Les terres sauvages / Re : Parler l'arme à la main [Silat]
« le: dimanche 19 juin 2016, 10:42:08 »Puis un serveur arriva, non sans un sourire aux lèvres. Fiore pouvait à peine remarquer certains détails aussi insignifiants quand un fort fumet de viande parfumées aux épices et légumes habillements saucés lui parvint dans les narines. Déglutissant, son appétit se fit clairement sentir à ce moment-là. La délicieuse odeur dont se délectait la bretteuse finit par se rapprocher, allant jusque dans son assiette d’aveugles aux yeux clos. Silat, sans sa galanterie habituelle depuis qu’elle l’avait rencontré, lui laissa les premiers coups de couvert pour se servir. Ignorant ce qu’il pouvait se faire en matière d’éveil gustatif, elle prit un peu de tout, mais surtout beaucoup de viande. Après, tout, c’était une véritable carnivore amatrice de chair, cuite ou crue peut lui importait tant que ça la nourrissait, sa nature d’aigle ne la trompant pas de ce côté-là.
Le repas, aussi copieux soit-il, semblait être aussi bref qu’intense pour ce que pouvait en sentir la terranide. Un peu comme du sexe bestial, sauf qu’elle en ressortait bien plus remplie. Ses manière à table était bien différentes des manières orientales, étant plus habituée à une façon plus noble comme le dirait les occidentaux. En revanche, elle aurait été bien contente de recevoir de quoi boire un peu. Les épices restaient suffisamment douce à sa bouche, mais pas assez pour ne pas ressentir cette sensation de soif qui pouvait tirailler n’importe qui n’étant pas habitué. De plus, la sauce étant la seule chose prise avec un peu d’abondance, la viande ayant été ravagée littéralement par ses couverts. C’est avec un estomac bien satisfait et un appétit parfaitement rassasié, sans non plus tomber dans la décadence de la gourmandise, qu’elle et son guide pris la peine de sortir.
C’est une fois arrivés à la sortie que Silat accepta de lui donner plus d’informations sur la suite des évènements. Un hammam, voilà qui risquait de lui plaire si l’on exceptait la chaleur humide qu’il pouvait se dégager de ce genre d’endroit. Au départ, lors de son arrivée dans le village, la belle rousse n’avait pas fait attention à ce bâtiment avec son don. Mais maintenant qu’elle s’en approchait de plus en plus, elle constatait que ce n’était pas qu’un simple petit lieu de détente, mais plus d’un colossal monument de pierre, de bois et de tissu qui pourrait être considéré comme le cœur de l’endroit.
« Comment un bâtiment aussi gigantesque peut-il se trouve dans un village suffisamment petit pour être considéré comme étant un hameau ? Cela n’a aucun sens ! »
Ne pouvant techniquement pas le voir, elle garda cette pensée pour elle, gardant sou silence cette première impression. Instinctivement, elle se mit méfiante envers ce lieu. Il était très peu probable qu’un coin perdu pouvait se permettre d’avoir un aussi gros bâtiment, sauf s’il est tout jeune, chose que Fiore ne pourrait prouver. Et encore, c’était très improbable. Bref, elle suivait toujours Silat, silencieuse, toujours en analysant la zone comme ses sens pouvaient le lui permettre.
En guise de nouveaux guides, ce fut cette fois de belles demoiselles portant des vêtements suffisamment équivoques pour que la belle rousse devine qu’elles ne devaient pas avoir grand-chose à cacher via son sonar. Elle craignait quelque chose de bien précis et espérait que cela soit parfaitement infondé, mais les paroles d’accueils offertes à Silat lui avaient mis le doute. Tant mieux dans un sens. Une fois arrivés chez la maitresse des lieux, une voix différente de celle qu’elle s’attendait lui parvint aux oreilles.
Stoppant ce qui semblait être un massage, la dénommée Tayira, dont le nom lui rappelait celui d’une ancienne connaissance disparue capable de tisser la pierre, Fiore lui rendit son salut comme il lui a été offert. Une simple bise sur la joue peu aisée en raison du manque d’habitude et une présentation succincte :
- Fiore. Le plaisir est partagé.
La demoiselle ayant apparemment d’excellentes formes féminines et une partie de ses atouts à l’air libre décida de les inviter à papoter près de ce qui semblait être une piscine privée. Méfiante par rapport à l’humidité qu’il pourrait s’y trouver, ses sens ne pouvant guère l’aider à se protéger d’une éventuelle glissade, elle s’asseya tout doucement, puis retira ses sandales pour finalement mettre ses pieds dans l’eau comme il eut été proposé. Une fois installée, c’est alors que les questions commencèrent réellement :
- Je viens de nulle part car voyez-vous, je me laisse guider là où la vie décide de mon destin.
Elle ne pouvait clairement pas lui dire qu’elle venait d’Ashnard ou d’une forêt, sa couverture en tant que fugitive risquant d’en prendre un coup. Néanmoins, elle ne mentait pas et il était facilement compréhensible que de par sa musculature et le fait qu’elle soit venue avec Silat qu’elle était une mercenaire, aventurière ou n’importe-quoi appartenant au cadre d’un travail favorisant le fait de se déplacer, et parfois sur de longues dates. Elle espérait qu’elle avait compris que certaines choses ne doivent pas se dire :
- Je vous remercie pour le compliment, mais je pense que vous devez l’être au moins davantage. Même si mes yeux ne peuvent vous admirer, sachez que je me délecte de votre aura et de votre voix.
La complimenter était à la fois destiné à satisfaire l’égo de la tenancière, mais également de lui renvoyer la politesse faite à l’encontre de l’invitée. Elle n’était pas là pour la séduire véritablement, même si cela reste un bonus agréable en cas de réussite, mais détendre l’atmosphère déjà détendue de base pourrait l’aider à briser la glace plus efficacement qu’ne parlait de la pluie et du sable. Surtout que la demoiselle était curieuse, chose parfaitement normale car après tout, un ami à elle venait de lui emmener sans préparation une inconnue. La belle rousse tenta d’éluder au maximum tout ce qui lui paraissait superficiel, non sans galérer vu comment semblait être cette dénommée Tayira :
- J’ai croisé Silat alors qu’il cherchait à m’aider. J’avais un contrat à remplir et pour le remercier de son support, j’ai décidé de lui accorder un droit de dette si vous voyez ce que je veux dire
A sa dernière phrase, elle prit une moue presque séduisante. Presque car la plupart des mimiques lui étaient impossible sans ouvrir ses paupières blessées et se devait de contenter le visuel de son hôte avec seulement des mouvements de joues et de lèvres. Elle comptait bien remplir sa dette, mais elle n’avait pas dit comment. A moins quelle l’aie devinée, seule une vive voix pourrait lui annoncer la véritable raison de leur venue.
La bretteuse commençait à en avoir assez de répondre à pas mal d’interrogation. Lorsque la miss posa une sur le mercenariat de son interlocutrice, celle-ci profita de l’occasion pour la faire parler un peu plus et économiser sa propre salive. Après tout, il n’y avait pas qu’une seule personne ayant des questions à poser :
- Mais dites-moi, comment se fait-il qu’il existe un aussi grand hammam dans un endroit aussi étroit ? J’avoue que c’est assez étrange.
La seule hypothèse qu’elle avait pris le temps d’étudier serait une source d’eau abondante se situant au-dessous et qui aurait contribué à la richesse de cet endroit. Mais du point de vue de la terranide, cela n’expliquait pas tout. Elle attendait donc de savoir ce qu’elle allait répondre quand quelqu’un frappa lentement à la porte. Toujours les jambes dans l’eau, Fiore se demandait si elle ne pourrait pas piquer un petit plongeon… Mais c’était trop malvenu même si la température élevé de l’endroit et sa tenue étaient propices.