Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Messages - Soledad Castejón

Pages: [1] 2 3 ... 5
1
Pour la señorita Castejón, il était impensable que Callisteros passe sa nuit sur le sol. Il avait pris soin d'elle durant ces derniers jours, à la ménager, la nourrir et veiller sur elle, alors qu'elle était seule dans cette contrée inconnue. Le brûlé était la seule personne à qui elle pouvait s'accrocher. Alors là qu'ils pouvaient tous les deux d'une couche confortable, la jeune espagnole prendrait sur elle malgré la proximité future dans le lit. L'andalouse avait un tant soit peu confiance en l'homme qui la protégeait, et savait pertinemment qu'il ne ferait rien.

L'invitant à la rejoindre sous la couverture, en tout bien tout honneur, elle vit Callisteros déposer une lame sous son oreiller, avant de s'avancer vers la porte, emportant derrière lui la chaise sur laquelle reposaient les habits de l'hispanique. Qu'allait-il en faire ? Elle eut rapidement la réponse à sa question lorsqu'il bloqua l'entrée de leur chambre, en coinçant la dite chaise contre la poignée de la porte. Encore une fois, il s'assurait de leur sécurité, même entre quatre murs. Soledad se sentait presque dans une série fantastique, où elle jouerait le rôle de la demoiselle en détresse...

Callisteros ne vint pas tout de suite dans la couche, allant vers une bassine d'eau pour se débarbouiller un peu. C'est vrai qu'il n'avait pas bénéficié d'un bain chaud comme la danseuse, et encore moins de nouveaux habits. La jeune femme, qui voulait faire preuve d'un peu de pudeur, ne put retenir son regard d'obsidienne se poser sur le corps brûlé de son compagnon de son visage. Ce n'est que lorsqu'elle comprit qu'il avait fini son brin de toilette, qu'elle rabattit la couverture sur une bonne partie de son visage. Il ne l'avait pas remarqué, n'est-ce pas ? La honte...

Lorsque Callisteros vint s'installer sous la couverture, señorita Castejón fut prise d'un agréable frisson. Son bras si frêle entra en contact avec le dos craquelé de l'homme. Quelle drôle de sensation...Pas désagréable en plus de ça. Il dit quelques mots, qu'elle essaya de répéter correctement avant de se retrouver dans le noir complet. Bien qu'un peu anxieuse au début, Soledad sombra assez rapidement. Peut-être que le confort d'un lit avait aidé également, après autant de temps sur les routes...

Loin dans ses songes, Soledad rêvait de sa gentille abuela. Qu'ils étaient lointains ses souvenirs d'elle, mais ils étaient toujours si doux. Elle qui lui avait inculqué les valeurs de la famille, de l'authenticité, de la liberté...Un flashback un peu moins drôle lui revint devant les yeux : le jour où sa yaya partit rejoindre les cieux. Qu'elle avait pleuré et pleuré, encore et encore, surtout dans les bras de ses parents. Revivre ce souvenir était d'une telle douleur qu'elle se réveilla d'un coup sec, le souffle court.

Elle fut des plus surprises lorsqu'elle comprit qu'elle se trouvait dans les bras de Callisteros, tout contre les craquelures de son torse cramé. Son cœur s'emballe un peu avant de se calmer sous la douce et agréable chaleur qu'il dégageait. L'esprit un peu embrumé, c'est néanmoins plus légère qu'elle reprit le chemin vers Morphée. Celui-ci lui accorda des songes plus doux. Callisteros en faisait partie, défendant l'enflammée contre vents et marées, lui accordant plus qu'un baiser lorsqu'ils furent tranquilles tous les deux. Que...Quoi ?!

C'est d'un coup qu'elle ouvrit les yeux, en se rendant rapidement compte qu'il n'y avait qu'elle dans le lit. Elle poussa presque un soupir de soulagement, avant de s'étirer, les bras hors de la couverture, découvrant même un peu de sa petite poitrine, la longue tunique lui étant remontée jusqu'au cou. Ce n'est qu'après avoir entendu le bruit de l'eau qu'elle comprit qu'elle n'était pas seule...

- Ah...

Sa surprise était telle que la danseuse fut figée sous le choc. Callisteros était nu comme un ver, profitant du sommeil de l'espagnole pour faire plus qu'un petit brin de toilette. Les yeux sombres de l'hispanique ne purent s'empêcher de lorgner sur son corps, et un endroit plus précisément. Honteuse comme jamais, elle se cacha en vitesse sous la couverture, oubliant même que lui avait peut-être vu sa poitrine. C'est le feu sur tout le visage qu'elle bégaya des excuses.

- Pardon ! Pardon ! J'ai rien vu, promis !

Même s'il n'allait pas la comprendre, c'est sûr, mais...Quelle vilaine menteuse...

2
Cela faisait déjà quelques jours que Soledad n'était plus sur Terre, dans un monde complètement inconnu, en compagnie de cet homme brûlé, à parcourir les routes pour une destination qu'elle ne connaissait même pas. Plusieurs jours que la célébrité du flamenco devait faire avec les aléas de la vie en plein air, que ce soit pour manger que pour dormir. Plusieurs jours sans réel confort. L'andalouse avait donc déjà bien dormi avec Callisteros, enfin, à ses côtés, bien évidemment. Ils étaient proches sans l'être. Mais là, c'était différent. Cela la troublait vraiment ! Un seul lit, même si celui-ci n'était qu'un petit deux places. Dormir côte à côte, avec une certaine proximité, c'était beaucoup trop pour la jeune hispanique. Et il a dû le ressentir. Le grand brûlé semblait vouloir dire qu'il allait lui laisser le lit et lui allait s'arranger un coin dans la chambre pour dormir sur le sol, éloigné de la demoiselle, mais toujours prêt à la protéger.

- Non ! , hurla presque Soledad.

Venant appuyer sa réponse négative par un secouement de la tête, puis d'un geste du doigt, ainsi que de sa frêle main. Instinctivement, la danseuse professionnelle se mordilla la lèvre inférieure, pensive, pour ne pas dire anxieuse. Elle se la rogna même, s'enlevant une très fine pellicule de peau. Elle devait faire un effort, mais Soledad se disait que Callisteros avait aussi droit à un peu de confort, surtout avec ce voyage qui n'était guère de tout repos et pas du tout terminé, qu'on se le dise. Señorita Castejón tapota une place sur le lit, sans s'y asseoir, puis pointa son compagnon des routes.

- Toi et moi, on va profiter du lit, chacun de notre côté et ça ira !

C'était ce que la danseuse se persuadait, tout du moins. Il ne se passerait rien, rien du tout ! Les joues rougissantes, Soledad se retourna puis essaya de défaire son corset, faisant en sorte de l'élargir un peu en dénouant les lacets, pour le faire tourner sur sa taille et que le laçage se retrouve sur son ventre désormais. Ainsi, ça lui permettait d'ouvrir davantage et plus aisément son habit, dans le seul but de s'en débarrasser. Il lui arrivait d'en porter de temps à autre lors de gala et autres banquets, mais pas lors de ses prestations sur scènes. Trop compliqué et incommodant pour ça, disait-elle.

Il lui arrivait de jeter un coup d’œil par dessus son épaule pour voir si l'homme la reluquait. Est-ce que c'était vraiment important ? Non, ce n'était pas la première fois qu'elle avait à se déshabiller devant des personnes, mais d'habitude, l'Espagnole le faisait devant des professionnels du métier, pas des inconnus ! Elle souhaitait juste se débarrasser des vêtements gênants pour aller s'installer confortablement dans le lit. Hé oui, Morphée n'attend pas ! Sur elle, Soledad ne garda qu'une très longue tunique beige en lin, laissant le reste choir sur une chaise non loin du lit conjugal, et elle fila vite dans le lit, sous la couverture, un peu comme une voleuse. D'un geste rapide, ne laissant dépasser que sa petite tête brune, ainsi qu'une main gracile qui, elle, vint tapoter sur le matelas, notamment la place à côté d'elle.

- Tu peux venir.

Allait-il la comprendre ? Qui sait. Promis, elle se ferait toute petite, ne prendrait pas de place ! Aussi petite qu'une souris ! En même temps, fine comme elle est...Le seul risque serait, peut-être, qu'elle s'étale sur lui dans la nuit...Détail ! Minuscule détail, n'est-ce pas, hein ?

3
L'espagnole cherchait à faire des efforts malgré cette situation rocambolesque pour elle. La demoiselle qui avait passé sa soirée, sa nuit même, à danser et chanter dans les rues de Séville, s'était écroulée de fatigue chez elle pour finalement se retrouver dans une charrette, avec comme cocher, un homme au visage brûlé et parlant dans une langue qu'elle ne comprenait absolument pas. Le peu de temps qu'ils ont pu passer ensemble, elle avait essayé de retenir quelques mots pour faciliter la compréhension entre eux deux, mais visiblement, ce n'était pas encore cela. Alors qu'elle tentait de communiquer sur la nourriture et avouer que cela lui plaisait, Callisteros la reprit, et la célébrité se mit à rougir en comprenant qu'elle était à côté de la plaque, et qu'en plus, l'homme réitérait son compliment envers la danseuse. Ahem...

- Mmh...Manger, très bon...

Ses paroles étaient plus hésitantes que la première fois, mais plus vraies. D'avoir fauté lui avait procuré ce sentiment de faute qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps. Rholala...Le repas terminé pour sa part, Soledad lui indiqua qu'elle souhaitait sortir un peu à la fraîche avant qu'ils ne se rentrent dans leur chambre provisoire. En guise de réponse, il hocha la tête, la jeune femme prenant la main gentiment offerte de Callisteros, avant de filer en dehors des murs de l'auberge.

La lune était désormais bien haute dans le ciel, pleine et brillante. Elle baignait le paysage d'une magnifique lueur argentée, transformant tout ce qu'elle touchait en une scène d'une beauté mystérieuse. Un océan d'étoiles scintillaient avec une intensité variable agréable. Les ombres des arbres, longues arabesques semblant d'un autre monde, créaient des motifs délicats sur le sol. La caresse de la brise légère faisait bruisser lentement les feuillages.

La nuit était douce et calme. L'air y était frais, mais pas trop froid, juste assez pour inciter à marcher main dans la main, histoire de ne pas finir frigorifié. Est-ce que Callisteros pouvait ressentir le froid, alors qu'il était un...brûlé ? Est-ce que cela était dérangeant ou non ? Sans une gêne, elle avait gardé sa petite main hâlée dans la sienne, plus par peur de se perdre qu'autre chose. Chacun de leurs pas produisait de légers crissements sur le sol, brisant la quiétude de la nuit.

Callisteros s'arrêta un instant, pointant l'astre argenté. Étrangement, la sonorité du mot semblait familière pour Soledad. Señorita Castejón s'empressa de répondre au brûlé, tout en hochant de la tête.

- Lune !

Elle le répéta une nouvelle fois, avec un sourire radieux, le visage émerveillé telle une enfant qui découvre le ciel et ses joyaux pour la première fois. Ils marchèrent encore un instant en silence, leurs pas résonnant faiblement sur le sol. Le calme de la nuit les enveloppait.

Doucement, elle s'arrêta, délaissant la main de son compagnon de voyage, puis, elle prit place sur le sol, assise en tailleur. La belle brune observa cette voûte de petites lucioles lointaines, ayant le nez vers le ciel. Ses pensées vagabondaient en de souvenirs lointains, se remémorant les soirées allongée dans les champs récoltés pour observer les étoiles filantes des mois d'été. Le ciel de son pays natal lui manquait, surtout ces moments qu'elle partageait avec sa famille, surtout son abuela, qui lui manquait terriblement. Cependant, elle trouvait une certaine consolation à cette nouvelle compagnie, et aussi dans la beauté sereine de ce nouveau monde. Elle ne se doutait clairement pas de ce qu'il pouvait y avoir au-delà des arbres qui entouraient l'auberge, encore moins, ce qu'ils renfermaient. Et c'était clairement mieux ainsi. Son esprit serait trop troublé et elle resterait constamment sur ses gardes, de peur de tomber sur une créature trop forte pour elle car, l'andalouse avait beau pouvoir se transformer en flammes littéralement, elle ne savait guère combattre.

Ils firent quelques petits tours autour de l'auberge, et alors que Soledad semblait satisfaite de ce petit tour lui procurant de l'air frais, elle désigna la porte de l'établissement, geste accompagné d'un doux sourire chaleureux.

- Ren...Rentrer ch...chambre ?

L'avait-elle bien prononcé ? Elle l'espérait. Joignant le geste à la parole, Señorita Castejón tira Callisteros vers l'entrée de l'auberge, passa la porte et l'emmena à sa suite, ne faisant guère attention aux personnes encore en train d'apprécier leur boisson au sein de la taverne. L'hispanique pressa le pas, manquant presque de tomber dans les escaliers pour enfin arriver devant la porte de leur chambre. Elle attendit patiemment que l'homme brûlé la déverrouille avec la clé que la rouquine a dû lui donner pour enfin pouvoir se ruer dans la pièce et voir que...Qu'il n'y avait qu'un seul lit ! Ils n'allaient pas dormir ensemble, n'est-ce pas ? Dios mío...

4
Prélude / Re : Kurono Kei [Serenos]
« le: dimanche 04 août 2024, 01:36:45 »
Bienvenue o/

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C'est tout nouveau pour la demoiselle. Les lieux, l'ambiance, la langue, la magie environnante, etc...Il était normal que Soledad se presse à s'habiller pour vite retrouver son seul repère qu'était Callisteros. Il était son phare en plein tempête. Bien qu'ils n'arrivaient pas encore à se comprendre, elle lui faisait assez confiance pour se sentir en sécurité avec lui.

Sortant précipitamment, non sans remercier la rouquine d'un hochement de tête, elle fila dans le couloir afin de rejoindre l'escalier et sûrement retrouver son compagnon de voyage. Elle n'aurait jamais pensé le revoir de cette façon inadéquate, en le bousculant presque. L'hispanique se confondit en excuses, dans sa langue natale. Ses grands yeux sombres tels de l'obsidienne, fixèrent le jeune homme alors qu'il semblait lui dire quelque chose avec le sourire. Lui aurait-il dit un compliment ? Le ton du brûlé était plus doux encore qu'à son habitude. Pouvait-elle considérer cela comme un louange ? Étrangement, le feu prit aux joues de l'andalouse, rabattant une mèche de cheveux sombres derrière son oreille pour cacher son embarras. Enfin, « étrangement »...C'était surtout qu'il avait appuyé ses mots incompréhensibles pour la jeune femme, par une révérence. Sa petite gêne disparut un instant, faisant naître un sourire puis un petit rire chez la danseuse. Elle se sentit plus détendue, accepta cette main qu'il lui tendit, et se laissa guider au rez-de-chaussée.

Même si Soledad ne faisait pas vraiment attention de ce qu'il se passait autour d'elle, presque tous les regards s'étaient déviés sur la jeune femme. Certains retournèrent rapidement à leur assiette, quand d'autres laissaient traîner davantage leurs yeux sur le corps de la jeune femme. Señorita Castejón ne se souciait que du délicat fumet qui lui chatouillait les narines et faisait chanter son estomac. Si l'on était dans un dessin animé, il est certain que l'on aurait observé un filet de bave se tisser au coin des lèvres de la brunette.

Le mot que sortit Callisteros, ainsi que sa mimique, fit de nouveau sourire la jeune espagnole, qui comprit aisément ce qu'il souhaitait lui dire. Soledad leva le pouce pour indiquer qu'elle était d'accord, en plus d'avoir saisi où il voulait en venir. Elle fit également une étonnante surprise à son accolyte.

- Manger !

L'hispanique espérait l'avoir bien entendu et l'avoir correctement répété, sinon, elle aurait plus l'air d'une imbécile qu'autre chose. C'était un premier pas vers une meilleure compréhension mutuelle.

L'odeur de la nourriture embaumait la pièce, et alors qu'elle allait rejoindre Callisteros pour récupérer son écuelle ainsi que ses couverts, avec un peu de ragoût, son ventre gronda une nouvelle fois. Leur mets recueilli, ils se mirent à la recherche d'une table un peu à l'écart pour être plus à l'aise afin d'y déguster leur souper en paix. Soledad prit place juste en face du grand brûlé. Elle sortit un « Merci. » presque inaudible avant d'enfin goûter à son plat. L'explosion de saveurs dans sa bouche la surprit agréablement. C'était un mets des plus simples, mais délicieux, c'est certain ! La viande du ragoût avait ce quelque chose qui lui rappelait un brin celle qu'elle avait pu manger sur Terre.

Elle déchira un morceau de pain pour accompagner quelques unes de ses bouchées, savourant son repas. De temps à autre, elle observait Callisteros avec bienveillance et curiosité. Entre deux cuillerées, l'andalouse tenta de faire la conversation en utilisant des gestes et répétant quelques mots qu'elle semblait avoir retenu de leurs précédentes conversations, mais malheureusement, pas très correctement, pouvant mener à des situations un peu cocaces. Fixant son compagnon de voyage, elle leva un pouce alors qu'elle finissait ce qu'elle était en train de mâcher.

- Manger...Très jolie !

Bien entendu, elle sous-entendait que le repas était savoureux et qu'elle l'appréciait grandement. Soledad, encore hésitante à prendre réellement la parole, cherchait à répondre de son mieux. Finissant son assiette, elle mima du bout des doigts comme des personnes en train de marcher et dessina dans l'air un croissant de lune. Elle insinuait là qu'elle souhaitait prendre un peu l'air après avoir fini tous les deux, et juste avant de se rendre dans la chambre.

6
Pauvre petit poussin. Pour le coup, la fierté de la señorita Castejón était clairement mise de côté. Dans un environnement totalement étranger, elle perdait littéralement pieds, et pour ne pas être ridicule ou ne pas être abandonnée, Soledad se rattachait à ce qu'elle connaissait, c'est-à-dire Callisteros. Elle ne pouvait rien dire ou faire dans ce lieu. Tout ce monde lui paraissait dépassé, comme si elle était remontée des années, même des siècles auparavant sur Terre, au moment où la chevalerie était de mise. Parler n'était pas de mise non plus, ne pouvant que signifier que quelques mots en les décrivant avec ses mains, pour communiquer. C'était...archaïque.

Soledad, toujours un peu intimidée par l'ambiance et les regards insistants, fit de son mieux pour sourire timidement en s'asseyant en face de Callisteros. Le contact chaleureux de sa main avait réussi à la rassurer un peu. Elle observait l'auberge, notant les détails qui la différenciaient de ce qu'elle connaissait sur Terre. Les poutres en bois massif, les tables usées par le temps, les bougies qui projetaient des ombres dansantes sur les murs...Tout cela contribuait à une atmosphère à la fois rustique et accueillante. Prenant délicatement la chope que lui tendait Callisteros, elle imita son geste en levant son verre.

- ¡ Salud !

Elle répondit avec un sourire timide avant de prendre une petite gorgée de la bière. L'amertume la surprit fortement, toussant même, virant au rouge de honte. Elle n'était pas très friande de bière en elle-même. Il lui arrivait d'en boire mais avec du sirop, généralement de cerise ou de pêche, pour cacher la possible âpreté de la boisson. Et puis, d'habitude, elle préférait le vin rouge à la bière, même la sangria ou du calimocho pour être plus spécifique. Sauf que là, c'était beaucoup trop amer ! Sûrement que la grimace qu'elle avait faite lors de la déglutition était magnifique. De petits rires se firent entendre, ne provenant pas de son compagnon de voyage, les autres clients présents dans la taverne la trouvant ridiculement faible. Elle baissa le visage, son regard sombre fixant la chope. Le feu lui prenait tellement le visage qu'on pourrait croire qu'elle entamait sa transformation, mais il n'en était rien.

Toussant légèrement, l'andalouse releva le bout de son nez, sentant que le jeune homme cherchait à lui dire quelque chose. D'après ses mouvements, lui demandait-elle si elle avait froid ou bien qu'elle pourrait se laver ? Ne pouvant lui répondre correctement, elle ne fit que hocher la tête. L'hispanique se mit à sourire très légèrement, les épaules un peu en avant, voulant paraître plus petite, se cacher même. Vraiment, elle se sentait comme un agneau autour d'une meute de loups...Alors que ses yeux d'obsidienne fixaient Callisteros, la belle rousse aux courbes alléchantes s'approcha du drôle de duo.

- Hey. L'bain est chaud. C'pour elle en premier, j'imagine ?

Plutôt imposante de par sa corpulence et par sa confiance en elle, la tavernière invita Soledad à la suivre, celle-ci cherchant l'aide de Callisteros pour savoir quoi faire. Elle comprit bien que c'était alors pour se laver lorsqu'elle se dirigea à l'étage, à la suite de la rouquine. Celle-ci ouvrit une porte donnant sur une petite pièce, pouvant donner quelques crises de claustrophobie...Les murs avaient les pierres apparentes, donnant un aspect fort rustique et ancien à la pièce. Le tout était éclairé par deux grands chandeliers, avec des bougies plus ou moins longues, certaines à la limite de s’éteindre. Une sorte de grand et large tonneau était posé non loin d'une cheminée allumée. Il faisait pas très chaud dans la pièce, mais on voyait clairement que l'eau l'était. Une chaise traînait là, bancale, avec une serviette un peu usée mais propre.

- V'là pour toi, l'gueuse. Va barboter, j'te remont'rai quelque chose que ta...ton déguisement de guignol. C'est ton gars qui l'a demandé.

Sans rien comprendre, et de peur de contrarier la rousse, elle hocha la tête pour valider ce qu'elle a dit, espérant que cela suffise. Et ça passe. La femme s'en va, refermant la porte derrière Soledad. La danseuse soupira alors, rassurée de la tournure de ce petit échange. Puis, elle s'affaire à se déshabiller et à plonger dans cette baignoire de fortune.

- Haaaa...Que ça fait du bien !

L'eau était même un poil trop chaud, mais pour le commun des mortels. Pour un esprit du feu, cela ne lui faisait qu'un petit chatouillis plaisant. Balançant sa longue chevelure de jais en arrière, elle prit la peine de la mouiller, à l'idée de laver la crasse présente dans ses cheveux. Fouillant la pièce du regard, Soledad trouva un savon carré, semblant être du même genre qu'un savon de Marseille, ainsi qu'un bout d'éponge naturelle. Bien, elle fera avec...Avec soin, elle se frotta tout le corps, voyant l'eau se troubler en absorbant du savon et de la saleté dont la danseuse se débarrasse. Pourtant, ça ne faisait pas longtemps qu'elle était sur les routes...Elle comprenait mieux de comment les gens vivaient, d'un point de vue hygiène, au Moyen-Âge. Enfin, elle s'en persuadait.

Rapidement, elle sortit de cette grand baignoire, pile au moment où la tavernière revint dans la pièce. Soledad, surprise, usa de ses mains pour cacher ses parties intimes ainsi que sa poitrine, qu'elle trouvait ridiculement petite par rapport à la rouquine. Cette femme ricana, déposant une montagne d'habits en boule sur la chaise, retirant d'abord la serviette pour la balancer à l'andalouse.

- Pudique, gamine ? Ha ! Tiens, essaie ça. On serrera s'il faut.

Le corps de l'hispanique se mit à trembler un peu, surprise dans ce moment d'intimité. La tavernière, elle, soupira longuement avant de se retourner, croisant les bras sous sa poitrine, la faisant paraître encore plus imposante. Elle grogna quelques mots que l'ibérique ne comprenait pas. Rapidement, elle attrapa la serviette et se mit à se sécher au maximum, avant de l'enrouler autour de ses cheveux, comme une femme moderne le ferait habituellement. Elle toussa pour indiquer qu'elle avait fini, demandant de l'aide pour la suite. La tavernière se retourna pour assister la jeune femme pour la vêtir. D'abord, elle lui fit passer une large tunique, aux manches trois quarts. Sa poitrine, pourtant pas inexistante, semblait l'être sous ce tissu. Elle lui avait également prévu un pantalon léger mais comme il était trop ample, elle lui avait prise également un long tissu pour le lui attacher telle une jupe. Trop grand aussi. Tout comme le corset d'ailleurs. Tant pis. La rouquine s'en amusa à serrer, seeeeeeerreeeer les cordages pour que cela colle à la silhouette fine de la danseuse. Enfin, elle lui fit essayer plusieurs paires de bottines en cuir à lacer, pour trouver sa pointure. Sans délicatesse, elle lui enleva la serviette qu'elle avait sur les cheveux, attrapant une brosse à cheveux qu'elle avait d'attacher à sa ceinture. Un peu plus indulgente, la rousse vint défaire les nœuds dans la chevelure de jais de l'hispanique, refaisant apparaître les ondulations de sa coiffure. Voilà, Soledad était parfaite à présent.

- Allez, t'peux dégager maint'nant. J'vais vider l'bain.

Toujours sans comprendre, la belle brune sortit de la pièce, un peu mal à l'aise avec ce corset, cet instrument de torture ! De ses yeux sombres, elle scruta les alentours, dans le couloir et les escaliers, à la recherche de Callisteros...

7
Sa mère lui avait toujours dit que son abuelita était bien plus tendre avec la petite Soledad qu'avec sa propre fille à l'époque où elle n'était qu'une enfant. C'est sûrement le cas pour beaucoup de grands-parents, d'être davantage plus souple sur l'éducation des plus jeunes lorsqu'ils avaient eu à élever leurs propres enfants. L'abuelita de l'andalouse n'était pas une cuisinière hors pair. Certes, elle faisait quelques bons petits plats, certains mêmes naissaient des restes d'autres plats, rien ne se perdait. Ce qu'elle avait une sainte horreur du gaspillage ! Il faut dire que la guerre civile qui avait meurtrie le pays durant la fin des années 1930 avait marqué sa grand-mère à tout jamais, et la peur de mourir de faim la tiraillait parfois encore dans son sommeil. Cette yaya avait toujours fait en sorte que ces enfants et petits-enfants ne manquent de rien, matériellement parlant.

Elle faisait également partie de l'ancienne génération, rarement démonstratrice de sentiments, même les plus profonds. Ce n'était pas un reproche, juste une simple observation. Elle était rude avec sa fille, même que ses propres frères et elle l'appelaient « Mère » , chose qui mettait encore de la distance émotionnelle et sentimentale entre la grand-mère et ses enfants. C'était tout autre chose avec les petits-enfants, même si son occupation préférée était de leur râler dessus lorsqu'ils faisaient un peu trop de bruit. Quand elle était bien petite, Soledad avait bien peur de cette abuelita énervée par les bêtises de sa fratrie et ses cousins. Mais quand l'andalouse prit de l'âge, cela l'amusait de la voir batailler pour que les mioches se calment...

Quel doux rêve...Soledad ne le savait pas, mais un petit sourire illuminait son visage endormi, malgré le fait que celui-ci était un peu caché par sa longue chevelure de jais. Une voix lointaine semblait l'appeler. Ses paupières se mouvèrent un peu, sans pourtant s'ouvrir. C'est qu'un mouvement répétitif léger qui vint la tirer de ses songes, la belle danseuse ouvrant enfin les yeux. Il était clair que l'hispanique n'était pas une femme du matin. Toute ébouriffée, elle se redressa tout en tirant ses bras au dessus de sa tête.

- Haaaa...Bonjour Callisteros...

Il allait sûrement comprendre si elle prononçait son prénom. Toujours avec cette gentillesse qui lui avait montré la veille, l'homme de braise apporta à sa compagne de voyage une tisane, qu'elle accepta volontiers. Un petit truc dans l'estomac et c'était déjà reparti sur les routes. À sa grande surprise, la jeune espagnole ne monta pas sur les chevaux, ni même ne s'installa aux côtés de Callisteros. Elle était à l'arrière, dans le chariot. Ce n'était pas très confortable. Elle se retournait plusieurs fois dedans car la position qu'elle tenait lui faisait du mal. Elle avait même peur de s'endormir derrière au cas où les chevaux partaient à une autre allure. Elle pourrait en être éjecter sans le vouloir. Soledad avait pourtant une certaine habitude des calèches de Séville, lors des fêtes, notamment de la Feria, mais aussi des voyages en chariot pendant les fêtes del Rocio, mais elle savait pertinemment qu'un caballo pouvait se montrer capricieux et fier...

Plusieurs fois sur le trajet, elle tapota sur l'épaule du cocher pour indiquer qu'elle avait besoin de s'arrêter pour qu'elle puisse aller se soulager. La honte la prenait un peu, le feu lui faisant rougir les joues, mais on ne pouvait pas aller contre la nature ! De temps à autre, Callisteros tendait des tranches de viande séchée, que Soledad grignotait sans demander son reste. Il l'autorisa à monter sur l'un des chevaux pour éviter qu'elle ne fasse trop mal au derrière à l'arrière du chariot, peut-être. Un peu plus à l'aise, Soledad s'affaissait un peu sur le cheval pour le peigner, le câliner, lui parlant avec tendresse dans sa langue natale.

Le crépuscule pointait le bout de son nez, la danseuse se demandait s'ils allaient encore dormir à la belle étoile...Cela voudrait dire que l'éphèbe devrait encore une fois dormir que d'un œil. Mais au loin se dessinait un petit village comme on n'en faisait plus par chez Soledad. Écoutant les dires de Callisteros, mais surtout les mîmes qu'il faisait pour se faire comprendre, la demoiselle comprit qu'ils feraient halte ici-même, dans une maison possédant une chope de bière sur son insigne exposée à l'entrée. L'hispanique hocha du chef, suivant l'homme en lui tenant la main pour descendre du cheval, manquant de coincer sa robe de sévillane...

Une petite appréhension prit la jeune femme, la faisant avaler bruyamment sa salive. Elle espérait que tout se passe bien, tandis que l'homme de braise donna une pièce à un jeune garçon pour qu'il s'occupe du chariot et des chevaux...Poussant la porte d'entrée, il ne fallut pas longtemps pour que la demoiselle à la chevelure de jais n'attire l'attention sur elle, toutes les personnes posant leur regard sur elle...Ah. Ahem...Voulant se faire discrète autant que possible, elle attendit son compagnon pour le suivre comme un enfant suit sa mère.

L'auberge ne payait pas vraiment de mine. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Soledad n'avait que des comparatifs avec les bars et clubs sur Terre, et rien d'autre ici bas. Mais ils étaient dans une petite bourgade et pas une grande ville, alors il ne devait pas y avoir beaucoup de voyageurs qui passaient là. L'odeur du bois humide, le parfum de la cire fondue des bougies, l'effluve du malt de la bière, tout ce mélange perturbait les narines de la danseuse. Elle attrapa le bas de veston de Callisteros, histoire d'avoir encore un contact avec lui, ne se sentant vraiment pas à sa place, presque comme si elle était une biche entourée de loups...

Une belle femme rousse, se trouvant derrière le bar, en imposait. Alors qu'elle frottait son chiffon à l'intérieur de plusieurs chopes pour les essuyer, elle ouvrit la bouche pour s'adresser au drôle de couple.

- J'vous sers quoi ?

Son regard d'ambre se posa sur Soledad, haussa un sourcil. Elle balaya son regard de haut en bas, un ourlet de sa bouche démontrant un brin son dégoût.

- Drôle eud t'nue, ta gueuse.

8
Il est fort possible que l'enthousiasme de la jeune femme soit ressorti sur le moment, oubliant totalement qu'il faisait nuit et qu'elle était sur des terres que seul Callisteros connaissait. Elle devait avoir l'air si idiote...Un léger feu lui prit les joues, cette fois-ci, apparaissant clairement sur sa peau rosie. La honte. Soledad n'avait pas vraiment réfléchi. Il était clair que ce n'était pas très malin de vouloir reprendre la route en pleine nuit, ne serait-ce que pour voyager calmement avec les chevaux, que de se déplacer en pouvant faire davantage attention aux possibles animaux et brigands du coin. L'andalouse pouvait toujours très bien se transformer en esprit du feu et se défendre un minimum, ou bien même prendre la fuite mais ce serait se mettre un bâton dans les roues, ne connaissant rien de Terra.

Aussi, le regard sombre de l'hispanique se tourna vers la charrette, ainsi que les chevaux. C'est ce qu'il lui avait servi de transport lorsqu'elle était inconsciente ? Sûrement, mais cela ne devait pas être de tout repos de voyager avec une telle chose. Ses noirs revinrent sur Callisteros et essayent d'identifier ce qu'il tente d'expliquer à la jeune femme. De quoi, les chevaux ? Ah ! Si elle savait monter ? Soledad hocha du chef. Elle ne montait plus aussi régulièrement qu'avant, depuis qu'elle voyageait davantage à travers le monde. Elle avait appris à chevaucher depuis sa plus tendre enfance, puis davantage lorsqu'elle avait dit à ses parents vouloir devenir une danseuse. Elle avait appris à défiler sur des chevaux, en montant comme une amazone, avant certains spectacles de flamenco ou même des corridas. Souhaitait-il qu'ils continuent leur route le lendemain qu'en pleine chevauchée et non avec le chariot ? C'était possible mais l'espagnole allait avoir mal aux fesses, jusqu'au coccyx, pendant quelques jours après avoir atteint leur destination.

Señorita Castejón s'allongea alors à côté de l'homme de braise, se sentant en sécurité. Les bras pliés sous sa tête pour la soutenir, elle se mit à regarder le ciel, ses pensées happées par les étoiles scintillantes sur le voile de la nuit. Tout cela semblait un peu capillotracté. Soledad avait bien compris que Callisteros était sûrement l'homme qui l'avait emmené de force jusqu'ici, en ces terres inconnues, mais il était clair qu'il ne souhaitait guère de mal à la jeune femme. Un kidnapping ? Peut-être, mais il semblerait que cela était pour la bonne cause. Cet homme voulait l'emmener dans un endroit où elle obtiendrait des réponses. Tout du moins, c'est ce qu'elle croyait en l'instant.

Ainsi installée, elle se pencha un peu sur le côté, se mettant en position fœtale, se tournant vers l'éphèbe, tranquille. Elle n'était pas très fatiguée mais, malgré tout, Morphée pointait le bout de son nez pour l'accueillir aux creux de ses bras assez rapidement. Elle n'était pas aux aguets. Ce n'était pas la première fois qu'elle dormait à la belle étoile et cela lui rappelait son enfance, avec sa famille, surtout ses petits cousins. Peut-être qu'elle ronflait dans son sommeil ? Peut-être même qu'elle parlait ? C'était quelque chose dont elle n'était pas au courant si c'était le cas, dormant seule d'habitude. Espérons juste que Callisteros ne se moque pas d'elle au réveil et qu'elle ne soit de nouveau honteuse...

9
L'andalouse se sentait presque dans son élément. Très rares sont les personnes qui ont connaissance de sa nouvelle nature profonde. Même ses parents n'en savaient rien. Après tout, comment pourraient-ils la comprendre ? Une peur lui tiraillait toujours l'estomac à l'idée qu'ils apprennent un jour sur sa condition d'esprit du feu et qu'ils la considèrent comme un monstre, et ce, même si c'est son abuelita qui lui avait conté l'histoire des esprits. Alors, dans un sens, cela l'arrangeait qu'elle puisse se montrer ainsi devant quelqu'un, même si elle ne le connaissait pas. Il faut le dire, c'était un inconnu mais, ne dit-on pas qu'il est plus facile de se livrer à quelqu'un qu'on ne connaît pas et que son jugement ne nous importera pas ? L'hispanique se sentait à l'aise pour la première fois depuis longtemps. Et puis, elle se sentait...comment dire ça...Même si elle saisissait pas son langage, son regard de braise la faisait se sentir si belle, d'une beauté sans commune mesure. D'une beauté surnaturelle. Cela n'a duré quelques secondes, mais ça faisait toujours plaisir. Si elle avait pu rougir, pour sûr, elle l'aurait fait, mais en son état actuel, cela ne serait pas visible.

D'un geste doux, Callisteros lui attrapa les mains, sans pour autant ressentir une brûlure, signe qu'il avait compris sa nature. Toujours ampli de douceur, l'homme de braise la relâcha, puis sortir une autre petite lame pour dessiner une nouvelle fois dans la poussière. Il semblait vouloir lui expliquer que l'andalouse venait du feu, était un vrai esprit du feu, mais pas lui. Cela était-il réellement possible ? Soledad ne connaissait pas tous les faits extraordinaires possibles par rapport à sa condition, mais l'impossible était devenu réalité pour elle, alors qui sait ?

La danseuse, les yeux toujours scintillants de leur éclat incandescent, suivit attentivement le tracé du poignard dans la poussière. Ses sourcils se froncèrent légèrement alors qu'elle essayait de déchiffrer le message. Le sud, un feu plus grand...Peut-être un endroit où elle pourrait en apprendre davantage sur ses pouvoirs d'esprit, du pourquoi elle en était devenue un, pourquoi elle parmi tant d'autres. Elle pourrait également découvrir un moyen de rentrer chez elle, même si Callisteros devait le savoir puisqu'il avait réussi à la ramener jusqu'ici.

Soledad hocha lentement du chef pour indiquer à Callisteros qu'elle pensait avoir compris l'essentiel de son message. Pour accompagner son geste, elle lui fit un agréable sourire, probablement rassurée par cette compréhension mutuelle naissante. Lentement, ses reprirent leur aspect noir de jais, tout comme son regard qui redevint charbon. Elle se leva, tendant une main vers l'homme de braise pour l'inviter à se joindre à elle.

- On y va ?

Elle était prête à se lancer dans l'aventure. Pendant un certain sens, elle voulait lui faire confiance pour trouver des réponses à toutes ses interrogations.

10
La danseuse eut un léger mouvement de recul lorsque l'homme de braise sortit un couteau. Même s'il s'était montré amical jusqu'ici, il pouvait très bien retourner sa veste et profiter de la situation, mais surtout de l'incompréhension de l'hispanique pour faire quoique ce soit. Soledad observait attentivement les gestes de Callisteros, qu'il ne voulait pas brusques visiblement. La demoiselle essaya de décoder chaque signe qu'il dessinait dans la poussière avec son couteau. Ses yeux suivaient le tracé du rond et comprit qu'il représentait la Terre. De même pour le bonhomme bâton et la flèche pointant vers un autre cercle. Elle comprenait, du moins en partie, qu'il lui indiquait qu'ils étaient sur Terre, au départ tout du moins. Elle hocha du chef pour lui faire « entendre » qu'elle avait saisi l'information. Qu'aujourd'hui, ils étaient sur une autre planète tout du moins, c'est ce qu'elle comprenait. Terra, c'est ainsi qu'il avait appelé ce nouveau monde...Il y avait de quoi se poser des questions mais pour l'instant, ce n'était pas vraiment ce que souhaitait Soledad.

Lorsque Callisteros plongea sa main dans les flammes et la ressortit, laissant les flammèches dansantes illuminer ses veines, Señorita Castejón comprit que cela devait symboliser quelque chose d'essentiel à sa présence ici. Il désigna ensuite son bras, comme pour signifier que quelque chose en lui était lié à ce feu. Lui aussi était un esprit du feu ? Ou bien était-ce parce qu'il était au courant qu'elle en était un. Bien que captivée par les démonstrations de Callisteros, une lueur d'appréhension brillait toujours dans les yeux sombres de l'andalouse. Malgré la communication visuelle, il restait beaucoup de questions et de mystères non résolus. Un grondement siffla d'entre ses fines lèvres, agacée par le fait de ne pouvoir s'exprimer simplement avec des mots, une véritable conversation avec son interlocuteur. Cela serait plus aisé pour comprendre le pourquoi du comment.

Callisteros déposa son couteau à côté du dessin dans la poussière, comme s'il l'offrait à Soledad. Elle hésita un instant, ses billes sombres voyageant entre l'homme et l'arme, puis décida de le prendre, se sentant plus en sécurité avec cette arme à portée de main, et ce, même si elle ne savait pas vraiment comment l'utiliser. Soledad n'avait rien d'une combattante, contrairement à cet homme de braise à côté d'elle. Est-ce qu'elle se sentait réellement en sécurité ? Bien sûr que non, mais c'était déjà un premier pas vers une confiance mutuelle.

Son regard se posa à nouveau sur Callisteros, rempli de questions muettes. Elle avait besoin de plus d'informations, de comprendre ce qui se passait et quel était son rôle dans tout cela. Même si elle était encore loin de saisir toute la vérité, elle était prête à suivre cette étrange route tracée par le destin, avec son nouveau compagnon de voyage aux allures de feu.

Dans un instant qui semblait intimiste, Soledad s'avança vers le feu, déposant sa gamelle et sa cuillère sur le côté. Sans une once d'hésitation, elle imita l'homme de braise et plongea une main dans le feu de camp. N'importe qui d'autre aurait hurler de douleur -ou de satisfaction s'il est complètement maso-, mais pas la señorita Castejón. Ses yeux tels des onyx scintillèrent d'une lueur étincelante, un rayonnement aussi puissant que le soleil lui-même. De véritables braises. Il n'y eut pas que son regard qui changea. Sa chevelure prit feu instantanément, un peu comme si elle se faisait dévorer par les flammes. Mais tout cela était calculé, et rien autour d'elle n'était chaud, ni ne brûlait à part elle-même. L'hispanique savait parfaitement maîtriser cette forme intermédiaire à sa transformation en esprit du feu. Elle fixa Callisteros, sa chevelure virevoltant dans tous les sens, un air presque satisfait sur le visage.

- C'est pour ça ?

11
Le triste souvenir de sa journée, cette fameuse journée durant laquelle elle avait été enlevée par Nikolaus, lui revint malheureusement à l'esprit. Son kidnapping juste après une de ses représentations l'avait longuement traumatisée. Ce n'était qu'un pur fanatique, persuadé de faire les choses pour le bien et la protection de Soledad. Un fanatique qui n'avait pas pu, surtout eu le temps, de lui démontrer toute l'étendue de son « amour » pour elle. On avait retrouvé la célèbre danseuse « trop tôt » pour qu'il ne puisse faire quoique soit d'autre à la jeune femme. Señorita Castejón avait mis un certain temps déjà à se remettre du choc de l’événement. Il lui fallut plusieurs mois après celui-ci pour refaire confiance aux inconnus et réapprendre à vivre seule. Concrètement, le traumatisme est encore présent mais plus aussi fort et angoissant qu'à l'époque. Elle vivait de nouveau aujourd'hui, et ce, sereinement.

La situation l'angoissait profondément mais elle restait d'un sang-froid à toute épreuve. Inoui, presque. Tout ceci lui revenait en mémoire alors que Soledad détaillait du regard cet...homme ? Il en avait tous les traits, si ce n'est son visage. Comme brûlé au soleil, il lui paraissait à une coulée de lave qui se craquelait sous son avancée, tout en se refroidissant, se solidifiant. Ses yeux étaient deux rubis, brûlant d'un éclat sans nom. Il avait cette aura étrange qui mêlait étrangeté et familiarité...Il semblait évident qu'ils n'étaient pas sur Terre. Bien que ce soit sur celle-ci que la jeune andalouse devint un esprit du feu et qu'elle s'imaginait qu'il existait bien des choses inexpliquées sur le globe, l'ambiance alentour lui indiquait qu'elle était simplement...autre part. Peut-être sur cette Terra dont elle avait parcouru quelques mers plus jeune. Que d'aventures, en soi...

L'inconnu au visage de braises était calme. Malgré les questionnements de Soledad, il ne lui répondit dans aucune langue qu'elle connaissait. Certainement pas de l'espagnol, du français, du japonais, du russe ou de l'anglais...Il allait être compliqué de réellement se comprendre. En signe de bonne foi, l'inconnu leva les mains, signe qu'il ne lui ferait rien. Enfin, « rien », mis à part préparer le repas dont l'odeur vint chatouiller les narines de la demoiselle. Un grognement se fit entendre dont l'origine provenait du petit bidon de l'Espagnole. D'un réflexe, elle posa une main sur l'estomac, se pinçant les lèvres comme si elle s'excusait. L'homme lui tendit l'écuelle, remplie du repas qu'il était en train de faire, avec une cuillère. Elle l'accepta, hochant du chef pour le remercier, avant de renifler le tout. Mmh...Cela n'avait pas l'air empoisonné. Soledad, qui d'habitude faisait preuve de raffinement, s'empressa d'essayer une première portion, trop affamée pour faire la fine bouche.

Avalant sa bouchée, l'andalouse lui afficha un fin sourire sincère. Il n'avait pas l'air méchant et si ça se trouve, elle était encore dans de beaux draps et il est venu l'aider. Qui sait ce qui a pu arriver le temps de son inconscience due à l'alcool ? C'est d'ailleurs étonnant qu'elle n'ait pas une gueule de bois monstrueuse...Avait-elle dormi plus qu'il ne fallait ? La braise humaine se désigna d'une main et sembla se présenter. Soledad répéta donc, avec son accent hispanique, roulant délicieusement les « r ».

- Callisteros...

Dans la continuité de l'échange, elle fit la même chose que son interlocuteur, tapotant le haut de sa poitrine pour se désigner.

- Soledad...

Le « d » à la fin de son prénom avait été avalé, presque imperceptible. C'est ainsi qu'on le prononce à l'andalouse, du moins, de par chez elle. Ses yeux sombres comme les ténèbres ne cessaient de chercher à sonder ce Callisteros, comme il s'était présenté. Des questions fusaient dans son esprit, alors qu'elle mâchouillait lentement, bouchée après bouchée, sans arrêter de le fixer. Au moindre mouvement brusque, elle se changerait en esprit du feu et elle était prête à prendre la poudre d'escampette ! Mais jusqu'où ? Là était le véritable souci. Elle ne savait pas où elle était et si la señorita Castejón prenait ses jambes à son cou, elle pourrait très bien tomber sur des personnes beaucoup moins attentionnées que ne l'est l'homme de braises actuellement. Entre deux cuillerées, de son doigt, elle fit un point d'interrogation au sol, dans la poussière devant ses pieds, essayant de se faire comprendre.

- Comment ai-je atterri ici ? Où sommes-nous ? Plus sur Terre, n'est-ce pas ?

Pour tenter quelque chose, même si ça lui semblait absurde, elle déclina ses questions sous les langues qu'elle connaissait, avant d'user de ses mains pour mimer une personne en train de marcher. Elle avait sûrement l'air idiote mais qui ne tente rien n'a rien !

12
[Les paroles écrites en rouge sont en espagnol à la base.]


De jour comme de nuit, en temps normal, Sevilla est des plus animées, alors imaginez un peu lorsque la Feria bat son plein. En journée, les sites touristiques, les restaurants sont pris d'assaut. Les parcs sont aussi bondés, histoire que la population locale et étrangère profitent de l'ombre, ainsi que des balades en calèche. Le parc Maria Luisa ne dérogeait pas à la règle. Proche de la Plaza España, les touristes y passaient pour faire des tours de calèche ou observer le ballet incessant de celles qui sont ornementées, des privées louées par des familles qui se rendent à la Feria telles de grandes célébrités. Cette effervescence se manifestait aussi de nuit, lorsque l'air se faisait plus frais. Malgré une météo clémente, l'ambiance y était... « brûlante », si l'on pouvait dire. Cette joie fiévreuse plaisait beaucoup à Soledad, la Feria étant toujours une bonne occasion pour retrouver sa terre natale, sa famille et quelques amis. Aussi cette atmosphère sulfureuse, où nourriture et alcool coulaient à flots, enthousiasmait la danseuse.

Lors de cette semaine de célébration, il n'était pas rare que l'andalouse se produise sur quelques salles de spectacle en journée. Ses soirées étaient réservées à ses petits plaisirs personnelles. Un de ses oncles tenait l'une des plus grandes casetas sur le Real. C'était de ses cabanes installées sur la gigantesque place/parc Real où était organisé l'essentiel de la Feria. En journée comme en soirée, elles recevaient des membres qui paient pour manger et boire dans ces casetas. L'oncle avait profité de la situation et on ne pouvait pas réellement lui en vouloir. Il faut dire que la notoriété de Soledad jouait beaucoup pour attirer les gens. Elle y dansait et chantait pour s'amuser mais c'était tout un avantage pour la caseta familiale Castejón.

La soirée battait son plein. Chant, danse, nourriture, boisson...Soledad s'était parée de sa plus belle robe, ajoutant des fleurs semblables à des flammes dans son chignon soigné. Il était assez tard lorsque la jeune femme décida de quitter les siens, presque au petit matin. L'appartement de l'andalouse n'était pas très loin du Real, alors sur le chemin, elle retira ses chaussures à talons et continua pieds nus, talons en mains. Sa plante de pieds allait noicir mais qu'importe. Heureusement que toutes ses représentations officielles étaient terminées. Ce soir sera le grand final, avec les dernières danses, les derniers chants, les dernières beuveries. Le feu d'artifice sur le Guadalquivir signera la toute fin de la Feria. Mais en attendant d'être à ce soir, la danseuse méritait un long repos, quitte à être décalée dans son rythme jour/nuit.

Une fois arrivée chez elle, la demoisell déposa ses chaussures sans aucune grâce, se dirigea vers le frigo. L'ouvrant, elle ne prit même pas la peine de se prendre un verre d'eau, buvant directement à la bouteille. Peut-être qu'avec un peu d'eau fraîche, elle aura moins la gueule de bois au réveil ? C'était un moyen de se rassurer...Passant ses mains dans le dos, elle délaça sa robe au niveau de son dos, ouvrir la fermeture le long de sa taille, puis s'écroula dans son gigantesque canapé d'angle. Morphée ne tarda pas à accompagner son sommeil...

Ce fut le trou noir pendant un très long moment. C'était sûr et certain qu'elle avait abusé de la boisson, mais la sensation était différente, sans pourtant expliquer pourquoi. Ce n'était pas comme si elle le pouvait de toute façon. Dans l'obscurité onirique, Soledad réalisa qu'elle n'était pas vraiment seule. Elle pouvait sentir la présence d'une force élémentaire familière désormais, celle du feu. Seul point de lumière dans ce monde de ténèbres, elle découvrit qu'elle était captive, entourée de flammes éthérées, comme les esprits du feu qu'elle avait rencontré, dansant doucement autour d'elle. Comme s'il s'agissait d'un rituel, petit à petit, le corps de l'andalouse se transforma, sa peau devenant noire telle du charbon, ses cheveux, des flammes et des cendres...Les pas des esprits ressemblaient au claquement monotone d'une charrette en bois, ainsi que des bruits de sabots tapant la terre et des pavés...Tout ceci était curieux...

Son réveil fut tout aussi étrange. Ses paupières se mirent à papillonner, le monde flou autour d'elle le restant une petite minute. Avant qu'elle ne puisse notifier son environnement, Soledad se plaqua les mains sur le visage, comme pour contenir une douleur subite au niveau du front.

- Oh...Ma tête...

Lorsque la jeune hispanique sortit enfin de sa torpeur, tout ce dont elle avait rêvé semblait réel. Les sons des sabots, le charrette...Elle étouffa un cri de surprise. Cela ne ressemblait en rien à Séville, ni même ses alentours, et l'homme qui conduisait la charrette était encapuchonné, impossible de voir de qui il s'agissait. Il ne prêtait pas attention à cette captive qui reprenait conscience. Soit...Elle pouvait essayer de s'enfuir, mais c'était risqué. Plutôt que de faire face au danger de la sorte, elle scella ses paupières une nouvelle fois, et se laissa bercer par les bruits alentours. Si cet homme ne lui avait rien fait jusque là, il ne ferait rien de suite. Du moins, elle l'espérait...

Une nouvelle fois, ce fut les ténèbres. Puis, un instant qui lui semblait être une éternité, Soledad ouvrit doucement les yeux. La chaleur d'un feu semblait lui caresser la peau. Quelques jurons dépassèrent la barrière de ses lèvres, jusqu'à ce qu'un autre type de « chant » ne s'en échappe subitement. Un sursaut la fit partir en arrière. Quoi ?

- Je suis encore en plein rêve, c'est ça ?

Ça ne pouvait être que ça. L'homme devant elle ne tenait pas du réel, et puis...Attendez, c'est l'hôpital qui se fout de la charité, là ! Elle avait beau être une célébrité du flamenco, elle n'en restait pas moins un esprit du feu également. En regardant autour d'elle, il était clair qu'elle n'était plus dans son incroyable sofa. Il n'y avait pas besoin de beaucoup de neurones pour comprendre ça.

- Suis-je vraiment en train de rêver ? , se murmura-t-elle encore une fois.

L'être devant elle était des plus intrigants. Il paraissait à un homme d'une bonne carrure, le visage à moitié croûté comme s'il était fait d'une pierre de lave et des yeux incandescents. On aurait dit la moitié d'une transformation en esprit du feu telle que Soledad connaissait. Le ton de l'homme semblait plus doux que l'aspect qu'il avait. Elle restait un peu à l'écart, pas certaine de si elle pouvait lui faire confiance. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'elle était enlevée...

- Qui êtes-vous ? Et surtout, que me voulez-vous ?

13
C’était impatiente et un brin excitée que Soledad avait traversé les couloirs et descendu en trombe les escaliers de l’établissement. Du haut de ses vingt-et-un ans, la belle demoiselle faisait davantage penser à une adolescente pensant son premier amour qu’à une adulte. Un air guilleret se lisait sur son visage alors qu’elle pressait le pas dans la cour. Ses yeux sombres scrutaient un tee-shirt noir avec quelques écritures, du groupe de rock ACDC. Il s’agissait bien sûr de celui de Mitsukane, et non pas d’un autre lycéen. Tiens, d’ailleurs, cela ne lui avait pas fait tilt au moment de rentrer dans la classe, ou bien même dans le bâtiment, mais il n’y avait pas d’uniforme obligatoire ici. L’hispanique aurait pensé voir des jeunes filles en petites jupes et hautes chaussettes, et les garçons dans un ensemble bleu ou noir. Mais non. Rien de tout. Mais ce n’était qu’un détail. Le regard de Soledad vagabondait sur les côtés et devant elle, pensant trouver le jeune homme à la sortie.

Petit pas par petit pas, l’andalouse s’approchait de la sortie, arrivant près des grilles qui encerclent l’ensemble de l’établissement. Ses petites joues légèrement rougies perdirent leur couleur lorsque, enfin à l’entrée du lycée, elle ne trouva pas Mitsukane. Mais avant même de penser qu’il lui avait posé un lapin, une voix masculine tinta à ses oreilles. On lui demanda de suivre cette personne. Un simple coup d’œil, et la belle danseuse put remarquer qu’il s’agissait de l’homme qu’elle attendait. Un sourire rassuré se lisait sur son visage, alors qu’elle entama de nouveau le pas juste derrière le lycéen, tout en gardant une certaine distance entre eux. Les autres étudiants auraient trouvé la scène assez louche s’ils se baladaient ensemble, ou bien même, en tant que danseuse mondialement connue, on pouvait se demander s’il n’y avait pas des paparazzis dans le coin, à l’affût pour prendre un cliché compromettant. Enfin, les photographes n’étaient pas vraiment après la señorita Castejón, puisqu’elle n’était pas du genre à faire des scandales pour faire parler d’elle. Elle avait une certaine notoriété, et ne voulait pas l’entacher.

Mais ce petit jeu l’amusait. Toujours derrière le jeune homme, elle longea une rue, marchant sur le trottoir avant qu’il ne s’arrête devant un scooter, ou plutôt devant une Vespa. Ce deux-roues était facile à reconnaître. Un franc sourire éclaira son visage quand elle vit deux casques sur le véhicule. Alors, comme ça, il allait l’emmener faire une balade en vespa ? Intéressant. Mitsukane se retourna subitement, le casque à la main, pour l’y déposer sur le crâne de la demoiselle. Il fallut forcer un peu pour le mettre correctement, le chignon de la jeune femme gênant un peu. Alors que Soledad relevait les mains à son menton pour attacher le casque solidement, elle sursauta alors que le lycéen était tout proche d’elle. Une simple et seule seconde suffit pour comprendre ce qu’il comptait faire. Le contact de ses lèvres sur les siennes, furtif mais tout aussi bon que tout à l’heure, la fit frissonner et fermer les yeux un instant. Se retirant enfin d’elle aussi vite qu’il s’était approché, il pouvait voir les petites joues de l’espagnole rougirent un peu. Gênée, elle l’était. Elle ne s’y attendait pas vraiment, surtout comme ça, en pleine rue, mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’avait pas apprécié. Mitsukane poussa un peu sur le casque de Soledad pour qu’il soit bien mis. Bien évidemment, il fit de même pour lui.

Le jeune homme s’installa alors sur la Vespa rouge. L’andalouse le suivit, enjambant le deux-roues, obligée de relever sa jupe noire pour le faire, dévoilant ainsi la peau claire de ses jambes. Hésitante, elle finit par poser ses mains sur les hanches du jeune homme. Quand il démarra enfin son véhicule, ses petites mains graciles s’agrippèrent au tee-shirt ACDC de son compagnon de voyage. Elle se demandait bien où il allait l’emmener, mais se laissait guider finalement. Se sentant un peu ridicule dans son dos, toujours bien plus grand qu’elle bien qu’assis tous les deux, elle penchait un peu le visage parfois, caché dans le casque, pour observer  Mitsukane dans les rétroviseurs du scooter. Sous le casque, elle ne pouvait pas voir grand-chose, et lui ne pouvait admirer ce sourire qui illuminait le visage de l’espagnole. Alors qu’il grimpait une côte, la belle demoiselle, ayant peur de partir en arrière, enroula alors le corps du lycéen de ses bras fins. Ses joues prirent un peu plus de couleur, car elle se demandait si, malgré sa petite poitrine, le lycéen pouvait la sentir à travers les vêtements, dans son dos.

Ils arrivèrent alors en haut de la fameuse côte, Mitsukane s’arrêta sur un bord de route assez large, comme un petit parking, entouré d’arbres. Enfin stoppés, Soledad se détacha un peu du jeune homme, descendant de la Vespa rouge et mettre pieds au sol. Tirant sur le tissu de sa jupe, elle la remit correctement en place pour cacher ses jambes. Elle avança doucement vers les arbres, voguant entre eux, sans faire attention au jeune homme pour le moment. L’andalouse défit l’attache du casque et le retira enfin, libérant son visage rougi. Son chignon était tout défait et donnait l’impression qu’elle avait fait une sieste. Légèrement blasée, elle tira sur l’élastique qui retenait sa chevelure de jais. Enfin libérée, on pouvait en voir toute sa longueur, qui tombait dans le creux de ses reins, ainsi que les ondulations qui les caractérisaient comme s’ils dansaient eux aussi. Le casque sous le coude, elle regarda le tableau qui se dévoilait à ses yeux. La ville de Seikusu dans toute sa splendeur. C’était magnifique, vraiment. Un sourire aux lèvres, elle se retourna vers Mitsukane, qui s’était sûrement débarrassé de son casque aussi.

- Monsieur serait du genre romantique ? On se croirait dans un film à l’eau de rose. Le beau jeune homme qui kidnappe sa belle pour l’emmener dans un endroit au calme et hors du commun.

Cela faisait un peu cliché, mais Soledad ne se moquait pas du tout du lycéen. À vrai dire, elle appréciait grandement.

14
Soledad, petite étoile aux yeux de tourmaline noire et aux cheveux de jais, ne savait quoi penser.
Soledad, petit bout de femme à l’accent chantant et aux effluves de fêtes et de joie, ne savait quoi faire.

Soledad était complètement perdue. Debout et droite comme un « i » devant Mitsukane, l’hispanique ne faisait que le fixer, plongeant volontiers dans son regard sombre comme la nuit. Son cœur d’espagnole dansait encore dans sa poitrine, le fait que le jeune homme s’approche de plus en plus d’elle n’arrangeant pas la chose. De l’amour ? Non. Un coup de foudre peut-être ? Impossible, ou la demoiselle refusait d’y croire. Un béguin ? Oui, déjà plus plausible. Une forte attirance, ça oui. Dans tous les cas possibles et imaginables de toute manière, c’était une chose que la brunette ne connaissait pas et expérimentait en ce moment présent. C’était tout nouveau et le fait qu’un inconnu -il en restait un malgré le fait qu’ils aient partagés un baiser- puisse la voir dans cet état-là la mettait mal à l’aise. Mais elle se laissait faire tout de même.

Ce n’était pas désagréable. Se sentir légèrement pressée contre un corps d’homme émoustillait Soledad. Sa main agrippait toujours le tee-shirt du musicien, alors qu’elle fut couverte par la paluche de celui-ci. Elle frémit un peu, relevant son menton et le reste de son visage, posant ses orbes sombres sur les traits fins du lycéen. Elle sentit la main vagabonde du brun remonter son dos dans une lenteur douce et légère, filant ensuite dans sa nuque, pour continuer sa course dans la longue chevelure de la danseuse. Sol observait sans rien dire. Elle écarquilla les yeux de surprise quand elle le vit s’approcher de son visage, croyant qu’il venait l’embrasser de nouveau. Oh. Elle n’aurait pas dit non. Quoique. Elle ne savait pas, en fait. Mais Mitsukane ne vint que lui murmurer quelques mots à l’oreille. Ce simple fait emballa davantage le cœur de l’hispanique. Le jeune homme lui proposait de continuer à se voir juste après les cours, bien évidemment. L’ambiance sera sûrement plus propice à faire plus ample connaissance.

Mais avant même que la jeune femme ne puisse lui répondre, la sonnerie annonçant la fin de la pause récréation sonna. Une légère moue sur le visage montrait bien que la belle Soledad aurait bien aimé continuer ce câlin, mais le sort en avait décidé autrement, et qui sait ce qu’il se passera par la suite. Déliant ses bras du corps de Mitsukane, elle s’éloigna de lui, un fin sourire orna ses lèvres, avant de laisser s’échapper un « oui » muet. L’aura-t’il compris, que l’hispanique était d’accord pour se voir après les cours ? Elle l’espérait, car elle ne pouvait désormais en dire plus, les élèves rentrant peu à peu en classe. Et quels regards ! Certains lycéens haussaient les sourcils de surprise de voir l’un des leurs, le retardataire du cours d’espagnol d’ailleurs, déjà là, en classe, avec la professeure. Des murmures et ricanements s’entendirent légèrement, entremêlés dans le brouhaha d’autres conversations de jeunes. Tout ça sent la rumeur. L’andalouse n’avait pas peur de ce genre de choses, ayant eu affaire à d’autres du genre qui dévoilaient un amour secret avec telle ou telle personne, souvent célèbre. Mais est-ce que tout cela nuirait à Mitsukane ? Elle n’en savait rien.

Les élèves reprirent enfin leur place respective, avant qu’Hokatu ne rentre lui aussi dans la salle. Bien, bien. Le cours d’initiation à l’espagnol pouvait reprendre. Encore des choses barbantes peut-être. Sûrement en fait. Tout le monde ne pouvait aimer le pays d’origine de la corrida, des sévillanes, de la paëlla, ou encore de tout plein d’autres choses. La señorita Cascajo écrivait encore quelques phrases qui pourraient servir plus tard à ces jeunes, bien qu’elle se doute que l’Espagne ne soit pas vraiment un lieu très prisé des orientaux. Pourtant, Soledad, remplie de passion pour son pays, ses racines, ne lésinait pas sur les beaux mots pour décrire ce monde d’où elle venait. Appréciez les jeunes ! C’est beau tout ça !

Soudainement…Ding-dong, ding-dong ! Mademoiselle Cascajo, vous n’aurez pas le temps de terminer car voici que les clochettes sonnent. Fin du cours. Enfin, se dit la danseuse. Nan pas qu’elle n’avait pas aimé donner ce cours, ni qu’elle ne pensait pas être faite pour enseigner, mais plutôt parce que la jeune femme trépignait d’impatience, intérieurement, de pouvoir rejoindre ce jeune garçon qui lui avait volé son premier baiser. Oui, Señorita « Tout feu-Tout flamme » était impatiente de voir ce que Mitsukane lui réservait pour la suite. Apprendre à se connaître, ça, c’est sûr. Mais où l’emmènerait-il ?

Les élèves fuirent alors de la salle de classe, saluant la danseuse au passage, d’avoir pris le temps de leur apprendre un bout d’elle. Hotaku remercia également son amie pour avoir donné ce cours, malgré son agenda de célébrité, si l’on peut dire. Déposant un léger baiser sur le front de la jeune femme, il s’éclipsa à son tour de la salle. Le feu monta aux joues de Sol. Non pas à cause d’Hotaku, pas du tout. Mais plutôt pour…Vous savez quoi. Rassemblant ses affaires, elle prit soin de ne pas oublier son sac à main sur le bureau de la salle, et vint fermer alors la classe. Doucement, elle descendit les escaliers et, si elle portait l’uniforme, on pourrait la prendre pour une élève. Après tout, l’andalouse n’était guère bien plus âgée qu’eux.

Enfin dehors. Dans la cour, le vent venait soulever sa jupe, la faisant onduler tout comme elle pouvait le faire lorsqu’elle dansait avec passion. Ses cheveux de jais s’ébouriffaient légèrement, trop bien attachés en un chignon. Seules quelques mèches jouaient les rebelles. Alors, l’espagnole engagea la marche vers la sortie, d’un pas lent mais non dénué d’envie. Son visage trahissait cette envie, rougissant de plus en plus qu’elle avançait. Son regard, porté sur ses chaussures vernies, se relevait parfois en direction des grilles. Sûrement que Mitsukane l’attendait déjà. À moins que ce jeune homme ne lui ait joué un tour et qu’il lui ait posé un lapin !

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Blabla / Re : Horloge parlante
« le: vendredi 08 novembre 2013, 01:45:58 »
Depuis que je fais ce qu'il me plaît, bordel de cul. èé
Namého !

1h48   Buenas noches Noh' ! <3

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