Centre-ville de Seikusu / Re : Boule de Vie au milieu des Morts. { Lucie - Anubis }
« le: mercredi 29 mai 2024, 20:45:32 »Je disais donc...Ce n'était qu'un simple contrôle, comme elle a l'habitude de faire tous les trimestres, voire tous les semestres, selon les demandes de son médecin, pour le suivi de sa maladie. La rondouillette était suivie depuis très jeune pour son hypothyroïdie, même lorsqu'elle eut décidé de changer de pays. Elle était déjà traitée, prenant des médicaments quotidiennement. Pour ce qui était radiographie ou IRM, c'était une à deux fois par an, pour une simple visite de contrôle. C'est ce qui perturbait Lucie aujourd'hui...
Habillée d'une petite robe de style amérique des années 50 et de talons verts s'accordant avec cette même robe, la jeune femme toute en rondeurs avait la tête ailleurs, les yeux presque dans le vague alors même que ses pieds la menaient dans les ruelles de Seikusu. Les paroles de son médecin traitant résonnait dans son esprit. Celui-ci n'avait rien de transcendant à dire sur les résultats de ses récentes analyses de la veille, bien qu'il avait été noté une petite augmentation de son taux de TSH, malgré la prise de médicament. Ce qui l'inquiétait, c'est qu'à cause de son surpoids -notez qu'elle pourrait être considérée comme obèse au Japon-, le médecin ne pouvait palper correctement son cou et que la petite masse graisseuse lui formant un double-menton pouvait cacher un ganglion cervical ou même dissimuler la présence d'un nodule sur la thyroïde. En réalité, c'était quelque chose qui pouvait arriver assez souvent pour ce genre de maladie et Lucie s'y était préparée mais cela lui mettait un coup certain au moral.
Des pensées ? Disons plutôt que ça lui faisait comme un black out. Son esprit était dans le vide. Cela pouvait s'avérer être plus grave, peut-être qu'elle devra se faire opérer, plein de suppositions étaient possibles. Elles n'étaient guère purement positives. Un élément la ramena à la réalité, manquant de trébucher sur le trottoir. Son regard noisette se porta sur une vitrine des plus sinistres : des pompes funèbres. Bien qu'il s'agisse d'une échoppe de la mort, elle était des plus raffinés. Comme si elle était attirée par un aimant, Lucie se laissa happer par cet instinct, et franchit le pas de porte, faisant teinter la clochette de l'entrée.
La Française balaya du regard l'entrée du magasin, n'y trouvant personne. Peut-être que l'employé était-il affairé en arrière-boutique ? Il a sûrement entendu le tintement clair provenant de l'entrée, alors elle attendra patiemment le temps que quelqu'un vienne à elle. La rondouillette prit soin de plaquer un peu le bas de sa robe contre ses cuisses, de peur qu'un mauvais mouvement, qu'une maladresse fasse tomber une urne, alors qu'elle s'en approchait. Chacune, unique, était une superbe pièce, digne d'un travail d'orfèvre. La personne qui était derrière devait avoir à cœur d'accompagner les morts dans leur dernière demeure le plus correctement possible, et selon les vœux du défunt et de la famille.
D'une autre main, celle libre, elle se permit de toucher une urne de présentation, le froid du marbre venant la saisir en un frisson étrange dans l'échine. Un léger sourire vint éclairer son visage pensif. La jeune femme se demandait comment pouvait se passer les choses, vu qu'elle est très loin de sa famille, ce qu'elle souhaitait réellement pour quand sonnera son heure. Peut-être que l'employé pourra la renseigner. Finalement, ce n'est pas si mal de penser à ce qui pourrait arriver dans l'après.