En première ligne ? Susan n'était pas dérangée par cette idée. De toute façon, elle se trouvait toujours en première ligne avec sa malchance chronique. Tout contre lui, face à lui à présent, elle lève le regard en écoutant son plan. C'était ingénieux. Et osé. Elle sourit à son tour, réprimant un petit rire nerveux. Elle n'avait jamais menti délibérément. Mais ça pourrait se faire. Elle ferait tout ce qui était nécessaire, de toute façon, pour sauver Lucile. Elle hocha donc la tête. Pour Lucile, elle allait se métamorphoser en séductrice impitoyable. Ou du moins, elle espérait réussir à donner le change.
Sa surprise fut palpable lorsqu'il remonta le tee-shirt. Mais elle n'eut pas de mouvement de recul. Juste un souffle retenu un peu plus longtemps que nécessaire. La chaleur de la main du héros semblait se répandre en elle avec la lueur bleue qui s'en échappait. Elle frissonna. Agréablement. Le froid de la nuit s'estompa le temps que la lueur restait visible. Elle avait entrouvert les lèvres, un sourire légèrement amusé étirant discrètement le coin de celles-ci.
«
C'est vraiment... Ouah. Merci Mr Prime. »
Elle avait le visage levé vers lui, et résista à l'envie de coller sa joue contre sa main. Elle rit franchement à la petite pointe d'humour qu'il laissa échapper, puis se colla à nouveau à lui le temps qu'il recommence à s'élever dans les airs pour la déposer devant chez Lucile. Là, elle lui sourit. Pour se donner du courage. Puis elle se composa un masque plus charmeur. Plus femme fatale.
«
Courage Susan. Tu peux le faire. »
Elle se parlait à elle-même, observant le héros s'envoler à nouveau. Puis elle se tourna vers la porte, et frappa sèchement. Trois coups.
- L'homme, au-dessus de Lucile, se figea. Qui donc frappait à cette heure ? Il soupira. Puis murmura à sa proie de ne pas bouger, de ne pas faire de bruit. Il savait que son pouvoir allait faire effet près de dix minutes encore après qu'il se soit écarté. Il profita de ce laps de temps pour se rendre jusqu'à la porte et regarder par le judas.
Susan s'appuya contre le chambranle de la porte, l'air posé. Légèrement lascive. Elle sentait qu'il l'observait par le judas.
«
Ouvres-moi. J'ai un marché à te proposer. »
Le tutoiement, voui. Tout à fait. Elle braqua son regard d'acier vers le judas. La porte s'ouvrit. Une main gantée de noir l'attrapa et la fit entrer. Un coup d'oeil permit à Susan de voir la porte ouverte de la chambre de Lucile. Et son amie, nue, immobile sur le lit. La fenêtre à côté était ouverte. C'était par-là qu'il était entré. Elle reporta son attention sur le criminel, toujours nu. Il avait une érection bien visible, et la poigne qu'il maintenait sur son poignet ne laissait aucun doute sur ses intentions. Il ne la laisserait pas approcher de Lucile.
« Quel est ta proposition, salope ? »
Elle serra les dents, puis passa outre l'injure.
«
Moi, contre Lucile. Tu la laisses tranquille. Intacte et en vie. Et tu.. Tu me gagnes. »
Les derniers mots avaient eu du mal à sortir. Elle bougea. Elle fit mine d'aller se poser au salon, pour qu'il tourne le dos à la chambre.
« Et pourquoi je ne vous aurais pas toutes les deux ? Tu n'es pas mon genre en plus. Trop brune. »
«
Et bien, parce que j'ai aussi un petit pouvoir moi. Le tien à fonctionné une fois. ais il ne le fera plus. Je suis immunisée, à présent. Et puis, même si je ne suis pas ton genre de femme... Je sais être très, très... Soumise. S'il n'y a que la couleur de mes cheveux qui te gênes... Il existe des teintures, tu sais ? »
Elle esquissa un sourire qu'elle voulait aguicheur. Le héros avait toute latitude pour aller enlever Lucile, la mettre à l'écart. Elle espérait qu'il mettrait ce temps à profit. Pour le moment, elle avait réussi à captiver le criminel. Il avait une lueur intéressée au fond du regard.
« Tu voudrais dire que.. Tu serais prête à te livrer corps et âme, contre la vie de ton amie ? »
Elle se força à sourire à nouveau, et les mots qui sortirent après la blessèrent dans son égo malgré tout.
«
Je te le promets. Je serais... Ta petite salope... Soumise au moindre de tes caprices... »
Il ricana, et la força à reculer, la plaquant contre le mur. Elle sentait son érection contre sa cuisse. Elle sentait son souffle contre sa joue.
« Vraiment ? Intéressant... Je savais bien que tu n'étais qu'une salope au fond. Je le sentais... Une femme dans la police, en même temps... T'aimes te faire tringler par tes collègues au commissariat, hein ? »
Elle frémit.. Mais son sourire ne fléchit pas. Elle se cambra légèrement, comme pour se frotter contre lui.
«
Oui... »
Voix chaude, séductrice. Regard aguicheur. Position lascive. Elle aurait franchement besoin que le héros la tire de là, à cet instant, la Susan. Surtout que le criminel commençait à vouloir tâter la marchandise à nouveau.