comme je le suis. Certaines possédaient des armes à feu, d'autres des lames ou des lances. Une petite sphère lumineuse apparut, et lorsqu'elle descendit au niveau du sol, c'est dans un flash aveuglant qu'elle prit la forme d'un enfant de lumière, tranchant net avec la couleur noire des environs.
-Je suis Lago. Si vous êtes ici, c'est que déjà vous n'existez plus. C'est que déjà, d'autres ont pris votre place, voyez par vous même.
Une large fenêtre circulaire s'ouvrit, dévoilant un petit village où des prêtresses guerrières disparaissaient peu à peu, devenant des hommes. Les visages horrifiés et les chuchotements étaient légions.
-A présent, il est de mon devoir de vous trouver une autre histoire où vous pourrez évoluer en toute quiétude. Cependant je ne peux garantir que vous serez toujours les mêmes. Celles d'entre vous qui préfèrent revenir au néant peuvent le faire.
Personne ne décida de disparaitre. Sérieusement, qui l'aurait fait? Au centre du groupe, une petite voix s'éleva.
-Qui êtes vous?
-Je vous l'ai dit, je suis Lago. Je suis à la fois tout, et rien, un Dieu et un simple mortel, mais plus important, je suis votre berger.
Une nouvelle fois un silence s'abbatit. Peu à peu, de petites fenêtres s'ouvraient, et plusieurs femmes passaient le cap. Le temps semblait suspendu en ce lieux. On sentait néanmoins le temps passer, de par les histoires s'ouvrant devant les filles. Si les premières avaient été envoyées dans des histoires plus ou moins semblables, certaines avaient obtenu une histoire de science fiction, où les lasers étaient des munitions tirées par les pistolets. Il vint enfin un moment où une fenêtre s'ouvrit devant mon ancien moi.
-Je crois que c'est mon tour à présent... Je tenais à vous dire que j'ai apprécié le temps que j'ai passé avec vous monsieur Lago...
J'avais fait un pas vers l'avant, comme pour entrer. Cependant, je semblais hésiter.
-Je ne vous reverrais pas n'est ce pas?... Je refuse de passer. Laissez moi rester avec vous et vous assister, pour veiller à ce que cela ne se reproduise plus.
La fenêtre était restée, mais avait changé de destination, révélant une sorte de manoir de couleur très blanche. Elle passa le cap et disparu.
Les ténèbres disparurent tandis que tout trois nous regagnions nos corps.
-Peut être comprenez vous à présent l'enjeu représenté par votre modification. Certains personnages peuvent disparaitre, car ils sont faciles à replacer. Cherchez seulement une histoire où trois ermites en mal d'amour auraient leurs places?
J'observais les deux comparses que j'avais emmené puis je souris en voyant l'air inquiet du gamin. Je posais mon regard sur lui puis sourit un peu.
-Je leur ai juste montré ce qui arrivait aux personnages qui subissent des modifications trop importantes lors d'une histoire.
Je marquais un temps d'arrêt avant de reprendre avec le sourire.
-Et mes yeux sont plus hauts.
Je reportais de nouveau mon attention sur le conteur.
-Vous parliez de la naissance de la première histoire, chez moi nous l'appelons la légende de Lago. Pourtant vous remarquerez qu'aucun nom de ce genre n'apparait dans l'histoire, car je ne doute pas que vous la connaissiez. Mais bon, revenons à nos moutons. Le contrat que je vous ai présenté il y a peu porte une nouvelle clause. Ce que vous avez vu disparaitra de vos mémoires en cas de refus, tout comme mon intervention. Vous m'avez tout trois l'air sympathiques, et donc je ne prendrais pas la peine de sévir. Je ne peux cependant pas garantir que les deux autres anges seront aussi conciliantes, particulièrement Kléo qui pourrait vous pousser à une mort sans même que vous puissiez l'en empêcher, ou pourrait pousser votre jeune à la mort devant vos yeux, pendant que vous ne résisteriez pas à l'envie de violer votre garde encore et encore sans qu'elle ne vous demande d'arrêter.
Je souris un peu, appréciant l'effet produit. Parler de Kléo était toujours très difficile pour moi, surtout en parler en bien, mais pour une fois elle m'était bien utile il faut l'avouer.
-En revanche si vous signez, vous serez autorisés à vous souvenir et conter cette partie des histoires survenues sur le plan de Lago. Cependant, la partie que vous avez modifiée disparaitra de vos mémoires, ainsi que de celles à qui vous l'avez racontée. Cela peut paraitre dangereux et très difficile pour vous, mais comprenez bien que c'est nécessaire pour nous comme pour ces trois hommes.
Une nouvelle fois je posais la plume sur la table, laissant une dernière opportunité à Arnand de changer d'avis. Passé cette dernière proposition, je terminerais mon intervention, à moins que Lago ne m'ordonne le contraire évidemment.