Les contrées du Chaos / Re : À la maison (PV)
« le: samedi 19 octobre 2013, 03:41:33 »- Hofff!
De la mousse dans les yeux et les narines, la divinité se mit à se balayer le visage pour la retirer, mais les mains de Quetz vint à son aide, contre son gré. D'instinct, le Miroir Fumant sursauta et saisit les deux poignets de sa sœur pour les éloigner de son visage. Qu'il le veuille ou pas, trop peu de temps s'était écoulé depuis leurs retrouvailles pour qu'il soit habitué à être touché par son opposée sans être prévenu.
La respiration plus rapide, il tint les avant-bras du Serpent à Plumes devant lui, à une distance respectables, et la toisa d'un regard furibond, les yeux légèrement écarquillés. On aurait pu le croire traumatisé par l'aide que sa consœur déesse avait voulu lui apporter, et c'était quelque peu vrai. Tezcatlipoca allait devoir s'habituer au fait que dès maintenant, ils n'étaient plus supposés agir en ennemis ou alors se chamailler comme autrefois. C'était un autre monde, carrément, un monde moderne où ils étaient depuis longtemps oubliés et ne subsistaient que dans certains livres, au bonheur des rares personnes cultivées désirant en apprendre plus sur eux, les prenant pour des légendes.
Mais c'était plus fort que lui, c'était en lui, dans son être tout entier. Il ''devait'' se méfier d'elle et de ses intentions. Qu'est-ce qui lui prouvait que toute cette gentillesse habituelle n'était pas destinée à le déstabiliser? À le faire tomber encore plus bas et à lui prendre sa place?.... Mais de quelle place parlons-nous, en fait? Ici, il n'était plus rien... Tout comme sa sœur, d'ailleurs. Poussant un soupire résigné, relâcha finalement les poignets de sa comparse, la repoussant un peu de ce fait.
- Ne fais pas ça, la prévint-il au sujet de poser ses mains sur lui sans le prévenir d'avance. Tu sais que je n'aime pas quand tu fais ça.
Son ton était autoritaire, sérieux, implacable. Il la suivit de ses yeux bleus alors qu'elle lui tournait le dos pour se placer à l'autre extrémité d la baignoire gigantesque. Il écouta ses sages paroles, mais ne répondit rien pour l'instant, se contentant de mijoter au sens propre dans son coin d'eau chaude, se mordant l'intérieur d'une joue, l'air plus ou moins contrarié. Il voulait déguerpir et s'en aller…autant qu'il voulait rester ici pour être près d'elle. Ah! Malédictions! Comme il était difficile d'être en compagnie de son dieu contraire. Tez détestait Quetzi autant qu'il l'aimait. Bien des légendes racontaient que la divinité de la nuit avait à de nombreuse reprises tenter d'utiliser la séduction contre le serpent divin pour le discréditer, mais la plupart du temps, ce fut sans effet, et le bien triomphait toujours du mal.
Il ne pouvait nier qu'il aurait apprécié avoir Xipe Totec, son aîné, pour lui foutre un coup de gourdin sur le crâne à cet instant. Lorsqu'ils n'étaient encore que de jeunes esprits, c'était lui qui calmait toujours les chamailleries des deux tezcatlipocas. - Et OH! Comme Tez détestait le fait d'être le seul à n'avoir pas eu de VÉRITABLE nom!- Quetzalcoatl le tezcalipoca blanc…. Et Tezcatlipoca…. le tezcatlipoca noir!? S'en était carrément insultant, vous en conviendrez…
Cette pensée lui fit d'ailleurs serrer les dents. Elle avait toujours tout eu des autres, celle-là. Le nom célèbre, les caractéristiques que tout bon peuple attendait d'un dieu, les plus jolis sacrifices, l'affection de leur semblable divin, -excepté bien sûr celui de Mictlantecuhtli, dieu des morts et des enfers, qui s'était plus ou moins toujours rangé du côté du Miroir-. Peu importe, même à cette époque, elle faisait la gentille, la sage, ce qui avait le don d'enragé Tez à un point tel où la température de l'eau monta d'un cran, les flammes noires autour de lui perdant contrôle.
Conscient de cet ''accident'', le dieu tâcha de contenir ses pouvoirs et fit s'éteindre le feu maléfique qui rageait sur la surface de l'eau, près de lui. Il ne fallait pas ébouillantée sa pauvre sœur….Du moins, pas trop!
Soupirant une deuxième fois d'exaspération, la divinité se rapprocha de sa sœur, l'eau faisant de légers clapotis autour de lui, et s'arrêta tout juste derrière elle. Sa chevelure rousse et trempée cascadait sur son dos pâle et Tez trouva cette image totalement sublime. Horriblement sublime. Il ferma les yeux en exprimant une moue dégoutée de sa propre personne avant de tendre les bras de chaque côté du corps de sa sœur pour les poser les mains sur les bords de la baignoire. Son torse touchait presque le dos de son comparse, mais quelques centimètre de ''sécurité'' subsistaient toujours entre eux.
Il se pencha un peu sur elle, de sorte que sa tête se retrouve plus près de la sienne, - et de cette oh combien magnifique chevelure enflammée-, et minauda:
- Et toi, tu aimerais que je reste?
Il appuya fortement le mot ''aimerais'', histoire de piéger un peu sa sœur sur la réponse qu'elle lui servirait par la suite. Le Oui comme le Non n'étaient pas de bonnes réponses, à leur façon. Le Non le ferait rager tandis que le Oui….eh bien… le Oui ferait admettre à son égale qu'elle '' désirait'' l'avoir ici, avec elle. Bref, tout était bon aux yeux de Tez afin de mettre Quetzi dans l'embarras le plus total qui soit.