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« le: mardi 29 juillet 2014, 22:23:21 »
Il n'y eut pas de représailles. Il n'y eut pas de sentences. En tout et pour tout, une simple demande de la part de la maîtresse des lieux, qui souhaitait que les deux nouvelles la suive. Pour Chako, c'était de la pure clémence, un signe que celle qui leur tournait le dos était réellement leur bienfaitrice, et ce fut probablement à ce moment-là qu'elle accorda une totale confiance à cette mystérieuse jeune femme.
Pour Anko, cette soi-disant clémence n'était qu'une preuve de plus que cette demoiselle si bien habillée était faible - ou au moins, avait un petit faible pour elles. Et c'était quelque chose dont il fallait profiter, quitte à user la patience de la vampire jusqu'à la moelle.
Anko ne savait pas s'arrêter, et Chako le savait.
Dans cette situation-là, cela dit, il était très probable que le conflit s'installe. Déjà, pour la première fois depuis longtemps, la inu lançait un regard sévère à sa camarade neko qui ne remarquait rien, trop occupée à narguer Clara du regard jusqu'à ce que celle-ci disparaisse de sa vue.
La chambre était petite, meublée juste comme il fallait. Après avoir passé tant de temps dans des pièces richement décorées, cet endroit-ci semblait presque fade. Mais il fallait se rappeler que pour deux clochardes comme les filles, avoir déjà un toit où dormir était beaucoup demandé, et on le leur offrait sur un plateau d'argent, pour ainsi dire.
Mélinda leur offrit une autre chambre, une demande vite refusée par Chako. Puis, les terranides eurent droit à des caresses sur leur chevelure. La brune ne pouvait s'empêcher de se dire que cette fille avait une curieuse manière de récompenser son comportement.
- Anko, j’aimerais que tu arrêtes d’utiliser ton amie comme un bouclier. Tu ne l’as peut-être pas vu pendant que tu menais ton combat contre Clara, mais Chako était terrorisée.
Et alors, pensa la neko en jetant un coup d’œil à son amie. Cette idiote de Chako était terrorisée dés qu'une mouche passait trop prés de son oreille... il n'y avait vraiment pas de quoi en faire un monologue. Mais étrangement, aucune de ses pensées ne sortit de sa bouche.
- Alors, si cela peut te rassurer, Chako, je ne vous rejetterai pas pour ça... Mais je ne garantis pas l’absence de représailles de la part de Clara, Anko... Ce que j’aimerais éviter, car je n’aime pas devoir faire régner la discipline. D’accord ?
- Qu'elle essaye, pour voir, lâcha finalement la chatte.
Et ce fut tout, question remarques désobligeantes. Même lorsque Mélinda critiqua doucement le comportement de sa nouvelle petite pensionnaire, celle-ci ne dit rien, fixant un point au loin de ses yeux bleus, les sourcils légèrement froncés. Pour quelqu'un qui ne la connaissait pas, on aurait pu croire qu'elle savourait son remord et ne disait rien car trop occupée à prendre conscience de ses fautes, sans toutefois les admettre complètement.
Pour Chako, c'était plus qu'étrange, et pas du tout de bonne augure.
Mélinda partie, les deux terranides se retrouvèrent de nouveau seules. Et ce fut à Chako de lancer la bataille.
- Pourquoi tu as fait ça, Anko ?
Elle n'employait pas le ton triste ou ennuyée habituel, mais bien un ton sévère, voire colérique, qui surprit sa camarade. Celle-ci se contenta de croiser les bras devant sa poitrine maigre.
- Elle l'avait mérité, répondit-elle d'un ton buté. Tu l'as bien entendu, non ? Même la matronne l'a dit.
- La... Matronne ? Articula Chako d'un air choqué. Anko, tu ne peux pas l'appeler comme ça ! Elle nous offre tout ce dont nous avons besoin, et tu l'insultes ?
La neko serra les poings, peu habituée à se faire parler de cette façon, et surtout pas de la part son amie. Celle-ci, malgré tout, continua dans son élan :
- Et tu sème la pagaille à sa table, tu perturbes tout le monde, en provoquant les personnes avec lesquelles nous allons vivre...
- Vivre ? Tu rêves un peu, non ? On est censés s'échapper dés qu'on peut, tu te souviens de ça, j'espère ?
Chako ne répondit rien, ce qui eut le don d'énerver Anko. Prête à lui mettre une baffe, la brune se souvint néanmoins de la remarque de Mélinda, et de que celle-ci dirait si elle trouvait des traces de coups ou de griffures sur la peau de l'inu.
Donc, ce fut autre chose qui prit. Plus précisément, la table basse, qui se reçut un coup de poing sur la surface. Cela fit sursauter la soumise, qui sembla perdre toute sa contenance.
- On ne va pas rester toute notre vie à la botte de cette bonne femme, à devoir lui lécher les pieds pour chaque croûton de pain qu'elle nous donne ! A devoir la fermer sous prétexte que Madame n'aime pas qu'on salisse son mobilier !
- M...moi, j'ai envie de rester ici, balbutia la blonde.
- Ah ouais ? Et si jamais je me casse, tu vas rester ici toute seule, peut-être ? aboya Anko d'un ton ironique. Tu vas te défendre toute seule contre les furies d'en bas ? Si jamais elle emmène un homme dans ta chambre, tu vas oser lui dire que ça te dégoûte ?
- Je...
- Après tout c'est vrai, c'est juste moi qui te protège, c'est juste moi qui me fait tirer pour que tu n'ai pas à le faire, c'est encore moi qui te trouve la bouffe et c'est toujours moi qui te soigne quand ta graisse est pas capable de te garder en forme. Mais t'as raison, reste ici... je me débrouillerais bien mieux sans toi et ton gros cul qui nous ralentit tout le temps !
La rage de la brune semblait sans limites, bien qu'elle ne hurle pas par crainte que quelqu'un n'entende ses horribles propos envers celle qui était supposée être son amie. Celle-ci ne disait rien, évidemment blessée par les mots de la neko. Des larmes au coin des yeux, elle fixait le sol et s'en voulait déjà d'avoir mis en place cette conversation. Tout cela allait trop loin pour sa propre psyché de victime, et elle se contenta de se retenir de pleurer.
Une fois calmée, ce fut avec calme que Anko lui agrippa le bras et la tira vers la porte, prête à redescendre. Toutes deux quittèrent ainsi la petite chambre et retournèrent vers la salle à manger, un silence pesant régnant entre elles.