Ville-Etat de Nexus / Re : Femme libre, enfin tu chériras la mer [Le capitaine Crochet et son équipage !]
« le: lundi 29 décembre 2014, 00:38:46 »La grosse main du capitaine attrape indélicatement le visage d’Élise, qui ne peut retenir une grimace de dégoût ; la chaleur, l'odeur de ce mâle la dégoutent
« Qu'est-ce que vous en savez ? »
Elle hausse à peine la voix, desserre à peine les lèvres. Elle ne peut le regarder, sinon elle va pleurer -ou lui cracher au visage, qui sait. Larmes et glaires se bousculent dans sa gorge et font pression, contre la façade de calme qu'elle tente de s'imposer. Elle serre les paupières de toutes ses forces et détourne son visage. Ce sale porc... elle n'a pas fuis son ancien ravisseur pour retomber entre les mains d'un spécimen identique. D'un coup de menton elle se dégage ; elle ne dit rien de plus. Ce qu'elle pense elle le garde pour elle ; elle dépend totalement de cette brute, elle n'y peut pas grand chose.
Elle est soudain distraite de son tumulte intérieur par l'arrivée de la créature ; un petit être effrayant au teint pourpre, trois yeux au milieu du crâne. Elle prend une grande inspiration silencieuse, à deux doigts de hurler, mais le souffle lui manque et sa poitrine reste figée. Et la créature se met à parler. Élise ne comprend rien, la tête lui tourne. Mais elle ne s'évanouit pas, non, elle reste stable sur ses deux pieds à regarder la grosse bête qui lui fait face. Et qui lui rit au nez. C'est la première fois qu'on la regarde avec trois yeux, et ça lui fait tout drôle. On lui avait toujours dit que les fées n'existaient pas, que les magiciens étaient des amuseurs ou des escrocs. C'est comme ça que le monde tournait, pas plus tard que lundi. Depuis trois jours, la réalité semble s'être changée en un horrible délire fiévreux. Elle transpire sans arrêt, son cœur palpite n'importe comment, des frissons glacés la secouent sans cesse.
« T'as l'air pâle. Tu veux manger un truc ? Boire quelque chose ?
- Hein ? Non non... merci... »
Elle remue la tête et fait quelques pas mal assurés au milieu de la pièce. Le capitaine l'invite de la main à s’assoir à ses côtés, mais... non. C'est beaucoup trop près pour elle, à côté de cet inconnu envahissant... non. Elle aurait bien apprécié s’assoir, pourtant. Elle aurait surtout apprécié qu'on la laisse respirer. Réfléchir. Si tout ça est possible, ça veut dire qu'elle même est peut être quelque chose qu'elle a toujours démenti être. Peut être qu'elle se trompe depuis le début. Peut être qu'elle est quelque chose... d'autre... qu'une femme. C'est absurde, elle se connait, elle le saurait ! Mais si c'est vrai, peut être que c'est elle qui a attiré le malheur sur son mari ! C'est elle qui appartient à ce monde fou, c'est de sa faute !
« J'aimerai que tu me racontes ton problème. Pourquoi tu fuyais et qui étaient ces types en cheval ? »
Il lui faut un instant pour décrocher de ses propres pensées et porter attention à la question qu'il vient de lui poser. Pourquoi cette question, elle n'a pas envie de répondre à un telle question !
« J... j'étais euh... mon mari... »
La voix lui manque et sa poitrine se serre violemment. Ses entrailles oppressées refusent qu'elle continue : pas un mot de plus, c'est trop pénible, tais toi. Si elle prononce un mot de plus, elle va fondre en larme sur le champs, alors elle s'arrête, elle essaie de rassembler un peu de force et de calme. Mais c'est vain, sa gorge se noue inexorablement et elle n'ose plus prononcer le moindre mot, de peur de parler avec cette voix chevrotante de petite fille chagrinée, de peur de montrer l'étendue de sa vulnérabilité devant... lui. Elle ne veut pas de la pitié de cette brute. Ses grands yeux bleus soutiennent fixement le regard du marin alors qu'elle reste debout les bras le long du corps, les doigts tremblant au gré de spasmes nerveux.
« Tant que t'es là tu crains rien ok~ ? »
Sa gorge prend une longue inspiration, et soudain ses yeux se retrouvent débordant de larmes qui viennent rouler sur ses joues. Elle a beau lutter pour rester impassible, ses barrières tombent les unes après les autres et son visage se déforme dans une expression de détresse intense ; sa respiration saccade, elle aspire l'air a grande bouffées, le visage tourné à 90 degrés du capitaine, tandis qu'elle essuie avec sa manche les sillons qui se reforment inlassablement sur ses joues.
Elle a perdu la notion du temps, mais c'est certainement deux bonnes dizaines de secondes qu'elle a passé à sangloter. durant tout ce temps elle a conservé la même posture, tenant un quasi garde-à-vous devant le capitaine. Elle renifle bruyamment, se tourne à nouveau vers lui et déglutit, avant que son visage de se crispe dans une expression de dégout. Si son ton sera un peu abrupte et défiant à l'égard de son sauveur, cela sera certainement parce que son amour propre s'insurge. Consciente qu'elle s'est montrée faible, elle tient a remettre les choses en ordre ;
« Je suis poursuivie par un porc. Et si vous craignez de vous faire un ennemi, il est toujours temps de me jeter à la mer. »