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« le: dimanche 20 janvier 2013, 21:57:28 »
Une journée à peindre. Que demander de mieux ? J'avais commencé cette merveilleuse journée au bord d'un étang, peignant l'harmonie de celui-ci. Quelque peu perturbée par les élèves trop sérieux à mon goût qui se précipitaient en cours à intervalles réguliers, je peignais en chantonnant quelques airs enjoués, profitant de l'air frais de cette douce matinée. Une matinée qui se prolongea jusqu'au déjeuné où deux de mes amies vinrent me rejoindre avec de quoi se restaurer. C'est qu'à force, elles commençaient à me connaître ces deux là.
Les minutes passèrent et les rires se multiplièrent tandis que la nourriture diminuait.
Nous restâmes ainsi pendant longtemps, une puis deux heures avant de décider de rester deux nouvelles heures.
Une journée bien constructive n'est-ce pas ? Pas du tout ? Et bien chacun son point de vue.
Nous continuons de discuter et ce jusqu'au moment où je partis en hâte rejoindre mon cours de peinture. Et oui, pour rien au monde je ne l'aurai loupé celui là.
Assise devant ma toile blanche, observant le professeur qui s'évertuait comme d'habitude à nous répéter des inepties et nous dégoûter plus qu'autre chose, j'attendais le moment où il se déciderait enfin à se taire après nous avoir dis de commencer.
Ceci fait, je soupirais de soulagement, pouvant enfin laisser ma main s'exprimer librement. Je saisi ma palette, y disposa les couleurs nécessaires et commençais ma toile, y plaçant minutieusement chaque coup de pinceau.
Les couleurs apparaissaient, les couleurs se mélangeaient, dansaient entre elle et s'opposaient par points.Je fredonnais un air doux, penchant légèrement la tête pour voir d'un angle nouveau mon tableau. J'étais à court d'inspiration cette après midi... Le tableau ne m'emballait pas et... je fus interrompue dans mes pensées. L'étudiante devant moi m'avait regardé et s'était aussitôt retournée. Cela m'intriguait et je l'observais longuement. Je regardais chacune de ses mèches bleues qui s’entrelaçaient, ses mouvements de pinceaux maladroits ainsi que son apparence en générale. Une bien mignonne étudiante et elle me paraissait comme étrangère au monde la peinture. Elle était là certes, mais on voyait bien que cela n'était pas fait pour elle.
Un sourire éclaira mon visage et d'un coup sec, je recouvris ma toile de peinture blanche. Je recouvrai l'intégralité de mon tableau de cette peinture qui me permettrait de recommencer.
Je m'étirais légèrement, attendant que la peinture soit suffisamment sèche pour que je puisse reprendre. Je laissai alors de nouveau mon pinceau danser sur la toile, reproduisant avec soin chacune des mèches de la jeune femme que je voyais de dos.
Une représentation sobre de la demoiselle, une peinture d'elle vu de dos mais dont se dégageait ce que je recherchais. Un mélange de calme, de sérénité ainsi que solitude. Une solitude qui pesait sur l'ambiance de ma toile et dont je n'étais pas peu fière. Je voulais représenter cette demoiselle comme je la voyais, perdue dans un monde qui ne lui appartenait pas.
Le temps défilait et avec lui ma toile reprenait une nouvelle forme, une forme que je voulais la plus parfaite possible et représentant au mieux la beauté de la demoiselle.
Une sonnerie, les étudiants sortaient et le professeur se précipita hors de la salle mais je restais, n'ayant encore terminé ma toile. J'avais l'habitude de rester après le cours et parfois jusqu'à ce qu'un surveillant me chasse de la salle sous prétexte qu'il devait fermer les salles.
Dans tout les cas, quelque soit l'issue de cette journée, pour le moment je peignais, coup par coup sur ma toile pleine de teintes et de beauté.